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Poutine a tué son économie pour servir son impérialisme

Poutine a tué son économie pour servir son impérialisme

En vingt-deux ans de pouvoir sans partage, le maître du Kremlin a sacrifié le bien-être des Russes à ses chimères de grandeur impériale. Et il n’a jamais créé les conditions d’une économie de marché stable et propice aux affaires. ( papier de Jean-Michel Bezat dans le Monde)

 

 

McDonald’s est de retour à Moscou, sous un autre nom et avec un nouveau propriétaire, l’homme d’affaires russe Alexandre Govor. Rebaptisée Vkousno i tochka (« délicieux, point ») et dotée d’un nouveau logo, la chaîne de fast-food va peu à peu rouvrir les 850 restaurants franchisés de l’ex-enseigne américaine. On peut voir dans cette reprise la capacité de rebond de la Russie depuis le départ des entreprises occidentales après l’invasion de l’Ukraine. Ou, plus sûrement, l’isolement croissant du pays, encore illustré par l’absence de grandes sociétés et de dirigeants occidentaux au Forum économique de Saint-Pétersbourg, qui s’est achevé le 18 juin.

Lancé en février 1990, le premier McDo avait symbolisé l’ouverture au capitalisme d’une URSS moribonde. Un retour en arrière ? La Russie n’est pas dans l’état où elle était à la fin de l’ère soviétique, ni après dix ans de présidence chaotique de Boris Elstine. Vladimir Poutine l’a fait entrer dans l’économie mondiale, sans atteindre le degré d’intégration de la Chine. Son industrie s’est un peu diversifiée dans l’agroalimentaire et les technologies. Depuis les sanctions occidentales décrétées après l’annexion de la Crimée en 2014, elle a développé sa production céréalière pour devenir la première exportatrice mondiale de blé – source de revenus autant que levier politique, à l’instar du pétrole, du gaz et de l’armement.

Nostalgique de la puissance politico-militaire de l’Union soviétique, le président russe n’a aucun regret pour son économie planifiée. « Nous n’allons pas avoir une économie fermée », assurait-il, le 9 juin, devant de jeunes entrepreneurs réunis en marge de la commémoration du 350e anniversaire du tsar « européen », Pierre le Grand. Et il peut se féliciter que l’économie résiste encore, quatre mois après le début d’un train de sanctions sans précédent pour une grande économie.

Le rouble tient bon grâce à la stricte politique des taux d’intérêt de la gouverneure de la Banque centrale, Elvira Nabioullina, et à une gestion rigoureuse des comptes publics, qui permet de constituer des réserves de devises. La balance commerciale est excédentaire et la flambée du baril d’or noir, même vendu avec une décote de 20 à 30 dollars (sur 120 dollars, soit environ 114 euros), assure d’importantes recettes fiscales. Gazprom, et donc l’Etat actionnaire, n’a jamais tiré autant de profits du gaz.

Élisabeth Borne à Matignon: l’insignifiante voix de son maître

 

 

 

 

Plusieurs médias évoquaient ces derniers jours  l’éventualité de la nomination d’Élisabeth Borne  à Matignon. C’est fait, ce sera elle après le déjà transparent Castex. Une vraie surprise car l’intéressée ne s’est jamais caractérisée par un grand charisme, ni par un grand modernisme. Elle est plutôt l’incarnation de la technocrate aux ordres  qui se contente de répéter fidèlement les propos du patron président.Par ailleurs, une experte de la langue de bois-Exactement d’ailleurs ce que recherchait Macron, un Premier ministre totalement a sa botte qui ne puisse pas lui faire la moindre ombre comme ce fut le cas y compris avec Édouard Philippe. Il choisit  une technocrate sans envergure qui n’a jamais montré la moindre originalité , le moindre dynamisme, le moindre réel engagement social concret. Elle a obtenu son brevet de socialisme dans le feutré des cabinets ministériel. Bref un très  pale copie de Macron.

Ainsi Macron pourra continuer d’intervenir seul et sans intermédiaire, ni d’un parti, ni d’un gouvernement, ni d’un premier ministre. Partout où Élisabeth Borne est passée dans les cabinets ou au transport, au ministère du travail, elle ne laissera pas un grand souvenir d’innovation et de démocratie participative. Elle se dit de gauche mais on se demande de quelle gauche, sans doute de cette ancienne gauche bobo du PS précisément un parti enterré par les  technocrates et autres bobos qui s’étaient appropriés le parti et ont fini par le tuer du fait de leur ignorance, voire parfois leur mépris des réalités sociales et sociétales .

Avec une Première ministre  de gauche comme celle,-là la France n’a guère à craindre des révolutions et même du changement. Sa seule qualité est sa fidélité et son énorme capacité à répéter les mots du président. Aux yeux de Macron des qualités essentielles. Une telle première ministre ne résistera pas longtemps en face d’une conjoncture politique qui va se durcir sitôt que chacun aura oublié- surtout au gouvernement- les promesses électorales et qu’il faudra affronter les difficultés sociales qui se préparent en particulier du fait de l’inflation qui ronge le pouvoir d’achat sans parler des autres problèmes nombreux non résolus, comme la compétitivité, la réindustrialisation, la réforme de l’Etat ou encore la dérives des comptes.

Un président énarque qui choisit encore une   techno qui n’a jamais été élue; Une haute fonctionnaire ; Une responsable sans réelle conviction politique.  Comme transgression on fait mieux !Et pour première preuve lors de la transmission de pouvoir à Matignon une intervention d’un vide absolu conforme à la posture habituelle de l’intéressée. De toute évidence, il y a vraiment erreur de casting.

Véran retire son masque !

Il y a déjà plusieurs semaines que le bavard ministre de la santé ne nous inflige plus de discours creux à propos de la situation sanitaire. Il faut dire que la guerre en Ukraine a pratiquement effacé de l’actualité l’épidémie de Covid. qui pourtant continue même si elle est en nette régression.

Comme verra n’a pas grand-chose à dire, il rompt cependant le silence en indiquant qu’on peut retirer le masque dans les transports. Le sien sans doute aussi s’autorisait une parole politique qui a dû lui manquer

Le ministre de la Santé a indiqué ce qu’on savait déjà : «le port du masque ne sera plus obligatoire dans l’ensemble transports en commun», Cela à l’issue du dernier Conseil des ministres du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Encore heureux qu’on n’est pas convoqué un conseil de défense !  Olivier Véran précise Cependant que le port du masque reste «recommandé» dans les transports collectifs.

 

Macronisme : un néo-libéralisme qui ne dit pas son nom

 Macronisme  : un néo-libéralisme qui ne dit pas son nom

Deux ouvrages dressent un bilan très néo-libéral du quinquennat d’Emmanuel Macron en matière de politiques publiques. Par Christophe Bouillaud, Université Grenoble Alpes (UGA) dans la « Tribune ».

Pour résumer à outrance, depuis Sarkozy notamment en passant par Hollande, l’orientation politique est d’installer derrière le masque du pragmatisme un projet de société de marché ou néo libéralisme.

