Archive pour le Tag 'sommes'

Politique: La guerre menace mais nous ne sommes pas encore prêts

Politique:  La guerre menace mais nous ne sommes pas encore prêts

Alain Bauer a lu le livre du journaliste Jean-Dominique Merchet : Sommes-nous prêts pour la guerre?
( dans l’Opinion)

Professeur du Cnam, Alain Bauer y est responsable du Pôle Sécurité Défense Renseignement. Il a récemment publié : Au commencement était la guerre ? (Fayard, 2023)

Jean-Dominique Merchet, après avoir commis un Macron Bonaparte (Stock, 2017) resté dans les mémoires, nous fait passer d’Austerlitz à un avant-Waterloo avec une pointe d’humour noir affirmé par une citation de Michel Audiard à chaque chapitre. J’ai même un moment pensé qu’il aurait pu sous-titrer son essai : « Je ne dis pas que c’est juste, je dis que ça soulage », avec une pointe d’accent germanique… Mais Jean-Dominique Merchet n’est pas un « tonton flingueur ». Il aime la France, son armée, ses militaires. Du bourbier afghan décrypté, en passant par l’ode à la pilote de chasse Caroline Aigle, il décrit, dépeint, défend aussi, une armée qui ressemble aux deux citations qu’il a placées en exergue de son ouvrage : Jaurès et Foch.

Il connaît l’intime de l’institution militaire, ses atouts et ses difficultés, ses lourdeurs et son infinie capacité au système D « qui va bien », modèle de bricolage, d’endurance et de fascination pour les armées étrangères, souvent mieux dotées, mais moins bien nourries et beaucoup moins créatives en matière d’adaptation au terrain.

Il connaît les questions qui se posent en interne et la difficulté, pour la « Grande Muette », de s’exprimer clairement, entre sanctions au chef d’état-major des armées, qui dit trop fort la vérité, chuchotements dans les rangs ou affirmation par la doctrine des enjeux des crises à venir. Comme si, dans un pays qui adore les Livres Blancs et leurs mises à jour plus ou moins opportunes, il n’était pas possible d’affronter de manière ouverte la question de la défense nationale, donc de la guerre et de la paix. Comme si la dissuasion nucléaire répondait à tout et que la question ne devait surtout pas être posée. Comme si 2001 n’avait pas eu lieu. Comme si le conflit ukrainien ne dépassait pas la seule question quantitative.

« Bonsaï ». Avec les neuf questions posées par le béotien qu’il n’est pas, il nous entraîne vers une synthèse affinée, intelligente et ouverte, des papiers que les lecteurs de l’Opinion et, comme hier de son blog « Secret Défense », dégustent régulièrement. On pourra y retrouver notre armée « bonsaï », « échantillonnaire » et expéditionnaire, dotée d’un peu de tout et de beaucoup de rien, qui joue dans la cour des grands sans en avoir vraiment les moyens, tout en cochant les cases nécessaires pour que les autres fassent semblant d’y croire. Il rappelle la manœuvre stratégique du duo Le Drian-Lewandowski de sauvetage de l’armée de terre, en 2015, avec Sentinelle et la relative déshérence des recrutements qui se sont étrangement accentués depuis… le début du conflit en Ukraine.

 L’air de rien, par petites touches informées, sans méchanceté, mais sans concessions, il dépeint une version Ingres revisitée par Soulages, des choix et non-choix qui ont affaibli une armée qui n’ignore rien des risques et des pertes face à un conflit de haute intensité qui peut se transformer rapidement en longue intensité. Et qui doit jongler face à des injonctions contradictoires et des évolutions politiciennes souvent plus marquées par les problématiques intérieures que les enjeux internationaux.
 Il propose un pronostic préoccupant et ose quelques recommandations thérapeutiques marquées par la lucidité et surtout l’espoir

Agile, rapide, projetable, ce qui reste de la force nationale doit donc, contrainte et forcée, mais aussi complice et consentante parfois, faire le deuil de sa défense opérationnelle du territoire, de sa capacité à agréger la technologie et la masse, d’apprendre ou de comprendre les mutations doctrinales issues du conflit coréen, qui ressemble tant à la tragédie ukrainienne.

 Jean-Dominique Merchet n’écarte aucun sujet qui pourrait fâcher et de manière criminologique, en commençant par un diagnostic honnête et précis de l’état du malade, il propose un pronostic préoccupant et ose quelques recommandations thérapeutiques marquées par la lucidité et surtout l’espoir. Optimiste, parce qu’il a la foi, il reste réaliste et termine en reprenant d’un sous-entendu efficace, l’une des marottes de l’homme, du général et de l’ami, auquel il dédicace son livre, Jean-Louis Georgelin, tristement disparu l’an dernier alors qu’il terminait son grand œuvre, la restauration de la Cathédrale Notre Dame de Paris, la « surprise stratégique ».
Conviction. C’est sur ce sujet que nous nous fâchâmes, puis devinrent proches avec l’alors chef d’état-major des armées, après que j’eus contesté la valeur de ce concept en utilisant un argument qui me semblait plus crédible : l’aveuglement stratégique. Le Cema ne rendit pas les armes, mais proposa un déjeuner de compromis. De cette confrontation est née une réflexion permanente sur les enjeux de l’anticipation stratégique et de la manière de ne pas de laisser surprendre. De mes cours à l’Ecole militaire, dans des enceintes diverses, j’ai retenu qu’en général, l’échec provenait moins d’une absence d’informations que d’une incapacité à comprendre et hiérarchiser ce qu’on savait.

Et la liste, désagréable, qui va d’Azincourt à Dien Bien Phu en passant par Waterloo, et quelques autres « failles » ou « défaillances » intermédiaires ou postérieures, peut souvent, aux risques et périls du civil qui s’exprime devant des uniformes, toucher au vif une armée par ailleurs légitimement fière de ce qu’elle peut accomplir, notamment ses forces spéciales.

 On ne pourra pas faire le reproche de l’aveuglement à Jean-Dominique Merchet. Avec sa lucidité tranquille, son écoute, sa retenue, mais la force de sa conviction, il délivre dans son livre l’analyse indispensable qu’un honnête citoyen devrait avoir lue pour mieux appréhender la nécessaire préparation à la défense des valeurs qui font notre nation. Parce que la guerre est à nos portes. Si vis pacem….

