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Bigtech: À côté des enjeux du siècle !

Bigtech: À côté des enjeux du siècle !

Face au réchauffement climatique, les géants du numérique passent aussi à côté du défi du siècle. Par Alexis Normand, Directeur Général de Greenly dans la Tribune

 

« Nous voulions des voitures volantes, à la place nous avons eu 140 caractères« . Cette phrase prêtée au milliardaire Peter Thiel en référence à Twitter, souligne avec ironie l’apport finalement très modeste de la tech pour le développement humain. Face au réchauffement climatique, force est de reconnaître que les géants du numérique passent aussi à côté du défi du siècle.

Le dernier rapport du GIEC 2022 sur l’atténuation du changement climatique souligne en effet que la transition énergétique passera essentiellement par la montée en puissance des énergies renouvelables et l’électrification à outrance des secteurs les plus carbonées, comme les transports, l’industrie, le logement en tête… Quid du numérique, dont les acteurs se targuent d’accélérer cette transition, non sans un soupçon de greenwashing  ?

 

Le GIEC affirme encore que « la numérisation peut permettre de réduire les émissions, mais peut avoir des effets secondaires néfastes si elle n’est pas gérée de manière appropriée« . A court terme, la demande croissante de produits numériques contribuerait de façon exponentielle aux émissions mondiales. En effet, la part du numérique dans les émissions de gaz à effet de serre (GES) croît deux fois plus rapidement que son poids dans le PIB. Elle serait déjà responsable de plus 5% des émissions mondiales, soit bientôt autant que l’aérien.

Cette intensité carbone croissante serait due, aux deux tiers, à la production exponentielle de nouveaux terminaux, toujours plus demandeurs en bande passante. Pour la contenir, il est nécessaire de s’attaquer en priorité à l’obsolescence des smartphones, en faisant la part belle à la circularité productive. Apple se targue d’avoir réduit de 15% les émissions de l’iphone 13 par rapport au 12, en optimisant chaque étape du cycle de vie. Même s’il y a plus de matériaux recyclés, moins de plastique, une consommation électrique réduite de moitié, les ventes continuent d’augmenter. Il reste à minimiser l’empreinte des services digitaux, dont la composante principale est aujourd’hui le cloud.

A cet égard, le rapport sur le développement durable d’Amazon, publié ce mois d’août, offre une lecture aussi éclairante que consternante. Si l’entreprise affiche une liste à la Prévert d’initiatives vertes, comme la commande de près 100.000 véhicules électriques, cela ne freine en rien une croissance de 20% des émissions sur deux ans. C’est le résultat d’une croissance exponentielle, qui ne vient pas en substitution d’activités plus carbonées.

Amazon est le fer de lance d’une numérisation totale qui nous promet un monde plus économe en ressources. Dans tout système complexe, la logistique, les réseaux énergétiques, le chauffage des bâtiments ou l’agriculture, le numérique doit optimiser  les ressources. C’est la discipline qu’Amazon impose à ses propres opérations et le fondement de son succès. Les livraisons groupées réduiraient les déplacements dus aux courses. En particulier, le cloud doit permettre la mutualisation des ressources des entreprises entre elles, en ajustant les capacités aux pics de charge. Mais personne ne sait dire si cela remplace les serveurs locaux, ou pousse à consommer plus. Nous manquons d’études indépendantes quantifiant l’impact total du numérique et l’effet rebond, c’est-à-dire le surcroît de consommation engendré par les gains de pouvoir d’achat et de temps.

 

Une analyse du reporting du géant de Seattle montre qu’il omet l’essentiel des émissions générées par ses activités, ruinant une partie de l’argumentaire pro-numérique.

Avec sa croissance effrénée, Amazon Web Services (AWS) verrait ses émissions indirectes liées à l’électricité augmenter de 20% par an. La firme serait le principal consommateur d’énergie verte dans le monde. Les achats d’électricité verte d’AWS lui servent à minimiser artificiellement l’empreinte carbone de ses data centers. En effet, lorsqu’on s’alimente à un réseau électrique, il est impossible physiquement de distinguer entre les énergies dites « vertes » (éolien, solaire…) et celles qui le sont moins (charbon, gaz…), de même que personne ne peut prétendre ingérer les seules tomates bio d’une soupe de légumes broyées contenant aussi des navets et des carottes.

