Archive pour le Tag 'temps'

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Météo: Beau temps jusqu’à Noël ?

Météo: Beau temps jusqu’à Noël ?

Avec de nouveaux records de chaleur de près de 35° dans certaines villes, on peut se demander légitimement si les saisons ne sont pas fondamentalement changées. De là à prévoir du beau temps jusqu’à Noël, c’est sans doute excessif. Reste qu’on peut sans doute prévoir une absence de grand froid et de neige. Il y a longtemps d’ailleurs que neige et grand froid ont disparu d’une grande partie du territoire pendant l’hiver. Le résultat évidemment du réchauffement climatique. Un réchauffement qui serait lié à l’accroissement considérable des émissions polluantes. De ce point de vue , une vraie politique écologique supposerait vraisemblablement de remettre en cause une grande partie du mode de production et de consommation ce qui ne peut se réaliser que de manière structurelle, c’est-à-dire aussi dans le temps.
On oublie cependant de parler de l’effet de la sur urbanisation génératrice de nombreuses pollutions notamment en termes de températures mais pas seulement.

Au contraire, l’hyper concentration urbaine est à la mode depuis des dizaines d’années ont seulement France mais dans le monde entier avec des métropoles de plus en plus ingérables et au demeurant contradictoire avec le respect de l’environnement.

L’ été persiste donc : après une chaleur déjà historique en septembre, la France a enregistré dimanche 1er octobre des températures inédites pour un mois d’octobre, avant un pic lundi, selon Météo-France. Plus de 30°C sur une large partie du pays, notamment dans le sud-ouest de la France… Le mercure a grimpé dimanche à des niveaux jamais enregistrés pour le dixième mois de l’année, symbole d’un changement climatique qui multiplie les phénomènes extrêmes et tardifs.

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Lundi, une nouvelle poussée du thermomètre est attendue avec 32 à 34 degrés dans le centre et le sud-ouest du pays, et localement 35 à 36 dans le Béarn, et une extension de ces températures élevées à la Bourgogne et au Grand Est.

Durée du temps de retraite: Très fortes inégalités entre ouvriers et cadres

Durée du temps de retraite: Très fortes inégalités entre ouvriers et cadres

Les ouvriers vivent moins longtemps que les cadres : combien de temps passent-ils vraiment à la retraite ? Les catégories socioprofessionnelles présentent en moyenne des durées d’emploi, d’inactivité et de chômage différentes, du fait d’âges d’entrée dans la carrière et de parcours variables. En partie prises en compte par les dispositifs de solidarité du système de retraite, ces différences déterminent non seulement l’éligibilité aux droits de retraite, mais aussi les montants des pensions perçues. Par ailleurs, les inégalités sociales s’expriment en termes de durées de vie. Il existe donc des écarts importants dans les chances d’atteindre l’âge de la retraite et dans la durée passée à bénéficier de celle-ci.

par
Florian Bonnet
Agregé d’économie, chargé de recherches, Institut National d’Études Démographiques (INED)

Carlo Giovanni Camarda
Docteur, spécialiste des méthodes de prévision (mortalité, longévité, etc.), Institut National d’Études Démographiques (INED)

Emmanuelle Cambois
Directrice de recherche, Institut National d’Études Démographiques (INED)

Ophélie Merville
Doctorante, Inserm dans the Conversation

Dans une étude récente, nous avons cherché à quantifier ces durées et l’ampleur des différences, à partir de données statistiques portant sur des individus nés en France, issues de l’Échantillon démographique permanent. L’EDP est particulièrement précieux car il suit depuis 2008 4 % de la population française.

En 2018, si une femme a atteint l’âge de 35 ans, on estime qu’elle peut espérer vivre 51,5 années supplémentaires. Pour les hommes, c’est 46,5 ans. Mais on peut vivre presque 6 ans de plus lorsqu’on exerce un métier de cadre plutôt que d’ouvrier chez les hommes, et plus de 3 ans supplémentaires chez les femmes. Ces écarts restent importants à 62 ans : 3,5 ans chez les hommes et 2,7 ans chez les femmes. Ces résultats viennent confirmer des résultats antérieurs publiés par l’Insee.

En termes d’espérance de vie, entre les cadres et les ouvriers, se trouvent les indépendants (artisans, commerçants, chefs d’entreprise, exploitants agricoles), les professions intermédiaires, puis les employés. Chez les femmes, le gradient est similaire, mais les indépendantes ont une espérance de vie plus faible que les professions intermédiaires.

Les catégories socioprofessionnelles (CSP) se distinguent aussi dans les chances d’atteindre les âges élevés. Sur 100 hommes de 35 ans, 96 peuvent espérer atteindre 62 ans parmi les cadres, mais seulement 89 parmi les ouvriers. Ces chiffres sont respectivement de 97 et 94 chez les femmes.

Le même nombre d’années à la retraite pour les femmes ouvrières et cadres ?

Les années de vie des femmes cadres, après 35 ans, se répartissent en un peu plus de 27 ans d’emploi, environ 1 an de chômage et 1 an d’inactivité (y compris invalidité). Leur durée de retraite dépasse légèrement 24 ans. Pour les ouvrières, c’est environ 20 années d’emploi, 4 ans de chômage, 3 ans d’inactivité et un peu moins de 24 ans de retraite. L’inactivité des ouvrières est pour moitié environ déclarée comme « au foyer », correspondant à des interruptions souvent associées à la maternité, pour s’occuper des enfants, de la maison… L’autre moitié s’explique, en partie, par des difficultés à conserver ou trouver un emploi, parfois du fait d’invalidités reconnues ou non (une situation également fréquente pour les hommes ouvriers).

Les différences entre CSP dans les durées « en » et « hors » emploi sont assez similaires pour les deux sexes, mais les hommes passent une plus grande proportion de leur vie en emploi. Par ailleurs, les ouvriers partent à la retraite plus tôt que les cadres, mais ils y passent 2 années de moins. Ils passent également un peu plus de 3 années supplémentaires au chômage ou en inactivité au-delà de 35 ans.

Avant même d’atteindre l’âge légal de départ à la retraite, qui était de 62 ans lors de l’enquête en 2018, les hommes qui sont employés ont déjà accumulé plusieurs années de vie à la retraite. Cette spécificité est notamment liée à l’existence de dispositifs de départ anticipé pour certains métiers de cette catégorie. Parmi les femmes, ce sont les professions intermédiaires qui profitent le plus des départs anticipés. Les ouvriers et ouvrières ont aussi des années de retraite avant l’âge légal, mais passent surtout bien plus de temps que les cadres en inactivité ou au chômage. Les hommes cadres passent près d’un an et demi en activité entre 60 et 62 ans : c’est trois fois plus que les ouvriers.

Pour conclure, on rappellera donc que les années à vivre en emploi après 35 ans sont plus nombreuses chez les cadres que chez les ouvriers, en partie du fait d’années de vie travaillées avant 35 ans plus nombreuses parmi ces derniers. Les années de retraite sont par ailleurs plus nombreuses pour les cadres que pour les ouvriers (2 ans chez les hommes, 8 mois chez les femmes), en raison notamment de leur espérance de vie plus élevée.

Par ailleurs, l’espérance de vie plus longue des femmes se traduit par davantage de temps de retraite (3 à 4 ans de plus que les hommes selon la CSP), mais aussi d’inactivité (1 à 2 ans de plus selon la CSP) que les hommes ; les durées en emploi sont par ailleurs proches au sein de chaque CSP selon le sexe.

