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Front républicain : une solution de court terme

Front républicain : une solution de court terme

 

Faire barrage au RN lors des seconds tours n’est qu’une solution de court terme et ne doit pas occulter la progression soutenue de l’extrême droite, souligne le chercheur dans une tribune au « Monde ». Le front républicain n’a de sens que si les forces politiques qui en bénéficient s’attellent à lutter contre les causes structurelles d’un vote qui n’a depuis longtemps rien d’accidentel.
Le front républicain a indubitablement montré, lors du second tour de ces élections législatives, une vigueur que peu soupçonnaient encore. Côté partis, la pratique massive des désistements – assurée aux trois cinquièmes par la gauche et aux deux cinquièmes par le centre – a abouti à faire tomber le nombre de triangulaires de 306 à 89, contribuant à limiter considérablement le nombre de députés Rassemblement national (RN) élus : dans les onze triangulaires maintenues où le RN arrivait en tête lors du premier tour, une seule circonscription a échappé au parti de Jordan Bardella. Côté électeurs, le report massif en faveur du candidat opposé au prétendant RN a fonctionné : selon Ipsos, 70 % des électeurs du Nouveau Front populaire (NFP) ont voté pour le candidat Ensemble ou Les Républicains (LR) quand il était en duel contre le RN, tandis que 54 % des électeurs Ensemble orphelins ont voté pour le candidat du NFP (hors LFI) contre 15 % pour le RN (respectivement 46 % et 19 % quand le candidat était LFI).

La force du front républicain étonne d’autant plus que nombre d’acteurs politiques s’étaient évertués à l’éroder – à commencer par le Rassemblement national lui-même –, voire à tenter de le renverser en présentant La France insoumise [LFI] comme l’ennemi principal. Lors de la très courte campagne précédant le premier tour, le camp présidentiel a ainsi réservé autant de piques à la gauche qu’à l’extrême droite. A cet égard, le choix de la plupart des électeurs du centre et même de certains électeurs de droite démontre la persistance d’une mémoire politique à laquelle bien peu de leurs candidats favoris ont su rendre hommage. Energique bien que polarisante à gauche, sélective et parfois opportuniste au centre, généralement absente à droite, la rhétorique du front républicain résonne encore dans une part considérable de l’électorat qui a dû voter pour un candidat dont elle désapprouvait le projet au nom d’un intérêt supérieur.
Pour autant, le « barrage » n’est qu’une solution de court terme et ne doit pas occulter la progression soutenue de l’extrême droite dans les urnes. Avec 143 députés (alliés ciottistes compris) et 10,6 millions de voix obtenues au premier tour, le RN bat de nouveau son record – et de loin. Le parti se normalise dans de nombreux voisinages, est en voie de notabilisation dans des territoires où il devient hégémonique, comme le Bassin méditerranéen, la Picardie ou la Lorraine, et dispose désormais de solides relais de propagande médiatique pour mettre ses thèmes, polémiques et idées au cœur du débat public.

La BCE: problème et solution pour les Etats en crise

La BCE:  problème et solution pour les Etats en crise

L’Union européenne commet les mêmes erreurs que les États-Unis lors de la Grande Dépression des années 20 et 30. Par Michel Santi, économiste (*). dans La Tribune

Le chômage et l’affaissement du pouvoir d’achat ne sont en rien la conséquence de l’« indiscipline budgétaire », mais découlent en droite ligne d’une anémie de la demande. Cet enseignement de la Grande Dépression est pourtant ignoré par l’intelligentsia européenne qui, en lieu et place de relances comme armes pour éviter la trappe de liquidités, est tétanisée par le Pacte de Stabilité et de Croissance, synonyme d’austérité. Ce dogme achève de transformer l’Europe en un désert économique. Comment vaincre la prophétie autoréalisatrice qui veut que, mécaniquement, moins de demandes aboutissent nécessairement à… encore moins de demandes, et donc à moins de production. Et comment expliquer à nos dirigeants, souvent peu versés en cette matière, la différence entre macro-économie et micro-économie ?

Il devient aujourd’hui vital pour l’ensemble de l’Union que la seule institution encore dotée d’une puissante force de frappe –  la Banque Centrale européenne – rompe ce carcan de rigueur et d’investissements en berne qui étouffent nos économies à petit feu. Responsable devant personne, notre Banque Centrale européenne dispose néanmoins de leviers de sanction, y compris sur les politiques nationales, car les instruments à sa disposition peuvent jouer un rôle actif – y compris de par leur non-utilisation – sur le résultat de nos élections nationales. Ce fameux «spread» entre la dette française et la dette allemande, dont les catastrophistes ne cessent de prédire qu’il est condamné à diverger et à s’aggraver au détriment de la France, est entièrement dépendant de la bonne volonté et de l’action de la BCE, qui en a la parfaite maîtrise. Elle seule est en mesure d’utiliser une partie infime de ses munitions afin de rapprocher les deux courbes et démontrer ainsi aux spéculateurs sa détermination sans faille. Hélas, la BCE n’est pas une banque centrale neutre : elle a maintes fois prouvé par le passé qu’elle excellait dans sa capacité de coercition des États nationaux. Pour ce faire, elle n’a pas hésité au fil des années à laisser s’établir – et même s’intensifier – des vents de panique sur les divers marchés obligataires des moutons noirs européens sortis de la stricte orthodoxie comptable.

Aujourd’hui, suite à la dissolution de l’Assemblée nationale en France, la stratégie des autorités européennes au plus haut niveau serait-elle de laisser filer le spread franco-allemand afin d’attiser les peurs vis-à-vis de certains candidats ? Le fait est que les marchés ne s’arrogent le pouvoir de ravager un pays qu’à partir du moment où la Banque Centrale les laisse faire. Que la BCE s’active donc, et qu’elle accomplisse son devoir sacré consistant à protéger les nations européennes des affres de la spéculation. Le banquier central peut bien se complaire dans son splendide isolement et prétexter son indépendance. Dans une conjoncture européenne de plus en plus déprimée, en l’absence d’une monnaie nationale qu’il est possible de dévaluer pour rétablir la compétitivité, seule la BCE est responsable de la régulation de la demande au sein de la zone qu’elle contrôle. Elle dispose des extincteurs : elle doit les utiliser, ou à tout le moins affirmer haut et fort sa détermination à le faire.

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(*) Michel Santi est macro-économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et directeur général d’Art Trading & Finance.
Il vient de publier « Fauteuil 37 » préfacé par Edgar Morin. Il est également l’auteur d’un nouvel ouvrage : « Le testament d’un économiste désabusé ».
Sa page Facebook et son fil Twitter.

Mobilité-Le vélo: La solution?

Mobilité-Le vélo: La solution?

Marginal et en déclin partout en France au début des années 1990, le vélo a fait un retour remarqué à Paris. Entre 2018 et 2022, la fréquentation des aménagements cyclables y a été multipliée par 2,7 et a encore doublé entre octobre 2022 et octobre 2023. Aux heures de pointe y circulent maintenant plus de vélos que de voitures.
Pour autant, Paris n’est pas la France, et pas même l’Île-de-France où la part du vélo reste bien inférieure à celle des transports en commun ou de la voiture. En 2018, dernière année pour laquelle on dispose de données, seuls 1,9 % des déplacements ont été effectués à vélo dans la région francilienne. Bien que ce chiffre ait certainement augmenté depuis, on part de très loin. Certes, les transports en commun y ont une place nettement plus importante que dans les autres régions. Reste qu’environ la moitié des déplacements y sont faits en voiture individuelle, avec les nuisances bien connues qu’elle entraîne : changement climatique, pollution de l’air, bruit, congestion, accidents, consommation d’espace. De nombreuses pistes sont défendues pour réduire ces nuisances : développement des transports en commun, du vélo, télétravail, électrification des véhicules… Pourtant, il existe peu de quantification de leur potentiel, qui varie bien sûr entre les régions. Dans un article récent, nous avons donc tenté de le faire – en nous concentrant sur le cas de l’Île-de-France.

Un article intéressant sur les potentialités de développement du vélo. Cependant certains éléments ont été oubliés ou négligés comme la mobilité des enfants, des malades ou handicapés, des personnes âgées, sans parler des périodes où le vélo est inutilisable du fait de la météo. La question de la sécurité à bicyclette est également peu traitée comme celle de la marche à pied. NDLR

par Philippe Quirion
Directeur de recherche, économie, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)

Marion Leroutier
Postdoc Fellow, Institute for Fiscal Studies dans The conversation

Pour cela, nous avons utilisé la dernière enquête représentative sur les transports, l’enquête globale des transports 2010, qui couvre 45 000 déplacements en voiture géolocalisés effectués dans la région.

Grâce aux informations fournies par l’enquête sur les véhicules, nous avons estimé les émissions de CO2 (le principal gaz à effet de serre anthropique), NOX et PM2.5 (deux polluants atmosphériques importants) de chaque déplacement.

Bien que la voiture ne soit utilisée que pour la moitié des déplacements au sein de la région, elle entraîne 79 % des émissions de PM2.5, 86 % des émissions de CO2 et 93 % des émissions de NOX dus aux transports.

Pour tous ces déplacements en voiture, nous avons ensuite étudié s’ils pourraient être effectués à vélo – y compris vélo à assistance électrique – ou en transports en commun, en fonction du temps que prendrait alors chaque déplacement, d’après un simulateur d’itinéraires et en fonction des informations dont nous disposons sur ces déplacements.

Le potentiel de baisse des émissions lié aux transports en commun déjà existants est faible au regard de celui du vélo.
Nous distinguons ainsi trois scénarios, qui présentent des contraintes de plus en plus strictes sur le type de déplacement en voiture « substituables ».

Le scénario 1 suppose tous les déplacements substituables, sauf ceux réalisés par les plus de 70 ans.

Le scénario 2 exclut de plus les déplacements vers les hypermarchés et centres commerciaux (considérant qu’ils impliquent le transport de charges importantes) ainsi que les tournées professionnelles comme celles des artisans, plombiers, etc.

Le scénario 3 exclut en outre les trajets avec plus d’une personne par voiture.

Nous avons ainsi calculé le pourcentage d’automobilistes qui pourraient passer au vélo ou aux transports en commun (axe vertical) dans le cas d’une hausse du temps de trajet quotidien inférieure à X minutes (axe horizontal).

La conclusion est la suivante : pour les scénarios 1 et 2, environ 25 % des automobilistes gagneraient du temps en utilisant l’un de ces types de mobilités – beaucoup moins dans le scénario 3.

Sur l’axe vertical, le pourcentage d’automobilistes qui pourraient passer au vélo ou aux transports en commun. Sur l’axe horizontal, la hausse du temps de trajet quotidien maximale à laquelle cela correspondrait.