Ce jeu comptable permet à AWS de déclarer une consommation 10 à 20 fois inférieure à la réalité physique. En Irlande, par exemple, où la plupart des centres de données européens d’AWS sont situés, c’est l’intensité carbone moyenne du réseau qu’il faudrait utiliser (347,3 gCO2e/kWh en 2020) au lieu de celle de l’éolien ou du solaire, respectivement de 14,1 gCO2e/kWh et 22 gCO2e/kWh. Ces énergies renouvelables, dépendantes du vent et du soleil, sont intermittentes. Mais AWS s’alimente en permanence sur le réseau électrique pour répondre à la demande et éviter les blackouts.

Le reporting de l’activité de e-commerce est encore plus problématique. En résumé, Amazon omet de quantifier près de 99% de ses émissions indirectes, en incluant uniquement les produits vendus sous sa propre marque dans son reporting. Les normes comptables internationales du GHG Protocol voudraient que tous les produits soient pris en compte de la même manière

 

En se lavant les mains de son empreinte carbone indirecte, Amazon se prive d’un levier d’impact phénoménal. Le géant du e-commerce devrait au contraire exiger de chaque fournisseur un reporting carbone de leurs produits pour composer son propre bilan. Cela pourrait servir de préalable au respect plus strict de normes environnementales imposées, entre autres, aux fabricants d’appareils électriques. L’IEA nous rappelle qu’ils doivent tous basculer sur des normes de basse consommation pour atteindre le Net Zéro en 2050. Amazon est peut-être le seul acteur à disposer du pouvoir de marché pour faire de cette prescription une réalité.

Le reporting carbone généralisé est techniquement possible pour Amazon comme pour les autres plateformes. Il devient politiquement nécessaire. L’Europe a prévu d’introduire, de 2023 à 2026, un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF). Un surcoût sera ainsi appliqué aux biens importés dans l’Union et dont la production affiche un bilan carbone supérieur à la norme. Le MACF se limitera aux activités les plus intenses en carbone : ciment, fer et acier, aluminium, engrais, électricité. Cette limitation est une erreur, qui vient de la perception erronée que suivre les émissions de biens de consommation n’est pas possible. L’Europe pourrait déjà s’appuyer sur la capacité bien réelle des plateformes pour généraliser le reporting carbone à tous les produits. L’impact serait considérable. Ainsi le rapport du GIEC affirme que la modification de nos habitudes de consommation peut contribuer à 55% de l’atteinte de l’objectif Net Zéro.

 

Le greenwashing d’Amazon, et consorts, révèle surtout le peu de contraintes qui pèse sur les plateformes, et le manque d’ambition du régulateur. Des premiers jalons ont certes été posés en Europe, avec l’adoption en 2022 de la directive sur la publication d’informations en matière de durabilité (CSRD). Elle va imposer le bilan GES à toutes entités de plus de 250 salariés. L’Amérique suivra en 2024 si les recommandations de la Security Exchange Commission (SEC) sont adoptées. C’est insuffisant.

Le numérique offre aussi la possibilité de généraliser le bilan carbone à tous les produits, toutes les entreprises, tous les consommateurs. L’intégration systématique d’une mesure d’impact environnemental offrirait les prémisses d’une réinvention du capitalisme face aux limites planétaires. L’Europe serait le fer de lance de cette révolution, mais encore faut-il avoir cette audace.

Nucléaire : une politique qui va courir jusqu’à la fin du siècle

Nucléaire : une politique qui va courir jusqu’à la fin du siècle

Contrairement aux cycles politiques, de plus en plus courts, les questions énergétiques se jouent sur le temps long. Une fois pensé un mix énergétique, la création, l’exploitation, le démantèlement des capacités de production se jouent sur décennies, et en réalité avoisinent le siècle. Par Bruno Alomar, économiste.(la Tribune)

 

Prenons l’exemple de l’énergie nucléaire. Elle a fait l’objet d’un rejet de principe de la part de certains, alimenté notamment en Europe par la catastrophe de Fukushima qui a convaincu l’Allemagne, en urgence, d’y renoncer en 2012. Il n’y a cependant pas eu de rejet unanime du nucléaire civil au cours des vingt dernières années. La Chine, la Finlande, le Royaume-Uni ont souhaité poursuivre et développer la part du nucléaire dans leur mix énergétique.

En l’état, la question de l’énergie nucléaire se trouve confrontée à une forme de paradoxe.

