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Le Pen: Le soutien de nouvelles couches sociales

 

 Le Pen: Le soutien de nouvelles couches sociales

 

La candidature d’Eric Zemmour n’a pas constitué un handicap insurmontable pour la tête de liste du Rassemblement national, qui a progressé de près de deux points par rapport à son score de 2017, analyse le politiste Florent Gougou, dans une tribune au « Monde »

 

Tribune.

 

 Ce n’est plus une surprise. Pour la deuxième fois consécutive, Marine Le Pen participera au second tour de l’élection présidentielle. Pour la troisième fois sur les cinq dernières présidentielles, la droite radicale [terme consacré dans le champ des sciences sociales] sera en situation d’accéder à l’Elysée. Le 21 avril 2002, la sidération dominait. Le 23 avril 2017, la banalité se profilait. Le 10 avril 2022, l’ordinaire s’est imposé.

Les contours d’un nouveau monde politique se dessinent. Pour la deuxième fois consécutive, Marine Le Pen retrouvera Emmanuel Macron au second tour. L’opposition entre « mondialistes » et « nationaux », pour reprendre les termes de la candidate du Rassemblement national (RN), entre « progressistes » et « nationalistes », pour reprendre les termes du président de la République sortant, semble être devenue la principale ligne d’affrontement dans la vie politique française au niveau national. Imposer ce nouveau dualisme était un objectif assumé (et partagé) par les deux protagonistes depuis 2017. Les résultats du premier tour ont brutalement rappelé aux forces de gauche, une nouvelle fois écartées du second tour, qu’ils sont en passe d’y parvenir.

Avec plus de 23 % des suffrages, Marine Le Pen réalise la meilleure performance d’une candidature de droite radicale à l’élection présidentielle, progressant de près de 2 points par rapport à son score de 2017. Surtout, en ajoutant les quelque 7 % rassemblés par Eric Zemmour (Reconquête !), les forces de droite radicale franchissent les 30 %, seuil qu’elles n’avaient jamais atteint en France, tous types de scrutins confondus. Le premier tour de la présidentielle de 2022 constitue un nouveau point haut dans la dynamique ouverte depuis les européennes de 2014, quand les listes Front national avaient, pour la première fois, dépassé la barre des 20 %.

La dynamique de la droite radicale s’appuie sur trois mouvements principaux, qui indiquent une forme de complémentarité entre la candidature de Marine Le Pen et celle d’Eric Zemmour. Premier mouvement, l’accentuation de la domination de Marine Le Pen dans ses fiefs ouvriers situés dans le nord et dans l’est du pays. En 2017, l’Aisne, le Pas-de-Calais et la Haute-Marne étaient les trois départements les plus favorables à Marine Le Pen ; en 2022, elle progresse encore dans ces départements pour atteindre respectivement 39,3 % (+ 3,6 points), 38,7 % (+ 4,4) et 36,6 % (+ 3,4). Deuxième mouvement, des transferts significatifs de la fraction rurale de l’électorat Fillon de 2017, notamment dans l’ouest du pays. Dans la Sarthe, en Mayenne et en Vendée, où François Fillon avait systématiquement obtenu plus de 25 % en 2017 et où Valérie Pécresse s’effondre autour de 5 %, Marine Le Pen progresse respectivement de 6,9 points (27,7 %), de 5,5 points (22,4 %) et de 4,7 points (23,2 %), tandis qu’Eric Zemmour y obtient entre 5 et 6 %. Troisième mouvement, l’attraction Zemmour au sein de la fraction aisée de la droite classique. La dynamique est particulièrement évidente dans le 16e arrondissement de Paris, où le candidat de Reconquête ! obtient 17,5 %, alors que Marine Le Pen y reste marginalisée à 5,8 %.

 

Politique: SMIC à 1.400 euros, TVA à 0%, augmentation des salaires, allocations pour tous etc : la foire aux enchères sociales de Taubira

PolitiqueSMIC à 1.400 euros, TVA à 0%, augmentation des salaires, allocations pour tous etc : la foire aux enchères sociales de Taubira

 

 

La campagne présidentielle avait déjà mal commencé avec des promesses sociales douteuses comme par exemple le doublement du salaire des enseignants  par Hidalgo mais à peu près tous les candidats promettent la lune au plan salarial et des allocations augmentées ou créées. Bref le sentiment que faute de vision prospective sur l’avenir du pays, les candidats à l’élection présidentielle adoptent davantage une position de syndicaliste que de président de la république. Notons d’ailleurs que nombre de ces propositions ne dépendent pas de l’État mais des entreprises et par ailleurs évidemment qu( elles ne sont pas financées lorsque cela dépend du champ de responsabilité de l’État ou des collectivités en général.

De la part de Taubira  en particulier, une sorte de foire aux enchères où sont reprises certaines revendications des gilets jaunes, auquel on ajoute celles des gilets verts écolos et celle des gilets rouges gauchistes.

Faute devrait programmes explicités,la  ministre du mariage pour tous a promis de combattre « les inégalités, les injustices et les discriminations », évoquant la jeunesse, la justice sociale, l’écologie et la démocratie.

Au programme: « la nécessaire et urgente transition écologique », « une conférence sur les salaires » contre « la démoralisation, les discours de haine et les propos belliqueux », « le risque de dislocation sociale » ou encore « les colères qui nous font descendre dans la rue et occuper les ronds-points ».

Elle reprend  son compte l’une des propositions-phares des « Gilets jaunes »: le référendum d’initiative citoyenne.

Ce n’est pas tout: si elle devient présidente, les étudiants bénéficieront d’un revenu de 800 euros par mois pendant cinq ans de la même façon que le SMIC sera revalorisé à « 1.400 euros net » et les grandes fortunes fiscalisées « à partir de 10 millions d’euros de patrimoine ».

« La pandémie [ayant] révélé une souffrance sociale qui a frappé toutes les générations », l’ex-députée guyanaise s’est engagée à recruter 100.000 soignants et à revoir « sans tabou » les conditions d’installation des médecins traitants pour lutter contre les déserts médicaux.

