Michel Rocard, un hommage unanime et suspect de la gauche
L’unanimité de la classe politique pour rendre hommage à Michel Rocard est pour le moins suspecte surtout de la part de la gauche. La vérité c’est que les mitterrandiens (c’est-à-dire la plus grande partie du parti socialiste) n’ont jamais accepté la philosophie politique de Michel Rocard trop social-démocrate, trop intellectuel et aussi il faut bien le dire trop rigoureux. Le parti socialiste a toujours préféré les personnages ambigus au discours radicaux lors des périodes électorales et qui se sont ensuite embourbés dans une gestion approximative lorsqu’ils étaient au pouvoir. En fait le parti socialiste, à commencer par Mitterrand, à tué Michel Rocard renvoyé à son seul rôle d’oracle. Un Oracle dont d’ailleurs la plupart ne comprenait pas les propos car Michel Rocard était un des rares à être capable d’articuler les problématiques économiques, sociales, environnementales et sociétales, cela à l’échelle internationale. En outre Michel Rocard était un des centralisateurs, un partisan de la négociation avec les corps intermédiaires et notamment les partenaires sociaux. Alors que le parti socialiste a toujours été étatiste et ce ne sont pas les mesures de décentralisation de Deferre qui ont beaucoup changé la donne de ce point de vue. En effet les élus régionaux comme locaux sont toujours condamnés à ne s’occuper que de crottes de chat en matière économique. Il faut surtout se rappeler que François Mitterrand a fusillé en plein vol la carrière de Michel Rocard en particulier lorsqu’il a démissionné ce dernier en raison de sa popularité et de ses succès comme Premier ministre. François Mitterrand a mené une véritable guérilla contre son Premier ministre qui, pendant trois ans, jusqu’au 15 mai 1991, a néanmoins procédé à nombre de réformes importantes, dont celle des retraites, et introduit un nouvel impôt, la CSG. « Démissionné » par le président, Michel Rocard devient alors Premier secrétaire du Parti socialiste en 1993 après le retour de la droite au pouvoir. Sa carrière a enregistré de nombreux revers, en partie provoqués par la vengeance de François Mitterrand et les oligarques du parti socialiste.