Huawei: une fois de plus l’Allemagne tergiverse
Comme souvent en matière de business, l’Allemagne fait souvent passer ses intérêts économiques avant l’éthique. On a pu le constater notamment sur le dossier des relations tumultueuses entre les États-Unis et l’union européenne. Même chose vis-à-vis de la Chine. L’Allemagne tergiverse vis-à-vis de l’interdiction de Huawei . Une interdiction maintenant décidée dans plusieurs pays occidentaux notamment les États-Unis, la Grande-Bretagne aussi la France ( avec un petit délai toutefois pour ce dernier pays).
L’enjeu est bien entendu économique car Huawei est le premier opérateur mondial et l’Occident a pris du retard sur la technique 5G; on ne peut compter que sur Ericsson et Nokia . Pourtant dans plusieurs pays qui ont refusé Huawei on a pris le risque d’être en retard par rapport à la technologie chinoise. En France par exemple, plusieurs opérateurs préféraient les services Huawei mais il faudra bien revoir la stratégie en se privant du fournisseur chinois. Le gouvernement d’Angela Merkel, lui, a reporté à la fin de l’été sa décision sur ce dossier technico-diplomatique délicat.
La Grande-Bretagne a décidé ce mois-ci de bannir Huawei pour l’installation de son réseau 5G, une décision applaudie par les Etats-Unis, qui poussent leurs alliés à écarter l’équipementier chinois.
“L’approche du gouvernement qui consiste à fixer les mêmes critères de sécurité pour tous est la bonne façon de garantir la sécurité des réseaux”, estime le représentant de Huawei, David Wang, interrogé par le magazine d’information hebdomadaire allemand.
En Allemagne, les trois opérateurs de téléphonie mobile sont tous des clients de Huawei, qui est présent dans le pays depuis quinze ans. Aucun d’entre eux n’a pu apporter de preuves étayant les allégations américaines selon lesquelles ses équipements ne sont pas sûrs, a ajouté David Wang.
Deutsche Telekom, le leader du marché allemand, a signé seulement le mois dernier un contrat 5G avec Huawei mais a, en vertu des accords existants, déjà connecté près de la moitié de la population à l’internet mobile ultra-rapide.
Selon des analystes et des sources du secteur, Deutsche Telekom, qui s’oppose à une interdiction de Huawei, cherche à prendre les devants en déployant la majeure partie de son réseau 5G avant qu’une décision politique ne soit prise.
La société Telefónica Deutschland, contrôlée par la multinationale espagnole Telefónica, a déclaré cette semaine qu’elle avait signé des contrats “de secours” avec d’autres fournisseurs d’équipements pour la 5G, au cas où Huawei finirait par être exclue du marché allemand.
La Grande-Bretagne a ordonné le 14 juillet le bannissement de Huawei des réseaux 5G d’ici 2027. Si la France n’a pas annoncé une telle interdiction, elle a limité à trois ou cinq ans les autorisations accordées pour du matériel Huawei, ce qui aboutira dans les faits à une sortie progressive de Huawei de ses réseaux 5G à l’horizon 2028.