En attendant le vote des 110.000 participants de la « Primaire populaire » qui se tiendra du 27 au 30 janvier, elle souhaite enfin améliorer les droits des travailleurs des plateformes numériques ou encore instaurer « une TVA à taux 0 pour les produits de l’agriculture biologique ».

Pour un peu l’intéressée annoncerait la gratuité de la baguette dans les supermarchés!

 

Aide à domicile : des conditions sociales souvent inadmissibles

Aide à domicile : des conditions sociales souvent inadmissibles

 

Avec le vieillissement de la population, médias, politiques et experts comptent sur le développement de l’aide à domicile pour rendre acceptable la vie des personnes âgées . Le problème ,c’est que les confusions sociales sont inadmissibles. En effet non seulement les salaires sont assez dérisoires mais les conditions de travail sont particulièrement pénibles. Des tâches souvent ingrates qui demandent beaucoup d’abnégation et même d’amour. Des horaires de travail impossibles : le matin tôt, le soir tard, les samedis dimanches et jours de fête. En outre dans beaucoup de cas des temps d’attentes qui ne sont pas rémunérés et une prise en charge trop partielle des temps et frais de déplacement. Un quart seulement des aides à domicile estiment que leur rémunération est à la hauteur de leurs efforts, contre 35% pour les autres salariées, selon une étude de la Dares publiée vendredi, alors qu’un grand nombre d’entre elles vont voir leur salaire augmenter à partir de ce vendredi.

209.000 aides à domicile du secteur associatif intervenant chez les personnes âgées et handicapées bénéficient vendredi d’une hausse salariale de 13% à 15% (mais pas les 160.000 employés du privé).

Disponibles pour les autres, les aides à domiciles ont, pour la moitié d’entre elles, l’impression de ne pas l’être pour leurs proches, avec des journées longues et des horaires atypiques, selon cette étude sur les « risques pyscho-sociaux chez les salariées de l’aide à domicile ».

Dans ce secteur féminin à 95%, les salariées ont « un temps de travail très morcelé », des temps de repos réduits. Trois-quarts d’entre elles sont à temps partiel. La moitié n’ont pas les mêmes horaires tous les jours et 15% ne connaissent pas leurs horaires une semaine à l’avance. Elles sont davantage amenées à travailler le weekend et les jours fériés, et 29% n’ont pas 48 heures de repos consécutives, selon la Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques du ministère du Travail.

« Malgré un sentiment d’isolement et une absence de soutien de la part des collègues, les salariées de l’aide à domicile se sentent soutenues par la hiérarchie et reconnues dans leur travail », relève néanmoins la Dares. « Elles reçoivent plus fréquemment que les autres salariées le respect et l’estime qu’elles méritent pour leur travail et se sentent moins souvent traitées injustement ». « La satisfaction dans le métier est très liée à la qualité de la relation qui peut s’instaurer avec le personne aidée ».

Inégalités sociales et diplômes : non au concours truqué

Inégalités sociales et diplômes  : non au concours truqué

Ancien élève de l’ENS et de l’ENA, Raphaël Doan est magistrat et premier adjoint au maire du Pecq. Il est aussi l’auteur du Rêve de l’assimilation, de la Grèce antique à nos jours, Passés composés, 2021. Il dénonce dans une interview au Figaro la perspective de concours truqués qui favoriserait une plus grande égalité sociale.

- Le ministère de l’Enseignement supérieur projette d’accorder par principe des points supplémentaires aux candidats boursiers à leurs concours. Que vous inspire ce dispositif?

Raphaël DOAN. - C’est d’une condescendance extrême: l’Éducation nationale n’étant plus capable de réduire les inégalités sociales, on finit par proposer aux candidats boursiers de passer des concours truqués. Près de 30% des étudiants dans les grandes écoles sont déjà boursiers: c’est moins que dans le reste de l’enseignement supérieur (37%), mais cela n’a rien de négligeable. En accordant des points bonus aux boursiers, on jettera sur eux une suspicion d’illégitimité alors que la plupart sont parfaitement capables de réussir des concours tout seuls. D’ailleurs, la majorité des intéressés n’en veulent pas.

Prestations sociales: une fraude d’environ 300 millions

Prestations sociales:  une fraude d’environ 300 millions

En 2020, les 680 contrôleurs de l’organisme public ont détecté 39.917 fraudes pour un montant total de 255 millions d’euros. Un chiffre en recul par rapport à l’année précédente – 323,7 millions d’euros en 2019 – mais qui s’explique notamment par la suspension temporaire des contrôles sur place des allocataires. “Le préjudice moyen de la fraude est de 6.921 euros”, précise la Cnaf à l’occasion d’une présentation à la presse, ce jeudi 17 juin, de sa politique de prévention et de lutte contre la fraude. En comptabilisant ce qui relève de l’erreur, la Cnaf a, en réalité, récupéré près de 830 millions d’euros l’année dernière. Les masses financières en jeu sont donc importantes.

 

Il résulte des contrôles menés que loin devant les autres allocations sociales, c’est le revenu de solidarité active (RSA, 46% du total de la fraude en nombre) qui est le plus fraudé. Viennent ensuite la prime d’activité (20,4%) et les aides au logement (16,3%). Près de 7 fraudeurs sur 10 font une fausse déclaration à l’organisme ou mentent par omission sur leur situation personnelle ou professionnelle. Les autres techniques de fraude sont composées de la fraude à l’isolement (15%). Un allocataire déclare, par exemple, vivre seul alors qu’il vit en couple. Ainsi que le faux et usage de faux justificatifs (15%).

Gauche : se raccommoder sur les questions sociales

Gauche : se raccommoder sur les questions sociales

Face au constat d’une gauche minée par les divisions, l’essayiste Citton  invite, dans un entretien au « Monde », à bâtir des coalitions autour de luttes partagées. La priorité est pour lui de faire advenir les transformations sociales fondamentales, sur lesquelles tous sont en réalité d’accord.