Qu’en est-il des baisses d’émissions polluantes ? Dans les scénarios 1 et 2, elles diminuent d’environ 8 % si le temps de trajet quotidien est contraint de ne pas progresser – chiffre quasiment identique pour chacun des trois polluants étudiés. Ce pourcentage est inférieur aux 25 % mentionnés précédemment, car les déplacements substituables sont de courte distance. La baisse d’émissions atteint 15 % pour une augmentation du temps de trajet quotidien inférieure à 10 minutes, et 20 % pour une hausse inférieure à 20 minutes.

Nous pouvons attribuer une valeur monétaire aux nuisances générées par ces émissions en utilisant les recommandations officielles en France (85 euros par tonne de CO2) et en Europe (28 euros par kg de NOX et 419 euros par kg de PM2.5). Pour une hausse du temps de trajet quotidien inférieure à 10 minutes, les bénéfices sanitaires et climatiques du report modal atteignent entre 70 et 142 millions d’euros par an, selon les scénarios.

Il est intéressant de noter que c’est le vélo qui permet l’essentiel du transfert modal et des réductions d’émissions, alors que les transports publics existants ont peu de potentiel. Toutefois, notre méthode ne permet pas de tester l’effet de nouvelles lignes de transports publics, ni de l’augmentation de la fréquence sur les lignes en place.

Qui dépend le plus de sa voiture ?
Selon nos calculs, 59 % des individus ne peuvent pas abandonner leur voiture dans le scénario 2 si l’on fixe un seuil limite de 10 minutes de temps supplémentaire passé à se déplacer par jour.

Par rapport au reste de la population d’Île-de-France, statistiquement, ces personnes ont de plus longs déplacements quotidiens (35 km en moyenne contre 9 pour les non-dépendants). Elles vivent davantage en grande couronne, loin d’un arrêt de transport en commun ferré, ont un revenu élevé, et sont plus souvent des hommes.

Concernant ceux de ces individus qui ont un emploi, travailler en horaires atypiques accroît la probabilité d’être « dépendant de la voiture », comme l’est le fait d’aller de banlieue à banlieue pour les trajets domicile-travail. Beaucoup de ces caractéristiques sont corrélées avec le fait de parcourir des distances plus importantes et d’être parmi les 20 % des individus contribuant le plus aux émissions.

La place du télétravail et de la voiture électrique

Nous avons ensuite étudié dans quelle mesure les individus « dépendants de la voiture » pourraient réduire leurs émissions en télétravaillant. En considérant que c’est impossible pour les artisans, patrons, agriculteurs, vendeurs et travailleurs manuels, un passage au télétravail deux jours de plus par semaine pour les autres professions amènerait une baisse d’environ 5 % d’émissions, en plus de ce que permet le report modal.

Pour réduire davantage les émissions, il est nécessaire de rendre moins polluants les véhicules, en particulier par le passage aux véhicules électriques. Nos données n’apportent qu’un éclairage partiel sur le potentiel de cette option, mais elles indiquent tout de même que l’accès à la recharge et l’autonomie ne semblent pas être des contraintes importantes : 76 % des ménages dépendants de la voiture ont une place de parking privée, où une borne de recharge pourrait donc être installée, et parmi les autres, 23 % avaient accès à une borne de recharge à moins de 500 mètres de leur domicile en 2020.

En 2022, 23 % des voitures immatriculées en Europe étaient électriques ou hybrides rechargeables. Dimitar Dilkoff/AFP
Ce chiffre va augmenter rapidement car la région Île-de-France a annoncé le triplement du nombre de bornes entre 2020 et fin 2023. L’autonomie ne constitue pas non plus un obstacle pour les déplacements internes à la région puisque moins de 0,5 % des personnes y roulent plus de 200 km par jour.

Le vélo, levier le plus efficace

Soulignons que la généralisation des véhicules électriques prendra du temps puisque des véhicules thermiques neufs continueront à être vendus jusqu’en 2035, et donc à être utilisés jusqu’au milieu du siècle.

Ces véhicules ne résolvent par ailleurs qu’une partie des problèmes générés par la voiture : des émissions de particules importantes subsistent, dues à l’usure des freins, des pneus et des routes. Ni la congestion routière, ni le manque d’activité physique lié à la voiture ne sont atténués.

Lever les obstacles à l’adoption du vélo partout dans la région devrait donc être une priorité. Le premier facteur cité par les Franciliens parmi les solutions pour accroître les déplacements quotidiens en vélo serait un meilleur aménagement de la voie publique, comprenant la mise en place de plus de pistes sécurisées et d’espaces de stationnement.

Emploi: la solution des PMP ?

Emploi: la solution des PMP ?

Le mercredi 7 juin, le gouvernement a présenté son projet de loi visant à atteindre le plein-emploi, c’est-à-dire un taux de chômage de 5 % (contre 7,1 % actuellement). À travers un dispositif d’accompagnement des allocataires du revenu de solidarité active (RSE), dont le nombre stagne autour de 1,9 million, l’exécutif se fixe notamment de ramener dans le champ du marché du travail les personnes qui s’en sont éloignées.

par Gorgi Krlev
Assistant Professor of sustainability, ESCP Business School dans The Conversation

Une vision peut-être un peu optimisme quant à l’efficacité de la nouvelle institution France travail qui remplace notamment pour l’emploi. Ce n’est pas la première réforme de cette institution est la question posée et surtout la compétence d’un tel organisme pour favoriser l’insertion professionnelle et sociale NDLR

Le texte prévoit ainsi la création de France travail, qui va succéder à Pôle emploi, pour mieux coordonner les acteurs du service public de l’emploi. À partir du 1er janvier 2025, ce guichet unique permettra par exemple l’inscription automatique à France Travail pour toute demande de RSA à la Caisse des allocations familiales (CAF). Actuellement, environ 4 bénéficiaires du RSA sur 10 seulement sont également inscrits à Pôle emploi. France travail sera en outre organisé en réseau, en lien avec l’État, les missions locales pour les jeunes, les collectivités territoriales ou encore des associations spécialisées dans l’insertion professionnelle. Le projet de loi prévoit que ces acteurs assureront les missions « d’accueil, d’orientation, d’accompagnement, de formation, d’insertion, de placement des personnes recherchant un emploi ou rencontrant des difficultés sociales ». Cette organisation en réseau, qui établit un partenariat entre de multiples parties prenantes, apparaît en effet essentielle pour favoriser l’insertion professionnelle au sein des entreprises. Comme nous l’avons montré dans un travail de recherche récent, les partenariats multipartites (PMP) constituent en effet une réponse appropriée aux enjeux de qualification, de compétences et d’accès à l’emploi, en particulier pour les personnes issues de milieux défavorisés.

Nous avons étudié ces PMP et leur action en matière d’insertion professionnelle épuise le début des années 1990 en France, en Allemagne et en Espagne. Si ces trois pays ont connu des différences dans la mise en place et les modalités d’action, les structures ont globalement enregistré des résultats positifs. Et ils se sont rapprochés dans l’ambition de trouver une solution intégrative d’insertion.

La France fut précurseur en termes de PMP, qui ont toujours été encouragés par l’État, initialement par les « clauses sociales » et après par un événement relationnel majeur dit « Grenelle de l’Innovation ». Un des premiers rapprochements a été initié en 1996 par l’agence d’intérim Adecco et le Groupe ID’EES, structure spécialisée dans l’insertion professionnelle. Ce type de partenariats a ensuite connu un essor à la suite de la crise économique autour de 2010 (par exemple, le réseau Cocagne, un regroupement d’associations dans la production maraîchère, ou la Fondation Caritas, créée par le Secours catholique).

Actuellement, le terrain reste propice à la multiplication de ces PMP. Comme nous l’a confié un représentant du syndicat patronal français, le Medef :

« Il y a eu une réelle amélioration de ce que ce type d’organisation peut apporter à une entreprise privée. La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) a également gagné en importance… On voit donc de plus en plus de partenariats originaux ».

En Espagne, où l’État s’est montré moins impliqué en termes de formation de PMP, celles-ci sont nées d’un mouvement de solidarité lors de la crise économique qui a frappé le pays au tournant des années 2010. Les premiers échanges entre les entreprises et les organisations à but non lucratif ont abouti en 2012 à la création de « Ensemble pour l’emploi des personnes les plus vulnérables » (Juntos por el empleo de los más vulnerables), qui rassemble désormais plus de 1000 organisations à but non lucratif, environ 70 entreprises et 13 agences publiques.

Si toutes les personnes que nous avons interrogées dans notre étude s’accordent à dire que le PMP « a constitué une réponse efficace à la crise économique », elles notent que le dispositif en reste encore au « stade expérimental » et que des marges de développement existent. Un chef d’entreprise accompagné par un PMP le souligne :

« Nous vivons encore une période de découverte pour les entreprises privées ».

En Allemagne, les PMP en matière d’insertion professionnelle ont connu leur essor à partir de la crise des réfugiés et la forte augmentation du nombre de demandeurs d’asile de 2015. Après une longue période stationnaire, le domaine est devenu très dynamique avec des constellations d’acteurs sans précédent apparaissant sur la scène. Parmi les structures qui ont émergé, nous pouvons notamment citer Arrivo – Refugee is not a profession, qui regroupe le gouvernement régional de la cité-État (Land) de Berlin, 50 entreprises, membres de la chambre de commerce locale, pour insérer professionnellement les réfugiés, ou encore Schlesische 27, une association culturelle à but non lucratif qui propose des programmes d’accompagnement personnalisé à des populations défavorisées.

L’afflux important de réfugiés et la culture d’accueil (Wilkommenkultur) de la chancelière Angela Merkel ont en effet conduit à une « politisation » du climat social, ce qui a incité les petites et moyennes entreprises à s’engager dans des efforts PMP. Ce veut dire que les entreprises commençaient à s’engager quand les problèmes ressemblaient une « crise morale » plutôt qu’une crise existentielle. Les motivations de s’engager concernent aussi bien le manque main-d’œuvre qualifiée que la volonté de s’engager pour la société. Là encore, l’idée d’aller plus loin dans l’institutionnalisation de la démarche transparaît, comme en témoigne un responsable d’association à but non lucratif :

« Nous n’avons pas besoin de construire une énorme initiative individuelle. Notre conception est de donner un coup de pouce, d’initier quelque chose de plus grand ».

Étant donné ces premières avancées, approfondir notre compréhension des PMP semble désormais essentiel, et sans doute pas seulement en matière d’insertion professionnelle. D’ailleurs, face à la pandémie de Covid-19, les décideurs politiques ont stimulé la collaboration multipartite, par exemple dans le cadre de l’alliance internationale GAVI, pour accélérer la mise au point du vaccin.

C’est pourquoi les parties prenantes de tous les secteurs sont appelées à explorer des approches de la collaboration sans qu’ils soient contraints par les crises, en particulier sans attendre que les manifestations extrêmes climatiques anticipées ne se produisent. En effet, on constate dans le bref historique précédemment dressé que ce sont les difficultés économiques ou sociales qui ont jusqu’à présent donné l’impulsion aux PMP.

