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Suivi StopCovid : un échec total

Suivi StopCovid : un échec total

 

 

Le suivi informatique stop COVID a enregistré un échec retentissant en France. Le dispositif n’a été utilisé que de façon très marginale, peut-être par moins de 1 % de la population. Interrogé sur le manque de communication du gouvernement sur cette application lancée au printemps, le chef du gouvernement a déclaré « convenir » qu’elle n’avait « pas obtenu les résultats qu’on en espérait ». Un euphémisme !, Car l’échec est total. Mais « nous savions que tester grandeur nature pour la première fois de tels outils dans le cas de cette épidémie serait particulièrement difficile » et « nous ne sommes pas le seul pays à faire ce même constat », a-t-il ajouté.

StopCovid devait permettre à ses utilisateurs d’être prévenus s’ils ont croisé récemment, à moins d’un mètre et pendant plus de 15 minutes, un autre utilisateur qui s’est découvert contaminé par le coronavirus responsable du Covid-19.

Selon un récent décompte de la Direction général de la santé (DGS), StopCovid a été téléchargée 2,3 millions de fois et quelque 1.500 personnes ont signalé un diagnostic positif.

À son lancement, l’application a été critiquée par des experts en informatique et des juristes, qui y ont vu un premier pas vers une société de la surveillance où nos faits et gestes seraient tracés en permanence par des systèmes automatiques.

StopCovid a été développé sous la direction de l’institut de recherche en informatique français Inria avec le concours de développeurs de sociétés privées comme Orange et Capgemini.

StopCovid a prévenu 14 personnes pour un coût de 200.000 euros par mois

StopCovid a prévenu 14 personnes pour un coût de 200.000 euros par mois

Mais depuis son lancement le 2 juin, StopCovid a été téléchargée 1,9 million de fois, pour 1,8 million d’installations effectives, soit 2,5% de la population française. Mais 460.000 personnes ont aussi déjà désinstallé l’application… ce qui signifie que StopCovid n’est effective que sur 1,4 million de smartphones. « Le rythme des désinstallations augmente nettement ces derniers jours« , a admis Cédric O. « Je pense que c’est parce que l’épidémie ne fait plus aussi peur, ce qui est dommage car les craintes d’une deuxième vague à l’automne sont à prendre au sérieux« , a-t-il commenté.

Avec un si faible taux d’installation -largement inférieur à l’Allemagne et à l’Italie par exemple-, l’appli se révèle très peu pertinente dans la lutte contre le Covid-19. En trois semaines, 68 personnes se sont déclarées positives au coronavirus sur StopCovid. En conséquence, 205 identifiants cryptés correspondant à des contacts croisés…

 

L’application StopCovid autorisée

L’application StopCovid autorisée

 

 

Difficile d’échapper aux Ghafar, il faudra donc se soumettre à Apple et au système Android pour mettre en place l’application stop CIvid.  “Sous réserve du vote au Parlement, l’application pourrait être disponible dans les magasins d’application d’Apple et Android dès ce week-end”, précise le secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O, mardi dans Le Figaro.

La CNIL s’était déjà prononcée fin avril sur le principe de l’utilisation de cette application, qu’elle avait jugée conforme au Règlement général sur la protection des données (RGPD) à condition que certaines conditions soient respectées.

Dans son dernier avis en date du 25 mai, la CNIL estime que ses principales recommandations – concernant notamment la responsabilité du traitement confiée au ministère en charge de la politique sanitaire, l’absence de conséquence juridique négative attachée au choix de ne pas recourir à l’application ou encore la mise en oeuvre de certaines mesures techniques de sécurité – ont été suivies.

“L’application peut être légalement déployée dès lors qu’elle apparaît être un instrument complémentaire du dispositif d’enquêtes sanitaires manuelles et qu’elle permet des alertes plus rapides en cas de contact avec une personne contaminée, y compris pour des contacts inconnus”, indique ainsi la CNIL.

“L’utilité réelle du dispositif devra être plus précisément étudiée après son lancement”, ajoute-t-elle néanmoins. “La durée de mise en oeuvre du dispositif devra être conditionnée aux résultats de cette évaluation régulière.”