Les dispositifs de départ anticipé permettaient en 2018 en partie de gommer les différences d’espérance de vie : les employés et ouvriers étaient déjà nombreux à la retraite avant l’âge légal. Cependant, ces CSP présentaient aussi des périodes plus longues de chômage ou d’inactivité que les autres. Elles sont probablement en partie liées à des difficultés à conserver ou trouver un emploi. Ce résultat fait écho aux années de vie en incapacité, déjà présentes entre 50 et 65 ans, qui s’avèrent plus fréquentes pour les ouvriers et employés que pour les cadres, ainsi que pour les femmes comparées aux hommes d’âge égal.

Les périodes hors emploi au seuil de la retraite témoignent de fins de carrière complexes et exposent à des niveaux de pension moindres. Avec les paramètres d’âge et de durée de cotisation, les dispositifs protégeant les personnes ayant des difficultés de maintien en emploi au cours et à la fin de leur carrière constituent des enjeux majeurs du système de retraite, et plus généralement de protection sociale, pour les générations présentes et futures.

Maîtrise inflation et humour : « ça prendra un certain temps »…. Comme le fût du canon

Maîtrise inflation et humour : « ça prendra un certain temps »…. Comme le fût du canon


Dans l’histoire de l’humoriste Fernand Raynaud à la question « combien faut-il de temps pour refroidir le fût du canon » la réponse était : « un certain temps ». C’est un peu maintenant la réponse que donne la présidente de la commission européenne quant aux perspectives d’évolution des prix dans l’union européenne. En dépit de la politique contraignante de la banque centrale européenne et des promesses de réduction de l’envolée des prix, l’objectif de 2 % promis est encore bien loin. On est actuellement plus proche de 5 %. Une inflation qui évidemment tue le pouvoir d’achat, réduit la consommation et pèse sur la croissance. Dans le même temps, les gouvernements libéraux ne veulent pas prendre des mesures de régulation pour encourager la baisse des prix et n’envisagent pas non plus -surtout pour la France – de réduction de la fiscalité.

Ce mercredi 13 septembre, la présidente de la Commission européenne a pris la parole devant les eurodéputés, Ursula von der Leyen, a indiqué que le retour à l’objectif d’une inflation à 2% dans la zone euro « prendra du temps ». En cause, « la persistance d’une inflation forte », « un grand défi économique » pour le continent, a-t-elle estimé. « Christine Lagarde [la présidente de la BCE, ndlr] et la Banque centrale européenne travaillent sans relâche pour juguler l’inflation », a-t-elle néanmoins salué.

Bref du bla-bla qui ne constitue pas vraiment une analyse sérieuse des facteurs explicatifs. Parmi cela il y a évidemment des éléments conjoncturels liés en particulier à la hausse des tous et au prix de l’énergie mais il y a aussi des mesures structurelles liées à la spéculation de grandes entreprises qui se répercutent par exemple de façon dramatique dans l’alimentaire

Concernant l’énergie, la présidente de la Commission européenne a, en outre, annoncé une série de mesures à venir en faveur de l’énergie éolienne, insistant sur la nécessité d’accélérer la délivrance des permis. Exactement la politique désastreuse de l’Allemagne qui dans la réalité se rabat sur le gaz et même le charbon

« Nous allons présenter un train de mesures européennes sur l’énergie éolienne – étroitement concertées avec l’industrie et les États membres », a-t-elle indiqué, souhaitant également « améliorer les systèmes d’enchères dans l’ensemble de l’UE ».

Alimentaire- Le temps frais fait chuter les légumes et fruits

Alimentaire- Le temps frais fait chuter les légumes et fruits

Les représentant des producteurs de fruits et légumes frais alertent, sur la baisse des ventes, en particulier pour les abricots, et alors que « les fruits et légumes sont désormais présents sur les étals des commerces en quantité, en qualité et à des prix accessibles ».

En cause la baisse des températures mais aussi de façon plus structurelle des prix qui se maintiennent à un niveau élevé depuis le début de la saison. Et en France le pouvoir d’achat des consommateurs est évidemment largement amputé par une inflation toujours un très haut niveau.

Selon l’enquête de l’association Familles rurales , le panier de 9 fruits et 10 légumes issus de l’agriculture conventionnelle ont augmenté de 11 % soit deux fois plus que l’inflation. « Entre juin 2021 et juin 2022, le prix du panier de fruits a augmenté de +8 % en conventionnel et de +4 % en bio. Durant la même période, le prix des légumes a augmenté de +15 % en conventionnel et a baissé de – 3 % en bio », indiquait Famille de France, qui constatait que les fruits et légumes pèsent de plus en plus cher dans le budget des Français : +42 % d’augmentation pour les fruits et +37 % pour les légumes en une décennie, et des produits bio qui coûtent jusqu’à deux fois plus cher que leurs homologues conventionnels.

Au final, une famille de quatre personnes (deux adultes et deux enfants) qui voudrait respecter la consigne du Programme national nutrition santé, « 5 fruits et légumes par jour et par personne », devait dépenser en juin entre 107 € et 198 € (soit entre 8 et 16 % d’un SMIC net mensuel) en se basant sur le panier type ou entre 60 € à 86 € (soit entre 5 et 7 % d’un SMIC net mensuel) en ne retenant que les 5 fruits et légumes les moins chers du panier de Familles rurales.

Cette hausse des prix des fruits et légumes constatée par l’Observatoire est toutefois contestée par les professionnels. « Il y a bien hausse du prix des fruits produits en France mais de l’ordre de 5 à 6 % par rapport à l’an dernier et non de 8 %, comme détaillait Familles rurales dans son étude, uniquement au sujet des fruits », objecte Stéphanie Prat, directrice de la Fédération nationale des producteurs de fruits.

De son côté, dans une note parue le 12 août, l’Insee constate une « accélération des prix alimentaires sur un an » avec toutefois une hausse des prix des produits frais « un peu moins soutenue que le mois précédent (+5,2 % après +6,6 %) ». Les prix des légumes frais ont augmenté de +4,9 % après +7,3 % un mois auparavant, ceux des fruits frais de +2,7 % après +2,9 %.

Un ralentissement qui pourrait n’être que de courte durée avant la rentrée, car la sécheresse et les restrictions d’eau qui touchent à des degrés divers tous les départements fragilisent la production de fruits et légumes, soumis à un inquiétant stress hydrique. « Nous avons entre 30 et 35 % de perte en champs en moyenne. Face à une longue sécheresse, comme celle que nous connaissons, nous n’avons que peu de moyens d’agir. Il n’y aura pas de pénurie […], Mais il y aura moins de légumes, c’est une certitude », assurait cette semaine dans Le Parisien Jacques Rouchaussé, maraîcher à Mardeuil (Marne), et président des Producteurs de Légumes de France, qui lançait un appel à la sobriété des consommateurs.

« Nous devons retrouver une saisonnalité, nous ne pouvons pas avoir des tomates toute l’année. Le consommateur doit aussi faire preuve de sobriété » prévient Jacques Rouchaussé. De son côté, l’Interfel estime que « la très grande diversité des fruits et légumes permet de se reporter sur un autre fruit ou légume lorsque certains sont plus chers du fait de la conjoncture. »

Reste que la hausse des coûts de production, la baisse potentielle de rendements et de nouveaux aléas climatiques pèsent sur toute la filière et in fine sur le prix sur les étals.

Un panier de légumes qui augmente de 17 %

Au total, 114 relevés des prix de 9 fruits et 10 légumes ont été réalisés du 7 au 21 juin dans 39 départements. Dans le détail, le prix du panier de fruits a augmenté de 14 % en conventionnel et de 8 % en bio, celui du panier de légumes de 17 % en conventionnel et 15 % en bio.

