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Débat européennes : un spectacle affligeant

Débat européennes : un spectacle affligeant

 

Le spectacle affligeant offert par les têtes de liste aux élections européennes, ce lundi sur BFM TV, illustre le grand n’importe quoi de ce début de campagne et la déconnexion croissante entre les citoyens et les politiques, estime l’historien Maxime Tandonnet dans le Figaro.

Maxime Tandonnet est essayiste et historien. Il a notamment publié André Tardieu. L’incompris (Perrin, 2019), qui vient d’être réédité dans la collection «Tempus» (poche). 

500.000 : c’est l’audimat moyen du débat collectif du 27 mai sur BFMTV, dans le cadre de la campagne des élections européennes ; soit, environ, un électeur français inscrit sur 100. Et combien de téléspectateurs ont-ils tenu trois heures et dix minutes devant un spectacle aux accents de cour de récréation, à l’image de Raphaël Glucksmann demandant à la candidate Insoumise de «lui lâcher les baskets» ? C’est dire si les échanges entre les huit têtes de liste ne peuvent avoir qu’une influence marginale sur les sondages et sur le résultat du scrutin. D’ailleurs, ce débat se présentait comme un fidèle reflet d’une vie politique française dominée par la déconnexion envers le pays profond.

 

En effet, dans un climat de défiance populaire envers le monde politique, se déchaîner collectivement sur un gibier de potence, au point de le placer en position de paria, revient à lui offrir un avantage inespéré. Le président du Rassemblement national ne propose rien de plus que les autres qui soit de nature à lui valoir une telle réussite sondagière. Cependant, une partie de l’écœurement populaire s’identifie à son image. Sur elle se cristallise, par un effet de psychologie des foules, la réaction d’une frange importante de la France profonde au sentiment de déclassement et de mépris envers elle de la classe dirigeante.

 

Plus ils cognent sur le RN, plus ils le font monter. Le débat précédent, entre Gabriel Attal et Jordan Bardella, a une fois de plus illustré ce phénomène. Donné perdant (sinon écrasé) par la plupart des experts et «politistes», le président du Rassemblement national était considéré comme plutôt gagnant par l’opinion publique, selon divers sondages. Que les responsables politiques ne voient pas ce phénomène d’identification populaire au paria est un signe patent de déconnexion ou d’aveuglement. Car ces élections du Parlement européen constituent avant tout un défouloir. Elles rejouent en 2024, dans les urnes, la crise des gilets jaunes. La force de la liste RN ne tient pas un projet ni à des idées (lesquelles?), ni aux personnalités qui l’animent. Sa force tient à son statut de pestiféré qui lui permet d’incarner, mieux que les autres, le rejet populaire du pouvoir actuel.

 

Ce contexte explique aussi le naufrage de Valérie Hayer, qui n’est sûrement pas moins compétente que la moyenne des autres candidats. Elle se trouve à contre-courant d’un puissant mouvement populaire d’hostilité envers le pouvoir en place et les hommes qui l’incarnent. Déstabilisée quand l’un des animateurs a sollicité son avis sur la guerre entre la Russie et l’Ukraine, elle s’est contentée de répondre «je ne suis pas experte de ce sujet». Cette réponse quasi suicidaire est révélatrice d’un profond malaise, sans doute amplifié par l’initiative sans succès de Gabriel Attal se substituant à elle pour débattre contre Jordan Bardella ou les déclarations transgressives d’un chef de l’État – en principe au-dessus de la mêlée politicienne en tant que président de tous les Français – désireux de descendre dans l’arène et d’en découdre à sa place contre le RN.

Dans ce contexte, les approximations et les absurdités se perdaient dans la tourmente, à l’image de cette candidate proposant une nationalisation européenne de la compagnie Total. Mais en outre, les velléités d’élever le débat en parlant du fond des dossiers ne suffisent pas à modifier le cours d’un fleuve en colère. François-Xavier Bellamy, une fois encore, a montré – sans invective ni attaque personnelle – sa maîtrise des questions européennes, par exemple sur le pacte européen pour l’immigration ou l’interdiction des véhicules thermiques. Quelques jours auparavant, il avait crevé l’écran en suscitant un large consensus autour de lui par sa dénonciation vigoureuse du débat entre Gabriel Attal et Jordan Bardella, jugé antidémocratique (dès lors que privilégiant un seul candidat). Or, les sondages n’enregistrent guère d’effet de son excellente campagne comme de son coup d’éclat. L’actuelle malédiction qui frappe l’étiquette «droite Les Républicains» est la clé de ce paradoxe. Elle tient largement au soupçon populaire de connivence avec la majorité au pouvoir, résultat des positions prises par ce parti, notamment pendant la crise sanitaire et sur la réforme des retraites.

Alors, les élections européennes 2024, comme défouloirs, seront vite oubliées, notamment quand viendront les municipales deux ans plus tard. Toutefois, les responsables politiques de tout bord, et plus particulièrement de la droite LR, pourraient en tirer quelques leçons essentielles pour l’avenir de leur courant politique.

Cop 28: Surtout du spectacle ?

Cop 28: Surtout du spectacle ?


