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Défaillance de la mémoire : un phénomène souvent normal

Défaillance de la mémoire : un phénomène souvent normal

 

Au quotidien, oublier certaines choses est assez agaçant – voire, en fonction de l’âge, inquiétant. Mais l’oubli est un phénomène tout à fait naturel : la mémoire a besoin d’oublier. De plus, les souvenirs peuvent ne pas être aussi fiables qu’on le croit, mais au contraire être déformés par rapport à ce qui s’est réellement passé. Mais quel niveau d’oubli est « normal » ? Est-il acceptable par exemple de mélanger les noms de pays, comme l’a fait récemment le président américain Joe Biden ? Pour se souvenir de quelque chose, le cerveau doit l’apprendre (encodage), le conserver en lieu sûr (stockage) et être capable de le retrouver en cas de besoin (récupération). Si une de ces étapes est perturbée, le souvenir peut être perdu, ou oublié. Le cerveau ne peut pas traiter toutes les informations sensorielles qui lui arrivent : il filtre les informations afin de traiter ce qui est important. Ainsi, il encode sous forme de souvenirs principalement les choses auxquelles on prête vraiment attention.

 

par 

Professor of Psychology, Durham University dans The Conversation

Qui n’a jamais oublié les prénoms des invités lors d’une soirée entre amis, parce que son attention est tournée vers autre chose ? Il s’agit là d’une défaillance de la mémoire – un oubli – tout à fait normale, et très courante.

Les habitudes et les conventions peuvent aider à contourner ce problème. Par exemple, si l’on range toujours ses clefs au même endroit, nul besoin d’encoder à chaque fois une nouvelle information pour les retrouver.

La répétition est également importante pour ancrer les souvenirs, qui ont tendance à disparaître s’ils ne sont pas remobilisés. Plus nous répétons, rabâchons ou racontons des souvenirs, plus nous nous en souvenons longtemps – si ce n’est que nous avons tendance à modifier ces souvenirs lorsque nous les racontons, et qu’il est probable que nous nous souvenions mieux de la dernière version que de l’évènement initial.

Dans les années 1880, le psychologue allemand Hermann Ebbinghaus a mené une expérience pendant laquelle les participants devaient mémoriser des séries de syllabes inconnues qui ne voulaient rien dire. Il a noté ce dont les participants se souvenaient au fil du temps, et montré que la plupart de nos souvenirs s’estompent en l’espace d’un jour ou deux s’ils ne sont pas remobilisés. En revanche, si les séries étaient répétées à intervalles réguliers, les participants pouvaient retenir un bien plus grand nombre de syllabes pendant plus d’une journée.

Ces répétitions volontaires, qui permettent de mieux se souvenir d’une chose, provoquent parfois l’oubli d’une autre. Nous pouvons ainsi encoder l’endroit où la voiture est garée en allant faire des courses puis l’oublier, tant nous sommes occupés à répéter d’autres choses – la liste de courses à ne pas oublier, par exemple.

Cet exemple permet d’illustrer une autre caractéristique de l’oubli : la capacité à oublier une information particulière tout en se souvenant, globalement, de l’essentiel. S’il est parfois impossible de se rappeler précisément où est garée la voiture en sortant du magasin, on sait souvent si elle était à gauche ou à droite de la porte, sur le bord du parking ou vers le centre, ce qui permet de la chercher dans une zone relativement définie.

En vieillissant, les gens s’inquiètent davantage de leur mémoire. Il est vrai que l’oubli devient plus prononcé, mais cela ne signifie pas forcément qu’il y a un problème.

Plus le temps passe, plus il y a de choses dont nous devons nous souvenir. Nos expériences passées partagent de nombreux points communs, et il peut être difficile de distinguer différents souvenirs.

Par exemple, si vous n’êtes allé qu’une seule fois en vacances à la plage en Espagne, il est probable que vous vous en souveniez avec une grande clarté. En revanche, si vous avez passé de nombreuses vacances en Espagne, dans différentes villes et à différentes périodes, il vous sera plus difficile de vous rappeler si un évènement s’est produit lors de vos premières vacances à Barcelone ou lors d’un voyage ultérieur.

Le chevauchement des souvenirs, ou interférence, limite la récupération des informations. Imaginez que vous classiez des documents sur un ordinateur : au début, le système de classement est clair, chaque document trouve aisément une place où il sera facile à retrouver. Mais plus les documents arrivent, plus il devient difficile de décider dans quel dossier les ranger. De nombreux documents se retrouvent dans un seul dossier parce qu’ils sont tous liés à un élément. Ainsi, au fil du temps, il devient de plus en plus difficile de retrouver le bon document lorsqu’on le cherche, soit parce qu’on ne sait pas où on l’a mis, soit parce qu’on sait où il devrait être, mais qu’il y a beaucoup d’autres choses dans le même dossier.

Enfin, ne pas oublier peut poser problème. C’est le cas de certains stress post-traumatiques, où le souvenir est persistant, ne s’efface pas et interrompt régulièrement la vie quotidienne.

Le deuil ou la dépression peuvent aussi rendre plus difficile l’oubli d’informations négatives, alors que dans ces cas, les oublier serait extrêmement utile.

Oublier est fréquent, et le devient de plus en plus avec l’âge. De plus, oublier des noms ou des dates, comme l’a fait Joe Biden, ne nuit pas forcément à la prise de décision. Les personnes âgées peuvent avoir des connaissances approfondies et une bonne intuition, qui peuvent aider à compenser de tels trous de mémoire.

Mais bien entendu, ces trous de mémoire peuvent être le signe d’un problème plus grave et suggérer qu’il faut consulter un médecin.

Le fait de poser la même question à plusieurs reprises par exemple peut dévoiler que l’oubli est plus qu’un problème de distraction ponctuelle au moment d’encoder la réponse.

De même, oublier son chemin dans des endroits très familiers peut révéler une difficulté à utiliser les indices de l’environnement pour se souvenir et se repérer. Et si oublier le nom d’une personne au cours d’un dîner est normal, oublier comment utiliser sa fourchette et son couteau ne l’est pas.

En fin de compte, les trous de mémoire ne sont pas forcément à craindre – il faut s’inquiéter s’ils deviennent extrêmes.

