Archive pour le Tag 'Social'

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Social-Enseignants : des salaires de misère

Social-Enseignants : des salaires de misère


Emmanuel Macron a annoncé jeudi 20 avril une hausse du salaires des enseignants, « entre 100 et 230 euros net en plus par mois », dès septembre prochain, Une réponse très partielle au salaire de misère de la profession.

Durant la première année de titularisation, les professeurs des écoles et les titulaires d’un Capes touchent 1 700 euros net par mois. Ce salaire monte à 1 900 euros avec les primes. Ensuite, il évolue pendant leur carrière, selon leur ancienneté et selon leur poste. En moyenne, un enseignant touche 2 600 euros net par mois, soit moins que la moyenne des pays de l’OCDE. Surtout, les rémunérations n’ont pas suivi le coût de la vie : le pouvoir d’achat des profs a chuté depuis 40 ans.

D’après les derniers chiffres de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, publiés en octobre dernier, on voit que les enseignants déclarent travailler entre 40 et 43 heures par semaine, soit davantage que la moyenne des travailleurs français, qui est de moins de 37 heures par semaine, selon le service statistiques du ministère du Travail.

Concrètement, les enseignants donnent entre 17 à 20 heures de cours par semaine au collège et au lycée, 25 heures au primaire. Mais cette durée déclarée ne représente que le travail visible. Au secondaire, pour chaque heure de cours donnée, il faut ajouter une heure de préparation et de correction des copies.

Social -Pouvoir d’achat: Augmenter les salaires de 10%

Social -Pouvoir d’achat: Augmenter les salaires de 10%

Macron a soigneusement évité de parler de façon précise et concrète de la question centrale du pouvoir d’achat des ménages lors de son allocution télévisée. Contrairement aux affirmations du gouvernement et de certains experts, l’inflation ne ralentit pas et va même se maintenir à peu près autour de 6 % sur un an cours de l’année 2023. À peu près le même chiffre de progression des prix qu’en 2022.Les deux progressions des prix évidemment se cumulent. Sur deux ans, ce sera donc une augmentation supérieure à 13 %. À noter en plus l’augmentation particulière de l’alimentaire qui atteint officiellement 15 % et dont les professionnels pensent qu’elle ira jusqu’à 20 %.Officiellement , les augmentations moyennes des salaires auraient progressé de 4 % en 2022. Avec la nouvelle inflation de 2023, on est donc loin du compte. Pour ramener les salaires au même niveau qu’en 2021, il faudrait donc augmenter les salaires d’environ 10 %.

Bref, face à une augmentation officielle des prix de 6 % le SMIC sera augmenté d »environ 30 €, c’est trop !

La vérité c’est que face à l’emballement exceptionnel de l’inflation il aurait fallu augmenter les salaires de l’ordre de 10 % en 2023 le pouvoir d’achat. En attendant environ 40 % des plus défavorisés sont contraints de diminuer le nombre de repas ou leur importance.

Compte tenu du niveau de l’inflation qui a atteint 5,7% en mars sur un an, le salaire minimum va de nouveau augmenter d’environ 30 euros net au 1er mai.

La Première ministre Elisabeth Borne a assuré ce vendredi que le Smic augmenterait « d’un peu plus de 2% » au 1er mai et appelé les entreprises à « renégocier les grilles salariales » pour défendre le pouvoir d’achat après une inflation en mars un peu plus forte qu’envisagée.

Cette inflation qui a atteint 5,7%, soit légèrement plus que les 5,6% initialement prévus par l’Insee, va conduire mécaniquement « à une revalorisation du Smic au 1er mai d’un peu plus de 2% », portant à 6% son augmentation sur un an, a expliqué la cheffe du gouvernement lors d’un déplacement à Hanches, en Eure-et-Loir.

Selon le cabinet du ministre du Travail Olivier Dussopt, la hausse sera de 2,19%. Le Smic net mensuel sera ainsi revalorisé de 30 euros à 1383 euros pour un temps plein de 35 heures. Lors de la visite d’un hypermarché, qui a été interrompue à plusieurs reprises par quelques manifestants hostiles à la réforme des retraites, Elisabeth Borne a appelé les entreprises à « renégocier au plus vite les grilles salariales » pour les employés afin que les salariés qui gagnent un peu plus que le smic ne soient pas pénalisés.

Le renoncement du gouvernement au dialogue social

Le renoncement du gouvernement au dialogue social ( Xavier Bertrand)

Le président LR de la région Hauts de France, Xavier Bertrand, actuellement relativement à l’écart de son parti, a dénoncé une réforme des retraites « profondément injuste » et plaidé pour une « politique radicalement différente ». Une manière aussi de dénoncer le positionnement des républicains à la foie complice et cocu de cette fausse réforme injuste et inefficace

Xavier Bertrand dénonce la méthode employée par le gouvernement sur les retraites. « Je pense depuis le début qu’on pouvait très clairement faire autrement sur cette réforme » des retraites, a affirmé dimanche sur BFMTV le président Les Républicains de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand.

Jugeant cette réforme « profondément injuste », Xavier Bertrand a estimé que le gouvernement avait « renoncé au dialogue social », alors que la réforme portée par l’exécutif fait face à l’opposition des principaux syndicats. Il est lui-même favorable à un allongement de la durée de cotisation plutôt qu’un recul de l’âge de départ à la retraite comme prévu par la réforme actuelle.

Il a aussi plaidé pour un « changement de méthode » et une « politique radicalement différente ».

« Nous sommes dans un moment extrêmement critique et nous allons dans le mur », a assuré le président de la région Hauts-de-France.
S’il devait avoir lieu, « le changement de casting (gouvernemental, NDLR) ne changera absolument rien si le président ne sort pas du déni qu’il n’a pas de majorité absolue et que donc il ne pourra faire aucune réforme d’ampleur », a déclaré Xavier Bertrand dimanche sur BFMTV.

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Social-Augmenter les salaires de 10%

Social-Augmenter les salaires de 10%

Contrairement aux affirmations du gouvernement et de certains experts, l’inflation ne ralentit pas et va même se maintenir à peu près autour de 6 % sur un an cours de l’année 2023. À peu près le même chiffre de progression des prix qu’en 2022.Les deux progressions des prix évidemment se cumulent. Sur deux ans, ce sera donc une augmentation supérieure à 13 %. À noter en plus l’augmentation particulière de l’alimentaire qui atteint officiellement 15 % et dont les professionnels pensent qu’elle ira jusqu’à 20 %.Officiellement , les augmentations moyennes des salaires auraient progressé de 4 % en 2022. Avec la nouvelle inflation de 2023, on est donc loin du compte. Pour ramener les salaires au même niveau qu’en 2021, il faudrait donc augmenter les salaires d’environ 10 %.

Bref, face à une augmentation officielle des prix de 6 % le SMIC sera augmenté d »environ 30 €, c’est trop !

La vérité c’est que face à l’emballement exceptionnel de l’inflation il aurait fallu augmenter les salaires de l’ordre de 10 % en 2023 le pouvoir d’achat. En attendant environ 40 % des plus défavorisés sont contraints de diminuer le nombre de repas ou leur importance.

Compte tenu du niveau de l’inflation qui a atteint 5,7% en mars sur un an, le salaire minimum va de nouveau augmenter d’environ 30 euros net au 1er mai.

La Première ministre Elisabeth Borne a assuré ce vendredi que le Smic augmenterait « d’un peu plus de 2% » au 1er mai et appelé les entreprises à « renégocier les grilles salariales » pour défendre le pouvoir d’achat après une inflation en mars un peu plus forte qu’envisagée.

Cette inflation qui a atteint 5,7%, soit légèrement plus que les 5,6% initialement prévus par l’Insee, va conduire mécaniquement « à une revalorisation du Smic au 1er mai d’un peu plus de 2% », portant à 6% son augmentation sur un an, a expliqué la cheffe du gouvernement lors d’un déplacement à Hanches, en Eure-et-Loir.