Combien de temps va durer l’inflation ?

Combien de temps va durer l’inflation ?

« L’inflation dure autant de temps que les causes qui la déclenchent »

par
Michel-Pierre Chelini

Professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Artois

L’historien Michel-Pierre Chelini analyse, dans une tribune au « Monde », les différents types d’inflation qui ont touché les économies contemporaines, et en tire quelques déductions concernant l’inflation actuelle

L’inflation est réapparue à l’échelle mondiale depuis l’automne 2021 et s’est stabilisée, en 2023, autour de 7 %. Va-t-elle refluer jusqu’à disparaître, ou bien le coût de la transition écologique et énergétique va-t-il la maintenir à un niveau élevé ?

Revenir à un taux d’inflation de 0 % ne serait pas souhaitable, car ce sont alors la déflation et la récession qui menacent ; il convient donc de viser plutôt un taux de 2 % à 3 %. Or un des outils performants pour juguler l’inflation est de relever les taux d’intérêt, c’est-à-dire le prix de l’argent prêté, afin de freiner le recours des entreprises, des ménages et des Etats au crédit.

Comme l’économie emprunte en dernier recours aux banques centrales, ce sont les taux d’intérêt directeurs de ces banques qui doivent cibler le taux d’inflation souhaitable.
Cette cible est de 2 % en Europe et aux Etats-Unis, et de 3 % en Inde et en Chine, aux économies plus axées sur la croissance.

La relation entre inflation et croissance, entendue comme la combinaison entre amélioration de productivité de la force de travail, augmentation du capital et poussée de l’innovation, s’apparente à la relation entre la vitesse et le risque d’accident pour un conducteur de véhicule : à petite vitesse, le conducteur risque de somnoler ; à vitesse soutenue, il est plus attentif ; à grande vitesse, il court de grands risques.

Peu d’inflation tend à ralentir la croissance, car, si les prix ou les salaires n’augmentent pas, les entreprises sont peu motivées à innover et les salariés à travailler. Avec entre 2 % et 5 % d’inflation, ils sont incités à maintenir une activité soutenue, facteur de croissance stable. Mais, au-delà de 10 % à 20 %, la paix sociale et donc la croissance sont déstabilisées. Conclusion : la bonne inflation n’est pas l’absence d’inflation, mais son maintien autour de 2 % à 4 %.

Secousses sismiques dans l’ouest: de temps en temps

Secousses sismiques dans l’ouest: de temps en temps

Yann Klinger, sismologue, estime que l’Ouest est une région qui bouge de temps en temps -interview a répondu aux questions de franceinfo .


« C’est une zone qui ne bouge pas très souvent, mais qui a une activité soutenue », a expliqué vendredi 16 juin sur franceinfo Yann Klinger, sismologue, chercheur CNRS à l’Institut de physique du globe de Paris après qu’un séisme de magnitude 5,3 a été ressenti vers 18h40 dans l’ouest de la France ce vendredi, notamment au Mans, à La Rochelle, à Poitiers, mais également en Bretagne. L’épicentre du séisme est situé à Saint-Georges-du-Bois, en Charente-Maritime, entre Niort et La Rochelle.

Franceinfo : Est-ce que ces phénomènes arrivent souvent ?

Yann Klinger : C’est une zone qui ne bouge pas très souvent, mais qui a une activité soutenue et qui a connu au cours des années passées quelques séismes notables. Ce sont des restes d’anciennes failles qui ont été actives, il y a très longtemps. Elles se localisent essentiellement au sud de Massif armoricain. Donc, on a cette activité résiduelle.

Ce type de magnitude est-il fréquent ?

Non, c’est peu fréquent en France. Cela ne se produit pas plus d’une fois toutes les quelques années. C’est plutôt un séisme important pour le territoire métropolitain. Il ne serait pas étonnant qu’il ait provoqué quelques fissures dans des constructions, même des chutes de tuiles ou de cheminées.

Faut-il s’attendre à une réplique ?

A priori, chaque séisme est associé à un cortège de répliques avec des magnitudes plus faibles. Donc, il est tout à fait probable qu’il y ait quelques répliques de l’ordre de 4 ou 3.

Séisme dans l’Ouest : une zone qui bouge de temps en temps

Séisme dans l’Ouest : une zone qui bouge de temps en temps

Yann Klinger, sismologue, estime que l’Ouest est une région qui bouge de temps en temps -interview a répondu aux questions de franceinfo .
Article rédigé par


« C’est une zone qui ne bouge pas très souvent, mais qui a une activité soutenue », a expliqué vendredi 16 juin sur franceinfo Yann Klinger, sismologue, chercheur CNRS à l’Institut de physique du globe de Paris après qu’un séisme de magnitude 5,3 a été ressenti vers 18h40 dans l’ouest de la France ce vendredi, notamment au Mans, à La Rochelle, à Poitiers, mais également en Bretagne. L’épicentre du séisme est situé à Saint-Georges-du-Bois, en Charente-Maritime, entre Niort et La Rochelle.

Franceinfo : Est-ce que ces phénomènes arrivent souvent ?

Yann Klinger : C’est une zone qui ne bouge pas très souvent, mais qui a une activité soutenue et qui a connu au cours des années passées quelques séismes notables. Ce sont des restes d’anciennes failles qui ont été actives, il y a très longtemps. Elles se localisent essentiellement au sud de Massif armoricain. Donc, on a cette activité résiduelle.

Ce type de magnitude est-il fréquent ?

Non, c’est peu fréquent en France. Cela ne se produit pas plus d’une fois toutes les quelques années. C’est plutôt un séisme important pour le territoire métropolitain. Il ne serait pas étonnant qu’il ait provoqué quelques fissures dans des constructions, même des chutes de tuiles ou de cheminées.

Faut-il s’attendre à une réplique ?

A priori, chaque séisme est associé à un cortège de répliques avec des magnitudes plus faibles. Donc, il est tout à fait probable qu’il y ait quelques répliques de l’ordre de 4 ou 3.

Innovation: accepter le temps long

Innovation: accepter le temps long

« L’innovation technique ne se programme pas en fonction de finalités à court terme et rentables »
TRIBUNE
Gilles Garel

Professeur au Conservatoire national des arts et métiers

Muriel Le Roux

Historienne

« L’innovation résoudra tous nos problèmes. » Cette ritournelle messianique proclamée à chaque crise, selon laquelle l’innovation technique et les entrepreneurs innovants nous sauveront de la catastrophe, ne résiste pas à l’analyse des processus d’innovation par les sciences de gestion et par l’histoire, qui, plus que le concept d’innovation lui-même, questionnent celui de « rupture ». Même si cela déplaît aux industriels ou aux politiques, l’histoire rend en effet intelligibles les choix et les actions des acteurs sur un temps plus ou moins long. Or, face aux menaces écologiques, induisant des risques pour les démocraties, nous devons admettre que ce qui nous arrive résulte aussi de la manière dont nous innovons et dont nous considérons l’innovation.

Depuis Fernand Braudel et son ouvrage Civilisation matérielle, économie et capitalisme, réédité en 2022 chez Armand Colin, on sait que la maîtrise des moyens de transport et de l’énergie a toujours été la condition sine qua non des flux et des échanges. Ce sont eux qui ont structuré les mondialisations successives, les croissances économiques reposent sur ces flux physiques. Les entreprises assumant les fonctions de conception, de production et de diffusion, l’innovation joue bien un rôle majeur dans ces processus.

