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Influence de la France–le pays affaibli par sa situation financière

Influence de la France en Europe –le pays affaibli par sa situation financière
par Maxime Lefebvre
Permanent Affiliate Professor, ESCP Business School dans The Conversation 

 

Les élections européennes n’ont pas été marquées, en France, par des enjeux véritablement européens. Emmanuel Macron a certes essayé, avec son deuxième discours de la Sorbonne, en avril, de focaliser le débat sur de nouvelles propositions de nature à relancer la construction européenne, mais celles-ci n’ont pas intéressé l’opinion. Cela n’est pas sans lien avec le fait que les Français sont, avec quelques autres nationalités (Chypriotes, Slovènes, Tchèques, Grecs), les plus défiants vis-à-vis de l’Union européenne, seulement 34 % d’entre eux ayant confiance dans l’UE, 54 % n’ayant pas confiance.

Les débats entre les têtes de liste des partis européens n’ont pas eu de prise en France, contrairement aux débats télévisés entre les têtes de liste françaises. Les candidats se sont affrontés sur des sujets (l’immigration, le pouvoir d’achat, l’écologie, le nucléaire, l’Ukraine, la Palestine) qui avaient une dimension européenne, mais ils se sont placés d’abord dans une perspective nationale, évoquant souvent l’Europe sur le mode du refus (en critiquant par exemple certaines mesures du « pacte vert », ou encore le marché européen de l’électricité, les accords de libre-échange et le pacte migratoire). Ces débats ont servi de prélude à la campagne, inattendue, des législatives.

Pendant ce temps, au niveau européen, l’élection a débouché sur une poussée contenue des forces nationalistes qui n’a pas empêché la relative stabilité de la coalition pro-européenne (malgré le recul des Verts et des centristes libéraux de « Renaissance »). Ursula von der Leyen a été reconduite à la tête de la Commission européenne, à une majorité plus large qu’en 2019, dans un casting qui fait davantage de place aux petits pays qu’aux grands (le Portugais Antonio Costa à la tête du Conseil européen et l’Estonienne Kaja Kallas comme Haute Représentante), ce qui pose la question du poids de la France dans le système européen.

Une marginalisation institutionnelle ?
La France, qui avait obtenu dans le paquet des nominations de 2019 la présidence de la Banque centrale européenne pour Christine Lagarde, la perdra en 2027 à l’issue de son mandat. La voix forte incarnée par Emmanuel Macron sur la scène européenne depuis 2017 se trouve affaiblie par ses déconvenues politiques internes et la perte de sa majorité relative à l’Assemblée nationale. Des ministres qui ont une expérience éprouvée à Bruxelles, comme Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, pourraient quitter la scène. Le commissaire français au Marché intérieur Thierry Breton a été renouvelé par le président français sans attendre l’avis du nouveau gouvernement, mais le processus de nomination de la nouvelle Commission n’est pas terminé.

Il est symbolique aussi que la France et l’Allemagne n’aient pas réussi, à l’occasion du Conseil européen tenu fin juin, à rouvrir la négociation de l’agenda stratégique européen, déjà approuvé au niveau technique, avant son adoption par les chefs d’État et de gouvernement. Ces demandes de renégociation à la dernière minute sont toujours malvenues et hasardeuses, mais cela montre que Paris et Berlin (qui représentent ensemble le tiers de la population de l’Union et près de la moitié du PIB de la zone euro) ont perdu une certaine capacité de leadership au sein d’une Union pilotée par son système institutionnel dans un cadre atlantique ressoudé par la guerre en Ukraine.

Au total, le sentiment se dégage qu’avec cette séquence électorale le lien s’est davantage défait entre la France et l’UE. Certes, l’influence d’un pays ne se mesure pas uniquement aux plus hauts postes occupés, mais la France, pays dominé par la culture de l’État souverain et centralisateur, a justement toujours un peu négligé l’influence dans les postes moins visibles, dans les cabinets des commissaires, dans l’administration européenne, ou au Parlement européen.
Au Parlement, plus de la moitié des sièges français sont occupés par des partis, à l’extrême gauche mais surtout à l’extrême droite, qui n’appartiennent pas à la coalition pro-européenne (conservateurs, libéraux, sociaux-démocrates, verts) et dont la capacité d’influence sur la négociation des textes et des législations sera limitée. Les deux plus importantes délégations nationales, pesant chacune une trentaine de députés (presque 5 % des sièges), sont la CDU/CSU allemande (un sixième des sièges du Parti populaire européen) et le Rassemblement national (40 % des effectifs du groupe des Patriotes pour l’Europe). Les Républicains (au PPE) et les Verts français, en plus des députés LFI et RN, n’ont pas voulu voter pour Mme von der Leyen, qui n’a été soutenue que par un tiers des députés français (centristes et socialistes).
Les partis conservateurs (PPE) sont déjà au pouvoir dans 11 États membres sur 27 et représentent donc ces pays au Conseil. Si la CDU/CSU, parti dont vient Mme von der Leyen, revenait au pouvoir en Allemagne lors des élections législatives de 2025, comme cela est prévisible, la France pourrait se retrouver dans un système largement influencé par les conservateurs allemands (à la Commission, au Conseil, comme au Parlement européen). Et il lui serait alors d’autant plus difficile de défendre des positions contraires à la politique européenne arrêtée à Bruxelles.

Or, et c’est un autre élément de préoccupation, les positions françaises apparaissent de plus en plus décalées par rapport au barycentre des positions européennes. Ce n’est pas complètement nouveau. La France s’est toujours caractérisée par des positions moins libérales, plus soucieuses de solidarité, porteuses d’une « Europe puissance » sur le plan de la politique étrangère et de la défense.

Jusqu’à un certain point, Emmanuel Macron a réussi à porter ces positions au niveau européen depuis 2017. Ses propositions sur la souveraineté européenne et l’autonomie stratégique se sont traduites par la montée en puissance d’une politique industrielle européenne et par l’adoption d’un plan de relance post-Covid ambitieux, proposé avec l’Allemagne, en 2020.

Le principal point d’achoppement est clairement aujourd’hui celui des finances publiques. Le taux d’endettement public de la France est passé de 60 à 110 % du PIB depuis l’avènement de la monnaie unique, alors que d’autres pays ont réussi à le stabiliser ou à le réduire. La France fait pire que l’Espagne et le Portugal et n’est plus devancée que par la Grèce et l’Italie.

Même si la révision du pacte de stabilité en 2024 (négociée sous influence française) donne une certaine latitude dans les trajectoires de retour à l’équilibre budgétaire, il est inévitable que des mesures rigoureuses soient prises, alors que la France détient déjà le record des prélèvements obligatoires. Paris n’est pas non plus dans une situation où il pourrait monnayer sa ratification d’un accord européen en obtenant, en contrepartie, des mesures ou des plans en faveur de la croissance, comme ce fut le cas en 1997 avec le gouvernement Jospin (pacte de stabilité et de croissance accompagnant le traité d’Amsterdam) et en 2012 avec l’équipe Hollande/Ayrault (pacte pour la croissance accompagnant le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance signé par Sarkozy).

Cette mauvaise posture budgétaire affaiblit nécessairement la crédibilité du discours européen de la France, notamment lorsqu’elle réclame de nouveaux emprunts européens pour des dépenses accrues en faveur de la défense ou des investissements publics, ou lorsqu’elle plaide pour une modification du mandat de la BCE en faveur de la croissance et de la transition écologique.

Déclin de la France: 20 à 30 ans pour redresser la situation

20 à 30 ans pour redresser la France

Inutile de tourner autour du pot, la France encore récemment une des plus grandes puissances mondiales ne cesse de s’enfoncer sur tous les plans : économique, social, sociétal et même sur le plan de la sécurité.

La France est passée du statut de grande puissance à celui de très moyenne voire de pays instable.

Tous les indicateurs sont au rouge. Il y a d’abord la situation économique et financière. Faute de compétitivité depuis longtemps et de manque de productivité globale ( trop faible taux d’emploi en France rapporté à l’ensemble des actifs potentiels) mais aussi du fait de la mise en place précipitée des 35 heures. Deux éléments qui ont plombé la compétitivité et en particulier celle de l’industrie délocalisée à l’extérieur.

En dépit du taux exceptionnel de prélèvements obligatoires( impôts globaux), la France cumule paradoxalement deux faiblesses ,d’une part un déficit chronique , une dette abyssale ( 50 000 € par habitant soient 3200 milliards) , d’autre part un taux de prélèvement obligatoire de près de 50 %. Une fiscalité qui tue aussi la compétitivité.

Et curieusement ce n’est qu’il y a que quelques jours ou quelques semaines que les instituts, organismes et autres institutions découvrent l’ampleur d’une catastrophe qui a commencé il y a 40 ans environ. En cause, le mammouth de l’État (et des collectivités locales) devenu complètement incontrôlable ou la logique de dépenses se déroule en dépit de tous les discours de gestion plus saine. Et là aussi paradoxalement la qualité des services publics a plutôt tendance à se dégrader( sécurité, santé ou encore éducation par exemple).

Le sentiment général est que ce pays n’est plus géré depuis longtemps ce dont convient même le président de la république qui essaye maintenant de sermonner les hauts fonctionnaires; Évidemment deux fois trop nombreux ( un directeur, deux adjoints, des sous-directeurs et des chefs de bureau en pagaille, sans parler les troupes de bases qui augmentent chaque année; de 50 000 encore en 2023 et 70 000 en 2024 ! ) Et pas forcément bon endroit.

Mais au-delà des aspects quantitatifs il y a surtout le sentiment que le concept d’autorité est complètement bafoué partout dans l’espace public, services publics et autres. Dans l’école, dans la rue et même dans la sphère privée( quand la plupart des plaintes sont enterrées). Exemple significatif: la France qui est en train de devenir une plaque tournante internationale de la drogue. Toutes les villes mêmes les plus petites sont affectées par ce cancer qui s’accompagne en plus de règlements de comptes, de violences et de morts.