Le 30 novembre marque le début de la COP28, une nouvelle saison de négociations climatiques mondiales. Malgré l’attention médiatique croissante sur ce rendez-vous annuel, une question persiste : l’effervescence réussira-t-elle à convaincre les pays de mettre en place des actions significatives pour protéger le climat ? Ou la montagne va-t-elle encore accoucher d’une souris ? Les COP, ou conférences des parties, ont joué un rôle essentiel en réunissant tous les pays du monde à s’engager dans l’objectif crucial de limiter le dérèglement climatique. Elles sont fondées sur la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 1992, et chaque année ouvre un cycle de négociations où les pays sont censés faire le bilan des actions entreprises et décider des actions à venir.

par Luis Rivera-Vélez
Postdoctoral research fellow at University of Lausanne and research associate at the Center for International Studies CERI, Sciences Po dans Thr Conversation

C’est lors de la COP21 en 2015 que l’accord de Paris a été trouvé, engageant tous les pays, pour la première fois, à limiter le réchauffement de la planète à un niveau « nettement inférieur » à 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et à poursuivre les « efforts pour le limiter » à 1,5 °C.

Cependant, l’espoir suscité par l’accord de Paris est aujourd’hui terni par un contexte extrêmement pessimiste entourant la COP28, convoquée à Dubaï jusqu’au 12 décembre 2023.

Trois séries de faiblesses émergent, concernant respectivement les acteurs présents à la table des négociations, les sujets débattus, et enfin le calendrier de la réunion.

Malgré les quelque 70 000 participants attendus à la COP28, deux acteurs majeurs manquent à l’appel : les présidents américain, Joe Biden, et chinois, Xi Jinping, qui ont conclu un accord sur les investissements en énergies renouvelables quelques semaines avant la COP28. Leur absence jette une ombre sur l’ambition des deux plus grands émetteurs mondiaux, qui représentent à eux seuls 38 % des émissions.

Selon la littérature scientifique, ces pays, ainsi que l’Union européenne, sont perçus comme des leaders des négociations climatiques. Or, cette année, les principaux pays font profil bas et même l’Union européenne sera représentée par un commissaire néerlandais conservateur, Wopke Hoekstra, ayant un passé peu proche de l’ambition climatique.

Du côté de l’ambition, ce sont le pape, le roi Charles III du Royaume-Uni et le secrétaire général des Nations unies qui vont donner le « la » des actions à entreprendre. Les questions éthiques ont aussi permis à Greta Thunberg de mobiliser la jeunesse en masse pour lui donner voix à la table des négociations.

Mais sur la question climatique, la moralité a montré ses limites : aucun de ces acteurs n’a un pouvoir réel de décision, et si leur présence donne de la visibilité à la négociation, leur pouvoir n’est que d’ordre moral.

Quelques semaines avant la COP28, le roi Charles III a été obligé d’annoncer au parlement britannique le programme du gouvernement qui prétend donner de nouvelles licences de forage pétrolier et gazier en mer du Nord. Alors que le roi se présente comme un fervent défenseur du climat, ces mesures sont en opposition directe avec la limite de 1,5 °C qu’il faudrait respecter pour éviter des dégâts majeurs. Autrement dit, les beaux discours ne suffisent pas à sauver la planète.

Plusieurs évaluations de l’ONU – comme l’édition 2023 de l’Emissions Gap Report du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), ou même les engagements actuels pris par les États dans le cadre de l’accord de Paris – ont montré que les engagements actuels nous placent sur une trajectoire d’augmentation des températures comprise entre 2,5 et 2,9 °C, bien au-delà des objectifs fixés par l’accord de Paris.

Or, le président de la COP, le Sultan Al-Jaber, est en proie à des conflits d’intérêts majeurs en ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Alors qu’il est censé guider la rédaction des décisions de la négociation d’une manière neutre et indépendante, Al-Jaber représente aussi le pays hôte, les Émirats arabes unis, en tant que CEO de la compagnie pétrolière nationale, Adnoc.

Plusieurs enquêtes ont d’ailleurs montré que les Émirats envisagent d’augmenter les exploitations de pétrole et de gaz, et que des tractations commerciales ont même lieu pendant les réunions prévues pour la COP.

Selon des documents confidentiels obtenus par le Centre for Climate Reporting, les Émirats arabes unis ont ainsi préparé des réunions d’affaires privées impliquant Adnoc avec les délégations de plus de 27 gouvernements étrangers avant le sommet.

D’autres sujets seront aussi discutés. Les risques du dérèglement climatique sur la santé et l’alimentation feront l’objet d’une attention particulière dans le programme, mais comme c’est la première fois que ces sujets sont débattus, aucune décision importante n’est attendue.

Les négociations sur les marchés carbone, permettant aux pollueurs d’acheter des crédits verts censés compenser leurs émissions, seront entachées par le scandale, ayant mené à la surestimation des émissions évitées calculées dans le cadre des certificats de compensation carbone.

Enfin, le sujet de l’adaptation des communautés aux effets du dérèglement climatique a laissé la place à des sujets tout aussi importants, mais plus pessimistes comme la question du financement des « pertes et dommages ». Alors que l’adaptation cherche à anticiper les problèmes en se préparant à un monde plus chaud, le fond des pertes et dommages acte le fait que quelqu’un doit payer les pots cassés du changement climatique.