Sociologie des terroristes : des déséquilibrés le plus souvent

Sociologie des terroristes : des déséquilibrés le plus souvent

Paris ce samedi 2 décembre, Bruxelles le lundi 16 octobre dernier, Arras le vendredi 13 octobre… En quelques semaines, des innocents ont été à plusieurs fois pris pour cibles par des individus se revendiquant du fondamentalisme islamiste sans que nous sachions, pour l’instant, à quel point ils étaient préparés. À la différence de l’assassin de Samuel Paty et de celui de Dominique Bernard, l’auteur des faits, arrêté à Paris et désigné comme Armand R.-M., souffre de pathologies psychiatriques connues. Placé en garde à vue, visé par une « fiche S », il avait déjà été condamné et a déclaré aux policiers qu’il « en avait marre de voir des musulmans mourir », notamment à Gaza, et que la France était « complice » d’Israël.
Le conflit israélo-palestinien déclenché depuis le 7 octobre par le Hamas peut-il contribuer à fragiliser des individus au rapport déjà altéré à la réalité, et à accentuer un sentiment d’impuissance qu’ils pensent résoudre en devenant justiciers ?

par
Laure Westphal
Psychologue clinicienne, Docteure en psychopathologie et psychanalyse, Enseignante, Chercheuse associée, Sciences Po
dans The Conversation

La recherche montre qu’un terroriste noue ses problématiques subjectives à une cause collective, notamment lorsqu’il s’engage dans une action meurtrière.

Les vrais experts ont la parole sur The Conversation.
Des extrémistes peuvent-ils être déterminés à agir par la nouvelle guerre déclenchée en Israël, 50 ans après Kippour ?

Venger le tort fait au prophète est l’un des arguments mis en avant par les terroristes, comme l’ont montré les assauts de Chérif et Saïd Kouachi à la rédaction de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, ou ceux d’Adoullakh Anzorov au lycée de Conflans-Sainte-Honorine, le 16 octobre 2020.

Ils ont « puni » les façonneurs d’image, complices de l’idolâtrie du peuple souverain, tels que d’éminents idéologues du djihadisme (Maqdidi, Tartusi, Abu Mus’ab al-Suri, Abou Quatada, etc.) les perçoivent.

Les assaillants du Bataclan, eux, voulaient attaquer la « capitale des abominations et de la perversion ». D’autres terroristes semblent avoir des motivations idéologiques moins solides, comme l’a montré Mohamed Lahouiaej Bouhlel à Nice le 14 juillet 2016, ou encore Nathan Chiasson à Villejuif le 3 janvier 2020.

Mais les djihadistes n’ont pas que le prophète à « défendre ». Il y a aussi ce qu’ils considèrent être les souffrances causées à l’Oumma, la communauté musulmane homogène et mythique. Le conflit israélo-palestinien a longtemps été identifié comme le point de fixation des humiliations arabes.

Avec la globalisation de l’islam, les nouvelles générations de terroristes lui ont substitué les conflits en Afghanistan, en Bosnie, en Tchétchénie, en Irak ou en Syrie. L’affaiblissement militaire de l’EI sur les territoires syriens et irakiens n’a pas éteint les velléités d’engagement.

La guerre en Israël peut-elle accélérer le projet de fanatiques de se battre pour une identité commune, prise comme sorte d’unique référentiel politico-religieux ?

Armand R.-M. pourrait sembler l’un de ces « loups solitaires » avec des moyens rudimentaires. Mais il ferait surtout partie de ceux qui souffrent d’affections psychiatriques. S’agit-il d’un « passage à l’acte » résolutif d’une angoisse ou délirant que l’auteur aurait inscrit dans une logique idéologique ?

Rassemblement à Toulouse en hommage aux enseignants assassinés par des fanatiques, Samuel Paty, à Conflans, le 16 octobre 2020 et, Dominique Bernard, le 13 octobre c2023 à Arras.
Un passage à l’acte semble surgir ex nihilo mais il désigne en psychopathologie que son auteur est traversé par une angoisse qu’il cherche à dissiper. S’il est traversé par des angoisses d’anéantissement par exemple, il peut les résoudre en privilégiant l’identification d’une menace externe. C’est ce qu’apporte le sentiment de persécution, qui peut s’accroitre et inciter à se faire justice.

Le sens du passage à l’acte échappe à son auteur, mais pas le sens qu’il donne à son action meurtrière : il exerce cette dernière consciemment au nom d’une logique idéologique. Bien sûr, les enjeux inconscients et conscients peuvent très bien se conjuguer.

Aussi un individu peut-il par exemple se sentir « frère », sur la base d’un obscur sentiment d’injustice qu’il partage avec d’autres et choisir délibérément de renoncer à l’idée de société, ou de contrat social, pour lui préférer l’adhésion à une idéologie communautaire.

Parmi le nombre important de personnes radicalisées, il en existe une proportion – pas nécessairement plus importante que dans la population générale – qui souffre d’affections psychiatriques. L’expérience du Centre de Prévention, Insertion, Citoyenneté, en 2016, l’a confirmé : un seul des bénéficiaires de cette structure pour la prévention de la radicalisation souffrait de troubles relevant de la psychiatrie.

Néanmoins, l’articulation d’une souffrance psychique aiguë avec une idéologie offre à l’individu une perspective d’acte à prendre au sérieux. Il n’est pas rare qu’un individu se canalise avec la religion, au gré de son suivi à la lettre de certains hadiths, ces recueils des actes et paroles de Mahomet. D’autres individus fragiles donnent un sens à leur vision apocalyptique du monde avec des éléments de la réalité leur permettant d’alimenter un délire de persécution, de rédemption, mégalomaniaque ou mystique. Ils peuvent parvenir à une forme d’équilibre instable, jusqu’à ce qu’ils se sentent psychiquement contraints à agir.

L’observation du parcours d’assaillants montre des biographies, des impasses psychiques et des tentatives de résolution proches.

C’est le cas de Mohamed Lahouaiej Bouhlel, qui s’est fait connaître pour son attentat particulièrement meurtrier sur la Promenade des Anglais à Nice, un soir de 14 juillet. Les investigations firent apparaître un homme perçu par son entourage comme colérique, étrange, violent. Il s’était séparé un an plus tôt de sa femme dont il avait eu trois enfants. Cette dernière déplorait chez lui ce qu’elle vivait comme du « harcèlement psychologique », tandis qu’une amie ne voyait en lui « aucune humanité » et des agissements par « pur sadisme ».

Mohamed Lahouaiej Bouhlel avait donné à son rapport altéré à l’altérité, notamment le sens de la misogynie. Son médecin reliait ses épisodes dépressifs sévères à des « troubles psychotiques, avec somatisations ». Affecté dans son rapport au corps et au langage, Mohamed Lahouaiej Bouhlel se réfugiait parfois dans la violence. Le terroriste trouvait de l’inspiration en regardant sur la toile des photos de combattants de Daech, de ben Laden, ou encore des scènes de décapitation.