Le dernier aspect concerne celui du sentiment d’insécurité vis-à-vis d’un islamisme rampant qui met en cause la laïcité. L’extrémisme religieux veut progressivement prendre le pas sur ce qui fait la spécificité de la France : ses valeurs républicaines, sa liberté et sa démocratie. Bref, un discours politique qui a 1000 ans de retard mais qui s’ancre dans des populations velléitaires et incultes. Bref, Dieu pour remplacer la science, le progrès et la démocratie comme en Afghanistan, en Iran et autre pays d’obédience musulmane extrémiste.

La France a un sérieux besoin de recentrage social et économique mais aussi sociétal sinon le pays s’orientera vers l’appauvrissement, la violence et le chaos.

Et les discours actuels du monde politique ne sont pas à la hauteur des enjeux. En cause notamment et peut-être surtout le manque de représentativité sociologique de la plupart des responsables. La plupart ont d’ailleurs professionnalisé le métier de politique. Rares sont ceux qui ont une véritable grande  professionnelle dans le monde réel d. Beaucoup trop sortent de ces instituts d’études politiques qui ne servent à rien sinon à fournir des effectifs politiques et administratifs. Les politiques sont à peu près tous issus des mêmes milieux petits-bourgeois et raisonnent en décalage avec les réalités économiques et sociales.

Dette : 20 à 30 ans pour redresser la situation

Dette : 20 à 30 ans pour redresser la situation

 
Le dérapage complètement incontrôlé du budget appelle évidemment des mesures radicales notamment concernant le fonctionnement de l’État. Le problème c’est que ces réformes structurelles demandent du temps et que le pouvoir politique va se rabattre comme d’habitude sur l’augmentation de la fiscalité pour boucher les trous. Pourtant le taux de fiscalité ( taux de prélèvements obligatoires) est déjà à près de 50% du PIB. Augmenter encore la pression fiscale, c’est mettre en cause la compétitivité du pays donc la croissance mais aussi les recettes fiscales. Bref on tourne en rond. De toute manière avec un déficit annuel de l’ordre de 150 milliards par an , la France est condamnée à emprunter. Et pas seulement pour rembourser l’endettement mais aussi pour financer le fonctionnement. Pour preuve la France encore empruntée de leur de 300 milliards cette année. De quoi faire plonger encore un peu plus l’endettement. Il faudra sans doute 20 à 30 ans pour redresser les finances car l’endettement ramené par ménage représente environ 100 000 €; une somme évidemment impossible à rembourser en quelques années; Sauf évidemment dévaluation brutale pouvoir d’achat. 

Comme il est sans doute trop tard pour le gouvernement d’engager des réformes réellement structurelles, le pouvoir va se rabattre sur des mesures fiscales supplémentaires et une réduction des dépenses sociales. De quoi affaiblir un peu plus un pouvoir d’achat en berne donc aussi la consommation et la croissance.

Dernier élément à prendre en compte et non des moindres, le pouvoir ne dispose d’aucune majorité politique pour engager des mesures structurelles radicale. Il pourrait même m’être menacé avec le nouveau plan de rigueur qui s’annonce après les européennes.

Partant d’un déficit public plus bas que prévu, le gouvernement va avoir de vastes difficultés à remonter la pente. Pour rappel, Bercy avait inscrit dans sa loi de programmation des finances publiques (LFPP) 2024-2027 présentée en décembre dernier une croissance entre 1,4% et 1,8% sur cette période. « Je ne vois pas par quel miracle la prévision de croissance en France serait supérieure à la croissance potentielle (environ 1,2%), tout en faisant de la consolidation budgétaire », s’interroge l’économiste.

Le pari de revenir à 3% d’ici à 2027 « est complètement fantaisiste à l’heure actuelle», juge Christopher Dembick. S’agissant de 2024, la croissance du PIB va osciller entre 0,1% et 0,3% au premier semestre selon la dernière note de conjoncture de l’Insee. Pour parvenir à l’objectif de croissance de 1% en 2024, « il faudrait que la croissance du PIB accélère de 0,7% durant les deux derniers trimestres de cette année », a calculé l’institut de statistiques.

 

La situation de la France est préoccupante pour le Medef

 La situation de la France est préoccupante pour le Medef

Pour Patrick Martin, patron du Medef, la situation de la France est préoccupante. Interview dans le JDD: C’est très préoccupant. Ce qui est significatif c’est que le creusement du déficit reflète très exactement le ralentissement économique. La TVA produit moins de recettes, signe d’une baisse de la consommation, idem pour l’impôt sur les sociétés, symptôme de la crise du secteur de la construction notamment. L’activité économique tourne au ralenti.​

Comment redresser la situation ?​

Il faut traiter ce problème de finances publiques qui n’en finit pas de s’aggraver depuis des décennies. Mais il ne faut pas le traiter dans une logique classique « d’annualité budgétaire ». Or, c’est bien ce qui se dessine. Les agences de notation, juges de paix de la situation budgétaire, ne vont pas découvrir la dégradation des finances publiques l’avant-veille de leur verdict ! Elles examinent les perspectives de notre économie en fonction des actions de redressement qu’engage le gouvernement. Toute décision qui entamerait notre potentiel de croissance conduira à une dégradation de la note de la France. Il faut donc chercher des économies, mais il faut les chercher au bon endroit, c’est-à-dire sur les dépenses de fonctionnement des fonctions publiques.​

On va y venir. Mais sur les conséquences à court terme, Bruno Le Maire a ramené sa prévision de croissance de 1,4 à 1 % pour cette année. Est-ce encore à notre portée ?​

Comme le prédisent l’INSEE et la Banque de France, nous nous attendons à une atonie de la croissance sur les deux premiers trimestres de l’année, voire à un risque de récession. En revanche, du fait des augmentations de salaire et d’un ralentissement de l’inflation, on devrait bénéficier d’une légère hausse du pouvoir d’achat et donc d’un redémarrage de la consommation sur la deuxième partie de l’année. Cela devrait susciter une baisse des taux d’intérêt. Atteindre 1 % de croissance cette année est très ambitieux. La prévision de la Banque de France autour de 0,7 %, voire 0,8 % semble plus réaliste.​

Sur TF1, le Premier ministre a écarté toute remise en cause de la politique de l’offre, est-ce là un élément rassurant pour les entreprises ?​

Il y a deux points positifs à retenir de son intervention. Le premier, c’est qu’à deux reprises, le Premier ministre a marqué sa confiance dans les partenaires sociaux. C’est un signal rassurant. Et par ailleurs, parce qu’elles créent des emplois, le Premier ministre s’est engagé à ne pas affaiblir les entreprises par des mesures fiscales ou sociales qui altéreraient leur compétitivité. Très bien… À une nuance près : dans l’étrange sémantique gouvernementale, ne pas augmenter les impôts, ça n’exclut pas de diminuer les aides. D’où notre vigilance.​

C’est-à-dire précisément, vous pensez à quoi​ ?

Il y a déjà eu un coup de canif très préoccupant dans le budget 2024, avec l’écrêtement des allégements de charges sur les niveaux de rémunération entre 2,5 et 3,5 smic, qui touchent les niveaux de qualification et les secteurs d’activité les plus exposés à la concurrence internationale. Je rappelle qu’au-dessus de 2,1 smic, le coût du travail est plus élevé chez nous qu’en Allemagne.

L’engagement a été pris de supprimer la CVAE – contribution sur la valeur ajoutée e des entreprises – d’ici à 2027. Il reste un peu plus de 3 milliards à solder. Est-ce que vous anticipez le fait que ce ne sera pas pour 2025 ?

Nous sommes inquiets de ce que nous entendons ici et là. La CVAE devait être supprimée intégralement en 2023. Puis on nous a annoncé que ce serait étalé sur 2023-2024. Puis qu’elle s’éteindrait progressivement d’ici 2027. Une nouvelle remise en cause entamerait la confiance qu’on peut placer dans la parole de l’État. Quand on voit la capacité d’accélération des Américains sur la compétitivité et sur l’investissement, la remise en cause de la suppression de la CVAE qui pèse massivement sur l’industrie, contribuerait à accentuer le risque de décrochage par rapport à nos compétiteurs.​

Vous avez écrit aux parlementaires cette semaine pour les alerter sur l’écart grandissant entre l’économie américaine qui s’envole et la nôtre.

L’Europe et la France ne sont pas un monde à part. Nos économies sont ouvertes et c’est tant mieux ! Mais si l’on regarde les coûts de l’énergie ou le soutien que les États accordent à leurs entreprises, nous sommes en train de nous faire distancer par les Chinois qui ont des pratiques très prédatrices, et de l’autre côté, par les Américains. Le programme subventions IRA (Inflation Reduction Act) était, à l’origine, dimensionné à hauteur de 370 milliards de dollars. Le gouvernement américain reconnaît qu’il devrait monter à 1 000 milliards de crédits d’impôt, avec une rapidité de déploiement qui est absolument incroyable. Les délais d’instruction des demandes et les modalités de versement des montants font qu’on prend systématiquement au moins un an de retard.​

À ce propos, le Sénat a rejeté l’accord de libre-échange avec le Canada cette semaine. Comment vous interprétez ce vote ?​

Le Medef soutient cet accord. Ce vote contre le CETA est un non-sens ! Il y a six ans et demi qu’il est en expérimentation. Nous n’en sommes plus aux supputations. Il y a des faits : tous les chiffres démontrent que cet accord est extrêmement profitable à l’Europe et à la France, y compris pour les filières agricoles. Comment, dès lors, expliquer le vote de certains sénateurs qui soutenaient le traité à l’origine ? La seule explication, c’est qu’il y a des postures politiques opportunistes qui sont extrêmement préoccupantes au moment où nous avons besoin de rationalité.​

Vous craignez qu’une forme de complotisme ou d’obscurantisme percute fortement l’économie avec des conséquences très néfastes ?​