De nombreux livres sur le style de gouvernance d’Emmanuel Macron ou sur certains aspects des politiques publiques menées de 2017 à 2022 ont été publiés par des journalistes pour aider le grand public à former son jugement à la veille de l’élection présidentielle. Ne serait-ce qu’en raison du temps nécessaire pour mener une recherche académique, ceux rédigés par des universitaires s’avèrent eux bien plus rares à ce stade.

Il faut donc saluer la publication en février 2022 de deux ouvrages qui tentent de faire un premier bilan à chaud des années 2017-2022 en respectant les contraintes de la vie académique. Le premier est le fruit d’un travail collectif dirigé par Bernard Dolez, Anne-Cécile Douillet, Julien Fretel, et Rémi Lefebvre, L’entreprise Macron à l’épreuve du pouvoir (PUG/UGA Editions, Fontaine/Grenoble).

En rassemblant pas moins de 29 spécialistes, l’ouvrage ambitionne d’établir un bilan de l’exercice du pouvoir par Emmanuel Macron et sa majorité. Le second, Les politiques sociales sous Macron (PUG/UGA Editions, Fontaine/Grenoble) résulte au contraire de l’enquête menée par un seul chercheur, Mehdi Arrignon. Ce dernier se focalise sur les seules politiques sociales, à la fois à travers les statistiques disponibles, les changements législatifs et réglementaires en la matière, et des entretiens avec des acteurs de ces dernières du haut en bas de la hiérarchie politico-administrative.

Pour ce qui concerne les politiques publiques proprement dites (en laissant ici de côté les aspects électoraux et partisans aussi traités par l’ouvrage collectif), les deux ouvrages se rejoignent dans leur diagnostic : le macronisme des années 2017-2022 fut bel et bien un néo-libéralisme.

Rappelons que le néo-libéralisme, c’est cette doctrine, énoncée par exemple par Milton Friedman ou Friedrich Hayek dès les années 1960, qui entend mettre la puissance de l’État au service du développement harmonieux de tous les marchés pour atteindre les optima sociaux désirables, que ce soit une meilleure santé, une meilleure éducation, une bonne retraite ou du travail pour tous.

De cette idéologie bien présente dans les discours de Margaret Thatcher ou de Ronald Reagan dans les années 1980, on ne trouve certes guère de trace aussi directe dans les discours tenus depuis 2017 par Emmanuel Macron ou ses proches, tous les auteurs ici cités en sont d’accord.

Le macronisme se présente lui-même, soit comme un pragmatisme qui applique au cas par cas les bonnes solutions aux problèmes rencontrés, soit comme un élan modernisateur qui ne dépend d’aucune idéologie autre qu’un vague progressisme. Seule la technophilie, l’idée d’un salut par l’innovation, distingue alors vraiment le macronisme.

Céder sur l’accessoire pour préserver l’essentiel

Tous les auteurs cités s’accordent cependant sur le fait que les changements ou inflexions de politiques publiques entre 2017 et 2022 sont toujours allés dans la direction qu’indique depuis des décennies désormais la boussole néo-libérale : plus de marchés ou plus de poids donné aux forces du marché (entreprises, concurrence, innovation) et moins de sources structurelles de dépenses publiques pour permettre des baisses d’impôt sur les « premiers de cordées » (en particulier moins de dépenses sociales dites « passives » d’indemnisation, comme celles du chômage).

Rappelons parmi les grandes décisions d’Emmanuel Macron la suppression de l’ISF (Impôt de solidarité sur la fortune) au nom de la théorie dite du « ruissellement » selon laquelle la moindre imposition des plus riches amène à plus d’investissements et donc à plus d’emplois et à une élévation à terme du niveau de vie des plus pauvres. Ou encore la baisse des APL de cinq euros par foyer au nom de la lutte contre la rente foncière censée capter à son seul profit les subventions publiques aux loyers des plus modestes.

Les diverses crises qu’a connues le mandat d’Emmanuel Macron (« gilets jaunes », Covid et désormais l’invasion russe de l’Ukraine) ont pu donner l’impression que les décisions prises au jour le jour s’éloignaient de cette intention fondamentale, avec le désormais célèbre « quoi qu’il en coûte ». Les auteurs montrent plutôt qu’Emmanuel Macron et ses proches ont su à chaque fois céder sur l’accessoire pour préserver l’essentiel.

L’essence du macronisme

Quel est cet essentiel ? En matière économique et sociale, c’est à une priorité au « retour au travail » de tous que l’on assiste depuis 2017. Comme le montre Mehdi Arrignon, dans son chapitre 14, « Justice sociale : les conceptions implicites » (p. 199-208), c’est de fait à un retournement complet de l’idée même de protection sociale que l’on assiste. Il s’agit de forcer tout un chacun à devenir économiquement autonome de toute aide publique, à prendre des risques, à « traverser la rue ».

Les diverses réformes étudiées par M. Arrignon vont en effet toutes dans ce sens : faire du retour au travail rémunéré la solution unique à tous les problèmes rencontrés par les individus.

Les contributions rassemblées dans l’ouvrage collectif portant sur d’autres politiques publiques (sans pouvoir les couvrir toutes cependant) dressent le même diagnostic : sur la politique du logement laissée aux bons soins du marché (Sylvie Fol, Matthieu Gimat, Yoan Miot), sur la fiscalité favorisant les hauts revenus issus du capital mobilier (Kevin Bernard, Camille Herlin-Giret), sur la politique territoriale misant sur l’autonomie de territoires mis en concurrence (Eleanor Breton, Patrick Le Lidec), sur la santé contrainte par un corset financier d’acier trempé (Frédéric Pierru), sur le sort des grandes réformes (retraites, assurances chômage, etc.) maintenues de fait pendant les crises des « gilets jaunes » et du Covid (Rafael Cos, Fabien Escalona).

Le néo-libéralisme demeure au cœur des décisions, à la fois sous son aspect financier, sous la priorité qu’il donne aux marchés et aux entreprises, et enfin pour responsabiliser chacun de son propre sort. Il est noter qu’aucune des contributions ici rassemblées ne fait allusion à un renouvellement de la réflexion au cours des années 2017-2022 de la part des acteurs aux commandes des différentes politiques étudiées. Il n’y a donc pas lieu d’attendre quelque correction de trajectoire de leur part pour les années à venir.

Une grande continuité avec les deux mandats présidentiels précédents

Cependant, tous ces auteurs insistent aussi sur la continuité de ces politiques néo-libérales avec les deux précédents quinquennats (Sarkozy, Hollande). Il n’y a donc pas véritablement rupture, pas de « révolution » telle que promise dans le livre-programme d’Emmanuel Macron de 2016, mais approfondissement d’un sillon déjà bien labouré.