« Sommes-nous prêts pour la guerre ? », par Jean-Dominique Merchet, Robert Laffont, 2024 (224 pages, 18 euros).

Politique: «La guerre est là et nous ne sommes pas encore prêts»

Politique:  «La guerre est là et nous ne sommes pas encore prêts»

Alain Bauer a lu le livre de notre journaliste Jean-Dominique Merchet : Sommes-nous prêts pour la guerre?
( dans l’Opinion)

Professeur du Cnam, Alain Bauer y est responsable du Pôle Sécurité Défense Renseignement. Il a récemment publié : Au commencement était la guerre ? (Fayard, 2023)

Jean-Dominique Merchet, après avoir commis un Macron Bonaparte (Stock, 2017) resté dans les mémoires, nous fait passer d’Austerlitz à un avant-Waterloo avec une pointe d’humour noir affirmé par une citation de Michel Audiard à chaque chapitre. J’ai même un moment pensé qu’il aurait pu sous-titrer son essai : « Je ne dis pas que c’est juste, je dis que ça soulage », avec une pointe d’accent germanique… Mais Jean-Dominique Merchet n’est pas un « tonton flingueur ». Il aime la France, son armée, ses militaires. Du bourbier afghan décrypté, en passant par l’ode à la pilote de chasse Caroline Aigle, il décrit, dépeint, défend aussi, une armée qui ressemble aux deux citations qu’il a placées en exergue de son ouvrage : Jaurès et Foch.

Il connaît l’intime de l’institution militaire, ses atouts et ses difficultés, ses lourdeurs et son infinie capacité au système D « qui va bien », modèle de bricolage, d’endurance et de fascination pour les armées étrangères, souvent mieux dotées, mais moins bien nourries et beaucoup moins créatives en matière d’adaptation au terrain.

Il connaît les questions qui se posent en interne et la difficulté, pour la « Grande Muette », de s’exprimer clairement, entre sanctions au chef d’état-major des armées, qui dit trop fort la vérité, chuchotements dans les rangs ou affirmation par la doctrine des enjeux des crises à venir. Comme si, dans un pays qui adore les Livres Blancs et leurs mises à jour plus ou moins opportunes, il n’était pas possible d’affronter de manière ouverte la question de la défense nationale, donc de la guerre et de la paix. Comme si la dissuasion nucléaire répondait à tout et que la question ne devait surtout pas être posée. Comme si 2001 n’avait pas eu lieu. Comme si le conflit ukrainien ne dépassait pas la seule question quantitative.

« Bonsaï ». Avec les neuf questions posées par le béotien qu’il n’est pas, il nous entraîne vers une synthèse affinée, intelligente et ouverte, des papiers que les lecteurs de l’Opinion et, comme hier de son blog « Secret Défense », dégustent régulièrement. On pourra y retrouver notre armée « bonsaï », « échantillonnaire » et expéditionnaire, dotée d’un peu de tout et de beaucoup de rien, qui joue dans la cour des grands sans en avoir vraiment les moyens, tout en cochant les cases nécessaires pour que les autres fassent semblant d’y croire. Il rappelle la manœuvre stratégique du duo Le Drian-Lewandowski de sauvetage de l’armée de terre, en 2015, avec Sentinelle et la relative déshérence des recrutements qui se sont étrangement accentués depuis… le début du conflit en Ukraine.

 L’air de rien, par petites touches informées, sans méchanceté, mais sans concessions, il dépeint une version Ingres revisitée par Soulages, des choix et non-choix qui ont affaibli une armée qui n’ignore rien des risques et des pertes face à un conflit de haute intensité qui peut se transformer rapidement en longue intensité. Et qui doit jongler face à des injonctions contradictoires et des évolutions politiciennes souvent plus marquées par les problématiques intérieures que les enjeux internationaux.
 Il propose un pronostic préoccupant et ose quelques recommandations thérapeutiques marquées par la lucidité et surtout l’espoir

Agile, rapide, projetable, ce qui reste de la force nationale doit donc, contrainte et forcée, mais aussi complice et consentante parfois, faire le deuil de sa défense opérationnelle du territoire, de sa capacité à agréger la technologie et la masse, d’apprendre ou de comprendre les mutations doctrinales issues du conflit coréen, qui ressemble tant à la tragédie ukrainienne.

 Jean-Dominique Merchet n’écarte aucun sujet qui pourrait fâcher et de manière criminologique, en commençant par un diagnostic honnête et précis de l’état du malade, il propose un pronostic préoccupant et ose quelques recommandations thérapeutiques marquées par la lucidité et surtout l’espoir. Optimiste, parce qu’il a la foi, il reste réaliste et termine en reprenant d’un sous-entendu efficace, l’une des marottes de l’homme, du général et de l’ami, auquel il dédicace son livre, Jean-Louis Georgelin, tristement disparu l’an dernier alors qu’il terminait son grand œuvre, la restauration de la Cathédrale Notre Dame de Paris, la « surprise stratégique ».
Conviction. C’est sur ce sujet que nous nous fâchâmes, puis devinrent proches avec l’alors chef d’état-major des armées, après que j’eus contesté la valeur de ce concept en utilisant un argument qui me semblait plus crédible : l’aveuglement stratégique. Le Cema ne rendit pas les armes, mais proposa un déjeuner de compromis. De cette confrontation est née une réflexion permanente sur les enjeux de l’anticipation stratégique et de la manière de ne pas de laisser surprendre. De mes cours à l’Ecole militaire, dans des enceintes diverses, j’ai retenu qu’en général, l’échec provenait moins d’une absence d’informations que d’une incapacité à comprendre et hiérarchiser ce qu’on savait.

Et la liste, désagréable, qui va d’Azincourt à Dien Bien Phu en passant par Waterloo, et quelques autres « failles » ou « défaillances » intermédiaires ou postérieures, peut souvent, aux risques et périls du civil qui s’exprime devant des uniformes, toucher au vif une armée par ailleurs légitimement fière de ce qu’elle peut accomplir, notamment ses forces spéciales.

 On ne pourra pas faire le reproche de l’aveuglement à Jean-Dominique Merchet. Avec sa lucidité tranquille, son écoute, sa retenue, mais la force de sa conviction, il délivre dans son livre l’analyse indispensable qu’un honnête citoyen devrait avoir lue pour mieux appréhender la nécessaire préparation à la défense des valeurs qui font notre nation. Parce que la guerre est à nos portes. Si vis pacem….

