Sondage-Florange: 76% des français ne font pas confiance au gouvernement
Un sentiment de trahison chez les salariés de Florange renforcé par le fait que 76% des français n’ont pas confiance dans le gouvernement pour régler le conflit. « On est tous écœurés, on a été trahis », a réagi les larmes aux yeux Edouard Martin (CFDT), fer de lance de la lutte syndicale à Florange. « On a deux ennemis: on va se battre contre Mittal et contre le gouvernement », a-t-il poursuivi, appelant le président François Hollande à reprendre « le dossier en main ». Prototype de haut fourneau innovant, Ulcos est censé faire de Florange une vitrine de nouvelles technologies de production de l’acier moins polluantes. Il est aussi l’une des clés d’un maintien d’activité pour la production d’acier brut sur le site mosellan. Matignon comme l’industriel ont immédiatement tenté de déminer le terrain, affirmant qu’il ne s’agissait que d’un contretemps, prévu dans leur accord passé la semaine dernière sur l’avenir de Florange. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a assuré que « Mittal n’a pas porté de coup de grâce ». Le projet « va être repris et le gouvernement y est associé », a-t-il affirmé, précisant que 150 millions d’euros affectés aux investissements d’avenir « sont réservés » pour ce projet. Le compromis avec ArcelorMittal prévoit que les installations de la filière liquide, dont les hauts fourneaux font partie, ne soient pas démontées pendant six ans et mises « sous cocon », notamment dans la perspective d’Ulcos. Il prévoit en outre que les sites de Fos-sur-Mer et Dunkerque soient préservés pendant cinq ans. »L’objectif reste de réaliser un démonstrateur industriel » à Florange, ont précisé les services du Premier ministre, tandis qu’ArcelorMittal a réitéré « sa volonté de poursuivre le projet de recherche et de validation technologique ». Ces déclarations n’ont pas suffi à calmer la colère des syndicats du site, où les métallos CFDT menés par Edouard Martin ont menacé d’occuper les hauts fourneaux. Le responsable syndical et une quinzaine de militants se sont rendus au pied des installations. « On a pris le contrôle de l’alimentation en gaz », a-t-il affirmé, expliquant que les militants occuperaient les lieux dès qu’ils seront alertés d’une consigne de la direction de couper le gaz permettant le maintien en veille des installations. Pour les syndicats, l’arrêt des hauts fourneaux rendrait impossible de revenir à l’option d’un repreneur pour le site, à laquelle ils veulent encore croire. »C’est un sacré coup de canif dans le contrat +inconditionnel+ passé entre le gouvernement et Mittal », a estimé Frédéric Souillot, de la fédération métaux FO. L’annonce de Bruxelles « ne veut pas dire que Mittal arrête Ulcos », a nuancé Xavier Le Coq, en charge de l’industrie à la CFE-CGC. La colère des salariés d’ArcelorMittal s’est également manifestée jeudi sur d’aures sites du groupe. A Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), des salariés ont décidé de bloquer l’entrée des camions approvisionnant le site, en solidarité avec leurs collègues de Florange, tandis qu’une partie des effectifs s’est mise en grève. A l’autre bout de la France, à Basse-Indre, près de Nantes, les syndicats ont appelé à une grève d’une journée lundi pour protester contre le transfert d’une partie de leur activités vers Florange, prévu dans le cadre de l’accord entre la direction du groupe et le gouvernement. Politiquement, ce nouveau flou autour du devenir de Florange intervient alors que Jean-Marc Ayrault, qui a publiquement désavoué son ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg partisan d’une nationalisation du site, s’emploie à panser les blessures au sein de son gouvernement. Interrogé jeudi matin sur RTL, il a dit « assumer la décision qui a été prise » dans ce dossier, et assuré qu’il n’y avait « pas de problème de personnes » dans son équipe. A droite, Jean-François Copé a taclé « le pauvre » Jean-Marc Ayrault, « totalement dépassé par les événements », jugeant cependant que le « grand responsable » était le président François Hollande. Quant à la présidente du Front national Marine Le Pen, elle a dénoncé « un énième soufflet au gouvernement ». Des voix à gauche ont aussi fait part jeudi de leur exaspération. Le député PS de Moselle Michel Liebgott a dit avoir le sentiment de se « faire entuber » par ArcelorMittal. Le leader du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon a de son côté évoqué une « trahison prévisible » de l’industriel. Selon un sondage Tilder – LCI – OpinionWay rendu public jeudi, 76% des Français ne font pas confiance au gouvernement pour obtenir que les engagements pris par ArcelorMittal sur le site de Florange soient tenus.