La négociation « historique » patronat –syndicat reportée en 2013 ; …. ou 2017 !
La grande négociation historique (d’après Hollande (se poursuit donc. Elle achoppe toujours sur la question des CDD, dont les syndicats réclament la taxation pour freiner la précarité. Le Medef, qui tient la plume comme le veut une tradition établie, s’y refuse mordicus. Aucun mot à ce sujet dans la dernière version du projet d’accord débattue jeudi. « Cela crée zéro emploi et surenchérit le coût du travail », tacle Patrick Bernasconi, négociateur patronal et candidat pressenti à la succession de Laurence Parisot. En revanche, les dispositifs souhaités de longue date par l’organisation patronale figurent dans le texte en suspens : une sécurisation juridique des licenciements et le recours facilité aux « contrats de maintien dans l’emploi » – qui permettent de moduler le temps de travail ou les salaires au lieu de faire un plan social. Ainsi que la création d’un contrat de travail qui dure le temps d’une mission. Autrement dit, il suffirait d’un geste du Medef sur les CDD pour débloquer la situation et, peut-être, obtenir gain de cause sur la « flexibilité ». Le ministre du Travail Michel Sapin a estimé mercredi dans Le Monde que le patronat n’allait pas assez loin. « La crispation est un passage obligé dans une négociation, la pression est réelle, ce n’est pas pour cela qu’il faut écrire n’importe quoi », répond Bernasconi. « Je pense que François Hollande a aussi conscience de la difficulté de l’exercice. » Les syndicats, eux, font la grimace. « On a un peu l’impression d’avoir perdu notre temps. Le patronat est nerveux, les vacances leur feront du bien », a déploré Stéphane Lardy, le négociateur de Force ouvrière, à la sortie des discussions. Les intentions politiques de FO – signer ou pas – restent un mystère pour le gouvernement et les observateurs. Une chose est sûre, le syndicat de Jean-Claude Mailly revendique de longue date une surcotisation sur les contrats courts, les salariés en intérim ou CDD étant de plus en plus nombreux à s’inscrire au chômage. La CFDT avait, elle, proposé que la taxation des CDD soit dégressive, les premières semaines coûtant plus cher à l’employeur que les suivantes. En vain. Patrick Pierron, son négociateur, a dressé un « constat amer » sur les deux jours passés, selon ses termes : « La CFDT est déçue, nous sommes très loin d’un accord ». La centrale de Laurent Berger était la plus allante, son ton s’est durci ces derniers jours. « Je n’ai pas envie de signer un fiasco historique », a lancé pour sa part Marie-Françoise Leflon (CGC). La CGT, elle, répète à l’envi que le Medef veut imposer davantage de flexibilité et obtenir davantage de libertés pour licencier. Sa négociatrice, Agnès Le Bot, juge « la pression patronale maximale. Ils ont eu des résultats auprès du gouvernement avec le crédit d’impôt, ils en veulent encore dans cette négociation ». A l’instar du secrétaire général de sa centrale, Bernard Thibault, elle en appelle déjà aux députés pour retoucher l’éventuel accord qu’ils auront à transposer dans la loi. « Les attentes des salariés se sont exprimées à l’élection présidentielle, ce n’est pas le Medef qui a élu François Hollande », dit-elle. Dans l’ensemble, à côté des avancées pour les employeurs, le projet d’accord en contient plusieurs pour les salariés. Les mutuelles seraient généralisées à ceux qui n’en ont pas encore (une minorité). Les droits seraient conservés, dans une certaine mesure, en cas de chômage. Une telle mesure existe déjà mais elle est peu appliquée. Par ailleurs, les droits aux allocations de chômage ne seraient pas perdus lors d’une reprise d’emploi mais reportés. En cas de nouvelle période de chômage, ils s’ajouteraient aux droits acquis pour allonger la durée d’indemnisation. Autre disposition, un temps de travail plancher serait instauré pour les salariés à temps partiel. Et les élus syndicaux seraient mieux informés sur la situation financière de l’entreprise. Le patronat s’est dit prêt aujourd’hui à faire des avancées sur la présence des salariés dans les conseils d’administration, une mesure que le gouvernement entend inscrire dans un prochain projet de loi.