Immobilier- Crise du logement : « Pas de solution miracle » pour Olivier Sichel, (CDC-Banque des territoires)

Immobilier- Crise du logement : « Pas de solution miracle » pour Olivier Sichel, (CDC-Banque des territoires)


Directeur général de la Banque des territoires au sein de la Caisse des Dépôts depuis son lancement en 2018, Olivier Sichel estime dans une interview à la tribune qu’il n’y a pas de miracle à attendre face à la crise du logement.

Effectivement il n’y a sans doute pas de miracle à attendre de la crise du logement comme l’indique le patron de la banque des territoires du fait de trois facteurs explicatifs dominants à savoir d’une part le manque de solvabilité des acquéreurs potentiels, la complexité réglementaire et la folie du prix du foncier en zone urbaine.

Interview

Sur le logement, les conclusions du conseil national de la refondation viennent d’être reportées alors qu’elles sont très attendues. Ne va-t-on pas assister, tôt ou tard, à des « gilets jaunes » de l’habitat ?

Lors du premier confinement, nous avons volé au secours du logement. La Banque des territoires et CDC Habitat avaient lancé un appel à manifestation d’intérêt visant à produire 40.000 logements neufs. A l’époque, les promoteurs avaient salué cette décision. Aujourd’hui, face au retour des difficultés dans le logement, la CDC envisage à nouveau une telle intervention.

Sauf que cela ne répond pas aux problèmes structurels…

La crise est effectivement bien plus grave et reste extrêmement compliquée à résoudre. Il y a une crise de l’offre, entre la raréfaction du foncier, l’inflation des coûts de construction et les contraintes liées à l’objectif zéro artificialisation nette (ZAN) des sols. Les maires font face à toutes ces difficultés, et ont du mal à délivrer des permis. Nous essayons de les accompagner, mais il n’existe pas de solution miracle.

Ne faut-il pas encadrer les prix du foncier, comme le recommandait déjà le député Lagleize en 2019, la commission Rebsamen en 2021 et le soulignent au moins deux rapports du CNR Logement ?

Je n’ai pas d’avis là-dessus, d’autant qu’il existe aussi une crise de la demande. Avec la remontée des taux, se pose un double problème de solvabilité des ménages et d’offres de prêt qui ne passent plus.

Une crise incompatible avec votre modèle de finance patiente et utile ?

En cinq ans, nous avons créé un écosystème financier très original qui a placé la proximité au cœur de la valeur. Nous sommes au plus proche du terrain pour coller au mieux aux situations locales et s’adapter à leurs spécificités.

Récemment, le directeur général de la CDC Éric Lombard, qui vient d’être renouvelé par le chef de l’Etat et les parlementaires, vous a demandé de conduire le projet « Vision groupe ». Qu’est-ce que cela veut dire, précisément ?

Le cœur de notre ambition, c’est la transformation écologique, la cohésion sociale et territoriale ainsi que la souveraineté économique. « Vision Groupe » c’est la vision collective que nous portons avec l’ensemble des filiales du groupe pour répondre chacun dans nos missions respectives à ces grands enjeux de société.

Du côté de la Banque des territoires, cela signifie que nous n’intervenons pas trop dans les métropoles, sauf dans les quartiers politique de la ville, mais que nous travaillons dans les villes moyennes et les petites villes – 16.000 dans le programme « Petites villes de demain ». Chacune rencontre des difficultés différentes. A Honfleur, 5ème ville touristique de France qui accueille chaque année 4 millions de touristes, le maire se demande où garer les cars et s’il faut refaire la circulation. A Joigny, grand brûlé de la désindustrialisation, les départs successifs d’un régiment, d’un tribunal et d’un centre des finances publiques, ont mis les problèmes bout à bout, mais heureusement, nous sommes là pour les résoudre !

Pour finir, pourquoi la Caisse des dépôts qui est déjà présente dans les Ephad publics a-t-elle décidé d’entrer au capital du nouvel Orpea ?

Nous avons 8 milliards d’encours sur les Ehpad publics car c’est une activité essentielle pour la cohésion sociale qui a besoin d’un capital patient. Nous sommes entrés dans Orpéa dans l’intérêt des 270.000 résidents dans une entreprise en situation financière extrêmement grave. Notre population vieillit. Aussi venir au secours du leader du secteur nous a paru une bonne idée, ne serait-ce que pour l’attractivité des métiers et le maintien des compétences. Nous voulons, en effet, en faire un nouveau référentiel de pratique.

Sauf que la rentabilité va baisser pour les actionnaires…

Effectivement, nous ne pouvons pas maintenir un taux de rentabilité de 26%. C’était sans doute trop.

De combien sera-t-il demain ?

La nouvelle cible a été fixée par le management à 20%. C’est nécessaire et raisonnable pour que le nouvel Orpea se développe et puisse investir. De même, nous allons abaisser progressivement le taux de détention de l’immobilier actuellement de 45% pour recentrer la société sur son métier : l’exploitation des EHpad.

Aux côtés de CNP, participation stratégique du groupe, pourquoi êtes-vous allés chercher la Maif et la Mascf ?

En faisant entrer la MACSF, la mutuelle des aides-soignants, nous voulons repartir d’une belle façon en adressant un message aux salariés qui ont souffert dans cette affaire.

Quitte à vous mettre à dos les petits actionnaires ?

Les administrateurs judiciaires font actuellement le tour des parties prenantes : les banques, les créanciers, l’Etat, l’Urssaf et les actionnaires… Soit dit en passant, même si ces derniers votent contre ce nouvel actionnariat, la restructuration se fera quand même, en raison des nouvelles règles des faillites dans le cadre de la directive européenne transposée dans la loi Pacte.

N’est-ce pas une nationalisation forcée ou du moins qui ne dit pas son mot ?

C’est un peu excessif de dire cela. A la fin du sauvetage, le groupe composé de la CDC, la CNP et de Maif et MACSF ne détiendra que 50,5% des parts du nouvel Orpea. Sauf à considérer que le mutualisme est public, nous restons donc dans l’univers du privé avec un capital en partie public.

Immobilier -Crise du logement : la solution de l’industrialisation ?

Immobilier -Crise du logement : la solution de l’industrialisation ?


Comment endiguer la hausse continue des prix de la construction afin de relancer une production de logements au point mort s’interroge le journal les Échos ? Cette tension sur les prix, alimentée par l’inflation des matériaux de construction , lézarde le secteur du bâtiment qui doit en parallèle faire face à l’incidence de la RE2020, la nouvelle réglementation environnementale s’appliquant à la construction neuve mise en oeuvre l’an dernier, qui a déjà un impact inflationniste. Sans doute que l’industrialisation pourrait constitué l’un des axes en même temps que la régulation du foncier devenu inabordable avec la sur-urbanisation notamment la Metropolisation.

Faute de solvabilité, le quart ou le cinquième d’entre elles seulement peuvent maintenant accéder à un logement neuf sans l’aide de l’Etat. Dans un avenir prochain cette proportion pourrait n’être plus que d’un ou deux ménages sur vingt. Finalement, les rapporteurs de la commission du Ve Plan étaient arrivés à l’issue de leurs travaux à la conclusion que l’objectif fixé pour 1970 (500 000 logements par an) ne serait pas atteint, à moins d’une baisse substantielle des coûts de revient, de l’ordre de 20 à 30 %. Est-il possible de suffisamment améliorer la productivité dans le bâtiment pour arriver à de telles baisses des prix de revient ? Poser la question c’est s’interroger sur la possibilité d’industrialiser la construction, c’est-à-dire de fabriquer des maisons comme on fabrique des automobiles : par grandes séries, à partir de quelques modèles seulement. Est-ce réalisable ? Est-ce souhaitable ? Où en est-on actuellement dans ce domaine ?

Une problématique déjà abordée dans les années 60 dans un papier du « Monde »

Il serait intéressant de savoir le prix auquel serait vendue une automobile si Renault, Citroën, Peugeot ou Simca employaient les méthodes de fabrication en usage dans le bâtiment. Le calcul n’a pas été fait, mais il est probable qu’une 2 CV Citroën, par exemple, coûterait plus d’un million et que les 404 et les DS seraient réservées à quelques richissimes tant leurs coûts seraient élevés. Comment l’industrie automobile est-elle donc arrivée à mettre sur le marché des biens dont les prix sont relativement peu élevés lorsqu’on les compare à ceux du logement ?

Des méthodes de fabrication opposées

Les deux processus de fabrication et de vente sont en fait presque totalement opposés, ce qui explique bien des choses et d’abord les écarts de prix de revient. Dans l’industrie automobile tout commence par l’étude du modèle qui va être construit, c’est-à-dire par la définition du produit. Cette première démarche est très importante. Elle va en effet conditionner toutes les autres : la forme du véhicule, sa puissance, son confort, ses performances, sa consommation d’essence, son prix, dépendront de la clientèle à laquelle il sera destiné, de l’usage qui en sera fait.

On conçoit donc que cette première étape soit longue et coûteuse. Un exemple donnera une idée des délais qui s’écoulent entre la date où la décision de lancer une voiture est prise et celle où la fabrication commence effectivement en usine : le 6 mars 1951 la régie Renault décide de construire une nouvelle voiture. Une étude des marchés français et étrangers est entreprise pour savoir comment évoluera la demande au cours des quinze prochaines années, c’est-à-dire jusqu’aux environs de 1965-1966 (un modèle de voiture doit pour être rentable se vendre pendant dix ans). Une maquette est ensuite réalisée puis un prototype mis à l’essai. Enfin un plan de fabrication est mis au point. En 1953, c’est-à-dire trois ans avant que débute la production, on commence à construire des usines pour doubler la capacité des établissements de Flins. En avril 1956, la production des Dauphine commence : il y a cinq ans que celle-ci a été décidée. On le voit, avant de vendre une seule Dauphine, la régie Renault avait déjà dépensé des sommes importantes en études et recherches. Mais celles-ci, non seulement permettront de répondre au goût du public (quoique certains échecs retentissants aient prouvé que les études de marché n’étaient jamais assez poussées pour cerner à coup sûr les besoins et les goûts des usagers), mais encore de parfaitement préparer la fabrication industrielle : la réalisation de chaque pièce, l’assemblage, seront prévus, les investissements calculés (acquisition des moyens de production), le personnel recruté et formé si nécessaire. Un prix de vente peut alors être calculé qui tient compte de tous les éléments du prix de revient (salaires, amortissements). Les réseaux de vente sont alertés. L’aventure peut commencer.

Crise du logement : la solution de l’industrialisation ?

Crise du logement : la solution de l’industrialisation ?


Comment endiguer la hausse continue des prix de la construction afin de relancer une production de logements au point mort s’interroge le journal les Échos ? Cette tension sur les prix, alimentée par l’inflation des matériaux de construction , lézarde le secteur du bâtiment qui doit en parallèle faire face à l’incidence de la RE2020, la nouvelle réglementation environnementale s’appliquant à la construction neuve mise en oeuvre l’an dernier, qui a déjà un impact inflationniste. Sans doute que l’industrialisation pourrait constitué l’un des axes en même temps que la régulation du foncier devenu inabordable avec la sur-urbanisation notamment la Metropolisation.

