Banque : l’emploi bientôt dans la situation de la sidérurgie ?
Nombre d’experts considèrent qu’en Europe et en France en particulier les effectifs devraient être réduits de la moitié dans les 10 ans ; un phénomène qui touche d’ailleurs l’ensemble du monde. En cause l’amplification de la digitalisation, le développement des banques en ligne et le nouveau développement de moyens de paiement (par mobile notamment). Un secteur qui pourrait connaître le sort de la sidérurgie ou presque. 150 000 emplois ont déjà été supprimés en six mois et les restructurations devraient encore s’accélérer pour les banques européennes. En cause suffisance de rentabilité des activités bancaires. Le taux de rentabilité des activités de dépôt est plombé par le coût de main-d’œuvre (notamment nombre d’agences et personnel) Il est par ailleurs menacé par la future existence de nouveaux moyens de paiement et la dématérialisation de certaines opérations mais le second volet de l’activité des banques, l’activité d’investissement souffre aussi d’un manque de retour financier lui aussi très gourmand en personnel. Dans un premier temps est donc probable que les banques européennes devront s’aligner si les critères de gestion des banques américaines qui ont supprimé près de 7 % des postes quand les banques européennes n’ont supprimé que quatre %. À plus long terme c’est peut-être l’existence même des les activités bancaires en tout cas leur structure actuelle qui pourrait être en cause et engendrer jusqu’à la moitié des emplois existants d’ici 10 ans. Malgré le poids grandissant de la finance dans nos sociétés, le secteur bancaire n’est pas épargné par les baisses d’effectifs. L’agence Bloomberg observe dans un article que les banques ont supprimé environ 600.000 postes à travers le monde depuis la crise économique de 2008. Parmi les institutions aux coupes les plus sévères, l’américaine Citigroup, présente dans plus de 100 pays, a supprimé plus d’un tiers de ses effectifs, soit près de 140.000 salariés. Comme dans beaucoup d’autres banques, les plans sociaux se sont enchaînés, aussi bien en salle de marché qu’en agence. Et ce mouvement n’est apparemment pas près de s’arrêter. Citigroup a encore prévu 2000 licenciements d’ici à 2016. La banque HSBC, quant à elle, a annoncé la suppression de 25.000 postes avant 2017. En Europe, l’allemande Deutsche Bank prévoit un plan d’économie de 4,7 milliards d’euros et 26.000 licenciements d’ici à 2018. Côté français, Société générale, notamment touchée par l’affaire Kerviel, a supprimé des milliers de postes depuis 2008. Elle prévoit désormais la fermeture de 400 agences sur les 2221 qu’elle compte d’ici à 2020, soit 20% de son réseau. La restructuration passera par le «non-remplacement» de 3000 départs à la retraite, promet la banque. Cette situation fait néanmoins peser un climat lourd dans l’entreprise. Le 9 décembre, dans une lettre adressée à Emmanuel Macron, le syndicat Force Ouvrière reproche à la banque le paradoxe entre son «absence totale de reconnaissance à l’égard des salariés» et ses très bons résultats (1126 milliards d’euros au troisième trimestre de 2015). La crise des subprimes a touché de plein fouet le secteur financier et les taux d’intérêt durablement bas affectent la rentabilité globale des banques. Mais les évolutions en œuvre sont aussi la marque d’une tendance plus profonde: la digitalisation en cours dans le milieu bancaire. De nombreuses opérations historiquement réalisées par des salariés sont désormais automatisées. En salle de marchés, les achats/ventes d’actions d’entreprises, de devises ou encore de «credit default swap» (produits dérivés financiers par lequel le vendeur garantit l’acheteur en cas de défaillance d’une tierce partie) sont de plus en plus dévolus aux ordinateurs. En outre, l’utilisation du «Big Data» (traitement informatique de données massives) en banque d’investissement permet de mieux identifier les besoins des clients. La division de banque d’entreprise et institutionnelle (CIB) de BNP Paribas, qui emploie 29.000 personnes, a annoncé en novembre dernier qu’elle étudiait le Big Data dans le cadre de son programme de réduction massif des coûts. D’après une étude publiée par la Fédération bancaire française (FBF), plus de la moitié (52%) des Français se rendaient dans leur banque plusieurs fois par mois en 2010. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 21%, soit une personne sur cinq.