Mais qui paie quoi ? Depuis les négociations de l’année dernière en Égypte, la question des responsabilités n’est toujours pas tranchée. Aujourd’hui premier pollueur mondial, la Chine ne veut pas financer la reconstruction des pays les plus pauvres, et reste considérée comme un pays « en développement » par l’ONU.

De même, lors des négociations, les pays riches ne font aucune concession sur l’activation du fonds en cas de nécessité, les objectifs financiers à terme, ou même les échéances de mise en route…

L’étude des négociations climatiques montre que les tactiques de blocage sont nombreuses. Elles cherchent à limiter la portée des décisions en rendant le langage ambigu, en réduisant la transparence des processus de décision et en proposant des solutions non opérationnalisables. Tout se passe comme si l’argent pour financer l’action climatique était toujours plus cher que celui pour financer les nouvelles exploitations de pétrole et de gaz.

Enfin, la question du calendrier importe beaucoup dans les négociations climatiques. Une étude de l’histoire récente des négociations climatiques a montré que les meilleures décisions sont prises quand il existe une convergence des attentes de la part des différents acteurs. Or, la guerre en Ukraine, le conflit israélo-palestinien, et même les problèmes économiques mondiaux accaparent actuellement l’attention et l’intérêt du monde, en dépit du climat.

En même temps, le pouvoir des figures de l’action climatique est limité. Depuis sa prise de poste en 2017, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, fait tout pour garder le sujet à l’agenda, en visitant, par exemple, les lieux les plus touchés par le dérèglement climatique. Après avoir visité les îles du Pacifique en 2019, Guterres a visité l’Antarctique quelques jours avant le début de la COP28 afin de mettre en lumière l’effondrement de la banquise.

Mais le pouvoir du chef de l’ONU se limite à donner une vitrine aux acteurs ambitieux, sans blâmer les inactifs ni sanctionner les pollueurs. Le paradoxe de ce type de démarche est que, à l’instar de ce qui s’est passé lors du Sommet de l’ambition climatique de 2023, le monde prend conscience des solutions à mettre en œuvre, mais personne ne prend la responsabilité d’agir.

En somme, l’ambition climatique a besoin de pouvoir, de ressources, et de l’attention des populations. On peut garder le sujet à l’agenda, mais le vrai pouvoir revient aux États qui prennent les décisions.

Comme le résument bien des experts des négociations climatiques à l’ONU, les COP sont désormais plus des « spectacles » qu’une véritable orchestration de bonnes résolutions. Comme le montre bien l’exemple des négociations bilatérales entre les États-Unis et la Chine, les grandes décisions se prennent de plus en plus en coulisses, en dehors des arènes onusiennes. Or, la gouvernance mondiale du climat risque de perdre de son importance, si elle ne parvient pas à résoudre les problèmes mondiaux.

Réforme des retraites et assemblée : un « spectacle honteux » (Laurent Berger , CFDT))

Réforme des retraites et assemblée : un « spectacle honteux » (Laurent Berger , CFDT))

« Le spectacle qui est donné à l’Assemblée nationale est indigne, honteux », a ainsi lancé Laurent Berger ( CFDT), lors d’un entretien sur Europe 1 ce lundi 20 février.

Le secrétaire général de la CFDT a assuré que « la grève du 7 mars ne sera pas une prolongation du bordel qui s’est passé à l’Assemblée nationale, dans les rues ». « Le 7 mars, c’est la poursuite du mouvement syndical orchestré depuis la première manifestation, le 19 janvier dernier », a-t-il ajouté.

« Il fallait aller à l’article 7 », a estimé Laurent Berger ce lundi, considérant qu’il y a un « double problème ». « Premièrement, c’est que le délai est trop contraint. Et deuxièmement, c’est le comportement de certains députés, notamment de LFI, qui ont considéré que l’obstruction était plus bénéfique, contre l’avis des organisations syndicales, que d’aller jusqu’à l’article 7 », a-t-il précisé. La veille, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, avait déjà reproché à LFI de vouloir « s’approprier le mouvement social pour faire passer les syndicats au second plan », lors d’un entretien sur BFMTV.

Spectacle vivant, théâtre etc. : sans spectateurs et bientôt sans artistes ?

Spectacle vivant, théâtre etc. : sans  spectateurs et bientôt sans artistes ?

Il  y a évidemment une énorme frustration dans le milieu artistique avec l’interdiction notamment du spectacle vivant. Du coup , nombre d’initiatives sont prises pour présenter des spectacles vivants retransmis à la télévision. Bref sans la participation de ce qui fait le sel et l’intérêt du spectacle vivant.

Sans spectateurs, la prestation artistique même appliquée n’est en fait une sorte de répétition auquel il manque l’essentiel à savoir l’interaction public- scène, cette espèce de communion, de sublimation voire de  catharsis .

 L’enregistrement et la diffusion même en direct reste  du spectacle en conserve. Certains pensent qu’il s’agit pourtant d’une forme d’expression nouvelle. Un spectacle vivant mais sans spectateurs et sans doute demain sans salle de spectacle ou de théâtre

 Pourquoi pas aussi un spectacle totalement virtuel qui permettrait d’économiser en plus les coûts de gestion et le paiement des comédiens et autres artistes. Le spectacle virtuel que permet sans doute le progrès numérique mais une sorte de spectacle artificiel voir congelé.