Cette continuité et cet approfondissement que représente le macronisme au pouvoir, largement lié à une continuité des élites politico-administratives (hauts fonctionnaires déjà à la manœuvre dans un domaine de politique publique avant 2017 repérés par les diverses contributions des deux ouvrages cités entre 2017 et 2022, ou élus venus du Parti socialiste ou des Républicains et ralliés en 2017 ou après à Emmanuel Macron comme députés ou ministres) qui conçoivent et mettent en œuvre ces réformes, expliquent sans doute l’insatisfaction des Français face à une bonne part de ces politiques publiques, et surtout à l’égard des institutions où ces politiques publiques sont décidées.

Un programme visant à fonder une société de marché

Selon les données du Baromètre de la confiance politiquel’enquête régulière menée par le CEVIPOF), jamais aucune institution politique nationale ou européenne (Président de la République, Parlement, Sénat, Conseil constitutionnel, Conseil économique social et environnemental, Union européenne) n’a dépassé depuis qu’il existe (2009), et ce jusqu’en janvier 2022, le seuil des 50 % de satisfaits (vague 13, janvier 2022).

L’insatisfaction à l’égard des pouvoirs les plus éloignés est ainsi devenu un très majeur de notre démocratie. Seuls les pouvoirs locaux (Conseil municipal, et, dans une moindre mesure, Conseil départemental et Conseil régional) recueillent encore régulièrement la confiance de plus de 50 % des Français. Quant aux partis politiques, ils représentent de longue date l’institution dans laquelle les Français ont de loin le moins confiance (21 % en janvier 2022).

Le programme en matière économique et sociale présenté par E. Macron le 17 mars 2022 en vue de sa réélection s’avère pourtant en parfaite continuité avec les décisions du quinquennat qui s’achève (retraite à 65 ans, obligation d’avoir une activité partielle pour les bénéficiaires du RSA, fusion de toutes les aides sociales, etc.).

La réélection d’Emmanuel Macron validera donc ce choix d’une « société de marché », comme aurait dit Lionel Jospin (PS) en son temps, alors qu’il refusait justement l’évolution du socialisme français vers le néo-libéralisme.

Une « société de marché » correspondrait à l’idéal néo-libéral enfin réalisé, où le devenir de chaque personne serait très strictement indexé sur sa réussite économique sur le marché. Elle correspond aussi à la volonté d’E. Macron de garantir une égalité aussi parfaite que possible des chances au départ de cette lutte pour profiter des agréments de la vie ou pour éviter ses désagréments, mais de n’offrir que des filets de sécurité les plus minimaux possibles pour les perdants de cette course. Cependant il n’est pas sûr que la pérennisation de ce nouveau modèle (anti-)social français n’accroisse pas encore la défiance d’une bonne part de la population à l’encontre de l’État, des élites, de la politique, voire même de toute autorité instituée.

_________

Par Christophe Bouillaud Professeur de science politique, Université Grenoble Alpes (UGA)

Cet article a été publié dans le cadre du partenariat avec le site Poliverse.fr.

Macronisme : un néo-libéralisme qui ne dit pas son nom

 Macronisme  : un néo-libéralisme qui ne dit pas son nom

Deux ouvrages dressent un bilan très néo-libéral du quinquennat d’Emmanuel Macron en matière de politiques publiques. Par Christophe Bouillaud, Université Grenoble Alpes (UGA) dans la « Tribune ».

Pour résumer à outrance, depuis Sarkozy notamment en passant par Hollande, l’orientation politique est d’installer derrière le masque du pragmatisme un projet de société de marché ou néo libéralisme.

De nombreux livres sur le style de gouvernance d’Emmanuel Macron ou sur certains aspects des politiques publiques menées de 2017 à 2022 ont été publiés par des journalistes pour aider le grand public à former son jugement à la veille de l’élection présidentielle. Ne serait-ce qu’en raison du temps nécessaire pour mener une recherche académique, ceux rédigés par des universitaires s’avèrent eux bien plus rares à ce stade.

Il faut donc saluer la publication en février 2022 de deux ouvrages qui tentent de faire un premier bilan à chaud des années 2017-2022 en respectant les contraintes de la vie académique. Le premier est le fruit d’un travail collectif dirigé par Bernard Dolez, Anne-Cécile Douillet, Julien Fretel, et Rémi Lefebvre, L’entreprise Macron à l’épreuve du pouvoir (PUG/UGA Editions, Fontaine/Grenoble).

En rassemblant pas moins de 29 spécialistes, l’ouvrage ambitionne d’établir un bilan de l’exercice du pouvoir par Emmanuel Macron et sa majorité. Le second, Les politiques sociales sous Macron (PUG/UGA Editions, Fontaine/Grenoble) résulte au contraire de l’enquête menée par un seul chercheur, Mehdi Arrignon. Ce dernier se focalise sur les seules politiques sociales, à la fois à travers les statistiques disponibles, les changements législatifs et réglementaires en la matière, et des entretiens avec des acteurs de ces dernières du haut en bas de la hiérarchie politico-administrative.

Pour ce qui concerne les politiques publiques proprement dites (en laissant ici de côté les aspects électoraux et partisans aussi traités par l’ouvrage collectif), les deux ouvrages se rejoignent dans leur diagnostic : le macronisme des années 2017-2022 fut bel et bien un néo-libéralisme.

Rappelons que le néo-libéralisme, c’est cette doctrine, énoncée par exemple par Milton Friedman ou Friedrich Hayek dès les années 1960, qui entend mettre la puissance de l’État au service du développement harmonieux de tous les marchés pour atteindre les optima sociaux désirables, que ce soit une meilleure santé, une meilleure éducation, une bonne retraite ou du travail pour tous.

De cette idéologie bien présente dans les discours de Margaret Thatcher ou de Ronald Reagan dans les années 1980, on ne trouve certes guère de trace aussi directe dans les discours tenus depuis 2017 par Emmanuel Macron ou ses proches, tous les auteurs ici cités en sont d’accord.

Le macronisme se présente lui-même, soit comme un pragmatisme qui applique au cas par cas les bonnes solutions aux problèmes rencontrés, soit comme un élan modernisateur qui ne dépend d’aucune idéologie autre qu’un vague progressisme. Seule la technophilie, l’idée d’un salut par l’innovation, distingue alors vraiment le macronisme.

Céder sur l’accessoire pour préserver l’essentiel

Tous les auteurs cités s’accordent cependant sur le fait que les changements ou inflexions de politiques publiques entre 2017 et 2022 sont toujours allés dans la direction qu’indique depuis des décennies désormais la boussole néo-libérale : plus de marchés ou plus de poids donné aux forces du marché (entreprises, concurrence, innovation) et moins de sources structurelles de dépenses publiques pour permettre des baisses d’impôt sur les « premiers de cordées » (en particulier moins de dépenses sociales dites « passives » d’indemnisation, comme celles du chômage).

Rappelons parmi les grandes décisions d’Emmanuel Macron la suppression de l’ISF (Impôt de solidarité sur la fortune) au nom de la théorie dite du « ruissellement » selon laquelle la moindre imposition des plus riches amène à plus d’investissements et donc à plus d’emplois et à une élévation à terme du niveau de vie des plus pauvres. Ou encore la baisse des APL de cinq euros par foyer au nom de la lutte contre la rente foncière censée capter à son seul profit les subventions publiques aux loyers des plus modestes.

