Archive pour le Tag 'technostructure'

« Santé : la fin de la technostructure ? »

« Santé : la fin  de la technostructure ?  »

Les présidents de fédérations d’élus locaux et membres du parti LR François Baroin, Dominique Bussereau et Renaud Muselier plaident, dans une tribune au « Monde », pour une refondation du système de santé comprenant un moratoire sur les fermetures de lits.

Tribune. La crise sanitaire actuelle démontre que les solutions les plus efficaces sont toujours locales. La preuve est flagrante : les acteurs de terrain ont su se coordonner efficacement et travailler main dans la main. Face à l’urgence de la situation, ils ont dû souvent faire fi des procédures bureaucratiques qui freinent leur action. Qu’ils soient professionnels de santé, personnels sociaux et médico-sociaux, agents administratifs, techniques ou logistiques, tous ont su faire preuve de réalisme et de pragmatisme.

Sans cette capacité d’innovation locale, il est probable que la digue de notre système de santé aurait cédé face à la première vague du Covid-19. C’est un enseignement majeur dont le « Ségur de la santé », annoncé par le gouvernement, doit absolument tenir compte. Prévoir pour ne plus subir : nous pensons que notre système de santé réclame une refondation complète de son mode de gouvernance, de son organisation locale et de sa philosophie d’intervention.

 

Aussi, nous plaidons pour une réflexion qui associe les trois volets complémentaires d’une même politique publique : le sanitaire (ceux qui soignent), le médico-social (ceux qui « prennent soin »), le social (ceux qui accompagnent). Il nous faut donc également mesurer les attentes respectives de ces personnels, en termes de reconnaissance, de conditions de travail et de rémunération. 

Enfin, il faudra s’interroger sur le rôle des agences régionales de la santé (ARS), leur rapport aux collectivités locales et aux préfets, et sur leurs modes de gouvernance trop contraints par le carcan bureaucratique et budgétaire.

Nous devons absolument éviter l’écueil d’une énième réforme comptable ou d’ajustement et demandons un moratoire sur la fermeture des lits de médecine afin de favoriser un aménagement équilibré du territoire. Pour cela, faisons davantage confiance aux territoires, aux hommes et aux femmes qui l’incarnent ! Abandonnons cette vision descendante qui consiste à penser que Paris décide quand les acteurs locaux exécutent !

En effet, la santé de nos concitoyens est un enjeu territorial. Nous observons d’ailleurs que des pratiques locales très innovantes se développent : une expérimentation menée depuis deux ans par la Fédération hospitalière de France (FHF) sur cinq territoires porte ses fruits. Des actions transversales sont conduites par des acteurs de la santé, du social, de l’associatif, des collectivités locales. Ils coopèrent pour améliorer l’état de santé des populations, ce qui vaut bien mieux qu’un pilotage hors sol. »

Massacre de l’industrie notamment par l’euro, la fiscalité et la technostructure

Massacre de l’industrie notamment par l’euro, la fiscalité et la technostructure

 

 

La France a été doublement victime d’une sorte de crime contre son industrie de la part de l’euro  et du  fait de la fiscalité. À cela s’est ajouté le manque d’offre technique et la vision de salon de la technostructure. La première responsabilité en incombe sans doute à la surestimation de l’euro plus proche des préoccupations allemandes que des réalités françaises. Comme si cela n’était pas suffisant,  en interne on a poursuivi une politique fiscale assommant le reste de compétitivité. Ne parlons pas des 35 heures qui ont fait plonger la productivité surtout des entreprises à fort pourcentage de main-d’œuvre et ont surtout porté une atteinte mortifère à la valeur travail. En fait, la France a connu un véritable massacre de son industrie confirme   une note de la Fabrique de l’industrie publiée en  novembre. En même temps, cet écroulement de l’industrie a vidé nombre de territoires de leur substance économique. Une sorte de processus irréversible de désaménagement local. Le résultat d’un manque général de compétitivité, d’une insuffisance de l’offre technique aussi des visions illusoires de certains experts qui pensaient que la France se transformerait complètement dans des activités de services commercialisant des productions fabriquées à l’étranger. Le problème, c’est que ces productions ont bien été délocalisées mais que les pays de production se sont réappropriés la commercialisation et la valeur ajoutée tout en progressant en technicité. Dans le même temps, la France perdait certaines compétences techniques et certaines qualifications. 4/5 des zones d’emploi que compte la France ont subi des destructions d’emploi dans le secteur industriel entre 2009 et 2015. Le déclin industriel français ne date pas d’hier.