« Sommes-nous prêts pour la guerre ? », par Jean-Dominique Merchet, Robert Laffont, 2024 (224 pages, 18 euros).

Géopolitique–La guerre est là mais nous ne sommes pas prêts !

Géopolitique–La guerre est là mais nous ne sommes pas prêts !

Alain Bauer a lu le livre de notre journaliste Jean-Dominique Merchet : Sommes-nous prêts pour la guerre? ( L’Opinion)

Professeur du Cnam, Alain Bauer y est responsable du Pôle Sécurité Défense Renseignement. Il a récemment publié : Au commencement était la guerre ? (Fayard, 2023)
Jean-Dominique Merchet, après avoir commis un Macron Bonaparte (Stock, 2017) resté dans les mémoires, nous fait passer d’Austerlitz à un avant-Waterloo avec une pointe d’humour noir affirmé par une citation de Michel Audiard à chaque chapitre. J’ai même un moment pensé qu’il aurait pu sous-titrer son essai : « Je ne dis pas que c’est juste, je dis que ça soulage », avec une pointe d’accent germanique…

Mais Jean-Dominique Merchet n’est pas un « tonton flingueur ». Il aime la France, son armée, ses militaires. Du bourbier afghan décrypté, en passant par l’ode à la pilote de chasse Caroline Aigle, il décrit, dépeint, défend aussi, une armée qui ressemble aux deux citations qu’il a placées en exergue de son ouvrage : Jaurès et Foch.

Il connaît l’intime de l’institution militaire, ses atouts et ses difficultés, ses lourdeurs et son infinie capacité au système D « qui va bien », modèle de bricolage, d’endurance et de fascination pour les armées étrangères, souvent mieux dotées, mais moins bien nourries et beaucoup moins créatives en matière d’adaptation au terrain.

Il connaît les questions qui se posent en interne et la difficulté, pour la « Grande Muette », de s’exprimer clairement, entre sanctions au chef d’état-major des armées, qui dit trop fort la vérité, chuchotements dans les rangs ou affirmation par la doctrine des enjeux des crises à venir. Comme si, dans un pays qui adore les Livres Blancs et leurs mises à jour plus ou moins opportunes, il n’était pas possible d’affronter de manière ouverte la question de la défense nationale, donc de la guerre et de la paix. Comme si la dissuasion nucléaire répondait à tout et que la question ne devait surtout pas être posée. Comme si 2001 n’avait pas eu lieu. Comme si le conflit ukrainien ne dépassait pas la seule question quantitative.

« Bonsaï ». Avec les neuf questions posées par le béotien qu’il n’est pas, il nous entraîne vers une synthèse affinée, intelligente et ouverte, des papiers que les lecteurs de l’Opinion et, comme hier de son blog « Secret Défense », dégustent régulièrement. On pourra y retrouver notre armée « bonsaï », « échantillonnaire » et expéditionnaire, dotée d’un peu de tout et de beaucoup de rien, qui joue dans la cour des grands sans en avoir vraiment les moyens, tout en cochant les cases nécessaires pour que les autres fassent semblant d’y croire. Il rappelle la manœuvre stratégique du duo Le Drian -Lewandowski de sauvetage de l’armée de terre, en 2015, avec Sentinelle et la relative déshérence des recrutements qui se sont étrangement accentués depuis… le début du conflit en Ukraine.

L’air de rien, par petites touches informées, sans méchanceté, mais sans concessions, il dépeint une version Ingres revisitée par Soulages, des choix et non-choix qui ont affaibli une armée qui n’ignore rien des risques et des pertes face à un conflit de haute intensité qui peut se transformer rapidement en longue intensité. Et qui doit jongler face à des injonctions contradictoires et des évolutions politiciennes souvent plus marquées par les problématiques intérieures que les enjeux internationaux.

Il propose un pronostic préoccupant et ose quelques recommandations thérapeutiques marquées par la lucidité et surtout l’espoir

Agile, rapide, projetable, ce qui reste de la force nationale doit donc, contrainte et forcée, mais aussi complice et consentante parfois, faire le deuil de sa défense opérationnelle du territoire, de sa capacité à agréger la technologie et la masse, d’apprendre ou de comprendre les mutations doctrinales issues du conflit coréen, qui ressemble tant à la tragédie ukrainienne.

Jean-Dominique Merchet n’écarte aucun sujet qui pourrait fâcher et de manière criminologique, en commençant par un diagnostic honnête et précis de l’état du malade, il propose un pronostic préoccupant et ose quelques recommandations thérapeutiques marquées par la lucidité et surtout l’espoir. Optimiste, parce qu’il a la foi, il reste réaliste et termine en reprenant d’un sous-entendu efficace, l’une des marottes de l’homme, du général et de l’ami, auquel il dédicace son livre, Jean-Louis Georgelin, tristement disparu l’an dernier alors qu’il terminait son grand œuvre, la restauration de la Cathédrale Notre Dame de Paris, la « surprise stratégique ».

Conviction. C’est sur ce sujet que nous nous fâchâmes, puis devinrent proches avec l’alors chef d’état-major des armées, après que j’eus contesté la valeur de ce concept en utilisant un argument qui me semblait plus crédible : l’aveuglement stratégique. Le Cema ne rendit pas les armes, mais proposa un déjeuner de compromis. De cette confrontation est née une réflexion permanente sur les enjeux de l’anticipation stratégique et de la manière de ne pas de laisser surprendre. De mes cours à l’Ecole militaire, dans des enceintes diverses, j’ai retenu qu’en général, l’échec provenait moins d’une absence d’informations que d’une incapacité à comprendre et hiérarchiser ce qu’on savait.

Et la liste, désagréable, qui va d’Azincourt à Dien Bien Phu en passant par Waterloo, et quelques autres « failles » ou « défaillances » intermédiaires ou postérieures, peut souvent, aux risques et périls du civil qui s’exprime devant des uniformes, toucher au vif une armée par ailleurs légitimement fière de ce qu’elle peut accomplir, notamment ses forces spéciales.