Les diverses crises qu’a connues le mandat d’Emmanuel Macron (« gilets jaunes », Covid et désormais l’invasion russe de l’Ukraine) ont pu donner l’impression que les décisions prises au jour le jour s’éloignaient de cette intention fondamentale, avec le désormais célèbre « quoi qu’il en coûte ». Les auteurs montrent plutôt qu’Emmanuel Macron et ses proches ont su à chaque fois céder sur l’accessoire pour préserver l’essentiel.

L’essence du macronisme

Quel est cet essentiel ? En matière économique et sociale, c’est à une priorité au « retour au travail » de tous que l’on assiste depuis 2017. Comme le montre Mehdi Arrignon, dans son chapitre 14, « Justice sociale : les conceptions implicites » (p. 199-208), c’est de fait à un retournement complet de l’idée même de protection sociale que l’on assiste. Il s’agit de forcer tout un chacun à devenir économiquement autonome de toute aide publique, à prendre des risques, à « traverser la rue ».

Les diverses réformes étudiées par M. Arrignon vont en effet toutes dans ce sens : faire du retour au travail rémunéré la solution unique à tous les problèmes rencontrés par les individus.

Les contributions rassemblées dans l’ouvrage collectif portant sur d’autres politiques publiques (sans pouvoir les couvrir toutes cependant) dressent le même diagnostic : sur la politique du logement laissée aux bons soins du marché (Sylvie Fol, Matthieu Gimat, Yoan Miot), sur la fiscalité favorisant les hauts revenus issus du capital mobilier (Kevin Bernard, Camille Herlin-Giret), sur la politique territoriale misant sur l’autonomie de territoires mis en concurrence (Eleanor Breton, Patrick Le Lidec), sur la santé contrainte par un corset financier d’acier trempé (Frédéric Pierru), sur le sort des grandes réformes (retraites, assurances chômage, etc.) maintenues de fait pendant les crises des « gilets jaunes » et du Covid (Rafael Cos, Fabien Escalona).

Le néo-libéralisme demeure au cœur des décisions, à la fois sous son aspect financier, sous la priorité qu’il donne aux marchés et aux entreprises, et enfin pour responsabiliser chacun de son propre sort. Il est noter qu’aucune des contributions ici rassemblées ne fait allusion à un renouvellement de la réflexion au cours des années 2017-2022 de la part des acteurs aux commandes des différentes politiques étudiées. Il n’y a donc pas lieu d’attendre quelque correction de trajectoire de leur part pour les années à venir.

Une grande continuité avec les deux mandats présidentiels précédents

Cependant, tous ces auteurs insistent aussi sur la continuité de ces politiques néo-libérales avec les deux précédents quinquennats (Sarkozy, Hollande). Il n’y a donc pas véritablement rupture, pas de « révolution » telle que promise dans le livre-programme d’Emmanuel Macron de 2016, mais approfondissement d’un sillon déjà bien labouré.

Cette continuité et cet approfondissement que représente le macronisme au pouvoir, largement lié à une continuité des élites politico-administratives (hauts fonctionnaires déjà à la manœuvre dans un domaine de politique publique avant 2017 repérés par les diverses contributions des deux ouvrages cités entre 2017 et 2022, ou élus venus du Parti socialiste ou des Républicains et ralliés en 2017 ou après à Emmanuel Macron comme députés ou ministres) qui conçoivent et mettent en œuvre ces réformes, expliquent sans doute l’insatisfaction des Français face à une bonne part de ces politiques publiques, et surtout à l’égard des institutions où ces politiques publiques sont décidées.

Un programme visant à fonder une société de marché

Selon les données du Baromètre de la confiance politiquel’enquête régulière menée par le CEVIPOF), jamais aucune institution politique nationale ou européenne (Président de la République, Parlement, Sénat, Conseil constitutionnel, Conseil économique social et environnemental, Union européenne) n’a dépassé depuis qu’il existe (2009), et ce jusqu’en janvier 2022, le seuil des 50 % de satisfaits (vague 13, janvier 2022).

L’insatisfaction à l’égard des pouvoirs les plus éloignés est ainsi devenu un très majeur de notre démocratie. Seuls les pouvoirs locaux (Conseil municipal, et, dans une moindre mesure, Conseil départemental et Conseil régional) recueillent encore régulièrement la confiance de plus de 50 % des Français. Quant aux partis politiques, ils représentent de longue date l’institution dans laquelle les Français ont de loin le moins confiance (21 % en janvier 2022).

Le programme en matière économique et sociale présenté par E. Macron le 17 mars 2022 en vue de sa réélection s’avère pourtant en parfaite continuité avec les décisions du quinquennat qui s’achève (retraite à 65 ans, obligation d’avoir une activité partielle pour les bénéficiaires du RSA, fusion de toutes les aides sociales, etc.).

La réélection d’Emmanuel Macron validera donc ce choix d’une « société de marché », comme aurait dit Lionel Jospin (PS) en son temps, alors qu’il refusait justement l’évolution du socialisme français vers le néo-libéralisme.

Une « société de marché » correspondrait à l’idéal néo-libéral enfin réalisé, où le devenir de chaque personne serait très strictement indexé sur sa réussite économique sur le marché. Elle correspond aussi à la volonté d’E. Macron de garantir une égalité aussi parfaite que possible des chances au départ de cette lutte pour profiter des agréments de la vie ou pour éviter ses désagréments, mais de n’offrir que des filets de sécurité les plus minimaux possibles pour les perdants de cette course. Cependant il n’est pas sûr que la pérennisation de ce nouveau modèle (anti-)social français n’accroisse pas encore la défiance d’une bonne part de la population à l’encontre de l’État, des élites, de la politique, voire même de toute autorité instituée.

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Par Christophe Bouillaud Professeur de science politique, Université Grenoble Alpes (UGA)

Cet article a été publié dans le cadre du partenariat avec le site Poliverse.fr.

Macron II- Élisabeth Borne à Matignon: l’insignifiante voix de son maître

Macron II- Élisabeth Borne à Matignon: l’insignifiante voix de son maître

 

 

 

Plusieurs médias évoquent l’éventualité de la nomination d’Élisabeth Borne  à Matignon. Une vraie surprise car l’intéressée ne s’est jamais caractérisée par un grand charisme ni par un grand modernisme. Elle est plutôt l’incarnation de la technocrate aux ordres  qui se contente de répéter fidèlement les propos du patron président.-Exactement d’ailleurs ce que recherchent Macron, un premier ministre totalement transparent qui ne puisse pas lui faire la moindre ombre comme ce fut le cas y compris avec Édouard Philippe. De plus en plus centraliste en même temps qu’ étatiste Macron n’est libérale que pour servir la soupe aux multinationales.

