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Environnement: Sauver l’écosystème des sols

Environnement: Sauver l’écosystème des sols

Sauver les sols
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Publié le 24 avril, 2023 dans environnement. 0 Commentaire
Tags : environnement, les, sauver, sols.
Environnement- Sauver les sols

Par
Tiphaine Chevallier
Chercheuse, Institut de recherche pour le développement (IRD)

Anne C. Richer-de-Forges
Pédologue-cartographe, Inrae

Thomas Eglin
Animateur thématique « biodiversité, sol et paysage », Ademe (Agence de la transition écologique) dans the Conversation

Le sol ne se limite pas à une simple surface que l’on foule de ses pieds. Il constitue un écosystème à part entière, essentiel à nos sociétés pour l’approvisionnement en nourriture et en matériaux, la régulation du cycle de l’eau et du climat, le recyclage de déchets organiques, la préservation d’un patrimoine biologique et culturel…

Les sols fertiles sont en quantité très limitée sur notre planète – environ un huitième des terres émergées, soit 1 500 millions d’hectares. Pourtant, la majorité des sols du monde est en général dans un état passable, mauvais ou très mauvais, et leurs conditions empirent.

Alors qu’une proportion toujours croissante de la population humaine vit en ville, le risque de déconnexion entre les bénéficiaires des services rendus par les sols et la prise de conscience de leur importance est réel. Ne dit-on pas aux plus jeunes d’éviter de mettre les mains dans la terre, car « c’est sale » ?

Malgré son importance, le sol n’est pas visible et reste donc mal connu. L’indifférence de nos sociétés, associée à la pression des activités humaines et à un manque de réglementation dédiée engendrent d’importantes dégradations, dont certaines sont quasi irrémédiables.

La gestion durable de ces espaces doit être au premier plan de nos préoccupations, tant pour assurer notre alimentation, que pour protéger l’environnement, ou encore développer une agriculture plus économe en intrants (engrais et pesticides), valorisant au mieux le fonctionnement biologique et écologique des sols.

Reconnecter la société aux sciences des sols est donc aujourd’hui un enjeu majeur afin de favoriser leur protection et de renforcer les services qu’ils nous rendent. Ce transfert de connaissances doit passer par la multiplication des actions de vulgarisation vers le grand public, mais aussi dans l’enseignement et auprès des décideurs.

Pour des scientifiques, si intervenir dans une classe, proposer une exposition ou une animation lors de la Fête de la science, constituent autant d’activités agréables, elles sont aussi souvent source d’interrogation. Comment adapter le discours aux enfants, au grand public, aux décideurs ? Comment préparer une séance, une exposition, un stand ? Comment présenter ce sujet d’étude noir, sale et à l’apparence si banale comme un milieu riche et mystérieux ?

Pour inciter scientifiques et médiateurs des sciences à partager leurs retours d’expériences, l’Association française pour l’étude du sol (AFES) a édité un numéro spécial de sa revue Étude et gestion des sols sur le thème « Communiquer et sensibiliser au sol ».

Ce numéro rassemble plusieurs événements ou produits de vulgarisation pour mieux sensibiliser une grande variété de public à ces questions. Les approches décrites sont diversifiées : dispositifs pédagogiques et ludiques à destination de publics scolaires, animations, expositions et outils de sensibilisation pour des évènements grand public, applications web de sciences participatives pour les naturalistes amateurs, jeux familiaux…

Mais le sol des uns n’est pas celui des autres. Le communicant doit donc commencer par écouter et apprendre le sol de l’autre pour lui transmettre ensuite le sien propre. Associer les citoyens à la production de ressources pédagogiques et la production de connaissance sur les sols est également une voie de sensibilisation reconnue.

Un programme associant scientifiques, enseignants et formateurs est actuellement mené par l’AFES pour recenser, partager et produire des ressources pour l’enseignement sur les sols.

Et, parmi les nombreux projets de sciences participatives, quelques-uns sont spécifiques au sol, tels que les observatoires participatifs de la biodiversité des sols et des vers de terre, l’échantillonnage participatif des vers de terre ou encore le Teabag Index Project, qui vise à acquérir des données de décomposition de matières organiques dans les sols.

Même si des ressources pédagogiques et initiatives de sensibilisation sur les sols existent, elles sont aujourd’hui très dispersées. Les rendre plus visibles pourrait passer par un recensement plus systématique et l’alimentation des sites existants.