On ne pourra pas faire le reproche de l’aveuglement à Jean-Dominique Merchet. Avec sa lucidité tranquille, son écoute, sa retenue, mais la force de sa conviction, il délivre dans son livre l’analyse indispensable qu’un honnête citoyen devrait avoir lue pour mieux appréhender la nécessaire préparation à la défense des valeurs qui font notre nation. Parce que la guerre est à nos portes. Si vis pacem….

« Sommes-nous prêts pour la guerre ? », par Jean-Dominique Merchet, Robert Laffont, 2024 (224 pages, 18 euros).

La guerre est là mais nous ne sommes pas prêts !

La guerre est là mais nous ne sommes pas prêts !

Alain Bauer a lu le livre de notre journaliste Jean-Dominique Merchet : Sommes-nous prêts pour la guerre? ( L’Opinion)

Professeur du Cnam, Alain Bauer y est responsable du Pôle Sécurité Défense Renseignement. Il a récemment publié : Au commencement était la guerre ? (Fayard, 2023)
Jean-Dominique Merchet, après avoir commis un Macron Bonaparte (Stock, 2017) resté dans les mémoires, nous fait passer d’Austerlitz à un avant-Waterloo avec une pointe d’humour noir affirmé par une citation de Michel Audiard à chaque chapitre. J’ai même un moment pensé qu’il aurait pu sous-titrer son essai : « Je ne dis pas que c’est juste, je dis que ça soulage », avec une pointe d’accent germanique…

Mais Jean-Dominique Merchet n’est pas un « tonton flingueur ». Il aime la France, son armée, ses militaires. Du bourbier afghan décrypté, en passant par l’ode à la pilote de chasse Caroline Aigle, il décrit, dépeint, défend aussi, une armée qui ressemble aux deux citations qu’il a placées en exergue de son ouvrage : Jaurès et Foch.

Il connaît l’intime de l’institution militaire, ses atouts et ses difficultés, ses lourdeurs et son infinie capacité au système D « qui va bien », modèle de bricolage, d’endurance et de fascination pour les armées étrangères, souvent mieux dotées, mais moins bien nourries et beaucoup moins créatives en matière d’adaptation au terrain.

Il connaît les questions qui se posent en interne et la difficulté, pour la « Grande Muette », de s’exprimer clairement, entre sanctions au chef d’état-major des armées, qui dit trop fort la vérité, chuchotements dans les rangs ou affirmation par la doctrine des enjeux des crises à venir. Comme si, dans un pays qui adore les Livres Blancs et leurs mises à jour plus ou moins opportunes, il n’était pas possible d’affronter de manière ouverte la question de la défense nationale, donc de la guerre et de la paix. Comme si la dissuasion nucléaire répondait à tout et que la question ne devait surtout pas être posée. Comme si 2001 n’avait pas eu lieu. Comme si le conflit ukrainien ne dépassait pas la seule question quantitative.

« Bonsaï ». Avec les neuf questions posées par le béotien qu’il n’est pas, il nous entraîne vers une synthèse affinée, intelligente et ouverte, des papiers que les lecteurs de l’Opinion et, comme hier de son blog « Secret Défense », dégustent régulièrement. On pourra y retrouver notre armée « bonsaï », « échantillonnaire » et expéditionnaire, dotée d’un peu de tout et de beaucoup de rien, qui joue dans la cour des grands sans en avoir vraiment les moyens, tout en cochant les cases nécessaires pour que les autres fassent semblant d’y croire. Il rappelle la manœuvre stratégique du duo Le Drian -Lewandowski de sauvetage de l’armée de terre, en 2015, avec Sentinelle et la relative déshérence des recrutements qui se sont étrangement accentués depuis… le début du conflit en Ukraine.

L’air de rien, par petites touches informées, sans méchanceté, mais sans concessions, il dépeint une version Ingres revisitée par Soulages, des choix et non-choix qui ont affaibli une armée qui n’ignore rien des risques et des pertes face à un conflit de haute intensité qui peut se transformer rapidement en longue intensité. Et qui doit jongler face à des injonctions contradictoires et des évolutions politiciennes souvent plus marquées par les problématiques intérieures que les enjeux internationaux.

Il propose un pronostic préoccupant et ose quelques recommandations thérapeutiques marquées par la lucidité et surtout l’espoir

Agile, rapide, projetable, ce qui reste de la force nationale doit donc, contrainte et forcée, mais aussi complice et consentante parfois, faire le deuil de sa défense opérationnelle du territoire, de sa capacité à agréger la technologie et la masse, d’apprendre ou de comprendre les mutations doctrinales issues du conflit coréen, qui ressemble tant à la tragédie ukrainienne.

Jean-Dominique Merchet n’écarte aucun sujet qui pourrait fâcher et de manière criminologique, en commençant par un diagnostic honnête et précis de l’état du malade, il propose un pronostic préoccupant et ose quelques recommandations thérapeutiques marquées par la lucidité et surtout l’espoir. Optimiste, parce qu’il a la foi, il reste réaliste et termine en reprenant d’un sous-entendu efficace, l’une des marottes de l’homme, du général et de l’ami, auquel il dédicace son livre, Jean-Louis Georgelin, tristement disparu l’an dernier alors qu’il terminait son grand œuvre, la restauration de la Cathédrale Notre Dame de Paris, la « surprise stratégique ».

Conviction. C’est sur ce sujet que nous nous fâchâmes, puis devinrent proches avec l’alors chef d’état-major des armées, après que j’eus contesté la valeur de ce concept en utilisant un argument qui me semblait plus crédible : l’aveuglement stratégique. Le Cema ne rendit pas les armes, mais proposa un déjeuner de compromis. De cette confrontation est née une réflexion permanente sur les enjeux de l’anticipation stratégique et de la manière de ne pas de laisser surprendre. De mes cours à l’Ecole militaire, dans des enceintes diverses, j’ai retenu qu’en général, l’échec provenait moins d’une absence d’informations que d’une incapacité à comprendre et hiérarchiser ce qu’on savait.

Et la liste, désagréable, qui va d’Azincourt à Dien Bien Phu en passant par Waterloo, et quelques autres « failles » ou « défaillances » intermédiaires ou postérieures, peut souvent, aux risques et périls du civil qui s’exprime devant des uniformes, toucher au vif une armée par ailleurs légitimement fière de ce qu’elle peut accomplir, notamment ses forces spéciales.