Nous, entrepreneurs, avons le sens du temps long, avec une vision largement ouverte sur le monde, parce que nous sommes confrontés à la concurrence internationale. Nous pensons avoir une compréhension de ces enjeux plus rationnelle que celle de certains décideurs politiques. Il n’y a rien de pire pour la décision économique que l’instabilité et le manque de visibilité.​

Bruno Le Maire ressort l’idée d’un transfert d’une partie des charges qui pèsent sur les salaires vers la TVA : la fameuse « TVA sociale ». Est-ce une réponse efficace pour relancer l’économie ?​

Les entreprises françaises supportent encore à ce jour 60 milliards d’impôts de production de plus et autant en charges sociales que la moyenne des entreprises européennes. Si l’on veut être compétitif et attractif, c’est à cela qu’il faut s’attaquer. Il est assez illogique, et même inéquitable, que les entreprises, et donc leurs salariés, supportent l’essentiel du coût de la protection sociale française. Les entreprises ne peuvent pas à la fois investir pour tenir leur rang dans la compétition internationale, consacrer 40 milliards d’euros par an de plus pour se décarboner, rehausser massivement le niveau de qualification de leurs salariés, et enfin augmenter les salaires, et développer l’emploi. C’est arithmétiquement impossible. Donc tout ce qui peut alléger les prélèvements obligatoires sur les entreprises permettra de répondre en tout ou partie à ces impératifs. Au quatrième trimestre 2023, le secteur privé a commencé à détruire des emplois alors que 60 000 emplois ont été créés dans les fonctions publiques en 2023. On nous annonce même une perspective de 70 000 nouveaux emplois dans le public en 2024. Vu l’état actuel des finances publiques, cela interroge !

Le Premier ministre annonce une réforme de l’assurance chômage à l’automne. En jouant soit sur la durée d’indemnisation aujourd’hui de 18 mois, soit sur les conditions d’accès aux allocations. Comment accueillez-vous cette initiative ?​

Il serait déjà utile de mesurer les effets des deux précédentes réformes de l’assurance chômage. Relancer une nouvelle réforme est envisageable, certes. Mais elle ne doit pas faire perdre de vue que la réponse la plus puissante au chômage, c’est l’activité. Tout ce qui soutient l’activité est bon pour l’emploi. La deuxième réponse, c’est la formation sur laquelle il faut miser davantage. Les entreprises pour leur part, sont mobilisées pour contribuer au plein-emploi.

Et sur la méthode ? Cette reprise en main du gouvernement ?

Certains considèrent que les partenaires sociaux, dont le MEDEF, poursuivent de vieilles lunes en défendant le paritarisme. Notre société est de plus en plus inflammable et je voudrais souligner que le climat social dans les entreprises privées, à ce jour, est apaisé. C’est un bien précieux. Par ailleurs, je rappelle que les partenaires sociaux gèrent les retraites complémentaires, l’assurance chômage, le régime accidents du travail, des maladies professionnelles, la prévoyance santé. Ces organismes servent 235 milliards d’euros de prestations par an. Et eux ne sont pas déficitaires.

Il y a eu un débat à la fin de l’année dernière sur la régularisation des travailleurs étrangers dans les métiers en tension. Ça a crispé beaucoup les débats. Quelle est la vision du Medef ?​

 Le débat ne se résume pas à celui de la régularisation des sans-papiers. C’est un vrai sujet, mais qui ne concerne que quelques dizaines de milliers de salariés, soit une faible part de l’immigration économique. Nous devons, par ailleurs, prendre en compte les perspectives démographiques. Compte tenu de la chute de la natalité, il faut se poser la question du financement de notre modèle social qui repose aujourd’hui sur le travail. Moins d’actifs du fait de notre démographie, c’est moins de cotisations, donc moins de prestations sociales. Nous devons collectivement y réfléchir. C’est le rôle d’un MEDEF d’affirmation que d’inscrire dans le débat public les grandes questions qui se posent au pays.

Sondage situation économique : 84 % des Français inquiets

Sondage situation économique : 84 % des Français inquiets

84% (+5 par rapport au 1er juin 2023) des Français sont inquiets pour la situation économique du pays, 80% (+9) pour le niveau de la dette publique, 66% (-1) pour leur propre situation financière. Dans une moindre mesure, 39% des actifs (+2) sont quant à eux inquiets pour leur emploi. Sondage Elabe.  

A ce jour, l’inquiétude macro-économique traverse l’ensemble des pans de la société mais la situation économique du pays et le niveau de la dette publique inquiète plus sensiblement les électeurs de M. Le Pen (respectivement 91% et 89%) et de V. Pécresse (91% et 89%). Les 50 ans et + expriment également une plus grande crainte à propos du niveau de la dette publique (86% contre 67% à 78% pour les autres catégories d’âge).

L’inquiétude pour son pouvoir d’achat reste fortement corrélée à la situation financière en fin de mois : 89% des personnes qui déclarent se restreindre sont inquiètes pour leur situation financière (dont 46% très inquiètes), contre 51% des Français qui bouclent facilement leurs fins de mois mais sans épargner et « seulement » 29% des Français qui parviennent à épargner.

Dans ce contexte, 4 Français sur 5 estiment désormais qu’il est urgent de réduire la dette publique en France

80% (+4 points depuis le 5 octobre dernier) des Français jugent urgent de réduire la dette publique en France, dont 32% (+7) très urgent et 48% (-3) assez urgent. A l’inverse, 19% (-5) considèrent que cela n’est pas urgent, dont 16% (-5) pas vraiment et 3% (=) pas du tout.

Le sentiment d’urgence à agir est majoritaire dans toutes les catégories de population et électorats et augmente significativement parmi les professions intermédiaires (80%, +13) et les employés/ouvriers (82%, +7).

 

Pour les Français, les allocations familiales (32% -4 par rapport au 5 octobre 2023, 3 réponses parmi 18 items) restent le domaine prioritaire sur lequel il faudrait baisser la dépense publique, suivies de près par le numérique (31%, +4) et le chômage (30%, +2). Un trio de tête qui reste inchangé depuis octobre dernier.

Derrière ce trio, plus de 2 Français sur 10 citent également la culture (25%, +2) et l’environnement, la transition écologique et énergétique (21% +3).

Pour 14% (-2) seulement, la dépense publique ne devrait baisser sur aucun des 17 domaines testés.

 

Dans la perspective de maitriser le déficit public et les dépenses de l’Etat, les mesures annoncées par le ministre de l’Économie le 18 février dernier, rencontrent un succès partiel. Trois groupes de mesures se distinguent :

Celles qui sont nettement approuvées :

  • 80% des Français sont favorables à la baisse des dépenses de fonctionnement de tous les ministères (énergie, achats, mobiliers, report de recrutements, réduction des déplacements)dont 45% tout à fait
  • 71% à la réduction du budget de Business France (institution publique qui accompagne les entreprises françaises à l’international et les entreprises étrangères en France)dont 20% tout à fait
  • 70% à la réduction du budget du Centre national d’études spatiales (institution publique qui gère le programme spatial français), dont 20% tout à fait

Celles qui divisent

  • 51% sont favorables à la baisse du budget alloué au fond vert (qui aide les collectivités territoriales à lutter contre le changement climatique) contre 48% opposés
  • 50% à la réduction du budget de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (institution publique qui aide les collectivités locales dans leurs projets en faveur du dynamisme économique) contre 49% opposés
  • 47% à la réduction du budget alloué à MaPrimeRénov’ (aide de l’État à destination des propriétaires qui souhaitent réaliser des travaux de rénovation énergétique au sein de leur logement) contre 51% opposés
  • 46% à la participation forfaitaire (10% du coût de la formation) des salariés pour bénéficier d’une formation avec le compte personnel de formation (CPF) contre 53% opposés

Celle rejetée :

  • 64% à la réduction du budget de France Compétences (institution publique qui finance la formation professionnelle et l’apprentissage)

Quelques écarts significatifs peuvent être notés :

  • La baisse des dépenses de fonctionnement de tous les ministères est approuvée par l’ensemble des électorats y compris les électeurs d’E. Macron (88%)
  • La baisse du budget alloué au fond vert rencontre l’opposition d’une majorité d’électeurs de J-L. Mélenchon (58% opposés ; 42% favorables) et de Y. Jadot (79% opposés), mais est soutenue par les autres électorats (54% E. Macron, 60% M. Le Pen, 66% V. Pécresse et 87% E. Zemmour)

Seul l’électorat d’E. Macron (62%) est favorable à la participation forfaitaire salariés pour bénéficier d’une formation avec le compte personnel de formation

 

4 autres mesures, évoquées dans le débat public pour réduire les dépenses publiques, rencontrent l’opposition d’une majorité de Français :

  • La désindexation des pensions de retraite (83% opposés, dont 50% très opposés)
  • La baisse du nombre de maladies de longue durée (ALD) sur la liste établie par le ministère de la Santé qui sont remboursées à 100% (72% opposés)
  • La suppression de l’indemnité carburant travailleur (59% opposés)
  • La réduction des prises en charge des déplacements médicaux par taxis (56% opposés)

Situation économique : 84 % des Français inquiets

Situation économique : 84 % des Français inquiets

84% (+5 par rapport au 1er juin 2023) des Français sont inquiets pour la situation économique du pays, 80% (+9) pour le niveau de la dette publique, 66% (-1) pour leur propre situation financière. Dans une moindre mesure, 39% des actifs (+2) sont quant à eux inquiets pour leur emploi. Sondage Elabe. 

 

A ce jour, l’inquiétude macro-économique traverse l’ensemble des pans de la société mais la situation économique du pays et le niveau de la dette publique inquiète plus sensiblement les électeurs de M. Le Pen (respectivement 91% et 89%) et de V. Pécresse (91% et 89%). Les 50 ans et + expriment également une plus grande crainte à propos du niveau de la dette publique (86% contre 67% à 78% pour les autres catégories d’âge).