(En clair, mettre de côté les divergences de fond et se raccommoder sur les questions sociales . Bref l’approche socialo bobo qui a tué le parti socialiste où comment faire de la social-démocratie sans les acteurs sociaux) .

 

 

Professeur de littérature et média à Paris-VIII-Vincennes-Saint-Denis, après avoir enseigné aux Etats-Unis et en Suisse, Yves Citton codirige la revue Multitudes. Il est aussi directeur de l’école universitaire de recherche EUR ArTeC (arts, technologies, numérique, médiations humaines et création). Son dernier ouvrage, Faire avec (Les Liens qui libèrent, 192 pages, 16 euros), s’intéresse à la conflictualité politique, et invite à repenser les fronts et les stratégies en « faisant avec » les ennemis, les problèmes, les limites, plutôt qu’en cherchant à les éradiquer.

Il nous faut comprendre comment agir dans les batailles culturelles pour déjouer les menaces de guerre civile « qui bouillonnent sous nos pieds », écrivez-vous. Qu’entendez-vous par là ?

J’essaie de comprendre à quoi font écran des polémiques apparemment superficielles, sur la non-mixité, le droit au blasphème, le déni du racisme systémique, dont on s’étonnera dans les décennies à venir qu’on leur ait donné autant d’importance, alors qu’on est en train de ne pas faire des choses extrêmement importantes, qui engagent les générations à venir. Nous assistons à une radicalisation de la droite, qui instrumentalise ces « guerres culturelles ».

Les clivages qui se jouent derrière les polémiques ne sont pourtant pas sans articulation avec des choses plus fondamentales. J’ai vécu dans les années 1990 aux Etats-Unis, où les guerres culturelles se jouaient autour de questions comme le droit à l’avortement, les family values, la sacralisation du drapeau national. Les républicains ont su s’emparer de ces questions pour leur donner plus de force politique. Ils en ont profité pour opérer des repositionnements politiques qui ont conduit à mettre au pouvoir des gens comme les Bush, père et fils, puis Donald Trump, ce qui a eu des conséquences directes dramatiques sur des questions essentielles comme les services publics ou les énergies fossiles. A droite, une véritable expertise s’est développée sur ce terrain, alors que la gauche les subit, en grognant ou en tombant dans le panneau de la polémique.

Oui. Le culte de la petite différence a conduit à une pathétique faiblesse des mouvements de gauche. Nous devons réapprendre à différencier nos vrais adversaires de ceux à qui l’on est peut-être allergique, mais avec qui il faudrait malgré tout nouer des coalitions tactiques, pour ne pas perdre des combats beaucoup plus importants. C’est particulièrement vrai sur les questions de woke ou de cancel culture. Plusieurs collègues universitaires se sentent aliénés par ces « extrémistes » qui bloquent des séances sur Roman Polanski ou qui comptent les temps de parole dans les assemblées générales. Mais, même dans leurs inévitables excès, il faut plutôt voir l’énergie, la vigueur, la capacité de mobilisation de ces mouvements. Au-delà des allergies de surface entre multiculturalistes et universalistes, anti-coloniaux et décoloniaux, la priorité est d’obtenir un minimum d’unité pour faire advenir les transformations sociales sur lesquelles on est en réalité d’accord.

Les sciences sociales sous dépendance politique dans certains pays

Les  sciences sociales sous dépendance politique dans certains pays

Les deux historiens Alain Blum et Juliette Cadiot rappellent, dans une tribune au « Monde », que nombre de leurs collègues en Pologne, Hongrie ou en Russie sont victimes de contrôles politiques et voient leurs recherches entravées par la censure. Une mainmise du pouvoir sur la recherche afin de contrôler le récit national.

Tribune. Le 9 février, deux universitaires polonais de réputation internationale, travaillant de longue date sur la Shoah, ont été condamnés pour diffamation par un tribunal de Varsovie. Ils auraient, en décrivant l’action d’un maire de village à l’égard des juifs durant la guerre, porté atteinte à son honneur. Cela ne fait que concrétiser des décisions prises par les autorités polonaises incitant à condamner au civil toute personne attribuant les crimes de la Shoah aux Polonais et non aux Allemands, et donc interdisant, de fait, tout travail mettant en évidence la contribution de Polonais à l’extermination des juifs. Ce serait diffamer la nation polonaise.

 

Il est vrai que les autorités polonaises ne sont pas les premières en Europe à s’attaquer ainsi au milieu universitaire en s’immisçant dans le débat scientifique. Les autorités hongroises le font régulièrement, sans parler de ce qu’on voit en Turquie. 

La Russie, depuis plusieurs années, a mis en place des lois restrictives encadrant les recherches historiques. Une commission destinée à « contrer les tentatives de falsifier l’histoire au détriment des intérêts de la Russie » avait été créée en 2009. Elle a fait long feu, mais l’intervention politique contre le milieu universitaire ne s’est pas arrêtée là. Il est par exemple interdit de mettre en cause l’honneur de la Russie durant la seconde guerre mondiale. Cela fait peser une menace sur les chercheurs qui étudient les violences de l’armée rouge ou les stratégies du haut commandement militaire soviétique. Dans ce même pays, un addendum à la loi sur l’éducation est actuellement en discussion qui vise à interdire la diffusion « d’informations illégales » et de « propagande anti-russe » dans les écoles et les universités.

Un nouveau pays se serait-il désormais joint à ce concert, la France ? Nous qui étudions l’histoire de l’est de l’Europe, voyons régulièrement nos collègues de certains de ces pays en proie au contrôle politique et à la censure de la recherche, notamment en sciences humaines et sociales. Nous sommes choqués par le parallélisme de procédés visant à remettre en cause les libertés académiques et ce qui fait le fondement des sciences sociales, une approche critique du monde dans lequel nous vivons. Les propos de la ministre de l’enseignement supérieur, et l’annonce d’une procédure d’enquête visant à la fois les opinions politiques des chercheurs et leurs catégories d’analyse, rappellent cette volonté de contrôler le récit national, que l’on croyait propre à des gouvernements autoritaires.