Comment préserver l’avenir des Gilets jaunes : un parti ou un syndicat ?
Comment préserver l’avenir des Gilets jaunes : un parti ou un syndicat ?
Les gilets jaunes ont évidemment compris qu’ils ne pouvaient pas limiter leur action éternellement à l’occupation de rond-points et qu’il convenait désormais d’envisager une structuration de cette contestation. Deux grandes lignes se dégagent. La plus importante pour l’instant est celle qui consiste à organiser le mouvement en sorte de syndicat des citoyens. C’est-à-dire une organisation porteuse des intérêts des couches moyennes et populaires mais qui ne met pas le doigt dans la gestion par crainte d’être absorbé par les logiques politiciennes. Un syndicat de protestation et de proposition qui entend maintenir une distance avec tous les partis politiques dont ils se méfient par-dessus tout. Une autre ligne envisage de transformer les gilets jaunes en parti politique avec une première étape lors des européennes. Cette tendance éprouve le même mépris défiance vis-à-vis des partis politiques classiques mais veut se faire entendre durablement en prenant sa part sur le terrain politique. Le choix n’est pas évident car ce sont deux lignes stratégiques assez opposées. Chaque fois qu’un syndicat s’est immiscé dans la politique directement ou indirectement, il en a payé le prix. La CGT par exemple paye encore le coût pour avoir été inféodée pendant trop longtemps au parti communiste lequel aujourd’hui est remplacé par des groupuscules gauchistes, ce qui n’est pas mieux et plus rassurant pour l’avenir de ce syndicat. Autre exemple, celui du mouvement des commerçants de Poujade en 1956, un syndicat corporatiste qui a connu un passage éclair en politique avant de disparaître complètement. On peut faire aussi l’hypothèse que certains partis politiques établis comme les insoumis, le rassemblement national, debout la France voire d’autres voudront récupérer à leur compte le succès des gilets jaunes. Du coup certains gilets jaunes seront présents sur les listes aux européennes et quelques-uns en bonne place pour être éligibles. Par ailleurs, il est possible qu’il n’y ait pas plusieurs listes de gilets jaunes autonomes mais tout cela risque d’affaiblir ce qui faisait l’originalité des gilets jaunes à savoir leur souci d’autonomie. De toute manière, il paraît peu vraisemblable que les gilets jaunes puissent obtenir une majorité politique, leur potentiel électoral se situe sans doute entre eux 10 et 20 %. S’ils veulent peser ils devront donc passer des alliances. Précisément perdre cette distance qu’il voulait à tout prix entretenir avec les partis politiques. Dernière observation, ce mouvement a besoin de structuration du point de vue organisationnel mais aussi du point de vue idéologique car pour l’instant c’est un peu la grande foire en matière d’analyse et de propositions. Voir à cet égard les positions autour du référendum d’initiative citoyenne. Or en l’état de la structuration, le mouvement n’a pas encore fait émerger de responsables suffisamment armés sur le plan économique, social, politique et même culturel. Ces responsables existent sans doute mais il faudra du temps pour les faire émerger, il faudra du temps pour construire une stratégie et un argumentaire qui ne soit pas démoli au bout d’un quart d’heure par les technocrates au pouvoir. Lors de passages sur un plateau télé, les gilets jaunes montrent déjà toutes leurs limites, on imagine ce que cela pourrait être face à des oligarques rompus aux exercices politiques et face à des technocrates qui possèdent leur dossier. Au total, l’hypothèse la plus crédible pour préserver le mouvement serait sans doute de transformer les gilets jaunes en syndicat de citoyens comme il existe des syndicats de salariés ou d’autres couches sociologiques. Pour être clair, les gilets jaunes risquent de se faire bouffer rapidement dans une arène politique et technocratique dont ils ignorent tout. Se faire bouffer collectivement voir individuellement car malheureusement aucune organisation n’est à l’abri concernant certains membres d’une confusion entre l’intérêt personnel est l’intérêt collectif.