Voici quelques sources francophones précieuses à retrouver en ligne :

le site Mtaterre.fr, proposé par l’Ademe.

le site de l’AFES, l’Association française pour l’étude du sol.

le site du GIS SOL, le Groupement d’intérêt scientifique sol, qui donne accès aux bases de données et aux publications techniques et scientifiques sur les sols.

le site de « Sols et territoires », un réseau mixte technologique qui vise une prise en compte des sols dans différentes politiques, projets et programmes environnementaux et d’action agricoles.

Renforcer la présence des sols dans les médias grand public constitue une autre étape incontournable, tant le sujet est peu mis en avant.

Quelques émissions de radio, des reportages et des articles – comme sur The Conversation où ont été notamment évoqués la vie des sols urbains, le stockage de carbone ou encore la pollution des sols au chlordécone – ouvrent la voie ; mais il faut renforcer cette médiatisation en reliant les enjeux de préservation des sols à ceux de la société.

Des approches plus décalées ont aussi leur intérêt, comme l’opération #PlanteTonSlip soutenue par l’Ademe, ou ses équivalents destinés au monde agricole, au niveau national et international.

Cette initiative originale aura éveillé les curiosités avec des reportages sur France Inter, France Info, Loopsider et des collaborations avec les désormains incontournables Youtubeurs.

Il y a aussi quelques films, comme Bienvenue les vers de terre (Prix du meilleur film au festival des possibles en 2019) ou Kiss the Ground, film à gros budget diffusé sur Netflix et dont la bande-annonce a été vue plus de 8 millions de fois ; ils nous montrent que le sol peut et doit devenir aujourd’hui un sujet grand public.

Arrêt de l’artificialisation-des-sols: risque de hausse du prix du logement

Arrêt de l’artificialisation-des-sols: risque de hausse du prix du logement


La loi Climat et résilience entend combattre l’artificialisation des sols, mais elle risque d’accroître la crise du logement, en opérant des transferts de richesse de jeunes générations vers des propriétaires plus âgés, alerte, dans une tribune au « Monde », l’économiste Carl Gaigné.

Le constat est le suivant. Le prix du logement a explosé de manière disproportionnée dans de nombreux territoires. Les raisons évoquées dans le discours d’Elisabeth Borne, lundi 5 juin, sont les coûts de la construction et, plus récemment, du crédit immobilier. Les aides publiques, comme le rappelle la première ministre, peuvent également avoir des effets inflationnistes sur les prix du logement.

Un facteur important manque néanmoins à l’appel. La hausse du prix de l’immobilier est attribuable en très grande partie à la hausse du prix des terres en ville, un constat partagé par différentes études économiques, autour de 80 %. La valeur du sol urbain dépend fortement de sa localisation, c’est-à-dire de la qualité de l’environnement local, et de l’accessibilité aux emplois et services.

Un même logement a une valeur très différente selon sa localisation. Une note de l’Insee soulignait que le prix d’un appartement de 60 mètres carrés est de 90 000 euros à Provins et de 780 000 euros dans le 6e arrondissement, à Paris. Les coûts de construction et du crédit variant très faiblement entre les communes, l’écart de prix, près de 700 000 euros, s’explique en grande partie par l’écart dans la valeur du foncier urbain.

La valeur foncière représente en moyenne près de la moitié de la valeur d’un logement. C’est pourquoi l’accession à la propriété par les ménages de la classe moyenne s’est traduite par un étalement des villes, afin de bénéficier entre autres de prix abordables. En parallèle, le gouvernement fait de la lutte contre l’artificialisation des sols une réforme prioritaire. Dans le cadre de la loi Climat et résilience, le gouvernement souhaite protéger les espaces naturels, en instaurant l’objectif de zéro artificialisation nette. Il s’agit de stopper l’agrandissement des zones urbanisées ou de rendre à la nature l’équivalent des superficies absorbées par l’urbanisation.

Artificialisation des sols : la proposition de loi adoucie adoptée

Artificialisation des sols : la proposition de loi adoucie adoptée


La proposition de loi issue du Sénat visant à assouplir les modalités de mise en oeuvre du zéro artificialisation des sols a été adoptée ce mardi à l’Assemblée avec 437 voix pour, 4 contre et 94 abstentions.

Après l’avoir adoptée en séance vendredi, les députés ont procédé ce mardi en fin de journée au vote solennel sur la proposition de loi sénatoriale sur le « Zéro artificialisation des sols » (ZAN). Soutenu par le gouvernement, le texte remanié par les députés a été adopté à une écrasante majorité : 437 élus ont voté en sa faveur, 94 se sont abstenus et 4 ont voté contre.

Le groupe LR avait annoncé qu’il voterait en faveur du texte, malgré son hostilité au concept du ZAN, qui « condamne à mort le monde rural et à la glaciation les villes moyennes », selon son patron Olivier Marleix.

S’il y a un bien un acronyme qui angoisse les élus locaux, c’est bien le ZAN. Le « zéro artificialisation nette », disposition majeure de la loi climat-résilience de 2021, consiste à ralentir la bétonisation des sols et l’urbanisation. Deux paliers sont prévus. D’ici à 2031, le rythme de progression sur les espaces naturels, agricoles et forestiers devra être diminué de moitié par rapport à la décennie précédente. Et à l’horizon 2050, les espaces aménagés par l’homme ne pourront plus progresser, sauf à être compensés par de nouveaux espaces naturels à un autre endroit.

Mais depuis un an, la mise en œuvre concrète de cet objectif vire au casse-tête pour les maires, à tel point que le gouvernement a dû remettre sur le métier des décrets du printemps 2022, contestés par les associations d’élus et le Sénat. Le ZAN vient en effet se heurter à d’autres problématiques communales, comme le logement ou le développement économique. Celles-ci redoutent surtout une asymétrie dans l’effort et une recentralisation des décisions.

La machine devrait se dégripper en partie cet été au Parlement. En septembre, une mission de contrôle sénatoriale s’est saisie du sujet. Elle a donné lieu une proposition de loi transpartisane pour « faciliter la mise en œuvre du zéro artificialisation nette », adoptée en séance le 16 mars. Le gouvernement a appuyé cette initiative, non sans cacher son opposition à certains correctifs. Dans la feuille de route de Matignon dévoilée fin avril, la recherche d’un « meilleur dispositif » pour le ZAN fait partie des chantiers à mener à bien d’ici l’été. La proposition de loi sénatoriale a été adoptée à l’Assemblée nationale

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Environnement- Sauver les sols

Environnement- Sauver les sols

Par
Tiphaine Chevallier
Chercheuse, Institut de recherche pour le développement (IRD)

Anne C. Richer-de-Forges
Pédologue-cartographe, Inrae

Thomas Eglin
Animateur thématique « biodiversité, sol et paysage », Ademe (Agence de la transition écologique) dans the Conversation

Le sol ne se limite pas à une simple surface que l’on foule de ses pieds. Il constitue un écosystème à part entière, essentiel à nos sociétés pour l’approvisionnement en nourriture et en matériaux, la régulation du cycle de l’eau et du climat, le recyclage de déchets organiques, la préservation d’un patrimoine biologique et culturel…

Les sols fertiles sont en quantité très limitée sur notre planète – environ un huitième des terres émergées, soit 1 500 millions d’hectares. Pourtant, la majorité des sols du monde est en général dans un état passable, mauvais ou très mauvais, et leurs conditions empirent.

Alors qu’une proportion toujours croissante de la population humaine vit en ville, le risque de déconnexion entre les bénéficiaires des services rendus par les sols et la prise de conscience de leur importance est réel. Ne dit-on pas aux plus jeunes d’éviter de mettre les mains dans la terre, car « c’est sale » ?

Malgré son importance, le sol n’est pas visible et reste donc mal connu. L’indifférence de nos sociétés, associée à la pression des activités humaines et à un manque de réglementation dédiée engendrent d’importantes dégradations, dont certaines sont quasi irrémédiables.

La gestion durable de ces espaces doit être au premier plan de nos préoccupations, tant pour assurer notre alimentation, que pour protéger l’environnement, ou encore développer une agriculture plus économe en intrants (engrais et pesticides), valorisant au mieux le fonctionnement biologique et écologique des sols.

Reconnecter la société aux sciences des sols est donc aujourd’hui un enjeu majeur afin de favoriser leur protection et de renforcer les services qu’ils nous rendent. Ce transfert de connaissances doit passer par la multiplication des actions de vulgarisation vers le grand public, mais aussi dans l’enseignement et auprès des décideurs.