StopCovid: échapper à la domination d’ Apple et Google»

StopCovid: échapper à la domination d’ Apple et Google», Aymeril Hoang (Conseil scientifique)

Aymeril Hoang, qui fut directeur du cabinet de l’ancien secrétaire d’Etat au Numérique Mounir Mahjoubi, siège au sein du Conseil scientifique. Il explique la stratégie de stop Covid dans une interview de l’Opinion

Quelles principales caractéristiques ont été retenues pour l’application StopCovid ?

Cette application fait appel au système Bluetooth afin de savoir à quelle distance et combien de temps des personnes ont été en présence. A partir de ces données anonymisées, elle permet d’alerter les contacts d’une personne contaminée. Seules les données des personnes à alerter circulent jusqu’au serveur. Elles sont conservées trois semaines avant d’être supprimées. Le téléchargement de l’application StopCovid est facultatif. A l’issue de l’état d’urgence sanitaire, le serveur est désactivé.

Comment justifier StopCovid, application intrusive malgré des garanties sur l’anonymat et le volontariat, qui restera d’une efficacité limitée dans la lutte contre la pandémie ?

Le Conseil scientifique répond à cette question : « L’outil numérique peut se révéler extrêmement précieux pour renforcer l’efficacité du dispositif » à partir du 11 mai. Cette stratégie de sortie du confinement repose sur l’identification la plus précoce possible des contacts des personnes contaminées. Le traçage des contacts, associé à l’humain via des équipes sanitaires mobiles et des plateformes téléphoniques assurant la prise en charge des personnes diagnostiquées, est un élément essentiel du contrôle sanitaire post-confinement. Mais ce traçage ne se suffit pas à lui-même, il n’a pas d’effet magique.

Cet objectif ne risque-t-il pas de buter sur la faible proportion d’utilisateurs ? Combien de Français sont-ils prêts à télécharger cette application ?

Les épidémiologistes sont clairs : l’intérêt sanitaire d’un tel dispositif est prouvé quel que soit le niveau d’installation. Mais évidemment, plus l’application est téléchargée, plus l’efficacité est grande. La seule communication gouvernementale ne suffira pas à susciter l’adhésion. La dimension « communautaire » – au sein d’un village, d’un groupe d’amis, de collègues de travail – sera une incitation forte à utiliser ce « tracing », dans le respect du consentement social bien sûr. A Singapour, trois semaines après sa mise en place, environ 20 % de la population a installé l’application TraceTogether, dont StopCovid s’est inspiré. Les autorités singapouriennes sont sans doute un peu déçues par ce chiffre mais le système fonctionne. Exemple de cette diffusion par « communautés » : les expatriés français utiliseraient très largement TraceTogether.

«Sans équipes d’enquêteurs sanitaires, la stratégie de contrôle de l’épidémie risque d’être mise à mal. StopCovid n’est ni un vaccin, ni un médicament. Elle s’inscrit dans un parcours global d’accompagnement sanitaire»

Outre ce tracing, la constitution d’équipes sanitaires est essentielle, selon le Conseil scientifique. Quel rôle vont-elles jouer ?

Il est double. D’une part continuer d’assurer la remontée des personnes côtoyées par une personne contaminée en reconstituant avec elle la chaîne de ses contacts, en faisant appel à sa mémoire. D’autre part, informer, orienter, voire tester les personnes qui auront été averties de leur possible contamination. De plus, avant que ne soit déclenchée l’alerte auprès des contacts d’une personne positive au Covid-19, il faut une vérification par un médecin ou un infirmier. Si on ne constitue pas ces équipes d’enquêteurs sanitaires, la stratégie de contrôle de l’épidémie après le déconfinement risque d’être mise à mal. C’est un défi pour les autorités de santé publique qui doivent monter en puissance sur ce point. L’application StopCovid n’est ni un vaccin, ni un médicament. Elle s’inscrit dans un parcours global d’accompagnement sanitaire.