L’inquiétude pour son pouvoir d’achat reste fortement corrélée à la situation financière en fin de mois : 89% des personnes qui déclarent se restreindre sont inquiètes pour leur situation financière (dont 46% très inquiètes), contre 51% des Français qui bouclent facilement leurs fins de mois mais sans épargner et « seulement » 29% des Français qui parviennent à épargner.

Dans ce contexte, 4 Français sur 5 estiment désormais qu’il est urgent de réduire la dette publique en France

80% (+4 points depuis le 5 octobre dernier) des Français jugent urgent de réduire la dette publique en France, dont 32% (+7) très urgent et 48% (-3) assez urgent. A l’inverse, 19% (-5) considèrent que cela n’est pas urgent, dont 16% (-5) pas vraiment et 3% (=) pas du tout.

Le sentiment d’urgence à agir est majoritaire dans toutes les catégories de population et électorats et augmente significativement parmi les professions intermédiaires (80%, +13) et les employés/ouvriers (82%, +7).

 

Pour les Français, les allocations familiales (32% -4 par rapport au 5 octobre 2023, 3 réponses parmi 18 items) restent le domaine prioritaire sur lequel il faudrait baisser la dépense publique, suivies de près par le numérique (31%, +4) et le chômage (30%, +2). Un trio de tête qui reste inchangé depuis octobre dernier.

Derrière ce trio, plus de 2 Français sur 10 citent également la culture (25%, +2) et l’environnement, la transition écologique et énergétique (21% +3).

Pour 14% (-2) seulement, la dépense publique ne devrait baisser sur aucun des 17 domaines testés.

 

Dans la perspective de maitriser le déficit public et les dépenses de l’Etat, les mesures annoncées par le ministre de l’Économie le 18 février dernier, rencontrent un succès partiel. Trois groupes de mesures se distinguent :

Celles qui sont nettement approuvées :

  • 80% des Français sont favorables à la baisse des dépenses de fonctionnement de tous les ministères (énergie, achats, mobiliers, report de recrutements, réduction des déplacements)dont 45% tout à fait
  • 71% à la réduction du budget de Business France (institution publique qui accompagne les entreprises françaises à l’international et les entreprises étrangères en France)dont 20% tout à fait
  • 70% à la réduction du budget du Centre national d’études spatiales (institution publique qui gère le programme spatial français), dont 20% tout à fait

Celles qui divisent

  • 51% sont favorables à la baisse du budget alloué au fond vert (qui aide les collectivités territoriales à lutter contre le changement climatique) contre 48% opposés
  • 50% à la réduction du budget de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (institution publique qui aide les collectivités locales dans leurs projets en faveur du dynamisme économique) contre 49% opposés
  • 47% à la réduction du budget alloué à MaPrimeRénov’ (aide de l’État à destination des propriétaires qui souhaitent réaliser des travaux de rénovation énergétique au sein de leur logement) contre 51% opposés
  • 46% à la participation forfaitaire (10% du coût de la formation) des salariés pour bénéficier d’une formation avec le compte personnel de formation (CPF) contre 53% opposés

Celle rejetée :

  • 64% à la réduction du budget de France Compétences (institution publique qui finance la formation professionnelle et l’apprentissage)

Quelques écarts significatifs peuvent être notés :

  • La baisse des dépenses de fonctionnement de tous les ministères est approuvée par l’ensemble des électorats y compris les électeurs d’E. Macron (88%)
  • La baisse du budget alloué au fond vert rencontre l’opposition d’une majorité d’électeurs de J-L. Mélenchon (58% opposés ; 42% favorables) et de Y. Jadot (79% opposés), mais est soutenue par les autres électorats (54% E. Macron, 60% M. Le Pen, 66% V. Pécresse et 87% E. Zemmour)

Seul l’électorat d’E. Macron (62%) est favorable à la participation forfaitaire salariés pour bénéficier d’une formation avec le compte personnel de formation

 

4 autres mesures, évoquées dans le débat public pour réduire les dépenses publiques, rencontrent l’opposition d’une majorité de Français :

  • La désindexation des pensions de retraite (83% opposés, dont 50% très opposés)
  • La baisse du nombre de maladies de longue durée (ALD) sur la liste établie par le ministère de la Santé qui sont remboursées à 100% (72% opposés)
  • La suppression de l’indemnité carburant travailleur (59% opposés)
  • La réduction des prises en charge des déplacements médicaux par taxis (56% opposés)

 

Numérique : 15 % de la population en situation d’illettrisme numérique

Numérique : 15 % de la population en situation d’illettrisme numérique

16 millions de personnes se sentaient éloignées du numérique en France fin 2022, selon le Crédoc. C’est 3 millions de plus qu’en 2017, et 30 % de la population des plus de 18 ans. Selon l’ANLCI, qui publie l’Atlas de l’Illettrisme, « on parle d’illettrisme pour des personnes qui, après avoir été scolarisées en France, n’ont pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l’écriture, du calcul, des compétences de base, pour être autonomes dans les situations simples de la vie courante ». Et serait concerné près de 7 % de la population âgée de 18 à 65 ans, majoritairement masculine (60,5 %) dont la moitié vit dans une zone faiblement peuplée. Mais quand il s’agit de déficit de compétences liées au numérique, on parle alors d’illectronisme. Et là, ça concerne beaucoup plus de monde, soit 1 Français sur 5 !

Pour l’ANCLI, l’illettrisme numérique (ou l’illectronisme) désigne la « situation d’une personne ne maîtrisant pas suffisamment les usages des outils numériques usuels pour accéder aux informations, les traiter et agir en autonomie dans la vie courante ». Et, contrairement à une idée reçue, ce n’est pas qu’un problème de génération. Ainsi, selon l’édition 2021 du baromètre Credoc, 36 % des 18-24 ans reconnaissent au moins une difficulté avec les compétences informatiques de base. Ce qui conduit parfois à une incapacité à accomplir une démarche en ligne (28 % des non-diplômés). Rappelons que depuis mai 2022, conformément au programme Action publique initié fin 2017, 250 démarches les plus courantes sont dématérialisées. Certificat d’immatriculation, commande de passeport ou de carte nationale d’identité, demande d’allocations… difficile de (sur)vivre sans maîtriser les interfaces électroniques.

48 % de la population possèderaient des capacités numériques faibles ou nulles .

PME-TPE: Situation économique critique

PME-TPE: Situation économique critique

La situation des petites et moyennes entreprises françaises est de plus en plus critique concernant aussi bien le carnet de commandes, que la trésorerie, le recrutement ou les résultats d’après l’enquête de Bpifrance Le Lab et Rexecode.

Premier signe d’inquiétude, tous les indicateurs montrent une détérioration de la trésorerie de ces entreprises. Avec un solde d’opinion qui plonge de cinq points par rapport au trimestre dernier, à -22. Un problème pour les entreprises, d’autant que les délais de paiement des clients n’ont jamais été jugés aussi élevés, depuis le lancement du baromètre en 2017.

Plus d’un chef d’entreprise sur cinq (21%) évoque des difficultés de financement des dépenses d’investissement. Sur cet item, la hausse est de trois points par rapport au précédent baromètre.

Les réponses de près de 1000 TPE-PME permettent d’établir le classement des craintes des dirigeants. En tête se trouvent les difficultés de recrutement. 53% des chefs d’entreprises interrogés en conviennent. Derrière cet enjeu d’offre, les perspectives de demande sont aussi dégradées. Pour 43% des dirigeants, cette inquiétude agit comme un frein à la croissance de leur entreprise, soit deux points de plus que le trimestre précédent.

Conséquence, les intentions d’investissement pour 2023 reculent. 52% des TPE-PME ont investi ou comptent investir d’ici la fin de l’année. Une proportion majoritaire mais en baisse (57% au troisième trimestre). Seule bonne nouvelle, ce chiffre est en hausse sur un an (49% au quatrième trimestre 2022).

Étoiles de David : un couple moldave en situation irrégulière notamment responsable

Étoiles de David : un couple moldave en situation irrégulière notamment responsable


Deux auteurs, un couple Moldave en situation irrégulière, ont été interpellés le 27 octobre pour avoir dessiné 15 étoiles à l’aide de pochoir dans le 10e arrondissent de Paris.

Dans le 10e arrondissement de Paris, dans la nuit du 26 au 27 octobre vers 2h du matin, un riverain, Jean, a aperçu depuis sa fenêtre un couple, un homme et une femme, dessiner des étoiles de David sur les murs. Quinze au total, taguées au pochoir et à l’encre bleue.

Le riverain dit avoir trouvé « ça vraiment honteux, lâche et intolérable ».

Ayant « halluciné », il a pris son téléphone pour prendre « quelques clichés », puis « entre temps » appeler la police du 10e arrondissement de Paris « qui est intervenue très rapidement, 5 minutes après ».

Après l’appel de cet homme, la police a arrêté ce couple moldave. En situation irrégulière, ils ont été placés dans un centre de rétention administrative afin d’être reconduits dans leur pays, d’après des informations communiquées par une source proche du dossier à BFMTV. Le couple était inconnu de la justice et a assuré avoir commis cette infraction sur la commande d’un tiers.

Ils ont été placés en rétention administrative pour ces tags, une dégradation aggravée ar le fait qu’elle a été commise en raison de l’origine ou de la religion. Mais la procédure judiciaire a fait l’objet d’un classement en raison de leur expulsion du territoire.

D’autres ont été retrouvées sur des bâtiments n’ayant aucun lien avec la religion, notamment à Paris. D’après une source proche de l’enquête, un autre couple, non identifié à ce stade, est recherché. Le parquet de Seine-Saint-Denis a ouvert 2 enquêtes.