Prenons le cas du vaccin Pfizer-BioNTech, qui a été développé en douze mois, ce qui est effectivement sans précédent. A suivre certaines analyses, il s’agirait d’une « rupture », car, jusque-là, le développement d’un vaccin prenait environ dix ans. Mais il s’agit d’une analyse à courte vue sur la seule année 2020, relayée par les panégyriques nord-américains à des fins de prise de contrôle du marché du médicament. Car, oui, la santé est un marché.

Or, ces analyses n’évoquent que trop rarement l’aspect cumulatif des recherches menées pendant cinq décennies, notamment le rôle de l’Institut Pasteur, à Paris, à l’origine de l’ARN messager grâce aux travaux de François Jacob, d’André Lwoff et de Jacques Monod, qui a reçu le prix Nobel de médecine en 1965. Pfizer a bénéficié (sans payer aucune redevance) de l’effort initial de la recherche publique fondamentale. Sous la surface de l’exploit innovant, l’analyse de l’innovation permet de mettre au jour des couches plus profondes, sur des temps plus longs.

Politique: L’échec du « en même temps » macroniste

Politique: L’échec du « en même temps » macroniste

par Pierre Allorant, Professeur d’Histoire du droit et des institutions, Université d’Orléans

et Walter Badier
Maître de conférences en histoire contemporaine, Université d’Orléans dans The Conversation

Alors que sa réélection en 2022 avait semblé remiser la thématique du « progrès », la longue phase de contestation de la réforme des retraites a fait resurgir dans le discours d’Emmanuel Macron l’idée d’un « progrès pour mieux vivre ». Ce retour en grâce apparaît paradoxal au moment où le « en même temps » s’éloigne pour laisser place à la recherche assumée d’une alliance avec la droite de gouvernement.

Dès lors, que recouvre le progressisme ? S’agit-il seulement, comme l’affirme le philosophe Pierre-André Taguieff, d’une « arme symbolique permettant de disqualifier les contradicteurs », de fait placés dans le camp de la réaction ?

Si à l’échelle de l’histoire contemporaine la notion est incontestablement polysémique, le progressisme puise ses racines dans le courant des Lumières et se rattache au « mythe rationaliste du Progrès » renforcé au XIXe siècle par les mutations scientifiques et techniques.

L’emploi de l’étiquette « progressiste » se répand à partir de la Monarchie de Juillet (1830-1848) pour désigner les partisans du progrès. Si l’on en croit le Littré, le substantif « progressisme » apparaît seulement à l’occasion de la crise du 16 mai 1877, conflit fondateur de la IIIe République. C’est ensuite que le progressisme glisse progressivement de la gauche vers le centre, à l’instar des républicains de gouvernement.

Les deux dernières décennies du XIXe siècle sont politiquement dominées par les républicains modérés, d’abord nommés opportunistes puis progressistes. À l’intérieur de cette période, les historiens distinguent généralement trois séquences : le temps des « fondateurs de la République », caractérisé par le vote des grandes lois républicaines (1879-1885), puis une phase de forte instabilité due à une succession de crises (scandale des décorations, boulangisme, scandale de Panama jusqu’en 1893 et enfin la « République progressiste » caractérisée par une politique plus gestionnaire jusqu’à la flambée du nationalisme alimentée par l’Affaire Dreyfus qui conduit en 1899 à la mise en place du gouvernement de « défense républicaine ».

Jules Méline a été plusieurs fois ministre, président du Conseil de 1896 à 1898 et s’est présenté sans succès à l’élection présidentielle de 1899. Wikicommons, CC BY
Curieusement, la référence à la « République progressiste » de la fin du XIXe siècle, incarnée par les leaders centristes Jules Méline et Alexandre Ribot, a été peu mobilisée dans les débats actuels autour du macronisme, alors que la « concordance des temps » apparaît manifeste sur de nombreux aspects : renouvellement profond du personnel parlementaire et ministériel, dépassement des clivages, difficulté à constituer une structure partisane de masse ou encore répression des mouvements sociaux.

La démission du président de la République Jules Grévy (1887), le développement de l’antiparlementarisme et la traque aux corrompus (« chéquards ») de Panama incitent à la recherche d’hommes nouveaux pour exercer le pouvoir.

Marquées par une forte abstention, les élections législatives de 1893 confirment l’ancrage de la République et la marginalisation de la droite. Un tiers des élus sont de nouveaux députés, dont les professions de foi font un usage croissant du terme « progressiste ».

Avec plus de 300 députés, les républicains modérés disposent de la majorité absolue au Palais-Bourbon, contrôlent le Sénat et la présidence de la République (Sadi Carnot, Jean Casimir-Perier, Félix Faure).

La République progressiste se nourrit de l’émergence d’une génération nouvelle qui entre en décembre 1893 dans le gouvernement dirigé par Jean Casimir-Perier, dont plus de la moitié des membres sont novices. Parmi ces nouvelles figures de la République modérée, Raymond Poincaré, Louis Barthou, Charles Jonnart et Paul Deschanel, issus de la très haute bourgeoisie, accèdent très jeunes à des fonctions ministérielles.

Les républicains progressistes ne constituent pas sur le plan idéologique un ensemble homogène. Certains souhaitent d’ailleurs s’allier avec les radicaux quand d’autres aspirent à un rapprochement avec le centre droit. Les progressistes regroupent des ralliés de la droite, numériquement peu importants, les anciens opportunistes, et entre les deux, les libéraux, venus pour les plus anciens d’entre eux à la République par pragmatisme. Cette famille libérale, si importante dans l’installation de la République durant les années 1870 retrouve une nouvelle vigueur en cette fin de siècle grâce à l’émergence d’une nouvelle génération et par l’actualisation de son socle idéologique, dont les progressistes se nourrissent.

Ces nouvelles idées sont notamment issues de cercles d’études et d’expertise, ancêtres des think tanks. C’est le cas du Musée social, spécialisé dans les questions d’assurance, de retraites et de mutualité.

L’acceptation d’un État plus interventionniste se traduit en matière de logement social par le vote de la loi Siegfried (1894) qui encourage la création d’habitations à bon marché (HBM) grâce à des exonérations fiscales. Si les progressistes s’appuient sur de grands titres de presse (Le Petit Parisien, Le Figaro, Le Temps) et sur les milieux d’affaires, ils ne parviennent à se doter une réelle base militante et d’un parti moderne de masse sur le modèle britannique, nécessaire pour éviter le retour de l’opposition droite-gauche.

La poussée du socialisme suscite dans les milieux libéraux une grande inquiétude. Pour les gouvernements progressistes, l’opposition au socialisme passe par une grande fermeté face aux mouvements sociaux. Ils n’hésitent pas à envoyer la troupe, comme à Carmaux en 1892.

Cette intransigeance du pouvoir face aux mouvements sociaux constitue l’une des causes de la série d’attentats anarchistes en France qui cible la Chambre des députés puis le président de la République Sadi Carnot.

Afin d’endiguer cette vague terroriste, les progressistes adoptent en urgence des lois qualifiées par la gauche de scélérates : l’opinion anarchiste exprimée publiquement est désormais considérée comme un acte préparatoire à un attentat. Le contraste avec la loi libérale de 1881 sur la presse est saisissant. Les débats houleux à la Chambre sur la loi de juillet 1894 rapprochent les radicaux des socialistes, et la République progressiste se referme face à la gauche.