Selon le cabinet du ministre du Travail Olivier Dussopt, la hausse sera de 2,19%. Le Smic net mensuel sera ainsi revalorisé de 30 euros à 1383 euros pour un temps plein de 35 heures. Lors de la visite d’un hypermarché, qui a été interrompue à plusieurs reprises par quelques manifestants hostiles à la réforme des retraites, Elisabeth Borne a appelé les entreprises à « renégocier au plus vite les grilles salariales » pour les employés afin que les salariés qui gagnent un peu plus que le smic ne soient pas pénalisés.

Un nouveau contrat social pour la transition écologique

Un nouveau contrat social pour la transition écologique

par Emmanuel Combet
Docteur en économie (Phd), Sénior économiste à l’Ademe, Chercheur associé à la Chaire Energie et Prospérité, Ademe (Agence de la transition écologique)

Patrick Jolivet
Directeur des études socio-économiques, Ademe (Agence de la transition écologique) dans the Conversation

Un article intéressant qui propose un nouveau contrat social pour la transition écologique. Soulignons cependant que l’approche est surtout macro économique et que les principales solutions passent par la fiscalité. S’il devait y avoir un nouveau contrat social encore faudrait-il qu’il soit négocié avec les forces économiques et sociales pour aboutir à des diagnostics et des perspectives partagés. NDLR

L’Europe subit depuis 2021 des chocs douloureux sur les prix des énergies qui résultent du cumul de plusieurs facteurs : la reprise de l’activité économique après la crise du Covid-19, la guerre en Ukraine qui a contraint les approvisionnements en gaz et en pétrole, les effets de ce conflit sur le marché européen de l’électricité.

Ce contexte d’énergie rare et chère est douloureux, mais il donne un signal politique et économique fort : il souligne l’importance de diversifier les approvisionnements pour assurer notre sécurité énergétique et l’intérêt d’une sobriété pour réduire nos besoins. Ces efforts feront baisser les factures et préserveront nos capacités d’investissement ; mais elles feront aussi refluer les prix des énergies fossiles, au risque de relâcher les efforts de transformation profonde de nos modes de production, de consommation et de vie, nécessaires pour atteindre nos objectifs climatiques.

Aujourd’hui, comment maintenir ce signal politique et économique fort, d’une manière équitable et économiquement viable ?

Avant la révolte des « gilets jaunes » (2018), qui a mené au gel de la taxe carbone, c’est la progression de la fiscalité énergétique qui devait jouer ce rôle de signal.

Cette politique était prise isolément et considérée comme un sujet plutôt technique : sa valeur était déterminée par les experts, ses modalités instaurées par l’administration, sa hausse votée par les parlementaires.

L’épisode des « gilets jaunes » a mis en lumière les limites de cette approche : la valeur du carbone, qui renchérit les énergies fossiles et nous incite à réduire nos consommations, rénover, acheter de nouveaux équipements, restructurer nos systèmes productifs et respecter les nouvelles normes et obligations, a de très larges implications économiques, sociales et politiques. Ces dernières doivent être envisagées et débattues collectivement.

Rappelons que par « valeur du carbone », on entend la valeur que l’économie et notre société donnent aux actions mises en œuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment via les taxes, subventions, quotas, normes et réglementations, etc.).

Diagnostiquer les difficultés et les solutions
Pour trouver des réponses plus complètes à ces difficultés, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a organisé tout au long de l’année 2021 une série de séminaires sur les conditions sociales, économiques, juridiques et politiques qui permettraient d’instituer une valeur croissante et équitable du carbone.

Ce travail collectif, qui a impliqué plus d’une trentaine d’intervenants et de 250 participants, vise à offrir un diagnostic partagé des difficultés, des pistes de solution, des arbitrages principaux et des voies de compromis possibles entre nos objectifs sociaux, économiques et écologiques.

Résultat de ces consultations, le document « Pour un contrat social de transition. Propositions pour une réforme équitable de la valeur du carbone » propose 4 principes et 10 recommandations pour construire une politique cohérente de conciliation de ces objectifs. Ces propositions se fondent sur une revue approfondie de la littérature disponible et un rapport d’analyse détaillée.

Plusieurs enjeux ressortent de ce diagnostic.

La valeur du carbone doit progresser

Le premier enjeu concerne la nécessité de faire progresser la valeur du carbone. Si, sur une longue période, les énergies fossiles bon marché ont permis une démocratisation de services énergétiques, elles ont construit nos dépendances actuelles. Et il serait contre-productif de maintenir artificiellement des prix bas.

Depuis les années 1960, le prix réel des carburants et la fiscalité des énergies fossiles sont en effet restés globalement stables, alors même que l’efficacité énergétique des véhicules s’est fortement améliorée.

Une heure de travail au smic suffit aujourd’hui à financer l’essence pour parcourir 100 km. Il en fallait six en 1960. En revanche, un logement ancien en centre-ville coûte aujourd’hui sept fois plus cher qu’alors.

La baisse du prix de la mobilité, longtemps vécue comme un progrès social, est devenue un piège pour les populations dépendant fortement de l’automobile, pour la qualité de l’air et pour le climat. Un piège pour ceux qui ont des horaires atypiques, qui vivent hors des centres-villes ; pour les agriculteurs, les routiers, les pêcheurs, dont le mode de vie repose encore sur l’usage quotidien des énergies fossiles.

Une faible valeur du carbone coûte cher aussi au plan macroéconomique et pour les finances publiques. La facture des importations d’énergie fossile est élevée et les subventions pour limiter les hausses de prix importantes.

La facture énergétique extérieure a ainsi plus que doublé, passant de 45 milliards d’euros en moyenne avant 2021 à plus de 100 milliards en 2022.

La part des revenus des Français qui a été consacrée à payer la rente des pays exportateurs avait déjà pratiquement doublé lors de la première décennie 2000. Le « bouclier tarifaire », qui a pour objectif de limiter l’augmentation des prix de l’énergie pour les consommateurs français, coûtera de l’ordre de 45 milliards de fonds publics en 2023, soit 1,7 point de PIB, après avoir coûté près de 35 milliards en 2022. Au total, ce sont autant de milliards d’argent public qui ne sont plus disponibles pour consommer, investir, financer la transition écologique ou notre protection sociale.

Pour rappel, le rapport Quinet (2019) estimait que la valeur du carbone (exprimée en euros par tonne de CO2) devrait progresser à environ 250 € en 2030, 500 € en 2040, 800 € en 2050, pour pouvoir atteindre l’objectif de neutralité carbone.

Quelle que soit la combinaison de taxes, normes et obligations à instaurer, il s’agit de l’ordre de grandeur des coûts que les entreprises, ménages et administrations publiques devront assumer pour réduire les émissions et financer les investissements nécessaires. Pour toutes ces raisons, la discussion doit porter sur la façon, la moins coûteuse socialement et économiquement, de relever la valeur du carbone.

Les politiques publiques à privilégier sont donc celles qui suppriment progressivement les subventions aux énergies fossiles et renforcent la valeur du carbone, tout en conciliant ces objectifs avec ceux de protection des ménages et des entreprises vulnérables, de financement des alternatives bas carbone, de maîtrise des coûts de production, de l’inflation et des déficits.

Trois sujets majeurs de négociation se trouvent au cœur de ces « politiques de conciliation ».

Un bon équilibre doit être trouvé entre des ressources nouvelles – apportées par les hausses de fiscalité environnementale, les baisses de dépenses fiscales et budgétaires défavorables à l’environnement –, et des besoins en dépenses nouvelles.

Dans ce cadre, se limiter à considérer la fiscalité environnementale et l’usage de ses recettes n’est pas suffisant. Par exemple, une augmentation de 18 €/an de fiscalité carbone dès 2023 pour atteindre 230 €/tCO2 en 2030 rapporterait environ 5 milliards de plus par an, ce qui est insuffisant pour financer l’ensemble des dépenses nouvelles.