« Défendre la liberté en sciences humaines et sociales »

« Défendre la liberté en sciences humaines et sociales »

 

Après le licenciement de la sociologue Christine Fassert, un collectif de chercheurs dénonce, dans une tribune au « Monde », le retour de méthodes autoritaires et de censure dans les organismes nucléaires.( Notons que les méthodes autoritaires affectent aussi le privé par exemple quand l’économiste Élie Cohen est victime de pressions de la part de Veolia pour son opposition au regroupement entre cette société et Suez)

 

Tribune.

 

 Contrôler, surveiller, circonscrire ou contrebalancer toute information et toute recherche interrogeant le fonctionnement de la filière nucléaire a constitué pendant longtemps une sorte de réflexe chez les promoteurs du nucléaire, avant tout soucieux d’acceptabilité sociale de ce secteur à haut risque. Une série de réorganisations au sein des agences d’expertise et de régulation, commencées dans les années 1990 en lien avec les impacts de la catastrophe de Tchernobyl, ont donné lieu, notamment, à la création d’entités « indépendantes », l’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN) en 2001 et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en 2006.

Ces changements ont pu laisser penser que les principales tensions critiques entre opérateurs du nucléaire et mondes de la recherche appartenaient au passé : des travaux de sciences sociales, menés à la fois en interne et en externe, pouvaient aborder de multiples aspects de l’énergie nucléaire.

En 2012, lorsque la sociologue Christine Fassert a été recrutée par le département des sciences humaines et sociales de l’IRSN, il s’agissait pour l’institut d’ouvrir un nouvel espace de recherches rendues nécessaires par la catastrophe de Fukushima de mars 2011. L’expérience n’a visiblement pas été concluante. En effet, en juin 2020, Christine Fassert a été licenciée pour « comportement inadapté » et « insubordination récurrente avec défiance vis-à-vis de sa hiérarchie », qualifications qui masquent difficilement une reprise de contrôle sur la production des connaissances et des énoncés sur le nucléaire.

Les recherches de Christine Fassert avaient pourtant pour objet d’observer et questionner les vulnérabilités, les actions et les décisions engendrées par la catastrophe nucléaire japonaise. Dans plusieurs secteurs du nucléaire, des témoignages font part de pressions de plus en plus fortes s’exerçant non seulement sur les chercheurs liés au secteur ou les doctorants bénéficiant de financement des agences nucléaires mais également sur les unités de recherche externes liées par des contrats de recherche.

Obstructions hiérarchiques

Pendant plusieurs années, Christine Fassert a fait face à des obstructions de la part de sa hiérarchie pour engager et mener à bien ses projets, difficultés liées à ce que l’IRSN considère sous les catégories sensibles de « gouvernance des risques nucléaires » ou de « gestion post-accidentelle ». Son travail de recherche fut à maintes reprises remis en cause par des interventions directes de sa hiérarchie, laquelle a, dans les derniers temps, dressé des obstacles à la publicisation de ses résultats.

Où sont passés les milliards pour réduire les inégalités sociales

Où  sont passés les milliards pour réduire les inégalités sociales

 

Sarah E. Needleman, dans le Wall Street Journal s’interroge pour savoir où sont passés les milliards destinés à la réduction des inégalités sociales aux États-Unis.

En 2020, les entreprises américaines ont promis de dépenser des dizaines de milliards de dollars pour promouvoir l’égalité raciale. En 2021 et au-delà, le défi sera de suivre ces dollars à la trace et de voir en quoi ils ont pu changer les choses.

Au cours des six derniers mois, de grandes entreprises se sont engagées à consacrer 35 milliards de dollars au total au combat contre les inégalités raciales, selon les analyses du Wall Street JournalCes annonces ont fait suite au décès de George Floyd lors de son arrestation par la police à Minneapolis le 25 mai, et au débat national sur le racisme systémique que l’affaire a déclenché. Les entreprises concernées ont affirmé que les fonds serviraient à accroître le patrimoine des familles noires, à offrir des opportunités professionnelles aux minorités et à favoriser la diversité dans leurs propres rangs, entre autres.

L’essentiel des 35 milliards de dollars provient de JPMorgan Chase qui, en octobre, a promis d’investir 30 milliards sur les cinq prochaines années dans le financement de logements abordables ou l’ouverture d’agences dans des quartiers où les services financiers se font rares.

Les grandes banques comptent parmi les entreprises ayant pris les engagements les plus importants — avec aussi un milliard de dollars de la part de Bank of America et 1,5 milliard de la part de Citigroup visant à financer des chefs d’entreprise noirs ainsi que des ménages noirs souhaitant accéder à la propriété.

Le distributeur Walmart, pour sa part, s’est engagé à financer un centre pour l’égalité raciale qui effectuera des dons à des associations à but non lucratif d’un montant de 100 millions de dollars sur cinq ans. Google, la filiale d’Alphabet, investit 175 millions de dollars dans le soutien à des chefs d’entreprise, fondateurs de start-up, demandeurs d’emploi et développeurs noirs. Une somme qui vient s’ajouter aux 100 millions de dollars d’un fonds de YouTube dédié aux artistes et créateurs noirs.

Ces montants, qui incluent aussi la levée, annoncée ce mois-ci, de plus de 100 millions de dollars par des chefs d’entreprise en faveur d’une start-up visant à créer un million d’emplois pour les noirs américains, ont le potentiel d’améliorer la mobilité des familles noires et de corriger les inégalités qui affectent de longue date la communauté, selon des observateurs et défenseurs de l’initiative.

« Je n’ai jamais rien vu de cette envergure, et dans tous les domaines », déclare Pamela Newkirk, auteure de l’ouvrage Diversity, Inc. : The Failed Promise of a Billion-Dollar Business.