BFMTV

Immobilier: La situation du logement en France en 2023 ( INSEE)

Immobilier: La situation du logement en France en 2023 ( INSEE)

La croissance nombre de logements se tasse depuis 2007 . Au 1er janvier 2023, la France compte 37,8 millions de logements hors Mayotte , soit 13,4 millions de logements supplémentaires depuis 1983 et 3,4 millions depuis 2013. Depuis le début des années 1980, le parc de logements en France hors Mayotte s’est accru de 1,1 % par an en moyenne. Le taux de croissance du parc a peu évolué sur l’ensemble de la période : il est toutefois un peu moins élevé depuis 2007, et particulièrement sur les cinq dernières années (+0,9 % par an en moyenne, figure 2). Ce ralentissement est notamment porté par le parc en France métropolitaine. Dans le territoire composé des départements et régions d’outre-mer (DOM) hors Mayotte, le parc de logements augmente plus rapidement qu’en France métropolitaine (+2,4 % par an en moyenne depuis 1983). Cependant, l’augmentation du nombre de logements s’atténue depuis 2007, comme en France métropolitaine.

En 2023, en France hors Mayotte, comme en France métropolitaine, sur 100 logements, 82 sont des résidences principales, 10 sont des résidences secondaires ou logements occasionnels, et 8 sont vacants. Cette répartition diffère dans les DOM avec en particulier davantage de logements vacants (81 résidences principales, 6 résidences secondaires ou logements occasionnels et 13 logements vacants).

En France métropolitaine, la part des résidences principales a diminué entre 1983 et 1990, passant de 82,5 % à 82,1 %, puis a augmenté jusqu’en 2006, passant de 82,1 % à 83,9 %, avant de diminuer de nouveau depuis. Elle baisse également dans les DOM hors Mayotte depuis 2007, passant de 86,3 % à 81,3 %. Ces évolutions s’expliquent par une croissance un peu moins soutenue du nombre de résidences principales par rapport à l’ensemble du parc.

La part des résidences secondaires et des logements occasionnels augmente depuis le début des années 2010 en France métropolitaine, passant de 9,5 % en 2011 à 9,9 % en 2023, ainsi que, plus fortement encore, depuis la fin des années 2000 dans les DOM, passant de 3,6 % en 2007 à 6,3 % en 2023. Le nombre de résidences secondaires et de logements occasionnels augmente en effet davantage que l’ensemble du parc sur ces périodes.

En France métropolitaine, la part des logements vacants est en hausse depuis 2007, passant de 6,4 % à 8,1 % en 2018, et se stabilise depuis. Dans les DOM hors Mayotte, la part des logements vacants augmente également depuis 2007, passant de 10,1 % à 12,3 % en 2023. La vacance peut provenir d’une inadéquation de l’offre avec la demande en matière de taille, localisation, prix, par exemple, ou correspondre à des logements en mauvais état. Il peut aussi s’agir de logements inoccupés, sans être pour autant immédiatement habitables. Ils peuvent être proposés à la vente ou à la location, en attente d’occupation ou de règlement de succession, ou encore sans affectation précise (logements à réhabiliter, par exemple). La vacance peut être aussi la conséquence du départ en maison de retraite de personnes âgées, sans que le logement soit mis en vente ou en location.

En 2023, l’habitat individuel représente 55,1 % des logements en France hors Mayotte, soit un demi-point de moins qu’en 1983. Deux tiers des logements ultramarins sont des logements individuels, une proportion nettement plus élevée qu’en France métropolitaine. Ce type d’habitat est majoritaire parmi les résidences principales comme parmi les résidences secondaires ou logements occasionnels. Il est néanmoins en net recul depuis 1983 dans les DOM (77,6 %, contre 66,1 % en 2023) et légèrement depuis 2007 en France métropolitaine (55,3 %, contre 54,8 % en 2023).

En 2023, 57,2 % des ménages sont propriétaires de leur résidence principale en France hors Mayotte (figure 3). Cette part a augmenté entre 1983 et 1990, passant de 51,2 % à 54,9 %, s’est ensuite stabilisée jusqu’en 1997, avant d’augmenter à nouveau de façon continue jusqu’en 2014 (57,8 %). Cependant, depuis 2014, elle diminue très légèrement.

La part des ménages locataires de leur résidence principale se maintient aux environs de 40 % depuis 1983. En 2023, les logements détenus par des bailleurs publics représentent 17,6 % du parc de résidences principales, ceux détenus par des bailleurs privés, 22,6 %. La part des bailleurs publics est stable depuis le début des années 2000, alors qu’elle avait nettement augmenté entre 1983 et 1997. Enfin, la proportion des ménages logés gratuitement a baissé de façon continue depuis 1983, pour atteindre 2,6 % en 2023 contre 8,2 % quarante ans plus tôt.

En 2023, les ménages locataires sont plus nombreux en proportion dans les DOM hors Mayotte (43,2 %) qu’en France métropolitaine (40,2 %), tout comme les ménages logés gratuitement (5,7 %, contre 2,5 % en France métropolitaine). À l’inverse, les ménages propriétaires sont moins nombreux (51,1 %, contre 57,3 % en France métropolitaine), notamment les propriétaires accédants (14,7 %, contre 20,4 % en France métropolitaine). En 1983, le constat était inverse, les ménages locataires étaient moins nombreux dans les DOM hors Mayotte qu’en France métropolitaine, et les ménages propriétaires plus nombreux.

En France métropolitaine, la part de logements dans les unités urbaines hors Paris est plus importante qu’en 1983.

Depuis le début des années 1980, la répartition du parc de logements en France métropolitaine selon la taille de l’unité urbaine a évolué sous l’effet de deux phénomènes. D’une part, la croissance du parc a évolué de façon hétérogène sur le territoire. D’autre part, sa répartition s’est également modifiée avec le phénomène d’extension urbaine, par l’apparition de nouvelles unités urbaines ou l’agrandissement d’unités urbaines déjà existantes.

En 2023, 32,2 % des résidences principales se situent dans une commune urbaine de moins de 100 000 habitants et 31,8 % dans une commune urbaine de plus de 100 000 habitants hors Paris (figure 4). Ces proportions ont légèrement augmenté depuis 1983 (29,7 % dans une commune de moins de 100 000 habitants et 29,3 % dans une commune de plus de 100 000 habitants) au détriment de l’unité urbaine de Paris et des communes hors unité urbaine.

En 2023, 77,0 % des résidences secondaires et des logements occasionnels sont situés dans une commune hors unité urbaine ou dans une unité urbaine de moins de 100 000 habitants. Cette proportion a globalement diminué par rapport à 1983, où elle atteignait 83,4 %. Par ailleurs, en 2023, seules 52,3 % des résidences principales se situent dans une commune hors unité urbaine ou dans une unité urbaine de moins de 100 000 habitants. La proportion des résidences secondaires et des logements occasionnels dans les communes hors unité urbaine a nettement baissé par rapport au début des années 1980, passant de 51,8 % en 1983 à 37,1 % en 2023, alors qu’elle s’est accrue dans les unités urbaines de moins de 100 000 habitants, de 31,6 % à 39,9 %. Ces deux tendances inverses s’expliquent par une évolution plus faible du nombre de résidences secondaires et de logements occasionnels dans les communes hors unité urbaine par rapport aux autres communes, et par l’intégration de communes hors unité urbaine dans l’espace urbain.

La majorité des logements vacants (58,7 %) se situent dans une commune hors unité urbaine ou dans une unité urbaine de moins de 100 000 habitants. L’évolution de la part de logements vacants est différenciée selon le type de commune. La proportion des logements vacants hors unité urbaine s’est réduite par rapport au début des années 1980, passant de 29,9 % en 1983 à 23,9 % en 2023, tout comme au sein de l’unité urbaine de Paris, passant de 16,3 % à 13,3 %. Au contraire, la part des logements vacants dans les unités urbaines de moins de 100 000 habitants a augmenté, passant de 28,9 % en 1983 à 34,8 % en 2023.

Enfin, l’habitat individuel est d’autant plus fréquent que la taille de l’unité urbaine à laquelle appartient la commune est petite, et ce pour toutes les catégories de logements (résidence principale ou autre).

La situation du logement en France en 2023 ( INSEE)

La situation du logement en France en 2023 ( INSEE)

La croissance nombre de logements se tasse depuis 2007 . Au 1er janvier 2023, la France compte 37,8 millions de logements hors Mayotte , soit 13,4 millions de logements supplémentaires depuis 1983 et 3,4 millions depuis 2013. Depuis le début des années 1980, le parc de logements en France hors Mayotte s’est accru de 1,1 % par an en moyenne. Le taux de croissance du parc a peu évolué sur l’ensemble de la période : il est toutefois un peu moins élevé depuis 2007, et particulièrement sur les cinq dernières années (+0,9 % par an en moyenne, figure 2). Ce ralentissement est notamment porté par le parc en France métropolitaine. Dans le territoire composé des départements et régions d’outre-mer (DOM) hors Mayotte, le parc de logements augmente plus rapidement qu’en France métropolitaine (+2,4 % par an en moyenne depuis 1983). Cependant, l’augmentation du nombre de logements s’atténue depuis 2007, comme en France métropolitaine.

En 2023, en France hors Mayotte, comme en France métropolitaine, sur 100 logements, 82 sont des résidences principales, 10 sont des résidences secondaires ou logements occasionnels, et 8 sont vacants. Cette répartition diffère dans les DOM avec en particulier davantage de logements vacants (81 résidences principales, 6 résidences secondaires ou logements occasionnels et 13 logements vacants).

En France métropolitaine, la part des résidences principales a diminué entre 1983 et 1990, passant de 82,5 % à 82,1 %, puis a augmenté jusqu’en 2006, passant de 82,1 % à 83,9 %, avant de diminuer de nouveau depuis. Elle baisse également dans les DOM hors Mayotte depuis 2007, passant de 86,3 % à 81,3 %. Ces évolutions s’expliquent par une croissance un peu moins soutenue du nombre de résidences principales par rapport à l’ensemble du parc.

