La CFDT, devant la CGT, devient le premier syndicat français
Pas de triomphalisme à la CFDT après cette véritable révolution dans le paysage syndical. Il faut dire qu’il ne s’agit pas d’une évolution brutale du rapport de force entre les organisations mais d’une transformation progressive qui a débuté il y a 50 ans pour la CFDT et qui produit ce résultat significatif seulement aujourd’hui. En clair, ce sont deux formes de syndicalisme qui s’oppose depuis longtemps ; l’un à contenu essentiellement contestataire sur fond d’idéologie plus ou moins marxiste l’autre constitue syndicalisme progressiste qui fait de la négociation et des résultats l’objet social premier. La progression des syndicats réformistes est d’ailleurs générale elle concerne aussi par exemple l’UNSA. Cette progression est également liée aux transformations économiques et sociologiques dans le pays. La perte de pans entiers industriels a grandement nui à la CGT (on a perdu 1,5 millions d’emplois industriels en une vingtaine d’années) et d’une certaine manière ce déclin a aussi été favorisé par des positions radicales illusoires. La CFDT, elle, entend articuler les problématiques sociales et économiques afin de définir une stratégie gagnante pour les salariés. Pour parler simple la CGT est un syndicat à caractère révolutionnaire et la CFDT un syndicat à vocation réformiste. La CFDT devient donc devant la CGT le premier syndicat français secteurs privé et public confondus. La CGT est détrônée alors qu’elle dominait depuis sa création en 1895. «La CFDT porte un syndicalisme humaniste, proche des travailleurs, efficace dans l’amélioration de leur quotidien. C’est lui qui est aujourd’hui porté à la première place!», a immédiatement réagi, dans un tweet, Laurent Berger, le secrétaire général de la centrale progressiste et réformiste. Reste que le syndicalisme globalement n’est pas dans une forme optimale. En cause évidemment la crise notamment depuis 2008 mais aussi une certaines cultures individualistes qui éloignent les citoyens des formes d’organisation collective sauf quand de temps en temps comme avec les idées jaunes la cocotte-minute explose. Parmi les facteurs explicatifs de l’affaiblissement syndical particulier en France le fait aussi que le patronat fait tout pour marginaliser les syndicats et qu’il n’y a pas de véritable dialogue entre les partenaires sociaux et avec le gouvernement. Pour preuve récente le fait que Macon s’est complètement assis sur la médiation syndicale en tentant de les déborder par un direct un débat direct avec les Français. Finalement une forme de populisme qui est qui lui est revenu comme un boomerang avec le mouvement des gilets jaunes. Notons que la progression de la CFDT doit aussi beaucoup au fait qu’elle s’est enfin débarrassée des gauchistes pour clarifier sa ligne syndicale. Ce que FO par exemple n’a pas fait d’où cette relative paralysie, cette contradiction et souvent cette fuite en avant.