Pour le reste, il veut intervenir seul et sans intermédiaire, ni d’un parti, ni d’un gouvernement ni d’un premier ministre. Partout où Élisabeth Bornes est passée dans les cabinets ou au transport, au ministère du travail, elle ne laissera pas un grand souvenir de dynamisme et d’innovation. Elle se dit de gauche mais on se demande de quelle gauche sans doute de cette ancienne gauche bobo du PS précisément un parti enterré par les  technocrates et autres bobos qui s’étaient appropriés le parti.

Avec une première ministre  de gauche comme celle-là la France n’a guère à craindre des révolutions et même du changement. Sa seule qualité sa fidélité et son énorme capacité à répéter les mots du président. Aux yeux de Macron des qualités essentielles. Une telle première ministre ne résistera pas longtemps en face d’une conjoncture politique qui va se durcir sitôt que chacun aura oublié- surtout au gouvernement- les promesses électorales et qu’il faudra affronter les difficultés sociales qui se préparent en particulier du faite de l’inflation qui ronge le pouvoir d’achat sans parler des autres problèmes nombreux non résolus.

Retraites :La pénibilité intégrée ? (Élisabeth Borne, dite la voix de son maître)

Retraites :La pénibilité intégrée ? (Élisabeth Borne, dite la voix de son maître)

 

 

Il est clair que Macron a commencé à lâcher du mou sur les retraites et il y a fort à parier qu’il va continuer aussi bien avant le deuxième tour pour récupérer des voix qu’après compte tenu de l’opposition sociale prévisible.

Reste cependant de nombreux flous en particulier sur la prise en compte de la pénibilité. Élisabeth Borne, en véritable voix de son maître, reprend à son compte ce flou en parlant de l’usure professionnelle par exemple pour les professeurs ! Elle aurait sans doute pu prendre un autre exemple comme les couvreurs à moins qu’il ne s’agisse d’un clin d’œil au monde de l’enseignement plutôt positionné à gauche.

Invitée sur BFMTV ce lundi, Élisabeth Borne, ministre du Travail et soutien du candidat de La République en marche (LaREM), est venue défendre la réforme des retraites portée par Emmanuel Macron. C’est l’une des propositions phares du président-candidat mais aussi l’une des plus clivantes. Dans son programme figure en effet le recul progressif de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans, contre 62 ans aujourd’hui. «Je suis prêt à discuter», a tout de même voulu nuancer Emmanuel Macron la semaine dernière. Une mesure controversée pour laquelle il s’est dit ouvert à un référendum.

 

 

L’actuelle ministre du Travail a apporté certaines nouvelles précisions ce lundi matin, en assurant que «l’usure professionnelle physique mais aussi psychologique», sera prise en compte. «Évidemment, on tient compte de la situation de ceux qui ont commencé à travailler tôt, les carrières longues qui bénéficieront toujours d’un départ anticipé, de ceux qui ont eu des métiers pénibles. Et il faut une concertation avec les organisations patronales et syndicales pour regarder les métiers dans lesquels il peut y avoir de l’usure professionnelle physique mais aussi psychologique. Par exemple quand vous êtes professeur, il faut tenir compte de ça», a déclaré Élisabeth Borne.

«Il faut permettre aussi à ceux qui le souhaitent de pouvoir changer de métier… Il faut aménager les fins de carrière. Tout cela doit faire l’objet de concertations», a-t-elle encore ajouté.

Un point sur lequel devraient vivement échanger ce mercredi les deux candidats lors du débat de l’entre-deux-tours. En effet, Marine Le Pen a déclaré il y a quelques jours que «la retraite à 65 ans, pour certains métiers, c’est inhumain.» La candidate du Rassemblement National (RN) s’engage à maintenir l’âge légal à 62 ans maximum, mais souhaite créer un régime plus favorable pour ceux qui sont entrés très jeunes dans la vie active.

Prospective- Élisabeth Borne à Matignon: l’insignifiante voix de son maître

Prospective- Élisabeth Borne à Matignon: l’insignifiante voix de son maître

 

 

 

Plusieurs médias évoquent l’éventualité de la nomination d’Élisabeth Borne  à Matignon. Une vraie surprise car l’intéressée ne s’est jamais caractérisée par un grand charisme ni par un grand modernisme. Elle est plutôt l’incarnation de la technocrate aux ordres  qui se contente de répéter fidèlement les propos du patron président.-Exactement d’ailleurs ce que recherchent Macron, un premier ministre totalement transparent qui ne puisse pas lui faire la moindre ombre comme ce fut le cas y compris avec Édouard Philippe. De plus en plus centraliste en même temps qu’ étatiste Macron n’est libérale que pour servir la soupe aux multinationales.

Pour le reste, il veut intervenir seul et sans intermédiaire, ni d’un parti, ni d’un gouvernement ni d’un premier ministre. Partout où Élisabeth Bornes est passée dans les cabinets ou au transport, au ministère du travail, elle ne laissera pas un grand souvenir de dynamisme et d’innovation. Elle se dit de gauche mais on se demande de quelle gauche sans doute de cette ancienne gauche bobo du PS précisément un parti enterré par les  technocrates et autres bobos qui s’étaient appropriés le parti.

Avec une première ministre  de gauche comme celle-là la France n’a guère à craindre des révolutions et même du changement. Sa seule qualité sa fidélité et son énorme capacité à répéter les mots du président. Aux yeux de Macron des qualités essentielles. Une telle première ministre ne résistera pas longtemps en face d’une conjoncture politique qui va se durcir sitôt que chacun aura oublié- surtout au gouvernement- les promesses électorales et qu’il faudra affronter les difficultés sociales qui se préparent en particulier du faite de l’inflation qui ronge le pouvoir d’achat sans parler des autres problèmes nombreux non résolus.

Élisabeth Borne à Matignon: l’insignifiante voix de son maître

Élisabeth Borne à Matignon: l’insignifiante voix de son maître

 

 

 

Plusieurs médias évoquent l’éventualité de la nomination d’Élisabeth Borne  à Matignon. Une vraie surprise car l’intéressée ne s’est jamais caractérisée par un grand charisme ni par un grand modernisme. Elle est plutôt l’incarnation de la technocrate aux ordres  qui se contente de répéter fidèlement les propos du patron président.-Exactement d’ailleurs ce que recherchent Macron, un premier ministre totalement transparent qui ne puisse pas lui faire la moindre ombre comme ce fut le cas y compris avec Édouard Philippe. De plus en plus centraliste en même temps qu’ étatiste Macron n’est libéraleque pour servir la soupe aux multinationales.

Pour le reste, il veut intervenir seul et sans intermédiaire, ni d’un parti, ni d’un gouvernement ni d’un premier ministre. Partout où Élisabeth Bornes  est passée dans les cabinets ou au transport, au ministère du travail, elle ne laissera pas un grand souvenir de dynamisme et d’innovation. Elle se dit de gauche mais on se demande de quelle gauche sans doute de cette ancienne gauche bobo du PS précisément un parti enterré par les  technocrates et autres bobos qui s’étaient appropriés le parti.