Une série d’obstacles technologiques doit être surmontée. La coopération d’Apple et Google est loin d’être acquise. Dimanche, les Allemands ont annoncé qu’ils quittaient le consortium européen qui travaille sur StopCovid. Ce revirement, après le départ des Suisses, met en péril la future solution européenne…

C’est un coup de théâtre ! Il serait lié à une pétition de chercheurs en numérique qui louaient la solution proposée par Google et Apple. Cela doit nous interroger sur la véritable nature des enjeux. Le Conseil scientifique a prévenu : attention à ne pas laisser des intérêts privés commerciaux se saisir de la crise pour pénétrer et percuter durablement le système de santé publique et ses valeurs de solidarité et d’universalité. Le consortium européen – réunissant désormais Français, Italiens et Espagnols – qui travaille sur StopCovid élabore un protocole sans se soucier de celui d’Apple et Google. C’est un choix politique : des Etats souverains veulent pouvoir développer leur propre solution sanitaire et technologique sous contrôle démocratique. Sur un plan technique, cela suppose en effet de lever un premier obstacle qui concerne le Bluetooth car, à la différence du système d’exploitation Android de Google, Apple n’autorise pas à le laisser fonctionner en arrière-plan. Conséquence : lorsque votre téléphone sera en veille, StopCovid ne fonctionnera pas. Cela réduirait considérablement l’efficacité du système.

Comment convaincre Apple ? 20 % des Français sont équipés d’iPhone…

Les équipes techniques discutent. Le commissaire européen Thierry Breton a récemment parlé au PDG d’Apple, Tim Cook, afin que StopCovid puisse fonctionner. C’est à la fois une question de souveraineté et de liberté du propriétaire d’un smartphone. Ce dernier est-il en mesure d’utiliser son appareil comme il le veut alors que sa santé est en jeu ? Je n’envisage pas qu’Apple réponde non. Il est quand même surprenant qu’on en soit arrivé à un débat où des Etats, des autorités de santé publique doivent légitimer leur souveraineté face à Google ou Apple… !

La Cnil a rendu dimanche un avis positif, sous réserve de garanties, sur StopCovid. Le débat reste vif. Les opposants, qui pointent les atteintes aux libertés individuelles, le risque de Big Brother, ne manquent pas d’arguments. Que leur répondez-vous ?

Ce débat s’est malheureusement polarisé entre ceux qui, jugeant tout système inefficace et dangereux, ne veulent rien faire, et ceux qui, au nom de l’urgence sanitaire, sont prêts à franchir la ligne rouge et à rejoindre le Meilleur des mondes de Huxley et le bonheur sous surveillance. Entre les deux, il y a la place pour une solution minimaliste, proportionnée et respectueuse des droits individuels et de la souveraineté du système de santé publique. La machine gouvernementale reste vigilante et prudente. Les feux sont au vert sous réserve que tout soit parfaitement bordé et à condition que le débat à l’Assemblée soit favorable. In fine, ce sera à chaque Français de choisir : utiliser StopCovid ou pas, porter un masque, adopter les gestes barrières.

StopCovid : alerte aux libertés

 StopCovid : alerte aux libertés

 

La grande question qui est posée avec un dispositif de traçage numérique, c’est d’une part l’utilisation qui pourra en être faite et la conservation des données. Il est clair qu’en suivant régulièrement un abonné on pourra au-delà de l’aspect sanitaire suivre son comportement, ses habitudes, ses sensibilités et son profil psychologique, économique et politique. Bref une sorte de suivi à la chinoise qui  pourrait être évitée grâce à l’anonymat. Reste que les données globales seront très utiles à des fins économiques, politiques voire au-delà. La CNIL appelle donc à la vigilance sur le projet gouvernemental d’application de traçage numérique en France, baptisé « StopCovid », même si ce dernier lui paraît pour l’heure « conforme au Règlement général sur la protection des données (RGPD) si certaines conditions sont respectées ». Saisie par le secrétaire d’Etat au numérique Cédric O, la Commission nationale informatique et libertés se félicite « qu’un certain nombre de garanties (sur la protection de la vie privée) soi(en)t apportées par le projet du gouvernement, notamment l’utilisation de pseudonymes », dans un avis publié dimanche.