Le Think Tank I4CE estime que le supplément d’investissements publics nécessaires pour atteindre les objectifs de la deuxième stratégie nationale bas carbone serait de l’ordre de 24 milliards de plus d’ici à 2030.

Les recettes d’une hausse (encore hypothétique) de fiscalité carbone ne seront donc pas suffisantes pour accompagner cet effort d’investissement tout en finançant également les mesures pour maîtriser les coûts de production et accompagner les plus vulnérables. Les marges de manœuvre budgétaires sont par ailleurs dépendantes d’objectifs plus globaux sur l’évolution des finances publiques.

Accompagner les plus vulnérables
Un équilibre doit aussi être trouvé entre des aides attribuées de façon large, qui ont un coût budgétaire important et génèrent des effets d’aubaine, et des aides très ciblées, qui augmentent le coût de gestion et risquent de manquer certains publics.

Il s’agit d’envisager un dispositif de gestion décentralisée des aides, avec les collectivités et les partenaires sociaux, qui privilégierait le ciblage des ménages vulnérables qui ne disposent pas encore d’alternative à l’usage des énergies fossiles.

Les familles monoparentales sont durement touchées par la précarité énergétique. Shutterstock
L’analyse conduite par l’Ademe montre que le niveau de vulnérabilité ne recoupe que partiellement le niveau de richesse. À titre d’exemple, un quart des ménages qui se trouvent parmi les 10 % les plus pauvres émettent plus d’énergies fossiles qu’un quart des ménages qui se trouvent parmi les 10 % les plus riches. Parmi les 10 % les plus pauvres, la dépense additionnelle due à la hausse de taxe carbone et le rattrapage de la fiscalité du diesel en 2018 ont été pratiquement nuls pour les 10 % les moins consommateurs d’énergies fossiles, tandis que les 10 % qui en consommaient le plus ont dû faire face en moyenne à une dépense additionnelle de 227€.

Il existe en effet des situations très hétérogènes en fonction des localisations, des types d’habitats et des systèmes de chauffage, sans que quelques variables suffisent à résumer cette vulnérabilité. Pourtant, les systèmes d’aides existants (chèque énergie, prime à la reconversion des véhicules, prêts à taux zéro, etc.) sont aujourd’hui différenciés uniquement selon le critère de niveau de revenu.

Il s’agit là d’un sujet majeur pour améliorer l’équité et la possibilité de faire progresser la valeur du carbone.

Lever les exonérations et dérogations aux régulations environnementales
De nombreux secteurs d’activité professionnelle bénéficient aujourd’hui de taux réduits et de remboursements partiels de fiscalité environnementale (aviation, pêche, routiers, agriculture…), ou de quotas gratuits pour les installations soumises au marché européen de quotas échangeables (industries grandes consommatrices d’énergie).

Ces régimes dérogatoires sont appliqués pour préserver la compétitivité de ces secteurs, par exemple du fait de leur exposition à la concurrence internationale. Les dépenses fiscales défavorables à l’environnement étaient ainsi évaluées à 19,6 milliards d’euros en 2023..

L’évolution des régimes dérogatoires ne devra pas accroître la difficulté des entreprises et branches qui sont particulièrement vulnérables économiquement et qui ne disposent pas d’alternatives à l’usage des énergies fossiles à court terme (industrie, agriculture et pêche, transport routier, etc.).

Qu’elle soit initiée au niveau national ou européen, la levée progressive de ces régimes demandera des négociations ciblées de contrats d’engagement et de protection entre l’État et les branches professionnelles. Ces négociations devront porter sur l’ensemble de la fiscalité et sur les obligations auxquelles sont soumis ces secteurs d’activité, mais aussi sur les aides publiques dont ils bénéficient.

Vers un processus intégré
Outre la volonté d’ouvrir rapidement des négociations élargies sur l’ensemble des enjeux soulevés ici, la construction d’une politique de conciliation nécessitera un processus de pilotage et d’évaluation pluriannuel et pérenne.

Il ne s’agit en effet pas de créer un énième processus parallèle ni une nouvelle institution, mais plutôt d’inclure la question de la conciliation des enjeux dans l’ensemble des processus de politiques générales : la gouvernance des finances publiques, les négociations de contrats entre États et régions, mais aussi entre État et branches d’activité professionnelle.

Les arbitrages et les compromis réalisés dans ce cadre devront être partagés de façon transparente avec les parties prenantes et le grand public. Il ne s’agit rien de moins que d’assurer non seulement l’équité et l’efficacité de l’action publique, mais également sa lisibilité et sa crédibilité.

Social-Pouvoir d’achat : La prochaine explosion sociale

Social-Pouvoir d’achat : La prochaine explosion sociale

Le conflit sur les retraites pourrait se terminer dans une certaine confusion avec d’une part nombre de modifications (exemple l’index seniors ) qui font perdre à la réforme une partie de son intérêt financier. Mais peut-être aussi du fait de l’affaiblissement de la contestation syndicale après le 7 mars . Le problème est que le relais du mécontentement pourrait être repris avec la question brûlante du pouvoir d’achat et qui concerne immédiatement la plupart des Français et tout de suite .

En effet , l’année 2023 va surtout se caractériser par une énorme ponction sur les revenus en raison de la crise de la crise de l’énergie notamment qui a favorisé une hausse brutale de l’inflation de 6 à 7 % en 2022 à laquelle va s’ajouter une autre augmentation de même ampleur en 2023. En clair sur deux ans , les Français auront subi une perte de pouvoir d’achat loin d’être compensée totalement d’environ 15 %. Les postes les plus affectés concernent le carburant et les denrées alimentaires qui auront augmenté en deux ans de près de 25 % ! À cela il faut ajouter les augmentations générales des services y compris publics.

« Il y aura encore de l’inflation alimentaire tout au long du premier semestre 2023 », a prévenu Dominique Schelcher, PDG de Système U, lundi 27 février sur France Inter. « Nous allons répercuter progressivement un certain nombre de hausses à partir du 1er mars », a-t-il précisé en évoquant une hausse supplémentaire des prix « d’environ 10 % dans les semaines et mois qui viennent ».

Dans le meilleur des cas les salariés auront obtenu en moyenne autour de 4 % d’augmentation en 2022 est à peine en 2023. Le décalage entre la hausse des prix et les salaires ne fait donc que se creuser. Contrairement à ce qui est affiché par le pouvoir et des institutions proches du pouvoir, l’inflation n’est pas en situation de brutalement se retourner à la baisse. Au mieux il y aura stabilisation à partir de l’été mais rien n’est certain surtout compte tenu de l’instabilité géo stratégique qui pèse en particulier sur l’énergie.

Du coup , la question salariale pourrait bien prendre le relais de la grogne sur la réforme des retraites. Une grogne en l’état qui va nourrir un peu profond ressentiment vis-à-vis du gouvernement qui est passé par-dessus les 70 % de français qui étaient contre la réforme. Sans parler du débat bâclé à l’Assemblée nationale qui pose un véritable problème démocratique.

Sur la lancée, les organisations syndicales pourraient donc enrichir le mécontentement avec la revendication salariale sans doute des perspectives de mobilisation encore autrement plus importantes.

Le risque sanitaire et social demeure en Afrique

Le risque sanitaire et social demeure en Afrique

Mo Ibrahim, entrepreneur et philanthrope anglo-soudanais à la tête d’une Fondation éponyme, ne ménage pas ses efforts depuis l’arrivée du SARS-CoV-2 et appréhende les risques socio-économiques de la pandémie sur le continent. ( dans la Tribune)

La Covid-19 a fait relativement peu de victimes en Afrique à ce jour, pourtant la pandémie a fait les titres des journaux du monde entier. N’y a-t-il pas eu une hystérisation des débats dans les médias, alors que la malaria ou la faim tuent beaucoup plus chaque année sur le continent ?