«La politique : un spectacle 2.0»

«La politique : un spectacle 2.0»

 

François Médéline, enseignant-chercheur,  décrypte la communication des politiques dans une interview au Figaro

 

 

Votre livre, c’est assez original pour être souligné, s’ouvre sur un tweet… de Donald Trump! Ce n’est certainement pas innocent quant au regard que vous portez sur la vie politique aujourd’hui?

François MÉDÉLINE.- La vie politique n’est que le miroir du fonctionnement actuel du monde. Nous vivons dans la société du spectacle 2.0, ce moment singulier de l’histoire et de la civilisation où ce que nous appelions le «réel» a perdu pied face à ce que nous appelions le «virtuel». Le réel ne peut pas suivre la rapidité de création et diffusion de ce que nous appelions «informations» et que nous nommons aujourd’hui «data», ces données de plus en plus nombreuses qui circulent à la vitesse de la lumière. Dans ce bruit incessant de data, seules les informations transgressives et violentes émergent. Voilà pourquoi j’ai ouvert Tuer Jupiter sur un tweet de Donald Trump: «Make freedom great again» pour honorer la mort d’Emmanuel Macron. Les vieux couples philosophiques ne fonctionnent plus pour comprendre le monde actuel. Les concepts de «vrai» et de «faux», de «réel» et de «virtuel» ne sont plus adaptés. Et d’ailleurs, avec ces concepts, on imagine que Trump est un accident de l’histoire. Or, c’est exactement l’inverse. Trump est tout à fait adapté aux médias bouillants actuels. Quand il déclare qu’il est tombé amoureux de Kim Jung Un ou que si Ivanka n’était pas sa fille, il coucherait avec elle, cela paraît grotesque, stupide et irrationnel. Mais c’est en fait grotesque, stupide et irrationnel de le penser: les data que Trump produit sont plus adaptées à Twitter et à Facebook que n’importe quelles data au monde. Elles sont si efficaces qu’elles créent à chaque fois «le buzz». Je regarde ce phénomène avec humilité car nous sommes confrontés à une révolution qui nous dépasse, une révolution technologique qui sape toutes les organisations pyramidales de pouvoir et menace même la démocratie représentative. Les politiques doivent être violents et transgressifs s’ils veulent exister.

Le storytelling est consubstantiel de la démocratie représentative.

La rationalité et le débat idéologique ne sont absolument pas adaptés à ce nouveau monde. Dans notre pays, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron sont les seuls femmes et hommes politiques à s’être adaptés à ce nouveau système. Plus récemment, Laurent Wauquiez fait parler de lui grâce à une idée à la Trump toutes les trois semaines parce qu’il a tiré les leçons du trumpisme et s’essaie à l’exercice. Si j’ai ouvert mon livre sur un tweet, c’est pour rendre compte de la singularité de notre monde, j’ai mobilisé les matériaux de l’époque même si j’ai conscience qu’il est plus facile de «faire beau», littérairement parlant, avec les matériaux utilisés par Maupassant. Tuer Jupiter, comme l’a dit un critique littéraire, c’est la «Fake News élevée au rang de littérature» dans un monde qui n’a plus le temps d’identifier ce qui est vrai et ce qui est faux.

De manière plus générale, on sent au fil des pages que vous accordez à la communication politique une grande attention. Trouvez-vous que celle-ci est en quelque sorte polluée par des artifices de communication?

 

Le storytelling est consubstantiel de la démocratie représentative. On raconte toujours une histoire à ses électeurs. Charles de Gaulle a raconté celle d’un Général qui a sauvé le pays de l’humiliation, Valérie Giscard d’Estaing a en quelque sorte piqué «la nouvelle société» à Jacques Chaban-Delmas, François Mitterrand a inventé la revanche de la vraie gauche, lui, le catholique conservateur… Et donc Emmanuel Macron a vendu aux Français, dès le premier jour de sa campagne, l’image d’un John Fitzgerald Kennedy à la française, allant jusqu’à mettre en scène un couple glamour, bien que post-modern, Brigitte Macron n’étant pas Jacky Kennedy même si elle a un fort potentiel d’élégance. Son discours était le suivant: «Je vais vraiment changer le réel, ce qu’ont oublié de faire mes prédécesseurs, car je vais agir différemment».

 

Emmanuel Macron a vendu aux Français l’image d’un Kennedy à la française.