 

Elle « appelle cependant à la vigilance » et « souligne que l’application ne peut être déployée que si son utilité est suffisamment avérée » contre l’épidémie de coronavirus « et si elle est intégrée dans une stratégie sanitaire globale ». Dans une interview au Journal du Dimanche, Cédric O répond par l’affirmative à la question de l’utilité de cet instrument de suivi de contacts dont le téléchargement et l’utilisation reposeraient sur une démarche volontaire.

« Traçage StopCovid : attention aux apprentis sorciers « 

« Traçage StopCovid : attention aux  apprentis sorciers  »

Antonio Casilli ,Sociologue, Paul-Olivier Dehaye, Mathématicien, Jean-Baptiste Soufron, Avocat critiquent fortement l’ outil de surveillance enregistrant toutes nos interactions humaines ( dans une tribune au « Monde ».)

Le mardi 28 avril, les parlementaires français seront amenés à voter sur StopCovid, l’application mobile de traçage des individus imposée par l’exécutif. Nous souhaitons que, par leur vote, ils convainquent l’exécutif de renoncer à cette idée tant qu’il est encore temps. Non pas de l’améliorer, mais d’y renoncer tout court. En fait, même si toutes les garanties légales et techniques étaient mises en place (anonymisation des données, open source, technologies Bluetooth, consentement des utilisateurs, protocole décentralisé, etc.), StopCovid serait exposée au plus grand des dangers : celui de se transformer sous peu en « StopCovid Analytica », une nouvelle version du scandale Cambridge Analytica [siphonnage des données privées de dizaines de millions de comptes Facebook].

L’affaire Cambridge Analytica, révélée au grand jour en 2018, avait comme point de départ les travaux de chercheurs de l’université anglaise. Une application appelée « Thisisyourdigitallife », présentée comme un simple quiz psychologique, avait d’abord été proposée à des utilisateurs de la plate-forme de microtravail Amazon Mechanical Turk. Ensuite, ces derniers avaient été amenés à donner accès au profil Facebook de tous leurs contacts. C’était, en quelque sorte, du traçage numérique des contacts avant la lettre.
 

 

 

« Stopcovid »: le traçage par smartphone bientôt en œuvre

« Stopcovid »: le traçage par  smartphone bientôt en œuvre

 

Il est probable que le traçage par mobile s’effectuera sur la base du volontariat pour ne pas mettre en péril  les libertés individuelles. Le principe du traçage est de prévenir les personnes en contact avec des désinfectés afin de les inviter à se faire tester. “Le gouvernement a décidé de lancer le projet StopCovid afin de développer une application qui pourrait limiter la diffusion du virus en identifiant des chaînes de transmission”, indique le secrétaire d’Etat au Numérique Cédric O dans un entretien accordé avec le ministre de la Santé Olivier Véran au Monde.

“L’idée serait de prévenir les personnes qui ont été en contact avec un malade testé positif afin de pouvoir se faire tester soi-même, et si besoin d’être pris en charge très tôt, ou bien de se confiner”, explique-t-il.

“Le principe serait simple : l’application est installée volontairement ; lorsque deux personnes se croisent pendant une certaine durée, et à une distance rapprochée, le téléphone portable de l’un enregistre les références de l’autre dans son historique”, ajoutent-ils. “Si un cas positif se déclare, ceux qui auront été en contact avec cette personne sont prévenus de manière automatique.”

A l’heure actuelle, “aucune décision n’est prise” et cela dépendra de “si les scientifiques nous disent que cela peut nous aider à lutter contre la propagation de l’épidémie”, prévient de son coté Olivier Véran.

L’Elysée avait ouvert la porte à l’utilisation du numérique pour lutter contre le coronavirus – qui a fait plus de 10.000 morts en France selon le dernier bilan – en annonçant la mise en place d’un comité qui serait chargé de conseiller Emmanuel Macron notamment sur les pratiques de “backtracking”.

Lors d’une audition devant des députés, le Premier ministre Edouard Philippe avait précisé le 1er avril dernier que tout traçage numérique se ferait sur la base du volontariat, une manière de rassurer les défenseurs des libertés individuelles qui ont multiplié les mises en garde.




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