Désormais, il est clair que le développement de capacités de production d’électricité d’origine nucléaire fait bien partie de la solution au problème du réchauffement climatique. La prise de position du GIEC, peu suspect de sympathie a priori pour l’atome, l’a illustré de manière spectaculaire. En France, le choix désormais sans équivoque formulé par le Président de la République le 10 février 2022 de relancer la filière nucléaire, avec la construction programmée de 6 EPR à l’horizon 2035, est un tournant. La guerre en Ukraine et ce qu’elle a révélé de l’ampleur des problèmes d’indépendance énergétique a fortifié la conviction de beaucoup de pays en Europe d’investir dans le nucléaire civil. Ajoutons à cela, si besoin en était, que coté consommateurs, l’on a assisté au cours des dernières semaines à un puissant aggiornamento. Parmi les exemples les plus frappants, citons Enercoop, fournisseur « alternatif » d’électricité fondé par des opposants à l’énergie nucléaire (Greenpeace, les Amis de la Terre), qui a officiellement demandé à bénéficier de l’accès au nucléaire.

Or, c’est au moment où l’horizon se dégage pour la filière nucléaire civile d’origine nucléaire que les problèmes sont les plus massifs, et mettent en danger la trajectoire décidée. Ils sont de deux ordres.

Des problèmes liés à la régulation européenne d’abord. Au cours des vingt dernières années, et spectaculairement depuis quelques mois, la régulation européenne a semblé courir après ses principes. Il a d’abord été question du tout marché, avec les paquets de libéralisation des années 2000, qui, à la surprise de la Commission, n’ont pas toujours donné les résultats qu’elle en escomptait. Plus récemment, les limites avérées du tout marché en matière énergétique ont suscité des difficultés importantes. L’Union européenne a d’abord dû faire face à la demande de certains États – dont la France -d’amender puissamment les dispositifs de fixation des prix, pour finalement en exclure récemment le Portugal et l’Espagne. La Présidente de la Commission européenne l’a d’ailleurs admis qui a déclaré le 8 juin devant les eurodéputés que « ce système de marché ne fonctionne plus » et que « nous devons le réformer ».

Des problèmes techniques aussi, fortement médiatisés, mais dont il ne faut pas minimiser l’ampleur. Car le fait est que la filière nucléaire, au sens industriel, est aussi à la croisée des chemins. Les difficultés rencontrées ont été fortes et justifié une réaction déterminée (plan Excell d’EDF) qui doit se poursuivre pour produire ses effets dans la durée, notamment pour se donner les marges en matière de compétences techniques. La question de la réforme d’EDF reste aussi pendante.

En définitive, la question de l’opportunité du développement du nucléaire civil est désormais réglée, du moins dans beaucoup de pays, dont la France. Ceci ne doit pas cacher qu’en fait d’exécution, le moment est critique. Il exige une mobilisation maximale des acteurs publics (régulation européenne) et des acteurs industriels dans les années à venir.

Enfants-Addiction aux écrans: le mal du siècle ?

Enfants-Addiction aux  écrans: le mal du siècle ? 

 

 

A l’initiative de Caroline Janvier, députée LRM, un collectif de parlementaires transpartisans et de personnalités, dont Gaspard Koenig, Nicolas Sirkis et Benoît Hamon, appelle à l’élaboration collective d’une proposition de loi visant à la prévention et la sensibilisation des parents

 

Tribune.

 

Sept cent vingt-huit heures. C’est la durée moyenne d’exposition annuelle aux écrans des enfants âgés de 3 à 10 ans. Il en faut soixante-trois pour regarder l’intégralité de la série Game of Thrones – et les amateurs vous diront que ce n’est pas une mince affaire. Sept cent vingt-huit heures, cela revient à regarder 11 fois les huit saisons de Game of Thrones en l’espace d’une année. C’est dire combien les écrans sont présents dans la vie de nos enfants : deux heures par jour, c’est long.

Un tiers des enfants de 0 à 3 ans prend ses repas devant un écran. 0 à 3 ans, c’est une période de la vie où les enfants ont des défis vitaux à relever : apprendre à marcher, parler, nouer des liens et interagir, reconnaître et réguler ses émotions, développer sa faculté de concentration, sa motricité, s’étonner du monde qui nous entoure, commencer à comprendre les lois physiques et biologiques qui le régissent.


