Air France : après l’arrestation des militants CGT, le choix entre le réformisme ou la révolution stérile
Après l’arrestation de militant CGT impliqués dans les violences à Air France, on constate comme d’habitude deux types de réaction très opposés. Les uns très sa gauche et même à l’extrême gauche soutiennent que la violence est à imputer à la direction d’Air France avec l’annonce des licenciements. De l’autre certains se réjouissent de l’action de la justice réglant au passage des comptes avec le syndicalisme. D’une certaine manière cette opposition illustre bien le débat caricatural sur la situation du syndicalisme en France. Pour schématiser à outrance il y a d’un côté les partisans de la suppression du syndicat, de l’autre ce qui privilégie l’action systématiquement contestataire et même révolutionnaire. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que le syndicalisme français soit aussi faible et ne joue qu’un rôle marginal dans la négociation collective. Il est clair que l’attitude agressive de certains syndicalistes n’est pas tolérable dans une société démocratique moderne pas plus que leur stratégie d’opposition systématique à toute évolution. De ce point de vue on attend que le syndicalisme français fasse sa révolution interne. Cependant la médiocrité génère la médiocrité. En outre l’émergence du syndicat révolutionnaire SUD a grandement favorisé la radicalisation des syndicats concurrents. En fait un syndicat révolutionnaire mélange d’extrême gauche, d’anarchistes et de corporatistes. Dans cet environnement la modernité syndicale portée surtout par la CFDT, parfois par la CGC et l’UNSA a du mal à émerger. Et certains militants de base se laissent entraîner sur la voie d’une radicalité inutile et contre-productive. D’une certaine manière les militants impliqués dans la violence Air France sont aussi les victimes de la stratégie irresponsable de leur organisation. A cet égard il faut regretter que l’évolution de la CGT impulsée par son ancien secrétaire général Bernard Thibault ait été stoppée après son départ. Au moins cinq militants appartiennent donc à la CGT. Des militants de base de la branche fret d’Air France (Air France Cargo) mais aussi un délégué CGT. Le sixième manifestant entendu par les enquêteurs dépend, lui, de la direction de la maintenance, mais on ne connaît pas son éventuelle appartenance syndicale. Ces six personnes sont gardées à vue dans les locaux de la Police de l’Air et des Frontières, à Roissy, depuis les premières heures de la matinée. Leur garde à vue peut théoriquement durer 48 heures. Mais ce lundi soir, l’un d’entre eux a été relâché, sans qu’il soit possible de savoir lequel. Elles sont sous le coup d’une mise en examen pour « violences volontaires en réunion » et « entrave au déroulement du comité d’entreprise ». Des faits passibles de 5 ans de prison. Au total, une dizaine de personnes seraient dans le viseur de la justice, après avoir été identifiées sur les vidéos tournées pendant les violences. Il pourrait donc y avoir d’autres interpellations dans les heures qui viennent. En fin d’après-midi, 200 à 300 personnes ont manifesté devant l’entrée d’Air France Cargo, à Roissy, pour dénoncer ces interpellations et marquer leur solidarité avec les gardés à vue. Quelques figures politiques de gauche sont venues accompagner les manifestants, comme Pierre Laurent et Olivier Besançenot. »Ce qui s’est passé le 5 octobre, c’était un cri de colère, pas un lynchage« , a déclaré Marc Hoquet, mécanicien à Orly et délégué Sud.