Les progressistes de la fin du XIXe siècle s’inscrivent dans une culture politique centriste, fortement imprégnée de libéralisme, faite de rejet des extrêmes réactionnaire et révolutionnaire et de volonté de rassemblement par des réformes progressives menées au nom de la raison et du pragmatisme. Le mot d’ordre de Méline « ni révolution, ni réaction » apparaît comme leur cadre idéologique de référence. Les divisions au sein des progressistes s’accentuent avec l’Affaire Dreyfus, qui conduit à la formation du gouvernement de Défense républicaine en 1899. La rupture entre progressistes se cristallise avec la création de deux partis : l’Alliance démocratique en 1902 qui soutient le bloc des gauches et la Fédération républicaine en 1903 qui s’y oppose.

Le macronisme, conçu initialement comme bouclier contre les populismes, parviendra-t-il à concilier plus durablement que les progressistes de la fin du XIXe siècle, progrès, avancées des libertés et dépassement du clivage droite-gauche ? L’incarnation qu’il se donnera en 2027 pour affronter l’échéance présidentielle fournira un indice déterminant pour répondre à cette question.

Société-Fin de vie : Prendre le temps de la réflexion

Société-Fin de vie : Prendre le temps de la réflexion

par
Stéphane Alvarez
Maitre de conférences en sociologie, Université Grenoble Alpes (UGA)

Emmanuel Monfort
Maître de conférences en Psychologie, Université Grenoble Alpes (UGA)

Une contribution intéressante qui conseille de prendre du temps sur le très complexe problème de la fin de vie. Une recommandation sans doute qui s’adresse aussi au chef de l’État précipite un peu le débat pas forcément compte tenu de l’urgence de la question mais pour passer à autre chose après la révolte des retraites.


La convention citoyenne sur la fin de vie, organisée par le Conseil économique, social et environnemental, a rendu son rapport au gouvernement après quatre mois d’échanges, de réflexions et de votes. Les citoyens et citoyennes sélectionnés étaient invités à éclairer les pouvoirs publics sur la question de l’accompagnement de la fin de vie et sont prononcés en faveur d’une aide active à mourir.

La législation sur la fin de vie en France a su se réinventer depuis les premiers jalons posés par la loi Kouchner de 1999 qui garantissait l’accès aux soins palliatifs. La loi Leonetti de 2005, puis la loi Claeys-Leonetti de 2016 ont ouvert des droits pour les personnes en fin de vie. Au-delà de l’arrêt des traitements, elles cadrent la désignation d’une personne de confiance et la rédaction des directives anticipées, déclaration écrite qui peut être faite par toute personne majeure pour préciser ses souhaits concernant sa fin de vie.

Ces dispositions sont vues comme des moyens efficaces de lever les incertitudes liées aux conditions de la fin de vie. Au moment de leurs votes, elles ont été unanimement saluées. Pourtant, elles sont peu opérantes.

Une équipe de chercheurs a analysé la capacité des personnes de confiance à prendre des décisions correspondant au désir de leur proche. En se basant sur près de 20 000 paires de réponses patient-personne de confiance sur des scénarios hypothétiques de fin de vie, ils sont arrivés à une conclusion préoccupante : dans un tiers des cas, la personne de confiance se trompe sur la préférence de traitement de son proche et ne prend pas la décision que celui-ci souhaiterait.

« Controverses » est un nouveau format de The Conversation France. Nous avons choisi d’y aborder des sujets complexes qui entraînent des prises de positions souvent opposées, voire extrêmes. Afin de réfléchir dans un climat plus apaisé et de faire progresser le débat public, nous vous proposons des analyses qui sollicitent différentes disciplines de recherche et croisent les approches.

Plus alarmant encore : ce chiffre reste le même lorsque des discussions sur ces questions ont déjà eu lieu. En effet, les personnes de confiance peuvent faire primer leurs propres valeurs sur celles de leurs proches. En l’absence de directives anticipées claires, la désignation d’une personne de confiance ne serait pas efficace dans les pratiques actuelles.

Or, les individus ont des difficultés à exprimer clairement leurs avis sur la fin de vie. Les personnes les plus âgées peuvent particulièrement apporter un éclairage sur ce point. Si la mort semble de plus en plus éloignée de nos vies quotidiennes, elle prend une importance particulière avec l’avancée en âge.

Pourtant, demander à une personne âgée de prendre une décision sur sa fin de vie n’est pas pour autant facile, y compris lorsque la famille et les personnels soignants paraissent avoir trouvé un accord. Elles peuvent en particulier être confrontées à des dilemmes moraux : faut-il envisager de ne pas avoir sa vie prolongée dans certaines conditions ? Est-il possible d’accepter de laisser d’autres décider pour soi s’il n’est plus possible de s’exprimer ?

La question est particulièrement complexe dans le cas des personnes âgées qui vivent en institution. Celles-ci peuvent se voir limitées dans l’expression de choix aussi importants que ceux qui vont définir leurs derniers moments d’existence – en raison de leur état de santé, parce que toutes leurs libertés ne sont pas respectées, ou parce qu’on ne leur pose simplement pas la question. Selon une étude menée en 2013-2014 au sein de 78 maisons de retraite en France, les questions relatives à la fin de vie ont été abordées avec au maximum 21,7 % des résidents. Dans 32,8 % des cas, aucune discussion sur les questions relatives à la fin de vie n’a jamais eu lieu, que ce soit avec le résident ou avec les proches. C’est un paradoxe, si on pense que ces lieux d’hébergement sont aussi d’ultimes lieux de vie.

Dans une autre étude exploratoire, des chercheurs en santé britanniques ont mis en évidence les inquiétudes des personnes âgées lorsqu’il leur est demandé de penser aux soins palliatifs et à l’euthanasie (et en particulier aux conditions de leurs mises en œuvre). Ainsi, même si des directives anticipées ont été rédigées en prévision d’hypothétiques difficultés à venir, les personnes âgées ne seront pas nécessairement capables d’y adhérer lorsqu’elles seront réellement confrontées à la fin de leur existence.

Rédiger des directives anticipées n’est pas tout. Encore faut-il être accompagné pour choisir si elles correspondent encore à une conception existentielle qui a pu évoluer, notamment dans ces moments difficiles. Les bénéfices des directives anticipées sont limités par les difficultés des systèmes de santé à intégrer l’expression des choix des patients dans les pratiques de soins, notamment quand l’organisation du travail est complexe, soumise à des contraintes de temps et chargées émotionnellement.

On le comprend : prendre en compte des directives anticipées sur les conditions de la fin de vie implique de donner une place à des échanges qui prennent en compte les choix existentiels de tous. Il est nécessaire de reconnaître une expertise aux patients, même les plus âgés qui sont aptes à dire pour eux-mêmes ce qui est le plus adapté. Sont également centraux les enjeux éthiques associés à des situations cliniques souvent complexes, avec des professionnels formés, qui doivent pouvoir être disponibles.

La convention citoyenne qui vient de se terminer propose d’aller plus loin que les dispositions actuelles. À une large majorité, elle a voté pour l’introduction dans la loi de la notion d’aide active à mourir dans le cadre d’un parcours d’accompagnement et de coordination avec les soins palliatifs.

C’est là que le bât blesse et que se pose la question d’une réelle volonté politique de faire évoluer le cadre législatif de la fin de vie, étant donné l’état du système de santé français. Il est étonnant de constater que l’évaluation de la loi Claeys-Leonetti de 2016 se soit déroulée en même temps que la convention citoyenne : une évaluation préalable aurait certainement été bénéfique pour la qualité des travaux de la convention.