Non inféodé aux principes islamiques, il a radicalisé ses excès au profit de l’idéologie djihadiste.

Les fanatiques revendiquent aussi une attaque du système institutionnel. La façade du ministère de l’Éducation illuminée aux couleurs du drapeau français en hommage à l’enseignant assassiné, Dominique Bernard, le 13 octobre 2023, par un ancien élève du lycée radicalisé.

Chez certains, la foi en Allah prend le relais d’assuétudes, par exemple des addictions ou des passages à l’acte itératifs, comme de voler ou de brûler des voitures. Ils s’acharnent plutôt contre le taghout, l’autorité non fondée sur la foi que l’état incarne dans ses institutions. L’armée et la police sont les plus représentatives.

Pour nombre de terroristes islamistes, venger des caricatures n’est qu’une de leurs actions destinées à faire triompher leur cause.

L’expérience clinique du CPIC de Pontourny, même s’il a été fermé, nous a appris que l’islam radical peut être entendu comme une solution à un sentiment d’injustice. Des individus aux problématiques subjectives toujours singulières trouvent dans l’idéologie politico-religieuse djihadiste de quoi superposer au tort qu’ils pensent leur avoir été fait, celui causé à la communauté musulmane.

Des recherches récentes sur les peines internes en milieu carcéral montrent que des détenus transforment leur frustration en sentiment d’humiliation sous l’effet d’une incarcération ou de conditions d’incarcération qu’ils jugent abusives.

Ils s’enlisent parfois d’autant plus dans des altercations avec le personnel ou d’autres détenus, dans une surenchère qui peine à être endiguée par la coordination des services pénitentiaires et judiciaires. Même des non radicalisés peuvent se réveiller du « mensonge » avec la foi et accentuer leur sentiment d’injustice avec les moyens d’y remédier : par l’islam radical, dont l’enseignement est parfois dispensé par des prédicateurs autoproclamés.

Par ailleurs, il est important de souligner l’occurrence des troubles psychiatriques non détectés en prison, l’accentuation de certains troubles psychiques par le choc carcéral, et le manque de suivi psychiatrique dont certains anciens détenus continuent de manquer, par défaut d’assiduité en service de psychiatrie ambulatoire et/ou par défaut de moyen du personnel soignant.

D’autres adoptent l’islam radical pour assouvir des pulsions meurtrières au nom d’une idéologie qui les sacralisent.

Ils s’identifient au prophète et s’émancipent des lois en prétendant servir sa cause. Tous galvanisés, ils trouvent en Allah un exaltant produit dopant, conjurant les carences et les échecs, et permettant de retrouver leur intégrité. Du latin fanaticus, signifiant « inspiré », « prophétique », « en délire », « fanatique » désigne celui qui se croit transporté d’une fureur divine ou qui s’emporte sous l’effet d’une passion pour un idéal politique ou religieux.

En épousant leur destin d’élus d’Allah, ils veulent inspirer la crainte dont ils obtiendront le sentiment d’être respectés. Ils attendent de la valeur performative de leur acte de soumettre une société tout entière à leur affirmation de soi. Le Hamas offre-t-il à certains la perspective d’être reconnus comme préjudiciés, et de prendre une part héroïque à la guerre ?

Depuis la fermeture du CPIC en 2017, l’accompagnement des personnes radicalisées a été privilégié au niveau local. Un rapport d’information, enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 27 juin 2019 stipule que, selon l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (UCLAT), au mois d’avril 2019, la prise en charge a été relayée dans 269 communes. Ces mesures semblent insuffisantes, si l’on en croit que chaque année depuis 2015 des attentats sont commis sur notre sol, bien que bon nombre soient déjoués. Parallèlement, on compte en France, en mars 2022, 570 détenus de droit commun radicalisés et 430 détenus pour terrorisme islamiste. Une centaine de détenus radicalisés seraient libérables en 2023.

La DGSI avait rapporté cet été que la menace terroriste était toujours la première en France.

L’attentat de ce samedi montre que derrière des « passages à l’acte », il y a des individus en échec d’intégration et inscrits dans des logiques idéologiques meurtrières.

Armand R.-M. démontre, comme Mohamed Mogouchkov, qu’il convient de rester vigilants et de se doter de moyens de suivre certains individus fragiles. D’autres pourraient s’inspirer du nouveau climat de tension internationale pour agir, galvanisés par la mise en avant de leur cause et l’exacerbation médiatique de leur sentiment d’injustice.

Cette thanato-politique naissant du désespoir d’une jeunesse qui ne parvient pas à imaginer d’autre avenir que le combat pour la foi, engage nos sociétés hypersécularisées à réfléchir à de nouvelles modalités de vivre-ensemble.

Terroristes : des déséquilibrés et des ratés le plus souvent

Terroristes : des déséquilibrés le plus souvent

Paris ce samedi 2 décembre, Bruxelles le lundi 16 octobre dernier, Arras le vendredi 13 octobre… En quelques semaines, des innocents ont été à plusieurs fois pris pour cibles par des individus se revendiquant du fondamentalisme islamiste sans que nous sachions, pour l’instant, à quel point ils étaient préparés. À la différence de l’assassin de Samuel Paty et de celui de Dominique Bernard, l’auteur des faits, arrêté à Paris et désigné comme Armand R.-M., souffre de pathologies psychiatriques connues. Placé en garde à vue, visé par une « fiche S », il avait déjà été condamné et a déclaré aux policiers qu’il « en avait marre de voir des musulmans mourir », notamment à Gaza, et que la France était « complice » d’Israël.
Le conflit israélo-palestinien déclenché depuis le 7 octobre par le Hamas peut-il contribuer à fragiliser des individus au rapport déjà altéré à la réalité, et à accentuer un sentiment d’impuissance qu’ils pensent résoudre en devenant justiciers ?

par
Laure Westphal
Psychologue clinicienne, Docteure en psychopathologie et psychanalyse, Enseignante, Chercheuse associée, Sciences Po
dans The Conversation

La recherche montre qu’un terroriste noue ses problématiques subjectives à une cause collective, notamment lorsqu’il s’engage dans une action meurtrière.

Les vrais experts ont la parole sur The Conversation.
Des extrémistes peuvent-ils être déterminés à agir par la nouvelle guerre déclenchée en Israël, 50 ans après Kippour ?

