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Politique–Barkhane: l’échec d’une stratégie

Politique–Barkhane: l’échec d’une stratégie

Après l’annonce du retrait de la force militaire de lutte contre les groupes armés djihadistes, cinquante chercheurs, représentants d’ONG, de syndicats et acteurs des sociétés civiles sahéliennes appellent, dans une tribune pour « Le Monde », à ouvrir le débat pour refonder, en concertation avec les populations, la politique française dans la région.

 

 

Tribune. Huit ans. Huit longues années d’opérations militaires au Sahel sans que la paix et la sécurité aient été au rendez-vous, et avec elles le décompte macabre par milliers des morts civils et militaires. En huit ans, l’opération « Barkhane », qui aura coûté la vie à 55 militaires français, aura fait l’objet de bien peu de débat public. Pas plus que l’ensemble de la politique étrangère française au Sahel, qui reste largement dominée par une approche sécuritaire au détriment notamment des efforts de développement, comme le souligne la Cour des comptes, dans un récent rapport. 

Convaincus qu’une autre approche est possible et nécessaire, cinquante associations, ONG, chercheurs, représentants de diasporas sahéliennes, syndicats et acteurs des sociétés civiles sahéliennes appellent à préparer l’après-« Barkhane » de manière plus inclusive et à ouvrir le débat aux vues d’une refondation de la politique sahélienne de la France.

 

Ce débat est urgent car la militarisation du Sahel – à l’initiative notamment de la France – n’a rien réglé sur le plan sécuritaire ; on assiste même à une dégradation continue de la situation. Les « neutralisations » de quelques chefs de groupes armés que revendiquait régulièrement l’état-major français ne cachaient plus l’effroyable réalité : les incidents violents liés à ces mêmes groupes ont doublé chaque année depuis 2015. L’impact sur les populations civiles est dramatique : près de 2 millions de personnes ont dû fuir les violences au Burkina Faso, au Mali et au Niger, et 13,2 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire.

Cette spirale de la violence interroge d’autant plus quand elle est le fait des forces de sécurité étatiques avec lesquelles l’armée française collabore. Au Mali, en 2020, davantage de civils ont été tués par des militaires (35 %) que par des groupes dits djihadistes (24 %). La Minusma [la force de maintien de la paix de l’ONU] a également conclu à la responsabilité de l’armée française dans la mort de 19 civils lors d’une opération au Mali le 3 janvier 2021.

Terrible signal

Mais, en rejetant ces conclusions et en s’opposant à l’ouverture d’une enquête indépendante, la France a envoyé un terrible signal qui contribue à normaliser l’impunité. Dans un contexte sahélien profondément marqué par la défiance des populations envers les autorités et alors qu’elle ferme déjà trop souvent les yeux sur les déviances autoritaires dans la région, la France doit se montrer intransigeante face aux abus et violations des droits humains. Sans cela, elle ne peut qu’alimenter le sentiment anti-français dans la région.

Barkhane: l’échec d’une stratégie

Barkhane: l’échec d’une stratégie

Après l’annonce du retrait de la force militaire de lutte contre les groupes armés djihadistes, cinquante chercheurs, représentants d’ONG, de syndicats et acteurs des sociétés civiles sahéliennes appellent, dans une tribune pour « Le Monde », à ouvrir le débat pour refonder, en concertation avec les populations, la politique française dans la région.

 

 

Tribune. Huit ans. Huit longues années d’opérations militaires au Sahel sans que la paix et la sécurité aient été au rendez-vous, et avec elles le décompte macabre par milliers des morts civils et militaires. En huit ans, l’opération « Barkhane », qui aura coûté la vie à 55 militaires français, aura fait l’objet de bien peu de débat public. Pas plus que l’ensemble de la politique étrangère française au Sahel, qui reste largement dominée par une approche sécuritaire au détriment notamment des efforts de développement, comme le souligne la Cour des comptes, dans un récent rapport. 

Convaincus qu’une autre approche est possible et nécessaire, cinquante associations, ONG, chercheurs, représentants de diasporas sahéliennes, syndicats et acteurs des sociétés civiles sahéliennes appellent à préparer l’après-« Barkhane » de manière plus inclusive et à ouvrir le débat aux vues d’une refondation de la politique sahélienne de la France.

 

Ce débat est urgent car la militarisation du Sahel – à l’initiative notamment de la France – n’a rien réglé sur le plan sécuritaire ; on assiste même à une dégradation continue de la situation. Les « neutralisations » de quelques chefs de groupes armés que revendiquait régulièrement l’état-major français ne cachaient plus l’effroyable réalité : les incidents violents liés à ces mêmes groupes ont doublé chaque année depuis 2015. L’impact sur les populations civiles est dramatique : près de 2 millions de personnes ont dû fuir les violences au Burkina Faso, au Mali et au Niger, et 13,2 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire.

Cette spirale de la violence interroge d’autant plus quand elle est le fait des forces de sécurité étatiques avec lesquelles l’armée française collabore. Au Mali, en 2020, davantage de civils ont été tués par des militaires (35 %) que par des groupes dits djihadistes (24 %). La Minusma [la force de maintien de la paix de l’ONU] a également conclu à la responsabilité de l’armée française dans la mort de 19 civils lors d’une opération au Mali le 3 janvier 2021.

Terrible signal

Mais, en rejetant ces conclusions et en s’opposant à l’ouverture d’une enquête indépendante, la France a envoyé un terrible signal qui contribue à normaliser l’impunité. Dans un contexte sahélien profondément marqué par la défiance des populations envers les autorités et alors qu’elle ferme déjà trop souvent les yeux sur les déviances autoritaires dans la région, la France doit se montrer intransigeante face aux abus et violations des droits humains. Sans cela, elle ne peut qu’alimenter le sentiment anti-français dans la région.

Barkhane: l’échec d’une stratégie

Barkhane: l’échec d’une stratégie

Après l’annonce du retrait de la force militaire de lutte contre les groupes armés djihadistes, cinquante chercheurs, représentants d’ONG, de syndicats et acteurs des sociétés civiles sahéliennes appellent, dans une tribune pour « Le Monde », à ouvrir le débat pour refonder, en concertation avec les populations, la politique française dans la région.

 

 

Tribune. 
Huit ans. Huit longues années d’opérations militaires au Sahel sans que la paix et la sécurité aient été au rendez-vous, et avec elles le décompte macabre par milliers des morts civils et militaires. En huit ans, l’opération « Barkhane », qui aura coûté la vie à 55 militaires français, aura fait l’objet de bien peu de débat public. Pas plus que l’ensemble de la politique étrangère française au Sahel, qui reste largement dominée par une approche sécuritaire au détriment notamment des efforts de développement, comme le souligne la Cour des comptes, dans un récent rapport. 

Convaincus qu’une autre approche est possible et nécessaire, cinquante associations, ONG, chercheurs, représentants de diasporas sahéliennes, syndicats et acteurs des sociétés civiles sahéliennes appellent à préparer l’après-« Barkhane » de manière plus inclusive et à ouvrir le débat aux vues d’une refondation de la politique sahélienne de la France.

 

Ce débat est urgent car la militarisation du Sahel – à l’initiative notamment de la France – n’a rien réglé sur le plan sécuritaire ; on assiste même à une dégradation continue de la situation. Les « neutralisations » de quelques chefs de groupes armés que revendiquait régulièrement l’état-major français ne cachaient plus l’effroyable réalité : les incidents violents liés à ces mêmes groupes ont doublé chaque année depuis 2015. L’impact sur les populations civiles est dramatique : près de 2 millions de personnes ont dû fuir les violences au Burkina Faso, au Mali et au Niger, et 13,2 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire.

Cette spirale de la violence interroge d’autant plus quand elle est le fait des forces de sécurité étatiques avec lesquelles l’armée française collabore. Au Mali, en 2020, davantage de civils ont été tués par des militaires (35 %) que par des groupes dits djihadistes (24 %). La Minusma [la force de maintien de la paix de l’ONU] a également conclu à la responsabilité de l’armée française dans la mort de 19 civils lors d’une opération au Mali le 3 janvier 2021.

Terrible signal

Mais, en rejetant ces conclusions et en s’opposant à l’ouverture d’une enquête indépendante, la France a envoyé un terrible signal qui contribue à normaliser l’impunité. Dans un contexte sahélien profondément marqué par la défiance des populations envers les autorités et alors qu’elle ferme déjà trop souvent les yeux sur les déviances autoritaires dans la région, la France doit se montrer intransigeante face aux abus et violations des droits humains. Sans cela, elle ne peut qu’alimenter le sentiment anti-français dans la région.