Si certaines entreprises tiennent leur promesse de transparence sur leurs actions, peu ont fait publiquement état de la manière dont elles en assureraient le suivi et l’évaluation, ou précisé quelle était la proportion de nouvelles dépenses dans les engagements pris cette année.

La plupart du temps, personne ne cherche à vérifier si les grandes annonces des entreprises en matière de philanthropie se concrétisent, souligne Mark Kramer, conférencier à la Harvard Business School et cofondateur de FSG, une société de conseil spécialisée dans l’impact social des entreprises.

Une grande majorité des vingt premières entreprises du classement Fortune se sont engagées cette année à investir en faveur de l’égalité raciale. Contactées par The Wall Street Journal, la plupart d’entre elles ont apporté des précisions sur ce qu’elles comptaient faire, et quelques-unes n’ont pas répondu aux demandes d’information ou ont refusé d’entrer dans le détail de leurs projets. Plusieurs ont indiqué qu’elles n’avaient pas pris d’engagements en lien direct avec les événements déclenchés par la mort de George Floyd, mais ont fait valoir leurs initiatives philanthropiques régulières.

« Toute la question sera de suivre ces montants et de voir ce qui se passe effectivement, note Deborah Elam, ancienne directrice en charge de la diversité chez General Electric (2002-2017) et aujourd’hui consultante. Chaque trimestre, il faudra leur demander : “Où en êtes-vous ?” Et dans six mois : “Quel est votre bilan ?” Est-ce qu’une équipe vérifie où va l’argent ? Est-ce que quelqu’un analyse l’impact dans la communauté ? »

Facebook a promis de consacrer 100 millions de dollars par an à des fournisseurs noirs à compter de 2021, soit un triplement de ces dépenses par rapport à 2019. Le groupe publie des rapports détaillant les dépenses envers ses fournisseurs selon que ces entreprises sont détenues par des minorités ethniques, des femmes, des anciens combattants, entre autres, et entend affiner encore ses données, a indiqué une porte-parole. Facebook va également consacrer 100 millions de dollars de subventions et de crédits publicitaires à des créateurs, chefs de petite entreprise et associations à but non lucratif issus de la communauté noire, a précisé la porte-parole.

Le patron de Walmart, Doug McMillon, a déclaré avoir réuni une équipe de sept personnes, dont lui-même, qui veillera à suivre et rendre publics les progrès accomplis par l’entreprise en termes d’égalité raciale et de diversité. JPMorgan Chase entend faire part régulièrement de ses avancées à l’équipe dirigeante ainsi qu’à un groupe de conseillers extérieurs.

Parmi les engagements financiers les plus importants, certains visent à financer des prêteurs en contact avec les communautés noires. Selon les cadres de ces établissements financiers, ces ressources produisent un effet ricochet car elles leur permettent de prêter davantage aux propriétaires et chefs d’entreprise noirs, ce qui contribue au développement du patrimoine des familles noires. En définitive, les résultats seront là si les communautés noires desservies par ces prêteurs constatent une augmentation du nombre de petites entreprises dynamiques, une amélioration de l’emploi et une hausse du revenu et du patrimoine des ménages.

Des initiatives très médiatisées, comme l’attribution par Netflix de 100 millions de dollars en espèces à des prêteurs communautaires — les premiers 10 millions ayant été affectés cet été à Hope Credit Union, dans le Mississipi — ont permis d’attirer d’autres engagements se chiffrant en millions de dollars, indique Bill Bynum, le patron de Hope Credit Union.

« Mis à part le très léger désagrément d’avoir des comptes dans plusieurs établissements, il n’y a vraiment aucun coût ou risque » particulier à placer son argent dans des banques appartenant à la communauté ou auprès de prêteurs communautaires, affirme M. Kramer, de la Harvard Business School.

Bank of America, qui comptait lancer un programme de 500 millions de dollars pour promouvoir l’égalité raciale et les opportunités économiques, a décidé en juin de doubler ses engagements, a fait savoir une porte-parole de la banque. La moitié de la somme sera dédiée à des investissements dans des entreprises, au travers par exemple de l’acquisition de petites participations au capital de banques détenues par des minorités et des prêteurs communautaires. Les prêts aux établissements financiers axés sur le développement communautaire atteindront « le point d’équilibre, voire une meilleure rentabilité, grâce aux excellents historiques de remboursement » de ces prêteurs, a ajouté la porte-parole.

Des investissements comme ceux de Bank of America jouent le rôle de catalyseur pour ces prêteurs communautaires, explique Darrin Williams, le patron de Southern Bancorp, dans laquelle Bank of America a pris une participation. Southern Bancorp, qui est présente essentiellement dans l’Arkansas et le delta du Mississipi, compte utiliser une partie de ces fonds propres pour se développer sur de nouveaux marchés.

D’autres types d’engagements sont plus difficiles à suivre. Souvent, les dons ou montants affectés à des initiatives internes ne sont « pas totalement nouveaux, il s’agit plutôt de récapituler ou d’annoncer des programmes déjà en cours », note Laszlo Bock, un ancien dirigeant de Google aujourd’hui patron de la start-up Humu, spécialisée dans les ressources humaines. M. Bock ajoute que les entreprises incluent parfois dans les montants « donnés » les coûts salariaux des employés participant aux initiatives.

Garantir l’impact effectif des engagements annoncés cette année nécessitera « un effort actif, dédié et appliqué », même si l’attention du public se réoriente vers d’autres sujets, estime Cyrus Mehri, avocat des droits de la personne qui a remporté certaines des plus grandes affaires de discrimination raciale aux Etats-Unis.

« Tout se résume à la question : le PDG est-il lui-même engagé, et l’entreprise a-t-elle des structures durables en place ? En d’autres termes, avez-vous des comptes à rendre ? »

Sarah E. Needleman a contribué à cet article.

Traduit par Anne Montanaro.