On ne pourra pas faire le reproche de l’aveuglement à Jean-Dominique Merchet. Avec sa lucidité tranquille, son écoute, sa retenue, mais la force de sa conviction, il délivre dans son livre l’analyse indispensable qu’un honnête citoyen devrait avoir lue pour mieux appréhender la nécessaire préparation à la défense des valeurs qui font notre nation. Parce que la guerre est à nos portes. Si vis pacem….

« Sommes-nous prêts pour la guerre ? », par Jean-Dominique Merchet, Robert Laffont, 2024 (224 pages, 18 euros).

« Nous sommes entrés dans une économie d’inflation durable » (MEDEF)

« Nous sommes entrés dans une économie d’inflation durable » (MEDEF)

 

Pour le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, les « grand-messes » doivent céder la place aux réunions par filière pour obtenir des résultats concrets. La planification écologique est indispensable, mais la transition ne sera indolore ni pour le pouvoir d’achat ni pour l’emploi.

 

 

Quels enseignements tirez-vous du résultat de l’élection présidentielle  
Un résultat me paraît symbolique : le président réélu a obtenu 85 % des voix à Paris, tandis que le score de Marine Le Pen atteint 56,73 % des suffrages à Colombey-les-Deux-Églises, le village du général de Gaulle, situé en plein milieu de ce qu’on appelle la « diagonale du vide ». La métropolisation de l’économie et des emplois ne s’est pas résorbée en cinq ans. Deux France s’opposent toujours : celle où l’adaptation à une économie mondialisée s’est effectuée sans dommage et celle où elle est au contraire subie, entraînant un sentiment de déclassement. Le motif sous-jacent du vote populiste est au moins autant économique qu’identitaire. Cela doit interpeller aussi les chefs d’entreprise.

Comment peuvent-ils réagir ?
​Nous devons offrir des perspectives à ceux qui ont l’impression d’être les perdants du système. L’image des entreprises, très positive depuis plusieurs années, s’est encore améliorée depuis la crise sanitaire. En contrepartie, les Français attendent énormément de ces dernières. Cela nous oblige. Pendant la pandémie, l’ensemble du corps social de l’entreprise – salariés, partenaires sociaux, dirigeants… – s’est retroussé les manches pour sauver l’outil de travail, puis repartir. Depuis, les négociations sur les salaires, annoncées comme difficiles, se sont plutôt bien déroulées. Nous avons également signé cinq accords importants entre partenaires sociaux au niveau national en moins de deux ans, dont ceux sur le télétravail, la formation et le paritarisme. Ce climat positif est l’occasion de s’engager dans le chantier majeur de la lutte contre le changement climatique, notamment par le dialogue social.

Les technologies « vertes », dans le ciment ou l’acier, entre autres, coûtent plus cher en investissement comme en production

​Le président de la République s’est prononcé pour une planification écologique. Qu’en pensez-vous ?
​Le terme ne m’effraie pas. L’État est dans son rôle. Ces investissements ne peuvent se concevoir que dans la durée, sans pouvoir produire de retour rapide. Le besoin de planifier est donc justifié, à condition que les secteurs soient parties prenantes, notamment les premiers concernés comme l’industrie, le transport, l’énergie ou le logement. L’Union européenne a entamé cette démarche, la France doit suivre.​

​La planification écologique entraînera-t-elle une décroissance ?
​Non. La décroissance n’est pas ​acceptable pour la majorité de nos concitoyens. Ni pour le reste de la planète. Il faut inventer le capitalisme décarboné, au moyen d’une croissance plus sobre. Des solutions existent. D’autres seront trouvées grâce aux innovations scientifiques. Les technologies « vertes », dans le ciment ou l’acier, entre autres, coûtent plus cher en investissement comme en production. Elles garantissent une forme de sobriété, mais entraîneront une hausse des prix des biens industriels qui se répercutera dans de multiples secteurs, dont le logement. On ne peut pas dire aux Français que la transition écologique sera indolore ni sans effets sur leur pouvoir d’achat, surtout quand on sait que 80 % des salariés prennent leur voiture pour aller travailler.

Sera-t-elle indolore pour l’emploi ?
​Non plus. On le constate déjà dans la construction automobile. Des emplois seront créés, mais pas dans les mêmes secteurs qu’aujourd’hui.​

​Quelles conséquences aura la guerre en Ukraine  ?
​J’y suis allé en juillet 2021, avec une délégation de chefs d’entreprise. Nous avions rencontré le président Zelenski, qui déjà nous avait fait part de son souhait d’intégrer l’Union européenne. La guerre menée par la Russie aura des conséquences majeures pour notre économie. Elle sert de révélateur quant à la dépendance énergétique – tous ceux qui doutaient encore de la nécessité de posséder un secteur nucléaire fort sont désormais, je l’espère en tout cas, convaincus. Cette source d’énergie neutre en carbone et indépendante est un atout majeur, alors que la France désinvestit depuis dix ans. Il faut réinvestir d’urgence en moyens et en compétences dans la filière.

​L’inflation va-t-elle durer ?
​Je le crains. Une partie résulte de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine, à cause de goulets d’étranglement dans les chaînes de production. Mais nous sommes entrés dans une économie d’inflation durable, avec le renchérissement des prix de l’énergie et la rareté de certaines matières premières, comme les métaux. C’est un environnement que la plupart des chefs d’entreprise n’avaient jamais connu. Pas plus que l’ensemble de la population, qui sera confrontée – à travers la hausse inévitable des taux d’intérêt – à la hausse des prix dans le secteur crucial du logement. D’où le besoin de planifier. Et d’inaugurer une nouvelle méthode de gouvernement, en réunissant les parties prenantes, par filière, pour obtenir des résultats opérationnels, plutôt que par des « grand- messes » d’autrefois, d’où rien de concret ne peut émerger. La dimension territoriale est essentielle et doit être prise en compte dans tous les domaines, y compris celui de la fiscalité.

Quelles mesures attendez-vous ?
​Nous voulons pouvoir nous battre à armes égales avec nos concurrents européens. L’impôt sur les sociétés a diminué sous le mandat qui s’achève, mais les impôts de production demeurent supérieurs de 35 milliards d’euros à la moyenne européenne. Ce doit être la priorité du nouveau gouvernement.