Pour des scientifiques, si intervenir dans une classe, proposer une exposition ou une animation lors de la Fête de la science, constituent autant d’activités agréables, elles sont aussi souvent source d’interrogation. Comment adapter le discours aux enfants, au grand public, aux décideurs ? Comment préparer une séance, une exposition, un stand ? Comment présenter ce sujet d’étude noir, sale et à l’apparence si banale comme un milieu riche et mystérieux ?

Pour inciter scientifiques et médiateurs des sciences à partager leurs retours d’expériences, l’Association française pour l’étude du sol (AFES) a édité un numéro spécial de sa revue Étude et gestion des sols sur le thème « Communiquer et sensibiliser au sol ».

Ce numéro rassemble plusieurs événements ou produits de vulgarisation pour mieux sensibiliser une grande variété de public à ces questions. Les approches décrites sont diversifiées : dispositifs pédagogiques et ludiques à destination de publics scolaires, animations, expositions et outils de sensibilisation pour des évènements grand public, applications web de sciences participatives pour les naturalistes amateurs, jeux familiaux…

Mais le sol des uns n’est pas celui des autres. Le communicant doit donc commencer par écouter et apprendre le sol de l’autre pour lui transmettre ensuite le sien propre. Associer les citoyens à la production de ressources pédagogiques et la production de connaissance sur les sols est également une voie de sensibilisation reconnue.

Un programme associant scientifiques, enseignants et formateurs est actuellement mené par l’AFES pour recenser, partager et produire des ressources pour l’enseignement sur les sols.

Et, parmi les nombreux projets de sciences participatives, quelques-uns sont spécifiques au sol, tels que les observatoires participatifs de la biodiversité des sols et des vers de terre, l’échantillonnage participatif des vers de terre ou encore le Teabag Index Project, qui vise à acquérir des données de décomposition de matières organiques dans les sols.

Même si des ressources pédagogiques et initiatives de sensibilisation sur les sols existent, elles sont aujourd’hui très dispersées. Les rendre plus visibles pourrait passer par un recensement plus systématique et l’alimentation des sites existants.

Voici quelques sources francophones précieuses à retrouver en ligne :

le site Mtaterre.fr, proposé par l’Ademe.

le site de l’AFES, l’Association française pour l’étude du sol.

le site du GIS SOL, le Groupement d’intérêt scientifique sol, qui donne accès aux bases de données et aux publications techniques et scientifiques sur les sols.

le site de « Sols et territoires », un réseau mixte technologique qui vise une prise en compte des sols dans différentes politiques, projets et programmes environnementaux et d’action agricoles.

Renforcer la présence des sols dans les médias grand public constitue une autre étape incontournable, tant le sujet est peu mis en avant.

Quelques émissions de radio, des reportages et des articles – comme sur The Conversation où ont été notamment évoqués la vie des sols urbains, le stockage de carbone ou encore la pollution des sols au chlordécone – ouvrent la voie ; mais il faut renforcer cette médiatisation en reliant les enjeux de préservation des sols à ceux de la société.

Des approches plus décalées ont aussi leur intérêt, comme l’opération #PlanteTonSlip soutenue par l’Ademe, ou ses équivalents destinés au monde agricole, au niveau national et international.

Cette initiative originale aura éveillé les curiosités avec des reportages sur France Inter, France Info, Loopsider et des collaborations avec les désormains incontournables Youtubeurs.

Il y a aussi quelques films, comme Bienvenue les vers de terre (Prix du meilleur film au festival des possibles en 2019) ou Kiss the Ground, film à gros budget diffusé sur Netflix et dont la bande-annonce a été vue plus de 8 millions de fois ; ils nous montrent que le sol peut et doit devenir aujourd’hui un sujet grand public.

Agriculture: Une autre politique de conservation des sols

Agriculture: Une autre politique de conservation des sols

«Des bénéfices environnementaux, climatiques, économiques et, pourtant, aucune promotion de ces techniques en Europe», déplore l’ingénieur agronome,Gérard Rass.

 

L’agriculture de conservation des sols (ACS) n’est pas une nouveauté. Ce système de culture est issu du semis direct consistant à semer et conduire une culture sans aucun travail mécanique, né dans les années 1960 en Amérique du Nord et répandu sur tout le continent. Le but était alors de lutter contre l’érosion.