Traduit à partir de la version originale en anglais

La réforme territoriale à balkanisé les politiques sociales

La réforme territoriale à balkanisé les politiques sociales 

Inspecteur honoraire de l’action sanitaire et sociale, ancien directeur de la délégation territoriale du Rhône de l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne Rhône Alpes.

En application d’un décret du 9 décembre et pour la première fois depuis 1964, le ministère des solidarités et de la santé se trouve dépourvu de services déconcentrés propres en charge du « social », déplore, dans une tribune au « Monde », Jean-Marc Tourancheau, inspecteur honoraire de l’action sanitaire et sociale.

Tribune.

 

Le ministère des solidarités et de la santé – dans son versant solidarités – est une des victimes de la réforme territoriale de l’Etat, dont les principes ont été fixés par un décret du 9 décembre 2020 relatif « à l’organisation et aux missions des directions régionales de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités, des directions départementales de l’emploi, du travail et des solidarités et des directions départementales de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations ».

Comme cela a été précisé le 9 décembre, en conseil des ministres, lors de la présentation de ce décret, cette organisation vise à « créer le service public de l’insertion et soutenir le tissu économique » et signe la fin de services territoriaux propres du ministère en charge des solidarités, une première depuis cinquante-six ans…

Ces services sont probablement ceux qui ont été les plus « triturés » par réduction régulière de leur champ de compétences, à travers une série d’étapes successives : la décentralisation de 1981, la création des agences régionales d’hospitalisation (ARH) en 1996, puis la réforme de l’administration territoriale de l’Etat (RéATE) en 2008 et la création des agences régionales de santé (ARS) en 2010. Auparavant, par un décret du 30 juillet 1964, les directions départementales des affaires sanitaires et sociales (Ddass) avaient été créées, dont chacun à l’époque soulignait qu’elles constituaient une avancée. Il aura donc fallu cinquante-six ans pour passer de ce progrès reconnu… à son annulation.

De l’érosion des politiques sociales

Dans le domaine social, au niveau régional, est acté le regroupement des directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation et de l’emploi (Direccte) et des directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS). Au niveau du département, le regroupement se fait par la création des directions départementales de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS). Au-delà de cet aspect de « Meccano administratif », et par ailleurs de la nécessaire adaptation des services territoriaux aux exigences du terrain, cette approche appelle quelques observations.

Tout d’abord, pour la première fois depuis 1964, ce ministère se trouve dépourvu de services déconcentrés propres en charge du « social ». L’érosion des politiques sociales en a eu raison. Derrière cette faiblesse, que le secteur sanitaire n’a pas connue, se cache une absence de sens, de « souffle », que les services locaux essayaient tant bien que mal de suppléer, engoncés dans les procédures et les méandres de dispositifs administratifs empilés et, pour la plupart, éphémères.

 

« Pour un soutien économique intégrant les dimensions environnementales et sociales »

« Pour un soutien économique intégrant les dimensions environnementales et sociales »

Un collectif rassemblant des associations écologistes et des syndicats demande dans une tribune au « Monde » à ce que le soutien de l’Etat à une grande entreprise soit assorti de conditions environnementales et sociales, inscrites dans la loi.

Tribune.

 

 La crise du coronavirus, comme l’accélération des changements climatiques, démontrent l’échec de politiques basées sur le seul volontarisme des grandes entreprises. Ces dernières années, quelle firme n’a pas fait étalage de ses bonnes intentions ou promu une nouvelle initiative verte ou sociale ? Les mesures concrètes et les résultats qui auraient dû suivre, baisse des émissions de gaz à effet de serre ou réduction des inégalités, se font toujours attendre.

L’affichage de dirigeants d’entreprises conseillés par des agences de relations publiques masque mal des manœuvres aux conséquences désastreuses : jusqu’au cœur de la crise du coronavirus, les grandes entreprises polluantes, les banques qui investissent dans les énergies sales ou les groupes qui évitent soigneusement de payer leurs impôts en France, font pression sur l’Etat pour protéger leurs intérêts et saboter la transition écologique comme les acquis sociaux.

Le 3 avril dernier, le Medef réclamait ainsi au ministère de la Transition écologique et solidaire un moratoire sur certaines législations environnementales, telles que la loi sur l’économie circulaire ou la loi d’orientation des mobilités. Le 11 avril, son président déclarait qu’« il faudra se poser la question des RTT et des congés payés » pour les salariés français avant de faire – en apparence – marche arrière.

Dans le même temps, l’Association française des entreprises privées (Afep), qui regroupe 113 grands groupes français dont Total, BNP Paribas, Danone ou Airbus, recommandait par exemple un report d’au moins un an de la révision de la directive européenne sur les émissions industrielles de CO2 ou de la directive sur l’échange automatique et obligatoire d’informations financières, outil de la lutte contre l’évasion fiscale.

Le même lobbying destructeur est à l’œuvre depuis des décennies auprès des instances nationales, européennes ou internationales. Depuis la signature de l’Accord de Paris de décembre 2015, les majors pétrolières et gazières, dont la française Total, ont dépensé au moins un milliard de dollars en relations publiques et travail d’influence pour « étendre leurs opérations en matière d’énergies fossiles », alors qu’elles s’affichent toutes en soutien à la transition écologique.

Au niveau européen, les normes timides sur les émissions de CO2 des véhicules ont fait l’objet de pressions intenses des constructeurs automobiles sur les législateurs. Dans le cadre de la loi sur l’économie circulaire, LVMH a obtenu du gouvernement français de pouvoir continuer d’envoyer des invendus neufs à la broyeuse pour « recyclage », tout en se présentant comme leader de la mode durable. Comment faire encore une fois confiance à des dirigeants d’entreprises qui font le contraire de ce qu’ils prônent publiquement depuis des années ?

