Relations syndicats-pouvoir : le drame d’une société française bloquée
Le mépris de Sarkozy à l’égard des syndicats est évident ; il en rajoute pour chasser sur les terres de Marine Lepen. Au delà de ces considérations électorales, se pose la question de la gestion des relations sociales en France. L’Etatisme à tué les syndicats qui, affaiblis, sont contraints de se réfugier dans une posture de radicalisation et de contestation ; Or pour débloquer les corporatismes de tous genres ( y compris au plus haut niveau de l’Etat où les énarques se partagent les présidences juteuses) , engager les réformes structurelles nécessaires au plan économique et social, le dialogue entre les patrons et les syndicats doit être privilégié, comme en Allemagne. L’Etat ne devant intervenir qu’en derbier ressort et lorsque cela entre dans son champ de compétences. C’est le drame de notre société paralysée par son incapacité à faire confiance aux acteurs. La médiation se fait par décret quand il faudrait parvenir au consensus ; le populisme de Sarkozy n’arrange rien, il ne fait que radicaliser les positions. Bien entendu rien ne sera possible de la part des syndicats si dans le même temps les patrons du Cac continuent de se gaver ; impossible d demander des adaptations aux cheminots, aux salariés d’EDF, d’AIR France ou des autres salariés si l’injustice scandaleuse demeure. De ce point de vue le Medef, qui ne représente que les intérêts des patrons des entreprises de type CAC 40 constitue aussi un obstacle à un débat dépassionné et constructif. La relation entre le président Sarkozy et les syndicats, commencée sous les meilleurs auspices en 2007, s’est détériorée au fil du quinquennat. A tel point que, désormais, la guerre semble déclarée entre les deux parties. Ces dernières semaines, campagne présidentielle oblige, les piques ont été de plus en plus vives. Depuis l’annonce de sa candidature, Nicolas Sarkozy critiquent les syndicats, ces « corps intermédiaires » qui, selon lui, sont hermétiques aux réformes et qu’il n’exclut pas, s’il est réélu, de contourner par le recours au référendum. Principale cible du candidat sortant, la CGT, coupable à ses yeux de sortir de sa neutralité pour participer au jeu politique. Les raisons de la colère ? La manifestation des salariés d’Arcelor-Mittal devant son QG de campagne le 15 mars dernier ou la diffusion par la CGT d’un million de tracts de campagne appelant à voter contre lui 22 avril. Le ton avait été donné dès le 31 janvier quand, à l’occasion d’un meeting de la CGT au Zénith de Paris, le nom de Nicolas Sarkozy avait été copieusement sifflé, tandis que celui de Jean-Luc Mélenchon avait été ovationné. Du côté de la CFDT, l’irritation est la même à l’endroit de Nicolas Sarkozy. Son secrétaire général, François Chérèque, a accusé vendredi le président-candidat de « manipulation de l’opinion » et de « démagogie populiste » en tapant à « bras raccourcis sur les syndicats ». Selon lui, cette attitude du chef de l’Etat « est en rupture avec ce qu’il a fait pendant cinq ans ». Ce comportement à l’égard des organisations syndicales alarme François Chérèque. Le secrétaire général de la CFDT estime dans un entretien aux Echos vendredi que « la rupture du pouvoir avec les syndicats est potentiellement inquiétante pour la démocratie ». Pourtant, lorsqu’il a été élu en 2007, les rapports entre le président fraîchement élu et les organisations syndicales étaient au beau fixe. Un climat de confiance permis notamment grâce à l’entregent de Raymond Soubie, l’ex-conseiller social de Nicolas Sarkozy. La réforme de la représentativité syndicale en 2008, favorable à la CGT et à la CFDT, avait également convaincu les deux grandes centrales de la possibilité d’une bonne entente avec le chef de l’Etat. Mais, la réforme des retraites de 2010, perçue par les syndicats comme un coup de force, a envenimé les relations, qui depuis n’ont cessé de se dégrader. En janvier dernier, le sommet social organisé par le gouvernement avait laissé les organisations syndicales sur leur faim. Elles avaient jugé les propositions du gouvernement « insuffisantes » et « sans impact sur l’emploi ».