Les partisans de Valls ne soutiendront pas Hamon
Avant même de désigner le vainqueur de la primaire de la gauche, Valls a annoncé clairement qu’il ne ferait pas campagne pour défendre les orientations de son concurrent. Par ailleurs, l’entourage de Valls a déjà prévu le schisme qui risque de se produire au parti socialiste. Ces partisans ne soutiendront pas non plus Hamon et ne voteront pas pour lui. Certains dès dimanches soir vont annoncer leur ralliement à Macron mais beaucoup d’autres vont faire campagne pour que Benoît Hamon renonce de lui-même compte tenu de l’insignifiance de ses résultats probables au premier tour des présidentielles ; on lui pronostique en effet autour de 6 à 7 %, en tout cas nettement moins de 10 % alors que Macron flirte avec les 20 % et va sans doute les dépasser après l’écroulement probable de Fillon. Du coup, le renoncement de Benoît amont permettrait de sauver le parti socialiste grâce au ralliement à Macron. Pas sûr cependant que ce soit une excellente nouvelle pour Macron lui-même qui se présente comme le candidat ni à droite ni à gauche. – Des députés socialistes proches de Manuel Valls préparent donc une fronde contre Benoît Hamon dès la semaine prochaine si ce dernier remporte dimanche la primaire de la gauche, ce qui pourrait faire le jeu d’Emmanuel Macron. Le député de Gironde Gilles Savary, un des chefs de file des réformateurs du PS, fait circuler un texte dont les signataires disent en substance ne pas être en mesure de faire campagne sur les propositions de l’ancien ministre de l’Education. « Nous sommes en train de préparer un texte soutenant le réformisme », a-t-il déclaré vendredi à Reuters. « Nous disons que ça sera très difficile de faire campagne pour expliquer qu’on va retirer le CICE et la loi travail, légaliser le cannabis. » « On a soutenu la politique gouvernementale. Faire une campagne en expliquant qu’on ne la soutient plus est quelque chose d’insoutenable et d’intenable devant les électeurs. » L’ancien Premier ministre Manuel Valls, donné perdant dans les sondages, est intervenu vendredi dans le même sens en expliquant qu’il ne pourrait « pas défendre » le programme de son concurrent, représentant de l’aile gauche du PS. Selon Gilles Savary, auteur de la première version du texte, celui-ci sera finalisé mardi lors d’une réunion du pôle des réformateurs du PS convoqué à 10h00 et publié dans la foulée, s’il est approuvé, dans un grand quotidien. L’élu de Gironde estime à ce stade qu’une trentaine de députés socialistes pourraient le signer. Gilles Savary et ses amis réformateurs dénoncent un « détournement de primaire » qui aboutirait, si Benoît Hamon l’emporte dimanche, à un changement complet de ligne en faveur d’un tout autre modèle de société, sans que cela ait pu être arbitré et débattu au sein du Parti. De là à appeler à soutenir l’ex-ministre de l’Economie Emmanuel Macron, aujourd’hui en pleine ascension dans les sondages, il y a un pas qu’ils ne sont pas encore tous prêts à franchir collectivement. Mais l’hypothèse n’est pas écartée a priori et sera vraisemblablement au cœur de la réunion de mardi. « Pour le moment, ce n’est pas arbitré. Il y a des tentations, il y a des prises de contact individuelles, il n’y a pas encore de prise de contact collective », explique Gilles Savary, qui fait aussi état de « prises de contact discrètes » avec des proches de François Hollande, dont le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, et avec Emmanuel Macron. Il estime que si Benoît Hamon remporte la primaire, comme c’est le plus probable, mais « se traîne dans les sondages à un niveau considéré comme mortel pour le PS, le PS pourrait soutenir un autre candidat, venu de l’extérieur ». « Connaissant Benoît Hamon, je pense qu’il jouera la carte du PS au maximum mais que si ça patine trop, il ne sera pas un obstacle à un ralliement à Macron, qui sera présenté comme le moyen de faire barrage à Marine Le Pen », ajoute-t-il.