Progression du pouvoir d’achat très surestimée
par François Geerolf , Polytechnicien, diplômé de l’Ecole des Ponts, titulaire d’un doctorat en sciences économiques obtenu à Sciences Po; François Geerolf est l’auteur du chapitre « Les politiques économiques de lutte contre l’inflation en Europe » de l’ouvrage L’économie européenne 2023-2024 paru l’an dernier aux Editions La Découverte. ( dans « l’Opinion »). Il confirme le caractère obsolète des indicateurs de l’INSEE pour l’évolution des prix et du pouvoir d’achat des ménages. En cause notamment la modification structurelle des achats et la baisse des volumes. Pour parler simple, on consomme moins et différemment. Le pouvoir d’achat des ménages est de plus en plus hypothéqué par les dépenses contraintes c’est-à-dire incontournables. Ainsi le logement représente environ 25 % du budget, autant pour l’alimentation suivis par l’achat des services et biens indispensables 15 % et les transports 15 %. Au total il reste donc 20 % de dépenses ajustables en moyenne avec évidemment des écarts importants autour de cette moyenne. L’expert indique par ailleurs que l’épargne délivrée à à 3 % font perdre mécaniquement 3 % puisque l’inflation officielle et de l’ordre de 6 %. Par rapport à l’inflation réelle les ménages ont perdus au moins 10 %.
François Geerolf est économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Et il n’hésite pas à s’élever contre le consensus dans sa profession. Notamment sur les chiffres d’évolution du pouvoir d’achat publiés par l’Insee, organisme public dont le sérieux est largement reconnu. « La raison pour laquelle le ressenti ne correspond pas aux chiffres est simple : les chiffres sont faux, et ce encore plus que d’habitude », assène-t-il sur le réseau social X. Une critique violente. L’Insee publie pourtant de multiples indicateurs pour évaluer le pouvoir d’achat de différentes catégories de ménages et explique en détail les différences entre les situations individuelles et le chiffre d’évolution moyen. On peut même faire une simulation en fonction de son panier de consommation réel. Mais les indicateurs les plus mis en avant, restent, aux yeux de François Geerolf, perfectibles. En période de forte inflation, ils surestiment notamment l’augmentation du pouvoir d’achat des ménages aisés, censé être tiré par les revenus de leur épargne.