Faute de solvabilité, le quart ou le cinquième d’entre elles seulement peuvent maintenant accéder à un logement neuf sans l’aide de l’Etat. Dans un avenir prochain cette proportion pourrait n’être plus que d’un ou deux ménages sur vingt. Finalement, les rapporteurs de la commission du Ve Plan étaient arrivés à l’issue de leurs travaux à la conclusion que l’objectif fixé pour 1970 (500 000 logements par an) ne serait pas atteint, à moins d’une baisse substantielle des coûts de revient, de l’ordre de 20 à 30 %. Est-il possible de suffisamment améliorer la productivité dans le bâtiment pour arriver à de telles baisses des prix de revient ? Poser la question c’est s’interroger sur la possibilité d’industrialiser la construction, c’est-à-dire de fabriquer des maisons comme on fabrique des automobiles : par grandes séries, à partir de quelques modèles seulement. Est-ce réalisable ? Est-ce souhaitable ? Où en est-on actuellement dans ce domaine ?

Une problématique déjà abordée dans les années 60 dans un papier du « Monde »

Il serait intéressant de savoir le prix auquel serait vendue une automobile si Renault, Citroën, Peugeot ou Simca employaient les méthodes de fabrication en usage dans le bâtiment. Le calcul n’a pas été fait, mais il est probable qu’une 2 CV Citroën, par exemple, coûterait plus d’un million et que les 404 et les DS seraient réservées à quelques richissimes tant leurs coûts seraient élevés. Comment l’industrie automobile est-elle donc arrivée à mettre sur le marché des biens dont les prix sont relativement peu élevés lorsqu’on les compare à ceux du logement ?

Des méthodes de fabrication opposées

Les deux processus de fabrication et de vente sont en fait presque totalement opposés, ce qui explique bien des choses et d’abord les écarts de prix de revient. Dans l’industrie automobile tout commence par l’étude du modèle qui va être construit, c’est-à-dire par la définition du produit. Cette première démarche est très importante. Elle va en effet conditionner toutes les autres : la forme du véhicule, sa puissance, son confort, ses performances, sa consommation d’essence, son prix, dépendront de la clientèle à laquelle il sera destiné, de l’usage qui en sera fait.

On conçoit donc que cette première étape soit longue et coûteuse. Un exemple donnera une idée des délais qui s’écoulent entre la date où la décision de lancer une voiture est prise et celle où la fabrication commence effectivement en usine : le 6 mars 1951 la régie Renault décide de construire une nouvelle voiture. Une étude des marchés français et étrangers est entreprise pour savoir comment évoluera la demande au cours des quinze prochaines années, c’est-à-dire jusqu’aux environs de 1965-1966 (un modèle de voiture doit pour être rentable se vendre pendant dix ans). Une maquette est ensuite réalisée puis un prototype mis à l’essai. Enfin un plan de fabrication est mis au point. En 1953, c’est-à-dire trois ans avant que débute la production, on commence à construire des usines pour doubler la capacité des établissements de Flins. En avril 1956, la production des Dauphine commence : il y a cinq ans que celle-ci a été décidée. On le voit, avant de vendre une seule Dauphine, la régie Renault avait déjà dépensé des sommes importantes en études et recherches. Mais celles-ci, non seulement permettront de répondre au goût du public (quoique certains échecs retentissants aient prouvé que les études de marché n’étaient jamais assez poussées pour cerner à coup sûr les besoins et les goûts des usagers), mais encore de parfaitement préparer la fabrication industrielle : la réalisation de chaque pièce, l’assemblage, seront prévus, les investissements calculés (acquisition des moyens de production), le personnel recruté et formé si nécessaire. Un prix de vente peut alors être calculé qui tient compte de tous les éléments du prix de revient (salaires, amortissements). Les réseaux de vente sont alertés. L’aventure peut commencer.

Puits de carbone : solution ou mise sous le tapis de la poussière ?

Puits de carbone : solution ou mise sous le tapis de la poussière ?

par

Daphné Lorne
Analyste prospectiviste biocarburants transport, IFP Énergies nouvelles

Guillaume Boissonnet
Directeur de Recherche – Economie Circulaire du Carbone, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)

Jack Legrand
Professeur Emérite, Génie des Procédés, Université de Nantes

Monique Axelos
Chercheur en alimentation et bioéconomie, Inrae ( dans the conversation)

Un article intéressant d’éminents experts qui expliquent comment piéger le carbone mais en sous-estimant le fait qu’il s’agit d’un piégeage provisoire qui va rejaillir un jour ou l’autre, demain ou dans des centaines d’années. Un article qui manque cruellement de données quantitatives relatif au cycle systémique du carbone; Une insuffisance qui affecte sérieusement son caractère scientifique NDLR

Guillaume Boissonnet est membre de l’International Scientific Advisory Committee de European Biomass Conference and Exhibition (EUBCE) et de la Société Française de Génie des Procédés.

Monique Axelos a co-présidé le groupe de travail « Biomasse et neutralité Carbone » du Comité de prospective de la Commission de Régulation de l’Energie

Dans l’Union européenne, et dans la plupart des pays développés, un objectif de « neutralité carbone » a été fixé d’ici 2050. Il s’agit de compenser les émissions de CO2 anthropiques vers l’atmosphère par des absorptions de CO2, en utilisant des systèmes qui piègent plus de CO2 atmosphérique qu’ils n’en émettent – les plantes en sont un premier exemple. On les appelle « puits de carbone ».

En effet, tous les scénarios climatiques de référence s’alignent : une fois mises en place les multiples solutions de réduction des émissions de CO2 d’origine fossile (sobriété énergétique, efficacité des systèmes énergétiques, substitution par les énergies renouvelables, etc.), il restera des émissions incompressibles dans le temps imparti, dans les secteurs de l’agriculture et de l’industrie notamment, qui devront être compensées par des puits de carbone.

Évolution des émissions et des puits de GES sur le territoire français entre 1990 et 2050 (en MtCO2eq). Inventaire CITEPA 2018 et scénario SNBC révisée (neutralité carbone). Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Ministère de la Transition énergétique

Qu’est-ce qu’un puits de carbone ?

Un « puits de carbone » piège donc plus de CO2 atmosphérique qu’il n’en émet dans l’atmosphère, grâce à un réservoir qui séquestre « durablement » du carbone d’origine atmosphérique sous forme liquide, gazeuse, ou solide, tel que les sols superficiels (le premier mètre tout au plus), les plantes, certains écosystèmes aquatiques, des cavités souterraines ou des structures géologiques poreuses en sous-sols profonds (plusieurs dizaines voire centaines de mètres), ou encore des matériaux à « longue durée de vie » (proche et au-delà de la centaine d’années).

Aujourd’hui, les principaux puits de carbone à l’échelle de la planète sont des puits naturels comme les océans, et les sols supports de la biomasse (forêt, tourbière, prairie, etc.). Ceux-ci peuvent « stocker » le CO2 mais aussi le méthane, l’autre gaz à effet de serre carboné très important. Face à l’urgence climatique, les niveaux de puits doivent être accrus.

La première question est celle de la préservation des puits « naturels » existants et de l’augmentation de leur efficacité. Ces actions s’accompagnent du développement de nouveaux puits dits « technologiques ».

À l’échelle du territoire français, où en sommes-nous en termes de capacités de puits pour piéger notre CO2 excédentaire ? Quelles nouvelles solutions devrons-nous développer et mettre en place ?

C’est à ces questions que tentent de répondre le rapport et les fiches de synthèse récemment publiés par un groupe de chercheurs membres de l’Alliance nationale de coordination de la recherche pour l’énergie (ANCRE).

À l’échelle du territoire français, l’absorption nette de ces gaz à effet de serre a été chiffrée à 14 millions de tonnes de CO₂ équivalent sur l’année 2020, contre 50 millions de tonnes de CO2 équivalent en 2005 (CO2 et méthane principalement).

D’après la Stratégie nationale bas carbone, la trajectoire des émissions nationales visant la neutralité carbone en 2050 exige de passer de 460 millions de tonnes de CO2eq émises par an en 2015, à 80 millions de tonnes de CO2 équivalent par an d’ici 2050. Une telle trajectoire devra ainsi s’accompagner d’un puits annuel d’au moins 80 millions de tonnes de CO2 équivalent pour atteindre la neutralité.

Un tel objectif nécessite ainsi le développement de ces puits d’un facteur 6. Il faudra avoir recours à des solutions de préservation et d’augmentation des puits naturels ainsi que des solutions technologiques.

Mieux comprendre et mieux protéger les puits naturels de carbone
Aujourd’hui, les forêts françaises et l’usage du bois d’œuvre constituent le principal puits national grâce à l’absorption du CO2 atmosphérique par la végétation via la photosynthèse. Après une forte augmentation jusqu’en 2008, on observe une tendance à la baisse via des épisodes de tempêtes, d’incendies, et la baisse du marché des produits issus du bois récolté. C’est sur ce dernier levier que la Stratégie nationale bas carbone souhaite jouer en redynamisant fortement les produits bois via notamment le développement des matériaux à longue durée de vie.

Les terres agricoles participent également aux puits de carbone français, en particulier via les prairies. Leurs surfaces ayant connu une baisse importante, en particulier entre 2005 et 2010, il convient aujourd’hui de les préserver et de redéployer des pratiques agricoles « stockantes » : développement de l’agroforesterie, des cultures intermédiaires, allongement des rotations des prairies temporaires, réimplantation des haies notamment.

Des pratiques stockantes spécifiques peuvent également être développées à travers l’implantation de la biomasse en milieux urbains : agriculture urbaine, jardins partagés, abords des infrastructures de transport, toits et façades végétalisés, ou encore végétalisation de friches industrielles et commerciales.

Un marais au lever du jour
Les zones humides et milieux aquatiques contribuent également à stocker le carbone. Jon/Unsplash, CC BY
Les milieux aquatiques représentent des puits de carbone sur des échelles de temps supérieures à la centaine d’années, mais dont le potentiel est encore mal évalué.

Le stockage peut provenir (i) de la dissolution directe dans l’eau du CO2 de l’air via les pompes biologiques et physiques, (ii) de la fixation du CO2 dans la matière organique issue de la photosynthèse par la flore dans les estuaires, deltas, mangroves, herbiers notamment, que l’on appelle « carbone bleu », (iii) de l’altération des roches silicatées (basaltes, granits, etc.) par les eaux de pluie chargée en acide carbonique issu de la dissolution du CO2 de l’air. Le carbone se retrouve alors stocké dans les roches sédimentaires des fonds marins. Pour ces milieux, la priorité revient à une meilleure connaissance par observation et modélisation des bilans d’émissions/absorption, qui sont encore difficiles à estimer.

L’avenir de ces puits naturels face à l’évolution de certaines activités humaines (urbanisation…) et aux effets du changement climatique reste cependant incertain, et peu étudié.

