Archive pour le Tag 'sociologique'

Assemblée : vers une meilleure représentation sociologique, enfin !

Assemblée : vers une meilleure représentation sociologique, enfin !

 

L’arrivée à l’Assemblée nationale de quelques dizaines deux députés issus des couches moyennes constituent évidemment une innovation démocratique. Jusque-là en effet est depuis longtemps, la politique est appropriée surtout par les professionnels, les fonctionnaires et professions supérieures. Bref tout cela aboutit à une représentation complètement déformée sociologiquement et donc en décalage avec les réalités sociaux économiques. Le pire dans ce domaine a sans doute été réalisé par le parti socialiste qui pratiquement depuis son origine n’a jamais compté réellement de représentants des couches moyennes et défavorisées. Essentiellement des fonctionnaires, des politicards et des cadres.

Évidemment une grande différence avec les partis sociaux-démocrates des pays européens qui eux ont toujours su intégrer une grande partie de ceux qu’ils sont supposés représenter. Résultat , le parti socialiste est mort pour avoir ignoré ses mandants. L’affaire n’est pas nouvelle. Le déclin a été celui d’abord de la SFIO pour les mêmes raisons.

Certes une meilleure représentation sociologique est indispensable même si elle ne garantit pas forcément à elle seule l’efficacité et la cohérence. Et il y a encore un énorme chemin à parcourir

On peut s’étonner que la gauche en France (PC excepté) compte aussi peu de responsables issus des organisations syndicales ou associatives engagées.

La vérité c’est que la gauche -comme la droite- est complètement noyautée par les professions supérieures et par les anciens élèves des instituts politiques qui commencent comme conseiller d’un élu avant de devenir eux-mêmes représentants du peuple.

L’élection d’une femme comme  Rachel Keke,  femme de ménage élue dans la 7e circonscription du Val-de-Marne, face à l’ex-ministre des Sports Roxana Maracineanu constitue un événement significatif, d’autres nouveaux députés exercent des métiers que l’on n’a pas l’habitude de croiser au Palais-Bourbon. Car du point de vue des catégories socio-professionnelles représentées parmi les élus, ce sont les cadres de la fonction publique (75 députés), devant les cadres administratifs et commerciaux d’entreprise (66) et les professions libérales (58), qui restent les plus représentés.

Rachel kéké ne sort pas d’un institut politique mais elle a suffisamment d’expérience personnelle et syndicale plus que compenser ce « manque » après avoir mené un combat de plus de 22 mois pour faire valoir les droits des femmes de ménage d’un hôtel où elle travaillait.

 

Rachel Kéké ( Wikipedia)

Rachel Keke est née en 1974 dans la commune d’Abobo, au nord d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, d’une mère vendeuse de vêtements et d’un père conducteur d’autobus. Son grand-père combat avec les forces françaises pendant la Seconde Guerre mondiale4. Elle perd sa mère à l’âge de 12 ans et commence à travailler à 16 ans comme coiffeuse. Elle travaille également ensuite comme caissière et comme aide à domicile pour personnes âgées. À la suite du coup d’état de décembre 1999 en Côte d’Ivoire, elle arrive en France à 26 ans7 et y exerce son métier dans le salon de coiffure de son oncle8Naturalisée française en 2015, elle a cinq enfants et s’est remariée en 2016 à un chanteur de zouglou, une musique urbaine ivoirienne.

Elle commence à travailler comme femme de chambre à l’hôtel Ibis Batignolles en avril 2003, employée par les sous-traitants successifs. Longtemps à temps partiel, ses demandes pour passer à plein temps n’aboutissent qu’en 2017. Elle devient gouvernante en 2019. Ses conditions de travail ont des effets sur sa santé et elle est en arrêt maladie en février 2019. Son salaire mensuel net passe de 1 300 à 1 700 euros grâce au succès de la mobilisation de 2019 – 202. Elle indique au sujet de ce métier qu’il « détruit le corps. Il y a des syndromes du canal carpien, des tendinites, des maux de dos… »4. Dans le cadre de ce travail, elle est également confrontée au racisme et à des tentatives d’agressions sexuelles.