La Haute autorité de santé a toutefois donné quelques éléments de cadrage en 2020.Elle précise que la loi Claeys-Leonetti n’est pas suffisamment appliquée par les professionnels de santé : une amélioration est nécessaire dans le dialogue entre les professionnels de santé et les patients, même les plus âgés. Des progrès sont également nécessaires dans l’accompagnement de ces derniers et de leurs proches.

Ensuite, les décideurs vont-ils introduire l’aide active à mourir alors que le système de soins palliatifs est critiqué pour son aspect inégalitaire (26 départements n’ont pas d’unités de soins palliatifs) et plus largement pour un manque de moyens évidents ?

Les pratiques actuelles, sous-dimensionnées, ne sont pas satisfaisantes et procèdent d’une tendance à penser les dispositifs sans tenir compte de la variété des expériences. Contrairement à certains présupposés, toutes les personnes en fin de vie ne souhaitent pas nécessairement décéder à leur domicile. Les attentes sur les conditions de la fin de vie ne sont pas uniformes. Certains besoins essentiels, qui nécessitent la mise en place d’un accompagnement spécifique, peuvent être selon les situations incompatibles avec un trépas à domicile.

Les propositions de la convention citoyenne font face à une réalité complexe et encore mal appréhendée. Les difficultés autour des directives anticipées ne sont qu’une question parmi bien d’autres.

Face à ces constats, il paraît légitime de se poser la question d’une réelle volonté politique d’introduire la notion d’aide à mourir dans la loi, évolution jusqu’à présent refusée. De nombreuses questions demeurent et un état des lieux de la fin de vie préalable à la convention aurait permis de contribuer à des évolutions souhaitées. Une telle avancée demanderait de revoir en profondeur un système de santé en souffrance.

Fin de vie : Prendre le temps de la réflexion

Fin de vie : Prendre le temps de la réflexion

par
Stéphane Alvarez
Maitre de conférences en sociologie, Université Grenoble Alpes (UGA)

Emmanuel Monfort
Maître de conférences en Psychologie, Université Grenoble Alpes (UGA)


La convention citoyenne sur la fin de vie, organisée par le Conseil économique, social et environnemental, a rendu son rapport au gouvernement après quatre mois d’échanges, de réflexions et de votes. Les citoyens et citoyennes sélectionnés étaient invités à éclairer les pouvoirs publics sur la question de l’accompagnement de la fin de vie et sont prononcés en faveur d’une aide active à mourir.

La législation sur la fin de vie en France a su se réinventer depuis les premiers jalons posés par la loi Kouchner de 1999 qui garantissait l’accès aux soins palliatifs. La loi Leonetti de 2005, puis la loi Claeys-Leonetti de 2016 ont ouvert des droits pour les personnes en fin de vie. Au-delà de l’arrêt des traitements, elles cadrent la désignation d’une personne de confiance et la rédaction des directives anticipées, déclaration écrite qui peut être faite par toute personne majeure pour préciser ses souhaits concernant sa fin de vie.

Ces dispositions sont vues comme des moyens efficaces de lever les incertitudes liées aux conditions de la fin de vie. Au moment de leurs votes, elles ont été unanimement saluées. Pourtant, elles sont peu opérantes.

Une équipe de chercheurs a analysé la capacité des personnes de confiance à prendre des décisions correspondant au désir de leur proche. En se basant sur près de 20 000 paires de réponses patient-personne de confiance sur des scénarios hypothétiques de fin de vie, ils sont arrivés à une conclusion préoccupante : dans un tiers des cas, la personne de confiance se trompe sur la préférence de traitement de son proche et ne prend pas la décision que celui-ci souhaiterait.

« Controverses » est un nouveau format de The Conversation France. Nous avons choisi d’y aborder des sujets complexes qui entraînent des prises de positions souvent opposées, voire extrêmes. Afin de réfléchir dans un climat plus apaisé et de faire progresser le débat public, nous vous proposons des analyses qui sollicitent différentes disciplines de recherche et croisent les approches.

Plus alarmant encore : ce chiffre reste le même lorsque des discussions sur ces questions ont déjà eu lieu. En effet, les personnes de confiance peuvent faire primer leurs propres valeurs sur celles de leurs proches. En l’absence de directives anticipées claires, la désignation d’une personne de confiance ne serait pas efficace dans les pratiques actuelles.

Or, les individus ont des difficultés à exprimer clairement leurs avis sur la fin de vie. Les personnes les plus âgées peuvent particulièrement apporter un éclairage sur ce point. Si la mort semble de plus en plus éloignée de nos vies quotidiennes, elle prend une importance particulière avec l’avancée en âge.

Pourtant, demander à une personne âgée de prendre une décision sur sa fin de vie n’est pas pour autant facile, y compris lorsque la famille et les personnels soignants paraissent avoir trouvé un accord. Elles peuvent en particulier être confrontées à des dilemmes moraux : faut-il envisager de ne pas avoir sa vie prolongée dans certaines conditions ? Est-il possible d’accepter de laisser d’autres décider pour soi s’il n’est plus possible de s’exprimer ?

La question est particulièrement complexe dans le cas des personnes âgées qui vivent en institution. Celles-ci peuvent se voir limitées dans l’expression de choix aussi importants que ceux qui vont définir leurs derniers moments d’existence – en raison de leur état de santé, parce que toutes leurs libertés ne sont pas respectées, ou parce qu’on ne leur pose simplement pas la question. Selon une étude menée en 2013-2014 au sein de 78 maisons de retraite en France, les questions relatives à la fin de vie ont été abordées avec au maximum 21,7 % des résidents. Dans 32,8 % des cas, aucune discussion sur les questions relatives à la fin de vie n’a jamais eu lieu, que ce soit avec le résident ou avec les proches. C’est un paradoxe, si on pense que ces lieux d’hébergement sont aussi d’ultimes lieux de vie.

Dans une autre étude exploratoire, des chercheurs en santé britanniques ont mis en évidence les inquiétudes des personnes âgées lorsqu’il leur est demandé de penser aux soins palliatifs et à l’euthanasie (et en particulier aux conditions de leurs mises en œuvre). Ainsi, même si des directives anticipées ont été rédigées en prévision d’hypothétiques difficultés à venir, les personnes âgées ne seront pas nécessairement capables d’y adhérer lorsqu’elles seront réellement confrontées à la fin de leur existence.

Rédiger des directives anticipées n’est pas tout. Encore faut-il être accompagné pour choisir si elles correspondent encore à une conception existentielle qui a pu évoluer, notamment dans ces moments difficiles. Les bénéfices des directives anticipées sont limités par les difficultés des systèmes de santé à intégrer l’expression des choix des patients dans les pratiques de soins, notamment quand l’organisation du travail est complexe, soumise à des contraintes de temps et chargées émotionnellement.

On le comprend : prendre en compte des directives anticipées sur les conditions de la fin de vie implique de donner une place à des échanges qui prennent en compte les choix existentiels de tous. Il est nécessaire de reconnaître une expertise aux patients, même les plus âgés qui sont aptes à dire pour eux-mêmes ce qui est le plus adapté. Sont également centraux les enjeux éthiques associés à des situations cliniques souvent complexes, avec des professionnels formés, qui doivent pouvoir être disponibles.

La convention citoyenne qui vient de se terminer propose d’aller plus loin que les dispositions actuelles. À une large majorité, elle a voté pour l’introduction dans la loi de la notion d’aide active à mourir dans le cadre d’un parcours d’accompagnement et de coordination avec les soins palliatifs.

