Des solutions pour l’hôpital et les déserts médicaux
Un collectif de jeunes médecins, de sensibilité de gauche, dont Florian Porta Bonete, médecin psychiatre hospitalier à Bordeaux, entend dans une tribune au « Monde » défendre « beaucoup de suite dans peu d’idées » sur le terrain social et de l’hôpital.
Tribune
.Les sondages se suivent et se ressemblent : la santé est aujourd’hui parmi les premières préoccupations des Français. Jadis marginale dans le débat public, elle s’est soudainement placée sur le devant de la scène politique, à l’occasion d’un virus venant bouleverser nos existences. Jamais le concept de biopolitique cher à Michel Foucault n’avait trouvé aussi brûlante actualité.
Mais, au-delà de la seule question du Covid-19, c’est bien l’ensemble de notre système de santé qui va devoir être repensé. Nous, jeunes médecins, de sensibilité de gauche, voulons que le camp social porte une parole forte à ce sujet. Avoir beaucoup de suite dans peu d’idées est notre maxime : voici celles qui nous semblent incontournables à l’approche des prochaines élections présidentielle et législatives.
Tout d’abord, la lutte contre les déserts médicaux. Nous regrettons l’absence d’anticipation politique du manque criant de médecins qui nous touche. En plus de l’augmentation des capacités de formation, il faut encourager davantage l’installation en zones sous-dotées (développement de l’exercice collectif en maisons de santé, offres de pratique salariée…).
Mais, entre ces mesures incitatives et une coercition trop brutale, d’autres pistes doivent être envisagées. On pourrait, par exemple, attribuer la possibilité pour les nouveaux médecins de faire des dépassements d’honoraires, préférentiellement à ceux ayant exercé suffisamment longtemps, et sans dépassement, en zone sous-dotée. Ou encore instaurer une année après l’internat avec exercice fléché dans des centres hospitaliers, couvrant ainsi l’ensemble du territoire.
Il faudrait aussi développer un partage des activités de recherche et d’enseignement des CHU urbains avec l’ensemble des pôles de soins du pays, pour rendre ces derniers plus attractifs. Ces propositions ne sont que des pistes, et doivent être discutées avec l’ensemble des acteurs du système de santé.
Elles sont dans la lignée d’initiatives innovantes, qui naissent déjà ça et là, comme la création de premières années de médecine dans les villes moyennes, avec pour objectif de changer structurellement le profil des étudiants admis dans les études médicales, moins issus des grandes métropoles et possiblement plus enclins à s’installer sur tout le territoire. Le constat est donc clair et partagé, tout le champ des possibles mérite maintenant d’être exploré, sans dogmatisme !
Un changement de paradigme
Se battre, ensuite, contre les inégalités sociales de santé. Nous ne pouvons accepter que certains de nos concitoyens soient privés de soins pour motif financier. Il faut aller, évidemment, vers de meilleures prises en charge des soins dentaires et d’optique, qui cristallisent bien des freins à l’accès aux soins. Mais il faut aussi être attentif aux dépassements d’honoraires médicaux : ceux-ci doivent être davantage limités.