Pour cela, l’enfant a besoin d’être stimulé et accompagné par son environnement physique, sensoriel, cognitif et affectif. Les écrans sont alors non seulement des loisirs limitatifs à une période cruciale pour le développement, mais aussi et surtout des entraves à l’acquisition du langage, à la mémorisation des savoirs. Ils ont aussi une influence néfaste sur le sommeil, l’alimentation, ou encore la gestion des émotions.

La question de l’aliénation numérique

Alors qu’il y a encore vingt ans les télévisions restaient fermement accrochées au salon familial, les téléphones et tablettes suivent aujourd’hui nos enfants partout. Tous les parents contemporains ont un jour ou l’autre connu la tentation de placer un écran entre les mains de leur progéniture pour faire cesser des pleurs dans le train, pour détourner leur attention d’une égratignure douloureuse ou pour les occuper trois minutes le temps de mettre un plat au four.

« Regarder un écran le matin avant l’école est associé à trois fois plus de risques de présenter un trouble primaire du langage »

Beaucoup cèdent à la tentation, y compris parmi nous. Le problème réside en la systématisation de cette exposition précoce aux outils numériques avec des conséquences souvent méconnues. L’enjeu est donc avant tout de les prendre en compte. Il ne s’agit pas, bien entendu, de condamner l’usage des écrans, car ils peuvent être d’excellents outils pour éveiller la curiosité et développer les connaissances.


La question est celle de l’aliénation numérique, notamment sur les plates-formes interactives. Regarder un écran le matin avant l’école est associé à trois fois plus de risques de présenter un trouble primaire du langage. Le faire sans discuter des contenus visionnés avec son entourage, à six fois plus de risques. Quand on sait combien la maîtrise du langage est un élément central dans le développement cognitif et socio-émotionnel, très logiquement, sa dégradation peut être une entrave à la réussite des enfants et à leur adaptation scolaire et sociale.

Le socialisme, écologie du XXIe siècle !!!

Le socialisme, écologie du XXIe siècle !!!

 

Le socialisme doit au prix d’un travail théorique, intégrer le paradigme écologique, analyse, dans une tribune pour « Le Monde », Patrick Vieu, ancien conseiller « environnement et territoires » de François Hollande.

Effectivement il y a de quoi s’interroger par rapport à une idéologie qui a surtout privilégié le productivisme et contesté le droit de la biodiversité sur le droit social. En outre en France le socialisme s’est perdu dans les terrains mouvants social libéralisme. Il pourrait tout autant se perdre maintenant dans un paradigme écologique le conduisant vers le gauchisme.

 

Forts de leurs résultats aux dernières élections municipales, départementales et régionales, les socialistes rêvent de redevenir la force centrale d’une grande alliance majoritaire « de la gauche et des écologistes ».

Ainsi, le Parti socialiste (PS) a-t-il opéré sa conversion à la « social-écologie ». S’il continue, dans son projet, de revendiquer le « primat de l’humanisme et de la justice sociale », c’est pour affirmer « la nécessité de donner une actualité à ces combats en intégrant pleinement le paradigme écologique pour construire le socialisme du XXIe siècle ».

Au-delà des mots, le socialisme est-il en mesure de véritablement « intégrer » le paradigme écologique ? Avant d’être politique ou technique, la question est philosophique. Et si elle mérite d’être posée, c’est que le socialisme et l’écologie politique, nés dans des contextes radicalement différents, reposent sur des hypothèses fondamentalement divergentes.


On peut caractériser l’écologie politique par quelques traits qui en forment la matrice intellectuelle et sont autant de critiques adressées à l’ordre contemporain. L’écologie politique s’inscrit d’abord en faux contre l’anthropocentrisme qui fait de l’homme le maître et possesseur d’une nature conçue comme une « ressource » utile. Elle récuse le modèle productiviste engendré par un capitalisme prédateur à l’origine des désastres écologiques actuels, et dénonce l’autonomie de la technique moderne qui, par un processus auto-entretenu, expose l’humanité au risque de sa propre destruction.

Elle exige ainsi de repenser la responsabilité de l’homme envers la nature et les générations futures. A l’individualisme possessif de la société libérale, elle oppose une pensée de la globalité, dans laquelle les fins de l’individu n’ont de signification morale qu’indexées au bien du « tout » : espèce, communauté, société, humanité. Enfin, l’écologie politique attribue à la verticalité des structures institutionnelles la confiscation de la décision publique au détriment des citoyenLe socialisme, dont les origines intellectuelles puisent à l’héritage des Lumières, tombe sous le coup de ces critiques. Au prisme de l’écologie politique, la vision socialiste des rapports de l’homme à la nature ne le distingue guère de l’idéologie libérale.