En effet, s’il est important de ne pas minimiser la létalité de ce virus invisible, il convient de conserver une vision globale de la situation. Pour 47 % des membres récemment interrogés du « Now Generation Network » de la Fondation, le Coronavirus n’est pas le principal enjeu sanitaire auquel est confronté leur pays. Le paludisme, la malnutrition et les problèmes de santé mentale sont considérés comme des enjeux inquiétants, voire plus inquiétants. Cependant, il nous faut garder à l’esprit que la progression du Coronavirus est en pleine escalade. L’OMS prévoit même un véritable tsunami à l’automne. Nous devons rester prudents, car nous manquons de données fiables, en raison de la faiblesse des services d’enregistrement des décès dans de nombreux pays, mais aussi du fait d’approches différentes. Du reste, en Afrique, tous ceux qui toussent ne vont pas chez le médecin, et tous ceux qui suffoquent ne rentrent pas à l’hôpital…

Comment concilier intérêts économiques et enjeux sanitaires quand on sait que certains laboratoires stoppent des productions jugées économiquement peu rentables ?

Il serait impardonnable de sacrifier des vies sur l’autel du profit. Accorder aux profits davantage d’importance qu’aux personnes n’est pas envisageable. Nous devons être mus par des valeurs partagées, et non pas seulement par le cours de l’action. Voilà pourquoi je suis membre de « The B Team », une organisation mondiale à but non lucratif qui réunit des chefs de grandes entreprises, pour mettre au premier plan le bien-être des populations et de la planète. Voilà également pourquoi je suis signataire de l’ « Appel pour que le vaccin contre le COVID soit déclaré bien commun mondial », lancé par Muhammad Yunus [économiste du Bangladesh et fondateur de « Grameen Bank », la première institution de micro-crédit, Prix Nobel de la Paix en 2006, ndlr].

Débat social : pourquoi l’étatisation systématique

Réforme sociale : pourquoi l’étatisation systématique du débat

La plupart des deux partenaires en opposition sur la réforme des retraites à savoir le gouvernement et les organisations syndicales tombent dans le piège de l’étatisation du débat. Or dans le domaine social, l’État a rarement fait preuve de son efficacité et ce terrain n’est pas de sa responsabilité quand il ne met pas en cause l’intérêt général comme dans le code du travail. Il n’est pas normal que les organisations patronales et les organisations syndicales ne se soient pas saisies en priorité de la problématique du travail sous tous ses aspects. Ce n’est pas au gouvernement qui n’y connaît rien de décider seul de cette question. Il faut arrêter la folie de Macron de vouloir lui-même procéder aux réformes du champ social. Il n’en a ni la légitimité, ni la connaissance. Les réformes sociales (qui touchent aussi au plan économique la plupart du temps) doivent en priorité être débattue entre partenaires sociaux. Ce n’est qu’ensuite que le politique doit prendre le relais s’il y a lieu de légiférer.

Il serait temps que le Medef et les organisations syndicales de salariés tirent la sonnette d’alarme pour rappeler au chef de l’État son rôle et ses limites. Macron est en effet en train de transformer la démocratie française en autocratie où il se prend à la fois pour le syndicaliste en chef, pour le patron de toutes les entreprises, pour les organisations intermédiaires, pour le Parlement, pour le gouvernement et pour le monarque.

De ce point de vue, il y a sans doute une erreur du Medef à adopter une position qui consiste à faire le dos rond en acceptant finalement le transfert de responsabilité sociale sur le gouvernement.

Ce Medef doit aussi changer sa culture trop souvent réactionnaire et bien loin de ce qui se pratique en matière de négociation sociale dans les pays du Nord de l’Europe et en particulier en Allemagne. Le Medef et autres organisations patronales avec les syndicats doivent cogérer le débat sur les questions socioéconomiques.

Et les syndicats de salariés de leur côté ne doivent pas tomber dans le piège de la politisation de la problématique sociale. Il ne faut pas se tourner systématiquement vers les partis politiques, le Parlement, le gouvernement ou le chef de l’État. Il faut se retourner vers les chefs d’entreprises au niveau national et au plan local selon la nature des questions.

Les partenaires sociaux doivent aussi faire leur révolution culturelle et en quelque sorte se dépolitiser à tout point de vue.

Social: Le gouvernement refuse d’emblée la demande de médiation faite par la CFDT

Social: Le gouvernement refuse d’emblée la demande de médiation faite par la CFDT

Le gouvernement n’a pas attendu longtemps pour répondre à la demande de nomination de médiateurs pour résoudre la crise sociale, une demande exprimée par la CFDT et l’intersyndicale à laquelle le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a répondu très vite non.

La CFDT et l’intersyndicale souhaitent la nomination de médiateurs pour permettre une reprise officielle des contacts avec le gouvernement. Sur le fond l’intersyndicale demande de reprendre dans le bon sens la problématique à savoir parler d’abord du travail, des conditions de son exercice et seulement ensuite de ses conséquences, sur d’autres aspects comme la retraite. Bref la CFDT milite pour qu’on mette les 64 ans de côté de la réforme des retraites pendant le temps d’une discussion sur l’ensemble des questions de travail. Résumant son propos, Laurent Berger a ainsi conclu : « Ce que propose l’intersyndicale aujourd’hui, c’est un geste d’apaisement » qu’il « faut saisir ».

Ce que ne fera pas le gouvernement. « Nous saisissons la proposition de Laurent Berger de se parler, mais directement. Nul besoin de médiation », a ainsi répondu vertement le porte-parole du gouvernement Olivier Véran lors du compte-rendu du conseil des ministres.

« Le président de la République l’a dit : il est prêt à recevoir l’intersyndicale dès lors, parce que nous respectons nos institutions, que le Conseil constitutionnel se sera prononcé sur la conformité de notre texte de loi », a rappelé Olivier Véran, soit pas avant la fin du mois d’avril. « Ensuite, la Première ministre se tient à disposition des syndicats pour les recevoir très directement, pour pouvoir parler », a-t-il ajouté.

Présent au départ de la manifestation parisienne, le leader syndical a vivement réagi. « Ca va commencer à suffire les fins de non-recevoir à la discussion et au dialogue (…). C’est insupportable que la réponse soit une fin de non-recevoir », a-t-il asséné.

Les députés du MoDem, une des composantes de la majorité avec Renaissance et Horizons, ont aussi pris leurs distances avec la position du gouvernement. « C’est bien d’avoir une ou deux personnes pour essayer de retrouver le dialogue et avoir un certain recul », a souligné le président du groupe centriste Jean-Paul Mattei, lors d’un point presse à l’Assemblée nationale. « Un médiateur ne s’immisce pas dans le fond, il est là pour retrouver du liant et arriver à se parler, c’est ça qui est important. Il faut quelqu’un qui ne soit pas impliqué » directement sur la réforme, a insisté ce proche de François Bayrou.

« Je suis préoccupé (par) la situation », avait-il ajouté. «J’appelle le président de la République et la Première ministre à entendre qu’il y a une voie de sortie, mais que cela nécessite de faire un mouvement de leur côté », avait-il affirmé.

Laurent Berger avait, en outre, rappelé avoir proposé une « ouverture » en faisant une pause et en discutant « pendant six mois et du travail et des retraites ».

Social : Laurent Berger appelle à l’apaisement mais refuse de reculer sur l’âge de la retraite

Social : Laurent Berger appelle à l’apaisement mais refuse de reculer sur l’âge de la retraite

La Première ministre, Elisabeth Borne, a fait semblant de tendre la main à l’opposition politique et aux syndicats dimanche. Une main tendue avec une certaine hypocrisie estime Laurent Berger. « C’est quelle main tendue ? Je suis désolé de le dire comme ça, mais elle est où la main tendue, sur la question des retraites ? (Or) c’est le sujet actuel », a-t-il répondu.

« Si la main tendue, c’est rediscutons et travail et des retraites, et en mettant de côté pour l’instant la réforme qui a été adoptée par le 49-3, qui n’est pas validée par le Conseil constitutionnel (…), si ces deux sujets sont sur la table, on va discuter », a-t-il ajouté.
« Vous n’imaginez pas quand même qu’il y a deux millions de personnes dans la rue jeudi dernier », d’un côté et « qu’on (ne) va pas discuter des retraites si on est invités à discuter » d’un autre côté.