Après le Coronavirus: des conséquences économiques et sociales considérables

Après Coronavirus: des conséquences économiques et sociales considérables 

C e qui caractérise la compétence des politiques, c’est leur capacité à anticiper les événements et la pertinence de leurs décisions en cas de crise. De ce point de vue, le gouvernement actuel ne répond à aucun de ces deux critères.

Pour la crise sanitaire, il est clair qu’il a toujours environ trois semaines de retard. Pour preuve en est toujours dans l’incapacité dans une situation de guerre de produire et de fournir les masques nécessaires. Pour l’instant à la fin du mois de mars la France peut produire au maximum 8 000 masques  quand il en faudrait près de 40 000 par semaine. Deux mois après le début de la crise sanitaire mondiale, la France ne peut annoncer que des commandes  dont on attend désespérément la venue.

Le Premier ministre s’est  même refusé à toute réquisition. Ne parlons pas de la carence en matière d’appareils respiratoires, de médicaments de traitement et surtout de personnel. Ce que Macron a été capable d’annoncer, c’est une prime et plus tard c’est-à-dire à la saint-glinglin un plan massif pour l’hôpital sans rien préciser de son contenu.

 Sur le plan économique, l’impréparation du gouvernement est peut-être encore plus dramatique. En effet, la France va connaître une dépression inconnue depuis la seconde guerre mondiale voire depuis 1929. Nombre d’entreprises ne pourront pas résister à cette crise en dépit des prêts qu’on leur propose. On va assister à des défaillances massives surtout de PME mais pas seulement ( les dégâts seront terribles dans le transport aérien, dans le tourisme dans la restauration notamment). Les hypothèses de baisse de croissance évoquée par le gouvernement comme par des experts sont ridicules.

 Il y a encore quelques jours, Bruno Lemaire évoquait une baisse du PIB de l’ordre de 1 % annulant ainsi l’objectif de 2020. Ensuite, il a parlé d’une baisse du PIB de 1 %. Certains experts qui ne veulent pas désespérer les acteurs économiques et les ménages ont parlé de 5 %. Des hypothèses complètement fantaisistes et irresponsables car elles ne permettent pas de préparer la sortie de crise.

Sur la tendance nous perdons actuellement environ 3 % de croissance du PIB par mois. Au minimum la baisse sera de 20 % à condition de relancer la dynamique économique à la rentrée. Pour l’instant, il n’y a pas la moindre esquisse d’un plan de sortie. Comme il ne faut pas trop compter sur une reprise à l’identique du commerce international qui va mettre du temps à se restructurer et à se réveiller, il convient évidemment de relancer un plan sans précédent d’investissements en direction des équipements collectifs et des activités de la vie et de l’environnement. Parallèlement, il convient aussi de soutenir le pouvoir d’achat des ménages pour que ce dernier -qui soutient la croissance française- ne s’écoule pas brutalement .

 Pendant la crise en effet nombre de dépenses ont été reportées par les ménages mais beaucoup ont été simplement et purement annulées. La crainte de l’avenir, avec la vague de défaillance d’entreprise et la montée  du chômage, rendra ses ménages encore très prudents. Il faudra aussi prévoir une crise de l’immobilier car nombre de ménages ayant emprunté de manière excessive au regard de l’évolution des revenus ne pourront faire face à leurs charges financières. Bref si l’on veut mieux faire face à la crise économique qu’on a fait face à la crise sanitaire, il est grand temps de s’en préoccuper afin d’essayer de relancer la machine dès la rentrée voir dès l’été si le Coron virus est maîtrisé d’ici là.

Retraites: Macron équilibriste entre marqueurs de droite et concessions sociales ( Jérôme Jaffré)

Retraites: Macron équilibriste entre marqueurs de droite et concessions sociales ( Jérôme Jaffré) 

 

Lors du club de l’économie du Monde , Jérôme Jaffré, directeur du Cecop (Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique) a décrypté la problématique très politique de Macron vis-à-vis des retraites. En effet, il doit en même temps plaire aux électeurs de droite mais aussi ne pas trop déplaire à la gauche qui a contribué à son élection mais qui le lâche aujourd’hui.

 » Il faut s’arrêter sur l’affront fait à la CFDT. Au premier tour de la présidentielle de 2017, 48 % des sympathisants de ce syndicat avaient voté Emmanuel Macron. Aujourd’hui, le président de la République leur tourne le dos en instituant une mesure d’âge qui hérisse Laurent Berger. Pourquoi ? On peut émettre une hypothèse : s’il n’avait proposé qu’une réforme systémique, le président de la République se serait exposé aux vives critiques de l’électorat de droite qui lui aurait reproché de construire une usine à gaz, de distribuer des milliards, de creuser les déficits et de mal gérer le pays. Politiquement, c‘était très dangereux. Le risque était de devoir agir en urgence juste avant la présidentielle de 2022. Tant qu’à avoir un conflit, autant essayer de régler tous les problèmes en même temps.

En adoptant une telle posture, le chef de l’Etat espère conforter son image de réformateur tout en incarnant le retour de l’autorité, axe majeur pour séduire l’électorat de la droite mais il y a trois risques : le pourrissement, l’isolement, le ressentiment.

Le pourrissement fait que les grévistes devront un jour reprendre le travail, mais s’ils le font avec le sentiment qu’il y a eu un minimum de concession, la cohésion sociale du pays sera en souffrance. Or, le président de la République en est le garant.