La part des résidences secondaires et des logements occasionnels augmente depuis le début des années 2010 en France métropolitaine, passant de 9,5 % en 2011 à 9,9 % en 2023, ainsi que, plus fortement encore, depuis la fin des années 2000 dans les DOM, passant de 3,6 % en 2007 à 6,3 % en 2023. Le nombre de résidences secondaires et de logements occasionnels augmente en effet davantage que l’ensemble du parc sur ces périodes.

En France métropolitaine, la part des logements vacants est en hausse depuis 2007, passant de 6,4 % à 8,1 % en 2018, et se stabilise depuis. Dans les DOM hors Mayotte, la part des logements vacants augmente également depuis 2007, passant de 10,1 % à 12,3 % en 2023. La vacance peut provenir d’une inadéquation de l’offre avec la demande en matière de taille, localisation, prix, par exemple, ou correspondre à des logements en mauvais état. Il peut aussi s’agir de logements inoccupés, sans être pour autant immédiatement habitables. Ils peuvent être proposés à la vente ou à la location, en attente d’occupation ou de règlement de succession, ou encore sans affectation précise (logements à réhabiliter, par exemple). La vacance peut être aussi la conséquence du départ en maison de retraite de personnes âgées, sans que le logement soit mis en vente ou en location.

En 2023, l’habitat individuel représente 55,1 % des logements en France hors Mayotte, soit un demi-point de moins qu’en 1983. Deux tiers des logements ultramarins sont des logements individuels, une proportion nettement plus élevée qu’en France métropolitaine. Ce type d’habitat est majoritaire parmi les résidences principales comme parmi les résidences secondaires ou logements occasionnels. Il est néanmoins en net recul depuis 1983 dans les DOM (77,6 %, contre 66,1 % en 2023) et légèrement depuis 2007 en France métropolitaine (55,3 %, contre 54,8 % en 2023).

En 2023, 57,2 % des ménages sont propriétaires de leur résidence principale en France hors Mayotte (figure 3). Cette part a augmenté entre 1983 et 1990, passant de 51,2 % à 54,9 %, s’est ensuite stabilisée jusqu’en 1997, avant d’augmenter à nouveau de façon continue jusqu’en 2014 (57,8 %). Cependant, depuis 2014, elle diminue très légèrement.

La part des ménages locataires de leur résidence principale se maintient aux environs de 40 % depuis 1983. En 2023, les logements détenus par des bailleurs publics représentent 17,6 % du parc de résidences principales, ceux détenus par des bailleurs privés, 22,6 %. La part des bailleurs publics est stable depuis le début des années 2000, alors qu’elle avait nettement augmenté entre 1983 et 1997. Enfin, la proportion des ménages logés gratuitement a baissé de façon continue depuis 1983, pour atteindre 2,6 % en 2023 contre 8,2 % quarante ans plus tôt.

En 2023, les ménages locataires sont plus nombreux en proportion dans les DOM hors Mayotte (43,2 %) qu’en France métropolitaine (40,2 %), tout comme les ménages logés gratuitement (5,7 %, contre 2,5 % en France métropolitaine). À l’inverse, les ménages propriétaires sont moins nombreux (51,1 %, contre 57,3 % en France métropolitaine), notamment les propriétaires accédants (14,7 %, contre 20,4 % en France métropolitaine). En 1983, le constat était inverse, les ménages locataires étaient moins nombreux dans les DOM hors Mayotte qu’en France métropolitaine, et les ménages propriétaires plus nombreux.

En France métropolitaine, la part de logements dans les unités urbaines hors Paris est plus importante qu’en 1983.

Depuis le début des années 1980, la répartition du parc de logements en France métropolitaine selon la taille de l’unité urbaine a évolué sous l’effet de deux phénomènes. D’une part, la croissance du parc a évolué de façon hétérogène sur le territoire. D’autre part, sa répartition s’est également modifiée avec le phénomène d’extension urbaine, par l’apparition de nouvelles unités urbaines ou l’agrandissement d’unités urbaines déjà existantes.

En 2023, 32,2 % des résidences principales se situent dans une commune urbaine de moins de 100 000 habitants et 31,8 % dans une commune urbaine de plus de 100 000 habitants hors Paris (figure 4). Ces proportions ont légèrement augmenté depuis 1983 (29,7 % dans une commune de moins de 100 000 habitants et 29,3 % dans une commune de plus de 100 000 habitants) au détriment de l’unité urbaine de Paris et des communes hors unité urbaine.

En 2023, 77,0 % des résidences secondaires et des logements occasionnels sont situés dans une commune hors unité urbaine ou dans une unité urbaine de moins de 100 000 habitants. Cette proportion a globalement diminué par rapport à 1983, où elle atteignait 83,4 %. Par ailleurs, en 2023, seules 52,3 % des résidences principales se situent dans une commune hors unité urbaine ou dans une unité urbaine de moins de 100 000 habitants. La proportion des résidences secondaires et des logements occasionnels dans les communes hors unité urbaine a nettement baissé par rapport au début des années 1980, passant de 51,8 % en 1983 à 37,1 % en 2023, alors qu’elle s’est accrue dans les unités urbaines de moins de 100 000 habitants, de 31,6 % à 39,9 %. Ces deux tendances inverses s’expliquent par une évolution plus faible du nombre de résidences secondaires et de logements occasionnels dans les communes hors unité urbaine par rapport aux autres communes, et par l’intégration de communes hors unité urbaine dans l’espace urbain.

La majorité des logements vacants (58,7 %) se situent dans une commune hors unité urbaine ou dans une unité urbaine de moins de 100 000 habitants. L’évolution de la part de logements vacants est différenciée selon le type de commune. La proportion des logements vacants hors unité urbaine s’est réduite par rapport au début des années 1980, passant de 29,9 % en 1983 à 23,9 % en 2023, tout comme au sein de l’unité urbaine de Paris, passant de 16,3 % à 13,3 %. Au contraire, la part des logements vacants dans les unités urbaines de moins de 100 000 habitants a augmenté, passant de 28,9 % en 1983 à 34,8 % en 2023.

Enfin, l’habitat individuel est d’autant plus fréquent que la taille de l’unité urbaine à laquelle appartient la commune est petite, et ce pour toutes les catégories de logements (résidence principale ou autre).

Economie: La France est dans une situation délicate

Economie: La France est dans une situation délicate, Pierre Boyer (économiste à Polytechnique)

Pierre Boyer est professeur d’économie à l’école Polytechnique et directeur adjoint de l’institut des politiques publiques évoque dans une interview à la Tribune la fragilité de la situation économique en France et regrette le caractère court-termistes des mesures prises par le gouvernement.

Au moment de la présentation du budget 2024 fin septembre, le gouvernement a répété son mantra d’éviter toute hausse de la fiscalité. Pourtant, l’Etat s’apprête à augmenter les taxes sur le gazole non routier des agriculteurs, des entreprises du BTP. Les taxes sur le gaz devraient également augmenter l’année prochaine. Existe-t-il un risque d’embrasement social ?

PIERRE BOYER- La France est dans une situation inflammable. Les décideurs publics ont en tête ce risque d’embrasement. Ils prennent des mesures court-termistes pour permettre de passer ces moments difficiles. L’indexation du barème de l’impôt sur le revenu va clairement dans ce sens. Beaucoup de contribuables des classes moyennes peuvent potentiellement basculer dans l’impôt sur le revenu sans cette indexation. Ce qui pourrait générer du mécontentement. La dernière enquête du Conseil des prélèvements obligatoires montre que trois Français sur quatre pensent que le niveau général des impôts est trop élevé en France. Avec l’inflation, l’Etat doit prendre des mesures pour limiter ce choc sur les plus modestes.

Sur le budget, il y a un enjeu clair sur la qualité de la dépense. La lutte contre le gaspillage de l’argent public peut avoir un effet vertueux sur les marges de manœuvre budgétaires et dans le même temps assurer aux Français que chaque euro collecté est utilisé à bon escient. Cela permet de mieux expliquer le niveau élevé des prélèvements obligatoires qui correspond à des besoins dans la santé, l’éducation, la défense, la transition écologique et à la fin il est possible que cela favorise le consentement à l’impôt des citoyens.

Le thème du ras-le-bol fiscal est régulièrement évoqué dans les débats. Dans le cadre vos missions au Conseil des prélèvements obligatoires, vous travaillez sur le baromètre de la perception des impôts. Beaucoup de Français expriment parfois leur mécontentement à l’égard des prélèvements. Pourtant, les citoyens dans leur immense majorité acceptent de payer leurs impôts. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

L’observation des révoltes fiscales récentes et débats houleux autour des questions fiscales suggèrent que les Français sont fâchés avec leurs impôts. Ce n’est cependant pas aussi simple. Il y a une acceptation de payer des impôts dans une société démocratique. C’est ce que l’on appelle le civisme fiscal et les Français pensent très majoritairement que payer ses impôts est un acte citoyen.

Les gens sont donc d’accord avec le principe de l’impôt mais ne sont pas forcément satisfaits du système fiscal actuel. Un citoyen peut par exemple penser que le système fiscal est profondément injuste car il ne redistribue pas assez des plus aisés vers les plus modestes. Et inversement, certains contribuables vont penser qu’il est trop redistributif. Aujourd’hui les Français payent donc leurs impôts même s’ils sont mécontents du système actuel.

La résistance à l’impôt s’explique-t-elle par une méfiance à l’égard des institutions ?

Dans la littérature académique, les déterminants du consentement à l’impôt reposent sur la perception de justice du système, la confiance dans les institutions qui dépensent l’argent public et le bon usage de la dépense publique. La connaissance du système et les caractères socio-démographiques (âge, revenu, géographie) sont également des déterminants. Si les gens ont plus de confiance dans les institutions qui dépensent l’argent public, le consentement sera plus élevé.

Comment faire pour améliorer le consentement à l’impôt ?