​La situation des finances publiques vous inquiète-t-elle ?
​Les choix effectués pendant la crise sanitaire ont été justifiés par l’ampleur de la crise. Mais il ne faudrait pas entrer dans un « quoiqu’il en coûte »​ permanent. La question fondamentale concerne l’efficacité de la dépense publique, comme en témoigne l’invraisemblable fiasco de la délivrance des passeports. Nous constatons au sein des entreprises un énorme déficit de compétences, malgré la réussite de la réforme de l’apprentissage. Les résultats de l’éducation nationale sont en baisse depuis trente ans – tous les classements le soulignent. Les difficultés de l’hôpital public sont indéniables. Alors que dans ces deux domaines la France dépense plus que ses voisins. L’amélioration des finances publiques passe aussi par celle du taux d’emploi, qui demeure 10 points en dessous de celui de l’Allemagne. C’est ce critère-là qui permettra la hausse des recettes et la baisse des dépenses. L’augmenter de 5 points pourrait être l’un des objectifs du mandat qui s’ouvre. La clé réside dans les compétences. Et donc dans la formation.

Santé- Vaccin covid: Les sociologues et autres bavards sommés de se taire par le CNRS

Santé- Vaccin covid: Les sociologues et autres bavards sommés de se taire par le CNRS

 

Nombre de pseudo experts notamment des sociologues n’hésitent pas à donner leur avis à propos du covid. Le CNRS somme ces bavards impénitents de se taire sur des sujets dont ils ignorent tout . Dans le corps médical lui-même, nombre de soignants s’expriment aussi sans compétence particulière poussés il est vrai notamment par les chaînes d’information continue en mal de bla-bla

Un chercheur en sociologie est-il fondé à analyser les effets indésirables des vaccins contre le Covid-19 ? Pour le CNRS, la réponse est non. Dans un communiqué, mardi 24 août, l’organisme « déplore les prises de position publiques de certains scientifiques, souvent plus soucieux d’une éphémère gloire médiatique que de vérité scientifique, sur des sujets éloignés de leurs champs de compétences professionnelles ».

Sans le nommer, le CNRS incrimine l’un de ses directeurs de recherche en sociologie, Laurent Mucchielli, qui a publié, depuis mars 2020, pas moins de soixante-trois analyses consacrées à la crise sanitaire sur son blog hébergé par Mediapart, dont l’une a été dépubliée le 4 août par la rédaction en chef au motif qu’elle diffusait de « fausses informations ».

Le sociologue, spécialiste de la délinquance et des politiques de sécurité, y affirmait au côté d’autres signataires, dont deux pharmaciens et un médecin, que la vaccination de masse contre le Covid-19 conduisait à « une mortalité inédite dans l’histoire de la médecine moderne ». Aux Etats-Unis, elle « a contribué à tuer cinq fois plus de personnes que la vaccination antigrippe en trente ans », avançait-il, en s’appuyant sur les enquêtes de pharmacovigilance des différents vaccins.

 « Ces communications ne respectent aucune des règles en vigueur dans le cadre de publications scientifiques, notamment le jugement par les pairs, seuls à même de contrôler la rigueur de la démarche », tranche le CNRS, qui précise que son comité d’éthique a « récemment » approuvé une recommandation prévoyant que « le chercheur qui intervient dans l’espace public doit préciser à quel titre il prend la parole », en qualité de spécialiste, en tant que représentant de son organisme de recherche ou au titre de « citoyen engagé, voire de militant ».

A la faveur d’une tribune publiée dans les colonnes du Monde, jeudi 19 août, huit sociologues, dont Gérald Bronner et Dominique Schnapper, avaient sommé le CNRS de réagir, évoquant la manipulation qui consiste à confondre les décès durant une période consécutive à une vaccination avec ceux causés par la vaccination.

 « L’imputabilité est un travail d’enquête fait par des médecins et des pharmaciens spécialisés en pharmacovigilance. Un sociologue ne pourrait y prendre part », rappelle Fabienne Blum, présidente de Citizen4Science, association créée fin 2020 pour soutenir les scientifiques « harcelés » depuis le début de la crise sanitaire.

Un avis que ne partage pas Laurent Mucchielli. « La science repose sur le débat contradictoire, la libre discussion des données et des raisonnements, se défend-il dans une réponse écrite au MondeLe CNRS ne s’en serait jamais inquiété s’il n’avait pas été harcelé par mes détracteurs. ».

Un sociologue qui confond sans doute bavardage et recherche ! Comme trop souvent dans sa discipline.

Vaccin covid: Les sociologues et autres bavards sommés de se taire par le CNRS

Vaccin covid: Les sociologues et autres bavards sommés de se taire par le CNRS

 

Nombre de pseudo experts notamment des sociologues n’hésitent pas à donner leur avis à propos du covid. Le CNRS somme ces bavards impénitents de se taire sur des sujets dont ils ignorent tout . Dans le corps médical lui-même, nombre de soignants s’expriment aussi sans compétence particulière poussés il est vrai notamment par les chaînes d’information continue en mal de bla-bla

Un chercheur en sociologie est-il fondé à analyser les effets indésirables des vaccins contre le Covid-19 ? Pour le CNRS, la réponse est non. Dans un communiqué, mardi 24 août, l’organisme « déplore les prises de position publiques de certains scientifiques, souvent plus soucieux d’une éphémère gloire médiatique que de vérité scientifique, sur des sujets éloignés de leurs champs de compétences professionnelles ».

Sans le nommer, le CNRS incrimine l’un de ses directeurs de recherche en sociologie, Laurent Mucchielli, qui a publié, depuis mars 2020, pas moins de soixante-trois analyses consacrées à la crise sanitaire sur son blog hébergé par Mediapart, dont l’une a été dépubliée le 4 août par la rédaction en chef au motif qu’elle diffusait de « fausses informations ».

Le sociologue, spécialiste de la délinquance et des politiques de sécurité, y affirmait au côté d’autres signataires, dont deux pharmaciens et un médecin, que la vaccination de masse contre le Covid-19 conduisait à « une mortalité inédite dans l’histoire de la médecine moderne ». Aux Etats-Unis, elle « a contribué à tuer cinq fois plus de personnes que la vaccination antigrippe en trente ans », avançait-il, en s’appuyant sur les enquêtes de pharmacovigilance des différents vaccins.