Très vite, des agriculteurs pionniers au Brésil et en Argentine ont vu que l’ennemi de la conservation de leur sol résidait dans sa mise à nu et sa dévitalisation par le travail mécanique, l’exposition à la pluie et au soleil, et donc l’érosion qui emporte la terre de surface, la plus riche en humus et la plus fertile. Ils ont introduit une couverture végétale avant la culture principale, et mis au point les « systèmes de semis direct » (les trois pionniers brésiliens, Herbert Bartz, Nono Pereira et Franke Djikstra, furent accompagnés par l’ingénieur allemand Rolf Derpsch, qui a consacré sa vie à l’ACS).

Le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement a théorisé ces principes et mis en œuvre outre-mer le semis direct sur couverture végétale (Lucien Séguy, scientifique du Cirad, consacra sa vie à son développement, et fut très populaire auprès des agriculteurs pionniers français qu’il a accompagnés). Ainsi est née l’agriculture de conservation des sols, officialisée par un groupe d’experts de la FAO à Madrid en 2001 lors du 1er congrès mondial de l’agriculture de conservation.

Combinaison. Elle se définit par la combinaison simultanée des trois pratiques : la suppression totale du travail mécanique du sol (donc le semis direct), la couverture permanente du sol par des cultures commercialisables ou par une couverture végétale intermédiaire vivante ou morte (donc incompatible avec le travail du sol, même réduit), et enfin la rotation diversifiée des végétaux.

 

L’ACS, s’appuyant sur les meilleurs agriculteurs et experts de terrain, offre de nombreux bénéfices pour les agriculteurs et la collectivité. D’abord, la protection des sols agricoles. Ensuite, l’augmentation de la matière organique du sol : l’humus (gain de 1% en cinq ou dix ans), allié à la diversité des plantes produites, donne un gain de fertilité naturelle gratuit. Puis une vie des sols plus active et plus équilibrée, réduisant pathogènes, parasites, herbes indésirables, et donc recours aux engrais et produits antiparasitaires et herbicides.

Elle séquestre aussi le carbone dans le sol par les plantes, soustrait ainsi du CO2 de l’atmosphère, réduisant effet de serre et réchauffement de l’atmosphère. Ceci a inspiré l’initiative internationale 4 pour 1000 pour la sécurité alimentaire et le climat, lancée par la France à la COP21 de Paris en 2015, à laquelle les acteurs de l’ACS ont fortement contribué. On développe aussi une moindre dépendance à l’énergie fossile (fuel et engrais azotés), qui induit une réduction des coûts etun potentiel de production supplémentaire pour des usages énergétiques (biogaz, biocarburants), sous réserve que les besoins alimentaires et ceux du sol soient satisfaits.

«Ses bénéfices expliquent le développement de l’ACS dans les pays où les agriculteurs sont libres de leurs choix techniques, échappent aux discriminations réglementaires ou aux politiques de contraintes subventionnées dissuadant l’innovation»

On note aussi une meilleure adaptation des sols à la sécheresse et à la valorisation de l’eau, une biodiversité accrue dans les parcelles, mais également une production agricole rentable et durable, par l’accroissement des rendements offrant la possibilité de laisser place à la biodiversité (flore et faune sauvages) sur les surfaces les moins aptes.

Ces bénéfices expliquent le développement de l’ACS dans les pays où les agriculteurs sont libres de leurs choix techniques, échappent aux discriminations réglementaires ou aux politiques de contraintes subventionnées dissuadant l’innovation. Les surfaces cultivées de cette façon dans le monde sont en forte croissance, atteignant 200 millions d’hectares. L’Amérique latine est le leader le plus dynamique, avec en premier lieu l’Argentine qui, en moins de dix ans, a transformé une majorité de soja en monoculture et semis direct en ACS très performante, avec des rotations diversifiées incluant maïs, blé, orge, seigle, colza, tournesol, légumineuses et intégrant des productions animales.

L’Afrique, au-delà de l’Afrique australe, plus avancée, développe avec succès l’ACS à travers des partenariats entre agriculteurs africains et argentins, ou sous l’impulsion de leaders ouverts à l’innovation technique comme le président du Ghana.

En Europe, les surfaces en ACS ont stagné depuis les années 1980 aux alentours d’un à quelques pourcents, selon les pays, freinées par le mythe du travail du sol et par l’essor des techniques culturales simplifiées. Mais en France, depuis une dizaine d’années, sous l’impulsion de groupes d’agriculteurs novateurs, l’agriculture de conservation des sols se développe, malgré le désintérêt persistant des pouvoirs publics, de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et des instituts techniques. En cause, les politiques agricoles dictées par les lobbys écologistes, hostiles à la notion même de production et d’entrepreneuriat agricole et à l’utilisation de solutions modernes de protection et nutrition des plantes ou d’amélioration génétique.