Il est difficile d’apporter à ce stade une réponse précise. D’après nos premiers résultats, il semble que l’Etat peut améliorer le consentement à l’impôt en expliquant les contrôles rigoureux qui sont appliqués sur les dépenses d’argent public. C’est une question importante pour les finances publiques et les décideurs. En cas de crise budgétaire, le ministre des Finances peut être amené à devoir demander à ses équipes quelles sont les options possibles pour que des hausses nécessaires soient acceptées. Pour l’instant, on n’a pas de réponse claire à ces questions.

Plusieurs commentateurs ont expliqué que la révolte des gilets jaunes était partie d’une hausse de la taxe sur les carburants. A l’époque, beaucoup ont été surpris par l’ampleur de la contestation. Avec le recul, comment expliquez-vous un tel mécontentement alors que les prix des carburants ces deux dernières années ont sans doute plus augmenté qu’à l’hiver 2018 ?

La hausse des prix des carburants a joué un rôle dans la mobilisation des gilets jaunes. Mais la baisse de la limitation de vitesse sur les routes secondaires décidée a pu également contribuer à ce mouvement. Un de mes articles avec des collègues de l’École polytechnique a montré que les questions de mobilité étaient très importantes pour comprendre ce mouvement. Ce qui est moins évoqué est que les prix à la pompe changent au cours d’une même journée. Il est donc difficile de déterminer précisément le prix payé par un individu lorsqu’il est passé à la pompe et faire le lien avec son mécontentement.

Avec la guerre en Ukraine et le retour de l’inflation, le sentiment d’injustice fiscale chez les Français est particulièrement sensible. Ce sentiment d’injustice est-il justifié selon vous ? Pour quelles raisons ?

On connaît les déterminants de l’opinion des gens sur ce qui est juste ou injuste en matière d’impôt. Le contexte peut également jouer un rôle. Les résultats à venir de la nouvelle vague du baromètre réalisé par le Conseil des prélèvements obligatoires pourront nous éclairer sur l’évolution du sentiment d’injustice.

Politique-Sondage situation du pays : Près de 80 % pessimistes

Politique-Sondage situation du pays : Près de 80 % pessimistes

D’après un sondage La Tribune et CCI France Près de 80 % des Français sont pessimistes sur la situation économique et sociale du pays

Pour Bernard Sananes le patron d’Elabe , 78%, soit 8 sur dix, affirment que la France ne va pas bien, dont 25% pas bien du tout; cette vision sombre sur la France d’aujourd’hui est nourrie par le sentiment très largement partagé d’un pays en déclin (61% des Français) . Seuls 8% dont 16% des cadres estiment que le pays est en progrès ce qui conforte l’idée d’un pays à deux vitesses. Encore plus symptomatique, plus on monte à droite de l’échiquier, plus on est nombreux à penser que la France est en déclin : c’est le cas de 82% des électeurs de Valérie Pécresse, et de 80% de ceux de Marine Le Pen (92% de ceux d’Eric Zemmour). Ils ne sont que 34% à le penser chez les sympathisants de Macron, contre 67% chez Mélenchon.

Sur le plan politique, 53% des électeurs de Macron jugent que la France ne va pas bien, contre plus de 75% dans les autres électorats, souligne Bernard Sananes.
En clair, les Français sont des sceptiques, ils doutent, mais ils comprennent la stratégie d’action du président de la République : 54% pensent que la situation va s’améliorer pour la réindustrialisation, la formation aux métiers de demain (67%), renforcer l’attractivité de la France (57%) et l’adapter aux défis de l’environnement (55%). En plein débat sur l’industrie verte, dont le projet de loi de Bruno Le Maire et de Roland Lescure est en cours d’adoption, et sur la planification écologique, les Français voient bien le chemin qu’on leur propose, mais ils doutent encore de la capacité à atteindre les objectifs fixés.

A 76%, les Français jugent que les entreprises ne seront pas à la hauteur des attentes sur la hausse des salaires, face à une inflation de près de 10% en deux ans… Même scepticisme à propos du versement de primes (62%) ou de l’amélioration des conditions de travail (62%). Enfin, après l’adoption de la réforme des retraites, qui commencera à s’appliquer au 1er septembre, 73% des Français ne croient pas en la réelle volonté des entreprises d’améliorer le taux d’emploi des seniors.

Pour trois Français sur quatre, ces entreprises doivent contribuer davantage au financement de la transition écologique, devant l’Etat (60%), les entreprises en général (37%), les particuliers les plus aisés (24%) et les particuliers en général (17%).

La justice sociale est considérée comme la clef de la réussite de la transition écologique. 65% des Français sont prêts à faire des changements importants dans leur mode de vie, à condition qu’ils soient partagés de façon juste entre tous les membres de la société. Et, à 42%, qu’on leur demande leur avis, car ils aimeraient avoir leur mot à dire sur cette transition qui nous concerne tous, plutôt que l’on impose une planification d’en haut.

Sondage situation de la France: Près de 80 % pessimistes

Sondage situation de la France: Près de 80 % pessimistes

D’après un sondage La Tribune et CCI France Près de 80 % des Français sont pessimistes sur la situation économique et sociale du pays

Pour Bernard Sananes le patron d’Elabe , 78%, 8 sur dix, affirment que la France ne va pas bien, dont 25% pas bien du tout; cette vision sombre sur la France d’aujourd’hui est nourrie par le sentiment très largement partagé d’un pays en déclin (61% des Français) . Seuls 8% dont 16% des cadres estiment que le pays est en progrès ce qui conforte l’idée d’un pays à deux vitesses. Encore plus symptomatique, plus on monte à droite de l’échiquier, plus on est nombreux à penser que la France est en déclin : c’est le cas de 82% des électeurs de Valérie Pécresse, et de 80% de ceux de Marine Le Pen (92% de ceux d’Eric Zemmour). Ils ne sont que 34% à le penser chez les sympathisants de Macron, contre 67% chez Mélenchon.

Sur le plan politique, 53% des électeurs de Macron jugent que la France ne va pas bien, contre plus de 75% dans les autres électorats, souligne Bernard Sananes.
En clair, les Français sont des sceptiques, ils doutent, mais ils comprennent la stratégie d’action du président de la République : 54% pensent que la situation va s’améliorer pour la réindustrialisation, la formation aux métiers de demain (67%), renforcer l’attractivité de la France (57%) et l’adapter aux défis de l’environnement (55%). En plein débat sur l’industrie verte, dont le projet de loi de Bruno Le Maire et de Roland Lescure est en cours d’adoption, et sur la planification écologique, les Français voient bien le chemin qu’on leur propose, mais ils doutent encore de la capacité à atteindre les objectifs fixés.

A 76%, les Français jugent que les entreprises ne seront pas à la hauteur des attentes sur la hausse des salaires, face à une inflation de près de 10% en deux ans… Même scepticisme à propos du versement de primes (62%) ou de l’amélioration des conditions de travail (62%). Enfin, après l’adoption de la réforme des retraites, qui commencera à s’appliquer au 1er septembre, 73% des Français ne croient pas en la réelle volonté des entreprises d’améliorer le taux d’emploi des seniors.

Pour trois Français sur quatre, ces entreprises doivent contribuer davantage au financement de la transition écologique, devant l’Etat (60%), les entreprises en général (37%), les particuliers les plus aisés (24%) et les particuliers en général (17%).

La justice sociale est considérée comme la clef de la réussite de la transition écologique. 65% des Français sont prêts à faire des changements importants dans leur mode de vie, à condition qu’ils soient partagés de façon juste entre tous les membres de la société. Et, à 42%, qu’on leur demande leur avis, car ils aimeraient avoir leur mot à dire sur cette transition qui nous concerne tous, plutôt que l’on impose une planification d’en haut.

La lucidité d ‘ Alain Touraine sur mai 68 et la situation politique

La lucidité d ‘ Alain Touraine sur mai 68 et la gauche

par
Michel Wieviorka
Sociologue, membre Centre d’analyse et d’intervention sociologiques (CADIS, EHSS-CNRS), Auteurs historiques The Conversation France

Alain Touraine est décédé dans la nuit de jeudi 8 à vendredi 9 juin 2023. En 2018, il s’entretenait avec Michel Wieviorka pour The Conversation France en amont de la célébration des 50 ans de Mai 68 à la Fondation de la Maison des Sciences de l’Homme.

Michel Wieviorka : cinquante ans après Mai 68 et avec le recul du temps, maintenez-vous vos analyses de l’époque, telles qu’elles apparaissent notamment dans votre livre Le communisme utopique ? Et que reste-t-il de Mai 68 aujourd’hui

Alain Touraine : Cinquante ans après, on a tout le dossier en main et on ne peut pas penser qu’il va se passer des choses qui nous amèneraient à réviser nos opinions.

À l’époque, après les barricades du Quartier Latin, rue Gay-Lussac par exemple, l’impact de la jeunesse est resté considérable. Et le jugement porté par les notables, y compris par les intellectuels, est demeuré dominé par les mêmes incompréhensions.

Cinquante ans après, je peux vous dire que j’ai le sentiment d’être considéré par certains comme un type dangereux et pas sérieux à cause de mes analyses de l’époque sur le mouvement étudiant.

J’ajoute, ce qui d’ailleurs est moins inquiétant, que l’impact politique de Mai 68 est resté nul. Son influence intellectuelle a été négative ; en revanche, en matière sociale et culturelle elle a été et demeure extrêmement importante.

Il me semble que cinquante-quatre ans après, j’aurais probablement le même jugement sur Berkeley, qui fut en fait le point de départ, en 1964, de ce dont nous parlons. J’ai écrit un livre sur les mouvements étudiants dans les universités américaines, et je note que leur impact a été encore beaucoup plus fort par la suite à cause du festival de Woodstock en 1969, et de la contre-culture des années 1960.

