L’électricité solaire devient rentable
La chute des coûts de l’électricité photovoltaïque est largement liée à celle du coût des panneaux solaires, qui a plongé de 80 % depuis 2008, grâce notamment aux panneaux chinois à bas coût. En Europe, cette chute est toutefois limitée depuis que Bruxelles a imposé en 2013 un prix de vente minimum aux Chinois : une mesure antidumping qui a pu donner de l’air aux fabricants européens (en France, Photowatt, Silia, Voltec, etc.) mais fait pester certains développeurs. « Sans ce plancher, nous pourrions gagner encore 10 euros ! » affirme Xavier Barbaro, directeur général de Neoen, qui s’apprête à inaugurer à Cestas, près de Bordeaux, la plus grande centrale solaire d’Europe. Les développeurs ont aussi bénéficié d’économies sur les autres composantes des centrales, qui représentent désormais plus de la moitié du coût total : le système électrique, l’installation, etc. A Cestas, où l’électricité sera vendue à 105 euros/MWh, Neoen a optimisé l’espace au sol. « Le design a été conçu pour que la centrale soit très dense », explique Xavier Barbaro. L’innovation, l’intelligence introduite dans les centrales, a aussi contribué à faire chuter les coûts. Subventionné, le solaire en France est encore lié aux appels d’offres, mais certains estiment qu’ils pourront s’en passer dans un avenir pas si lointain. Solaire Direct a déjà réussi à céder son électricité de gré à gré pour un parc entré en service l’an dernier et développé avec la région Poitou-Charentes à Thouars (Deux-Sèvres) : l’électricité sera vendue à Séolis, un concurrent local d’EDF au prix de 105 euros/MWh sur trente ans. D’autres parient sur un mouvement de société. « On commence à voir émerger une demande de collectivités locales et d’entreprises privées pour de l’électricité 100 % verte », note Edouard Sauvage, directeur de la stratégie d’Engie. Il reste encore du chemin à parcourir : le solaire n’a représenté que 1,1 % de la production d’électricité en France l’an dernier. Cet été, en plein cœur du mois d’août, François Hollande a fait un joli cadeau aux professionnels du solaire. Le président a annoncé le doublement de l’appel d’offres public en cours pour la construction de centrales photovoltaïques en France, de 400 à 800 mégawatts (MW). Cette bonne surprise n’est pas due à un élan subit de générosité, mais au prix auquel les professionnels proposent de vendre leur électricité. Celui-ci n’a jamais été aussi bas : pour les grandes centrales au sol, il s’élève en moyenne à 87 euros le mégawattheure (MWh), un niveau équivalent à celui de l’éolien terrestre (85 euros). « Et de nombreux projets proposent un tarif plus proche de 70 euros », affirme Arnaud Mine, président de la branche solaire du SER (Syndicat de l’énergie renouvelable). « A ce prix, on peut dire que le solaire est compétitif ! »