Développer des technologies de captage et de stockage de CO₂ d’origine atmosphérique
Ainsi, le recours à des systèmes technologiques de captage et de stockage est envisagé en parallèle. Le captage en milieu concentré (fumées ou effluents d’usines par exemple) est déjà déployé, mais le captage du CO2 atmosphérique doit encore être amélioré, en particulier son efficacité (le CO2 est bien plus dilué dans l’atmosphère que dans les fumées d’usine).

Parmi ces technologies, sont aujourd’hui en cours d’expérimentation le captage direct dans l’air ou encore le captage de CO₂ biogénique au sein de bioraffineries. La première solution, appelée « DACS » pour Direct Air Capture and Storage, commence à être démontrée, par exemple sur le site d’Orca en Islande, mais elle est encore difficilement reproductible sans être confrontée à des verrous en termes de bilan énergétique et donc de bilan d’émissions de GES.

Le CO2 émis par des bioraffineries (chaudières biomasse, méthaniseurs, usines de production de bioéthanol, etc.) est issu de la transformation de la biomasse ayant elle-même absorbé du CO2 atmosphérique durant sa croissance via la photosynthèse.

Au sein de la bioraffinerie, ce CO2 peut être capté avec les mêmes technologies que celles déployées à l’heure actuelle sur les cheminées d’usines ou centrales thermiques. Une fois capté, ce CO2 peut ensuite être recyclé ou séquestré dans un réservoir qui peut être géologique ou dans des sols plus superficiels (en tant qu’amendement pour les sols agricoles, dans d’anciennes mines ou carrières) ou encore dans des matériaux à longue durée de vie pour la construction du bâti ou d’infrastructures (charpentes, isolants, revêtement de route, bétons, etc.).

Si les solutions de puits de carbone semblent potentiellement nombreuses, d’importantes actions sont encore à mener afin de développer une meilleure connaissance des flux naturels, une plus grande maîtrise des pratiques stockantes liées à la gestion de la biomasse, ainsi que d’améliorer l’efficacité, la durabilité et les coûts des technologies dédiées.

Ces améliorations doivent encore être démontrées sur des systèmes complets à grande échelle. Il faudra en parallèle veiller à ce que ces technologies ne se substituent pas aux efforts de réduction d’émissions de GES, qui restent le premier levier pour l’atteinte de la neutralité carbone.

Enfin, de nombreuses actions d’accompagnements seront nécessaires, des cadres réglementaires aux normes de comptabilisation des bilans d’émissions, en passant par le soutien à la recherche et au développement et par l’amélioration de l’acceptabilité des nouvelles technologies. Un chantier important qui implique dès aujourd’hui les acteurs de la recherche, de l’industrie, les collectivités et les pouvoirs publics.

Puits de carbone : solution ou mise sous le tapis de la poussière ?

Puits de carbone : une partie de la solution ou la mise sous le tapis de la poussière ?

par

Daphné Lorne
Analyste prospectiviste biocarburants transport, IFP Énergies nouvelles

Guillaume Boissonnet
Directeur de Recherche – Economie Circulaire du Carbone, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)

Jack Legrand
Professeur Emérite, Génie des Procédés, Université de Nantes

Monique Axelos
Chercheur en alimentation et bioéconomie, Inrae ( dans the conversation)

Un article intéressant d’éminents experts qui expliquent comment piéger le carbone mais en sous-estimant le fait qu’il s’agit d’un piégeage provisoire qui va rejaillir un jour ou l’autre, demain ou dans des centaines d’années. Un article qui manque cruellement de données quantitatives relatif au cycle systémique du carbone; Une insuffisance qui affecte sérieusement son caractère scientifique NDLR

Guillaume Boissonnet est membre de l’International Scientific Advisory Committee de European Biomass Conference and Exhibition (EUBCE) et de la Société Française de Génie des Procédés. Guillaume Boissonnet a reçu des financements de projets de recherche par ADEME, ANR et European Union Horizon H2020

Société Française de Génie des Procédés

Monique Axelos a co-présidé le groupe de travail « Biomasse et neutralité Carbone » du Comité de prospective de la Commission de Régulation de l’Energie

Dans l’Union européenne, et dans la plupart des pays développés, un objectif de « neutralité carbone » a été fixé d’ici 2050. Il s’agit de compenser les émissions de CO2 anthropiques vers l’atmosphère par des absorptions de CO2, en utilisant des systèmes qui piègent plus de CO2 atmosphérique qu’ils n’en émettent – les plantes en sont un premier exemple. On les appelle « puits de carbone ».

En effet, tous les scénarios climatiques de référence s’alignent : une fois mises en place les multiples solutions de réduction des émissions de CO2 d’origine fossile (sobriété énergétique, efficacité des systèmes énergétiques, substitution par les énergies renouvelables, etc.), il restera des émissions incompressibles dans le temps imparti, dans les secteurs de l’agriculture et de l’industrie notamment, qui devront être compensées par des puits de carbone.

Évolution des émissions et des puits de GES sur le territoire français entre 1990 et 2050 (en MtCO2eq). Inventaire CITEPA 2018 et scénario SNBC révisée (neutralité carbone). Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Ministère de la Transition énergétique

Qu’est-ce qu’un puits de carbone ?

Un « puits de carbone » piège donc plus de CO2 atmosphérique qu’il n’en émet dans l’atmosphère, grâce à un réservoir qui séquestre « durablement » du carbone d’origine atmosphérique sous forme liquide, gazeuse, ou solide, tel que les sols superficiels (le premier mètre tout au plus), les plantes, certains écosystèmes aquatiques, des cavités souterraines ou des structures géologiques poreuses en sous-sols profonds (plusieurs dizaines voire centaines de mètres), ou encore des matériaux à « longue durée de vie » (proche et au-delà de la centaine d’années).

Aujourd’hui, les principaux puits de carbone à l’échelle de la planète sont des puits naturels comme les océans, et les sols supports de la biomasse (forêt, tourbière, prairie, etc.). Ceux-ci peuvent « stocker » le CO2 mais aussi le méthane, l’autre gaz à effet de serre carboné très important. Face à l’urgence climatique, les niveaux de puits doivent être accrus.

La première question est celle de la préservation des puits « naturels » existants et de l’augmentation de leur efficacité. Ces actions s’accompagnent du développement de nouveaux puits dits « technologiques ».

À l’échelle du territoire français, où en sommes-nous en termes de capacités de puits pour piéger notre CO2 excédentaire ? Quelles nouvelles solutions devrons-nous développer et mettre en place ?

C’est à ces questions que tentent de répondre le rapport et les fiches de synthèse récemment publiés par un groupe de chercheurs membres de l’Alliance nationale de coordination de la recherche pour l’énergie (ANCRE).

À l’échelle du territoire français, l’absorption nette de ces gaz à effet de serre a été chiffrée à 14 millions de tonnes de CO₂ équivalent sur l’année 2020, contre 50 millions de tonnes de CO2 équivalent en 2005 (CO2 et méthane principalement).

D’après la Stratégie nationale bas carbone, la trajectoire des émissions nationales visant la neutralité carbone en 2050 exige de passer de 460 millions de tonnes de CO2eq émises par an en 2015, à 80 millions de tonnes de CO2 équivalent par an d’ici 2050. Une telle trajectoire devra ainsi s’accompagner d’un puits annuel d’au moins 80 millions de tonnes de CO2 équivalent pour atteindre la neutralité.

Un tel objectif nécessite ainsi le développement de ces puits d’un facteur 6. Il faudra avoir recours à des solutions de préservation et d’augmentation des puits naturels ainsi que des solutions technologiques.

Mieux comprendre et mieux protéger les puits naturels de carbone
Aujourd’hui, les forêts françaises et l’usage du bois d’œuvre constituent le principal puits national grâce à l’absorption du CO2 atmosphérique par la végétation via la photosynthèse. Après une forte augmentation jusqu’en 2008, on observe une tendance à la baisse via des épisodes de tempêtes, d’incendies, et la baisse du marché des produits issus du bois récolté. C’est sur ce dernier levier que la Stratégie nationale bas carbone souhaite jouer en redynamisant fortement les produits bois via notamment le développement des matériaux à longue durée de vie.

Les terres agricoles participent également aux puits de carbone français, en particulier via les prairies. Leurs surfaces ayant connu une baisse importante, en particulier entre 2005 et 2010, il convient aujourd’hui de les préserver et de redéployer des pratiques agricoles « stockantes » : développement de l’agroforesterie, des cultures intermédiaires, allongement des rotations des prairies temporaires, réimplantation des haies notamment.

Des pratiques stockantes spécifiques peuvent également être développées à travers l’implantation de la biomasse en milieux urbains : agriculture urbaine, jardins partagés, abords des infrastructures de transport, toits et façades végétalisés, ou encore végétalisation de friches industrielles et commerciales.

Un marais au lever du jour
Les zones humides et milieux aquatiques contribuent également à stocker le carbone. Jon/Unsplash, CC BY
Les milieux aquatiques représentent des puits de carbone sur des échelles de temps supérieures à la centaine d’années, mais dont le potentiel est encore mal évalué.

Le stockage peut provenir (i) de la dissolution directe dans l’eau du CO2 de l’air via les pompes biologiques et physiques, (ii) de la fixation du CO2 dans la matière organique issue de la photosynthèse par la flore dans les estuaires, deltas, mangroves, herbiers notamment, que l’on appelle « carbone bleu », (iii) de l’altération des roches silicatées (basaltes, granits, etc.) par les eaux de pluie chargée en acide carbonique issu de la dissolution du CO2 de l’air. Le carbone se retrouve alors stocké dans les roches sédimentaires des fonds marins. Pour ces milieux, la priorité revient à une meilleure connaissance par observation et modélisation des bilans d’émissions/absorption, qui sont encore difficiles à estimer.

L’avenir de ces puits naturels face à l’évolution de certaines activités humaines (urbanisation…) et aux effets du changement climatique reste cependant incertain, et peu étudié.

Développer des technologies de captage et de stockage de CO₂ d’origine atmosphérique
Ainsi, le recours à des systèmes technologiques de captage et de stockage est envisagé en parallèle. Le captage en milieu concentré (fumées ou effluents d’usines par exemple) est déjà déployé, mais le captage du CO2 atmosphérique doit encore être amélioré, en particulier son efficacité (le CO2 est bien plus dilué dans l’atmosphère que dans les fumées d’usine).

Parmi ces technologies, sont aujourd’hui en cours d’expérimentation le captage direct dans l’air ou encore le captage de CO₂ biogénique au sein de bioraffineries. La première solution, appelée « DACS » pour Direct Air Capture and Storage, commence à être démontrée, par exemple sur le site d’Orca en Islande, mais elle est encore difficilement reproductible sans être confrontée à des verrous en termes de bilan énergétique et donc de bilan d’émissions de GES.