Venger le tort fait au prophète est l’un des arguments mis en avant par les terroristes, comme l’ont montré les assauts de Chérif et Saïd Kouachi à la rédaction de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, ou ceux d’Adoullakh Anzorov au lycée de Conflans-Sainte-Honorine, le 16 octobre 2020.

Ils ont « puni » les façonneurs d’image, complices de l’idolâtrie du peuple souverain, tels que d’éminents idéologues du djihadisme (Maqdidi, Tartusi, Abu Mus’ab al-Suri, Abou Quatada, etc.) les perçoivent.

Les assaillants du Bataclan, eux, voulaient attaquer la « capitale des abominations et de la perversion ». D’autres terroristes semblent avoir des motivations idéologiques moins solides, comme l’a montré Mohamed Lahouiaej Bouhlel à Nice le 14 juillet 2016, ou encore Nathan Chiasson à Villejuif le 3 janvier 2020.

Mais les djihadistes n’ont pas que le prophète à « défendre ». Il y a aussi ce qu’ils considèrent être les souffrances causées à l’Oumma, la communauté musulmane homogène et mythique. Le conflit israélo-palestinien a longtemps été identifié comme le point de fixation des humiliations arabes.

Avec la globalisation de l’islam, les nouvelles générations de terroristes lui ont substitué les conflits en Afghanistan, en Bosnie, en Tchétchénie, en Irak ou en Syrie. L’affaiblissement militaire de l’EI sur les territoires syriens et irakiens n’a pas éteint les velléités d’engagement.

La guerre en Israël peut-elle accélérer le projet de fanatiques de se battre pour une identité commune, prise comme sorte d’unique référentiel politico-religieux ?

Armand R.-M. pourrait sembler l’un de ces « loups solitaires » avec des moyens rudimentaires. Mais il ferait surtout partie de ceux qui souffrent d’affections psychiatriques. S’agit-il d’un « passage à l’acte » résolutif d’une angoisse ou délirant que l’auteur aurait inscrit dans une logique idéologique ?

Rassemblement à Toulouse en hommage aux enseignants assassinés par des fanatiques, Samuel Paty, à Conflans, le 16 octobre 2020 et, Dominique Bernard, le 13 octobre c2023 à Arras.
Un passage à l’acte semble surgir ex nihilo mais il désigne en psychopathologie que son auteur est traversé par une angoisse qu’il cherche à dissiper. S’il est traversé par des angoisses d’anéantissement par exemple, il peut les résoudre en privilégiant l’identification d’une menace externe. C’est ce qu’apporte le sentiment de persécution, qui peut s’accroitre et inciter à se faire justice.

Le sens du passage à l’acte échappe à son auteur, mais pas le sens qu’il donne à son action meurtrière : il exerce cette dernière consciemment au nom d’une logique idéologique. Bien sûr, les enjeux inconscients et conscients peuvent très bien se conjuguer.

Aussi un individu peut-il par exemple se sentir « frère », sur la base d’un obscur sentiment d’injustice qu’il partage avec d’autres et choisir délibérément de renoncer à l’idée de société, ou de contrat social, pour lui préférer l’adhésion à une idéologie communautaire.

Parmi le nombre important de personnes radicalisées, il en existe une proportion – pas nécessairement plus importante que dans la population générale – qui souffre d’affections psychiatriques. L’expérience du Centre de Prévention, Insertion, Citoyenneté, en 2016, l’a confirmé : un seul des bénéficiaires de cette structure pour la prévention de la radicalisation souffrait de troubles relevant de la psychiatrie.

Néanmoins, l’articulation d’une souffrance psychique aiguë avec une idéologie offre à l’individu une perspective d’acte à prendre au sérieux. Il n’est pas rare qu’un individu se canalise avec la religion, au gré de son suivi à la lettre de certains hadiths, ces recueils des actes et paroles de Mahomet. D’autres individus fragiles donnent un sens à leur vision apocalyptique du monde avec des éléments de la réalité leur permettant d’alimenter un délire de persécution, de rédemption, mégalomaniaque ou mystique. Ils peuvent parvenir à une forme d’équilibre instable, jusqu’à ce qu’ils se sentent psychiquement contraints à agir.

L’observation du parcours d’assaillants montre des biographies, des impasses psychiques et des tentatives de résolution proches.

C’est le cas de Mohamed Lahouaiej Bouhlel, qui s’est fait connaître pour son attentat particulièrement meurtrier sur la Promenade des Anglais à Nice, un soir de 14 juillet. Les investigations firent apparaître un homme perçu par son entourage comme colérique, étrange, violent. Il s’était séparé un an plus tôt de sa femme dont il avait eu trois enfants. Cette dernière déplorait chez lui ce qu’elle vivait comme du « harcèlement psychologique », tandis qu’une amie ne voyait en lui « aucune humanité » et des agissements par « pur sadisme ».

Mohamed Lahouaiej Bouhlel avait donné à son rapport altéré à l’altérité, notamment le sens de la misogynie. Son médecin reliait ses épisodes dépressifs sévères à des « troubles psychotiques, avec somatisations ». Affecté dans son rapport au corps et au langage, Mohamed Lahouaiej Bouhlel se réfugiait parfois dans la violence. Le terroriste trouvait de l’inspiration en regardant sur la toile des photos de combattants de Daech, de ben Laden, ou encore des scènes de décapitation.

Non inféodé aux principes islamiques, il a radicalisé ses excès au profit de l’idéologie djihadiste.

Les fanatiques revendiquent aussi une attaque du système institutionnel. La façade du ministère de l’Éducation illuminée aux couleurs du drapeau français en hommage à l’enseignant assassiné, Dominique Bernard, le 13 octobre 2023, par un ancien élève du lycée radicalisé.

Chez certains, la foi en Allah prend le relais d’assuétudes, par exemple des addictions ou des passages à l’acte itératifs, comme de voler ou de brûler des voitures. Ils s’acharnent plutôt contre le taghout, l’autorité non fondée sur la foi que l’état incarne dans ses institutions. L’armée et la police sont les plus représentatives.

Pour nombre de terroristes islamistes, venger des caricatures n’est qu’une de leurs actions destinées à faire triompher leur cause.

L’expérience clinique du CPIC de Pontourny, même s’il a été fermé, nous a appris que l’islam radical peut être entendu comme une solution à un sentiment d’injustice. Des individus aux problématiques subjectives toujours singulières trouvent dans l’idéologie politico-religieuse djihadiste de quoi superposer au tort qu’ils pensent leur avoir été fait, celui causé à la communauté musulmane.