à propos de la journée de mobilisation de mardi, Laurent Berger a déclaré : « non, ce n’est pas forcément la dernière (…). On va au moins aller jusqu’au Conseil constitutionnel ». La décision de ce dernier est attendue d’ici à trois semaines. Et une nouvelle fois Laurent Berger a attiré l’attention sur les dangers de la colère qui monte.

Social: Pouvoir d’achat, prochaine bombe sociale

Social: Pouvoir d’achat, prochaine bombe sociale

Le conflit sur les retraites pourrait se terminer dans une certaine confusion avec d’une part nombre de modifications (exemple l’index seniors ) qui font perdre à la réforme une partie de son intérêt financier. Mais peut-être aussi du fait de l’affaiblissement de la contestation syndicale . Le problème est que le relais du mécontentement pourrait être repris avec la question brûlante du pouvoir d’achat et qui concerne immédiatement la plupart des Français et tout de suite .

En effet , l’année 2023 va surtout se caractériser par une énorme ponction sur les revenus en raison de la crise de la crise de l’énergie notamment qui a favorisé une hausse brutale de l’inflation de 6 à 7 % en 2022 à laquelle va s’ajouter une autre augmentation de même ampleur en 2023. En clair sur deux ans , les Français auront subi une perte de pouvoir d’achat loin d’être compensée totalement d’environ 15 %. Les postes les plus affectés concernent le carburant et les denrées alimentaires qui auront augmenté en deux ans de près de 25 % ! À cela il faut ajouter les augmentations générales des services y compris publics.

« Il y aura encore de l’inflation alimentaire tout au long du premier semestre 2023 », a prévenu Dominique Schelcher, PDG de Système U, lundi 27 février sur France Inter. « Nous allons répercuter progressivement un certain nombre de hausses à partir du 1er mars », a-t-il précisé en évoquant une hausse supplémentaire des prix « d’environ 10 % dans les semaines et mois qui viennent ».

Dans le meilleur des cas les salariés auront obtenu en moyenne autour de 4 % d’augmentation en 2022 est à peine en 2023. Le décalage entre la hausse des prix et les salaires ne fait donc que se creuser. Contrairement à ce qui est affiché par le pouvoir et des institutions proches du pouvoir, l’inflation n’est pas en situation de brutalement se retourner à la baisse. Au mieux il y aura stabilisation à partir de l’été mais rien n’est certain surtout compte tenu de l’instabilité géo stratégique qui pèse en particulier sur l’énergie.

Du coup , la question salariale pourrait bien prendre le relais de la grogne sur la réforme des retraites. Une grogne en l’état qui va nourrir un peu profond ressentiment vis-à-vis du gouvernement qui est passé par-dessus les 70 % de français qui étaient contre la réforme. Sans parler du débat bâclé à l’Assemblée nationale qui pose un véritable problème démocratique.

Sur la lancée, les organisations syndicales pourraient donc enrichir le mécontentement avec la revendication salariale sans doute des perspectives de mobilisation encore autrement plus importantes.

Quel nouveau contrat social ?

Quel nouveau contrat social ?

par Jean-François Chantaraud, expert, Directeur de l’Odissée de dans la Tribune

Un article intéressant en forme d’invite à réformer totalement la démocratie pour rendre les citoyens acteurs de la société. Au-delà des formes organisationnelles et du fonctionnement, se pose une évolution des mentalités qui doit sans doute commencer à l’école NDLR


En butte à un faisceau de contraintes intriquées, la société glisse dans la tourmente et ses dirigeants dans l’impuissance. Surmonter la complexité parait impossible sans l’engagement de toutes les énergies et de toutes les intelligences. Le temps d’une grande initiative démocratique et républicaine arrive.

Dérèglement climatique, pollutions, chute de la biodiversité, épuisement des matières premières, affaissement énergétique, dette publique, pandémies… : les mutations constituent remettent en question nos modes de vie. Cette transition globale appelle de nombreuses nouvelles réponses. Enchevêtrées et contraignantes, leur acceptabilité sociale reste aléatoire alors que leur coût économique est certain.

De plus, la puissance du flux de l’information immédiate trouble les perceptions et alimente la défiance envers les lieux de pouvoirs et de savoirs (montée de l’abstention, des violences, de la délinquance, émergence des gilets jaunes, bonnets rouges, stylos rouges, …). Chaque rumeur et fausse information concourt au délitement du lien social.

Aussi, il nous faut refonder l’implication de la diversité des acteurs dans la communauté de destin, les engager dans la recherche d’un accomplissement collectif harmonieux et performant. Autrement dit, la grande question pour tout dirigeant est : Comment développer mobiliser l’intelligence de tous au bénéfice de l’intérêt général ?

Intensifier la responsabilité intellectuelle dans tous les recoins de la société implique le réancrage des valeurs républicaines dans un projet démocratique renouvelé en cinq dimensions :

Comment – Nouveaux processus de découverte collective de solutions : la participation de tous à la réflexion collective doit permettre à chacun de tout dire et de tout entendre. Embrasser la complexité n’induit pas que tout le monde comprenne tout sur tous les sujets, mais que chaque personne puisse contribuer facilement à la régénération régulière du respect de tous les faits, toutes les idées et toutes les personnes.

Quoi ? – Un double objectif : pour perdurer, l’échange doit bien sûr contribuer au sentiment partagé d’un mieux-faire et d’un mieux-être collectif à travers la production de solutions réalistes et visibles de tous. Mais il doit aussi produire une lecture partagée des orientations collectives à long terme afin que chacun puisse mieux les conjuguer avec ses projets personnels.
Où ? – Nouvelles pratiques relationnelles : l’émergence d’un tel niveau de responsabilité intellectuelle n’est envisageable que si tous les compartiments de nos vies professionnelles, personnelles et sociétales y sont immergés. La participation doit être organisée dans toutes les sphères, au sein de toutes les organisations et à tous les étages hiérarchiques.

Quand ? – Récurrence à fréquence élevée : l’entretien du lien social exige de le vivre lors de séances fréquentes. Au point que devienne une habitude, et même un réflexe, l’assemblage constructive des risques et opportunités perçus, ainsi que l’évaluation bienveillante des initiatives et projets, qu’elle qu’en soit l’origine.

Qui ? – Inclusion de la diversité des acteurs et de leurs informations : articuler de nouvelles interactions suppose de réajuster les rôles de tous, en lien avec les décideurs et les porteurs d’expertises. Chacun doit être inclus, à sa place dans un même processus global : l’État et ses agents, parlementaires, élus locaux, électeurs, contribuables, usagers et citoyens, les corps intermédiaires avec leurs instances, leurs adhérents et les publics qu’ils représentent, l’entreprise et ses salariés, actionnaires, clients, consommateurs et fournisseurs.

Il s’agit donc d’augmenter la qualité des relations humaines, des concertations sociales, de la disputatio politique, économique et sociale. Réussir l’instauration de cette démocratie augmentée dans la société suppose de procéder à la refonte des processus de débat public, social, professionnel et même privé.

En pratique, la démarche consiste à déployer, en local interconnecté, thème après thème, l’outillage du dialogue socratique. Ainsi, pas à pas, cette Fabrique du débat projettera chaque partie prenante de chaque organisation, c’est-à-dire chaque personne, dans la recherche de solutions au bénéfice de tous.