Cette histoire a été construite avec ses équipes, en particulier avec celui qui est le show-runner du roman national depuis le départ, Ismaël Emelien. Les artifices actuels utilisés dans sa stratégie de communication sont simplement adaptés aux médias actuels. Faire une référence à Jean Jaurès dans un discours est aujourd’hui moins utile que de «savoir être cool». Les photos de Barack Obama avec Michèle étaient glamour, Obama était «cool» en cuistot à burgers. Et Emmanuel Macron a fait des vidéos où il retournait des bouteilles d’eau minérale sur une table avec une seule main. Ce type d’images crée des fans et des followers. Les leaders politiques, si l’on file la métaphore religieuse, n’ont plus vraiment besoin de clergé. Qu’on les considère comme des gourous ou des prophètes, ils ont les moyens, dans la société du spectacle 2.0, d’avoir un rapport direct à leurs fidèles, aux adeptes. Les vidéos de Marine Le Pen peuvent être visionnées 700 000 fois sur Facebook. Les Insoumis écoutent le prêche sur la chaîne Youtube du Lider Maximo. La vidéo «qu’ils viennent me chercher» d’Emmanuel Macron sur l’affaire Benalla devant la majorité présidentielle est mille fois plus efficace qu’une des allocutions dont nous a abreuvés François Hollande. En Inde, Narendra Modi, premier ministre, ne parle plus aux journalistes: plus de conférences de presse. Il s’adresse exclusivement à ses followers et à ses fans via Twitter et Facebook. Les facilités de création de data sont immenses, leur diffusion instantanée, les politiques ont un éventail de choix très large. Le seul problème, si l’on tient à la démocratie représentative, qui est dans l’idéal une agora pour du débat de fond, c’est que les citoyens, déjà par essence assez passifs dans ce système politique, ont perdu face à ces nouvelles technologies le contrôle de leur système nerveux central et même de leur système hormonal (on sait qu’un «like» Facebook fait secréter quand on le reçoit de la dopamine, l’hormone du plaisir). C’est ce dont j’ai essayé de rendre compte dans Tuer Jupiter. Et j’ai repris les codes du thriller politique pour qu’il y ait un fort suspense. Car le suspense rend lui aussi addictif.

Vos personnages, dont on ne peut pas dire que «toute ressemblance avec la réalité serait fortuite», semblent obsédés davantage par le pouvoir que par l’utilité publique de leur action. Est-ce ce que vous ressentez?

Mes personnages sont tous fictifs. J’ai choisi d’appeler le personnage principal, qui est président de la République, Emmanuel Macron, de lui faire porter deux alliances. Il dit souvent «en même temps» et a les dents du bonheur. Mais c’est un personnage fictif car il meurt le 11 novembre: il est empoisonné, des chocolats fourrés à la strychnine, la mort-aux-rats. Le président Emmanuel Macron ne va pas mourir. Mes personnages renvoient effectivement à des personnages dits «réels» mais ces personnalités sont tout à fait fictives elles aussi. Trump, Poutine, Macron, Philippe: tous les politiques sont des acteurs qui jouent le rôle de leur vie, selon un scenario qu’ils ont écrit avec leurs équipes. Ils ne sont pas vrais. Ils sont faux. C’est pour cette raison que j’ai choisi de présenter mes personnages dans leur intimité, car on ne voit jamais les coulisses de la mise en scène politique. Ce livre est donc assez irrévérencieux et désacralise les personnages politiques que nous connaissons tous. La tradition littéraire française sait rire des puissants qui nous gouvernent, Molière en est l’exemple le plus célèbre.

Les élus sont des «animaux à sang chaud».

Pour répondre précisément à votre question, pour avoir travaillé durant dix ans auprès d’élus, je peux vous certifier que ce sont des animaux à sang chaud, avec un cerveau reptilien plus développé que le nôtre. Le ressort principal de la décision politique n’est pas l’idéologie. Ce ne sont pas les textes de lois non plus. Les décisions politiques sont prises avant tout pour gagner les élections suivantes, et en fonction des relations interpersonnelles qui lient ces personnes entre elles, car elles sont tout aussi humaines que nous. La politique, c’est d’abord de la chair. La lecture de Milton Friedman ou de Karl Marx et la constitution de la 5ème République ont moins d’importance que les rapports entre les personnes. On ne peut comprendre la démission de Gérard Collomb si l’on ne considère par sa personnalité revancharde, humiliée toute sa vie. On ne comprend pas la vie politique française de 1993 à 2007 si l’on n’analyse pas l’inimitié entre Jacques Chirac et Édouard Balladur. Et on ne comprend pas mieux l’élection de 2017 si on ne connaît pas la détestation Sarkozy/Fillon. Je veux bien croire que les fuites sur Pénélope Fillon viennent de l’Élysée ou de Bercy, mais les vestes de Robert Bourgi, ça ne vient pas de là. Tout le monde sait qui est allé mettre le coup de grâce à celui qui devait gagner la Présidentielle en faisant 35% dès le premier tour. Et c’est dans ces conditions qu’Emmanuel Macron a pu réaliser le casse politique du siècle, prendre un pays en six mois quand ses prédécesseurs devaient y consacrer leur vie…

Comment redonner aux Français une confiance dans la vie politique? Votre livre ne va peut-être pas y contribuer…

Je vais vous paraître assez radical mais les citoyens se contentent assez bien de leur passivité. Ils vont voter pour un Président, car ils ne l’ont jamais fait pour une Présidente, ils espèrent même parfois pour une partie d’entre eux, et puis la déception point en général en une petite année. Ce fut le cas pour Sarkozy. Hollande s’est arrangé tout seul beaucoup plus rapidement en montant sur la banquette arrière d’une voiture pour remonter les Champs Élysées, en sortant la tête par le toit ouvrant sous la pluie alors qu’il avait construit son succès sur l’image d’un «président normal» durant toute une campagne. Le quinquennat Macron commence à terriblement souffrir. Les récits ne sont pas adaptés à la structure actuelle de la diffusion de l’information. Un récit ne peut plus durer cinq ans, surtout si les résultats ne sont pas là. Le réceptacle 2.0 est trop puissant, tout le monde peut hurler 24h sur 24 sur Facebook ou Twitter, la puissance de frappe est immense, le premier accroc

Le quinquennat Macron commence à terriblement souffrir.

