L’Autriche veut conserver son secret bancaire
L’Autriche a de nouveau rejeté vendredi les appels à emboîter le pas au Luxembourg et à remettre en question son secret bancaire, défiant ses partenaires européens alors que l’évasion fiscale devient un sujet prioritaire pour l’Union. Le président du Conseil, Herman Van Rompuy, a annoncé que le dossier figurerait à l’ordre du jour du prochain sommet européen, le 22 mai à Bruxelles, en soulignant que l’évasion fiscale représentait 1.000 milliards de dollars par an. Avant ses déclarations, la ministre autrichienne des Finances, Maria Fekter, avait choisi d’assumer l’isolement de son pays en défendant son droit à préserver le secret bancaire. « L’Autriche s’en tient au secret bancaire », a-t-elle dit à la presse à son arrivée à Dublin pour des réunions de l’Eurogroupe puis de l’Ecofin. « Nous luttons contre l’exil fiscal et le blanchiment d’argent. » Elle a ajouté ne pas juger nécessaire l’échange automatique d’informations, un principe que le Luxembourg s’est engagé cette semaine à appliquer à partir de 2015, et elle a estimé qu’une telle pratique constituerait une violation du droit au respect de la vie privée. Elle s’en est pris aux grandes économies du G20, leur reprochant de n’avoir adopté « aucune mesure pour faire cesser le blanchiment d’argent dans toutes les îles comme les îles Caïman, les îles Vierge ou (…) au Delaware ». Les ministres des Finances allemand, français, espagnol, italien et britannique devaient présenter en fin de journée leur conception de la coopération internationale en matière de lutte contre l’évasion fiscale. Les discussions sur le sujet devraient se poursuivre samedi dans la capitale irlandaise, ce qui pourrait donner lieu à des échanges animés entre Maria Fekter et son homologue allemand, Wolfgang Schäuble, grand pourfendeur du secret bancaire.