C’est là que le bât blesse et que se pose la question d’une réelle volonté politique de faire évoluer le cadre législatif de la fin de vie, étant donné l’état du système de santé français. Il est étonnant de constater que l’évaluation de la loi Claeys-Leonetti de 2016 se soit déroulée en même temps que la convention citoyenne : une évaluation préalable aurait certainement été bénéfique pour la qualité des travaux de la convention.

La Haute autorité de santé a toutefois donné quelques éléments de cadrage en 2020.Elle précise que la loi Claeys-Leonetti n’est pas suffisamment appliquée par les professionnels de santé : une amélioration est nécessaire dans le dialogue entre les professionnels de santé et les patients, même les plus âgés. Des progrès sont également nécessaires dans l’accompagnement de ces derniers et de leurs proches.

Ensuite, les décideurs vont-ils introduire l’aide active à mourir alors que le système de soins palliatifs est critiqué pour son aspect inégalitaire (26 départements n’ont pas d’unités de soins palliatifs) et plus largement pour un manque de moyens évidents ?

Les pratiques actuelles, sous-dimensionnées, ne sont pas satisfaisantes et procèdent d’une tendance à penser les dispositifs sans tenir compte de la variété des expériences. Contrairement à certains présupposés, toutes les personnes en fin de vie ne souhaitent pas nécessairement décéder à leur domicile. Les attentes sur les conditions de la fin de vie ne sont pas uniformes. Certains besoins essentiels, qui nécessitent la mise en place d’un accompagnement spécifique, peuvent être selon les situations incompatibles avec un trépas à domicile.

Les propositions de la convention citoyenne font face à une réalité complexe et encore mal appréhendée. Les difficultés autour des directives anticipées ne sont qu’une question parmi bien d’autres.

Face à ces constats, il paraît légitime de se poser la question d’une réelle volonté politique d’introduire la notion d’aide à mourir dans la loi, évolution jusqu’à présent refusée. De nombreuses questions demeurent et un état des lieux de la fin de vie préalable à la convention aurait permis de contribuer à des évolutions souhaitées. Une telle avancée demanderait de revoir en profondeur un système de santé en souffrance.

L’inutile SNU intégré au temps scolaire !!!

L’inutile SNU intégré au temps scolaire !!!

Autour de 30 000 jeunes ont participé au service national. Un service national dit obligatoire qui n’a pas grand-chose à voir avec une préparation militaire. Or dans une guerre de haute intensité, il faudrait former les 800 000 jeunes par an . Conclusion, faute de moyens le gouvernement envisage maintenant d’intégrer cette formation ésotérique dans le cadre du temps scolaire. De plus en plus inefficace et ridicule.

2000 jeunes en 2019, une année blanche en 2020 à cause du coronavirus, 15 000 en 2021, 32 000 en 2022… Et bientôt 800 000 ? Ces derniers jours, le sujet du service national universel (SNU) est revenu en force dans l’actualité. Le 26 février, le Snes-FSU, premier syndicat des enseignants du second degré, affirmait que le SNU deviendrait obligatoire pour les élèves de seconde de six départements à partir de janvier 2024, puis dans vingt départements en 2025, avant une «généralisation totale en 2026». Le lendemain, un article de Politis enfonçait le clou en dévoilant un document interne intitulé «Foire aux questions Post annonce SNU obligatoire».

• Il n’en fallait pas plus pour que le bruit d’une généralisation prochaine du SNU se (re)mette à courir. «Il n’y a rien de nouveau, assurent pourtant de concert l’Élysée et le cabinet de Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du Service national universel. La secrétaire d’État travaille toujours sur deux options.»

L’école française dans le niveau ne cesse de régresser à évidemment autre chose à faire que de gérer l’anecdotique et inutile CNU. Sans doute pas ce qui serait utile pour faire face à Poutine par exemple !

SNU : Intégré au temps scolaire !!!

• SNU : Intégré au temps scolaire !!!

Autour de 30 000 jeunes ont participé au service national. Un service national dit obligatoire qui n’a pas grand-chose à voir avec une préparation militaire. Or dans une guerre de haute intensité, il faudrait former les 800 000 jeunes par an . Conclusion, faute de moyens le gouvernement envisage maintenant d’intégrer cette formation ésotérique dans le cadre du temps scolaire. De plus en plus inefficace et ridicule.

2000 jeunes en 2019, une année blanche en 2020 à cause du coronavirus, 15 000 en 2021, 32 000 en 2022… Et bientôt 800 000 ? Ces derniers jours, le sujet du service national universel (SNU) est revenu en force dans l’actualité. Le 26 février, le Snes-FSU, premier syndicat des enseignants du second degré, affirmait que le SNU deviendrait obligatoire pour les élèves de seconde de six départements à partir de janvier 2024, puis dans vingt départements en 2025, avant une «généralisation totale en 2026». Le lendemain, un article de Politis enfonçait le clou en dévoilant un document interne intitulé «Foire aux questions Post annonce SNU obligatoire».

• Il n’en fallait pas plus pour que le bruit d’une généralisation prochaine du SNU se (re)mette à courir. «Il n’y a rien de nouveau, assurent pourtant de concert l’Élysée et le cabinet de Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du Service national universel. La secrétaire d’État travaille toujours sur deux options.»

L’école française dans le niveau ne cesse de régresser à évidemment autre chose à faire que de gérer l’anecdotique et inutile CNU. Sans doute pas ce qui serait utile pour faire face à Poutine par exemple !

ChatGPT : Donner du temps au temps

ChatGPT : Donner du temps au temps

Par Jacques-Aurélien Marcireau, Co-Responsable de la Gestion Actions chez Edmond de Rothschild Asset Management dans la Tribune.
)
ChatGPT et ses clones ont relancé de multiples débats notamment sur la place de l’Homme et du travail dans nos sociétés. Au-delà de ces débats sur les prouesses et les faiblesses de la technologie, nous sommes convaincus de 4 points clés :
• L’adoption de la technologie risque de prendre plus de temps que ce qui est anticipé aujourd’hui.
• Le modèle économique de Chat GPT est encore très éloigné des nouvelles exigences de rentabilité des investisseurs et nous semble fragile dans le contexte actuel.
• La centralité des données et du Big Data reste essentielle et le fer de lance de la technologie « Generative AI ».
• Les besoins de formation liés au « Generative AI » vont rapidement s’accroître, ce qui met les enjeux liés au capital humain (et à son obsolescence) au cœur du débat.

Il existe selon nous un parallèle criant entre ChatGPT aujourd’hui et la conduite autonome en 2015. En effet, nous avons tous été stupéfaits devant la qualité des modèles autonomes de 2015, l’autopilote de Tesla et celui de Google. Sept ans plus tard, la sobriété est de rigueur chez tous les constructeurs et sociétés de la tech. La technologie sera prête un jour, mais le cerveau humain a toujours de grande difficulté à apprécier le temps nécessaire et faire aboutir les projets dans les temps.

Un usage industriel de ChatGPT ne fait pas exception. Paradoxalement, cet outil de conversation avancé représente peut-être l’avenir, mais concernant la stratégie de développement, l’entreprise reste ancrée dans les modèles de la décennie précédente (2010-2020), lorsque l’argent était gratuit et l’exubérance à son comble : brûler sans compter sa trésorerie, afin de bénéficier d’un avantage au premier entrant et ensuite générer un effet d’échelle favorable. On y retrouve la signature d’Uber, Airbnb, Doordash, Groupon, etc.