L’interdiction politique du glyphosate ou des OGM, sans base scientifique, est un exemple criant du décrochage européen dans le concert des nations ouvertes à l’agriculture et à la liberté d’entreprendre. Dépendant de plus en plus des subventions pour compenser leur manque de profitabilité, les agriculteurs européens peuvent difficilement se risquer à innover dans leurs pratiques. La politique agricole européenne Farm to fork, réduisant les surfaces cultivées et limitant la production à l’hectare à travers l’agriculture biologique, est une menace majeure pour la sécurité alimentaire, dénoncée par de nombreux experts de la FAO à la Banque mondiale, et exacerbée par le conflit ukrainien. Farm to fork doit être rapidement stoppé.

A l’inverse, une politique volontariste favorisant la libération des entreprises agricoles dans la voie de l’amélioration des sols par l’ACS permettrait à notre agriculture de répondre aux enjeux majeurs de sécurité alimentaire, de dépendance aux énergies fossiles, d’évolution climatique, de gestion de l’eau, de biodiversité, le tout à un coût minimal pour les finances publiques. Cela suppose que les agriculteurs puissent utiliser le glyphosate, comme c’est le cas partout dans le monde pour détruire la végétation spontanée ou implantée avant semis.

Les technostructures étatiques subventionnées ayant failli à la développer, les associations pionnières d’agriculteurs en ACS, rodées au développement agricole, ont un rôle majeur de locomotive. Seul l’agriculteur qui a vécu les angoisses du risque existentiel du changement de système agricole pour son revenu, pour sa vie familiale, qui les a surmontés et a réussi techniquement et économiquement la transformation de son écosystème de production pour le rendre plus productif, plus durable et profitable, saura guider ses confrères avec bienveillance, leadership et la pédagogie nécessaires.

Le Global conservation agriculture network rassemble de tels leaders mais ils ne peuvent, seuls, impulser la dynamique nécessaire contre les forces qui la freinent. Devant la gravité des enjeux agronomique, alimentaire et climatique, les responsables politiques doivent apporter leur appui. Cela peut se faire sans argent public en développant les marchés volontaires de compensation carbone, rémunérant les agriculteurs pour stocker le carbone dans leurs sols.

Le temps n’est plus aux irréelles promesses électorales dogmatiques. L’agriculture de conservation des sols a été développée par des agriculteurs ouverts à ce qui se fait de mieux dans le monde, mais ils sont handicapés par la doxa de l’écologisme politique dominant. Y aura-t-il en Europe des responsables politiques porteurs de solutions concrètes aux problèmes, pour reconnaître l’ACS et ses acteurs, et libérer le monde agricole de ses entraves ?

Références : David Zaruk (Risk-Monger), André Heitz (Seppi Over-blog), Jean-Paul Oury (Genetic Literacy) , FAO global soil partnership

Gérard Rass est ingénieur agronome, secrétaire du Global conservation agriculture network, et membre du collectif Science technologies actions.

Environnement : Le rôle central des vers de terre dans les sols

Environnement : Le rôle central des vers de terre dans les sols

 

Si l’Etat a reconnu le rôle essentiel de ces animaux dans la fertilité et la durabilité des sols, il faut désormais aller plus loin. Notre alimentation de demain est en jeu estime, dans une tribune au « Monde », Christophe Gatineau, agronome.

 

Tribune.

 

Je concède que la cause peut paraître dérisoire, face aux multiples tourments qui ravagent notre planète, face notamment au pouvoir d’achat, à l’emploi ou à la sécurité, ou à la pandémie en cours, mais sans sols nourriciers, sans sols pour le nourrir, quand l’homme a faim, exprime-t-il dans ces moments-là sa plus belle humanité ?

Le temps presse, les vers de terre et les sols battent de l’aile, et le climat n’aide pas. Pour résumer, les vers de terre nourrissent les sols qui nourrissent les plantes qui nous nourrissent ; ou nourrissent les animaux que nous mangeons. L’affaire est donc très (très) sérieuse, puisqu’elle concerne l’alimentation de demain : notre souveraineté alimentaire.