Le 17 juillet 2019, vingt-huit femmes de chambres de l’hôtel Ibis Batignolles majoritairement africaines, dont Rachel Keke, se mettent en grève pour une durée illimitée. Elles dénoncent alors leurs conditions de travail et leur sous-rémunération auprès de leurs employeurs le groupe hôtelier Accor et son sous-traitant STN15.

Accompagnée de ses collègues, et notamment de la porte-parole Sylvie Kimissa8,16, elles subsistent grâce aux caisses de soutien et cagnottes en ligne mises en place par les syndicats et donateurs anonymes.

Le combat des femmes de chambre prend fin en mai 2021 par un accord où elles obtiennent une revalorisation des qualifications et des salaires, la prise en compte des heures supplémentaires et une prime de repas. Par contre, elles n’obtiennent pas la fin de la sous-traitance et l’intégration chez Accor.

 

Afghanistan : l’exclusion sociologique des femmes

 

Afghanistan : l’exclusion sociologique des femmes

 

Le nouveau pouvoir de Kaboul vise « l’exclusion sociologique » des femmes mais aussi « l’effacement de l’identité de genre » dans l’imaginaire collectif officiel, alerte l’anthropologue, Véronique Nahoum-Grappe,  dans une tribune au « Monde » ( extrait).

 

 

 

 

 

Zarifa Ghafari, première femme afghane élue maire, expliquait le 4 septembre, dans les colonnes du Figaro Madame, que les talibans « tentent de faire disparaître l’identité des femmes, de les faire disparaître de la société. Ils les effacent même des murs en recouvrant leurs visages sur les affiches. Ils refusent qu’elles travaillent, qu’elles étudient et même qu’elles sortent ». Elle définit ce que le pouvoir taliban tente de faire aux Afghanes : les exclure de tout enseignement et de tout travail rémunéré, éliminer leur image physique distinctive partout dans l’espace public. Chassées des institutions sociales, elles doivent l’être aussi du monde du dehors et ne plus être reconnues en tant que femmes dans les rues, ni même figurées sur un mur.

Ce pouvoir vise donc une double disparition des femmes dans la société extérieure : à une exclusion sociologique effective s’ajoute une tentative d’effacement de l’identité de genre féminin dans l’imaginaire collectif officiel. Les moyens de cette double exclusion sociale sont : une drastique perte d’autonomie avec l’empêchement de la solitude « choisie », non seulement dans les rues mais aussi dans la vie, avec l’interdiction du célibat ; la disparition dans l’espace public de toute visibilité des corps et visages féminins grâce au voile intégral opaque et déshumanisant, et le confinement forcé dans la sphère privée familiale.

Pouvoir circuler librement dans l’espace public et faire face aux autres, visage découvert, deviendra impossible pour les femmes car il ne faudra plus qu’elles soient vues dans le monde commun extérieur, où pourtant on naît, on fait sa vie et où l’on meurt, où l’on travaille et où, parfois, l’on vote.

La solitude choisie est interdite aussi : il faut un gardien, un homme à côté, ce qui constitue un déni insensé de l’existence adulte des femmes. Bien sûr, comme toujours, elles vont ruser de façon géniale, elles vont retourner toutes ces entraves dans l’autre sens, mais le piège des croyances religieuses traditionnelles va aussi entraîner le consentement de bien des femmes à cette situation, notamment la nécessité du mariage pour leurs filles, afin qu’elles soient protégées.

N’oublions pas aussi la terreur de la loi islamique pour soi et les siens. Petit à petit, les Afghanes vont disparaître des secteurs-clés de production et seront écartées de tout le savoir technique et théorique que ces secteurs mettent en œuvre. Elles seront alors chassées non seulement du dehors physique mais du fonctionnement même de leur propre monde social.




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