Quelle stratégie industrielle de santé ?

Quelle  stratégie industrielle de santé ?

Nicolas Bouzou, économiste, auteur de Homo Sanitas (XO) et Olivier Bogillot, président de la Fédération française des industries de santé é voquent les perspectives d’une stratégie industrielle de santé innovante dans l’Opinion. (Une contribution intéressante mais avec un certain parfum de corporatisme assez contradictoire quand les labos Française ux-mêmes ont externalisé la plus grande partie de leur production l’étranger NDLR)) 

En France, le débat public sur la santé se focalise beaucoup sur la prise en charge des patients et peu sur la production des innovations en santé. Au début des années 2000, la France était le premier producteur de médicaments en Europe. Elle est aujourd’hui en 4e position. Ce déclassement est d’autant plus surprenant que la France pourrait, si elle s’en donnait les moyens, être à nouveau une terre d’innovation et de production enviée en matière de médicaments et de dispositifs médicaux.

Il faudrait pour cela définir ce que serait une politique industrielle volontariste et se donner les moyens de la faire appliquer. Le prochain Conseil stratégique pour les industries de santé (CSIS) qui rendra ses conclusions au gouvernement à la fin du mois, doit porter cette ambition. Evidemment, la prise de conscience sur la nécessité de muscler nos capacités d’innovation et de production en santé s’est largement faite à la faveur de la crise de la Covid-19. A ce titre, l’initiative portée par la France, l’Allemagne et l’Union européenne intitulée « Résilience de l’industrie médicale et pharmaceutique » annoncée le 31 mai dernier est une formidable opportunité.

Développer le secteur productif de la santé en France et en Europe est justifié car nous détenons au moins deux avantages compétitifs majeurs dans ces domaines. En amont, le capital humain européen en la matière est tout à fait exceptionnel, tant dans la recherche fondamentale qu’appliquée. Nous avons des chercheurs de très haut niveau en médecine, biologie, génétique, mais aussi en intelligence artificielle, informatique, mathématiques, qui sont les nouveaux outils pour développer des plus rapidement les innovations en santé.

Un grand nombre des chercheurs les plus demandés dans le monde ont été formés sur notre continent, y compris sur l’ARN messager révélé par la Covid-19, malheureusement, ils le quittent souvent, et nous devons tout faire pour les retenir. En aval, notre marché est attractif. Les pays européens accueillent des Etats providence dont le contrat social propose à chaque ressortissant les soins les plus adaptés, y compris quand ils sont innovants. Dans ce domaine, la France possède des atouts comme son système d’ATU (autorisations temporaires d’utilisation) qui permet à des patients souffrant de pathologies graves d’avoir accès à des traitements avant leur AMM (autorisation de mise sur le marché).

Qualité de la recherche, taille du marché, essais cliniques et autorisations temporaires d’utilisation sont autant d’actifs à valoriser

Avantages compétitifs. Malheureusement, nous n’exploitons pas suffisamment ces avantages compétitifs, comme en témoigne la désindustrialisation française en matière de santé mais aussi la relative faiblesse de l’implantation de grosses sociétés de biotechnologies. L’Allemagne possède 6 licornes en biotechnologie, dont 2 déca-cornes, la France aucune. Cette situation n’est pas inéluctable car notre pays possède deux domaines d’expertise exceptionnels dans lesquels elle peut développer des sociétés de biotech et acquérir des parts de marché significatives : la cancérologie et les thérapies géniques.

Nos centres de lutte contre le cancer, comme l’Institut Gustave Roussy ou l’Institut Curie, qui sont des structures privées (à but non lucratif), échappent en partie aux rigidités du public tout en se positionnant en pointe dans l’innovation. Ce sont dans leur discipline des pôles de référence mondiaux en matière de recherche et de soins. Dans les thérapies géniques, nos équipes de recherche sont réputées et une vingtaine d’entreprises françaises sont actives dans ce secteur.

Qualité de la recherche, taille du marché, essais cliniques et ATU sont autant d’actifs à valoriser. Dans ce domaine particulièrement innovant, l’excellence des soins découle de la localisation d’une chaîne de valeur (recherche, développement, production, commercialisation, parcours de soin, suivi des patients à long terme…) colocalisée à proximité des hôpitaux.

Co-investissement. Pour valoriser ces atouts, nous proposons trois solutions. Premièrement, les co-investissements entre secteur privé et pouvoirs publics doivent être généralisés avec des moyens conséquents, exactement comme les Etats-Unis l’ont fait il y a un an avec les vaccins. Les thérapies géniques ou les nouveaux médicaments en cancérologie, qui s’adressent à des cohortes de patient peu nombreux, se prêtent particulièrement bien à ce type de coopérations.

La France doit clairement revendiquer que c’est chez nous que les innovations sont lancées en premier au niveau international à un prix satisfaisant

Deuxièmement, la France doit s’appuyer sur le système des ATU, et clairement revendiquer que c’est chez nous que les innovations sont lancées en premier au niveau international à un prix satisfaisant. Un accès au marché rapide et une croissance attira les industriels du monde entier.

Troisièmement, la fixation des prix des innovations doit intégrer des incitations économiques à localiser recherche et production sur le sol français. Si la France redevient un marché en croissance pour les industriels, notre économie doit en tirer des contreparties en termes d’investissements et d’emplois. Après ce traumatisme collectif que fut cette crise, il serait formidable de faire de la France un phare pour l’innovation et la production en santé. Les avantages seraient économiques et symboliques. Et c’est possible !

Nicolas Bouzou, économiste, auteur de Homo Sanitas (XO) et Olivier Bogillot, président de la Fédération française des industries de santé.

Politique – Macron : la stratégie du coucou ; après le PS , LR !

Politique

Macron : la stratégie du coucou ; après le PS , LR !

 

Même au sein de la majorité on constate que Macron ne peut s’appuyer sur la république en marche qui demeure une organisation virtuelle sans vraie présence sur le terrain. D’où l’idée du chef de l’État qui n’a jamais disposé d’une véritable organisation de rentrer par la petite porte d’un parti, d’y faire son nid et de vider ses occupants.

 

Ce fut d’ailleurs d’abord le cas avec le parti socialiste complètement pompé et que Macon a largement contribué à faire éclater et à décliner. Désormais la cible est le parti républicain avec la même stratégie. Il s’agit de faire son nid, créer des divisions, faire éclater l’organisation en la pillant. Depuis 2017, Emmanuel Macron a constaté l’émergence de deux droites au sein de LR, celle qui a appelé à voter pour lui au soir du premier tour de la présidentielle et celle qui se montre plus ambiguë à l’égard du « front républicain ».

 

En tendant la main à LR dans certaines régions, le chef de l’Etat cherche donc à exposer ces divisions. « Il veut détacher les gens de droite modérés de leur parti, leur faire miroiter qu’ils peuvent être élus uniquement avec En marche », confirme Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à Lille 2.  »Son objectif, c’est de siphonner encore un peu plus la droite modérée et empêcher l’émergence d’une candidature de droite. »

 

Les responsables de LR ne sont pas naïfs. « On additionne les manigances de Macron aux turpitudes des grands élus locaux qui estiment qu’ils auraient dû être ministres plus longtemps, et on a ce cocktail. (…) Il devient assez clair que Macron a ciblé la droite et cherche à faire monter le RN pour installer un duel Macron/Le Pen en 2022″, fustige le député LR Pierre-Henri Dumont. « Macron veut nous dissoudre, il ne veut plus rien entre Marine Le Pen et lui », ajoute un dirigeant LR, joint par France 2.

 

Macron : la stratégie du coucou ; après le PS , LR !

Macron : la stratégie du coucou ; après le PS , LR !

 

Même au sein de la majorité on constate que Macron ne peut s’appuyer sur la république en marche qui demeure une organisation virtuelle sans vraie présence sur le terrain. D’où l’idée du chef de l’État qui n’a jamais disposé d’une véritable organisation de rentrer par la petite porte d’un parti, d’y faire son nid et de vider ses occupants.

 

Ce fut d’ailleurs d’abord le cas avec le parti socialiste complètement pompé et que Macon a largement contribué à faire éclater et à décliner. Désormais la cible est le parti républicain avec la même stratégie. Il s’agit de faire son nid, créer des divisions, faire éclater l’organisation en la pillant. Depuis 2017, Emmanuel Macron a constaté l’émergence de deux droites au sein de LR, celle qui a appelé à voter pour lui au soir du premier tour de la présidentielle et celle qui se montre plus ambiguë à l’égard du « front républicain ».

 

En tendant la main à LR dans certaines régions, le chef de l’Etat cherche donc à exposer ces divisions. « Il veut détacher les gens de droite modérés de leur parti, leur faire miroiter qu’ils peuvent être élus uniquement avec En marche », confirme Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à Lille 2.  »Son objectif, c’est de siphonner encore un peu plus la droite modérée et empêcher l’émergence d’une candidature de droite. »

 

Les responsables de LR ne sont pas naïfs. « On additionne les manigances de Macron aux turpitudes des grands élus locaux qui estiment qu’ils auraient dû être ministres plus longtemps, et on a ce cocktail. (…) Il devient assez clair que Macron a ciblé la droite et cherche à faire monter le RN pour installer un duel Macron/Le Pen en 2022″, fustige le député LR Pierre-Henri Dumont. « Macron veut nous dissoudre, il ne veut plus rien entre Marine Le Pen et lui », ajoute un dirigeant LR, joint par France 2.

 

«Contre les bombes artisanales, : revoir la stratégie militaire »

«Contre les bombes artisanales, : revoir la stratégie militaire »

 

L’ancien chef d’état-major de l’armée de l’air, le général Denis Mercier sstime que la lutte contre les engins explosifs improvisés (IED) passe par des solutions numériques et des compétences développées par l’Otan pour l’ancien chef d’état-major de l’armée de l’air ( L’Opinion)

Tribune

 

 

Au Mali, entre le 28 décembre et le 2 janvier, cinq soldats français ont été tués dans l’explosion de leur véhicule blindé léger. Ces deux attaques, dues à engins explosifs improvisés (IED), ont fait passer le cap symbolique des 50 morts depuis le début de l’intervention française dans le pays, en 2013.

Emblématiques des récents conflits, de l’Afghanistan à la guerre d’Irak, du Sahel au Levant, les bombes artisanales sont des armes bon marché, menaçant nos soldats dans des guerres désormais asymétriques. Enfouis dans le sol, les IED se déclenchent au passage des convois et causent de lourdes et tragiques pertes humaines. Ces attaques contraignent la liberté de mouvement et poussent les états-majors à privilégier des déploiements sécurisés derrière les murs d’une emprise fortifiée, et à aller au contact de la population dans des convois fortement blindés.

Comment contrer cette menace à laquelle les armées françaises sont exposées depuis de longues années ? Nos alliés ont été confrontés à ce même défi et ont décidé de traiter cette menace en amont, avec l’aide des nouvelles technologies.

Arme du pauvre. Aucune des armées engagées actuellement dans des missions de maintien de la paix ou de gestion de crise n’est épargnée par cette menace. Fort de ce constat, l’Otan a développé un concept de lutte contre les IED en amont, fondé sur l’analyse de données hétérogènes, le partage d’expériences, les échanges et la coordination de l’information. Ainsi la lutte contre les engins explosifs improvisés agrège des données provenant des réseaux humains, financiers, techniques et logistiques, à l’œuvre dans la production de cette « arme du pauvre ».

Aujourd’hui, les armées françaises ne font pas assez appel aux compétences développées par l’Alliance atlantique et à l’expérience acquise par les alliés au sein d’un centre d’excellence dédié, qui permettraient d’assister la force Barkhane et d’améliorer ses capacités de lutte contre les menaces de type IED.

Les outils numériques demandent un partage de données qui peuvent venir de multiples capteurs déployés au Sahel, mais aussi des armées alliées

Deux grands axes dirigent la lutte contre ces engins : la réponse « sur le terrain » consistant à protéger les convois et à détecter les IED enfouis dans le sol, et celle, plus en amont, permettant de détecter les paramètres dans de nombreux domaines qui, une fois corrélés, identifient les filières de fabrication, de stockage et de mise en œuvre pour mieux les contrer avant qu’ils soient enfouis.

Pour le premier, la capacité à stocker et comparer les très nombreux renseignements sur les voies de communication permettrait d’anticiper le risque, et d’établir les moyens de protection adéquats ou de lancer des missions d’investigation sur les zones suspectes. S’il n’est pas possible d’avoir des hommes et des femmes qui surveillent ces zones H24 ou dissèquent les quantités d’informations disponibles sans aide, les outils numériques démultiplient les capacités d’analyse. Ils demandent un partage d’informations et une architecture numérique autorisant la corrélation de données qui peuvent venir de multiples capteurs déployés au Sahel, mais aussi de toutes les armées alliées qui voudront contribuer à cette mission.

Sur étagère. Sur le deuxième axe, il s’agit d’identifier les réseaux multiples (humains, techniques, logistiques, financiers et bien d’autres) entrant dans la réalisation des IED. Seuls des algorithmes puissants, capables de gérer de grands volumes de données hétérogènes permettront la détection des signaux faibles et leur corrélation pour modéliser les filières et les démanteler en amont.

Sur la base du concept développé par l’Alliance atlantique, et dans l’attente d’une capacité européenne crédible, l’acquisition de solutions numériques sur étagère pouvant être utilisées immédiatement pour organiser et corréler de très grandes quantités de données, comme cela a été le cas pour la lutte menée en France contre le terrorisme par la sécurité intérieure, permettrait une première réponse rapide et efficace. Avec un seul objectif : sauver des vies.

Le général Denis Mercier a été chef d’état-major de l’armée de l’air française, puis commandant suprême allié chargé de la transformation de l’Otan (ACT). Il a rejoint le groupe privé Fives en 2018.

LE CONSEIL SCIENTIFIQUE POUR UNE « STRATÉGIE RÉGIONALE »

LE CONSEIL SCIENTIFIQUE POUR UNE « STRATÉGIE RÉGIONALE »

 

Fortement bousculé par des prédictions jugées trop négatives par le milieu politique,  le conseil scientifique se fait désormais beaucoup plus discret. Pire, il tend à s’aligner sur la ligne du pouvoir qui veut transférer la responsabilité du confinement aux élus  locaux. La vérité c’est que le conseil scientifique se contredit complètement. Le seuil critique qu’il avait annoncé pour mars avril est en train de se confirmer. On voit mal quelle serait la vraie compétence des élus locaux pris entre les intérêts électoralistes et les nécessités sanitaires. Comme si finalement la circulation du virus s’arrêtait aux frontières des départements, des régions ou des zones urbaines.

 

Après avoir préconisé un « confinement strict » au mois de février, le Conseil scientifique considère désormais que la stratégie à adopter doit être celle de l’approche territorialisée, au cas par cas. Le journal Le Parisien révèle que dans un avis du 11 mars dernier, le Conseil scientifique recommandait au gouvernement d’opter pour une « stratégie anticipée, régionale, ajustée et ciblée » pour lutter contre le Covid-19.

Selon le quotidien francilien, les membres du Conseil scientifique écartent désormais l’idée de ne protéger que les publics fragiles afin d’épargner les plus jeunes. Ils écartent également la mise en place d’un confinement strict à l’échelle nationale, tout comme l’idée d’alterner périodes de confinement et de déconfinement.

États-Unis : une nouvelle stratégie environnementale

États-Unis : une nouvelle stratégie environnementale

L’exécutif américain, qui entend annoncer en avril un nouvel objectif national de réduction des émissions, met à contribution de nombreuses agences gouvernementales.(Article du Wall Street Journal)

 

 

L’administration Biden met les bouchées doubles pour finaliser d’ici le mois prochain une stratégie globale de lutte contre le changement climatique, en mobilisant diverses agences gouvernementales afin de concevoir un projet qui pourrait refaçonner l’économie américaine et bouleverser des secteurs de premier plan.

Joe Biden et ses hauts conseillers envisagent d’associer aux mesures de l’exécutif – durcissement des normes en matière de pollution, investissements ciblés ou modification des marchés publics à l’échelle fédérale – des initiatives du Congrès dans le but d’accélérer la transition vers les énergies à bas carbone. Cette offensive pourrait mettre en difficulté les entreprises pétrolières et gazières tout en donnant un coup de fouet aux spécialistes des énergies renouvelables, et contraindre pour la première fois le secteur financier à se plier à de stricts critères gouvernementaux en matière de politique climatique.

Les fonctionnaires de l’administration Biden présentent la stratégie comme un pilier de leur projet de relance de l’économie après la pandémie de coronavirus.

« Il y a vraiment beaucoup de choses que nous pouvons faire aujourd’hui concernant le climat, et qui nous permettront de véritablement rebondir après la Covid, a affirmé lors d’un entretien Gina McCarthy, la conseillère nationale de la Maison Blanche pour le climat. Si l’ensemble du gouvernement collabore, nous pourrons agir sans avoir à sacrifier quoi que ce soit. »

Les milieux d’affaires, y compris ceux qui se sont montrés plutôt favorables aux initiatives gouvernementales en matière climatique, craignent cependant une approche dirigiste préjudiciable à de vastes pans de l’économie. A l’instar de la Chambre de commerce américaine et de l’American Petroleum Institute, beaucoup soutiennent une législation pénalisant l’ensemble des émissions de carbone, par exemple, mais rejettent l’idée de mesures gouvernementales ciblant certains secteurs.

« Les entreprises ont besoin d’un instrument législatif, déclare Christopher Guith, qui suit les politiques publiques pour le compte d’une division de la Chambre du commerce en charge de l’énergie. Les réglementations qui changent radicalement d’une administration à l’autre créent trop d’incertitudes et paralysent toute planification à long terme. »

Selon les sources, les groupes reçus à la Maison Blanche ont présenté des modélisations d’après lesquelles un objectif de réduction des émissions de 50 % d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2005 était réalisable s’il tenait compte des mesures déjà prises par les municipalités, les Etats, les entreprises et les gouvernements locaux

L’Accord de Paris sur le climat, dont les Etats-Unis s’étaient retirés sous la présidence Trump et que M. Biden a décidé de réintégrer dès les premiers jours de son mandat, exhorte les pays signataires à renforcer leurs engagements en termes de réduction des émissions tous les cinq ans. M. Biden et ses hauts conseillers se voient pressés par d’autres pays de fixer des objectifs ambitieux témoignant de la détermination des Etats-Unis à participer aux efforts de réduction des émissions qui, selon la plupart des scientifiques, sont la principale cause de l’augmentation des températures à travers le monde.

Les responsables de l’administration Biden ont annoncé leur intention de dévoiler, lors d’un sommet sur le climat prévu à Washington en avril, un nouvel objectif national de réduction des émissions pour les neuf prochaines années.

Durant des réunions privées qui ont eu lieu ces dernières semaines, selon des sources proches du dossier, des groupes extérieurs de défense de l’environnement et des analystes des données climatiques ont encouragé la Maison Blanche à doubler quasiment l’objectif de réduction des émissions qui avait été fixé en 2014 par le président Obama. A l’époque, celui-ci s’était engagé à ce que les Etats-Unis réduisent leurs émissions de 26 à 28 % d’ici à 2025 par rapport au niveau de 2005.

Selon les sources, les groupes reçus à la Maison Blanche ont présenté des modélisations d’après lesquelles un objectif de réduction des émissions de 50 % d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2005 était réalisable s’il tenait compte des mesures déjà prises par les municipalités, les Etats, les entreprises et les gouvernements locaux. L’an dernier, le total des émissions américaines s’est inscrit en baisse de 21 % environ par rapport à 2005, en partie sous l’effet de la mise à l’arrêt de l’économie liée à la pandémie.

Mme McCarthy n’a pas souhaité donner d’indication quant à l’objectif à venir. « Il ne s’agira pas de ce que je préfère ou de ce que je souhaiterais… Nous laisserons les données guider les résultats », a-t-elle affirmé, en référence aux modélisations climatiques et à d’autres analyses sur lesquelles s’appuieront les responsables de l’administration pour décider des réductions possibles. Elle s’est également entretenue avec des entreprises de services collectifs et des constructeurs automobiles avant que la Maison Blanche ne décide des prochaines étapes.

A l’approche du sommet sur le climat prévu le 22 avril, «  Jour de la Terre  », la Maison Blanche a lancé une analyse transversale visant à déterminer un objectif qui soit à la fois ambitieux et réalisable, selon des fonctionnaires de l’administration.

Depuis son investiture en janvier, M. Biden a suspendu les nouvelles concessions pétrolières et gazières sur les terres fédérales, sa secrétaire à l’Energie a réactivé un programme de prêts de 40 milliards de dollars dédié aux énergies propres et l’administration a commencé à faire pression sur le Congrès en faveur de dépenses d’investissement se chiffrant en milliers de milliards de dollars.

M. Biden a par ailleurs pris rapidement des mesures pour mobiliser l’ensemble de l’exécutif, faisant appel à des agences fédérales qui ne jouaient jusqu’alors aucun rôle dans les politiques climatiques – comme les départements du Trésor et de l’Agriculture. Le nouveau président de la SEC (la commission américaine des opérations de Bourse) choisi par Joe Biden s’est engagé à rendre obligatoire des déclarations financières relatives aux risques climatiques, ce qui augmenterait probablement les coûts de financement de certains projets dans les énergies fossiles. En outre, le nouveau programme de la Représentante américaine au Commerce prévoit entre autres de taxer les importations en fonction de leurs émissions de dioxyde de carbone.

Un grand nombre des mesures prises jusqu’à présent sont de nature préliminaire, ou relatives à des processus. Cependant, l’administration n’a pas fait mystère de son ambition de frapper fort, recrutant des champions de la cause environnementale pour conseiller M. Biden et nommant de hauts responsables dédiés au changement climatique dans des agences gouvernementales clés.

L’ancien secrétaire d’Etat John Kerry, qui avait contribué aux négociations sur l’Accord de Paris, dirigera les discussions relatives au climat en tant que Représentant spécial de Joe Biden pour le climat. Il se rendra à Londres, Paris et Bruxelles cette semaine afin d’évoquer les enjeux climatiques mondiaux avec des responsables européens.

La politique climatique nationale reviendra à Mme McCarthy qui, en tant qu’administratrice de l’Agence pour la protection de l’environnement sous la présidence Obama, avait présidé à l’établissement de certaines des premières limites d’émissions de gaz à effet de serre aux Etats-Unis.

M. Biden a mis en place un Groupe de travail national sur le climat, présidé par Mme McCarthy, en vue de produire des idées dans la lutte contre le réchauffement climatique à tous les niveaux du gouvernement. Mme McCarthy a indiqué que ce Groupe de travail s’était déjà étoffé, certaines agences (dont le département de l’Education, qui envisage d’intégrer le changement climatique dans les programmes scolaires) ayant demandé à le rejoindre.

La volonté de parvenir à un objectif dès le mois d’avril est ambitieuse. Selon des sources impliquées dans le processus, l’effort logistique requiert une coordination à tous les échelons administratifs, une analyse des données et une planification des politiques. L’administration Obama avait passé neuf mois environ à établir son objectif climatique en 2014, selon des sources qui y avaient pris part.

Dans le même temps, les groupes de défense de l’environnement, des scientifiques et des figures de premier plan comme l’ancien maire de New York, Michael Bloomberg, attendaient ce moment depuis des années. Ces derniers mois, plusieurs documents d’orientation politique faisant part de recommandations ont été publiés, et des écologistes se sont associés pour calculer l’impact global des politiques locales – et des nouvelles politiques fédérales potentielles – en termes d’émissions, dans l’espoir que leur analyse puisse aider un gouvernement démocrate à fixer un objectif climatique ambitieux.

En 2019, un rapport de défenseurs du climat indiquait que les entreprises, villes et Etats américains pourraient à eux seuls réduire les émissions des Etats-Unis de 37 % par rapport au niveau de 2005 d’ici à 2030. Ce chiffre pourrait être porté à 49 % si de nouvelles mesures fédérales étaient prises en faveur d’une baisse rapide des émissions du secteur de l’électricité et d’un large recours aux véhicules électriques, précisait le rapport.

« Parvenir à 50 % nécessitera un effort considérable et général de la part de l’ensemble de l’économie fédérale, ainsi que des municipalités, des Etats et des gouvernements locaux, soulignait Nathan Hultman, directeur du Center for Global Sustainability à l’Université du Maryland et coauteur du rapport. Nous pouvons y arriver, les tendances observées au cours des dernières années nous le montrent. Mais cela sera difficile. »

Dans ce contexte, l’administration envisage une vaste offensive secteur par secteur, examinant les tendances et projections actuelles pour déterminer le niveau possible des réductions d’émissions dans de larges pans de l’économie comme le transport, l’industrie lourde et les services aux collectivités.

Sur le plan politique, les obstacles ne manquent pas. Le Président, qui souhaite une coopération du Congrès, fera face au scepticisme des républicains, ainsi qu’aux craintes de dommages économiques et de destructions d’emplois.

Le président entend dévoiler dans les prochaines semaines un dispositif législatif qui pourrait atteindre plusieurs milliers de milliards de dollars, visant à améliorer les infrastructures nationales et lutter contre le changement climatique

L’administration est déjà critiquée par les républicains, et même par certains syndicats alliés des démocrates, pour avoir suspendu les nouvelles concessions pétrolières sur les terres fédérales et révoqué le permis de l’oléoduc Keystone XL dès l’entrée en fonction de Joe Biden. Le promoteur de l’oléoduc a immédiatement arrêté le projet et licencié 1 000 ouvriers.

« Nous devons réfléchir à la manière de préserver les emplois existants – des emplois bien rémunérés, qui font vivre des familles entières – pour qu’ils ne disparaissent pas tous d’un seul coup », a déclaré la sénatrice républicaine de l’Alaska Lisa Murkowski vendredi, lors d’une conférence sur l’énergie, en référence aux premiers décrets de Joe Biden sur le climat.

Mme McCarthy a reconnu la difficulté de trouver de nouveaux emplois pour les ouvriers licenciés. L’administration annonce la création d’une nouvelle agence pour l’emploi au sein du département de l’Energie et l’élaboration d’une stratégie globale de soutien aux travailleurs dans le pétrole, le gaz naturel et le charbon.

« Nous avons conscience du défi à relever, mais nous ne pensons pas qu’il est au-dessus de nos capacités », a déclaré Mme McCarthy, ajoutant espérer une collaboration avec le secteur des énergies fossiles.

Le président entend dévoiler dans les prochaines semaines un dispositif législatif qui pourrait atteindre plusieurs milliers de milliards de dollars, visant à améliorer les infrastructures nationales et lutter contre le changement climatique.

Les défenseurs du climat estiment que ce type d’investissement massif est probablement la manière la plus rapide de promouvoir les objectifs du Président, en faisant appel aux technologies de capture du carbone, en encourageant l’utilisation des véhicules électriques et en développant les sources d’énergies propres, ainsi que les systèmes de transmission permettant leur connexion à grande échelle.

« Le meilleur signal qu’ils puissent envoyer pour montrer que les Etats-Unis sont de retour est de faire adopter par le Congrès un projet de loi prévoyant l’investissement de plusieurs milliers de milliards de dollars dans les infrastructures, affirme Collin O’Mara, président de la National Wildlife Federation. Ce serait la preuve irréfutable d’un engagement inédit à l’échelle mondiale. »

(Traduit à partir de la version originale en anglais par Anne Montanaro)

« Pour une stratégie zéro Covid en évitant des confinements » (Anne Hidalgo)

 « Pour une  stratégie zéro Covid en évitant des confinements » (Anne Hidalgo)

Hostile à la stratégie du « stop and go », la maire de Paris plaide, dans une tribune au « Monde », pour une accélération de la vaccination contre le Covid-19 ainsi que pour une coopération renforcée entre les élus, la société civile et les acteurs économiques.

Tribune.

 

 

 Nous y sommes. Le variant dit « anglais », plus contagieux, est devenu majoritaire dans la plupart de nos régions et l’épidémie repart avec une augmentation de 15 % de nouveaux cas par semaine. Identifié en septembre 2020 au Royaume-Uni, ce variant y est devenu majoritaire le 26 novembre. En quelques semaines, il est passé de 25 % à 75 % des contaminations, semant le chaos chez nos voisins britanniques.

En France, cette progression inéluctable a été annoncée dès le 7 février par une équipe de l’Inserm. Une autre équipe de chercheurs du laboratoire de virologie du CHU de Montpellier signalait le 17 février que « les infections causées par le variant [anglais] seraient déjà majoritaires, pour la plupart des régions d’ici à la fin du mois de février 2021 ».

Il y a un an, nous étions dans une situation similaire, à la veille de la première vague. Il y a six mois, nous étions dans une situation similaire, à la veille de la deuxième vague. Cela fait désormais cent trente jours que nous vivons un semi-confinement avec de sévères mesures de restrictions de nos libertés : couvre-feu instauré le 17 octobre, confinement le 30 octobre, puis succession de couvre-feux depuis le 15 décembre.

Il faut se souvenir que, en octobre, l’objectif annoncé était de 5 000 cas par jour. Aujourd’hui, nous dépassons les 23 000 cas quotidiens. Le taux d’incidence par classe d’âge s’élève en moyenne à 219 cas sur 100 000 habitants en France, soit plus de 4 fois le seuil considéré comme acceptable.

Cette épidémie impose à tous l’humilité. Lors de la première vague, entre février et juillet 2020, nous avons enregistré 30 300 décès et, pour cette deuxième vague, nous déplorons 56 946 décès de plus. Plusieurs centaines de malades meurent chaque jour, 417 rien que le 2 mars. Nos services de réanimation sont proches de la saturation. Les Français comme les soignants sont épuisés et l’horizon semble bouché.

Vacciner avant la fin de l’été

Ma seule préoccupation est d’aider à trouver des solutions pour réduire le nombre de décès, accélérer le retour à une vie normale et répondre à la détresse de celles et ceux qui subissent de plein fouet la crise économique et sociale. Les étudiants, les familles qui vivent dans des logements exigus, les personnes isolées souffrant d’un état de santé fragile ont plus que jamais besoin d’un accompagnement ciblé. Quels sont les choix qui s’offrent à nous ? Que devons-nous dire à nos concitoyens ? Comment nous organiser collectivement ? Sur la vaccination, comment réussir ?

Santé–Une stratégie de vaccination illisible

 

Santé–Une stratégie de vaccination illisible

 

Généraliste à Ifs (Calvados), le docteur Jacques Battistoni, président du syndicat MG France, détaille les enjeux de l’ouverture de la vaccination aux médecins de ville.( Interview dans l’Opinion)

Cette semaine, près de 30 000 généralistes volontaires vont pouvoir vacciner dans leur cabinet médical avec le produit d’AstraZeneca. Comment cela va se passer ?

Les patients vont pouvoir se faire vacciner par leur médecin jeudi et plus probablement vendredi. Nous devions participer à la campagne vaccinale quelques jours plus tôt mais la distribution en lots des vaccins aux 11 000 pharmacies qui vont fournir les médecins de ville est complexe. Les flacons de 10 doses sont conditionnés en paquet de dix et chaque médecin a le droit, pour cette semaine, à un flacon. Or, un pharmacien va alimenter en doses trois ou quatre médecins, pas davantage. Il faut donc séparer les paquets pour éviter de perdre des vaccins en route. Tout cela prend du temps.

Le patient doit-il aller chercher son vaccin chez le pharmacien ?

C’est plutôt le médecin qui se rend chez le pharmacien auprès de qui il s’est fait connaître comme vaccinateur volontaire pour récupérer les doses. Il les ramène ensuite à son cabinet en les transportant bien droit dans un sachet ou une boîte isotherme. La plupart des confrères vont consacrer une demi-journée de travail jeudi ou vendredi à vacciner les patients qu’ils auront sélectionnés.

«Les médecins ont besoin d’un document à opposer à leurs patients, leur expliquant pourquoi une personne diabétique de 65 à 74 ans n’a droit à rien, mais pourquoi la même entre 50 et 64 ans peut être vaccinée avec l’AstraZeneca»

Un peu plus d’un médecin généraliste sur deux s’est engagé dans la démarche vaccinale. Pourquoi si peu ?

Je dirai au contraire qu’il s’agit là d’un beau succès au regard des handicaps qui sont les nôtres. Le premier est circonstanciel : ce sont les vacances et certains médecins sont en congés. Ils ont aussi des enfants. Tous ne sont pas disponibles.

Ensuite, le vaccin d’AstraZeneca a souffert d’une mauvaise réputation auprès des médecins avant que la science ne démontre une efficacité de 80 %, soit bien plus que le vaccin contre la grippe. Cette petite musique a pu avoir un effet dissuasif.

Autre souci : les effets indésirables. On sait maintenant que ce type de syndromes grippaux, pas dramatiques mais inconfortables, sont plus fréquents chez les personnes les plus jeunes. Les médecins vont pouvoir informer leurs patients sur ce point.

La vaccination est conditionnée à un dispositif de priorisation des patients avec sept profils et 16 sous-profils. Est-ce que les Français s’y retrouvent ?

En l’état, la stratégie de vaccination est illisible pour les patients. Il ne se passe pas une réunion au ministère de la Santé sans que je réclame une clarification. Les médecins ont besoin d’un document à opposer à leurs patients, leur expliquant pourquoi une personne diabétique de 65 à 74 ans n’a droit à rien mais pourquoi la même entre 50 et 65 ans peut être vaccinée avec l’AstraZeneca. Cette création d’exceptions entre différentes tranches d’âge crée des tensions dans les centres de santé et des conflits entre médecins et patients. Certains font des pieds et des mains pour se faire vacciner et ont recours au système D bien français pour arriver à leurs fins.

 

Le professeur Alain Fischer a laissé entendre que le prochain vaccin du laboratoire Janssen pourrait convenir aux 65-74 ans. Est-ce une bonne idée ?

Je n’ai pas assez d’informations pour répondre par oui ou par non. Une chose est sûre : c’est plus facile pour un médecin généraliste de s’organiser avec un vaccin monodose que multidose, de le conserver dans son frigo et de vacciner au fil de l’eau. Nous voyons 100 patients par semaine, on peut sans problème en piquer la moitié. Sans contrainte, notre puissance de vaccination peut monter à plus de deux millions de Français piqués par semaine. Aujourd’hui, notre cible vaccinale est très étroite et les doses arrivent au compte-gouttes (10 doses cette semaine par médecin volontaire, puis 20 à 30 hebdomadaires ensuite, selon la demande, N.D.L.R.). Sur trois ou quatre semaines, chaque généraliste est en mesure de vacciner entre 40 et 80 personnes. Ça ne va pas assez vite.

2,4 millions de personnes de plus de 75 ans vivent seules, certaines sont très isolées. Comment amener la vaccination à elles ?

Certains de ces patients ne peuvent pas prendre rendez-vous sur Internet. Moi, ce qui me semble le plus simple, ce serait de réserver dans chaque centre de vaccination un quota de doses que les médecins passeraient prendre avant chaque tournée à domicile. Au centre, le généraliste les inscrirait sur un registre puis une fois sur place, entrerait dans le système de traçabilité l’identité du patient et son accord, la réalisation de la consultation, de l’acte vaccinal et le numéro du lot.

« Vacciner ne réclame pas uniquement un médecin pour superviser et une infirmière pour piquer. Il faut gérer les rendez-vous, l’approvisionnement, le retour d’informations aux ARS »

En Meurthe-et-Moselle, des médecins et infirmiers libéraux ont avancé 8 000 euros de leurs poches pour faire tourner leur centre de vaccination. Est-ce un cas isolé ? Les soignants de ville sont-ils suffisamment accompagnés par les agences régionales de santé (ARS) ​?

Je connais des cas similaires et c’est aussi ma situation. Je travaille dans une maison de santé et nous ouvrons un centre la semaine prochaine. Nous n’avons pas les fonds nécessaires. Vacciner ne réclame pas uniquement un médecin pour superviser et une infirmière pour piquer. Il faut gérer les rendez-vous, les agendas, l’approvisionnement, le retour d’informations aux ARS, etc. C’est du temps de travail salarié. Et sincèrement, nous n’avons pas, sur le terrain, les moyens de travailler correctement. Les médecins retraités sont rémunérés sous forme de vacation, je ne vois pas pourquoi les gestionnaires de centre ne seraient pas eux aussi payés pour leur contribution à l’effort vaccinal.

Les pharmaciens pourront prendre part à la stratégie vaccinale en mars, a annoncé le ministre de la Santé Olivier Véran. Cette idée ne plaît pas à tous les médecins, loin de là. Qu’en pense MG France ?

Tant que les vaccins ne sont pas en nombre suffisant, tant qu’il reste des patients vulnérables à repérer et à vacciner en priorité, c’est logique de ne pas multiplier le nombre de vaccinateurs. Cela n’apporte rien et entraîne de la confusion.

Je ne suis pas sûr que les pharmaciens aient le temps, l’espace et la logistique nécessaires. Quand la vaccination sera accessible à l’ensemble de la population de plus de 18 ans et que les doses suivront, nous en reparlerons. Quand le moment sera venu, MG France ne s’opposera pas à la vaccination en pharmacie. Mais nous n’en sommes pas là.

Une stratégie de vaccination illisible

Une stratégie de vaccination illisible

Généraliste à Ifs (Calvados), le docteur Jacques Battistoni, président du syndicat MG France, détaille les enjeux de l’ouverture de la vaccination aux médecins de ville.( Interview dans l’Opinion)

Cette semaine, près de 30 000 généralistes volontaires vont pouvoir vacciner dans leur cabinet médical avec le produit d’AstraZeneca. Comment cela va se passer ?

Les patients vont pouvoir se faire vacciner par leur médecin jeudi et plus probablement vendredi. Nous devions participer à la campagne vaccinale quelques jours plus tôt mais la distribution en lots des vaccins aux 11 000 pharmacies qui vont fournir les médecins de ville est complexe. Les flacons de 10 doses sont conditionnés en paquet de dix et chaque médecin a le droit, pour cette semaine, à un flacon. Or, un pharmacien va alimenter en doses trois ou quatre médecins, pas davantage. Il faut donc séparer les paquets pour éviter de perdre des vaccins en route. Tout cela prend du temps.

Le patient doit-il aller chercher son vaccin chez le pharmacien ?

C’est plutôt le médecin qui se rend chez le pharmacien auprès de qui il s’est fait connaître comme vaccinateur volontaire pour récupérer les doses. Il les ramène ensuite à son cabinet en les transportant bien droit dans un sachet ou une boîte isotherme. La plupart des confrères vont consacrer une demi-journée de travail jeudi ou vendredi à vacciner les patients qu’ils auront sélectionnés.

«Les médecins ont besoin d’un document à opposer à leurs patients, leur expliquant pourquoi une personne diabétique de 65 à 74 ans n’a droit à rien, mais pourquoi la même entre 50 et 64 ans peut être vaccinée avec l’AstraZeneca»

Un peu plus d’un médecin généraliste sur deux s’est engagé dans la démarche vaccinale. Pourquoi si peu ?

Je dirai au contraire qu’il s’agit là d’un beau succès au regard des handicaps qui sont les nôtres. Le premier est circonstanciel : ce sont les vacances et certains médecins sont en congés. Ils ont aussi des enfants. Tous ne sont pas disponibles.

Ensuite, le vaccin d’AstraZeneca a souffert d’une mauvaise réputation auprès des médecins avant que la science ne démontre une efficacité de 80 %, soit bien plus que le vaccin contre la grippe. Cette petite musique a pu avoir un effet dissuasif.

Autre souci : les effets indésirables. On sait maintenant que ce type de syndromes grippaux, pas dramatiques mais inconfortables, sont plus fréquents chez les personnes les plus jeunes. Les médecins vont pouvoir informer leurs patients sur ce point.

La vaccination est conditionnée à un dispositif de priorisation des patients avec sept profils et 16 sous-profils. Est-ce que les Français s’y retrouvent ?

En l’état, la stratégie de vaccination est illisible pour les patients. Il ne se passe pas une réunion au ministère de la Santé sans que je réclame une clarification. Les médecins ont besoin d’un document à opposer à leurs patients, leur expliquant pourquoi une personne diabétique de 65 à 74 ans n’a droit à rien mais pourquoi la même entre 50 et 65 ans peut être vaccinée avec l’AstraZeneca. Cette création d’exceptions entre différentes tranches d’âge crée des tensions dans les centres de santé et des conflits entre médecins et patients. Certains font des pieds et des mains pour se faire vacciner et ont recours au système D bien français pour arriver à leurs fins.

Le professeur Alain Fischer a laissé entendre que le prochain vaccin du laboratoire Janssen pourrait convenir aux 65-74 ans. Est-ce une bonne idée ?

Je n’ai pas assez d’informations pour répondre par oui ou par non. Une chose est sûre : c’est plus facile pour un médecin généraliste de s’organiser avec un vaccin monodose que multidose, de le conserver dans son frigo et de vacciner au fil de l’eau. Nous voyons 100 patients par semaine, on peut sans problème en piquer la moitié. Sans contrainte, notre puissance de vaccination peut monter à plus de deux millions de Français piqués par semaine. Aujourd’hui, notre cible vaccinale est très étroite et les doses arrivent au compte-gouttes (10 doses cette semaine par médecin volontaire, puis 20 à 30 hebdomadaires ensuite, selon la demande, N.D.L.R.). Sur trois ou quatre semaines, chaque généraliste est en mesure de vacciner entre 40 et 80 personnes. Ça ne va pas assez vite.

2,4 millions de personnes de plus de 75 ans vivent seules, certaines sont très isolées. Comment amener la vaccination à elles ?

Certains de ces patients ne peuvent pas prendre rendez-vous sur Internet. Moi, ce qui me semble le plus simple, ce serait de réserver dans chaque centre de vaccination un quota de doses que les médecins passeraient prendre avant chaque tournée à domicile. Au centre, le généraliste les inscrirait sur un registre puis une fois sur place, entrerait dans le système de traçabilité l’identité du patient et son accord, la réalisation de la consultation, de l’acte vaccinal et le numéro du lot.

« Vacciner ne réclame pas uniquement un médecin pour superviser et une infirmière pour piquer. Il faut gérer les rendez-vous, l’approvisionnement, le retour d’informations aux ARS »

En Meurthe-et-Moselle, des médecins et infirmiers libéraux ont avancé 8 000 euros de leurs poches pour faire tourner leur centre de vaccination. Est-ce un cas isolé ? Les soignants de ville sont-ils suffisamment accompagnés par les agences régionales de santé (ARS) ​?

Je connais des cas similaires et c’est aussi ma situation. Je travaille dans une maison de santé et nous ouvrons un centre la semaine prochaine. Nous n’avons pas les fonds nécessaires. Vacciner ne réclame pas uniquement un médecin pour superviser et une infirmière pour piquer. Il faut gérer les rendez-vous, les agendas, l’approvisionnement, le retour d’informations aux ARS, etc. C’est du temps de travail salarié. Et sincèrement, nous n’avons pas, sur le terrain, les moyens de travailler correctement. Les médecins retraités sont rémunérés sous forme de vacation, je ne vois pas pourquoi les gestionnaires de centre ne seraient pas eux aussi payés pour leur contribution à l’effort vaccinal.

Les pharmaciens pourront prendre part à la stratégie vaccinale en mars, a annoncé le ministre de la Santé Olivier Véran. Cette idée ne plaît pas à tous les médecins, loin de là. Qu’en pense MG France ?

Tant que les vaccins ne sont pas en nombre suffisant, tant qu’il reste des patients vulnérables à repérer et à vacciner en priorité, c’est logique de ne pas multiplier le nombre de vaccinateurs. Cela n’apporte rien et entraîne de la confusion.

Je ne suis pas sûr que les pharmaciens aient le temps, l’espace et la logistique nécessaires. Quand la vaccination sera accessible à l’ensemble de la population de plus de 18 ans et que les doses suivront, nous en reparlerons. Quand le moment sera venu, MG France ne s’opposera pas à la vaccination en pharmacie. Mais nous n’en sommes pas là.

Sanofi : les actionnaires institutionnels doivent peser sur la stratégie

Sanofi : les actionnaires institutionnels doivent peser sur la stratégie

L’économiste Stéphanie Villers explique, dans une tribune au « Monde », qu’en misant sur l’Investissement socialement responsable (ISR), les actionnaires de Sanofi, notamment les investisseurs institutionnels, pourraient utilement peser sur les choix stratégiques de l’entreprise dont ils détiennent la majeure partie du capital.

Tribune. A l’annonce de la distribution de 40 % de ses bénéfices réalisés en 2020 sous forme de dividendes, nombreux sont ceux à avoir poussé des cris d’orfraie contre Sanofi. Un scandale dans un contexte de crise Covid sur fond d’échec à l’innovation et de suppression de postes. Comment notre fleuron pharmaceutique peut-il distribuer près de 4 milliards d’euros à ses actionnaires alors qu’il a échoué dans l’élaboration d’un vaccin efficace contre le Covid-19 et qu’il s’apprête à licencier ?

On comprend, vu de loin, que ces décisions puissent choquer. Se permettre de se montrer à la fois dispendieux après un échec industriel et socialement brutal paraît choquant. Pour autant, rappelons la mécanique boursière. Elle peut se résumer en une confrontation de l’offre et de la demande. Ainsi, face à un tel revers sur sa capacité à innover et à entrer dans le jeu de la concurrence internationale, la meilleure défense à court terme pour le groupe est de montrer patte blanche en matière de gestion financière, pour apaiser les craintes des actionnaires sur l’intérêt de conserver l’action Sanofi en portefeuille.

 

Ne rien faire et ne rien proposer risquerait, à l’inverse, de déclencher une désaffection des marchés pour le titre Sanofi et, in fine, une sanction sur sa valeur pouvant aller jusqu’à l’effondrement de son cours. La stratégie boursière qu’ont conduite les dirigeants de Sanofi en annonçant cette distribution conséquente de dividendes vise ainsi à ménager leurs actionnaires. 

Les investisseurs institutionnels, acteurs incontournables

Mais il reste une marge de manœuvre qui demeure entre les mains de ces derniers pour rectifier le tir. Un changement de comportement des actionnaires pourrait se révéler décisif et adresser un signal apaisant à toutes les personnes réticentes à la finance. L’ère de l’après-Covid oblige à revoir collectivement notre modèle économique et financier. Or les investissements éthiques ne doivent pas être réduits en outils marketing, ils doivent impliquer concrètement le versement de dividendes responsables.

Il faut en effet mettre les actionnaires face à leurs responsabilités, qu’elles soient en matière de gouvernance, d’environnement ou de stratégie de long terme. En mai, l’assemblée générale de Sanofi aura lieu pour décider du montant et du paiement des dividendes. Une occasion pour l’ensemble des actionnaires de faire entendre leur voix. 1.7 % du capital est détenu par les salariés. Leur poids n’est pas assez important pour peser dans la balance.

«Covid: Pour une stratégie coordonnée au plan européen

«Covid: Pour une stratégie coordonnée au plan européen

« A l’heure où partout en Europe, des mesures plus strictes sont prises pour tenter d’endiguer la propagation du virus et de ses nouveaux variants, il est fondamental que les pays européens continuent à coordonner leurs mesures ​»(Manfred Weber est député allemand). (Papier dans l’Opinion)

 

Il y a un an, les images de la mise sous cloche de la région de Wuhan nous parvenaient de Chine et nous découvrions, dans un mélange de curiosité et de perplexité, cette nouvelle maladie qui nous paraissait bien exotique et bien lointaine.

Rien ne pouvait laisser présager l’ampleur de la crise qui allait arriver. En un an, la pandémie de coronavirus aura profondément endeuillé nos pays, chamboulé nos vies, durement touché nos économies et transformé nos sociétés.

La crise nous aura aussi une nouvelle fois apporté la preuve que dans le monde actuel, l’appartenance à l’Union européenne est notre assurance-vie : en finançant la recherche médicale, l’UE a rendu possible le développement des vaccins contre le coronavirus ; en investissant dans différents vaccins avant même que ceux-ci n’existent, elle a anticipé la course aux vaccins et augmenté les chances pour les Européens d’obtenir des vaccins rapidement ; en privilégiant l’approche collective, elle a pu garantir un approvisionnement en vaccins suffisant pour tous les Européens. Enfin, en décidant d’un plan de relance d’une ampleur inédite, les Vingt-sept ont fait preuve de solidarité pour atténuer les effets de la crise sur l’économie.

Trois volets. A l’heure où partout en Europe, des mesures plus strictes sont prises pour tenter d’endiguer la propagation du virus et de ses nouveaux variants, il est fondamental que les pays européens continuent à coordonner leurs mesures et qu’ils s’accordent sur une stratégie commune en trois volets : les restrictions de voyage, le recours systématique aux tests et l’intensification des efforts de vaccination.

Pour les voyages, les gouvernements des Vingt-sept doivent résister à la tentation de fermer complètement leurs frontières intra-européennes. Si les voyages non essentiels doivent être réduits au maximum, les travailleurs essentiels pour le secteur des soins de santé, par exemple, ou encore les transporteurs de marchandises devraient garder la possibilité de circuler. Les contrôles aux frontières doivent en revanche être nettement renforcés. J’appelle donc les Vingt-sept à se mettre d’accord sur un régime de tests standardisés aux frontières.

Afin d’éviter la multiplication des documents et des formats, j’appelle à la mise en place d’un système européen commun de certificats de vaccination

Nous devons par ailleurs intensifier nos efforts pour vacciner, au plus vite, le plus grand nombre de personnes possible. A ce titre, l’Union européenne a un rôle essentiel à jouer pour rappeler les laboratoires à leurs engagements en matière d’approvisionnement.

Dans le même temps enfin, et même si cette perspective paraît encore lointaine, les Etats européens doivent préparer l’avenir, dès maintenant.

A moyen terme, nous devons ouvrir la possibilité pour les personnes vaccinées de retrouver leur liberté de circulation en Europe. Afin d’éviter la multiplication des documents et des formats, j’appelle à la mise en place, dans les meilleurs délais, d’un système européen commun de certificats de vaccination qui soient reconnus dans tous les Etats membres et permettent aux personnes vaccinées de voyager. Ainsi nous donnerons aux Européens une perspective et un espoir : celui d’un retour, pas si lointain finalement, à une vie quasi « normale ​».

Manfred Weber est député allemand au Parlement européen, président du groupe Parti populaire européen (PPE). Retrouvez sa chronique le dimanche sur lopinion.fr et le lundi dans l’Opinion, en alternance avec celle de Dacian Ciolos, président du groupe Renew Europe.

Covid : une absence de stratégie vaccinale

Covid : une absence de stratégie vaccinale

 

 

Christian Lehmann , médecin et écrivain, dénonce l’absence de stratégie vaccinale du gouvernement dans Libération.

Chronique

Pour beaucoup de personnes vulnérables, la vaccination, c’est la lumière au bout du tunnel. Y accéder, c’est commencer à entrevoir une issue à un confinement auto-imposé et le retour à une vie moins anormale.

Alors que les vaccins commencent à arriver, plus rapidement qu’on l’aurait imaginé à la mi-2020, mais dans un certain désordre, ce sont moins les aléas du démarrage de la vaccination, le ralentissement momentané de production de l’usine belge de Pfizer, qui inquiètent, que l’absence criante d’une stratégie vaccinale cohérente. On l’avait pressenti quand le professeur Alain Fischer, deuxième «monsieur vaccin» (le premier ayant sombré sans bruit une fois que le gouvernement s’était aperçu que ses liens passés avec les firmes pharmaceutiques risquaient de poser un problème de communication), avait benoîtement assumé ne pas «du tout être un spécialiste de ces questions de logistique», alors que la campagne fin décembre était en France au point mort.

On l’avait pressenti quand, après l’ouverture des centres vaccinaux arrachée par des élus et des soignants de ville volontaristes, avec l’appui des autorités régionales de santé (ARS) et des préfets, l’exécutif avait à plusieurs reprises changé la notion de publics prioritaires, puis encouragé l’ouverture de centres bien au-delà des capacités de doses disponibles.

On avait eu confirmation du pilotage en mode automatique quand Olivier Véran, conscient de ne pas avoir assuré une logistique permettant le rappel du vaccin Pfizer dans le délai de 21 à 28 jours, avait évoqué un allongement à 42 jours, aujourd’hui validé par la HAS «pour accélérer la vaccination», alors que ni la Food and Drug Administration (FDA, l’autorité américaine du médicament) ni le fabriquant ne valide cette décision, toutes les études ayant été réalisées avec un rappel à trois semaines.

Il existe en effet un risque théorique que des personnes primo-vaccinées, et donc temporairement insuffisamment protégées, infectées par le coronavirus au-delà des 21 à 28 jours, entraînent une sélection de mutants ayant intégré une certaine résistance au vaccin. Mais nous payons la politique du chiffre du gouvernement, et l’absence de logistique cohérente de la vaccination. «Accélérer la vaccination» en s’exonérant des contraintes scientifiques validées, c’est ouvrir la porte au grand n’importe quoi, une fois de plus : mieux vaut vacciner correctement 1 million de personnes, que vacciner 1,5 million de personnes n’importe comment. Faut-il avoir fait l’ENA ou émarger dans une boîte de conseil privé pour comprendre ce concept basique ? La Haute Autorité de santé, transformée en agence de communication du gouvernement, bégaie dans son communiqué en affirmant par deux fois appuyer sa décision sur «l’absence de position consensuelle des autres pays sur la question du schéma vaccinal dans le contexte épidémiologique actuel».

Au milieu de ce marasme, les équipes sur le terrain avaient tenté de faire au mieux, malgré des difficultés techniques qu’on n’imagine pas : mauvaises seringues, aiguilles inadéquates. Cela peut prêter à sourire, quand on n’est pas confronté au problème. Ce n’est pas un sujet de franche hilarité quand on se rend compte que la reconstitution du vaccin et son injection dans des conditions optimales nécessitent une minutie particulière.

Pour le spécialiste Covid sur YouTube, pourtant, tout est simple. Le flacon contient plus de 2 millilitres de vaccin une fois celui-ci reconstitué. Chaque injection délivre 0,3 millilitre de vaccin. Donc on pourrait en théorie constituer jusqu’à sept doses avec une seule fiole. C’est compter sans les caractéristiques du produit, huileux, et sans «l’espace mort» des seringues et des aiguilles, notion qui a échappé à la plupart d’entre nous pendant des années parce qu’elle n’a en général aucune traduction pratique.

Lorsqu’on injecte un produit, une partie de celui-ci n’est en réalité pas injectée, il reste dans l’aiguille. Pour être précis, le «fond» du produit reste dans le chas de l’aiguille, et selon la longueur et le diamètre de celle-ci, sur de très petits volumes, cela est problématique. Chaque fois qu’on injecte 0,3 millilitre, on a donc utilisé jusqu’à 0,33 millilitre de vaccin dont une partie sera «captive» dans la seringue. Les équipes vaccinales ont étudié le problème et, par tâtonnements, perfectionné leur technique pour «gratter» une sixième dose dans une fiole de cinq. Elles l’ont fait savoir, essentiellement sur les réseaux sociaux, afin de partager avec leurs collègues cette trouvaille qui permettait, certes de manière aléatoire, de vacciner quelques personnes supplémentaires dans cette course contre le virus.

Qu’à cela ne tienne ! Confronté à une probable insuffisance de doses stockées, l’exécutif a officiellement acté que chaque fiole contenait six doses, ce qui est faux et dépend de la livraison de matériel adéquat. Matériel sur lequel, comme sur le stock de vaccins, nous n’avons aucune visibilité, malgré la transparence constamment vantée par le ministre de la Santé.

Cette validation officielle d’une prouesse technique, muée en obligation, a immédiatement amené Pfizer à réduire le nombre de fioles fournies aux Etats, arguant que les commandes ont été faites en nombre de doses et pas en nombre de fioles. Mais devant le tollé, la firme BioNTech a assuré livrer à prix coûtant les aiguilles… qui sont aujourd’hui en rupture de stock.

Ainsi va la campagne vaccinale en France. Ce qui devrait être un début de sortie de crise se mue en casse-tête.

Nous attendons de nos gouvernements qu’ils sécurisent la fabrication de seringues à espace mort intermédiaire et d’aiguilles 25G 25 millimètres – les plus adaptées. A défaut de pouvoir imposer la fabrication sous licence par des usines européennes à l’arrêt (pour cause de vaccin Sanofi en carafe…) du vaccin Pfizer, l’Europe doit au moins être capable de mettre sur la table l’argent nécessaire pour démultiplier la capacité de fabrication d’aiguilles et de seringues adaptées… Nous attendons aussi la transparence sur le nombre de doses stockées, de matériel d’injection disponible, et une sécurisation des délais de rappel du vaccin Pfizer pour les primo-vaccinés.

Nous sommes une nation de «66 millions de procureurs», fustige Emmanuel Macron. Reste que, pour plaider le droit à l’erreur constructive, il faut d’abord savoir reconnaître ses erreurs. Et depuis le début de cette pandémie, entre éloge de l’amateurisme et déni persistant sur les manques et les mensonges, on est, hélas, très loin du compte.

Christian Lehmann médecin et écrivain

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