Le stress du numérique qui monte
D’après le « Baromètre du numérique » réalisé tous les ans pour le compte du régulateur des télécoms (l’Arcep), le Conseil général de l’économie (CGE) et l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), près de la moitié des Français (48%) éprouve « au moins une forme de difficulté qui les empêche d’utiliser pleinement les outils numériques et Internet ». C’est beaucoup. Mais surtout, cette proportion a flambé de 13 points en un an… D’après l’enquête du Crédoc, ces « difficultés » sont de plusieurs ordres. Dans les zones rurales, certains souffrent, par exemple, d’un ADSL à bout de souffle, qui interdit l’accès à des services très gourmands en bande passante, comme la visioconférence. Mais « le premier frein » reste, de loin, le manque de maîtrise des outils numériques.
Le problème, c’est que beaucoup « sont devenus indispensables dans de nombreuses démarches et activités du quotidien », rappelle le Crédoc. La crise du Covid-19 et les confinements successifs ont notamment ancré de nombreux usages digitaux dans la vie des Français. « Maintien des liens avec les proches, télétravail, cours en ligne, démarches administratives dématérialisées : l’ensemble de la population a été amenée à prendre main des outils parfois peu familiers », constate l’enquête.
Aujourd’hui, plus d’un Français sur deux estime « mieux maîtriser ces outils » (56%). Mais cette moyenne « est sous-tendue par de grandes disparités », poursuit le Crédoc. Si les cadres et professions intellectuelles supérieurs sont 71% à s’estimer à l’aise avec ces usages, c’est moins le cas pour ceux qui n’ont pas de diplôme (53%), ou les personnes âgées (56%). En résumé, constate le Crédoc, l’écart et les inégalités se creusent « sur le sentiment de monter en compétence des Français ». Ils sont nombreux, en particulier, à éprouver des difficultés à joindre certains services publics, largement dématérialisés, et à effectuer des démarches administratives en ligne. Ils seraient, selon l’enquête du Crédoc, 54% à avoir déjà rencontré des problèmes à ce sujet, contre 42% un an auparavant.