Pour un grand débat aussi sur la dépense publique (Lucien Berthier, ancien chef d’entreprise)
Lucien Berthier, ancien chef d’entreprise estime qu’un grand débat doit aussi avoir lieu sur la question centrale de la dépense publique à travers une tribune dans l’OPINION.
« Une nouvelle fois, un président français, sous la pression de la rue, a eu recours aux remèdes de facilité du passé : stimuler la demande et le pouvoir d’achat par injection de prestations sociales (prime d’activité) pour acheter la paix sociale, puis combler les déficits par l’endettement. Cette décision à la « sauve-qui-peut » me semble une erreur profonde de diagnostic car les 75 % de Français qui soutenaient les Gilets jaunes lors des premières manifestations exprimaient d’abord leur ras-le-bol fiscal.
Face à cette situation, il fallait revenir sur la taxe diesel (ce qui a été tardivement mais heureusement fait) et surtout lancer une grande concertation sur les moyens de réduire la dépense publique, fait générateur des impôts et taxes.
- Le caractère excessif de la dépense publique provient essentiellement du poids de nos prestations sociales et la part la plus importante des prestations sociales provient de nos retraites (4 points de PIB en plus par rapport à la moyenne européenne). En clair : vouloir réduire les dépenses publiques passe en priorité par l’augmentation de l’âge de départ, pour l’aligner progressivement sur la moyenne.
- Le poids des salaires est déterminant dans les dépenses du secteur public (45 % des dépenses hors prestations sociales). Si l’on veut le réduire sans compromettre la qualité du service et les salaires individuels, il n’y a qu’une solution : réduire les effectifs par l’augmentation du temps de travail et le retour aux 39 heures dans le secteur public (payées 37 par exemple).
Jean Leonetti (LR): «Le Grand débat d’Emmanuel Macron masque les réalités des Français»
- Notre spécificité du chômage de masse et son coût proviennent – sans mésestimer l’inefficacité de notre système de formation qui fait l’objet d’une réforme bienvenue – pour l’essentiel de notre salaire minimum qui empêche l’accès à l’emploi des métiers où la productivité est insuffisante (travaux publics, restauration, métiers à faible qualification…) pour être rémunérée au smic. Pourquoi ne pas tester dans une région un niveau de smic réduit (qui diminuerait le coût du travail de ces métiers), compensé par une augmentation de la prime d’activité pour ne pas avoir de travailleurs pauvres ? Autre piste : arrêter la revalorisation annuelle du smic et revaloriser en contrepartie la prime d’activité pour abaisser progressivement le coût du travail de ces métiers.
- Enfin, les réductions de dépenses publiques devraient être fléchées en priorité vers la réduction des taxes de production dans les secteurs concurrentiels à l’exportation, afin de redonner de la compétitivité à nos ETI, recréer des emplois à forte valeur ajoutée redresser le déficit extérieur et renouer enfin avec une croissance forte. Elle seule permet de distribuer des richesses sans prendre dans la poche de l’un pour donner à l’autre.
En complément de ce plaidoyer pour la réduction de la dépense publique, je proposerais de corriger la principale injustice à effet sournois de notre société : la désindexation des retraites sur l’inflation qui fait perdre aujourd’hui 1 % environ de pouvoir d’achat par an. Considérant que la durée de retraite moyenne est de vingt-cinq ans, peut-on imaginer d’avoir, en fin de vie, au moment où on en aura le plus besoin pour faire face à la dépendance, une perte de pouvoir d’achat de plus du quart de sa retraite de départ ? »
Lucien Berthier, ancien chef d’entreprise