Avec une première ministre  de gauche comme celle-là la France n’a guère à craindre des révolutions et même du changement. Sa seule qualité sa fidélité et son énorme capacité à répéter les mots du président. Aux yeux de Macron des qualités essentielles. Une telle première ministre ne résistera pas longtemps en face d’une conjoncture politique qui va se durcir sitôt que chacun aura oublié- surtout au gouvernement- les promesses électorales et qu’il faudra affronter les difficultés sociales qui se préparent en particulier du faite de l’inflation qui ronge le pouvoir d’achat sans parler des autres problèmes nombreux non résolus.

Berlin doit assurer son rôle de défense

Berlin doit assurer son rôle de défense

L’invasion russe de l’Ukraine a propulsé l’Allemagne dans une nouvelle ère, avec un changement radical de sa politique de sécurité, analysent les deux chercheurs. Claudia Major et Christian Mölling soulignent que sa mise en œuvre implique une profonde transformation des mentalités.

D’une certaine manière Berlin doit sortir de son rôle de fait  de non-aligné eu égard d’une part à son poids politique ,  d’autre part aussi à l’importance de son industrie militaire; Sans parler évidemment de sa propre sécurité. NDLR

 

Tribune.

Le 27 février, une révolution s’est produite au Bundestag. En trente minutes, le chancelier Olaf Scholz a balayé toutes les certitudes qui structurent la politique de sécurité allemande depuis trente ans. Jusque-là, l’Allemagne ne s’était pas sentie directement menacée et ne s’était donc que peu engagée militairement. Lorsqu’elle l’a fait, sur le flanc est de l’OTAN ou au Mali, c’était en grande partie par solidarité avec ses alliés de l’Alliance atlantique et la France. Mais elle ne se sentait pas vraiment concernée.

Le budget de la défense a certes augmenté depuis l’annexion de la Crimée, en 2014, passant de 33 milliards à 50 milliards entre 2013 et 2021. Néanmoins l’Allemagne reste loin des 2 % de son PIB promis à l’OTAN (contrairement à la France, avec son budget militaire d’environ 41 milliards d’euros). La Bundeswehr reste sous-équipée et le système d’acquisition des armements fonctionne mal.

 

Surtout, les questions de défense restent controversées et n’intéressent guère l’opinion publique et le monde politique allemands. La dissuasion nucléaire est largement rejetée et l’existence même de l’armée est critiquée. Dans le même temps, les missions humanitaires et la gestion civile des crises sont vantées comme instruments politiques. L’opinion publique allemande reste majoritairement pacifiste et les partis politiques sont restés, jusqu’à récemment, plutôt favorables à la Russie, à l’exception notable des Verts. Il est ainsi compréhensible que l’Allemagne, jusqu’à l’invasion russe, ait refusé de livrer des armes à l’Ukraine, ait misé sur la diplomatie et n’ait pas voulu mettre en péril ses relations économiques avec la Russie. Mais la guerre contre l’Ukraine a tout changé.

Ce n’est qu’en février 2022 que Berlin a compris que cette guerre, qui se déroule à un peu plus de 1 000 km de Berlin – presque aussi près que Paris –, est également une attaque contre son propre modèle de vie. Cette fois, il ne s’agit plus d’une simple attaque contre ses voisins : il s’agit de l’Allemagne elle-même et de sa survie. Aucune des crises précédentes n’a pu générer ce sentiment : ni la barbarie en Syrie, ni la première invasion de l’Ukraine en 2014, ni les attaques terroristes.Le chancelier a utilisé le terme de Zeitenwende (changement d’époque) qui acte une rupture fondamental : l’Allemagne n’observe pas, désormais elle « ressent » la menace pour elle-même et la souffrance des autres (les réfugiés arrivent en grand nombre à la gare centrale de Berlin). Toutes deux sont causées par l’attaque de la Russie, ce pays auprès duquel Berlin a une si grande dette historique, puisque l’Allemagne nazie a tué des millions de citoyens soviétiques.

Politique énergétique :  » La France a perdu son indépendance »

Politique énergétique :  » La France a perdu son indépendance » 

 

Pour justifier la relance de la filière nucléaire, Emmanuel Macron a cédé aux industriels des énergies renouvelables, estime Jean-Louis Butré dans le FigaroCette concession aura selon lui de lourdes conséquences en matière d’environnement comme en matière d’énergie.

Jean-Louis Butré est Président de la Fédération environnement durable. (FED).

Selon les déclarations d’Emmanuel Macron, l’éolien terrestre verra sa puissance doubler et le territoire sera couvert par 15.000 à 20.000 éoliennes. Or aujourd’hui 95% de l’électricité fabriquée en France est produite par des filières qui n’émettent pas de gaz à effet de serre. Ce programme est donc une erreur pour lutter contre le dérèglement climatique et la sécurité d’approvisionnement. Il entraînera la construction de plusieurs dizaines de centrales à gaz émettrices de CO², indispensables pour sécuriser l’approvisionnement en électricité de la France lorsque le vent sera absent, notamment en période d’hiver.

Ensuite le tarif de l’électricité des ménages «explosera», au détriment du pouvoir d’achat des Français. Le courant est acheté prioritairement et obligatoirement à des prix garantis exorbitants aux promoteurs éoliens. Tout le matériel pour construire les éoliennes est importé, principalement, d’Allemagne, du Danemark, et de Chine. La France subventionne des emplois dans ces pays et en détruit en France en affaiblissant la compétitivité des industries consommatrices d’électricité.

Les parcs naturels, les forêts, les zones protégées seront violés. La faune sera menacée. L’atteinte à la biodiversité sera gigantesque.

Comment préserver l’environnement quand bientôt 20.000 socles, soit un total de 35 millions de tonnes de béton armé ne seront jamais retirés du sol ? Compte tenu du coût exorbitant du démantèlement des éoliennes, le territoire conservera de multiples friches industrielles. Les parcs naturels, les forêts, les zones protégées seront violés. La faune sera menacée. L’atteinte à la biodiversité sera gigantesque.

Pourquoi détruire le patrimoine historique, les paysages de la France et les biens des particuliers ? Concernant ces derniers, des moins-values allant jusqu’à 100% sont déjà constatées pour des maisons de riverains. Implanter des éoliennes qui dépassent maintenant 230 mètres de haut à 500 mètres des habitations est surtout une atteinte à la santé. Il suffit de lire la presse régionale pour comprendre que dans toute la France rurale des citoyens confrontés aux éoliennes s’insurgent de subir ces machines. Le village d’Échauffour dans l’Orne en est l’exemple parfait.

Zones d’interdiction de navigation comprises, 11.500 km², c’est une superficie plus grande que la Corse qui sera accaparée. Les éoliennes en mer sont situées au raz des côtes. Elles auront un impact important en raison de leur taille gigantesque et elles causeront la ruine du patrimoine paysager et historique de la France de Dunkerque à Monaco.

