Salariés d’Air France en garde à vue : une arrestation musclée qui ne s’imposait pas
Cette arrestation très musclée et très médiatisée ne s’imposait certainement pas dans la forme ; certes la violence Air France est inadmissible, elle doit être condamnée. Pour autant il n’était pas nécessaire pour le gouvernement comme pour la justice de sur-réagir. Cela d’autant plus qu’on dispose de l’enregistrement vidéo et de témoignages qui permettent d’identifier les auteurs. Au-delà des actes de débordement se pose surtout la question de la stratégie des acteurs. Une stratégie de la direction parfaitement maîtrisée lorsque Spinetta était aux commandes, au moins en ce qui concerne la négociation. Pour le reste on peut largement discuter des orientations économiques de la compagnie. Côté syndical on s’est sans doute trop habitué à la protection dont a longtemps bénéficié Air France par parenthèse qui a largement contribué à tuer toutes les compagnies concurrentes françaises. Aujourd’hui concurrencée par des acteurs étrangers Air France a du mal à s’adapter à cette à ce nouvel environnement. Du coup la radicalité fait office de stratégie syndicale, une stratégie syndicale en outre nourri de corporatisme. Ce qui saurait justifier les violences mêmes si effectivement certains à gauche ont raison de noter que certains patrons voyous sont traités avec beaucoup plus d’égards. Cinq salariés d’Air France soupçonnés d’avoir molesté des cadres de la compagnie le 5 octobre ont donc été interpellés tôt lundi matin à leur domicile et placés en garde à vue, une procédure dénoncée par la CGT et l’extrême gauche. Un sixième salarié qui était recherché s’est présenté dans la matinée aux autorités après avoir été contacté, et a également été placé en garde à vue, a-t-on appris de sources policières et judiciaires. Ces six individus ont été identifiés grâce aux images vidéo des violences, dont ils sont considérés comme les principaux auteurs. Le directeur des ressources humaines d’Air France, Xavier Broseta, et un responsable de l’activité long-courrier, Pierre Plissonnier, avaient été pris à partie par des salariés furieux après l’annonce de 2.900 suppressions de postes. Les images montrant ces dirigeants fuyant les manifestants, chemise arrachée et costume déchiré, ont fait le tour du monde. Trois autres cadres ont été molestés et deux vigiles blessés, dont l’un a sombré brièvement dans le coma. Le parquet de Bobigny a ouvert le 6 octobre une enquête pour dégradations, entrave au fonctionnement du comité central d’entreprise (CCE) et violences en réunion. Des faits passibles en théorie d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison.