Archive pour le Tag 'stratégie'

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Environnement -Neutralité carbone : La sobriété comme stratégie prioritaire

Environnement -Neutralité carbone : La sobriété comme stratégie prioritaire

Plusieurs études publiées récemment s’accordent sur le fait que, s’il est impossible de prédire précisément combien nous consommerons d’énergie en 2050, atteindre la neutralité exigera de réduire drastiquement nos besoins. ( le Monde , extraits)

 

Un seul exemple, l’automobile d’un poids moyen de 800 kgs  à une tonne  pour transporter 1,2 personnes soit 100 kg à des vitesses de 150 et plus. L’inadaptation sans doute la plus caractéristique de notre société NDLR 

Analyse.  

 

Ils s’intitulent « Futurs énergétiques » ou « Transition(s) 2050 », ont nécessité des années de travail et pèsent des centaines de pages. En quelques semaines, plusieurs « scénarios » visant à atteindre la neutralité carbone ont été mis sur la table. Celui de négaWatt, une association défendant la sobriété, l’efficacité énergétique et les renouvelables ; ceux du gestionnaire national du Réseau de transport d’électricité (RTE), missionné par le gouvernement ; et, enfin, ceux de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), un établissement public placé sous la double tutelle des ministères de la transition écologique et de la recherche. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) avait également présenté, en mai, ses pistes pour parvenir, en trente ans, au « zéro émission nette ».

Que retenir de cette profusion d’analyses sur les trajectoires possibles pour réussir à ne pas émettre davantage de gaz à effet de serre qu’il est possible d’en absorber ? Publiés à peu de temps d’intervalle, ces exercices prospectifs varient considérablement par leur approche, leur ampleur, leur périmètre et leur méthode. Mais s’ils ne sont nullement comparables, il en ressort finalement, de manière assez frappante, des messages convergents.

Réduire drastiquement nos besoins

Tous partent d’un constat : s’il est impossible de prédire précisément combien nous consommerons d’énergie en 2050, il est en revanche certain qu’atteindre la neutralité carbone exigera de réduire drastiquement nos besoins. Et ce n’est pas seulement négaWatt, apôtre de la sobriété, qui le dit : le gouvernement français, par le biais de sa stratégie nationale bas carbone, prévoit une réduction par deux de la consommation globale d’énergie. Or s’interroger sur ces besoins ne va pas de soi. « Aujourd’hui, l’énergie n’a plus de visibilité, de réalité physique, ce que l’on consomme est totalement abstrait, observaient, début décembre, les experts de La Fabrique écologique, une fondation pluraliste et citoyenne. Il faut que les acteurs se réapproprient ce sujet. »

« Sommes-nous prêts à modifier profondément nos usages et à remettre en cause la manière dont nous nous déplaçons, dont nous occupons nos logements, dont nous mangeons ? »

Les gains en matière d’efficacité – qui permettent d’obtenir le même service mais en utilisant moins d’énergie – permettront de faire baisser la consommation. Mais seront-ils suffisants ? La nécessité de réfléchir à la notion de sobriété s’est clairement imposée comme l’un des enseignements de ces travaux. Cette notion, largement absente du débat public, est éminemment clivante. A tel point que RTE, au vu de l’importance prise par le sujet lors des concertations, a révisé ses hypothèses pour en faire une trajectoire à part entière.

 

Neutralité carbone : La sobriété comme stratégie prioritaire

Neutralité carbone : La sobriété comme stratégie prioritaire

Plusieurs études publiées récemment s’accordent sur le fait que, s’il est impossible de prédire précisément combien nous consommerons d’énergie en 2050, atteindre la neutralité exigera de réduire drastiquement nos besoins. ( le Monde , extraits)

 

Un seul exemple, l’automobile d’un poids moyen de 800 kgs  à une tonne  pour transporter 1,2 personnes soit 100 kg à des vitesses de 150 et plus. L’inadaptation sans doute la plus caractéristique de notre société NDLR 

Analyse. 

 

Ils s’intitulent « Futurs énergétiques » ou « Transition(s) 2050 », ont nécessité des années de travail et pèsent des centaines de pages. En quelques semaines, plusieurs « scénarios » visant à atteindre la neutralité carbone ont été mis sur la table. Celui de négaWatt, une association défendant la sobriété, l’efficacité énergétique et les renouvelables ; ceux du gestionnaire national du Réseau de transport d’électricité (RTE), missionné par le gouvernement ; et, enfin, ceux de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), un établissement public placé sous la double tutelle des ministères de la transition écologique et de la recherche. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) avait également présenté, en mai, ses pistes pour parvenir, en trente ans, au « zéro émission nette ».

Que retenir de cette profusion d’analyses sur les trajectoires possibles pour réussir à ne pas émettre davantage de gaz à effet de serre qu’il est possible d’en absorber ? Publiés à peu de temps d’intervalle, ces exercices prospectifs varient considérablement par leur approche, leur ampleur, leur périmètre et leur méthode. Mais s’ils ne sont nullement comparables, il en ressort finalement, de manière assez frappante, des messages convergents.

Réduire drastiquement nos besoins

Tous partent d’un constat : s’il est impossible de prédire précisément combien nous consommerons d’énergie en 2050, il est en revanche certain qu’atteindre la neutralité carbone exigera de réduire drastiquement nos besoins. Et ce n’est pas seulement négaWatt, apôtre de la sobriété, qui le dit : le gouvernement français, par le biais de sa stratégie nationale bas carbone, prévoit une réduction par deux de la consommation globale d’énergie. Or s’interroger sur ces besoins ne va pas de soi. « Aujourd’hui, l’énergie n’a plus de visibilité, de réalité physique, ce que l’on consomme est totalement abstrait, observaient, début décembre, les experts de La Fabrique écologique, une fondation pluraliste et citoyenne. Il faut que les acteurs se réapproprient ce sujet. »

« Sommes-nous prêts à modifier profondément nos usages et à remettre en cause la manière dont nous nous déplaçons, dont nous occupons nos logements, dont nous mangeons ? »

Les gains en matière d’efficacité – qui permettent d’obtenir le même service mais en utilisant moins d’énergie – permettront de faire baisser la consommation. Mais seront-ils suffisants ? La nécessité de réfléchir à la notion de sobriété s’est clairement imposée comme l’un des enseignements de ces travaux. Cette notion, largement absente du débat public, est éminemment clivante. A tel point que RTE, au vu de l’importance prise par le sujet lors des concertations, a révisé ses hypothèses pour en faire une trajectoire à part entière.

Russie : une stratégie d’État voyou

Russie : une stratégie d’État voyou

 

Viktor EROFEÏEV confie au Figaro ses réflexions sur son pays, où «la seule loi qui règne reste le culte de la force». Pour lui, la Russie a adopté une stratégie d’État faute de capacité à se moderniser. Le nationalisme exacerbé permet de masquer les faiblesses. D’où sans doute les agitations russes actuelles près des frontières de l’Ukraine

LE FIGARO. – J’ai le sentiment que l’Occident reste un compas, un miroir central pour la Russie, même quand cette dernière veut le briser. Comment expliquer ce phénomène?

Viktor EROFEÏEV. - Tout serait plus simple si l’Occident était resté l’Occident. Le problème, c’est qu’il n’est plus qu’un simulacre d’Occident. Nous les Russes avons en tête un Occident imaginaire, pas celui qui existe vraiment. L’Occident réel ne se reconnaît pas lui-même, il dit qu’il a changé. Nous, nous voulons l’ancien Occident. La Russie est imbibée d’idées occidentales. Mais la Russie est aujourd’hui impuissante et faible en raison de son économie. Elle ne peut avancer comme la Chine, ni travailler comme l’Amérique. Alors elle a pris la seule option viable du point de vue du pouvoir russe. La mobilisation plutôt que la modernisation. Elle choisit de faire peur à vous tous, Français, Américains, Chinois. Ce qu’on ne comprend pas bien ici en Europe, c’est que c’est la seule voie pour la Russie pour maintenir le régime de Poutine.

Pétrole : une stratégie de communication des États-Unis pour faire baisser les cours

Pétrole : une stratégie de communication des États-Unis pour faire baisser les cours

 

La stratégie de communication des États-Unis pour faire baisser les cours en puisant dans ses réserves n’a aucune chance d’aboutir, a jugé sur franceinfo Thierry Bros, spécialiste de l’énergie et professeur à Sciences Po Paris.

: A-t-on déjà vu ce genre d’opération ?

Thierry Bros : Non, c’est assez unique. Normalement, c’est fait à un niveau plus élevé, lorsqu’il y a une rupture dans la sécurité des approvisionnements, et de façon coordonnée dans l’ensemble des pays de l’OCDE, donc des pays riches. Le président Joe Biden veut réduire la température sur les marchés pétroliers. Il souhaite que le pétrole n’aille pas au-delà des 85 dollars par baril et il y a pour cela plusieurs remèdes. Il a essayé celui-là après en avoir essayé deux autres auparavant. Il a tenté de demander à l’Orgnisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de produire plus et reçu une réponse négative. Il a essayé de voir s’il y avait eu des manipulations de marché aux Etats-Unis, ce qui semble assez peu probable. Enfin, vous avez la solution mise en place aujourd’hui. Malheureusement, on le voit dans les cours, cela ne résout pas le problème puisque le prix du baril de pétrole remonte. Cela n’a d’ailleurs aucune chance de fonctionner. C’est plus de la communication que quelque chose qui va soigner cette température. Il n’y a qu’un seul remède, c’est de faciliter à nouveau la production de pétrole et gaz aux Etats-Unis, qui est un grand pays producteur. Mais le premier geste de l’administration Biden à son arrivée a été d’arrêter le projet de pipeline qui devait descendre du pétrole du Canada aux États-Unis.

Pourquoi le grand pays producteur de pétrole que sont les États-Unis aurait-il un intérêt à ce que le prix du baril ne soit pas trop haut ?

Pour les électeurs, puisqu’à la fin, ce sont les électeurs qui votent ! Aux Etats-Unis, la hausse des prix que l’on a vue dans cette dernière année se répercute à 100% à la pompe. Cette alliance est aussi un message qui est envoyé aux pays du Golfe. La Chine n’a pas dit combien elle allait sortir de barils de ses réserves et on peut imaginer que les barils chinois resteront en Chine. Ce que les Américains veulent remettre sur le marché, entre décembre et avril de l’année prochaine, c’est l’équivalent d’une demi-journée de consommation mondiale. C’est donc plus de la communication que quelque chose de vraiment coordonné.

Qu’est-ce qui pourrait agir sur les pays du Golfe ou sur les cours mondiaux pour qu’il y ait une baisse ?

Pour cela, il faut relancer l’investissement et comprendre que, dans cette transition énergétique, on va avoir besoin de plus d’énergie. Le dogme qui voudrait qu’on baisse notre consommation d’énergie est faux. C’est un peu comme la baisse des impôts, cela ne se voit que très rarement. Il faut donc intégrer le fait qu’on aura besoin de plus d’énergies et donner ce signal pour que les investissements dans les pays du Golfe, en Russie et aux Etats-Unis puissent se faire afin que l’on puisse récupérer ce pétrole, ce gaz et cette énergie renouvelable à des prix acceptables pour nos concitoyens.

Pour une cohérence dans la stratégie migratoire de la France ( Vincent Ledoux)

Pour une  cohérence dans la stratégie migratoire de la France ( Vincent Ledoux)

 

 

Vincent Ledoux du Nord Agir ensemble, rapporteur spécial du budget Action extérieure de l’Etat souhaite une politique migratoire cohérente dégagée des effets d’émotion médiatique. ( la Tribune)

 

 

La commission Nadot-Krimi sur les migrations , les déplacements de populations et les conditions de vie et d’accès au droit des migrants, réfugiés et apatrides a dévoilé ses travaux et ses 29 recommandations, détaillés mercredi 10 novembre, devant les députés de la commission d’enquête. Seul parlementaire à m’abstenir lors du vote de ces conclusions en commission, je regrette profondément, au-delà du diagnostic sur lequel nous pourrions être d’accord, le goût d’amateurisme de certaines fausses solutions, telles que le détricotage du pilotage actuel de la politique migratoire de notre pays.

Le grand défi de notre stratégie migratoire, c’est d’allier humanisme et efficacité. L’un ne va pas sans l’autre. En particulier, cette efficacité constitue la condition d’effectivité de notre solidarité républicaine et de notre devoir de fraternité envers tous ceux qui, victimes de destins parfois cruels, se tournent vers la France. L’efficacité, c’est l’humanisme en actes

La réponse que nous apportons à la crise des migrants, les solutions que nous trouvons aux drames humains, la gestion des flux de personnes, le contrôle de nos frontières, la mise en œuvre des politiques d’intégration découlent d’une seule et unique chose : notre capacité politique et administrative à agir rapidement. C’est là tout le sujet du pilotage de notre stratégie migratoire et c’est à côté de cela qu’est passé le travail de la commission.

Mieux, en proposant un éclatement du traitement de la politique migratoire entre plusieurs administrations, le tout sous couvert d’une « meilleure décentralisation » (sic), la commission prend le risque inconsidéré de détricoter notre système administratif qui, s’il est perfectible, reste bel et bien fonctionnel.

Que veulent Mme Krimi et M. Nadot, au juste ? Fragmenter la gestion de la politique migratoire ? Pourquoi ? Parce qu’elle serait concentrée au ministère de l’intérieur, donc avec un biais « sécuritaire », expliquent-ils. C’est faire une double erreur d’analyse. D’abord, parce que le ministère de l’Intérieur n’est pas le ministère de la police : il est d’abord et surtout le ministère des libertés publiques, et donc celui qui organise l’entrée, le séjour et l’intégration des étrangers sur notre territoire. Il pilote à cet égard les grands opérateurs que sont l’Ofpra et l’Ofii, qui gèrent l’un la demande d’asile et l’autre la prise en charge des étrangers désireux de s’établir sur notre sol.

Entre la thèse du radicalisme fantasmagorique et populiste de l’extrême droite et autres alliés polémistes et l’antithèse droit-de-l-hommiste, déconnectée de la complexe réalité de l’immigration, il y a un chemin

Ensuite, parce que l’interministérialité existe déjà, et que Mme Krimi et M. Nadot ne l’ont pas inventée : n’oublions pas que se réunissent périodiquement, sous l’autorité du Premier ministre, des comités interministériels à l’immigration et à l’intégration. Le dernier a eu lieu en 2019, permettant de bonnes avancées sur la politique d’intégration, notamment par le renforcement sans précédent des cours de français dispensés aux primo-arrivants. Certes, on peut toujours aller plus vite et plus fort ; et c’est le rôle du Parlement que de contrôler l’action du gouvernement. Mais il faut pour cela que les membres du Parlement ne se trompent pas sur la manière dont fonctionne le gouvernement.

i le pilotage existe en central, y aurait-il un problème au niveau local ? En tant qu’élu local pendant plus de deux décennies, je peux témoigner du remarquable travail effectué par les préfets, au plus proche des besoins des territoires. Représentants du gouvernement, c’est-à-dire de tous les ministres, les préfets sont les garants de l’interministérialité et de la cohérence des politiques publiques. La politique migratoire n’y fait pas exception. Les préfets assurent ainsi à la fois un rôle d’animation et de liaison entre Paris et les territoires.

Pour ce qui me concerne, je pense que cette territorialisation de nos politiques migratoires doit être renforcée avec une déconcentration accrue de moyens, juridiques comme financiers. Par exemple, dans le champ de l’intégration, je souhaite que les préfets tirent toutes les conséquences de la circulaire du 17 janvier 2019 et puissent mettre en place une gouvernance étroite de la politique d’intégration. Je plaide pour qu’avec l’appui de comités de pilotage réguliers associant les services de l’Etat, les directions territoriales de l’Ofii, les acteurs du service public de l’emploi, et les représentants des collectivités territoriales, les acteurs économiques et les associations, une feuille de route départementale soit élaborée. Elle permettrait également de recenser les actions conduites pour la politique d’intégration des étrangers primo-arrivants et des bénéficiaires de la protection internationale.

Les enjeux du débat méritent donc davantage de rigueur et une meilleure appréhension du travail des remarquables fonctionnaires qui ne sont pas une « cause-racine » (sic) des maux de la politique migratoire. Ils sont bien au contraire, ceux qui au quotidien, assurent la protection et la défense des droits des migrants, dont le premier droit à leur arrivée en France reste celui à la situation régulière qui leur assure la pleine protection de la République et la jouissance de ses opportunités.

Oui, entre la thèse du radicalisme fantasmagorique et populiste de l’extrême droite et autres alliés polémistes et l’antithèse droit-de-l-hommiste, déconnectée de la complexe réalité de l’immigration, il y a un chemin. C’est celui de la raison, du réalisme et de la République.

Vincent Ledoux est député du Nord Agir ensemble, rapporteur spécial du budget Action extérieure de l’Etat.

Méthode pour une stratégie de campagne politique gagnante

Méthode pour une stratégie de campagne politique gagnante

«

 

Louis Perron, Conseiller en stratégie politique donne quelques axes structurants pour gagner une campagne électorale (dans l’Opinion, extrait)

 

En tant que conseiller politique, j’ai coaché et consulté plus d’une centaine de politiciens et de candidats dans plusieurs pays. Mes clients vont des conseillers municipaux aux membres de cabinet, vice-présidents et présidents. Voici quelques-unes des meilleures stratégies de campagne mises en œuvre par mes meilleurs clients.

1. Commencez tôt

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les hommes politiques hésitent souvent à lancer une campagne anticipée. Ils sont pris par les affaires courantes, ne veulent pas dépenser d’argent ou pensent que l’effet d’une campagne anticipée sera oublié jusqu’au jour de l’élection. La vérité est pourtant qu’aucun candidat n’a jamais perdu une élection parce qu’il avait commencé à planifier trop tôt. En revanche, de nombreux candidats et partis ont perdu parce qu’ils ont débuté trop tard ou parce qu’ils ont commencé tôt en faisant ce qu’il ne fallait pas faire.

2. Priorité au message plutôt qu’à l’argent

L’une des erreurs les plus courantes des candidats est de gaspiller leur argent pour du matériel de campagne sans message. Le pouvoir d’un message fondé sur la recherche, crédible et correspondant à la demande politique du public cible est pourtant souvent sous-estimé. La clé est d’avoir un plan de campagne convaincant, un message attrayant et puis suffisamment d’argent pour le communiquer et mettre en œuvre le plan. L’argent, aussi abondant soit-il, ne fait rien par lui-même. Vous souvenez-vous d’un slogan ou d’une publicité des campagnes présidentielles de Michael Bloomberg ou de Tom Steyer aux Etats-Unis ? Ils ont gaspillé des millions il y a tout juste un an.

3. Méfiez-vous des sondages précoces ou non scientifiques

Les sondages réalisés longtemps avant le jour de l’élection reflètent souvent le degré de familiarité des candidats. En ce sens, une avance des mois avant l’élection n’est en aucun cas une prédiction, mais peut en fait être un poison sucré qui endort les équipes de campagne. Une erreur typique des débutants est aussi de penser que l’on peut faire son propre sondage ou créer son propre groupe de discussion. Faire campagne, c’est comme marcher dans un labyrinthe. Si vous prenez un mauvais virage au début (c’est-à-dire si vous fondez votre stratégie sur des données erronées), tout ce qui suit sera également erroné.

4. Investir massivement dans les médias et les publicités payantes

Aujourd’hui, la plupart des campagnes sont menées et gagnées dans les médias. La publicité payante permet à une campagne de contrôler le message, d’influencer et de communiquer avec les électeurs qui ne s’intéressent pas directement à la politique, mais qui sont souvent ceux qui décident du résultat d’une élection.

5. La discipline remporte les élections

Les campagnes électorales sont des opérations chaotiques. Très souvent, les différentes ailes d’une équipe de campagne s’affrontent, et le candidat principal ou le chef de parti échoue à établir et à maintenir l’ordre interne. Pourtant, lui seul peut le faire et la discipline est un facteur clé. Un client m’a dit un jour : « Louis, notre campagne est un chaos complet. » Je lui répondis : « Faisons-en un chaos complet où au moins tout le monde se bat contre l’autre camp.»

6. La vitesse et l’intensité permettent de gagner les élections

Les élections sont comme une vente d’un jour. Elles sont donc caractérisées par une dynamique différente des campagnes commerciales (je discute régulièrement de cela avec les sociétés de relations publiques et de publicité). En politique électorale, tout est orienté vers ce jour unique, le jour de l’élection. Par conséquent, la vitesse et l’intensité sont d’une importance cruciale. L’ancien président français François Mitterrand avait coutume de dire que la France se donne à celui qui la veut le plus. C’est aussi vrai pour les autres pays.

Louis Perron est politologue, conseil en communication politique et conférencier TEDx de la Suisse.

Santé Covid France : L’urgence d’une stratégie pour protéger les scolaires

Santé Covid France : L’urgence d’une stratégie pour protéger les scolaires

 

Face à la propagation rapide du variant Delta chez les enfants, une trentaine de médecins, scientifiques, enseignants, chercheurs, dont les épidémiologistes Dominique Costagliola et William Dab, alertent, dans une tribune au « Monde », sur la nécessité d’une « action ferme » pour protéger la santé des élèves.(Extrait)

 

Tribune

 

deux semaines de la rentrée, face à un variant Delta fortement contagieux et circulant intensément chez les enfants et les adolescents, une action ferme est attendue pour protéger leur santé dans les établissements scolaires.

Le variant Delta se propage actuellement à grande vitesse chez les plus jeunes. Au Royaume-Uni, il s’est principalement diffusé à partir des enfants : plus d’un million d’élèves ont été absents au cours du dernier mois d’école. Aux Etats-Unis, 121 000 cas d’enfants et d’adolescents ont été rapportés la seule semaine dernière.

En France, dans les Landes, à la veille des vacances, le taux d’incidence en milieu scolaire dépassait déjà, de très loin, celui des adultes, même chez les 3-5 ans. Cet été, les clusters se sont multipliés de façon alarmante dans les centres aérés et les colonies de vacances. Le 2 août, le taux d’incidence chez les 0-9 ans était déjà très élevé, dépassant le seuil de 200 pour 100 000 dans trois régions, alors que leur taux de positivité est le double de celui de la population générale.

Le taux d’hospitalisation des 0-19 ans augmente dans les pays où le variant Delta est majoritaire. Aux Etats-Unis, jusqu’à 1,9 % des enfants testés positifs sont hospitalisés dans certains Etats. Dans celui de Géorgie, 7 enfants sur 100 000 sont actuellement à l’hôpital pour Covid-19. En France, au cours de l’année écoulée, 1,2 % des 0-9 ans testés positifs ont été hospitalisés et le nombre d’hospitalisations est aujourd’hui le double de celui de l’année dernière à la même date, celui des 10-19 ans, le quadruple.

Le Covid-19 peut aussi entraîner des complications à moyen terme. Selon la littérature scientifique et les données gouvernementales britanniques, entre 2 % et 8 % des enfants infectés présentent des symptômes persistants. Des séquelles ou des complications à long terme de la maladie, peut-être encore inconnues, ne peuvent en outre être exclues. Enfin, si les décès demeurent très rares, ils existent et sont autant de drames dont le nombre pourrait augmenter avec une circulation virale plus importante.

 

Les alertes se multiplient partout dans le monde. Aux Etats-Unis, au Canada, en Inde, au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne… les pédiatres et les sociétés savantes appellent à protéger davantage les moins de 12 ans. A notre tour, aujourd’hui, de tirer la sonnette d’alarme.

Des mesures efficaces de prévention des contaminations doivent être adoptées dès la rentrée. Le protocole publié le 28 juillet définit un cadre de fonctionnement des établissements scolaires avec quatre niveaux de mesures : il faut, sans plus tarder, définir leur niveau territorial d’application, les indicateurs épidémiologiques, ainsi que les seuils déclenchant le passage d’un niveau à l’autre.

Covid France : L’urgence d’une stratégie pour protéger les scolaires

Covid France : L’urgence d’une stratégie pour protéger les scolaires

 

Face à la propagation rapide du variant Delta chez les enfants, une trentaine de médecins, scientifiques, enseignants, chercheurs, dont les épidémiologistes Dominique Costagliola et William Dab, alertent, dans une tribune au « Monde », sur la nécessité d’une « action ferme » pour protéger la santé des élèves.(Extrait)

 

Tribune

 

deux semaines de la rentrée, face à un variant Delta fortement contagieux et circulant intensément chez les enfants et les adolescents, une action ferme est attendue pour protéger leur santé dans les établissements scolaires.

Le variant Delta se propage actuellement à grande vitesse chez les plus jeunes. Au Royaume-Uni, il s’est principalement diffusé à partir des enfants : plus d’un million d’élèves ont été absents au cours du dernier mois d’école. Aux Etats-Unis, 121 000 cas d’enfants et d’adolescents ont été rapportés la seule semaine dernière.

En France, dans les Landes, à la veille des vacances, le taux d’incidence en milieu scolaire dépassait déjà, de très loin, celui des adultes, même chez les 3-5 ans. Cet été, les clusters se sont multipliés de façon alarmante dans les centres aérés et les colonies de vacances. Le 2 août, le taux d’incidence chez les 0-9 ans était déjà très élevé, dépassant le seuil de 200 pour 100 000 dans trois régions, alors que leur taux de positivité est le double de celui de la population générale.

Le taux d’hospitalisation des 0-19 ans augmente dans les pays où le variant Delta est majoritaire. Aux Etats-Unis, jusqu’à 1,9 % des enfants testés positifs sont hospitalisés dans certains Etats. Dans celui de Géorgie, 7 enfants sur 100 000 sont actuellement à l’hôpital pour Covid-19. En France, au cours de l’année écoulée, 1,2 % des 0-9 ans testés positifs ont été hospitalisés et le nombre d’hospitalisations est aujourd’hui le double de celui de l’année dernière à la même date, celui des 10-19 ans, le quadruple.

Le Covid-19 peut aussi entraîner des complications à moyen terme. Selon la littérature scientifique et les données gouvernementales britanniques, entre 2 % et 8 % des enfants infectés présentent des symptômes persistants. Des séquelles ou des complications à long terme de la maladie, peut-être encore inconnues, ne peuvent en outre être exclues. Enfin, si les décès demeurent très rares, ils existent et sont autant de drames dont le nombre pourrait augmenter avec une circulation virale plus importante.

 

Les alertes se multiplient partout dans le monde. Aux Etats-Unis, au Canada, en Inde, au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne… les pédiatres et les sociétés savantes appellent à protéger davantage les moins de 12 ans. A notre tour, aujourd’hui, de tirer la sonnette d’alarme.

Des mesures efficaces de prévention des contaminations doivent être adoptées dès la rentrée. Le protocole publié le 28 juillet définit un cadre de fonctionnement des établissements scolaires avec quatre niveaux de mesures : il faut, sans plus tarder, définir leur niveau territorial d’application, les indicateurs épidémiologiques, ainsi que les seuils déclenchant le passage d’un niveau à l’autre.

Covid 19: L’urgence d’une stratégie pour protéger les scolaires

Covid 19: L’urgence d’une stratégie pour protéger les scolaires

 

Face à la propagation rapide du variant Delta chez les enfants, une trentaine de médecins, scientifiques, enseignants, chercheurs, dont les épidémiologistes Dominique Costagliola et William Dab, alertent, dans une tribune au « Monde », sur la nécessité d’une « action ferme » pour protéger la santé des élèves.(Extrait)

 

Tribune

 

deux semaines de la rentrée, face à un variant Delta fortement contagieux et circulant intensément chez les enfants et les adolescents, une action ferme est attendue pour protéger leur santé dans les établissements scolaires.

Le variant Delta se propage actuellement à grande vitesse chez les plus jeunes. Au Royaume-Uni, il s’est principalement diffusé à partir des enfants : plus d’un million d’élèves ont été absents au cours du dernier mois d’école. Aux Etats-Unis, 121 000 cas d’enfants et d’adolescents ont été rapportés la seule semaine dernière.

En France, dans les Landes, à la veille des vacances, le taux d’incidence en milieu scolaire dépassait déjà, de très loin, celui des adultes, même chez les 3-5 ans. Cet été, les clusters se sont multipliés de façon alarmante dans les centres aérés et les colonies de vacances. Le 2 août, le taux d’incidence chez les 0-9 ans était déjà très élevé, dépassant le seuil de 200 pour 100 000 dans trois régions, alors que leur taux de positivité est le double de celui de la population générale.

Le taux d’hospitalisation des 0-19 ans augmente dans les pays où le variant Delta est majoritaire. Aux Etats-Unis, jusqu’à 1,9 % des enfants testés positifs sont hospitalisés dans certains Etats. Dans celui de Géorgie, 7 enfants sur 100 000 sont actuellement à l’hôpital pour Covid-19. En France, au cours de l’année écoulée, 1,2 % des 0-9 ans testés positifs ont été hospitalisés et le nombre d’hospitalisations est aujourd’hui le double de celui de l’année dernière à la même date, celui des 10-19 ans, le quadruple.

Le Covid-19 peut aussi entraîner des complications à moyen terme. Selon la littérature scientifique et les données gouvernementales britanniques, entre 2 % et 8 % des enfants infectés présentent des symptômes persistants. Des séquelles ou des complications à long terme de la maladie, peut-être encore inconnues, ne peuvent en outre être exclues. Enfin, si les décès demeurent très rares, ils existent et sont autant de drames dont le nombre pourrait augmenter avec une circulation virale plus importante.

 

Les alertes se multiplient partout dans le monde. Aux Etats-Unis, au Canada, en Inde, au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne… les pédiatres et les sociétés savantes appellent à protéger davantage les moins de 12 ans. A notre tour, aujourd’hui, de tirer la sonnette d’alarme.

Des mesures efficaces de prévention des contaminations doivent être adoptées dès la rentrée. Le protocole publié le 28 juillet définit un cadre de fonctionnement des établissements scolaires avec quatre niveaux de mesures : il faut, sans plus tarder, définir leur niveau territorial d’application, les indicateurs épidémiologiques, ainsi que les seuils déclenchant le passage d’un niveau à l’autre.

Covid: L’urgence d’une stratégie pour protéger les scolaires

Covid: L’urgence d’une stratégie pour protéger les scolaires

 

Face à la propagation rapide du variant Delta chez les enfants, une trentaine de médecins, scientifiques, enseignants, chercheurs, dont les épidémiologistes Dominique Costagliola et William Dab, alertent, dans une tribune au « Monde », sur la nécessité d’une « action ferme » pour protéger la santé des élèves.(Extrait)

 

Tribune

 

deux semaines de la rentrée, face à un variant Delta fortement contagieux et circulant intensément chez les enfants et les adolescents, une action ferme est attendue pour protéger leur santé dans les établissements scolaires.

Le variant Delta se propage actuellement à grande vitesse chez les plus jeunes. Au Royaume-Uni, il s’est principalement diffusé à partir des enfants : plus d’un million d’élèves ont été absents au cours du dernier mois d’école. Aux Etats-Unis, 121 000 cas d’enfants et d’adolescents ont été rapportés la seule semaine dernière.

En France, dans les Landes, à la veille des vacances, le taux d’incidence en milieu scolaire dépassait déjà, de très loin, celui des adultes, même chez les 3-5 ans. Cet été, les clusters se sont multipliés de façon alarmante dans les centres aérés et les colonies de vacances. Le 2 août, le taux d’incidence chez les 0-9 ans était déjà très élevé, dépassant le seuil de 200 pour 100 000 dans trois régions, alors que leur taux de positivité est le double de celui de la population générale.

Le taux d’hospitalisation des 0-19 ans augmente dans les pays où le variant Delta est majoritaire. Aux Etats-Unis, jusqu’à 1,9 % des enfants testés positifs sont hospitalisés dans certains Etats. Dans celui de Géorgie, 7 enfants sur 100 000 sont actuellement à l’hôpital pour Covid-19. En France, au cours de l’année écoulée, 1,2 % des 0-9 ans testés positifs ont été hospitalisés et le nombre d’hospitalisations est aujourd’hui le double de celui de l’année dernière à la même date, celui des 10-19 ans, le quadruple.

Le Covid-19 peut aussi entraîner des complications à moyen terme. Selon la littérature scientifique et les données gouvernementales britanniques, entre 2 % et 8 % des enfants infectés présentent des symptômes persistants. Des séquelles ou des complications à long terme de la maladie, peut-être encore inconnues, ne peuvent en outre être exclues. Enfin, si les décès demeurent très rares, ils existent et sont autant de drames dont le nombre pourrait augmenter avec une circulation virale plus importante.

 

Les alertes se multiplient partout dans le monde. Aux Etats-Unis, au Canada, en Inde, au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne… les pédiatres et les sociétés savantes appellent à protéger davantage les moins de 12 ans. A notre tour, aujourd’hui, de tirer la sonnette d’alarme.

Des mesures efficaces de prévention des contaminations doivent être adoptées dès la rentrée. Le protocole publié le 28 juillet définit un cadre de fonctionnement des établissements scolaires avec quatre niveaux de mesures : il faut, sans plus tarder, définir leur niveau territorial d’application, les indicateurs épidémiologiques, ainsi que les seuils déclenchant le passage d’un niveau à l’autre.

INCENDIES DE FORÊTS: une stratégie européenne commune ?

INCENDIES DE FORÊTS: une stratégie européenne commune ?

les feux concernent presque tous les pays européens -cette année, ils ravagent surtout la Grèce et l’Italie- et  l’idée d’une flotte commune prend de l’ampleur. Non seulement elle permettrait de mutualiser les forces mais aussi de lisser les prix d’achat entre les Etats-membres alors que le prix d’un Canadair se chiffre en millions d’euros et que le coût horaire du vol dépasse les 15.000 euros.

« En 2050, la moitié des surfaces boisées métropolitaines pourrait être concernée par un niveau élevé d’aléa feux de forêt. Les sécheresses seraient plus intenses, plus fréquentes et concerneraient davantage de territoires, favorisant directement les incendies et apportant une extension géographique du risque vers l’ouest et le nord de la France », rappelait récemment le ministère de l’Intérieur, lors du lancement de la campagne de prévention des incendies.

 

BCE: La stratégie de l’immobilisme

BCE: La stratégie de l’immobilisme

Marc Guyot et Radu Vranceanu, Professeurs à l’ESSEC, contestent dans l’Opinion  la stratégie de la BCE

 

Tribune

 

La revue stratégique qui s’est achevée le 8 Juillet 2021 a été reçue avec une forme d’enthousiasme relatif entre les gouverneurs de banques centrales nationales filiales de la BCE selon leur positionnement « progressistes » ou « conservateurs ». En réalité, la réforme stratégique n’apporte pas de réponse à la question centrale et ne remet en cause aucun des deux camps même si elle penche plutôt vers le camp progressiste.

La principale mesure porte sur une redéfinition de la cible d’inflation de la BCE. Depuis 2005 elle avait défini sa cible comme « une inflation inférieure, mais proche de 2% à moyen terme ». La réforme modifie cet objectif en « une inflation de 2% à moyen terme ». Cette reformulation signifie qu’une inflation inférieure à 2% n’est pas plus désirable qu’une inflation supérieure à 2%, des écarts symétriques sont donc tolérables. Ce changement, qui va dans le sens des pays du Sud, était probablement nécessaire, car de toute évidence les marchés du travail, extrêmement rigides de ces pays, fonctionneraient mieux avec une inflation un peu plus élevée. Il confirme aussi une forme de victoire des progressistes du monde post-covid qui réclament un soutien plus fort à l’activité économique avec, de surcroit, un calcul cynique d’érosion des dettes publiques par l’inflation. Dans le contexte actuel, la politique monétaire ultra accommodante risque de durer plus longtemps puisque la cible d’inflation se trouve quelque peu augmentée.

Contrairement à de nombreux autres pays, l’indice des prix utilisé par la BCE pour le calcul de l’inflation ne tenait compte que des loyers, mais pas des services rendus par les maisons à leurs propriétaires. De ce fait, l’indice des prix donnait un poids faible aux prix des logements. La réforme de l’indice des prix proposée par la revue stratégique et prenant en compte les prix de l’immobilier est donc une bonne chose, car c’est une manière indirecte de surveiller la formation des bulles spéculatives dans ce secteur. Mais le poids de ce nouvel item sera très faible donc n’amènera pas de changement majeur.

La revue stratégique n’apporte aucune révolution sur les outils d’intervention dans un contexte de taux à zéro. Sans surprise, la BCE va continuer à utiliser les mesures non-conventionnelles qu’elle pratique depuis 7 ans – l’achat d’actifs, le Forward Guidance (engagement à long terme sur les taux) et les opérations de refinancement à long terme. En revanche, rien n’est dit sur la taxation des réserves. Ceci peut être un bon signe si la BCE envisage enfin de mettre un terme à cette mesure qui lamine la rentabilité des banques.

Enfin, les craintes selon lesquelles la posture pro-environnement affichée par Christine Lagarde allait pousser la BCE vers des absurdités mettant en péril la poursuite de la stabilité des prix se sont avérées infondées. La plupart des mesures nouvelles sont de l’ordre de la modélisation des risques et de l’obligation de communiquer la situation de l’entreprise selon les critères environnementaux en vigueur. Que la BCE dans sa mission de régulateur et garant de la stabilité financière aide les banques à mieux prendre en compte les risques climatiques est une bonne chose. Autoriser les obligations vertes privées comme collatéral pour le refinancement par la BCE dans le cadre des opérations normales, et des opérations de refinancement à plus long terme pose certains problèmes. L’ambition est de rendre plus liquide le marché des green bonds et de favoriser le financement par les banques de projets certifiés verts comme la génération d’énergie renouvelable. Le problème est, qu’en l’état, il y a un flou très important sur la certification verte et un très grand nombre d’obligations vertes ne financent pas le moindre projet de production d’énergie, mais reflètent un habile maquillage. Il serait plus logique de normaliser d’abord la certification et d’ensuite inclure ces titres comme collatéraux.

Il nous apparait que cette revue stratégique s’apparente plutôt à une note de service, en apportant des correctifs techniques plus ou moins utiles. Les solutions proposées ont omis les questions les plus importantes. La première est bien sûr la divergence notamment budgétaire entre les pays du Nord et du Sud alors que ceux-ci utilisent la même monnaie. La deuxième serait la façon avec laquelle la BCE peut aider l’UE à imposer des réformes structurelles aux pays qui n’en sont pas capables et posent systématiquement un risque sur l’euro. La troisième serait une évaluation du risque global d’un bilan de banque centrale dont la valeur a été multipliée par un facteur 7 en 15 ans. La quatrième nous semble être la question de l’inclusion du prix des actifs financiers dans la politique monétaire tout comme à ses débuts la BCE ciblait la croissance de l’agrégat monétaire M3. La cinquième est l’évolution de l’euro vers une vraie monnaie de réserve internationale, sachant que cet objectif imposerait de renforcer le fédéralisme fiscal et la discipline budgétaire au sein de la zone euro. Ce dernier point n’est pas que technique, mais relève du processus démocratique électoral.

Ainsi, si la revue stratégique a bien intégré la préoccupation environnementale de la société civile et a desserré subtilement la politique monétaire en élevant sa cible d’inflation, elle n’a rien apporté de nouveau concernant la politique monétaire à mener pour ramener l’inflation à 2%. Elle n’a pas non plus abordé la question majeure de l’interaction entre politique monétaire centralisée et politiques budgétaires décentralisées qui empoisonnent l’euro depuis sa création. Tout cela n’est pas très rassurant, et on peut se demander si la BCE a une stratégie prête pour faire face à la prochaine crise, qui ne devrait pas tarder.

Covid-Pour une stratégie vaccinale mondiale (Esther Duflo , Prix Nobel)

Covid-Pour une stratégie vaccinale mondiale (Esther Duflo , Prix Nobel)

 

La prix Nobel d’économie , Esther Duflo, estime que seule une stratégie vaccinale mondiale peut être efficace en même temps qu’équitable. (Interview dans le JDD, extrait)

 

 

 

Pourquoi faut-il immuniser la planète?
Il y a d’abord une raison morale. C’est une opportunité de sauver des vies. Ne pas vacciner, ne pas donner ces doses à ceux qui en ont besoin, et qui affrontent de fortes vagues épidémiques comme l’Afrique avec le variant Delta, c’est avoir du sang sur les mains. Je sais combien le développement est complexe. Mais cela ne s’applique pas au vaccin!

L’OMS réclame pour septembre 250 millions de doses aux pays qui ont un excédent. Pourquoi y a-t-il urgence?
Pour l’instant, aucun variant n’a passé la barrière du vaccin, mais ça pourrait venir. Ils surgissent lors de fortes recrudescences épidémiques. On l’a vu au Brésil, en Grande-Bretagne, en Inde… Laisser se propager ce virus si contagieux, qui mute si souvent, ce n’est pas rationnel du point de vue de notre santé ou de nos économies. En France, sauf à aller vers une obligation générale, 60 à 70% de la population éligible sera protégée. Or 30% de non-vaccinés, cela suffit pour avoir une grosse épidémie. Si le virus continue à circuler et si on veut vivre sans restriction, il faut vacciner au moins 60% de la population mondiale… Ou 100% des Français. La stratégie vaccinale de la France, comme des autres pays riches, doit être mondiale. Sauf à décider de ne jamais rouvrir les frontières.

 

Quelles occasions d’agir ont raté les pays riches?
Au tout début de la pandémie, une décision assez révolutionnaire a été prise, celle d’investir dans des capacités de production, de construire des usines pour la fabrication de vaccins même pas encore testés. Ce pari risqué s’est révélé gagnant. Mais les investissements – largement soutenus par des fonds publics – étaient juste dimensionnés pour la production des pays riches. C’est comme si on construisait une ville avec des tuyaux d’égouts trop étroits dès le départ ! Cette première erreur en a engendré beaucoup d’autres.

Pourquoi cet égoïsme est-il un mauvais calcul?
En mai, le FMI notait que vacciner 40% de la population mondiale en 2021 et 60% en 2022 coûterait 50 milliards de dollars, et estimait les bénéfices d’une telle vaccination pour les économies mondiales à 9.000 milliards de dollars ! Les présidents de toutes les organisations internationales -OMC, OMS, FMI, Banque mondiale…- se sont ralliés derrière ce plan. Mais les Etats-Unis ne se sont pas alignés, l’Europe non plus. C’est la deuxième opportunité manquée : 50 milliards de dollars, c’est une goutte d’eau par rapport aux trilliards investis dans les plans de relance américain ou européen.

 

Le dernier G7 n’a-t-il pas permis une avancée?
Non, c’est une très grande déception. La pression venait de toute part pour enfin accélérer et financer la production. Mais le G7 s’est contenté de la promesse, à la limite de la malhonnêteté, de donner 1 milliard de doses tout de suite aux pays en voie de développement. En réalité, il s’agit juste d’un « objectif » de livrer 870 millions de doses, dont 435 millions « d’ici 2022″… Largement insuffisant. Il en faudrait 7 à 10 milliards pour vacciner tout ceux qui en ont besoin. Par ailleurs, pendant qu’on se pose des questions, les Russes et les Chinois ont fait de la diplomatie vaccinale. D’un point de vue géostratégique, pourquoi leur laisser ce terrain? Contre une pandémie comme pour le climat, on doit agir pour un objectif commun. Cela ne rend pas optimiste pour la Cop26.

Parce que la tentation du repli national s’impose toujours?
Au début, les Etats-Unis ne voulaient pas partager leurs doses d’AstraZeneca. C’était une posture politique, leur population n’étant pas encore protégée. Ils ont désormais la capacité de produire 4,7 milliards de doses d’ici fin 2021. Ils auront des surplus. Mais ils les conservent pour les enfants de 2 à 12 ans et une éventuelle troisième dose. A l’heure où les campagnes patinent là-bas comme en Europe, nous avons une nouvelle occasion d’agir! Je le répète : la stratégie vaccinale du monde est celle de la France.

 

Le dispositif Covax devait fournir 2 milliards de doses aux pays en développement avant la fin de l’année. Il en a expédié moins de 100 millions. Est-ce un échec?
Oui, puisqu’elles n’ont pas été livrées. On a créé une coquille vide, et les dirigeants de Covax se sentent abandonnés à raison. Ils ne gardent pas les vaccins au frigo : ils ne les ont pas, parce qu’on ne leur a pas donné les sous! Les responsables des pays du G7, de Joe Biden à Emmanuel Macron, tiennent les bons discours mais n’ont jamais investi ni dans Covax ni dans une alternative.

La crise a révélé la vulnérabilité du système de production. Comment y remédier?
En 18 mois, l’Inde aurait eu le temps de se mettre en ordre de bataille pour fabriquer des vaccins à ARN. Mais ils n’ont pas eu les brevets, ont subi des restrictions des Etats-Unis sur les importations de composants et ont dû cesser la production. Ensuite, l’épidémie s’est abattue chez eux et priorité a été donnée aux livraisons nationales… La production, qui se concentre aux Etats-Unis, en Europe et en Inde, doit être mieux distribuée. Il pourrait y avoir un pays producteur par continent : Indonésie, Corée, Afrique du Sud. L’état de leur industrie pharmaceutique n’est pas inférieur à celle des Etats-Unis.

 

La levée des brevets serait-elle une solution?
Oui, à terme, ou les suspendre comme cela a été fait avec succès pour les trithérapies contre le Sida avec l’accord donné par Bill Clinton, entre l’industrie pharmaceutique et les pays africains, pour l’exportation et la production de génériques. Des centaines de milliers de vies ont été sauvées, et cela n’a pas découragé ces entreprises d’investir dans la recherche. Joe Biden n’y était pas opposé. L’Europe n’a pas suivi. Les fabricants, eux, ont en ligne de mire le marché de la troisième dose et des enfants. Ils préfèrent vendre 20 euros l’injection aux pays riches. Les pays pauvres, via Covax ou l’Union africaine, négocient des prix réduits, mais cela ne permet pas de décentraliser la fabrication. Et ils ne seront jamais prioritaires.

Les gouvernements ont-ils échoué à instaurer un rapport de force avec l’industrie?
Oui. Moderna n’existerait pas sans le gouvernement fédéral américain. La société avait le véhicule, mais pas la potion magique. C’est le gouvernement qui leur a donné la technologie, développée par les National Institute of Health ; qui a payé et réalisé les essais à grande échelle, et investi en capital risque. Le rapport de force devrait être du côté de l’administration! Ce n’est pas le cas. A l’inverse, pour le vaccin développé par Oxford, c’est Bill Gates qui a financé ces recherches avec AstraZeneca, en contrepartie de quoi il a exigé un prix réduit.

L’Inde, grand pays producteur, n’a vacciné que 5% de sa population. Comment améliorer aussi l’accès au niveau local?
L’Inde a d’abord tout exporté avant de vacciner sa population. Puis l’épidémie a semé le chaos dans les processus de production. Mais aujourd’hui, elle fabrique des doses et les achemine. Au niveau logistique, ce pays est capable de mener cette campagne avec son vaccin local et celui d’AstraZeneca. Comme dans presque tous les pays, il y a eu au départ des problèmes d’organisation, de tranches d’âge prioritaires etc. Mais la question se pose plus avec les vaccins à ARNm qui doivent être conservés au très grand froid. En Afrique, le frein essentiel reste l’absence de doses. Mais comme l’Inde, le continent ne sera pas exempt du problème de l’hésitation vaccinale.

 

Vous avez travaillé sur les réticences à la vaccination en Inde et en avez conclu que la solution la plus efficace est le recours à des « ambassadeurs » intégrés dans les communautés.
Ce travail portait sur la vaccination infantile, pour laquelle il n’y a aucune peur ou hésitation, plutôt une indifférence, une mauvaise perception de l’urgence. Avec le Covid, notre laboratoire a étudié l’hésitation vaccinale auprès de populations âgées d’Inde du sud que nous suivons depuis des années. Ils sont prioritaires mais moins de la moitié ont eu des injections. Beaucoup hésitent ou ont des craintes, peut-être car ils n’ont pas l’habitude de la vaccination des adultes. En Inde et en Afrique, une fois que les vaccins seront là, il restera à convaincre. Mais quand ce sera le seul problème, on aura déjà beaucoup avancé.

Faut-il proposer des incitations matérielles à la vaccination, comme le font les Etats-Unis?
Notre expérience en Inde a montré que cela fonctionne. Pour le Covid, tout dépend de la raison de la non-vaccination. S’il s’agit d’un problème logistique ou d’un manque de conscience de l’urgence, je n’ai rien contre de petites incitations. Si les jeunes sont rationnels, ils se disent que leur bénéfice individuel est insuffisant. Soyons pragmatiques : si ça marche, pourquoi ne pas leur proposer? Soit en rendant la vaccination plus ou moins obligatoire, avec un Covid pass donnant accès à des concerts ou des lieux qu’ils aiment, soit par des incitations plus rigolotes comme des bières ou une loterie. Face à des antivax, ça ne convaincra pas, voire cela aura un effet pervers menant tout droit à la théorie du complot.

Dans ce contexte, comment jugez-vous le débat sur l’obligation vaccinale en France?
Je le comprends. C’est logique : si on ne veut pas faire l’effort pour vacciner le reste du monde, avec des variants comme le Delta, il sera d’autant plus indispensable de vacciner toute la population en France.

Pour une stratégie vaccinale mondiale (Esther Duflo , Prix Nobel)

La prix Nobel d’économie , Esther Duflo, estime que seule une stratégie vaccinale mondiale peut être efficace en même temps qu’équitable. (Interview dans le JDD, extrait)

 

 

 

Pourquoi faut-il immuniser la planète?
Il y a d’abord une raison morale. C’est une opportunité de sauver des vies. Ne pas vacciner, ne pas donner ces doses à ceux qui en ont besoin, et qui affrontent de fortes vagues épidémiques comme l’Afrique avec le variant Delta, c’est avoir du sang sur les mains. Je sais combien le développement est complexe. Mais cela ne s’applique pas au vaccin!

L’OMS réclame pour septembre 250 millions de doses aux pays qui ont un excédent. Pourquoi y a-t-il urgence?
Pour l’instant, aucun variant n’a passé la barrière du vaccin, mais ça pourrait venir. Ils surgissent lors de fortes recrudescences épidémiques. On l’a vu au Brésil, en Grande-Bretagne, en Inde… Laisser se propager ce virus si contagieux, qui mute si souvent, ce n’est pas rationnel du point de vue de notre santé ou de nos économies. En France, sauf à aller vers une obligation générale, 60 à 70% de la population éligible sera protégée. Or 30% de non-vaccinés, cela suffit pour avoir une grosse épidémie. Si le virus continue à circuler et si on veut vivre sans restriction, il faut vacciner au moins 60% de la population mondiale… Ou 100% des Français. La stratégie vaccinale de la France, comme des autres pays riches, doit être mondiale. Sauf à décider de ne jamais rouvrir les frontières.

 

Quelles occasions d’agir ont raté les pays riches?
Au tout début de la pandémie, une décision assez révolutionnaire a été prise, celle d’investir dans des capacités de production, de construire des usines pour la fabrication de vaccins même pas encore testés. Ce pari risqué s’est révélé gagnant. Mais les investissements – largement soutenus par des fonds publics – étaient juste dimensionnés pour la production des pays riches. C’est comme si on construisait une ville avec des tuyaux d’égouts trop étroits dès le départ ! Cette première erreur en a engendré beaucoup d’autres.

Pourquoi cet égoïsme est-il un mauvais calcul?
En mai, le FMI notait que vacciner 40% de la population mondiale en 2021 et 60% en 2022 coûterait 50 milliards de dollars, et estimait les bénéfices d’une telle vaccination pour les économies mondiales à 9.000 milliards de dollars ! Les présidents de toutes les organisations internationales -OMC, OMS, FMI, Banque mondiale…- se sont ralliés derrière ce plan. Mais les Etats-Unis ne se sont pas alignés, l’Europe non plus. C’est la deuxième opportunité manquée : 50 milliards de dollars, c’est une goutte d’eau par rapport aux trilliards investis dans les plans de relance américain ou européen.

 

Le dernier G7 n’a-t-il pas permis une avancée?
Non, c’est une très grande déception. La pression venait de toute part pour enfin accélérer et financer la production. Mais le G7 s’est contenté de la promesse, à la limite de la malhonnêteté, de donner 1 milliard de doses tout de suite aux pays en voie de développement. En réalité, il s’agit juste d’un « objectif » de livrer 870 millions de doses, dont 435 millions « d’ici 2022″… Largement insuffisant. Il en faudrait 7 à 10 milliards pour vacciner tout ceux qui en ont besoin. Par ailleurs, pendant qu’on se pose des questions, les Russes et les Chinois ont fait de la diplomatie vaccinale. D’un point de vue géostratégique, pourquoi leur laisser ce terrain? Contre une pandémie comme pour le climat, on doit agir pour un objectif commun. Cela ne rend pas optimiste pour la Cop26.

Parce que la tentation du repli national s’impose toujours?
Au début, les Etats-Unis ne voulaient pas partager leurs doses d’AstraZeneca. C’était une posture politique, leur population n’étant pas encore protégée. Ils ont désormais la capacité de produire 4,7 milliards de doses d’ici fin 2021. Ils auront des surplus. Mais ils les conservent pour les enfants de 2 à 12 ans et une éventuelle troisième dose. A l’heure où les campagnes patinent là-bas comme en Europe, nous avons une nouvelle occasion d’agir! Je le répète : la stratégie vaccinale du monde est celle de la France.

 

Le dispositif Covax devait fournir 2 milliards de doses aux pays en développement avant la fin de l’année. Il en a expédié moins de 100 millions. Est-ce un échec?
Oui, puisqu’elles n’ont pas été livrées. On a créé une coquille vide, et les dirigeants de Covax se sentent abandonnés à raison. Ils ne gardent pas les vaccins au frigo : ils ne les ont pas, parce qu’on ne leur a pas donné les sous! Les responsables des pays du G7, de Joe Biden à Emmanuel Macron, tiennent les bons discours mais n’ont jamais investi ni dans Covax ni dans une alternative.

La crise a révélé la vulnérabilité du système de production. Comment y remédier?
En 18 mois, l’Inde aurait eu le temps de se mettre en ordre de bataille pour fabriquer des vaccins à ARN. Mais ils n’ont pas eu les brevets, ont subi des restrictions des Etats-Unis sur les importations de composants et ont dû cesser la production. Ensuite, l’épidémie s’est abattue chez eux et priorité a été donnée aux livraisons nationales… La production, qui se concentre aux Etats-Unis, en Europe et en Inde, doit être mieux distribuée. Il pourrait y avoir un pays producteur par continent : Indonésie, Corée, Afrique du Sud. L’état de leur industrie pharmaceutique n’est pas inférieur à celle des Etats-Unis.

 

La levée des brevets serait-elle une solution?
Oui, à terme, ou les suspendre comme cela a été fait avec succès pour les trithérapies contre le Sida avec l’accord donné par Bill Clinton, entre l’industrie pharmaceutique et les pays africains, pour l’exportation et la production de génériques. Des centaines de milliers de vies ont été sauvées, et cela n’a pas découragé ces entreprises d’investir dans la recherche. Joe Biden n’y était pas opposé. L’Europe n’a pas suivi. Les fabricants, eux, ont en ligne de mire le marché de la troisième dose et des enfants. Ils préfèrent vendre 20 euros l’injection aux pays riches. Les pays pauvres, via Covax ou l’Union africaine, négocient des prix réduits, mais cela ne permet pas de décentraliser la fabrication. Et ils ne seront jamais prioritaires.

Les gouvernements ont-ils échoué à instaurer un rapport de force avec l’industrie?
Oui. Moderna n’existerait pas sans le gouvernement fédéral américain. La société avait le véhicule, mais pas la potion magique. C’est le gouvernement qui leur a donné la technologie, développée par les National Institute of Health ; qui a payé et réalisé les essais à grande échelle, et investi en capital risque. Le rapport de force devrait être du côté de l’administration! Ce n’est pas le cas. A l’inverse, pour le vaccin développé par Oxford, c’est Bill Gates qui a financé ces recherches avec AstraZeneca, en contrepartie de quoi il a exigé un prix réduit.

L’Inde, grand pays producteur, n’a vacciné que 5% de sa population. Comment améliorer aussi l’accès au niveau local?
L’Inde a d’abord tout exporté avant de vacciner sa population. Puis l’épidémie a semé le chaos dans les processus de production. Mais aujourd’hui, elle fabrique des doses et les achemine. Au niveau logistique, ce pays est capable de mener cette campagne avec son vaccin local et celui d’AstraZeneca. Comme dans presque tous les pays, il y a eu au départ des problèmes d’organisation, de tranches d’âge prioritaires etc. Mais la question se pose plus avec les vaccins à ARNm qui doivent être conservés au très grand froid. En Afrique, le frein essentiel reste l’absence de doses. Mais comme l’Inde, le continent ne sera pas exempt du problème de l’hésitation vaccinale.

 

Vous avez travaillé sur les réticences à la vaccination en Inde et en avez conclu que la solution la plus efficace est le recours à des « ambassadeurs » intégrés dans les communautés.
Ce travail portait sur la vaccination infantile, pour laquelle il n’y a aucune peur ou hésitation, plutôt une indifférence, une mauvaise perception de l’urgence. Avec le Covid, notre laboratoire a étudié l’hésitation vaccinale auprès de populations âgées d’Inde du sud que nous suivons depuis des années. Ils sont prioritaires mais moins de la moitié ont eu des injections. Beaucoup hésitent ou ont des craintes, peut-être car ils n’ont pas l’habitude de la vaccination des adultes. En Inde et en Afrique, une fois que les vaccins seront là, il restera à convaincre. Mais quand ce sera le seul problème, on aura déjà beaucoup avancé.

Faut-il proposer des incitations matérielles à la vaccination, comme le font les Etats-Unis?
Notre expérience en Inde a montré que cela fonctionne. Pour le Covid, tout dépend de la raison de la non-vaccination. S’il s’agit d’un problème logistique ou d’un manque de conscience de l’urgence, je n’ai rien contre de petites incitations. Si les jeunes sont rationnels, ils se disent que leur bénéfice individuel est insuffisant. Soyons pragmatiques : si ça marche, pourquoi ne pas leur proposer? Soit en rendant la vaccination plus ou moins obligatoire, avec un Covid pass donnant accès à des concerts ou des lieux qu’ils aiment, soit par des incitations plus rigolotes comme des bières ou une loterie. Face à des antivax, ça ne convaincra pas, voire cela aura un effet pervers menant tout droit à la théorie du complot.

Dans ce contexte, comment jugez-vous le débat sur l’obligation vaccinale en France?
Je le comprends. C’est logique : si on ne veut pas faire l’effort pour vacciner le reste du monde, avec des variants comme le Delta, il sera d’autant plus indispensable de vacciner toute la population en France.

Mali- Barkhane: l’échec d’une stratégie

Mali- Barkhane: l’échec d’une stratégie

C’est fait, le gouvernement vient de décider de réduire environ par deux les effectifs de l’opération Barkhane. Un cruel échec pour la France qui n’a pas réussi davantage dans son opération militaire que dans son opération de coopération ( Coopération contestée par certains chefs militaires eux-mêmes !). Après l’annonce du retrait de la force militaire de lutte contre les groupes armés djihadistes, cinquante chercheurs, représentants d’ONG, de syndicats et acteurs des sociétés civiles sahéliennes appellent, dans une tribune pour « Le Monde », à ouvrir le débat pour refonder, en concertation avec les populations, la politique française dans la région.

 

 

Tribune. Huit ans. Huit longues années d’opérations militaires au Sahel sans que la paix et la sécurité aient été au rendez-vous, et avec elles le décompte macabre par milliers des morts civils et militaires. En huit ans, l’opération « Barkhane », qui aura coûté la vie à 55 militaires français, aura fait l’objet de bien peu de débat public. Pas plus que l’ensemble de la politique étrangère française au Sahel, qui reste largement dominée par une approche sécuritaire au détriment notamment des efforts de développement, comme le souligne la Cour des comptes, dans un récent rapport.

Convaincus qu’une autre approche est possible et nécessaire, cinquante associations, ONG, chercheurs, représentants de diasporas sahéliennes, syndicats et acteurs des sociétés civiles sahéliennes appellent à préparer l’après-« Barkhane » de manière plus inclusive et à ouvrir le débat aux vues d’une refondation de la politique sahélienne de la France.

 

Ce débat est urgent car la militarisation du Sahel – à l’initiative notamment de la France – n’a rien réglé sur le plan sécuritaire ; on assiste même à une dégradation continue de la situation. Les « neutralisations » de quelques chefs de groupes armés que revendiquait régulièrement l’état-major français ne cachaient plus l’effroyable réalité : les incidents violents liés à ces mêmes groupes ont doublé chaque année depuis 2015. L’impact sur les populations civiles est dramatique : près de 2 millions de personnes ont dû fuir les violences au Burkina Faso, au Mali et au Niger, et 13,2 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire.

Cette spirale de la violence interroge d’autant plus quand elle est le fait des forces de sécurité étatiques avec lesquelles l’armée française collabore. Au Mali, en 2020, davantage de civils ont été tués par des militaires (35 %) que par des groupes dits djihadistes (24 %). La Minusma [la force de maintien de la paix de l’ONU] a également conclu à la responsabilité de l’armée française dans la mort de 19 civils lors d’une opération au Mali le 3 janvier 2021.

Terrible signal

Mais, en rejetant ces conclusions et en s’opposant à l’ouverture d’une enquête indépendante, la France a envoyé un terrible signal qui contribue à normaliser l’impunité. Dans un contexte sahélien profondément marqué par la défiance des populations envers les autorités et alors qu’elle ferme déjà trop souvent les yeux sur les déviances autoritaires dans la région, la France doit se montrer intransigeante face aux abus et violations des droits humains. Sans cela, elle ne peut qu’alimenter le sentiment anti-français dans la région.

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