devient vite difficile à gérer. On n’attend plus que les cavaliers ou les journaux délivrent les nouvelles avec des filtres et on ne remplit plus les cahiers de doléance durant des semaines. La démocratie représentative n’est plus adaptée au monde 2.0 et elle va être submergée. Mon conseil pour redonner espoir, c’est de lire et d’être fraternel. Parce que pour que le monde 2.0 accouche d’une solution positive, il faut un niveau éducatif de masse exceptionnellement élevé. Le modèle de l’élite éduquée ne peut pas résister face à une mode d’expression finalement assez égalitaire. Il n’y a pas de permis d’expression 2.0. Et comme le dit Umberto Eco, des gens qui n’auraient pas été légitimes pour avoir la parole l’ont aujourd’hui, cette parole, et le concept de légitimité n’est plus adapté pour le comprendre. Mais je ne suis pas nostalgique. A l’époque de l’ORTF, le directeur de cabinet du Général dictait les titres au présentateur du 20h…

Vous avez «panthéonisé» Emmanuel Macron! Est-ce prémonitoire? Qu’est-ce que l’histoire retiendra de lui?

J’espère que ce n’est pas prémonitoire sinon le Président va être empoisonné le 11 novembre et être panthéonisé à la date très napoléonienne du 2 décembre! Plus sérieusement, qu’est-ce que l’histoire retiendra de Chirac, de Sarkozy, de Hollande? Le discours de Villepin à l’ONU et la non-intervention en Irak? Le mariage pour tous? Ce monde n’a que deux minutes d’existence. Il n’a plus vraiment de mémoire, en tout cas positive. L’histoire retiendra peut-être qu’il fut le plus jeune président de la République élu. Et si Marion Maréchal Le Pen est élue en 2022, l’histoire lui rappellera qu’il aurait peut-être dû parler à ceux qu’on appelle par un raccourci intellectuel et de façon un peu lyrique «les vaincus de la mondialisation». Parce qu’il y a des petits retraités, des chômeurs, des ruraux qui roulent au diesel, des classes moyennes et populaires dans les périphéries, des Français avec des prénoms arabes ou africains. Et tous ces gens n’en ont que faire des premiers de cordée.

Dieudonné bientôt expulsé de sa salle de spectacle

Dieudonné bientôt expulsé de sa salle de spectacle

Le polémiste Dieudonné, qui pourrait prochainement être expulsé de son théâtre parisien de la Main d’Or, a été mis à la porte d’une autre salle à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), dans laquelle il comptait jouer ses spectacles, a-t-on appris samedi auprès du propriétaire des lieux.  »Mon client a dénoncé le bail en faisant état d’un vice du consentement », a affirmé à l’AFP Me Odile Cohen, l’avocate du propriétaire, confirmant une information du journal Le Monde. La société de Dieudonné, Les Productions de la Plume, avait signé le 8 septembre un bail de courte durée avec la SARL des Ateliers Christofle, filiale du groupe Madar, pour une salle de 1.500 m2, où devaient se jouer des spectacles. Seul le nom de la compagne de Dieudonné, Noémie Montagne, est cité dans le document, dont l’AFP a obtenu copie.  »On leur reproche de nous avoir trompés. (…) Mon client ne savait pas que c’était Dieudonné qui allait faire des spectacles », a déclaré Me Cohen. Selon elle, il n’en aurait été averti que jeudi, par l’intermédiaire du gardien des lieux. « Quand on l’a appris, on a voulu se protéger pour des raisons de sécurité, car il y a un risque de trouble à l’ordre public, et pour assurer la tranquillité des riverains », a indiqué l’avocate.  »Nous refusons de favoriser une entreprise de spectacles qui sème la haine et entretient la division entre les membres de la communauté nationale », a ajouté le propriétaire dans un communiqué.  Me François Dangléhant, l’un des avocats du polémiste controversé, a déclaré à l’AFP qu’il comptait porter l’affaire devant les tribunaux.  »Nous avons fait constater par huissier qu’ils ont muré les entrées et installé trois vigiles avec des chiens », a-t-il indiqué.  »C’est Noémie Montagne (…) qui est venue en personne les voir et signer le contrat. Tout le monde sait de qui il s’agit, il suffit de taper son nom sur Internet pour savoir que c’est la compagne de Dieudonné », a-t-il expliqué. Le polémiste est à la recherche d’une salle car il pourrait se faire expulser du théâtre de la Main d’Or, à Paris, où il se produit depuis 15 ans. La justice se prononcera le 29 septembre sur cette expulsion, demandée par les propriétaires, qui font valoir que le bail en cours est au nom de la société Bonnie Productions, mais que l’exploitation relève des Productions de la Plume, Bonnie Productions ayant même un temps été radiée du registre du commerce pour cessation d’activité. Dieudonné M’bala M’bala a été condamné à plusieurs reprises pour diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination raciale.