Des recherches récentes sur les peines internes en milieu carcéral montrent que des détenus transforment leur frustration en sentiment d’humiliation sous l’effet d’une incarcération ou de conditions d’incarcération qu’ils jugent abusives.

Ils s’enlisent parfois d’autant plus dans des altercations avec le personnel ou d’autres détenus, dans une surenchère qui peine à être endiguée par la coordination des services pénitentiaires et judiciaires. Même des non radicalisés peuvent se réveiller du « mensonge » avec la foi et accentuer leur sentiment d’injustice avec les moyens d’y remédier : par l’islam radical, dont l’enseignement est parfois dispensé par des prédicateurs autoproclamés.

Par ailleurs, il est important de souligner l’occurrence des troubles psychiatriques non détectés en prison, l’accentuation de certains troubles psychiques par le choc carcéral, et le manque de suivi psychiatrique dont certains anciens détenus continuent de manquer, par défaut d’assiduité en service de psychiatrie ambulatoire et/ou par défaut de moyen du personnel soignant.

D’autres adoptent l’islam radical pour assouvir des pulsions meurtrières au nom d’une idéologie qui les sacralisent.

Ils s’identifient au prophète et s’émancipent des lois en prétendant servir sa cause. Tous galvanisés, ils trouvent en Allah un exaltant produit dopant, conjurant les carences et les échecs, et permettant de retrouver leur intégrité. Du latin fanaticus, signifiant « inspiré », « prophétique », « en délire », « fanatique » désigne celui qui se croit transporté d’une fureur divine ou qui s’emporte sous l’effet d’une passion pour un idéal politique ou religieux.

En épousant leur destin d’élus d’Allah, ils veulent inspirer la crainte dont ils obtiendront le sentiment d’être respectés. Ils attendent de la valeur performative de leur acte de soumettre une société tout entière à leur affirmation de soi. Le Hamas offre-t-il à certains la perspective d’être reconnus comme préjudiciés, et de prendre une part héroïque à la guerre ?

Depuis la fermeture du CPIC en 2017, l’accompagnement des personnes radicalisées a été privilégié au niveau local. Un rapport d’information, enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 27 juin 2019 stipule que, selon l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (UCLAT), au mois d’avril 2019, la prise en charge a été relayée dans 269 communes. Ces mesures semblent insuffisantes, si l’on en croit que chaque année depuis 2015 des attentats sont commis sur notre sol, bien que bon nombre soient déjoués. Parallèlement, on compte en France, en mars 2022, 570 détenus de droit commun radicalisés et 430 détenus pour terrorisme islamiste. Une centaine de détenus radicalisés seraient libérables en 2023.

La DGSI avait rapporté cet été que la menace terroriste était toujours la première en France.

L’attentat de ce samedi montre que derrière des « passages à l’acte », il y a des individus en échec d’intégration et inscrits dans des logiques idéologiques meurtrières.

Armand R.-M. démontre, comme Mohamed Mogouchkov, qu’il convient de rester vigilants et de se doter de moyens de suivre certains individus fragiles. D’autres pourraient s’inspirer du nouveau climat de tension internationale pour agir, galvanisés par la mise en avant de leur cause et l’exacerbation médiatique de leur sentiment d’injustice.

Cette thanato-politique naissant du désespoir d’une jeunesse qui ne parvient pas à imaginer d’autre avenir que le combat pour la foi, engage nos sociétés hypersécularisées à réfléchir à de nouvelles modalités de vivre-ensemble.

Société-Macron qui a souvent massacré la langue contre l’écriture inclusive

Société-Macron qui a souvent massacré la langue contre l’écriture inclusive

On peut évidemment se féliciter que les pouvoirs publics décident enfin de s’attaquer à l’arme de destruction massive que constitue l’écriture dite Inclusive qui vise à détruire la langue. Le problème est que le président de la république lui-même n’est pas complètement innocent moins pour des questions d’écriture inclusive que pour avoir inclus nombre d’expressions anglaises un peu ridicules ou pour avoir employé de curieux néologismes. Histoire de faire moderne et businessman international. Eu égard au niveau lamentable de la moyenne des élèves en français, mieux vaut ne pas compliquer encore à dessein une langue déjà difficile.

Emmanuel Macron a profité de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française, lundi 30 octobre à Villers-Cotterêts (Aisne), pour dénoncer l’écriture inclusive, qui vise entre autres à rendre le féminin plus visible dans notre langue. La langue française « forge la nation », a affirmé le chef de l’Etat lors de son discours, appelant à « ne pas céder aux airs du temps ».

« Dans cette langue, le masculin fait le neutre. On n’a pas besoin d’y ajouter des points au milieu des mots, ou des tirets ou des choses pour la rendre lisible », a déclaré le président de la République.

En 2021, Brigitte Macron avait désapprouvé implicitement l’ajout du pronom non genré « iel » dans la version en ligne du prestigieux dictionnaire français Le Robert. Il y a « deux pronoms, il et elle », avait-elle notamment martelé.

La déclaration du président de la République intervient au moment où une proposition de loi pour interdire l’écriture inclusive est à l’ordre du jour au Sénat. Le texte de la sénatrice Les Républicains Pascale Gruny entend « proscrire l’usage de l’écriture inclusive dès lors que le droit exige l’usage du français ». Les auteurs de la proposition de loi jugent qu’elle « constitue un frein à la lecture et à la compréhension de l’écrit ».

Macron qui a souvent massacré la langue contre l’écriture inclusive

Macron qui a souvent massacré la langue contre l’écriture inclusive

On peut évidemment se féliciter que les pouvoirs publics décident enfin de s’attaquer à l’arme de destruction massive que constitue l’écriture dite Inclusive qui vise à détruire la langue. Le problème est que le président de la république lui-même n’est pas complètement innocent moins pour des questions d’écriture inclusive que pour avoir inclus nombre d’expressions anglaises un peu ridicules ou pour avoir employé de curieux néologismes. Histoire de faire moderne et businessman international. Eu égard au niveau lamentable de la moyenne des élèves en français, mieux vaut ne pas compliquer encore à dessein une langue déjà difficile.

Emmanuel Macron a profité de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française, lundi 30 octobre à Villers-Cotterêts (Aisne), pour dénoncer l’écriture inclusive, qui vise entre autres à rendre le féminin plus visible dans notre langue. La langue française « forge la nation », a affirmé le chef de l’Etat lors de son discours, appelant à « ne pas céder aux airs du temps ».

