Télé d’info continue : le tribunal des gilets jaunes
Maintenant que la mobilisation s’est nettement affaiblie, c’est le règlement de comptes avec les gilets jaunes qui avaient osé mettre en question l’ordre établi. D’une certaine manière les nantis prennent leur revanche. Pour preuve la justice politique qui s’est attaquée à l’un des gilets jaunes, Eric Drouet, évidemment pour faire peur à tous les autres. La technique du bouc émissaire en vigueur depuis l’origine des temps mais remise à la mode dans la start-up nation de Macron. Il faut dire que l’intelligentsia a eu très peur de cette colère craignant même une insurrection. On n’en était pourtant loin puisque les intéressés réclamaient surtout d’être écoutés. Dans les révolutions la revendication est rarement d’être écoutée ! Il y a surtout cette revendication des gilets jaunes à représenter une partie du peuple qui n’est pas supportable car cela remet en cause les prérogatives de l’intermédiation politique, médiatique ou intellectuelle. Du coup, les émissions de télé d’info continue se transforment en sorte de tribunal avec cinq ou six accusateurs et un pauvre gilet jaune soumis à la question qui subit les attaques de toutes parts y compris d’ailleurs assez souvent des animateurs eux-mêmes. Les représentants de gilets jaunes se trouvent forcément en situation particulièrement délicate d’une part parce qu’on ne peut nier certaines des contradictions du mouvement, d’autre part parce que ces représentants n’ont guère d’expérience sociale ou politique. Ils maîtrisent mal la dialectique qu’on pratique dans les sphères parisiennes et plus généralement maîtrisent d’ailleurs mal les problématiques économiques, sociales voir sociétales. On se demande même ce qu’ils viennent faire dans de telles galères. Peut-être un avant-goût de ce qui les attend quand certains gilets jaunes vont franchir le Rubicon et s’aventurer dangereusement dans les terres inconnues de la politique. Il y a en tout cas quelque chose de pathétique quand les experts dénient aux gilets jaunes le droit de représenter le peuple voir même une partie quand eux-mêmes ne sont que les serviteurs des intérêts financiers dominants.