Des millions de touristes, de vacanciers, de familles et d’enfants, viennent au bord de la mer pour se ressourcer devant des grands espaces naturels. Les plages seront électrifiées par des lignes haute tension enterrées ou aériennes, sans compter les blessures infligées aux communes limitrophes engendrées par les raccordements de ces usines au réseau par des transformateurs. Et enfin, le coût pour la corporation traditionnelle des marins pêcheurs. Leurs espaces de travail historiques seront-ils accaparés par des multinationales, des consortiums financiers et des fonds de pension étrangers ?

Pourquoi a-t-il autorisé la destruction de l’environnement en faisant fi des rapports du Conseil national de la protection de la nature sur l’éolien en mer et des ONG, lanceurs d’alerte comme SeaSherperd, Robin des Bois qui ne cessent de dénoncer les conséquences désastreuses de ces usines sur la biodiversité, sur les poissons, sur les mammifères marins et sur le véritable génocide des oiseaux migrateurs et des espèces protégées qui ne trouveront plus d’espaces pour se reposer, se nourrir, ou voler ? Comment a-t-il pu affirmer son engagement à protéger la mer devant cinquante chefs d’états réunis à Brest au sommet international «One Ocean Summit», alors que quelques jours avant, le président de la République avait décidé à Belfort de la couvrir d’éoliennes et de sacrifier tout le littoral français ? L’océan est le poumon de planète, le premier régulateur du climat. C’est le principal puits de carbone. Personne n’a le droit de le détruire.

En conclusion, le plan éolien présenté par Emmanuel Macron cumulera tous les inconvénients, écologiques sociétaux et économiques. Dans ce dernier domaine, le secteur international éolien est à haut risque. Les leaders du secteur en Europe sont à la peine. Le métier est peu rentable, les prix explosent et les investisseurs sont méfiants, les leaders du secteur en Europe vont mal. Le discours d’Emmanuel Macron à Belfort acte en réalité le fait que la France a perdu son indépendance énergétique. Ce plan a-t-il été imposé à la France par l’Allemagne, berceau du lobby des industriels des éoliennes ? S’agit-il d’un accord pour qu’en échange de l’achat d’éoliennes par la France, l’Europe accepte l’inclusion du nucléaire dans la «taxonomie verte» en cours de négociation à Bruxelles ?

Energie et Éoliennes: « La France a perdu son indépendance « 

Energie et Éoliennes: « La France a perdu son indépendance « 

 

Pour justifier la relance de la filière nucléaire, Emmanuel Macron a cédé aux industriels des énergies renouvelables, estime Jean-Louis Butré dans le FigaroCette concession aura selon lui de lourdes conséquences en matière d’environnement comme en matière d’énergie.

Jean-Louis Butré est Président de la Fédération environnement durable. (FED).

Selon les déclarations d’Emmanuel Macron, l’éolien terrestre verra sa puissance doubler et le territoire sera couvert par 15.000 à 20.000 éoliennes. Or aujourd’hui 95% de l’électricité fabriquée en France est produite par des filières qui n’émettent pas de gaz à effet de serre. Ce programme est donc une erreur pour lutter contre le dérèglement climatique et la sécurité d’approvisionnement. Il entraînera la construction de plusieurs dizaines de centrales à gaz émettrices de CO², indispensables pour sécuriser l’approvisionnement en électricité de la France lorsque le vent sera absent, notamment en période d’hiver.

Ensuite le tarif de l’électricité des ménages «explosera», au détriment du pouvoir d’achat des Français. Le courant est acheté prioritairement et obligatoirement à des prix garantis exorbitants aux promoteurs éoliens. Tout le matériel pour construire les éoliennes est importé, principalement, d’Allemagne, du Danemark, et de Chine. La France subventionne des emplois dans ces pays et en détruit en France en affaiblissant la compétitivité des industries consommatrices d’électricité.

Les parcs naturels, les forêts, les zones protégées seront violés. La faune sera menacée. L’atteinte à la biodiversité sera gigantesque.

Comment préserver l’environnement quand bientôt 20.000 socles, soit un total de 35 millions de tonnes de béton armé ne seront jamais retirés du sol ? Compte tenu du coût exorbitant du démantèlement des éoliennes, le territoire conservera de multiples friches industrielles. Les parcs naturels, les forêts, les zones protégées seront violés. La faune sera menacée. L’atteinte à la biodiversité sera gigantesque.

Pourquoi détruire le patrimoine historique, les paysages de la France et les biens des particuliers ? Concernant ces derniers, des moins-values allant jusqu’à 100% sont déjà constatées pour des maisons de riverains. Implanter des éoliennes qui dépassent maintenant 230 mètres de haut à 500 mètres des habitations est surtout une atteinte à la santé. Il suffit de lire la presse régionale pour comprendre que dans toute la France rurale des citoyens confrontés aux éoliennes s’insurgent de subir ces machines. Le village d’Échauffour dans l’Orne en est l’exemple parfait.

Zones d’interdiction de navigation comprises, 11.500 km², c’est une superficie plus grande que la Corse qui sera accaparée. Les éoliennes en mer sont situées au raz des côtes. Elles auront un impact important en raison de leur taille gigantesque et elles causeront la ruine du patrimoine paysager et historique de la France de Dunkerque à Monaco.

Des millions de touristes, de vacanciers, de familles et d’enfants, viennent au bord de la mer pour se ressourcer devant des grands espaces naturels. Les plages seront électrifiées par des lignes haute tension enterrées ou aériennes, sans compter les blessures infligées aux communes limitrophes engendrées par les raccordements de ces usines au réseau par des transformateurs. Et enfin, le coût pour la corporation traditionnelle des marins pêcheurs. Leurs espaces de travail historiques seront-ils accaparés par des multinationales, des consortiums financiers et des fonds de pension étrangers ?

Pourquoi a-t-il autorisé la destruction de l’environnement en faisant fi des rapports du Conseil national de la protection de la nature sur l’éolien en mer et des ONG, lanceurs d’alerte comme SeaSherperd, Robin des Bois qui ne cessent de dénoncer les conséquences désastreuses de ces usines sur la biodiversité, sur les poissons, sur les mammifères marins et sur le véritable génocide des oiseaux migrateurs et des espèces protégées qui ne trouveront plus d’espaces pour se reposer, se nourrir, ou voler ? Comment a-t-il pu affirmer son engagement à protéger la mer devant cinquante chefs d’états réunis à Brest au sommet international «One Ocean Summit», alors que quelques jours avant, le président de la République avait décidé à Belfort de la couvrir d’éoliennes et de sacrifier tout le littoral français ? L’océan est le poumon de planète, le premier régulateur du climat. C’est le principal puits de carbone. Personne n’a le droit de le détruire.