Le CO2 émis par des bioraffineries (chaudières biomasse, méthaniseurs, usines de production de bioéthanol, etc.) est issu de la transformation de la biomasse ayant elle-même absorbé du CO2 atmosphérique durant sa croissance via la photosynthèse.

Au sein de la bioraffinerie, ce CO2 peut être capté avec les mêmes technologies que celles déployées à l’heure actuelle sur les cheminées d’usines ou centrales thermiques. Une fois capté, ce CO2 peut ensuite être recyclé ou séquestré dans un réservoir qui peut être géologique ou dans des sols plus superficiels (en tant qu’amendement pour les sols agricoles, dans d’anciennes mines ou carrières) ou encore dans des matériaux à longue durée de vie pour la construction du bâti ou d’infrastructures (charpentes, isolants, revêtement de route, bétons, etc.).

Si les solutions de puits de carbone semblent potentiellement nombreuses, d’importantes actions sont encore à mener afin de développer une meilleure connaissance des flux naturels, une plus grande maîtrise des pratiques stockantes liées à la gestion de la biomasse, ainsi que d’améliorer l’efficacité, la durabilité et les coûts des technologies dédiées.

Ces améliorations doivent encore être démontrées sur des systèmes complets à grande échelle. Il faudra en parallèle veiller à ce que ces technologies ne se substituent pas aux efforts de réduction d’émissions de GES, qui restent le premier levier pour l’atteinte de la neutralité carbone.

Enfin, de nombreuses actions d’accompagnements seront nécessaires, des cadres réglementaires aux normes de comptabilisation des bilans d’émissions, en passant par le soutien à la recherche et au développement et par l’amélioration de l’acceptabilité des nouvelles technologies. Un chantier important qui implique dès aujourd’hui les acteurs de la recherche, de l’industrie, les collectivités et les pouvoirs publics.

Le nucléaire, dernière solution pour sauver Poutine ?

Le nucléaire, dernière solution pour sauver Poutine ?

Il est de plus en plus clair que le régime de Poutine est menacé de l’intérieur même s’il trouve encore dans la population sous-informée des soutiens et bien sûrschez tous ceux qui bénéficient de la corruption. Les divisions internes deviennent de plus en plus visibles, voir par exemple les dénonciations du Kremlin par le patron de Wagner ! Pour sauver son régime Poutine agite donc à nouveau la menace du nucléaire d’abord en se retirant du traité de non-prolifération et en se réservant le droit de répliquer en cas d’hypothétiques attaques de l’Occident.

Poutine est toujours en plein délire quant à la réalité de ce qui se passe dans les démocraties et à ses illusions perdues d’empire russe. Alors que le président américain et d’autres- mais pas Macon– prennent le risque de se rendre en Ukraine, Poutine se renferme toujours dans son bunker au Kremlin en ressassant ses vieilles lunes sur la décomposition démocratique occidentale et ses vieilles lunes de reconquête soviétique. Pour preuve, il réhabilite un peu partout les statuts de Staline ! Bref toujours la dictature et plus du tout le communisme mais la corruption, la torture et le crime à l’intérieur et à l’extérieur des frontières.

Poutine se réfugie dans une vieille dialectique des années 50 qui consiste à dire systématiquement le contraire de ce qu’il pense pour finalement s’en persuader lui-même. Il alimente sa propre peur et sa propre paranoïa.

Pour justifier cette suspension de la participation au traité New Start, Vladimir Poutine a expliqué que la Russie ne pouvait pas effectuer d’inspections pour vérifier son application par les pays occidentaux.
Le dirigeant russe ne s’est également pas privé de critiquer la non-participation d’autres Etats occidentaux à cet accord. « Avant de revenir à la discussion sur le traité, nous devons comprendre quelles sont les aspirations des membres de l’OTAN, la Grande-Bretagne et la France, et comment nous prenons en compte leurs arsenaux qui font partie du potentiel de frappe combiné de l’alliance », a-t-il reproché.
Désormais Poutine se réserve néanmoins le droit de mener des essais nucléaires au cas où les Etats-Unis le feraient « en premier ». Bref toujours la rhétorique de l’agresseur faussement agressé. Et ça marche encore sur une grande partie de la population qui vit sous la dictature depuis plus d’un siècle.

Vladimir Poutine a affirmé bref toujours la que Washington ne pourrait plus réaliser d’inspection sur les sites d’armements en Russie. Mais ce n’est pas nouveau : les contrôles sont de facto suspendus depuis cet été. Les autorités américaines avaient déjà dénoncé une violation du traité le mois dernier.

Face à l’abime du commerce extérieur , la réindustrialisation seule solution

Face à l’abime du commerce extérieur , la réindustrialisation seule solution

Par Baptiste Petitjean, membre du Bureau de Refondation républicaine ( proche de Chevènement)

Le déficit commercial français enregistré en 2022 a été de 163,6 milliards d’euros, un montant presque multiplié par deux par rapport à 2021. C’est un record historique pour notre pays, dont le solde commercial était encore à l’équilibre au début des années 2000, il y a seulement 20 ans.

En raison de la flambée des prix des hydrocarbures (pétrole brut et gaz naturel), consécutive à la poursuite des tensions géopolitiques et à la reprise mondiale, et de la baisse de l’euro vis-à-vis du dollar, la «facture énergétique» a plus que doublé (+ 157 %), passant de 45 milliards d’euros en 2021 à 115 milliards d’euros en 2022, en prenant en compte les coûts d’acheminement (transport et assurance). Les difficultés du parc nucléaire français au cours de l’automne et au début de l’hiver, à l’origine de l’affaiblissement du niveau de production nationale d’électricité, ont fait passer la France du statut d’exportateur net d’électricité (1,1 milliard d’euros d’excédent en 2020, 2,6 milliards en 2021) à celui d’importateur net (7,4 milliards d’euros de déficit commercial en 2022). La production d’électricité d’origine nucléaire n’a jamais été aussi en basse en 2022, inférieur de 22,7% par rapport à 2021.

Toutefois, en 2023, on peut s’attendre à un sursaut du côté de la production française d’électricité et donc de l’exportation, puisque 80% du parc est désormais en fonctionnement. À beaucoup plus long terme, la relance du programme électro-nucléaire, le déploiement parallèle des EnR et les économies d’énergie (sobriété) devraient également contribuer à conforter la France dans son traditionnel statut de grand pourvoyeur d’électricité au niveau européen.

Le poids de l’énergie, évident, indiscutable, et nous rappelant notre dépendance malsaine aux énergies fossiles, ne saurait cependant masquer une aggravation de notre déficit commercial concernant les biens manufacturés. Ce dernier s’accentue de 15,3 milliards d’euros (-24% environ) pour atteindre 78,5 milliards d’euros, soit une multiplication par plus de trois depuis 2010. Nos importations ont bondi de presque 60 % en douze ans, tandis que les exportations ont augmenté de 46 % seulement. Le lent naufrage de notre commerce extérieur en matière de biens manufacturés se poursuit, alors même qu’il était encore excédentaire en 2000.

Finalement, on réalise bien tard qu’un déficit commercial croissant, accéléré, constitue également un moteur de la désindustrialisation.

Quelques exemples illustrent ce diagnostic : le déficit de la catégorie «produits informatiques, électroniques et optiques» dépasse les 20 milliards d’euros. Les ensembles «équipements électriques et ménagers» et «machines», franchissent quant à eux la barre des 10 milliards d’euros de déficit (respectivement -10,6 et -11,4). Les produits de l’industrie automobile («véhicules et équipements») voient leur déficit flirter avec les 20 milliards, alors qu’en 2000 l’excédent sur cette catégorie avoisinait les 10 milliards d’euros. La balance du groupe «bois, papier, carton» (-7,8 milliards d’euros) recule à nouveau en 2022, de 1,7 milliard d’euros. Le solde commercial des produits de la chimie, secteur frappé très durement par l’augmentation des coûts de l’énergie, passe en territoire négatif (-3,5 milliards d’euros), pour la première fois depuis presque 10 ans. Un effet prix, certes, est en cause, mais l’effet volume existe également.

Certains secteurs font mieux que résister : l’excédent du secteur aéronautique et spatial (+23,5 milliards d’euros) continue sa reprise en 2022 (+ 11 % environ), mais sans retrouver son niveau d’avant-crise ; record d’excédent pour les «parfums et cosmétiques» (+15,4 milliards d’euros) et pour les produits agricoles (+4,8 milliards d’euros). Toutefois, il faudrait affiner l’analyse concernant le solde positif des industries agroalimentaires (+5,6 milliards d’euros), l’augmentation des exportations françaises étant fortement tirée par les céréales (environ 10 milliards d’euros d’excédent) et les boissons (+16 milliards), tandis que le déficit des fruits et légumes (-3,7 milliards d’euros), des poissons (-4,2) et de la viande (-2,7) s’aggrave, rappelant la menace de «désagricolisation» qui plane sur notre système alimentaire.

Lorsque la mode était à l’«industrie sans usines», à l’inexorable «tertiarisation» de l’économie et à l’avènement du «village mondial», la balance commerciale était presque ignorée. Le déficit commercial fut ensuite considéré comme un simple symptôme du repli productif qui touche notre pays depuis plus de 30 ans. Sa lente dégradation, entamée dans les années 2000, ne semblait pas pour autant retenir l’attention des responsables politiques. Pourtant le décrochage était en gestation, notamment en comparaison avec les succès de «l’économie de bazar» allemande, dus à l’insertion particulière de l’Allemagne dans la nouvelle division européenne et internationale du travail et au dynamisme de son couple industrie-commerce extérieur. Finalement, on réalise bien tard qu’un déficit commercial croissant, accéléré, constitue également un moteur de la désindustrialisation. La part de l’industrie manufacturière dans le PIB est désormais inférieure à 10% (contre 14% en 2000), tout comme en Grèce, quand cette proportion est de 19% en Allemagne, 15% en Italie, 12% en Espagne, et de 15% en moyenne dans l’UE.
La réindustrialisation et le redressement de notre production agricole, constituent la clé de voûte d’une indépendance renforcée.

Le redressement productif est un enjeu de puissance en Europe et dans le monde. Avec 594,5 milliards d’euros d’exportation, à presque 1000 milliards d’euros des exportations de l’Allemagne (1 564 milliards d’euros), dont le modèle mercantiliste n’est pas mort puisqu’il a dégagé un excédent commercial de 76 milliards d’euros en 2022 (certes en baisse de 100 milliards par rapport à 2021), le décrochage de la France se poursuit. En 20 ans, la part de marché de la France à l’export, au niveau mondial, a fondu de moitié, passant de 5,2% en 2001 à 2,5% en 2022. La réaffirmation de son indépendance sur la scène internationale et la poursuite de son co-leadership avec l’Allemagne en Europe, ne peuvent passer que par un redressement économique aussi rapide que vigoureux.