« Dans cette langue, le masculin fait le neutre. On n’a pas besoin d’y ajouter des points au milieu des mots, ou des tirets ou des choses pour la rendre lisible », a déclaré le président de la République.

En 2021, Brigitte Macron avait désapprouvé implicitement l’ajout du pronom non genré « iel » dans la version en ligne du prestigieux dictionnaire français Le Robert. Il y a « deux pronoms, il et elle », avait-elle notamment martelé.

La déclaration du président de la République intervient au moment où une proposition de loi pour interdire l’écriture inclusive est à l’ordre du jour au Sénat. Le texte de la sénatrice Les Républicains Pascale Gruny entend « proscrire l’usage de l’écriture inclusive dès lors que le droit exige l’usage du français ». Les auteurs de la proposition de loi jugent qu’elle « constitue un frein à la lecture et à la compréhension de l’écrit ».

Politique: Marine Le Pen monte surtout parce que ses adversaires sont souvent d’une nullité crasse

Politique: Marine Le Pen monte surtout parce que ses adversaires sont souvent d’une nullité crasse

Certains s’étonnent encore encore que Marine Le Pen continue de monter dans les sondages. Le facteur explicatif est moins sans doute dans ses compétences que dans la nullité crasse dont font preuves ses concurrents politiques. Côté gouvernement, c’est évidemment la catastrophe dans tous les domaines qu’il s’agisse de l’activité économique, du pouvoir d’achat, de la sécurité, des services publics. En même temps, un désastre des finances publiques avec déficit et dette record en dépit du niveau complètement fou de la fiscalité. La question du pouvoir d’achat et de la sécurité plombe actuellement complètement la popularité d’un gouvernement qui parait paralysé. Côté opposition, le parti républicain est aujourd’hui sans leader charismatique incontesté et ne parvient pas à se distinguer du pouvoir. Côté gauche, c’est à la fois la division et la fuite en avant vers le radicalisme. L’électorat sera sans doute sévère vis-à-vis de cette irresponsabilité des gauchistes. Quant à la gauche réformiste social-démocrate elle n’est pas parvenue encore à ré-émerger de façon significative au plan national et peine à se trouver un leader charismatique

Dans un sondage Elabe, l’ancienne candidate à l’Elysée marque donc des points en termes de présidentiabilité. Elle progresse parmi les cadres et les retraités, deux catégories d’électeurs qui ne lui étaient pas du tout favorables. Selon un sondage réalisé par Elabe pour BFMTV, l’image de Marine Le Pen auprès des Français est en nette amélioration après une cure médiatique de plusieurs semaines. Avant les journées de rentrée parlementaire du RN, organisées ce week-end à Beaucaire, près d’Avignon, la finaliste de la dernière présidentielle gagne du terrain dans l’opinion.

« Le plus frappant est qu’elle progresse en présidentiabilité sur sa capacité à réformer le pays (50 %), à rassembler les Français (47 %), ainsi que sur les qualités nécessaires pour être présidente de la République (48 %). C’est rare qu’en trois mois, nous ayons une telle évolution », souligne Bernard Sananès, le président d’Elabe.

Sondage: Marine Le Pen monte surtout parce que ses adversaires sont souvent d’une nullité crasse

Sondage: Marine Le Pen monte surtout parce que ses adversaires sont souvent d’une nullité crasse

Certains s’étonnent encore encore que Marine Le Pen continue de monter dans les sondages. Le facteur explicatif est moins sans doute dans ses compétences que dans la nullité crasse dont font preuves ses concurrents politiques. Côté gouvernement, c’est évidemment la catastrophe dans tous les domaines qu’il s’agisse de l’activité économique, du pouvoir d’achat, de la sécurité, des services publics. En même temps un désastre des finances publiques avec déficit et dette record en dépit du niveau complètement fou de la fiscalité. La question du pouvoir d’achat et de la sécurité plombent actuellement complètement la popularité d’un gouvernement considéré comme paralysé. Côté opposition, le parti républicain est aujourd’hui sans leader charismatique incontesté et ne parvient pas à se distinguer du pouvoir. Côté gauche, c’est à la fois la division et la fuite en avant vers le radicalisme. L’électorat sera sans doute sévère vis-à-vis de cette irresponsabilité des gauchistes.

Dans un sondage Elabe, l’ancienne candidate à l’Elysée marque donc des points en termes de présidentiabilité. Elle progresse parmi les cadres et les retraités, deux catégories d’électeurs qui ne lui étaient pas du tout favorables. Selon un sondage réalisé par Elabe pour BFMTV, l’image de Marine Le Pen auprès des Français est en nette amélioration après une cure médiatique de plusieurs semaines. Avant les journées de rentrée parlementaire du RN, organisées ce week-end à Beaucaire, près d’Avignon, la finaliste de la dernière présidentielle gagne du terrain dans l’opinion.

« Le plus frappant est qu’elle progresse en présidentiabilité sur sa capacité à réformer le pays (50 %), à rassembler les Français (47 %), ainsi que sur les qualités nécessaires pour être présidente de la République (48 %). C’est rare qu’en trois mois, nous ayons une telle évolution », souligne Bernard Sananès, le président d’Elabe.

Crash Rio-Paris : Comme souvent exemption de responsabilité pour Airbus et Air Franc

Crash Rio-Paris : Comme souvent exemption de responsabilité pour Airbus et Air France

Comme très souvent en France après une catastrophe aérienne impliquant Airbus et Air France aucune condamnation n’a été prononcée.

On connaît évidemment le poids économique de ces grandes sociétés qui en fait dirigent la politique de l’aviation civile en France, les conditions de sa mise en œuvre et son contrôle.

Des sociétés qui ne peuvent être condamnées car cela porterait atteinte aux intérêts du pays.

C’est à peu près le même scénario dans tous les cas.

La formulation même du jugement laisse bien entrevoir les doutes qu’on peut nourrir vis-à-vis de cette justice . En effet , le parquet a estimé ne « pas » être « en mesure de requérir la condamnation » d’Airbus et d’Air France, jugés pour homicides involontaires après le crash du vol Rio-Paris le 1er juin 2009, qui a fait 228 morts.

