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Les défis de la supply chain

Les  défis de la supply chain 

 

Dans toute l’Europe, l’inflation frappe durement les ménages et les entreprises. Alors qu’elle atteint un niveau record dans la zone euro à 7,5 % sur le mois de mars et qu’en une année l’indice des prix à la consommation a augmenté de + 4,5 % en France, le paysage économique européen subit un véritable désordre. Quelle est la cause de cette inflation croissante, et pourquoi certaines entreprises mettent-elles en cause directement la supply chain ? Par Emmanuel Condroyer, Country Sales Director France chez project44.

 

Tribune

 

Lors du premier confinement, les consommateurs européens ont recentré leurs dépenses vers les biens plutôt que les services. L’offre a vite dépassé la demande jusqu’au point où la supply chain a dû revoir très rapidement ses modèles d’approvisionnement, laissant tomber la gestion de la demande immédiate pour s’occuper des produits nécessaires. Pour couronner le tout, les taux de fret ont continué d’augmenter à une vitesse vertigineuse au cours du second semestre 2021, alors que le nombre de ports à l’arrêt grandissait et que la main-d’œuvre qui y est rattachée continuait à s’amoindrir face aux vagues pandémiques. Il n’en fallait pas plus pour passer d’une inflation guidée par la demande à une inflation forcée par l’offre, avec des contraintes d’approvisionnement devenant le moteur des pressions inflationnistes.

Aujourd’hui, alors que l’inflation mondiale devrait rester élevée jusqu’à la fin de l’été 2022, les entreprises ne peuvent plus absorber la hausse des coûts. En effet, les pressions inflationnistes sont directement répercutées sur les clients, mettant en péril la réputation des marques et augmentant, in fine, le coût de la vie. Alors que les prix des produits ménagers, des denrées alimentaires, de l’énergie et des matériaux sont en hausse, comment les supply chain peuvent-elles faire face à ces nouvelles pressions financières et réduire cet impact sur leurs clients ? Si personne ne peut contrôler la politique étrangère sur les restrictions liées à la Covid, ou anticiper un autre blocage du canal de Suez, tout le monde peut agir maintenant et investir dans l’infrastructure numérique pour mieux se prémunir face aux perturbations à venir.

 

Le premier défi auquel doit faire face la supply chain est le phénomène de goulots d’étranglement, qui provoque une augmentation rapide des prix, à laquelle ne peuvent pallier les forces en présence. En d’autres termes, même si les capacités sont abondantes à certains endroits, elles ne suffisent pas à contrebalancer les longs délais d’attente et les retards, ce qui a pour effet d’augmenter l’inflation.

Ces blocages peuvent être atténués et évités, grâce à une visibilité de bout en bout. Les transporteurs, les transitaires et les expéditeurs peuvent surveiller – et dans certains cas prévoir – le moment où ces goulots d’étranglement se produiront, et réacheminer de manière proactive les expéditions par différents modes de transport et ports afin de minimiser les retards. Grâce à la visibilité en temps réel, il est plus facile d’identifier les tendances générales en matière de congestion portuaire, ainsi que les points d’intérêt spécifiques (arrêts de camions/stations d’attente/inspections frontalières) où les expéditions sont retenues pendant de longues périodes. Cela permet à la fois une planification stratégique à long terme et une gestion de crise en temps réel, tout en identifiant des itinéraires alternatifs et en évitant les blocages.

Les plus grands défis de la supply chain resteront surement ceux de l’écologie et de la neutralité carbone. Et pour ce faire, il est nécessaire de commencer quelque part et la visibilité en temps réel offre aujourd’hui une efficacité opérationnelle permettant notamment d’éviter les blank saillings, mais aussi d’aider à la réaffectation des moyens de transport de manière plus dynamiques et automatiques. Ainsi nous contribuerons à aider l’ensemble des acteurs de la supply chain à améliorer leur bilan carbone et tout en étant plus écoresponsable.


Dans la supply chain, un maillon faible en entraîne d’autres tout au long de la chaîne, et une hausse de prix peut, en aval, en provoquer d’autres. Par exemple, aux États-Unis, une augmentation de 15 % des coûts d’expédition entraîne une hausse de 0,1 % de l’inflation de base au bout d’un an, créant un effet boule de neige sur l’ensemble de la chaîne. L’engorgement des ports a entraîné de nouvelles pénuries du côté de l’offre et un déséquilibre croissant entre l’offre et la demande. Plus la supply chain est longue, plus l’impact inflationniste se fera sentir, car les répercussions s’aggravent au fur et à mesure que la chaîne avance.

Comme le disait le statisticien W. Edwards Deming « on ne peut pas améliorer ce que l’on ne sait pas mesurer ». Compte tenu du caractère imprévisible de la demande, cela peut provoquer à la fois des afflux et des pénuries qui mettent la supply chain sous pression à court terme. C’est là que la visibilité intervient, car ces pics et ces baisses de la demande peuvent être surveillés et prédits avec plus de précision. Plus les transporteurs, les transitaires et les prestataires de services logistiques se connectent à des plateformes de visibilité, plus les données s’enrichissent et s’affinent pour que cet effet domino se réduise.

 

De nombreux expéditeurs diversifient leur réseau de transporteurs et adoptent une approche multimodale et omnicanale. Aujourd’hui, les entreprises ne peuvent pas compter sur un seul transporteur ou un seul mode de transport, et les expéditeurs ne peuvent plus se permettre d’être fidèles à un transporteur spécifique. Les prix ont augmenté car les expéditeurs étaient bloqués derrière leur mode de transport habituel et avaient peu de visibilité sur les options alternatives. Le passage de dernière minute du fret maritime au fret aérien a peut-être facilité le réapprovisionnement des stocks, mais il a eu un coût énorme tant financier qu’environnemental.

Le réseau mondial de la supply chain devenant de plus en plus complexe et interconnecté, la visibilité et la connectivité de bout en bout ne sont plus qu’une option avantageuse à avoir, mais deviennent essentielles pour tenir le cap en temps de crise. Les crises sont inévitables et sans visibilité de l’ensemble de la chaîne – entre les transporteurs, les modes de transport et les frontières – les expéditeurs subiront des retards toujours plus importants et l’inflation se poursuivra.

 

Visibilité et collaboration vont de pair. À titre d’exemple concret, si un transporteur fait partie d’un réseau à visibilité ouverte et qu’il a du mal à réserver son propre fret, il peut alors se tourner vers les autres membres des flottes du réseau, en utilisant une plateforme de visibilité pour consulter leurs disponibilités. Cela permet à la fois aux transporteurs d’éviter les blocages tout en développant leur réseau, et à travailler ensemble en tant qu’industrie pour réduire ces goulots d’étranglement.

Mais la réalité c’est que l’inflation est partie pour durer pour une bonne partie de l’année 2022, et il est temps que la supply chain agisse. Il y a beaucoup de discussions à l’échelle politique sur la remise à niveau des infrastructures et des équipements, mais investir dans l’infrastructure numérique est une étape importante à considérer. La visibilité de données qualitatives de bout en bout peut réduire et supprimer les goulots d’étranglement, ralentir l’effet domino des coûts le long de la chaîne d’approvisionnement et favoriser la collaboration entre les réseaux multimodaux.

Emmanuel Condroyer




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