La réindustrialisation (industries manufacturières, agroalimentaires, extractives, énergies) et le redressement de notre production agricole, constituent la clé de voûte d’une indépendance renforcée, d’un projet national mobilisateur et d’une refondation républicaine des termes de notre contrat social. Sans systèmes de production solides, pas de protection sociale efficace, considérant la centralité de la cotisation des actifs.

Le rééquilibrage de notre commerce extérieur est une grande cause nationale. La bataille du commerce extérieur est un combat de haute intensité, qui doit avoir lieu et que la France ne peut pas se permettre de perdre. Cet effort de redressement productif prendra une décennie. Il supposera d’une part de maintenir les politiques horizontales de compétitivité et de soutien à l’économie déployées depuis 2017 : baisse des impôts de production, de l’impôt sur les sociétés, soutien des plans France Relance puis France 2030 à l’activité et aux investissements, dispositif des sites industriels clés en main… Ces mesures ont généré un frémissement qu’il faut amplifier.

La France est championne d’Europe des IDE (Investissements directs étrangers), ces derniers profitant à tous les territoires : 75% se situent dans les régions et environ 70% des projets industriels issus d’IDE sont orientés vers des villes de moins de 20 000 habitants. Longtemps négatif en raison des vagues successives de délocalisation, le solde des créations et des destructions d’emplois industriels a été positif depuis 2017, à l’exception de l’année 2020, année du déclenchement de la pandémie de Covid-19. Le nombre d’emplois salariés dans l’industrie est passé de 3 142 900 au début de l’année 2017 à 3 204 600 à la fin du troisième trimestre 2022, soit plus de 60 000 emplois supplémentaires sur la période.

L’idée selon laquelle les revenus financiers des délocalisations viendraient compenser le déficit commercial pour équilibrer la balance de paiements courants est un mirage.

Mais c’est également une nouvelle doctrine d’intervention de l’État dans l’économie qu’il nous faut inventer. Le temps de l’ultralibéralisme et de la dérégulation financière a vécu. L’idée selon laquelle les revenus financiers des délocalisations viendraient compenser le déficit commercial pour équilibrer la balance de paiements courants est un mirage. Déjà fin 2021, la position extérieure nette de la France, historiquement toujours positive jusqu’au milieu des années 2000, était négative à hauteur de 32,3 % du PIB et poursuivait sa dégradation.

Les mesures indispensables de compétitivité devront être flanquées d’actions verticales en vue de cibler les filières, les secteurs et même les produits dont la production peut faire l’objet d’une reconquête. Si elles devaient aboutir, les récentes initiatives françaises au niveau européen, telles que la proposition de flexibiliser le cadre des aides d’État, constitueraient une fenêtre d’opportunité pour de telles actions.

Pour en garantir l’efficacité, les instruments de politique industrielle et de planification à disposition de l’État doivent cependant être repensés. Un réarmement institutionnel est en effet nécessaire. Cela pourrait passer, par exemple, par l’accrochage du portefeuille du commerce extérieur à un grand ministère de l’Industrie et de l’Énergie, par la construction de projets industriels en associant les ressources et les forces du secteur privé et celles des pouvoirs publics, ou par l’installation de grands opérateurs nationaux dans les secteurs stratégiques.

Il nous faudrait également soutenir et renforcer l’impact de notre excellente recherche fondamentale sur l’innovation industrielle. Le livret «Industrie verte», dédié à la décarbonation de l’économie, annoncé par le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, pourra sans nul doute drainer l’abondante épargne des Français vers des projets productifs. L’État serait alors davantage en capacité d’intervenir dans l’économie pour atteindre ses objectifs politiques tels que la réindustrialisation et le redressement du commerce extérieur.

Retraite par capitalisation: la solution miracle !!!

Retraite par capitalisation: la solution miracle !!!


Un peu partout dans les médias, surtout ultra libéraux , on voit émerger des papiers en forme de plébiscite pour la retraite par capitalisation. L’appétit pour cette sorte de solution miracle est largement aiguisée par la perspective des 350 milliards que représente annuellement le budget retraite. Pour faire avaler la pilule, on présente la solution capitalisation comme un instrument collectif et en plus favorables aux plus pauvres. Le seul problème, c’est que les salaires sont déjà tellement bas que ceux qui sont les moins privilégiées ne pourront jamais consacrer une somme suffisante pour parvenir à une retraite suffisante par capitalisation même partielle. Les complémentaires retraites ne sont pas en effet des philanthropes. Sans parler évidemment des dangers de la volatilité des produits financiers sur lesquels seraient fondées la retraite par capitalisation Comble d’hypocrisie, on prévoit la garantie de l’État en cas de faillite des sociétés d’assurances retraite. Bref les profits financiers au privé quand la Bourse va bien et les déficits à l’Etat quand c’est l’inverse

un papier de l’Opinion sur le sujet intitulé la capitalisation, la solution (… Finale ? NDLR)

Le développement de la retraite par capitalisation collective n’est presque jamais évoqué en France. Notre journaliste Raphaël Legendre détaille son fonctionnement et explique les raisons d’un tabou bien français

Comment fonctionne le système de retraite par capitalisation ?

La retraite par répartition, c’est prendre de l’argent dans la poche des actifs pour financer directement les pensions des retraités. Le problème c’est qu’au fur et à mesure que le nombre de retraités augmente et augmente plus vite que le nombre d’actifs, le poids sur le pouvoir d’achat des actifs est de plus en plus lourd à porter.
Alors pour lever un peu de ce poids sur les épaules des actifs, on peut faire de la retraite par capitalisation. Ce sont les actifs qui épargnent eux-mêmes en vue de tirer une rente pour leur retraite.
Le grand débat qui devrait s’ouvrir et qui est absent aujourd’hui à l’Assemblée, c’est celui d’une capitalisation collective puisqu’aujourd’hui, seul un actif sur quatre a les moyens de mettre cette épargne de côté, en l’imposant à l’ensemble des actifs.
Encore une fois, au travers d’une cotisation collective et solidaire. Cela permettrait d’avoir une petite rente supplémentaire, notamment pour les plus modestes.

Pourquoi le sujet est-il tabou en France ?
Il y a deux grands tabous autour de la retraite par capitalisation en France qui sont finalement assez faciles à déconstruire. Le premier : le mythe de la fin de la solidarité intergénérationnelle. Notre système de retraite est issu du Conseil national de la Résistance et permet cette solidarité.
Ce sont les actifs qui payent pour les seniors qui ont aujourd’hui le droit de se reposer. Ces deux arguments sont facilement opposables.
D’abord parce qu’il n’a jamais été question d’abandonner le système de retraite par répartition. Le système par capitalisation ne viendrait qu’en complément d’un système par répartition bien sûr.
Encore une fois, pour ôter un peu du poids des cotisations actuelles sur le coût du travail sur les actifs. Une petite dose de 10, 15 ou 20 % de capitalisation laisserait un régime de 80 à 90 % par répartition.
Et pour répondre aux craintes d’un crash sur les marchés financiers qui viendrait obérer les retraites futures, des solutions existent. D’abord diversifier un maximum les placements entre obligations – pourquoi pas souveraines, très sûres – et actions, voire d’autres segments.
Et puis il existe des systèmes avec des garanties publiques qui font que quoi qu’il en soit, sur le long terme, la retraite par capitalisation est toujours beaucoup plus rentable – en moyenne historique autour des 8 % – que la retraite par répartition dont le rendement est plutôt autour de 2 %.

Certains pays comme la Suisse et les Pays-Bas l’ont adoptée. Est-ce une réussite ?
Oui, on peut le dire, c’est une réussite franche. Aucun des cotisants suisses ou des Pays-Bas ne se plaint de ce système. Ce sont des systèmes qui sont construits de la même manière sur trois piliers.
Le premier, celui d’une retraite minimale assurée par l’Etat qui oscille en général entre 1 000 et 2 000 euros, complétée par une tranche de capitalisation – en fonction des rendements dans chacun des pays.
Et puis un troisième pilier qui est une épargne privée pour compléter sa retraite. Les résultats sont plutôt très, très bons comparé à ce qu’on peut avoir en France.
Prenons l’exemple des Pays-Bas qui dépensent deux fois moins d’argent public que la France pour payer les retraites.
C’est 14 points de PIB d’argent public en France contre 7 % aux Pays-Bas. Alors que les retraites y sont 30 % supérieures au niveau des retraites françaises.
On entend ce chiffre par rapport au taux de remplacement, c’est-à-dire le niveau de pension par rapport au salaire quand on était actifs.
Il est de 30 % supérieur aux Pays-Bas de ce qu’il n’est en France. La solution vaut donc le coup qu’on s’y intéresse !

Social -Retraite par capitalisation: la solution miracle

Social -Retraite par capitalisation: la solution miracle !!!


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Comment fonctionne le système de retraite par capitalisation ?

La retraite par répartition, c’est prendre de l’argent dans la poche des actifs pour financer directement les pensions des retraités. Le problème c’est qu’au fur et à mesure que le nombre de retraités augmente et augmente plus vite que le nombre d’actifs, le poids sur le pouvoir d’achat des actifs est de plus en plus lourd à porter.
Alors pour lever un peu de ce poids sur les épaules des actifs, on peut faire de la retraite par capitalisation. Ce sont les actifs qui épargnent eux-mêmes en vue de tirer une rente pour leur retraite.
Le grand débat qui devrait s’ouvrir et qui est absent aujourd’hui à l’Assemblée, c’est celui d’une capitalisation collective puisqu’aujourd’hui, seul un actif sur quatre a les moyens de mettre cette épargne de côté, en l’imposant à l’ensemble des actifs.
Encore une fois, au travers d’une cotisation collective et solidaire. Cela permettrait d’avoir une petite rente supplémentaire, notamment pour les plus modestes.

Pourquoi le sujet est-il tabou en France ?
Il y a deux grands tabous autour de la retraite par capitalisation en France qui sont finalement assez faciles à déconstruire. Le premier : le mythe de la fin de la solidarité intergénérationnelle. Notre système de retraite est issu du Conseil national de la Résistance et permet cette solidarité.
Ce sont les actifs qui payent pour les seniors qui ont aujourd’hui le droit de se reposer. Ces deux arguments sont facilement opposables.
D’abord parce qu’il n’a jamais été question d’abandonner le système de retraite par répartition. Le système par capitalisation ne viendrait qu’en complément d’un système par répartition bien sûr.
Encore une fois, pour ôter un peu du poids des cotisations actuelles sur le coût du travail sur les actifs. Une petite dose de 10, 15 ou 20 % de capitalisation laisserait un régime de 80 à 90 % par répartition.
Et pour répondre aux craintes d’un crash sur les marchés financiers qui viendrait obérer les retraites futures, des solutions existent. D’abord diversifier un maximum les placements entre obligations – pourquoi pas souveraines, très sûres – et actions, voire d’autres segments.
Et puis il existe des systèmes avec des garanties publiques qui font que quoi qu’il en soit, sur le long terme, la retraite par capitalisation est toujours beaucoup plus rentable – en moyenne historique autour des 8 % – que la retraite par répartition dont le rendement est plutôt autour de 2 %.