Au niveau national, la part de l’industrie dans la valeur ajoutée entre 1980 et 2018  a clairement chuté pour passer de 29% à 16% selon de récentes données de la Banque mondiale. En parallèle, l’industrie a détruit près de 2,2 million d’emplois, réduisant ces effectifs de 43% sur la même période, selon de récents chiffres cités par l’Observatoire français des conjonctures économiques dans l’ouvrage consacrée à  »L’économie française en 2020″. En outre, le poids de l’emploi industriel dans l’emploi marchand est passé de 29,2% en 1980 à 14,6% en 2018.

Résultat, en 2017, le niveau de production de l’industrie manufacturière française est inférieur de 13% à son pic de la fin 2000. Pire, il est inférieur de 12% à celui du début des années 90, il y près de 30 ans ! Il a fallu tout ce temps pour que l’on prenne conscience de l’exigence d’une politique de l’offre.

 

L’appareil industriel a ainsi connu « sa pire chute d’activité depuis la Seconde Guerre mondiale, perdant près de 10% de sa valeur ajoutée au cours des années 2008-2009″, ajoutent les économistes de l’observatoire rattaché à Sciences-Po Paris. Outre les délocalisations massives vers des pays à bas coût, de nombreux industriels ont  externalisé une partie de leurs services chez des sous-traitants implantés dans le tertiaire. La branche des services aux entreprises a connu une expansion majeure depuis le début des années 1980.

 

« Les activités scientifiques, et techniques, services administratifs et de soutiens ont crée de plus de 2,8 millions d’emplois, soit une hausse de 181%, sous l’effet notamment du recentrage des activités industrielles sur leur cœur de métier », soulignent les auteurs de l’ouvrage précité.

 

L’un des enseignements important de cette étude est que la variation de l’emploi industriel est d’abord déterminée par des conditions macroéconomiques favorables. La composante nationale explique environ 52% des variations locales de l’emploi dans l’industrie. Les chercheurs citent entre autres la productivité dans l’industrie, la concurrence internationale ou les structures de dépenses des consommateurs.

En outre, les conditions locales peuvent également être des facteurs déterminants pour la santé de l’emploi dans des territoires fortement industrialisés. La qualité des infrastructures de transport, le prix du foncier, la disponibilité de la main d’œuvre, le climat, la géographie, la présence d’établissements d’enseignement supérieur ou de centres de recherche sont cités par les économistes. L’effet local comme la forte spécialisation sectorielle explique des variations d’emploi dans 122 zones d’emploi (environ 40% de l’échantillon ).  »Les zones à effet local positif se retrouvent le plus souvent à l’ouest, dans le sud et en Rhône-Alpes, tandis que celles qui présentent un effet local négatif sont majoritairement localisées dans le nord et le centre de la France » expliquent les auteurs de la note.

La technostructure a par ailleurs privilégié la vison réductrice d’une développement limitée aux Startups du numérique au point de faire considérer la France comme une startup  nation par Macron. Un vision de salon d’autant plus que ces Startups  sont souvent absorbées rapidement par les grands plate forme américaines. Les start-up ou plus généralement les entreprises en développement se réduisent pas au numérique. La prise de conscience de la faillite de notre industrie est récente de la part des pouvoirs publics.

Le gouvernement a lancé seulement en novembre 2018 le dispositif des 144 territoires d’industrie bénéficiant d’un appui spécifique de l’Etat et des collectivités locales. Sous la coupole du Grand Palais, le Premier ministre Edouard Philippe, accompagné de plusieurs ministres, avait lancé en grande pompe cette initiative au moment du salon de l’industrie du futur devant un parterre de chefs d’entreprise et de décideurs. Un an après, la conjoncture s’est fortement dégradée. La plupart des grandes économies de la zone euro frôlent les récessions techniques dans le secteur industriel. Et si la France tente de résister, c’est  en raison justement d’un poids plus faible de l’industrie et d’une moindre exposition au ralentissement du commerce mondial, les dernières enquêtes de conjoncture n’annoncent pas de perspectives vraiment optimistes. La plupart des instituts de statistiques ont revu à la baisse leurs prévisions de croissance de l’économie française pour 2020. Et partout dans le monde on constate un très fort tassement de l’industrie notamment manufacturière.




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