L’isolement est la marque du macronisme : pas d’allié, pas de soutien. Au-delà des « marcheurs », qui ne sont qu’un club de supporteurs, les soutiens sont faibles dans le pays. Cela peut devenir dangereux en vue d’un éventuel second quinquennat car, si le ressentiment devient trop fort, une partie des électeurs peut considérer que le choix se fait entre la peste et le choléra. Même dans l’hypothèse d’un duel face à Marine Le Pen en 2022, Emmanuel Macron a besoin de récupérer une partie des électeurs de gauche. C’est la raison pour laquelle il a laissé dire qu’il fallait assouplir par rapport à ce que le premier ministre, Edouard Philippe, avait dit. L’assouplissement est une condition absolue pour surmonter le conflit, mais il faut en même temps garder un certain nombre de marqueurs, annoncer qu’on a réussi à mettre fin aux régimes spéciaux, même s’il faut examiner derrière les transitions. Assouplissement et marqueurs : c’est cet équilibre que recherche Emmanuel Macron. »

Aides sociales : non aux contreparties, oui à l’accompagnement (Laurent Berger)

Aides sociales : non aux contreparties, oui à l’accompagnement (Laurent Berger)

 

 

Le secrétaire général de la CFDT a sans doute raison de s’opposer à des contreparties de nature punitive en compensation des aides sociales. Il préfère qu’on consacre un accompagnement plus approfondi vis-à-vis de ces personnes notamment pour permettre la réinsertion sociale.Édouard Philippe, le Premier ministre, a osé aborder un tabou : celui des compensations de travail en contrepartie des aides sociales. Il y a deux manières de réfléchir à cette question : soit de remettre en cause le niveau de ces aides, soit d’exiger un travail. Force est de constater que pour des salaires voisins du SMIC, il est parfois plus intéressant de bénéficier des différentes aides sociales dans le RSA que de travailler. On pourrait aussi conclure que la faute revient au bas niveau du SMIC. La situation devient un peu incohérente quand certaines personnes ne touchent qu’un salaire de l’ordre de 800 € pour 25 heures. Il est clair que le salarié doit alors engager des dépenses de déplacement, de restauration, de garde des enfants alors qu’en bénéficiant des aides sociales il réduirait notablement ses dépenses pour gagner finalement davantage. On  pourrait faire le même constat vis-à-vis des personnes bénéficiant de l’allocation chômage par rapport à ceux qui travaillent. Il y a là un vrai problème à multiples facettes mais qui freine sérieusement l’embauche et par parenthèse favorise la venue  d’immigrés d’Europe ou d’ailleurs et qui sont moins délicats que les Français en matière de conditions de travail. S’ajoute à cela une perte générale de la valeur travail qui affecte non seulement les plus défavorisés mais aussi les cadres. Un sujet tabou donc quand on est responsable politique. Demander des « contreparties » au versement d’aides sociales, comme l’a évoqué vendredi le Premier ministre Édouard Philippe, ne doit pas se « faire de façon punitive », a estimé dimanche la ministre de la Santé Agnès Buzyn, pour qui « tout le monde ne peut pas retourner vers l’emploi ». Le problème est bien connu il s’agit des déficiences de nos systèmes de réinsertion qui n’incite guère à la reprise du travail. Enfin et peut-être surtout des énormes insuffisances du système de formation qui brasse 35 milliards par an mais dont une partie minime va en direction des personnes sans emploi. Cela en dépit de la récente loi qui n’a pas changé grand-chose car les institutions continuent de se partager cet énorme fromage. Manque de formation et incitation défaillante de la réinsertion explique une grande partie des les aides sociales des chômeurs mêmes s’il est clair que la solidarité doit s’exercer sans contrepartie en direction de personnes dans des situations dramatiques. Pour  Laurent Berger sur France Inter. “La bonne manière de prendre les choses, c’est l’accompagnement des personnes qui sont aujourd’hui en situation soit de précarité, soit d’exclusion.”

Des contreparties aux aides sociales ?

Des contreparties aux aides sociales ?

 

Édouard Philippe le premier ministre a osé aborder un tabou : celui des compensations de travail en contrepartie des aides sociales. Il y a deux manières de réfléchir à cette question : soit de remettre en cause le niveau de ces aides, soit d’exiger un travail. Force est de constater que pour des salaires voisins du SMIC, il est parfois plus intéressant de bénéficier des différentes aides sociales dans le RSA que de travailler. On pourrait aussi conclure que la faute revient au bas niveau du SMIC. La situation devient un peu incohérente quand certaines personnes ne touchent qu’un salaire de l’ordre de 800 € pour 25 heures. Il est clair que le salarié doit alors engager des dépenses de déplacement, de restauration, de garde des enfants alors qu’en bénéficiant des aides sociales il réduirait notablement ses dépenses pour gagner finalement davantage. On  pourrait faire le même constat vis-à-vis des personnes bénéficiant de l’allocation chômage par rapport à ceux qui travaillent. Il y a là un vrai problème à multiples facettes mais qui freine sérieusement l’embauche et par parenthèse favorise la venue  d’immigrés d’Europe ou d’ailleurs et qui sont moins délicats que les Français en matière de conditions de travail. S’ajoute à cela une perte générale de la valeur travail qui affecte non seulement les plus défavorisés mais aussi les cadres. Un sujet tabou donc quand on est responsable politique. Le problème c’est que Édouard Philippe n’a pas forcément la légitimité pour évoquer cette question puisque comme Macron, il est plutôt représentant des plus défavorisés.“Est-ce qu’on demande des choses en contrepartie des mécanismes de solidarité?”, a demandé Le premier ministre lors d’un échange avec des élus locaux et des dirigeants de PME dans le Finistère organisé dans le cadre du “grand débat national”. “C’est un débat totalement explosif.”“Moi, ma conviction, qui est une conviction personnelle, c’est que compte tenu de l’importance de nos mécanismes de solidarité, compte tenu de nos finances publiques, compte tenu de la situation d’un pays qui est en croissance mais qui reste avec un niveau de chômage élevé, il faut qu’on s’interroge sur ces contreparties”, a-t-il ajouté. “Il faut qu’on regarde ce qu’on peut réfléchir avec nos concitoyens comme contrepartie au versement obligatoire”, a-t-il poursuivi. “C’est indispensable d’avoir des mécanismes de solidarité pour ceux qui sont dans la difficulté, on est un pays où la solidarité ça compte, il ne s’agit pas de revenir en arrière, il s’agit de s’interroger sur ‘est-ce que cette solidarité, elle peut s’accompagner de contreparties, d’activités, d’activités d’intérêt général’?”

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