Dans un premier temps, le lancement d’une telle grande mécanique consiste à réunir le premier cercle des dirigeants syndicaux, associatifs, politiques, économiques et médiatiques, de ce qui deviendra l’ecclésia catholicos – l’assemblée universelle des citoyens. De proche en proche, chacun selon sa légitimité et à son rythme, les plus volontaires impliqueront leurs propres réseaux, antennes territoriales et relais thématiques, leurs composantes internes et leurs parties prenantes externes. L’engagement progressif du plus grand nombre dans une même dialectique collective permettra d’instaurer peu à peu des relations humaines et sociales pacifiées et accélératrices d’imagination fertile. Cette dynamique contribuera à réduire les fractures sociales : elle constituera la clé de la réussite de la transition globale dans laquelle nous sommes embarqués malgré nous.

Citoyens responsables : unissez-vous pour refonder le contrat social !

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Retraites et social : Vers une radicalisation

Retraites :Vers une radicalisation du mouvement social ?

par Dominique Andolfatto
Professeur des universités en science politique, Université de Bourgogne – UBFC (Dans the conversation)

A peine Elisabeth Borne avait-elle annoncé le recours à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter la réforme des retraites qu’un cortège étudiant partait de la place de la Sorbonne à Paris en direction de l’Assemblée nationale, aux cris de «Eh Manu, Manu, 49.3 ou pas, ta réforme on n’en veut pas» ou encore «L’Assemblée peut bien voter, la rue va le retirer».

En nombre de participants, le mouvement social contre la réforme des retraites est au niveau des plus grandes mobilisations depuis une trentaine d’années. Le 7 mars 2023 a même constitué un record avec près de 1,3 million de manifestants (dépassant la manifestation du 12 octobre 2010, contre une précédente réforme des retraites, sous Nicolas Sarkozy, qui avait réuni plus de 1,2 million de manifestants.

Cependant, en dépit de la sortie de la crise sanitaire ou de l’augmentation du nombre de salariés, le niveau de mobilisation n’a pas progressé sensiblement.

Certes, les syndicats ont fait un important travail de communication – très unitaire –, d’organisation et d’encadrement pacifique des manifestations. Mais la question se pose désormais de la suite à donner à la contestation.

En termes de mobilisation, l’implication effective de la CFDT – au contraire de ce qui s’est passé en 2019 – et une unité syndicale sans faille ont permis de faire la différence. Mais il faut compter aussi avec un mécontentement social latent, en lien avec l’inflation et le surenchérissement des prix de l’énergie et de l’alimentation, qui n’est pas nécessairement encadré par les syndicats, certains manifestants préférant même défiler sous aucune bannière syndicale.

Malgré cette réussite, avec plus de 2 millions de syndiqués revendiqués par les diverses organisations, les syndicats n’ont pas, durant cette crise, réussi à faire reculer le gouvernement.

C’est sans doute le choix d’un répertoire d’action – selon le terme du sociologue Charles Tilly – trop classique ou trop bien encadré, qu’il faut interroger : celui de la manifestation de rue, lors d’une journée, en semaine ou le week-end.

Mais peut-il en être autrement ? On voit aussi que, contrairement au calcul fait pour mobiliser davantage de gens du privé, le choix du samedi ne fonctionne pas plus qu’un jour de semaine (voire moins).

Si certains salariés du privé sont bien présents dans les cortèges, et sans doute en plus grand nombre que d’habitude (au vu de taux de grévistes plutôt en recul dans les services publics), ils restent encore minoritaires.

Ainsi, la stratégie privilégiée par les syndicats depuis plusieurs années, soit des manifestations pacifiques, fondées sur le « nombre », malgré des succès passés, ne suffit pas – pour le moment – pour trancher le désaccord social sur la réforme des retraites. Dès lors que faire ?

Les syndicats ont longtemps hésité durant les dernières semaines entre continuer à manifester ou faire grève. Certains se disaient favorables à ce « durcissement » depuis le début, notamment des fédérations de la CGT – cheminots, énergie, chimistes (dont les raffineurs)… – mais aussi l’Union syndicale Solidaires (qui rassemble les syndicats SUD), connues pour son radicalisme et une type de syndicalisme « à l’ancienne », fondé sur le militantisme et, souvent, le conflit ouvert.

Mais que signifie le mot « durcissement » ? Il est censé illustrer une gradation dans l’action collective.

Manifestation contre un plan social à Air France, le DRH avait été pris à partie physiquement par les militants, 2015, BFM TV.
Celle-ci ne consistera plus seulement en des défilés pacifiques et intermittents – certains syndicalistes critiquant au passage des journées « saute-mouton » peu efficaces.

Il s’agira d’actions plus déterminées, voire plus violentes (même si le terme reste tabou) et continues. L’objectif est d’engendrer des désordres dans l’économie ou dans la vie sociale ou quotidienne – étant entendu que les salariés se montreront compréhensifs puisqu’il s’agit de leur bien – pour faire céder un gouvernement sourd aux seules manifestations de rue.

Tous les syndicats ne sont pas favorables à une telle évolution. Mais plus personne ne les exclut. Même la CFDT, qui a patiemment sculpté son identité réformiste depuis des années, ne la rejette pas, du moins par antiphrase.

Ainsi, son leader, Laurent Berger, faisant allusion aux « gilets jaunes », s’étonnait récemment que les formes d’actions « très violentes » (et minoritaires) aient obtenu gain de cause alors que les revendications portées par des manifestations pacifiques, bien plus nombreuses, laissent indifférents les pouvoirs publics.

Cela légitime implicitement des actions plus radicales. Pour autant, ce n’est pas la violence qui a caractérisé les « gilets jaunes ». Ce mouvement a innové, en révélant une France des invisibles.

Reste à passer à ces nouvelles formes d’actions : grève d’un jour, voire reconductible… Dans certains secteurs, comme les éboueurs de Paris, c’est ce qui s’est dessiné cette semaine. La menace de « blocages » concernant l’approvisionnement en carburant est également agitée par certains militants.

Mais ce types d’action réussiront-elles à s’installer dans la durée et à peser ? On a vu, à l’automne dernier, que le gouvernement n’était pas sans moyens juridiques, par exemple en s’appuyant sur des réquisitions.

Une « grève générale » pourrait aussi se profiler même si elle n’est pas encore annoncée comme telle. L’intersyndicale préfère l’euphémisme de « mise à l’arrêt de tous les secteurs » pour éviter d’effrayer l’opinion tout en se préservant d’un échec éventuel qui serait sans doute rédhibitoire.

Une telle grève paraît aussi hypothétique. Celles qui ont réussi – pour faire allusion au Front populaire ou à mai 1968 – n’ont pas été décrétées par les confédérations syndicales. Et le secteur privé, en particulier, ne semble pas prêt à une telle éventualité, d’autant plus que la responsabilité directe des entreprises n’est pas en cause dans la réforme. Comme une récente enquête du ministère du Travail vient de le rappeler, le taux de syndicalisation dans le secteur privé continue de reculer. Dès lors, pour les organisations syndicales, susciter et encadrer un tel mouvement paraît difficile. Les syndicats paient implicitement leur éloignement de bien des salariés à la base et notamment, des plus jeunes, même si leurs récents succès dans la rue montrent qu’ils sont bien vivants.

Le « durcissement » pourrait aussi venir d’une implication plus forte des organisations étudiantes. Présentes dans l’intersyndicale, ces dernières restent encore peu impliquées et les universités, sauf exception, ne connaissent pas de perturbations.

Les confédérations syndicales, à l’instar de Laurent Berger, insistent par ailleurs beaucoup sur ce qui serait une « révolte des sous-préfectures ». Bref, le mouvement serait particulièrement actif dans les petites villes. En fait, peu de comparaisons sérieuses ont été faites entre le nombre de manifestants actuels et passés dans ces villes.

Un examen rapide révèle que la situation s’avère contrastée. Ce surcroît de manifestants dans certaines villes s’explique, semble-t-il par l’importance locale de l’emploi public. Cela confère à ces populations des taux de syndicalisation supérieurs à la moyenne.

Ainsi, cette « révolte des sous-préfectures » révélerait d’abord les forces et faiblesses de la syndicalisation. Mais les syndicats y voient surtout des exemples à suivre, traduction d’une colère profonde dans le tissu social.

