Crise énergétique: Un surcoût de 60 milliards ?
D’après un calcul de la Banque de France, le surcoût de la facture énergétique en 2022 pour la France représente 2,5 points de produit intérieur brut (PIB), soit environ 60 milliards d’euros de plus par rapport à 2021.
Mais ces calculs sont forcément assez approximatifs car on ne possède pas de prêt période de référence ( 2022 mais sans crise énergétique); on se fonde donc sur l’année précédente. En outre, tout ne serait être imputé à la problématique énergétique. Plus en amont de cette crise il y a eu en effet la hausse des matières premières notamment des métaux. Le problème vient aussi du réajustement monétaire après une politique monétaire très accommodante dont une grande partie n’a pas été dirigée vers les économies mais vers la spéculation.L’inflation est un moyen de réajuster la valeur réelle des monnaies Il y a aussi le phénomène de relocalisation de certaines productions qui entraînent des surcoûts structurels sans parler des dimensions environnementales elle aussi en général coûteuses.
« C’est le plus gros choc depuis 1974. A l’époque, la taille du choc était estimé à 2,8 points de PIB », souligne la Banque centrale. A l’époque, la crise pétrolière de 1973 avait mis fin brutalement à la période des « 30 glorieuses », synonyme de forte croissance et de plein emploi. Cette crise avait débouché sur une période de « stagflation », c’est-à-dire une croissance plate et une inflation élevée.
Actuellement la croissance européenne se dirige lentement mais sûrement vers la récession Le dernier indice PMI dévoilé ce vendredi 4 novembre indique que l’activité dans la zone euro s’est repliée à 48,1 en octobre contre 47,3 en septembre. L’activité est en expansion lorsqu’elle dépasse le seuil de 50 et en contraction en deçà de cette limite.
Il s’agit d’un plus bas depuis 23 mois. La conjoncture est particulièrement morose en Allemagne (45,1), en Italie (45,8) ou en Espagne (48). En France, l’activité demeure en territoire positif à 50,2 mais pourrait aussi plonger en récession si la situation continue de se dégrader dans les mois à venir.
Côté inflation, sur un an, l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), qui sert de base de comparaison au niveau européen, augmenterait de 7,1% en octobre, après une hausse de 6,2 % le mois précédent. Sur un mois, il rebondirait de 1,3%, après -0,5% en septembre d’après les récents chiffres de l’Insee.
En attendant, chez les ménages, la hausse de l’inflation estimée à 6,2% en octobre par l’Insee continue de peser sur leur budget. Compte tenu du poids de l’énergie et de l’alimentaire dans le porte-monnaie des Français, la consommation a commencé à freiner pour de nombreuses familles obligées de se serrer la ceinture pour pouvoir se chauffer et se nourrir.
De ce point de vue, l’évolution de l’indice général des prix traduit peu la répartition du choc entre les ménages, les entreprises et l’Etat. D’après les modèles de la Banque de France, un tiers de ce choc serait encaissé par les ménages et deux tiers par les entreprises sans intervention publique.
Néanmoins, la mise en place des différentes mesures comme le bouclier tarifaire ou la ristourne sur le carburant a permis d’abaisser l’ampleur de ce choc chez les ménages et les entreprises. « Après intervention budgétaire, la sphère publique devient un financeur de ce choc ». Au final, les ménages encaisseraient 10% de ce choc, l’Etat un tiers et les entreprises un peu plus de 50%.
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La dépendance de l’économie hexagonale aux énergies fossiles a pesé sur le pouvoir d’achat des Français. D’après une récente étude du cabinet Cambridge Econometrics, l’envolée des prix du gaz et du pétrole cet été est responsable de 40% de la hausse de l’inflation en France. Entre août 2020 et août 2022, les prix de l’énergie pour les ménages français ont bondi de 37%. Résultat, un ménage français médian aurait perdu 410 euros de pouvoir d’achat par rapport à 2020. Là aussi une évaluation assez approximative !
Compte tenu du renchérissement du coût de l’énergie, la perspective d’une réindustrialisation accélérée de l’Hexagone pourrait être mise à mal par cette crise énergétique particulièrement douloureuse.
En effet, le poids de l’énergie dans les coûts de production en France a tendance à augmenter et cette hausse pourrait s’installer dans la durée. Face à cette envolée, les industriels français pourraient encore délocaliser des sites de production dans des pays à bas coût. En prenant en compte ces répercussions indirectes, le coût de ce choc énergétique pour l’économie tricolore pourrait être encore plus élevé, surtout que les énergies de substitution au fossile se font attendre. Notamment du fait. Des contradictions de la politique énergétique