Certains pays comme la Suisse et les Pays-Bas l’ont adoptée. Est-ce une réussite ?
Oui, on peut le dire, c’est une réussite franche. Aucun des cotisants suisses ou des Pays-Bas ne se plaint de ce système. Ce sont des systèmes qui sont construits de la même manière sur trois piliers.
Le premier, celui d’une retraite minimale assurée par l’Etat qui oscille en général entre 1 000 et 2 000 euros, complétée par une tranche de capitalisation – en fonction des rendements dans chacun des pays.
Et puis un troisième pilier qui est une épargne privée pour compléter sa retraite. Les résultats sont plutôt très, très bons comparé à ce qu’on peut avoir en France.
Prenons l’exemple des Pays-Bas qui dépensent deux fois moins d’argent public que la France pour payer les retraites.
C’est 14 points de PIB d’argent public en France contre 7 % aux Pays-Bas. Alors que les retraites y sont 30 % supérieures au niveau des retraites françaises.
On entend ce chiffre par rapport au taux de remplacement, c’est-à-dire le niveau de pension par rapport au salaire quand on était actifs.
Il est de 30 % supérieur aux Pays-Bas de ce qu’il n’est en France. La solution vaut donc le coup qu’on s’y intéresse !

Retraite par capitalisation: la solution miracle

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Un peu partout dans les médias, surtout ultra libéraux , on voit émerger des papiers en forme de plébiscite pour la retraite par capitalisation. L’appétit pour cette sorte de solution miracle est largement aiguisée par la perspective des 350 milliards que représente annuellement le budget retraite. Pour faire avaler la pilule, on présente la solution capitalisation comme un instrument collectif et en plus favorables aux plus pauvres. Le seul problème, c’est que les salaires sont déjà tellement bas que ceux qui sont les moins privilégiées ne pourront jamais consacrer une somme suffisante pour parvenir à une retraite suffisante par capitalisation même partielle. Les complémentaires retraites ne sont pas en effet des philanthropes. Sans parler évidemment des dangers de la volatilité des produits financiers sur lesquels seraient fondées la retraite par capitalisation Comble d’hypocrisie, on prévoit la garantie de l’État en cas de faillite des sociétés d’assurances retraite. Bref les profits financiers au privé quand la Bourse va bien et les déficits à l’Etat quand c’est l’inverse

un papier de l’Opinion sur le sujet intitulé la capitalisation, la solution (… Finale ? NDLR)

Le développement de la retraite par capitalisation collective n’est presque jamais évoqué en France. Notre journaliste Raphaël Legendre détaille son fonctionnement et explique les raisons d’un tabou bien français

Comment fonctionne le système de retraite par capitalisation ?

La retraite par répartition, c’est prendre de l’argent dans la poche des actifs pour financer directement les pensions des retraités. Le problème c’est qu’au fur et à mesure que le nombre de retraités augmente et augmente plus vite que le nombre d’actifs, le poids sur le pouvoir d’achat des actifs est de plus en plus lourd à porter.
Alors pour lever un peu de ce poids sur les épaules des actifs, on peut faire de la retraite par capitalisation. Ce sont les actifs qui épargnent eux-mêmes en vue de tirer une rente pour leur retraite.
Le grand débat qui devrait s’ouvrir et qui est absent aujourd’hui à l’Assemblée, c’est celui d’une capitalisation collective puisqu’aujourd’hui, seul un actif sur quatre a les moyens de mettre cette épargne de côté, en l’imposant à l’ensemble des actifs.
Encore une fois, au travers d’une cotisation collective et solidaire. Cela permettrait d’avoir une petite rente supplémentaire, notamment pour les plus modestes.

Pourquoi le sujet est-il tabou en France ?
Il y a deux grands tabous autour de la retraite par capitalisation en France qui sont finalement assez faciles à déconstruire. Le premier : le mythe de la fin de la solidarité intergénérationnelle. Notre système de retraite est issu du Conseil national de la Résistance et permet cette solidarité.
Ce sont les actifs qui payent pour les seniors qui ont aujourd’hui le droit de se reposer. Ces deux arguments sont facilement opposables.
D’abord parce qu’il n’a jamais été question d’abandonner le système de retraite par répartition. Le système par capitalisation ne viendrait qu’en complément d’un système par répartition bien sûr.
Encore une fois, pour ôter un peu du poids des cotisations actuelles sur le coût du travail sur les actifs. Une petite dose de 10, 15 ou 20 % de capitalisation laisserait un régime de 80 à 90 % par répartition.
Et pour répondre aux craintes d’un crash sur les marchés financiers qui viendrait obérer les retraites futures, des solutions existent. D’abord diversifier un maximum les placements entre obligations – pourquoi pas souveraines, très sûres – et actions, voire d’autres segments.
Et puis il existe des systèmes avec des garanties publiques qui font que quoi qu’il en soit, sur le long terme, la retraite par capitalisation est toujours beaucoup plus rentable – en moyenne historique autour des 8 % – que la retraite par répartition dont le rendement est plutôt autour de 2 %.

Certains pays comme la Suisse et les Pays-Bas l’ont adoptée. Est-ce une réussite ?
Oui, on peut le dire, c’est une réussite franche. Aucun des cotisants suisses ou des Pays-Bas ne se plaint de ce système. Ce sont des systèmes qui sont construits de la même manière sur trois piliers.
Le premier, celui d’une retraite minimale assurée par l’Etat qui oscille en général entre 1 000 et 2 000 euros, complétée par une tranche de capitalisation – en fonction des rendements dans chacun des pays.
Et puis un troisième pilier qui est une épargne privée pour compléter sa retraite. Les résultats sont plutôt très, très bons comparé à ce qu’on peut avoir en France.
Prenons l’exemple des Pays-Bas qui dépensent deux fois moins d’argent public que la France pour payer les retraites.
C’est 14 points de PIB d’argent public en France contre 7 % aux Pays-Bas. Alors que les retraites y sont 30 % supérieures au niveau des retraites françaises.
On entend ce chiffre par rapport au taux de remplacement, c’est-à-dire le niveau de pension par rapport au salaire quand on était actifs.
Il est de 30 % supérieur aux Pays-Bas de ce qu’il n’est en France. La solution vaut donc le coup qu’on s’y intéresse !

Retraite par capitalisation: la solution miracle !!!

Retraite par capitalisation: la solution miracle !!!


Un peu partout dans les médias, surtout de droite, on voit émerger des papiers en forme de plébiscite pour la retraite par capitalisation. L’appétit pour cette sorte de solution miracle est largement aiguisée par la perspective des 350 milliards que représente annuellement le budget retraite. Pour faire avaler la pilule, on présente la solution capitalisation comme un instrument collectif et en plus favorables au moins favorisés. Le seul problème c’est que les salaires sont déjà tellement bas que ceux qui sont les moins privilégiées ne pourront jamais consacrer une somme suffisante pour parvenir à une retraite par capitalisation même partielle. Sans parler évidemment des dangers de la volatilité des produits financiers sur lesquels seraient fondées la retraite par capitalisation.

un papier de l’Opinion sur le sujet intitulé la capitalisation, la solution (… Finale ? NDLR)

Le développement de la retraite par capitalisation collective n’est presque jamais évoqué en France. Notre journaliste Raphaël Legendre détaille son fonctionnement et explique les raisons d’un tabou bien français

Comment fonctionne le système de retraite par capitalisation ?

La retraite par répartition, c’est prendre de l’argent dans la poche des actifs pour financer directement les pensions des retraités. Le problème c’est qu’au fur et à mesure que le nombre de retraités augmente et augmente plus vite que le nombre d’actifs, le poids sur le pouvoir d’achat des actifs est de plus en plus lourd à porter.
Alors pour lever un peu de ce poids sur les épaules des actifs, on peut faire de la retraite par capitalisation. Ce sont les actifs qui épargnent eux-mêmes en vue de tirer une rente pour leur retraite.
Le grand débat qui devrait s’ouvrir et qui est absent aujourd’hui à l’Assemblée, c’est celui d’une capitalisation collective puisqu’aujourd’hui, seul un actif sur quatre a les moyens de mettre cette épargne de côté, en l’imposant à l’ensemble des actifs.
Encore une fois, au travers d’une cotisation collective et solidaire. Cela permettrait d’avoir une petite rente supplémentaire, notamment pour les plus modestes.

Pourquoi le sujet est-il tabou en France ?
Il y a deux grands tabous autour de la retraite par capitalisation en France qui sont finalement assez faciles à déconstruire. Le premier : le mythe de la fin de la solidarité intergénérationnelle. Notre système de retraite est issu du Conseil national de la Résistance et permet cette solidarité.
Ce sont les actifs qui payent pour les seniors qui ont aujourd’hui le droit de se reposer. Ces deux arguments sont facilement opposables.
D’abord parce qu’il n’a jamais été question d’abandonner le système de retraite par répartition. Le système par capitalisation ne viendrait qu’en complément d’un système par répartition bien sûr.
Encore une fois, pour ôter un peu du poids des cotisations actuelles sur le coût du travail sur les actifs. Une petite dose de 10, 15 ou 20 % de capitalisation laisserait un régime de 80 à 90 % par répartition.
Et pour répondre aux craintes d’un crash sur les marchés financiers qui viendrait obérer les retraites futures, des solutions existent. D’abord diversifier un maximum les placements entre obligations – pourquoi pas souveraines, très sûres – et actions, voire d’autres segments.
Et puis il existe des systèmes avec des garanties publiques qui font que quoi qu’il en soit, sur le long terme, la retraite par capitalisation est toujours beaucoup plus rentable – en moyenne historique autour des 8 % – que la retraite par répartition dont le rendement est plutôt autour de 2 %.

Certains pays comme la Suisse et les Pays-Bas l’ont adoptée. Est-ce une réussite ?
Oui, on peut le dire, c’est une réussite franche. Aucun des cotisants suisses ou des Pays-Bas ne se plaint de ce système. Ce sont des systèmes qui sont construits de la même manière sur trois piliers.
Le premier, celui d’une retraite minimale assurée par l’Etat qui oscille en général entre 1 000 et 2 000 euros, complétée par une tranche de capitalisation – en fonction des rendements dans chacun des pays.
Et puis un troisième pilier qui est une épargne privée pour compléter sa retraite. Les résultats sont plutôt très, très bons comparé à ce qu’on peut avoir en France.
Prenons l’exemple des Pays-Bas qui dépensent deux fois moins d’argent public que la France pour payer les retraites.
C’est 14 points de PIB d’argent public en France contre 7 % aux Pays-Bas. Alors que les retraites y sont 30 % supérieures au niveau des retraites françaises.
On entend ce chiffre par rapport au taux de remplacement, c’est-à-dire le niveau de pension par rapport au salaire quand on était actifs.
Il est de 30 % supérieur aux Pays-Bas de ce qu’il n’est en France. La solution vaut donc le coup qu’on s’y intéresse !

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