 « Ces communications ne respectent aucune des règles en vigueur dans le cadre de publications scientifiques, notamment le jugement par les pairs, seuls à même de contrôler la rigueur de la démarche », tranche le CNRS, qui précise que son comité d’éthique a « récemment » approuvé une recommandation prévoyant que « le chercheur qui intervient dans l’espace public doit préciser à quel titre il prend la parole », en qualité de spécialiste, en tant que représentant de son organisme de recherche ou au titre de « citoyen engagé, voire de militant ».

A la faveur d’une tribune publiée dans les colonnes du Monde, jeudi 19 août, huit sociologues, dont Gérald Bronner et Dominique Schnapper, avaient sommé le CNRS de réagir, évoquant la manipulation qui consiste à confondre les décès durant une période consécutive à une vaccination avec ceux causés par la vaccination.

 « L’imputabilité est un travail d’enquête fait par des médecins et des pharmaciens spécialisés en pharmacovigilance. Un sociologue ne pourrait y prendre part », rappelle Fabienne Blum, présidente de Citizen4Science, association créée fin 2020 pour soutenir les scientifiques « harcelés » depuis le début de la crise sanitaire.

Un avis que ne partage pas Laurent Mucchielli. « La science repose sur le débat contradictoire, la libre discussion des données et des raisonnements, se défend-il dans une réponse écrite au MondeLe CNRS ne s’en serait jamais inquiété s’il n’avait pas été harcelé par mes détracteurs. ».

Un sociologue qui confond sans doute bavardage et recherche ! Comme trop souvent dans sa discipline.

Covid: Les sociologues et autres bavards sommés de se taire par le CNRS

Covid: Les sociologues et autres bavards sommés de se taire par le CNRS

 

Nombre de pseudo experts notamment des sociologues n’hésitent pas à donner leur avis à propos du covid. Le CNRS somme ces bavards impénitents de se taire sur des sujets dont ils ignorent tout .

Un chercheur en sociologie est-il fondé à analyser les effets indésirables des vaccins contre le Covid-19 ? Pour le CNRS, la réponse est non. Dans un communiqué, mardi 24 août, l’organisme « déplore les prises de position publiques de certains scientifiques, souvent plus soucieux d’une éphémère gloire médiatique que de vérité scientifique, sur des sujets éloignés de leurs champs de compétences professionnelles ».

Sans le nommer, le CNRS incrimine l’un de ses directeurs de recherche en sociologie, Laurent Mucchielli, qui a publié, depuis mars 2020, pas moins de soixante-trois analyses consacrées à la crise sanitaire sur son blog hébergé par Mediapart, dont l’une a été dépubliée le 4 août par la rédaction en chef au motif qu’elle diffusait de « fausses informations ».

Le sociologue, spécialiste de la délinquance et des politiques de sécurité, y affirmait au côté d’autres signataires, dont deux pharmaciens et un médecin, que la vaccination de masse contre le Covid-19 conduisait à « une mortalité inédite dans l’histoire de la médecine moderne ». Aux Etats-Unis, elle « a contribué à tuer cinq fois plus de personnes que la vaccination antigrippe en trente ans », avançait-il, en s’appuyant sur les enquêtes de pharmacovigilance des différents vaccins.

 « Ces communications ne respectent aucune des règles en vigueur dans le cadre de publications scientifiques, notamment le jugement par les pairs, seuls à même de contrôler la rigueur de la démarche », tranche le CNRS, qui précise que son comité d’éthique a « récemment » approuvé une recommandation prévoyant que « le chercheur qui intervient dans l’espace public doit préciser à quel titre il prend la parole », en qualité de spécialiste, en tant que représentant de son organisme de recherche ou au titre de « citoyen engagé, voire de militant ».

A la faveur d’une tribune publiée dans les colonnes du Monde, jeudi 19 août, huit sociologues, dont Gérald Bronner et Dominique Schnapper, avaient sommé le CNRS de réagir, évoquant la manipulation qui consiste à confondre les décès durant une période consécutive à une vaccination avec ceux causés par la vaccination.

 « L’imputabilité est un travail d’enquête fait par des médecins et des pharmaciens spécialisés en pharmacovigilance. Un sociologue ne pourrait y prendre part », rappelle Fabienne Blum, présidente de Citizen4Science, association créée fin 2020 pour soutenir les scientifiques « harcelés » depuis le début de la crise sanitaire.

Un avis que ne partage pas Laurent Mucchielli. « La science repose sur le débat contradictoire, la libre discussion des données et des raisonnements, se défend-il dans une réponse écrite au MondeLe CNRS ne s’en serait jamais inquiété s’il n’avait pas été harcelé par mes détracteurs. ».

Un sociologue qui confond sans doute bavardage et recherche ! Comme trop souvent dans sa discipline.

Jean-François Guégan : « En supprimant les forêts primaires, nous sommes en train de débusquer des monstres »

Jean-François Guégan : « En supprimant les forêts primaires, nous sommes en train de débusquer des monstres »

Le directeur de recherche à l’Inrae travaille sur les relations entre santé et environnement. Dans un entretien au « Monde », il estime que l’épidémie de Covid-19 doit nous obliger à repenser notre relation au monde vivant.

Ancien membre du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), Jean-François Guégan a fait partie du comité d’experts qui a conseillé la ministre de la santé Roselyne Bachelot lors de l’épidémie de grippe A(H1N1), en 2009. Directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et professeur à l’Ecole des hautes études en santé publique, il estime que l’épidémie de Covid-19 doit nous obliger à repenser notre relation aux systèmes naturels, car l’émergence de nouvelles maladies infectieuses est étroitement liée à l’impact des sociétés humaines sur l’environnement et la biodiversité.

Vous avez fait partie des experts qui ont conseillé d’acheter des masques et des vaccins en grand nombre lors de la pandémie provoquée par le virus H1N1. Comment analysez-vous la situation en France, dix ans plus tard ?