 

Auteur de deux ouvrages sur les vers de terre, je ne vais pas ici vous vanter tous les bienfaits de leur avenir sur notre futur. Unanimement reconnus par la communauté scientifique, ils ne sont pas devenus l’un des premiers marqueurs de la biodiversité tout à fait par hasard. Et nous savons tous qu’un sol, riche en vers, est fertile, solide et vivant.

Du coup, les sols vivants sont les seuls à être autonomes et en capacité de résister au changement climatique ; les autres n’étant que des candidats à l’érosion. Et beaucoup sont déjà sur la ligne de départ. En effet, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) en 2019 : « 60 % des sols mondiaux étaient dégradés à des degrés divers. » On parle bien des sols agricoles, ceux qui nous nourrissent. 25 % des sols européens sont déjà partis sur les chemins de l’érosion.

Or un sol érodé perd de sa capacité à nourrir. Moins autonome, il est plus dépendant aux soupes chimiques. La situation paraît désastreuse. Et elle l’est à une heure où la pression sur les sols est historique. A cause de la population mondiale qui atteint des sommets jamais égalés ; à cause de notre alimentation qui dépend de 95 à 100 % des sols avec nos régimes alimentaires !

Et comme un malheur n’arrive jamais seul, les experts du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ont prévu une importante baisse des rendements agricoles dans leur dernier rapport. Une baisse engendrée par le changement climatique et l’intensification des cycles de l’eau et du carbone, ce qui va encore affaiblir la capacité des sols à nourrir. Rappelons-nous : la terre qui nourrit est une denrée rare et non renouvelable, il faut au moins cent cinquante ans pour en refaire un seul petit centimètre !

 

Les vers  enrichissent la terre en matière organique, source première de leur alimentation, la rendant plus fertile. Cette matière organique prélevée en surface, mélangée par moyens et gros vers à de la terre, va être broyée au cours du transit et dégradée partiellement. Matières organiques et particules de terre vont commencer à se lier les unes aux autres. Au sortir du tube digestif le mélange est devenu bien plus riche que la terre d’origine, devenant selon l’élément minéral considéré (azote, phosphore, potassium, calcium…) de 2 à 7 fois plus concentré qu’au départ.On voit parfois ces excréments sous la forme de mini-terrils, les turricules, à la surface du gazon ou du potager. En creusant leurs galeries horizontales et verticales, les vers de terre agissent bien mieux que le jardinier et sa bêche. Les milliers de kilomètres creusés à l’hectare, essentiellement dans les 30 premiers cm du sol, sont autant de petits tunnels qui permettent l’aération du sol, sans quoi les racines et la faune du sol périraient rapidement. Ces galeries sont la voie royale souvent empruntée par les racines des plantes qui s’y développent sans avoir à forcer: la route est déjà creusée! cette aubaine est triple car la racine y trouve aussi davantage d’azote et d’oxygène que dans le reste du sol. Enfin, en cas d’excès de pluie, les galeries absorbent l’eau et permettent son évacuation par drainage, bien plus facilement qu’en sol compact, non colonisé par les vers.

Réduction du béton sur les sols

Réduction du béton sur les sols

En ce qui concerne la lutte contre l’artificialisation des sols, le conseil de défense écologique a repris l’objectif de la convention citoyenne de diviser par deux le rythme de bétonisation dans prochaine décennie.

Un programme de “recyclage urbain massif” est également prévu: un fonds de plusieurs centaines de millions d’euros sera constitué dans le cadre du plan de relance qui doit être présenté le 24 août, pour “réhabiliter des centaines d’hectares de friches en terrains (…) clés en main pour que des activités industrielles et des commerces puissent s’y installer”, a expliqué Barbara Pompili.

Le moratoire sur la construction de nouvelles zones commerciales en périphérie des villes annoncé par le couple exécutif a été confirmé et une mission parlementaire sera lancée pour “passer en revue l’ensemble des dispositifs notamment fiscaux qui encouragent l’étalement urbain”, ce qui donnera l’occasion d’examiner la question des entrepôts périphériques d’e-commerce, au sujet de laquelle Barbara Pompili est favorable à un moratoire.

 

Martinique : 40% des sols infectés par le chlordécone pour 700 ans

Martinique : 40% des sols infectés par le chlordécone pour 700 ans

En Martinique, 40% des terres agricoles sont contaminées par cet insecticide suspecté d’être cancérigène et utilisé dans les bananeraies jusqu’en 1993. Une contamination qui peut durer 6 à 700 ans !