Compte tenu de cette situation, les leaders syndicaux ont défilé à Albi le 16 février, ville-symbole d’une riche histoire ouvrière. Cette décentralisation de l’action doit mettre en relief cette « révolte » et, peut-être, compenser des manifestations moins nombreuses.

Ce moment permet aussi aux syndicats de donner une dimension plus politique au mouvement et témoigne d’une critique implicite de la gauche à l’Assemblée nationale.

Ces 30 dernières années, les mouvements sociaux n’ont pas manqué, mais leurs résultats ont souvent été discutés. Quand on cherche à comprendre pourquoi certains ont eu gain de cause, il faut tenir compte aussi de ce qui serait la psychologie du gouvernement.

Si Alain Juppé, en 1995, ou Dominique de Villepin, en 2006, ont dû renoncer à leurs réformes c’est aussi parce que l’exécutif était partagé.

Une telle issue ne semble pas se profiler actuellement concernant la réforme des retraites. L’executif a choisi de passer en force en ayant recours au 49.3. Céder maintenant à la rue pourrait faire perdre toute autorité à Emmanuel Macron pour la suite du quinquennat. Mais la rue tiendra-t-elle ?

Retraites :Vers une radicalisation du mouvement social

Retraites :Vers une radicalisation du mouvement social ?

par Dominique Andolfatto
Professeur des universités en science politique, Université de Bourgogne – UBFC (Dans the conversation)

A peine Elisabeth Borne avait-elle annoncé le recours à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter la réforme des retraites qu’un cortège étudiant partait de la place de la Sorbonne à Paris en direction de l’Assemblée nationale, aux cris de «Eh Manu, Manu, 49.3 ou pas, ta réforme on n’en veut pas» ou encore «L’Assemblée peut bien voter, la rue va le retirer».

En nombre de participants, le mouvement social contre la réforme des retraites est au niveau des plus grandes mobilisations depuis une trentaine d’années. Le 7 mars 2023 a même constitué un record avec près de 1,3 million de manifestants (dépassant la manifestation du 12 octobre 2010, contre une précédente réforme des retraites, sous Nicolas Sarkozy, qui avait réuni plus de 1,2 million de manifestants.

Cependant, en dépit de la sortie de la crise sanitaire ou de l’augmentation du nombre de salariés, le niveau de mobilisation n’a pas progressé sensiblement.

Certes, les syndicats ont fait un important travail de communication – très unitaire –, d’organisation et d’encadrement pacifique des manifestations. Mais la question se pose désormais de la suite à donner à la contestation.

En termes de mobilisation, l’implication effective de la CFDT – au contraire de ce qui s’est passé en 2019 – et une unité syndicale sans faille ont permis de faire la différence. Mais il faut compter aussi avec un mécontentement social latent, en lien avec l’inflation et le surenchérissement des prix de l’énergie et de l’alimentation, qui n’est pas nécessairement encadré par les syndicats, certains manifestants préférant même défiler sous aucune bannière syndicale.

Malgré cette réussite, avec plus de 2 millions de syndiqués revendiqués par les diverses organisations, les syndicats n’ont pas, durant cette crise, réussi à faire reculer le gouvernement.

C’est sans doute le choix d’un répertoire d’action – selon le terme du sociologue Charles Tilly – trop classique ou trop bien encadré, qu’il faut interroger : celui de la manifestation de rue, lors d’une journée, en semaine ou le week-end.

Mais peut-il en être autrement ? On voit aussi que, contrairement au calcul fait pour mobiliser davantage de gens du privé, le choix du samedi ne fonctionne pas plus qu’un jour de semaine (voire moins).

Si certains salariés du privé sont bien présents dans les cortèges, et sans doute en plus grand nombre que d’habitude (au vu de taux de grévistes plutôt en recul dans les services publics), ils restent encore minoritaires.

Ainsi, la stratégie privilégiée par les syndicats depuis plusieurs années, soit des manifestations pacifiques, fondées sur le « nombre », malgré des succès passés, ne suffit pas – pour le moment – pour trancher le désaccord social sur la réforme des retraites. Dès lors que faire ?

Les syndicats ont longtemps hésité durant les dernières semaines entre continuer à manifester ou faire grève. Certains se disaient favorables à ce « durcissement » depuis le début, notamment des fédérations de la CGT – cheminots, énergie, chimistes (dont les raffineurs)… – mais aussi l’Union syndicale Solidaires (qui rassemble les syndicats SUD), connues pour son radicalisme et une type de syndicalisme « à l’ancienne », fondé sur le militantisme et, souvent, le conflit ouvert.

Mais que signifie le mot « durcissement » ? Il est censé illustrer une gradation dans l’action collective.

Manifestation contre un plan social à Air France, le DRH avait été pris à partie physiquement par les militants, 2015, BFM TV.
Celle-ci ne consistera plus seulement en des défilés pacifiques et intermittents – certains syndicalistes critiquant au passage des journées « saute-mouton » peu efficaces.

Il s’agira d’actions plus déterminées, voire plus violentes (même si le terme reste tabou) et continues. L’objectif est d’engendrer des désordres dans l’économie ou dans la vie sociale ou quotidienne – étant entendu que les salariés se montreront compréhensifs puisqu’il s’agit de leur bien – pour faire céder un gouvernement sourd aux seules manifestations de rue.

Tous les syndicats ne sont pas favorables à une telle évolution. Mais plus personne ne les exclut. Même la CFDT, qui a patiemment sculpté son identité réformiste depuis des années, ne la rejette pas, du moins par antiphrase.

Ainsi, son leader, Laurent Berger, faisant allusion aux « gilets jaunes », s’étonnait récemment que les formes d’actions « très violentes » (et minoritaires) aient obtenu gain de cause alors que les revendications portées par des manifestations pacifiques, bien plus nombreuses, laissent indifférents les pouvoirs publics.

Cela légitime implicitement des actions plus radicales. Pour autant, ce n’est pas la violence qui a caractérisé les « gilets jaunes ». Ce mouvement a innové, en révélant une France des invisibles.

Reste à passer à ces nouvelles formes d’actions : grève d’un jour, voire reconductible… Dans certains secteurs, comme les éboueurs de Paris, c’est ce qui s’est dessiné cette semaine. La menace de « blocages » concernant l’approvisionnement en carburant est également agitée par certains militants.

Mais ce types d’action réussiront-elles à s’installer dans la durée et à peser ? On a vu, à l’automne dernier, que le gouvernement n’était pas sans moyens juridiques, par exemple en s’appuyant sur des réquisitions.

Une « grève générale » pourrait aussi se profiler même si elle n’est pas encore annoncée comme telle. L’intersyndicale préfère l’euphémisme de « mise à l’arrêt de tous les secteurs » pour éviter d’effrayer l’opinion tout en se préservant d’un échec éventuel qui serait sans doute rédhibitoire.

Une telle grève paraît aussi hypothétique. Celles qui ont réussi – pour faire allusion au Front populaire ou à mai 1968 – n’ont pas été décrétées par les confédérations syndicales. Et le secteur privé, en particulier, ne semble pas prêt à une telle éventualité, d’autant plus que la responsabilité directe des entreprises n’est pas en cause dans la réforme. Comme une récente enquête du ministère du Travail vient de le rappeler, le taux de syndicalisation dans le secteur privé continue de reculer. Dès lors, pour les organisations syndicales, susciter et encadrer un tel mouvement paraît difficile. Les syndicats paient implicitement leur éloignement de bien des salariés à la base et notamment, des plus jeunes, même si leurs récents succès dans la rue montrent qu’ils sont bien vivants.

Le « durcissement » pourrait aussi venir d’une implication plus forte des organisations étudiantes. Présentes dans l’intersyndicale, ces dernières restent encore peu impliquées et les universités, sauf exception, ne connaissent pas de perturbations.