Comme beaucoup de mes collègues, j’ai été très surpris de l’état d’impréparation de la France à l’épidémie de Covid-19. Les expériences passées avaient pourtant mis en évidence la nécessité d’anticiper et de préparer l’arrivée de pandémies. Au sein du HCSP, nous avions préconisé l’achat des fameux vaccins, mais aussi la constitution d’une réserve de près de 1 milliard de masques, pour protéger la population française en cas de risque majeur, à renouveler régulièrement car ils se périment vite. Nous avions alors réussi à sensibiliser les décideurs de plusieurs ministères sur cette nécessaire anticipation. Je pensais que nous étions prêts. Au ministère de la santé, Xavier Bertrand a reconduit l’achat des masques, mais, ensuite, il y a eu un changement de stratégie. Il semble que l’économétrie ait prévalu sur la santé publique.

Comment expliquer cette difficulté à cultiver, sur le long terme, une approche préventive ?

Les départements affectés aux maladies infectieuses ont été, ces dernières années, désinvestis, car beaucoup, y compris dans le milieu médical, estimaient que ces maladies étaient vaincues. Et c’est vrai que le nombre de décès qu’elles occasionnent a diminué dans les sociétés développées. En revanche, elles sont toujours responsables de plus de 40 % des décès dans les pays les plus démunis, et on observe aussi une augmentation de la fréquence des épidémies ces trente dernières années.

Nous n’avons cessé d’alerter sur leur retour en force depuis quinze ans, sans succès. On a vu les crédits attribués à la médecine tropicale s’effondrer, des connaissances se perdre, faute d’être enseignées, même si elles perdurent encore chez les médecins du service de santé des armées, dans les services d’infectiologie et les grandes ONG humanitaires.

« Nous sommes entrés dans une démocratie autoritaire » (Pierre Lemaitre)

« Nous sommes entrés dans une démocratie autoritaire » (Pierre Lemaitre)

 

Le romancier Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013, dénonce le caractère de plus en plus autoritaire du régime dans une interview au JDD.

Appartenez-vous toujours à la gauche revendicative?
Les gens de gauche finissent souvent en conservateurs. Renaud et Souchon nous expliquent combien Emmanuel Macron est bien. Ils ne sont pas opportunistes, ils sont sincères. Ils se sont embourgeoisés. Ils ont envie de calme. Leurs anciennes valeurs ne les font plus vibrer. Alors moi, comme le vieil Anatole France, je me radicalise. Je suis davantage en colère. Je n’essentialise pas les riches : ma lutte est l’écart entre les riches et les pauvres. Le jour où j’apprends que de plus en plus de femmes accouchent dans la rue, Bernard ­Arnault devient l’homme le plus riche du monde. Que fait ­Emmanuel Macron? ISF, assurance chômage, retraites. Pendant ce temps-là, l’auteur de Foule ­sentimentale dit du bien ­d’Emmanuel Macron : il est jeune, il est sympathique…

 

Que ferez-vous si, lors de la prochaine présidentielle, vous devez choisir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen?
On ne m’y reprendra plus. Pour la dernière élection, je n’ai pas voté pour Emmanuel Macron mais contre Marine Le Pen. Les attaques policières sont scandaleuses. La violence policière est indiscutable. Nous sommes entrés dans une démocratie autoritaire. Est-ce que Marine Le Pen aurait fait pire? Il y a eu Jacques Chirac en 2002 et Emmanuel Macron en 2017. Il n’y aura pas de troisième fois. Je suis dans la rue contre Emmanuel Macron, je serai dans la rue contre Marine Le Pen. C’est simple. Je descendrai davantage dans la rue et je me ferai davantage matraquer.

 

Pensez-vous, comme le jeune faux prêtre de Miroir de nos peines, que les moments de crise font ressortir le meilleur et le pire de nous-mêmes?
Tout converge vers cette page 377 sur les réfugiés. Les épreuves nous disent qui nous sommes. La peur des étrangers vient de la perte des repères. La République s’est fragilisée dans ses fondements, liberté, égalité, fraternité. Le partage et le partage juste. Nous n’avons plus le soubassement intellectuel et moral pour analyser la situation actuelle. Il suffit qu’arrive un événement un peu déboussolant pour constater que nous ne possédons plus les outils pour le comprendre. Nous marchons sur du sable. Il ne s’agit pas d’idéologie, mais de morale républicaine. Nous n’analysons plus le monde avec nos valeurs, mais avec nos terreurs.

 

 

 

Macron : « nous ne sommes pas une recyclerie «

Macron : « nous ne sommes pas une  recyclerie « !

Emmanuel Macron  recadre les ralliements dans une  interview au JDD d’autant plus facilement qu’il a déjà affirmé qu’il ne gouvernerait avec aucun grand élu national sortant….sauf peut-être un …. Bayrou ?

 

A deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle, vos sondages sont en baisse. Etes-vous inquiet?
Ils montrent exactement ce que je ressens : rien n’est fait! Nous entrons dans une phase cruciale pendant laquelle il faut mobiliser, convaincre et tenir ce double engagement : un renouvellement, des visages et des pratiques; un rassemblement de tous les progressistes. Il était donc important de préciser que nous ne sommes pas une « recyclerie »…

 

Comment envisagez-vous, si vous êtes élu, vos cent premiers jours?
Je ne crois pas aux « cent jours ». Les derniers présidents ont construit les conditions de leurs échecs dans les premières semaines à cause de l’outrance, du déni du réel ou de la procrastination. On ne peut pas être dans un pays où la campagne dure deux ans et une présidence se réduit à cent jours! Ces « cent jours » doivent être les fondations d’une action pérenne […]

 

Comment éviter une affaire Cahuzac?
Chaque ministre ou candidat aux législatives devra avoir un casier judiciaire vierge. Je souhaite que l’on se donne quelques jours avant la nomination du gouvernement pour que des vérifications fiscales et déontologiques soit menées par l’administration fiscale et la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique […]

 

Quelles seraient les premières mesures de votre présidence?
Le projet de loi de moralisation de la vie politique sera mis sur la table du Conseil des ministres avant les législatives. Avec, d’abord, l’interdiction du népotisme pour les parlementaires, qui ne pourront salarier aucun membre de leur famille. On doit aussi fiscaliser la totalité des rémunérations, en particulier l’indemnité représentative de frais de mandat (IRFM), et les rendre transparentes. Pour éviter les conflits d’intérêts, les activités de conseil seront interdites. Parallèlement seront votées, avant la fin 2017, la réduction d’un tiers du nombre de parlementaires et l’introduction d’une dose de proportionnelle.




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