En conclusion, le plan éolien présenté par Emmanuel Macron cumulera tous les inconvénients, écologiques sociétaux et économiques. Dans ce dernier domaine, le secteur international éolien est à haut risque. Les leaders du secteur en Europe sont à la peine. Le métier est peu rentable, les prix explosent et les investisseurs sont méfiants, les leaders du secteur en Europe vont mal. Le discours d’Emmanuel Macron à Belfort acte en réalité le fait que la France a perdu son indépendance énergétique. Ce plan a-t-il été imposé à la France par l’Allemagne, berceau du lobby des industriels des éoliennes ? S’agit-il d’un accord pour qu’en échange de l’achat d’éoliennes par la France, l’Europe accepte l’inclusion du nucléaire dans la «taxonomie verte» en cours de négociation à Bruxelles ?

Présidentielle: Le PRG annule son soutien à Taubira

Présidentielle: Le PRG annule son soutien à  Taubira

 

 

Le patron du parti radical de gauche , Guillaume Lacroix, retire son soutien à Taubira. « Nous avons enclenché derrière la démarche de Christiane Taubira qui s’est construite sur le rassemblement des candidats de gauche (…) Mais je prends acte après des semaines et des semaines de discussions avec l’ensemble des responsables politiques de gauche, tous confondus, que cette forme d’union là ne se fera pas », a-t-il reconnu.

Le rassemblement des candidats étant donc largement compromis – « Il faut à un moment l’accepter » – le président du PRG a désolidarisé son parti de Christiane Taubira qui « a fait évoluer sa campagne sur une campagne de citoyenneté basée sur 400 000 votants, fondée sur les comités Taubira, sur la jeunesse. » « Je salue cet élan et ce souffle autour d’une candidature à gauche. Ce n’est pas si souvent. Seulement le mandat du PRG était un mandat autre et donc le PRG en tant que tel se met en retrait », a-t-il conclu.

Certains élus du PRG seraient tentés de soutenir Emmanuel Macron, ou encore que le soutien a été retiré en raison des liens, souvent forts dans les exécutifs locaux, entre le PRG et le PS qui a encore redit lundi, par la voix de son premier secrétaire, un soutien ferme à sa candidate.

Ukraine: Poutine craint surtout la remise en cause de son pouvoir autocratique

Ukraine: Poutine craint surtout la remise en cause de son pouvoir autocratique

 

À travers les tensions d’Ukraine créées  par Poutine, il y a bien entendu des enjeux de défense. Mais Poutine craint par-dessus tout que le régime démocratique de Kiev contamine la Russie et son propre pouvoir autocratique estime la politiste Marie Mendras, dans une tribune au « Monde ».

 

En Europe, nous vivons depuis plusieurs mois au rythme des menaces de guerre en Ukraine. Et nous devons nous préparer à tenir ce rythme pendant encore de longs mois. L’insécurité permanente est l’ultime tactique du Kremlin.

Le tête-à-tête de cinq heures entre le président français et le président russe, le 7 février, au Kremlin, a permis de démontrer clairement la nature du problème. Nous ne sommes pas confrontés à une crise ukrainienne, mais à une crise russe. C’est la dérive autoritaire et agressive du régime Poutine qui met en danger la sécurité des Ukrainiens, de tous les Européens, ainsi que l’avenir des Russes.

Face à Emmanuel Macron, Vladimir Poutine n’a pas bougé de sa position, cimentée autour du déni de l’intervention armée en Ukraine depuis 2014 et d’une inversion du récit. Il a répété que l’Ukraine est l’agresseur, et que l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) menace la Russie puisqu’elle soutient Kiev. L’homme est enfermé dans ses assertions et ses émotions, et refuse tout compromis, car c’est à l’autre de faire des concessions. Ses propos sont parfois incohérents. Il a affirmé que si l’Ukraine entrait dans l’OTAN, ce serait pour entraîner les Alliés dans une guerre contre la Russie, afin de récupérer la Crimée (annexée en mars 2014, juste avant l’intervention au Donbass [dans l’est de l’Ukraine]). Or, la question aujourd’hui n’est pas l’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance atlantique, mais le retrait des forces russes massées à la frontière ukrainienne.

Hystérie guerrière

Dans le tohu-bohu des invectives et des menaces, des bruits de botte et des exercices militaires, Vladimir Poutine s’était tu pendant près de six semaines, du 22 décembre 2021 au 1er février dernier. Il avait laissé les rennes de la communication aux patrons des services de sécurité, au ministre de la défense, au président de la Douma [la chambre basse du Parlement russe] – tous des anciens camarades du KGB [les services de renseignements soviétiques] –, ainsi qu’aux diplomates et propagandistes des médias. Ces serviteurs zélés ont entretenu une tonitruante hystérie guerrière. Mais ils n’ont pas autorité pour conduire la politique étrangère. Vladimir Poutine a dû sortir de son silence et reprendre les échanges que les Occidentaux exigeaient.

 

Cet épisode révèle une grande vulnérabilité du pouvoir poutinien. La prise de décision est opaque. Les institutions ne participent plus au processus de décision sur les questions de sécurité, depuis déjà des années. La réflexion stratégique est inexistante, en l’absence d’un débat critique et informé au Kremlin. Le chef s’isole, n’écoute plus que ceux qui vont dans son sens. L’un de ses proches, l’oligarque Evgueni Prigojine, finance les mercenaires Wagner [issus d’une société militaire russe privée], notamment au Mali.

Société–Macron , un chef des armées qui n’a pas fait son service militaire !

Société–Macron , un chef des armées qui n’a pas fait son service militaire !

 

 

Florence Parly évidemment n’a pas fait son service militaire bien qu’elle soit en charge du ministère des armées et pas davantage Macron, chef suprême des armées.

 

Une situation qui en dit long sur la crédibilité de ceux qui gouvernent la France et sur leurs compétences également. Un rappel de la situation de Macron par rapport à son exemption de service militaire ( dans Libé)

 

Né en 1977, , Emmanuel Macron aurait pu faire son service national. Le service a effectivement été supprimé par la loi du 28 octobre 1997, qui dispose que «les jeunes hommes nés en 1979 sont exemptés de l’appel de préparation à la défense». Il n’est pas fait mention dans la loi de la classe d’âge née avant cette date. Pour autant, le journaliste spécialisé dans les questions de défense Jean-Dominique Merchet explique sur son blog qu’en fait, une minorité des hommes nés en 1977 (qui avaient 20 ans, donc, au moment de la loi supprimant le service) ont finalement effectué leur service:

«Emmanuel Macron appartient pourtant aux toutes dernières classes d’âge encore soumises à l’obligation de la conscription, puisque celle-ci a été suspendue, en 1996, pour «tous les Français nés après le 31 décembre 1978». En pratique, seule une poignée de jeunes nés en 1977 ont réellement été incorporés, à la fin de la période de transition vers l’armée professionnelle.»

Une analyse confirmée dans le livre de Béatrice Houchard Le Fait du prince: petits et grands caprices des présidents de la Ve République:

«Quant à Emmanuel Macron, né en 1977, il aurait pu faire son service militaire s’il avait vraiment insisté, mais il faisait partie de la dernière classe avant la mise en place de l’armée de métier, décidée dès 1995 par Jacques Chirac. Et il n’insista pas pour porter l’uniforme.»

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