Les confédérations syndicales, à l’instar de Laurent Berger, insistent par ailleurs beaucoup sur ce qui serait une « révolte des sous-préfectures ». Bref, le mouvement serait particulièrement actif dans les petites villes. En fait, peu de comparaisons sérieuses ont été faites entre le nombre de manifestants actuels et passés dans ces villes.

Un examen rapide révèle que la situation s’avère contrastée. Ce surcroît de manifestants dans certaines villes s’explique, semble-t-il par l’importance locale de l’emploi public. Cela confère à ces populations des taux de syndicalisation supérieurs à la moyenne.

Ainsi, cette « révolte des sous-préfectures » révélerait d’abord les forces et faiblesses de la syndicalisation. Mais les syndicats y voient surtout des exemples à suivre, traduction d’une colère profonde dans le tissu social.

Compte tenu de cette situation, les leaders syndicaux ont défilé à Albi le 16 février, ville-symbole d’une riche histoire ouvrière. Cette décentralisation de l’action doit mettre en relief cette « révolte » et, peut-être, compenser des manifestations moins nombreuses.

Ce moment permet aussi aux syndicats de donner une dimension plus politique au mouvement et témoigne d’une critique implicite de la gauche à l’Assemblée nationale.

Ces 30 dernières années, les mouvements sociaux n’ont pas manqué, mais leurs résultats ont souvent été discutés. Quand on cherche à comprendre pourquoi certains ont eu gain de cause, il faut tenir compte aussi de ce qui serait la psychologie du gouvernement.

Si Alain Juppé, en 1995, ou Dominique de Villepin, en 2006, ont dû renoncer à leurs réformes c’est aussi parce que l’exécutif était partagé.

Une telle issue ne semble pas se profiler actuellement concernant la réforme des retraites. L’executif a choisi de passer en force en ayant recours au 49.3. Céder maintenant à la rue pourrait faire perdre toute autorité à Emmanuel Macron pour la suite du quinquennat. Mais la rue tiendra-t-elle ?

Social une colère générale

Social: une colère générale

Rarement le climat social en France aura été aussi détestable. Témoin le sondage au Doxa qui montre qu’environ 80 % de la population condamnent la politique économique et sociale du gouvernement. Le géographe Achille Warnant et le sociologue Hugo Touzet tentent d’éclairer sur les facteurs explicatifs d’un climat social très détérioré partout (interview France Info).

Depuis la première mobilisation du 19 janvier dernier, les médias relèvent la forte mobilisation dans les « petites » et « moyennes » villes de France. Est-ce inédit ?

Achille Warnant : Les mobilisations sont extrêmement importantes dans les villes petites et moyennes, comme dans le reste de la France, mais ce n’est pas nouveau. En 1995, il y avait déjà eu de très grandes mobilisations, y compris dans ces territoires. On a une tradition de mobilisation sociale dans ces villes-là et la thématique des retraites rassemble assez largement.

Un exemple à Montluçon (Allier), ville avec une tradition de mobilisation sociale liée à son histoire politique : en moyenne 4 à 5 000 manifestants, c’est vraiment important par rapport à la taille de la ville (environ 35 000 habitants). En même temps, la mobilisation est certes plus importante qu’en 2019 ou 2010, mais moins qu’en 1995, où on comptait plutôt entre 5 et 10 000 manifestants, selon les estimations.

Hugo Touzet : Pour moi, on retrouve beaucoup de monde dans les petites et moyennes villes parce qu’il y a énormément de monde partout en général. Lors de la deuxième mobilisation, par exemple, on avait 14 500 personnes à Rodez (Aveyron) et 5 000 à Vierzon (Cher). Les syndicats ont joué sur ce symbole en faisant défiler leurs leaders à Albi lors de la cinquième journée, avec 55 000 manifestants [selon les syndicats, 10 000 selon la police], pour une ville qui compte 49 000 habitants. Leur objectif était de montrer qu’il ne s’agit pas d’un mouvement des grosses agglomérations.

Avec le collectif Quantité critique, on a mené un sondage avec un échantillon représentatif de 4 000 personnes. On a un taux d’opposition à la réforme de 63% en moyenne (69% chez les actifs), à peu près équivalent quelle que soit la taille des communes. Il y a deux exceptions : les communes rurales, où le taux d’opposition est un peu supérieur, et l’agglomération parisienne, où il est un peu inférieur.

Quelles sont les catégories de populations présentes dans les cortèges de cette « France des sous-préfectures » ?

Hugo Touzet : L’ensemble de la population est mobilisé, même s’il y a une surreprésentation des ouvriers et des employés, avec des taux d’opposition de plus de 70%, selon notre sondage. Chez les cadres, on est autour de 60%. Chez les chômeurs, c’est plutôt 75%. Or, les taux de chômage importants se retrouvent davantage dans les petites villes que dans les grandes agglomérations.

Pour la pénibilité, on a construit un indicateur en demandant aux sondés de qualifier leur travail, avec plusieurs facteurs (métier stressant, dangereux, répétitif, fatigant…). Les personnes qui cochent toutes les cases sont plus opposées à la réforme que les autres, à plus de 80%. Or ces boulots-là, on les retrouve notamment dans l’agriculture, davantage présente dans les petites villes. A l’inverse, dans l’agglomération parisienne, le taux de cadres est plus important qu’ailleurs.

Achille Warnant : Il serait aussi intéressant de regarder les effets régionaux. Quand on regarde les cartes, cela semble relativement homogène, mais il y a quand même des trous dans la raquette dans l’est de la France. Il y a de grosses inégalités entre les villes, liées à la composition sociale et à la sociologie.

A l’inverse, dans des villes moyennes qui vont mieux [grâce à un meilleur niveau de revenus], comme Colmar (Haut-Rhin), les mobilisations se limitent à quelques centaines de personnes, pour une ville d’environ 68 000 habitants. Il faut aussi considérer l’histoire politique. Le Grand-Est est une région plus marquée à droite, ce qui peut être un élément d’explication.

Hugo Touzet : Il y a aussi des enjeux par rapport à l’âge et le niveau de vie. Les 65 ans et plus sont par exemple favorables à 43% à la réforme et opposés à 44% (13% ne se prononcent pas), selon notre sondage. Chez les personnes qui gagnent plus de 4 000 euros par mois, c’est équilibré, avec 51% qui soutiennent la réforme et 42% qui sont opposés. On peut donc imaginer que certaines régions où le niveau de vie est supérieur se mobilisent moins. Dans notre étude, on voit une surreprésentation de l’opposition à la réforme en Nouvelle-Aquitaine et en Centre-Val-de-Loire. Mais, au bout du compte, il faut toujours rappeler qu’il y a quand même un large consensus d’opposition dans l’ensemble des catégories et des territoires.

Dans cette « France périphérique », l’importance du secteur public joue-t-il un rôle sur les niveaux de mobilisation ?

Achille Warnant : Effectivement, un certain nombre de villes préfectures, plus que de sous-préfectures, ont un taux d’emploi public très important par rapport à la moyenne. Je pense à Nevers ou Mende (Lozère), avec un vivier d’emplois publics très important. Dans la fonction publique, le taux d’encadrement syndical est un petit peu plus élevé, donc cela peut jouer, d’autant que tous les syndicats sont opposés à cette réforme. Il faut aussi rappeler que dans la fonction publique, il y a eu en janvier 2022 le passage aux 1607 heures. Les fonctionnaires doivent travailler plus longtemps dans l’année et plus longtemps dans leur carrière.

Hugo Touzet : Dans le public et le privé, l’opposition est à peu près équivalente. Mais il faut distinguer opposition à la réforme et mobilisation à travers une manifestation ou une grève. La stabilité du secteur public permet peut-être un engagement plus important, surtout pour les cadres ou les professions intermédiaires. Certains secteurs sont particulièrement concernés : l’éducation, la recherche, la culture, la santé. Dans une préfecture avec un hôpital ou un lycée, les populations sont plus à même de se mobiliser.

« Il faut avoir en tête que se mobiliser contre une loi représente aussi un coût économique, symbolique et de rapport à l’employeur. »

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