Il y a eu aussi un 68 américain important, en particulier à l’université de Cornell et surtout à celle de Columbia, où notre ami Immanuel Wallerstein a joué un rôle considérable, ce qui l’a même obligé à s’exiler à Toronto, au Canada.

Ayant été professeur à Berkeley après cette période, j’ai constaté qu’au sein du groupe des sociologues, la moitié des professeurs étaient partis vers le département de sciences politiques. Mais aussi que l’effet proprement politique a été nul, comme en France. Le Parti démocrate américain n’a pas été plus affecté par tout ce qui se passait que le Parti socialiste français

Je ne me prononce pas sur le côté allemand car j’ai peu suivi l’opinion de ce pays. Mais je note qu’en Allemagne, le souvenir de ce mouvement a rapidement été écrasé par l’image de la bande à Baader et du terrorisme – un phénomène qui a néanmoins eu un équivalent américain avec les weathermen et aussi en France, et plus encore en Italie.

Toujours est-il que ces mouvements étudiants ont formé un phénomène qui mérite d’être jugé par son écho mondial, qui fut énorme. Et pas seulement en Allemagne, en Italie, en France, et même au Mexique, que je laisserai pourtant de côté ici, car ce qui s’y est passé est pour l’essentiel très différent.

Plus tard, j’ai écrit Un nouveau paradigme, où j’explique que les mouvements dits sociaux se sont déplacés du social vers le culturel. C’est un phénomène majeur qui a été largement confirmé plus récemment. Je pense au Printemps arabe, ou encore aux étudiants chiliens de 2011. C’était déjà vrai en 1968, en France, et en 1964 à Berkeley.

Si l’on veut introduire une perspective historique, il faut dire de l’histoire du monde occidental qu’elle a connu le siècle du politique, qui fut celui des révolutions : 1688-1789 ; puis le siècle du mouvement proprement social, le mouvement ouvrier, au XIXe siècle ; puis le siècle du culturel, qui d’une certaine manière commença un peu avant la Première Guerre mondiale, avec Dada et le surréalisme, se poursuivit avec l’aspect intellectuel du mouvement soviétique, puis prend son réel essor avec les mouvements étudiants.

Ces mouvements étudiants ont véritablement marqué l’entrée du monde dans une ère dominée par des enjeux qu’on peut appeler culturels.


M. W : Vous avez dit que l’impact de 68 avait été positif dans l’opinion, vous citez le cœur de Paris. Mais il y a aussi des gens qui ont vécu Mai 68 de loin, comme quelque chose de terrible.

A. T. : C’est vrai, mais à cela, je réponds tout de suite en disant que l’interprétation insurrectionnelle ou révolutionnaire de Mai 68 ne tient pas debout.

Pour des raisons qui ne sont pas forcément positives, car c’est un mouvement qui n’a jamais eu aucune unité. S’il y a un contresens majeur sur 68, commis souvent par les soixante-huitards eux-mêmes, c’est cette idée de l’unité de 68. Pour quiconque a un minimum d’information, le plus important fut l’incompréhension et l’hostilité fondamentale entre la CGT et le mouvement étudiant.

Une image est restée gravée dans mon esprit. Le dimanche de la grande manifestation « millionnaire » – un million de participants – le 13 mai, qui a traversé Paris, en remontant vers le Luxembourg, d’un côté la CGT disait : « Les autocars sont par là » et de l’autre côté Cohn-Bendit et d’autres disaient : « sit-in au Luxembourg, par-là » en montrant la direction opposée. C’était la séparation, l’hostilité, les étudiants communistes ne bougeant pas, avec aussi des pénétrations mutuelles des étudiants et des gauchistes.

Pour parler en termes plus concrets encore de ce « mouvement de mai », il faut voir ce qu’il y avait dans ce qu’on appelait l’extrême gauche : certes, les communistes, mais aussi les groupuscules gauchistes, et Nanterre. Ces trois courants étaient hostiles les uns aux autres.

Dans une sorte d’éclatement de l’univers trotskiste de cette époque-là, un certain nombre d’intellectuels de haut niveau ont parlé de façon prudente, modérée, je pense, à ceux qui ont écrit La brèche : Morin, Castoriadis et Lefort (1968), dont le livre fut assez différent du mien.

Du côté communiste, c’était de l’hostilité franche.

Tout cela n’a eu aucune unité. De plus, les trois nuits des barricades ont eu des personnalités complètement différentes, elles n’ont pas été structurées, organisées de façon unifiée, pas même celle qui a été la plus forte, c’est-à-dire la deuxième, pendant laquelle il y a même eu un moment d’inquiétude quand les manifestants se sont déplacés rive droite et près de la Bourse. Mais il n’y a jamais eu un ensemble d’acteurs ou un organisme central jouant le rôle d’unification.

Un monde de représentations, d’images et d’imaginaires
M. W. : Il n’y a pas eu d’impact politique, à vous suivre, tout simplement parce que ce n’était pas un mouvement politique ?

A. T. : En 68, il n’y a pas eu de processus politique, on était dans un monde de représentations, d’images, d’imaginaires. D’où l’extrême importance des expressions graphiques, notamment à Nanterre, dans le grand couloir de la faculté. Soixante-huit n’a jamais été un mouvement politique, en tant que mouvement. À la fin, certains ont tenté d’organiser une action politique dans le stade de Charléty. Pierre Mendès-France en fut la personnalité principale ; mais avec une certaine maladresse et cette tentative n’aboutit à rien. On passe en quarante-huit heures de Charléty à la manifestation gaulliste des Champs-Élysées.

Le mouvement n’acquit pas l’ombre d’une représentation politique. Comme à Berlin, comme aux États-Unis.

Toute idée d’une forte extrême gauche, d’un danger révolutionnaire, doit être écartée. Ce qui le prouve, c’est qu’à Paris, il n’y a pas eu de morts. S’il y eut à Lyon un commissaire de police tué, cette ville ne fut pas le centre du mouvement.

Un personnage mérite d’être remarqué dans cette période : le préfet de police de Paris, Maurice Grimaud, qui s’est révélé être un homme extraordinaire. Son intelligence, sa compréhension de la situation ont permis qu’il ne se produise rien de dramatique.

Et la période qui suivra, qu’on a appelée les « années de plomb » en Italie, en Allemagne, et aussi en France, celle du terrorisme d’extrême gauche, correspond à la décomposition du mouvement.

Autrement dit, Mai 68 ne fut pas un mouvement politique ; il fait partie des mouvements culturels les plus importants, ceux qui nous montrent que l’imaginaire, l’art, les représentations sont aussi importants que les actes proprement politiques.

L’unité était dans l’imaginaire et dans la culture, pas dans un projet politique […]

M. W. : Vous écartez l’idée d’un impact politique, vous insistez sur la subjectivité des acteurs : cela a-t-il laissé une trace ?

A.T. : Ceux qui disent : « Mais cela n’a rien donné » commettent un contresens majeur dont je pense qu’il est devenu indéfendable. Parmi les thèmes qui sont entrés de manière différente dans les pays qui ont été marqués par 68, il y en a deux qui se sont durablement imposés : premièrement, les problèmes de la personnalité, de la sexualité et, deuxièmement, les problèmes ex-coloniaux, postcoloniaux, mondiaux. L’impact principal du mouvement ne fut pas un renouveau du mouvement ouvrier, car on peut dire que ce mouvement était affaibli depuis 1947, depuis la rupture entre les socialistes et les communistes […]

La disparition du politique
M. W. : Diriez-vous que les années qui suivent 68 sont des années de congélation, de disparition ?

A.T. : Je vais le dire plus brutalement.

Je pense que les années qui suivent, pas immédiatement car on reste dans les Trente Glorieuses, dans la reconstruction de l’Europe entière, mais un peu après, peuvent être tenues en France pour un double échec de l’entrée dans l’avenir. Échec sur la droite et échec sur la gauche. Giscard a fait des efforts plus importants qu’on ne le reconnaît aujourd’hui. Cela a échoué pour des raisons assez fortement liées à son tempérament, à son allure, il y a eu un rejet de la personnalité de Giscard. C’était le faux aristocrate qui n’arrive pas à devenir populaire.

Dans le cas de Mitterrand, c’est une tentative de reconstitution du Front populaire alors que dès 1968 on voit que cela n’est plus possible et que l’Europe est coupée en deux depuis 1947. En 1981, il y a un contresens. Ce contresens réussit à François Mitterrand, mais sa seconde mandature, après le départ de Michel Rocard, se termine dans l’affairisme, ce qui est le pire qu’on puisse imaginer après 68 […]

M. W. : Si on prend l’époque actuelle, on peut avoir le sentiment, à vous suivre, que le politique et le social disparaissent de notre horizon et que le culturel le remplit.

A. T. : En termes beaucoup plus violents, je dirai que nous venons de vivre deux années, 2016 et 2017, où le politique a disparu. Il n’y a plus de politique. La désindustrialisation a mis en danger la démocratie aux États-Unis et en Angleterre, et le Front national a représenté une forte menace en France. Il n’y a eu ni débat ni idées en France. Il n’y a plus de politique nulle part, ni en Espagne, ni en Italie, ni en Allemagne, ni en Amérique du Sud. Il n’y a plus de politico-social. Et, en France, Emmanuel Macron a fait triompher une gestion avant tout politique et institutionnelle, non sociale.

C’est le culturel, l’imaginaire, qui remplit notre existence. Mais aussi l’écologie, qui est spectaculairement non politique et non sociale. Dont la force vient des travaux scientifiques, et dont la faiblesse vient malheureusement des partis écologistes.

*L’intégralité de cet entretien est à retrouver dans le nouveau numéro de la revue Socio, paru le 13 mars 2018. Son lancement officiel a eu lieu le 21 mars à la bibliothèque-laboratoire de la FMSH, à Paris, en présence d’Alain Geismar, Edgar Morin, Alain Touraine, Omar Guendel, de Daniel Cohn-Bendit et Michel Wieviorka.

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