Aujourd’hui, les recherches ChatGPT coûtent très chères à la société, mais paradoxalement, elles sont proposées gratuitement. À ce rythme, l’entreprise pourrait dépenser plus d’un milliard de dollars par an, uniquement pour répondre aux requêtes des divers utilisateurs sur Internet, sans compter l’effort de R&D essentiel par ailleurs. Certes, un forfait mensuel de 42USD pourrait alléger la facture, mais l’attente serait beaucoup plus élevée (avec une tolérance moindre) par rapport à un service gratuit, concernant la protection du droit d’auteur et la lutte contre la désinformation. Dans cette course au spectaculaire, les considérations d’efficacité énergétique sont malheureusement également laissées de côté.

ChatGPT c’est enfin et surtout un rappel, à savoir que pour entraîner un modèle à si grande échelle, il faut avoir accès à la donnée. Celui qui contrôle la donnée reste l’acteur le plus puissant dans cette chaîne de valeur, d’autant plus lorsque les algorithmes concurrents vont se multiplier et l’on voit que c’est déjà le cas. C’est également un rappel de la pertinence de la thématique du big data pour les années à venir.
Nous sommes enthousiastes concernant les applications métiers pour lesquelles il existe une quantité de données suffisante pour générer des versions « verticalisées », c’est-à-dire avec une expertise sur un domaine bien défini de chatGPT dans les années à venir. En revanche, là où il y a moins de routines et moins de données historiques et libres, l’usage sera restreint. C’est d’ailleurs ce qui aujourd’hui gène l’essor du Generative A.I. dans des domaines comme le design et la simulation. À noter que l’agence de photos GettyImages a déposé plainte contre Stable Diffusion pour violation des droits d’auteurs afin de créer une jurisprudence sur l’entraînement des modèles.

Sur le long terme, nous ne sommes pas inquiets de l’avènement d’un monde « sans travail », bien au contraire, car nous manquons cruellement de personnel dans de nombreux domaines comme celui de la santé que ce soit dans les services ou la recherche. Avant de parler de la fin du travail, rappelons-nous que nous n’avons pas suffisamment d’ingénieurs, de techniciens, de chercheurs pour lutter contre le changement climatique. Si la « Generative A.I. » présente un risque, c’est bien celui d’augmenter les besoins (et donc le déficit) en collaborateurs hautement qualifiés. L’apparition de cette technologie est une nouvelle incarnation de l’accélération de l’obsolescence du capital humain causée par la diffusion rapide de la technologie.
Cela induit un effort accru des gouvernements pour adapter les systèmes éducatifs, et surtout des entreprises via la formation continue de leurs collaborateurs.
Il s’agit pour les sociétés les plus vertueuses dans la formation de leurs salariés d’un levier d’innovation majeur. Cette nouvelle rupture technologique devrait donc creuser la ligne de démarcation entre les entreprises jouant le jeu de la formation et celles qui l’ignorent, et ce au grand bénéfice des premières.

Nous ne contestons pas que des portions croissantes de métiers seront demain automatisées, mais cela pourra d’une part réduire la pénibilité du travail de certains et libérer des énergies pour les nombreux défis que nous devrons relever. Nous pouvons convoquer ici l’économiste Alfred Sauvy et sa théorie du déversement qui illustre l’impact bénéfique sur l’économie que produisent les gains de productivité, notamment en permettant le transfert de la demande et des emplois vers des tâches à plus forte valeur ajoutée.

Cela ne signifie pas qu’un long fleuve tranquille nous attend. Les besoins en requalification, en formation continue et en accompagnement dans des carrières non-linéaires représentent un enjeu crucial pour les décennies à venir, allant jusqu’à repenser le socle d’apprentissage à l’école.

Le temps joue pour ou contre le gouvernement

Le temps joue pour ou contre le gouvernement ?

Curieusement, la tonalité de certains édito diffère de manière notable pour savoir si le temps joue pour ou contre le gouvernement. Globalement la tendance éditoriale des médias vise à soutenir le gouvernement. Dans le journal de l’Opinion par exemple, un édito considère que le temps joue pour le gouvernement et que la mobilisation ne pourra pas faire infléchir d’un iota la mise en œuvre de la réforme des retraites.

C’est exactement le point de vue contraire qui est exprimé dans le journal la Tribune ( tendance plutôt de gauche) . Ci dessous un extrait de l’édito de Marc Endeweld


« . Pour la première fois depuis longtemps, la manifestation parisienne s’est déroulée sans trop de heurts avec les forces de l’ordre, empêchant les députés Renaissance et les ministres, dès le soir même, de dénoncer en mode automatique, les violences. Cette fois-ci, il était impossible pour l’exécutif de jouer d’un tel dérivatif de communication. Face à des Français de plus en plus circonspects, il a dû se résoudre à « faire de la pédagogie » sur son projet sur les retraites. Pas sûr pour autant qu’il lui suffira d’envoyer à la télévision le peu charismatique Olivier Dussopt, ministre du travail, pour combler le manque d’explications.
Or, le temps presse. Car, de jour en jour, les rangs des opposants à ladite « réforme » se renforcent. Les sondages se suivent mais ne se ressemblent pas. Désormais, près de 68 % des Français s’opposent fortement à l’établissement de l’âge de départ à la retraite à 64 ans. En quelques jours, c’est une augmentation fulgurante de près de huit points.
Contexte explosif

Mais la plus grande difficulté pour le gouvernement, c’est de constater que nombre de cortèges dans les petites villes ont fait le plein. Car ce projet sur les retraites tombe dans un contexte explosif : crise de l’énergie et des services publics, inflation, tensions sur les salaires et le marché de l’immobilier, sentiment galopant d’injustice… Entre les annonces records de dividendes pour les actionnaires des grands groupes, les super profits des groupes d’énergie, le souvenir du « quoi qu’il en coûte » du Covid-19, mais aussi les décisions des gouvernements européens d’aider l’Ukraine à coups de milliards, il sera bien difficile de convaincre les Français qu’il n’y a aucune alternative en dehors du recul de l’âge de départ à la retraite, pour trouver les milliards nécessaires afin de sauvegarder le régime par répartition. Dans ce contexte, le scénario de l’horreur pour le gouvernement serait une coalition des colères, une alliance des villes et des campagnes, une renaissance des gilets jaunes dans la foulée de ces manifestations monstres……..

Autre difficulté pour le gouvernement, et pas des moindres : ses marges de manœuvre de négociation sont en réalité faibles. Face aux huit syndicats qui sont vent debout contre le recul de l’âge du départ à la retraite, l’exécutif serait seulement prêt à reculer sur les 44 ans de cotisation des salariés ayant commencé à travailler entre 18 et 20 ans, ou sur les questions de pénibilités (deux conditions minimum exigées par la CFDT). On se demande d’ailleurs pourquoi ces deux points n’ont pas été discutés auparavant. Mais comme le front syndical demande comme préalable le retrait du report de l’âge de la retraite, les deux camps vont continuer à se faire face durant longtemps.

Et justement sur cette question de l’âge du départ à la retraite, le temps ne joue pas en la faveur du gouvernement. Car elle est en train de devenir un symbole. Déjà, sur les réseaux sociaux, les discours de François Mitterrand sur la retraite à 60 ans refleurissent. Et les comparaisons européennes ne pourront y faire face. Car les Français ont constaté, tant du point de vue énergétique, sanitaire ou militaire, qu’il n’existait pas de modèle allemand ou britannique. Dans tous ces pays, les décisions de ces dernières années dans tous ces domaines ont abouti à de véritables impasses. Et pour Emmanuel Macron, s’obstiner dans cette direction, c’est à coup sûr aboutir à l’explosion de l’Europe par la montée des nationalismes. »
Marc Endeweld

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