 

D’après Sciences et avenir, le chlordécone (ou la chlordécone si on parle de la molécule) est toujours présent dans les sols antillais, où il peut rester jusqu’à 600 ans. Sa molécule contamine particulièrement les légumes-racines (patates douces, carottes, ignames, etc.) en remontant dans la plante.

Bien que le produit ne soit plus utilisé, la population antillaise reste exposée, surtout quand elle s’alimente par les circuits informels (autoproduction, bord de route), qui peuvent provenir de zones contaminées, prévient l’Anses.

Le chlordécone peut aussi aller dans les eaux de captage et les eaux marines, et contaminer les produits de la pêche, ce qui a obligé les autorités à mettre en place des zones d’interdictions de pêche.

Les effets néfastes du produit ont été dénoncés par des lanceurs d’alerte dans les années 2000, qui ont conduit à la mise en place de trois plans successifs de prévention, depuis 2008. Le dernier plan court de 2014 à 2020 (30 millions d’euros investis).

Selon les résultats d’une étude de l’agence Santé publique France rendus publics en janvier, « plus de 90% de la population adulte » en Guadeloupe et Martinique, soit « la quasi totalité », est contaminée par le chlordécone.

Le produit est soupçonné d’être responsable notamment d’une explosion des cancers de la prostate aux Antilles, comme l’a révélé l’étude de l’Inserm « Karuprostate » (de Karukera, nom caribéen de la Guadeloupe) en 2010.

En 2012, l’étude « Timoun » portant sur l’impact du chlordécone sur la grossesse et le développement des enfants a aussi mis en évidence des troubles de comportement des enfants, des pertes de motricité et « des pertes de QI de 10 à 20 points ».

Le produit augmente également le risque de prématurité, selon une étude de l’Inserm rendue publique en 2014.

Enfin, l’exposition de souris au chlordécone nuit à la production de spermatozoïdes de plusieurs générations de mâles, même s’ils n’ont pas été exposés eux-mêmes, selon une étude de l’Inserm, qui précise toutefois que ces conclusions ne peuvent pas automatiquement s’appliquer à l’homme.

Une nouvelle recherche sur le lien entre cancer de la prostate et pollution des sols doit être lancée, a récemment promis la ministre de la Santé Agnès Buzyn.

Fort légitimement les Antillais s’inquiètent lorsqu’ils consomment des produits locaux. Dans les grandes surfaces comme sur les marchés, les aliments sont régulièrement contrôlés. Leur taux de chlordécone ne doit pas dépasser les seuils réglementaires.

Il y a 15 ans, Abdul Djiré a acheté un terrain pour faire pousser des légumes. À sa grande surprise, il était contaminé. Le maraîcher a dû repartir de zéro et remplacer les légumes par des fruits. « La molécule ne migre pas vers le haut, c’est-à-dire qu’au-delà d’une certaine hauteur, elle ne monte pas. Ce serait dû à sa lourdeur« , explique Abdul Djiré. Comme lui, beaucoup d’agriculteurs ont de l’adapter leurs cultures. Le chlordécone peut survivre 700 ans dans les sols.

L’ascenseur social : mène ….aux sous sols

 

 

 

 

.Une étude  de LOCDE avait démontré qu’il faut au moins 6 générations pour que les familles défavorisées atteignent  le  revenu moyen en France. En cause l’origine sociale qui reproduit les inégalités. . Selon une autre étude  de France Stratégie publiée ce vendredi 6 juillet, un enfant de cadre supérieur a 4,5 fois plus de chances qu’un enfant d’ouvrier d’appartenir aux 20% les plus aisés. Cet écart indique clairement que l’ascenseur social connaît de sérieux ratés en France même si les politiques publiques peuvent contribuer à limiter les inégalités notamment lors des crises économiques. Déjà dans un rapport publié il y a quelques semaines, l’OCDE avait alerté sur la faible mobilité intergénérationnelle en France. Les économistes de l’institution internationale avaient expliqué qu’il fallait six générations pour que les descendants de familles modestes atteignent le revenu moyen dans l’Hexagone. Le risque de se retrouver en situation de pauvreté sont fortement liés à l’origine sociale. « Cet effet s’avère beaucoup plus déterminant que l’origine migratoire, le sexe ou l’âge de l’individu ».

« L’environnement social et culturel détermine en fait en grade partie  les chances de réussite même si d’autres acteurs sont à prendre en compte.




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