 

FN : « Un spectacle consternant » (Sarkozy)

FN  : « Un  spectacle consternant » (Sarkozy)

Sarkozy s’attaque au FN dans uen interview au JDD

Quel est votre objectif pour les élections régionales de décembre?
Mon objectif, c’est la victoire aux régionales pour avoir une deuxième étape concrète vers l’alternance. Il faut en finir avec le contrôle de la quasi-totalité des régions par le PS. Le résultat de leur gestion est tout aussi édifiant que celui du pouvoir en place au niveau national. Mon objectif, c’est également que le nord et le sud de la France ne soient pas dirigés par le clan Le Pen : père, fille, petite-fille. Je ne veux pas que le pays se réveille avec le Sud à la petite-fille et le Nord à la fille. La France mérite mieux que d’être dirigée par un clan. Le spectacle qui nous est donné par le FN est consternant. Quand je pense que Madame Le Pen se gobergeait de son élection à la tête du FN à 100% et de l’unité de son parti! Mais elle n’était pas si mal avec son père hier lorsqu’il s’agissait de reprendre la petite boutique familiale. Et le père n’était si pas mécontent de la fille lorsqu’il s’agissait de développer la petite entreprise! Voici comment se terminent les luttes claniques.

Quel est l’état de vos relations avec Alain Juppé?
Nous nous connaissons depuis que j’ai 20 ans C’est un homme pour qui j’ai beaucoup de considération et d’amitié. Nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais nous n’allons pas nous fâcher parce que je suis contre les salles de shoot et qu’il est pour. Nous n’allons pas nous fâcher parce qu’il n’est pas choqué par le port du voile à l’université alors que je pense qu’il faut se prémunir contre son développement. Nous avons des responsabilités tous les deux, nous les assumerons ensemble. C’est notre devoir et notre volonté commune.

Et avec François Fillon?
Je l’ai nommé Premier ministre. Nous avons été capables pendant cinq ans de gouverner la France ensemble, et nous ne serions pas capables pendant deux ans de mettre de côté des malentendus ou des oppositions lorsque le destin du pays est en cause? Comment pourrais-je dire à chacun de faire un effort d’unité si je n’étais pas capable moi-même de passer au-dessus de cela? Donc nous nous parlons et, grâce à cela, nous apaisons. Je vous le dis : rien ni personne ne doit faire obstacle au rassemblement.

 

Intermittents du spectacle : Valls lâche du mou

Intermittents du spectacle : Valls lâche du mou

 

Valls aime bien adopter une posture  Clémenceau d’opérette et se montrer en homme de conviction et d’autorité. Cependant face aux difficultés, il sait comme Hollande louvoyer. Ce qu’il  va faire sans doute aujourd’hui vis-à-vis du régime d’indemnisation chômage des intermittents.  En fait il ne faut pas compter sur le Medef et les syndicats pour changer leurs positions quand à l’évolution de la convention de l’Unedic (les intermittents représentant un quart du déficit). Du coup il est probable que c’est l’Etat lui-même qui prendra au moins en partie ce qui n’est plus financé par l’UNEDIC  pour les intermittents. Un financement qui ne serait que provisoire (sans doute pour couvrir la période jusqu’en 2017).  Au printemps 2014, les partenaires sociaux gestionnaires de l’Unedic, Medef en tête, ont adopté une nouvelle convention réduisant les avantages dont bénéficient les 110.000 intermittents en cas de chômage. Ils ont en particulier décidé d’allonger le « délai de carence », c’est-à-dire la période non indemnisée avant le début d’une nouvelle période de chômage. La nouvelle convention a également prévu de ramener de 12 à 10 mois la période durant laquelle il faut travailler au moins 507 heures pour être indemnisé.  Les partenaires sociaux ont ainsi voulu limiter les abus et combler en partie le déficit d’un milliard d’euros par an du régime chômage des intermittents, soit le quart du déficit total de l’Unedic, alors qu’ils ne représentent  que 5% des inscrits à Pôle emploi, selon la Cour des comptes.  Malgré le tollé suscité chez les intermittents, le gouvernement a pourtant agréé cette nouvelle convention chômage mais en faisant un geste. Le 19 juillet dernier, Manuel Valls a ainsi annoncé que l’Etat prendrait en charge « de manière transitoire », en fait jusqu’à la mi-2016, l’indemnisation de cette période de carence.  Un geste à 90 millions d’euros en année pleine pour le contribuable. Pour 2014, la convention étant entrée en application au 1er juillet, le coût de cette largesse devrait tout de même dépasser 20 millions d’euros. C’est finalement l’Etat qui pourrait donc une nouvelle fois mettre la main à la poche au nom de la politique culturelle. 

Intermittents du spectacle: indemnisations chômage plafonnées

Intermittents du spectacle: indemnisations  chômage plafonnées

Le texte, qui concerne les règles d’indemnisation de l’ensemble des chômeurs, prévoit plusieurs mesures touchant les intermittents les mieux indemnisés. Le cumul entre allocations versées et salaires sera désormais plafonné à 5.475,75 euros bruts par mois, et un nouveau différé d’indemnisation est mis en place. Le projet d’accord prévoit également une augmentation des cotisations des salariés et des employeurs du secteur par rapport aux taux appliqué actuellement. Les signataires demandent enfin à l’Etat d’ouvrir des négociations avant la fin 2014 sur « les moyens de lutter contre la précarité » dans le secteur, « notamment en favorisant le recours au CDI, ainsi que sur la liste des emplois concernés » par le régime de l’intermittence. Cette concertation inclura les représentants des salariés et des employeurs du spectacle et de l’audiovisuel, qui ne sont pas tous sur la ligne du Medef, précise le texte.  « Comme un effort était demandé aux demandeurs d’emplois, l’idée était que cet effort soit partagé » par les intermittents, a indiqué la négociatrice de la CFDT, Véronique Descacq. Selon elles, ces mesures représenteraient 165 millions d’euros entre économies et nouvelles recettes. Dans un communiqué, le Medef s’est félicité d’un « début de refonte du régime des intermittents pour aller vers plus d’équité entre les différents demandeurs d’emplois ». Le vice-président du Medef, Jean-François Pilliard a indiqué ne pas encore « avoir de réponse » du gouvernement concernant la demande d’ouverture d’une concertation. « Le Medef veut absolument pouvoir dire ‘j’ai tapé sur les intermittents’ », a de son côté estimé Denis Gravouil, le secrétaire général de la CGT-Spectacle. « C’est scandaleux qu’on ne mette [dans le projet] que des mesures d’économies et qu’on refuse d’écouter notre proposition de discussions globales. On continue à rendre le système inéquitable, alors qu’on aurait pu discuter du sujet de façon dépassionnée », a-t-il regretté. Des syndicats de salariés, mais aussi d’employeurs du spectacle, avaient élaboré une plateforme commune de propositions et souhaitaient une remise à plat complète du régime. Le plafonnement du cumul allocations/salaires pour les intermittents les mieux indemnisés faisaient partie de leurs propositions. Mais dans leur plateforme, cette mesure était contrebalancée par un assouplissement des critères d’entrée dans l’indemnisation (actuellement 507 heures travaillées sur 10 mois). Le Medef était entré dans les négociations avec la proposition choc de supprimer le régime spécifique des intermittents, et de les réintégrer dans le régime général, moins favorable. Cette idée avait provoqué une forte mobilisation des intermittents, qui ont multiplié manifestations et occupations de lieux symboliques au cours des dernières semaines.

 

Indemnisation Chômage intermittents du spectacle : des abus ?

Indemnisation Chômage intermittents du spectacle : des abus ?

 

300 millions d’euros, c’est l’économie qui serait réalisée si les intermittents étaient soumis aux mêmes règles d’indemnisation que les autres salariés. Aujourd’hui, un intermittent – c’est à dire en principe un artiste ou un technicien, dans le spectacle ou l’audiovisuel – qui travaille quatre mois peut être indemnisé pendant le double, c’est à dire huit mois. Un salarié « lambda » qui travaille quatre mois sera, lui, indemnisé uniquement pendant quatre mois. C’est ce qui ressort de plusieurs rapports de la Cour des comptes et c’est donc aussi ce que dit le Medef. Jean-François Pilliard, négociateur de l’organisation patronale, confirme sur France Info qu’il entend bien relancer le débat : « Est-il légitime qu’une catégorie de salariés bénéficie de différences très importantes avec le droit commun ? Admettre de telles disparités nous paraît très discutable« . D’où la proposition du Medef de faire payer la différence de coût par l’Etat, ou tout simplement de supprimer ces règles spécifiques pour les intermittents. Il s’agit des patrons du secteur culturel, qui ne sont pas représentés par le Medef, et qui l’accusent de faire preuve d’une « ignorance crasse« , mais également de Laurence Parisot, ex-patronne des patrons, qui a pris soin cette semaine de dégommer l’idée de ses successeurs : « L’artiste n’est pas quelqu’un qui travaille comme les autres. On ne peut pas quantifier son travail comme celui des autres métiers. Il faut intégrer cette spécificité, c’est l’intérêt de notre économie. Bien souvent quand vous êtes un dirigeant chinois, si vous avez envie de discuter d’un prochain Airbus à acheter, c’est aussi parce que vous avez été admiratif de la culture française». Chacun s’accorde à dire qu’il y a des abus, même s’ils sont difficiles à quantifier. D’après la Cour des comptes qui parle de « dérive massive » en 2007, 15% des intermittents étaient en fait salariés de façon permanente ou quasi permanente par un même employeur. Et puis les professionnels du secteur ne sont pas contre une réforme. L’économiste Mathieu Grégoire a travaillé sur les propositions des entrepreneurs du spectacle vivant, propositions en partie soutenues par les syndicats : « C’est l’idée d’un cumul fixé à 3.000 euros. Au-dessus de 3.000 euros, on a le droit de toucher des salaires, mais pas des indemnités supplémentaires. Et on reviendrait aussi à un système à date anniversaire. Tous les ans, à la même date, les intermittents devraient revoir leurs droits. Ce système aboutirait à environ 100 millions d’euros d’économies« . Alors y aura-t-il vraiment négociations sur ce sujet ultra-sensible ? En 2003, la fronde des intermittents avait abouti à l’annulation de festivals, dont celui d’Avignon. La question est d’ors et déjà aussi très politique, avec Aurélie Filippetti qui a accusé le Medef de vouloir « tuer la culture« . Certains syndicats se demandent si le Medef n’est d’ailleurs pas là dans une position uniquement tactique, dans une négociation sur l’ensemble des règles d’indemnisation de l’assurance chômage, avec aussi en toile de fond de possibles interférences avec les pourparlers sur le pacte de responsabilité Réponse à toutes ces questions fin mars, date à laquelle les discussions sont censées être bouclées. D’ici là les happenings militants des intermittents du spectacle devraient continuer d’occuper le devant de la scène médiatique.

 




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