La culpabilité des entreprises « nous paraît impossible à démontrer. Nous savons que cette position sera très probablement inaudible pour les parties civiles, mais nous ne sommes pas en mesure de requérir la condamnation d’Air France et d’Airbus », a déclaré en conclusion le procureur. Celle-ci intervient alors que le parquet avait écarté ce matin certaines « fautes » d’Airbus et d’Air France, provoquant la colère des parties civiles qui avaient claqué la porte.

« Force est de constater qu’au regard des données de la science de l’époque, aucune faute pénale ne me semble pouvoir être retenue », a-t-il conclu, rappelant que la cour d’appel, qui a ordonné le procès, avait elle aussi écarté cet élément à charge.

Marie Duffourc Duffourc, l’autre procureur, est ensuite longuement revenue sur les conséquences de la panne dans le cockpit, estimant en conclusion qu’aucun « défaut de conception de l’avion » n’avait de « lien certain avec la perte de trajectoire » et ne pouvait donc être retenu contre Airbus.
Pierre Arnaudin s’est alors penché sur le classement des incidents de givrage des sondes, qui s’étaient multipliés au cours des mois précédant l’accident. Dans les rapports sur ces défaillances, « il n’y avait jamais eu d’échappée et de perte totale de contrôle de l’avion », a-t-il souligné, jugeant que le classement avait été « conforme ».

Des membres de l’association Entraide et Solidarité AF447, qui représente les familles des victimes, ont alors ostensiblement quitté la salle, avant une suspension d’audience.
« On est revenu en 2019, lorsque les juges d’instruction ont effectivement déclaré un non-lieu général. On a un procureur qui est censé défendre le peuple et qui finalement défend la multinationale Airbus », s’est emportée devant la salle d’audience Danièle Lamy, présidente de l’association, dénonçant un » procès à charge contre les pilotes ».

Reporting climatique : souvent du bidon

Reporting climatique : souvent du bidon 

 

Walid Ben Amar,Professeur à l’Ecole de gestion Telfer, université d’Ottawa, Isabelle Martinez, Professeur à Toulouse School of Management, université Toulouse-Capitole plaident, dans une tribune au « Monde », pour une normalisation rapide, permettant des comparaisons au niveau international, des mesures prises par les entreprises pour limiter leur empreinte carbone, sous peine d’inefficacité.

 

Après un été 2022 marqué par une série d’événements météorologiques extrêmes et la crise énergétique de cette rentrée, l’urgence climatique est au cœur des préoccupations. Tous appellent à des efforts importants et, en premier lieu, les entreprises sont invitées à maîtriser, voire à limiter, leur empreinte carbone.

Mais les engagements qu’elles prennent en faveur du climat sont-ils réellement crédibles et cohérents avec l’objectif de neutralité carbone à échéance 2050, fixé par les accords de Paris [de 2015] ?

Dans une étude récente, (« Intégration des enjeux climatiques dans les états financiers », par Walid Ben Amar et Isabelle Martinez, rapport d’étude pour l’Autorité des normes comptables, 2022), réalisée ​ sur la période 2019-2021 sur un échantillon de 199 entreprises européennes cotées, appartenant à l’indice Stoxx Europe 600 [qui regroupe 600 grandes valeurs européennes], réparties dans dix-sept pays et six secteurs climatiquement sensibles, nous montrons que, de fait, l’intégration des enjeux climatiques dans les états financiers et les rapports d’audit reste pour l’instant très marginale.

En moyenne, seulement 5 % du total des informations qui seraient susceptibles d’être rendues publiques sur le sujet se retrouvent dans les comptes des entreprises. Les rapports annuels mentionnent par exemple assez souvent l’impact des risques climatiques sur le modèle d’affaires à travers l’analyse de différents scénarios ou la mesure de la performance climatique.

En revanche, l’incidence du changement climatique est peu prise en compte au niveau comptable et financier, alors que les entreprises devraient ajuster par exemple la durée d’utilisation de leurs immobilisations en fonction du dérèglement en cours, ou inscrire des provisions et des passifs éventuels pour les amendes et pénalités en cas de non-respect des objectifs liés au climat.

Politique-Présidentielle 2022: des ralliements en forme de trahison souvent opportunistes

Politique-Présidentielle 2022: des ralliements en forme de trahison souvent opportunistes

 

Le grand mercato politique commence et n’est sans doute pas terminé. Il atteindra sans doute son apogée au moment des élections législatives où la bataille sera rude pour décrocher une investiture.

Ces changements d’écurie politique ne sont pas tous intéressés mais ils constituent cependant de véritables trahisons. En effet pourquoi attendre la veille d’une élection pour changer de camp et dire autant de mal d’une personne ou d’un mouvement après en avoir dit autant de bien.

L’exemple plus caricatural est sans doute celui d’Éric Woerth. L’intéressé n’a cessé de considérer la gestion financière de Macron comme particulièrement dangereuse et irresponsable. Et d’un coup il change d’opinion…. au nom de la France évidemment !

On peut comprendre que certains évoluent dans leurs opinions mais ce qui est particulièrement critiquable c’est de le manifester en trahissant son ancien camp à la veille d’une élection. D’une certaine manière, c’est un moyen de discréditer encore un peu plus une classe politique dont les convictions déjà peu fiables sont en plus à géométrie variable.

Il y a évidemment des spécialistes dans ce domaine du nomadisme politique dont certains ont connu et traversé cinq ou six formations politiques. Ceux-là  sont de purs opportunistes qui ont transformé en tout cas largement contribué à  faire du mandat électoral un métier rémunérateur.

Présidentielle 2022: des ralliements en forme de trahison souvent opportuniste

Présidentielle 2022: des ralliements en forme de trahison souvent opportuniste

 

Le grand mercato politique commence et n’est sans doute pas terminé. Il atteindra sans doute son apogée au moment des élections législatives où la bataille sera rude pour décrocher une investiture.

Ces changements d’écurie politique ne sont pas tous intéressés mais ils constituent cependant de véritables trahisons. En effet pourquoi attendre la veille d’une élection pour changer de camp et dire autant de mal d’une personne ou d’un mouvement après en avoir dit autant de bien.

L’exemple plus caricatural est sans doute celui d’Éric Woerth. L’intéressé n’a cessé de considérer la gestion financière de Macron comme particulièrement dangereuse et irresponsable. Et d’un coup il change d’opinion…. au nom de la France évidemment !

On peut comprendre que certains évoluent dans leurs opinions mais ce qui est particulièrement critiquable c’est de le manifester en trahissant son ancien camp à la veille d’une élection. D’une certaine manière, c’est un moyen de discréditer encore un peu plus une classe politique dont les convictions déjà peu fiables sont en plus à géométrie variable.

Il y a évidemment des spécialistes dans ce domaine du nomadisme politique dont certains ont connu et traversé cinq ou six formations politiques. Ceux-là  sont de purs opportunistes qui ont transformé en tout cas largement contribué à  faire du mandat électoral un métier rémunérateur.

Surconsommation : Souvent le double de ce qui est nécessaire

Surconsommation : Souvent le double de ce qui est nécessaire

France Info rend compte d’une expérimentation de l’Adem auprès de 21 familles qui démontre qu’en général les ménages ont le double de ce qui est nécessaire

L’Ademe, l’Agence de la transition écologique, en a fait une opération grandeur nature pour tenter d’alerter sur la surconsommation. Vingt-et-une familles ont donc été accompagnées pendant sept mois par un coach pour faire le tri dans leurs affaires, avec pour objectif de les sensibiliser à une consommation plus responsable.

 La surconsommation est surtout forte pour les jouets, les appareils électriques et les vêtements. Le mode de consommation n’est plus compatible avec les ressources, selon Pierre Galliot, chef du service consommation responsable à l’Agence de la transition écologique. « L’objet d’étude était de répondre à un des enjeux de la transition qui est de limiter les flux, de faire attention aux ressources et aux émissions de gaz à effet de serre, souligne-t-il. Ce poste équipement est très symbolique de nos modes de vie. »

« Cette surconsommation, ce renouvellement très fréquent et cette accumulation sont très impactant et se rendre compte de cela, c’est se réapproprier sa consommation et une partie de ses impacts environnementaux. »

 Rien qu’avec le tri des vêtements, on s’est séparée de presque la moitié de ce qui se trouvait dans ses placards. À la fin du tri, les adultes qui ont participé à ces travaux expliquent qu’ils avaient deux fois plus de chaussures qu’ils n’imaginaient.

Aide à domicile : des conditions sociales souvent inadmissibles

Aide à domicile : des conditions sociales souvent inadmissibles

 

Avec le vieillissement de la population, médias, politiques et experts comptent sur le développement de l’aide à domicile pour rendre acceptable la vie des personnes âgées . Le problème ,c’est que les confusions sociales sont inadmissibles. En effet non seulement les salaires sont assez dérisoires mais les conditions de travail sont particulièrement pénibles. Des tâches souvent ingrates qui demandent beaucoup d’abnégation et même d’amour. Des horaires de travail impossibles : le matin tôt, le soir tard, les samedis dimanches et jours de fête. En outre dans beaucoup de cas des temps d’attentes qui ne sont pas rémunérés et une prise en charge trop partielle des temps et frais de déplacement. Un quart seulement des aides à domicile estiment que leur rémunération est à la hauteur de leurs efforts, contre 35% pour les autres salariées, selon une étude de la Dares publiée vendredi, alors qu’un grand nombre d’entre elles vont voir leur salaire augmenter à partir de ce vendredi.

209.000 aides à domicile du secteur associatif intervenant chez les personnes âgées et handicapées bénéficient vendredi d’une hausse salariale de 13% à 15% (mais pas les 160.000 employés du privé).

Disponibles pour les autres, les aides à domiciles ont, pour la moitié d’entre elles, l’impression de ne pas l’être pour leurs proches, avec des journées longues et des horaires atypiques, selon cette étude sur les « risques pyscho-sociaux chez les salariées de l’aide à domicile ».

Dans ce secteur féminin à 95%, les salariées ont « un temps de travail très morcelé », des temps de repos réduits. Trois-quarts d’entre elles sont à temps partiel. La moitié n’ont pas les mêmes horaires tous les jours et 15% ne connaissent pas leurs horaires une semaine à l’avance. Elles sont davantage amenées à travailler le weekend et les jours fériés, et 29% n’ont pas 48 heures de repos consécutives, selon la Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques du ministère du Travail.

« Malgré un sentiment d’isolement et une absence de soutien de la part des collègues, les salariées de l’aide à domicile se sentent soutenues par la hiérarchie et reconnues dans leur travail », relève néanmoins la Dares. « Elles reçoivent plus fréquemment que les autres salariées le respect et l’estime qu’elles méritent pour leur travail et se sentent moins souvent traitées injustement ». « La satisfaction dans le métier est très liée à la qualité de la relation qui peut s’instaurer avec le personne aidée ».

Passe sanitaire : un contrôle trop souvent symbolique

Passe  sanitaire : un contrôle trop souvent symbolique

 

Dans nombre de commerces et de restaurants le contrôle des passes sanitaires  demeure relativement symbolique. Certes pour la forme, la présence du sésame est réclamée. Mais le contrôle se limite avec coup d’œil sur le QR code .

Seul le grand commerce utilise des machines pour vérifier la preuve de la vaccination. De toute manière, il n’y a pas de contrôle d’identité. Les commerçants d’une certaine manière en le cul entre deux chaises : il leur faut en effet demeurer attractif pour compenser des baisses provenant de la crise sanitaire et en même temps faire la police. Une  posture bien peu commerciale qui explique que le plus souvent le contrôle demeure symbolique.

Hausse des Impôts locaux: des revalorisations souvent très conséquentes

Hausse des Impôts locaux: des revalorisations souvent très conséquentes

Hausses discrètes mais sensibles des impôts locaux dans certaines grandes villes qui prennent le prétexte de modification des critères  de confort.

À partir de données provenant de trois grandes villes – Nantes, Toulon et Nice -, Le Figaro a pu analyser l’ampleur des discrètes revalorisations des valeurs fiscales des logements entre 2014 et 2019.

La hausse moyenne s’élève à 13 % par an entre 2014 et 2019. Mais un quart des revalorisations dépasse les 18 %. Les motifs de ces hausses sont variés, à commencer par la très floue «modification des critères d’évaluation». Suivent des motifs plus précis: agrandissement, construction d’une piscine, installation d’une baignoire supplémentaire, d’une véranda ou même d’un simple Velux. Bref progressivement depuis la suppression de la taxe d’habitation certaines municipalités pour font glisser la charge fiscale de l’ancienne taxe d’habitation sur la taxe foncière au motif d’évolution de confort. Un principe qui pourrait s’étendre progressivement et très discrètement en France pour deux raisons d’une part sur la taxe d’habitation n’a pas été entièrement compensée par l’État, d’autre part parce que les municipalités ne parviennent pas à maîtriser des dépenses qu’elles équilibrent automatiquement par des recettes fiscales.

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