Comme le libéralisme, le socialisme a toujours lié l’idéal d’autonomie à celui de l’abondance matérielle. Jamais il n’a séparé cet idéal de l’espérance dans le progrès scientifique et technique, la production de richesses et l’attachement à la propriété. L’humanisme, qui constitue l’ADN du socialisme, exclut de reconnaître des droits à des entités non humaines. Si la nature doit être préservée, ce n’est pas en raison de sa valeur intrinsèque, mais de celle que l’homme lui attribue. Enfin, si les socialistes entendent rééquilibrer les pouvoirs de l’Etat, c’est davantage dans le cadre d’une démocratie représentative décentralisée que dans celui d’une démocratie directe dont ils se sont toujours méfiés.

Contrat de défense du siècle : rappel des ambassadeurs en Australie et aux États-Unis

Contrat de défense du siècle : rappel des ambassadeurs en Australie et aux États-Unis

 

Après la claque reçue à propos de l’annulation de la commande de sous-marins australiens, appelée contrat du siècle, la France devait évidemment de réagir même symboliquement. Avec un peu de retard, le gouvernement a rappelé ses ambassadeurs d’Australie et des États-Unis.

Reste cependant au-delà de cette annulation de commande la question plus générale de la solidité de l’alliance atlantique qui apparaît de plus en plus comme un parapluie percé. Témoin très récemment aussi cette débandade en Afghanistan.

«Cette décision exceptionnelle est justifiée par la gravité exceptionnelle des annonces effectuées le 15 septembre par l’Australie et les États-Unis», a dit dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

«L’abandon du projet de sous-marins de classe océanique qui liait l’Australie à la France depuis 2016, et l’annonce d’un nouveau partenariat avec les États-Unis visant à lancer des études sur une possible future coopération sur des sous-marins à propulsion nucléaire, constituent des comportements inacceptables entre alliés et partenaires, dont les conséquences touchent à la conception même que nous nous faisons de nos alliances, de nos partenariats et de l’importance de l’indopacifique pour l’Europe», a aussi dit le ministre.

Biden et Johnson torpillent le marché du siècle de sous-marins pour l’Australie

Biden et Johnson torpillent le marché du siècle de sous-marins pour l’Australie

 

 

Après l’accord stratégique de défense entre les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni («AUKUS» )  , l’Australie a annulé le contrat du siècle des sous-marins que devait fournir la France. Ce partenariat de sécurité conduit l’Australie à annuler sa commande à la France

 

«La décision que nous avons prise de ne pas continuer avec les sous-marins de classe Attack et de prendre un autre chemin n’est pas un changement d’avis, c’est un changement de besoin», a déclaré Scott Morrison, qui a également annoncé l’achat de missiles américains Tomahawk.

 

 

Ouvrir la fonction publique aux enjeux du XXIe siècle ?

Ouvrir la fonction publique aux enjeux du XXIe siècle ?

Il faudrait ouvrir la fonction publique aux meilleures compétences et donc pour cela distinguer cette fonction publique du statut de fonctionnaire. André Loesekrug-Pietri, président de la Joint European Disruptive Initiative (JEDI), estime dans une tribune au JDD que l’administration française doit s’inspirer des exemples de l’étranger pour se régénérer et répondre aux défis du XXIe siècle.

 

tribune

 

 

  »L’administration est l’emblème de l’État moderne – comme le dit Bourdieu, de l’État bureaucratique qui a substitué au Prince des clercs administrant la res publica. On commente beaucoup la décision du Président de remplacer l’ENA par un Institut du service public, plus représentatif de la société. Mais le problème n’est-il pas ailleurs? Dans les carrières à 100% publiques et la quasi-absence de ponts entre haute fonction publique et… reste du monde?

La pandémie l’a montré, les administrations nationales et européennes semblent déconnectées de l’agilité et de l’expertise requises pour les défis de notre temps : sciences, logistique, digital, ressources humaines. Le XXIe siècle est celui d’une double exigence : les compétences requises, de plus en plus pointues ; et la capacité à appréhender tous les angles, politiques, technologiques, économiques ou sociétaux grâce à un travail en écosystème, régalien-société civile, national-international.

Il faut observer la montée en compétences de l’administration américaine

Aux États-Unis, quand on parle de spoil system, on retient que le Président change un grand nombre de fonctionnaires pour s’assurer efficacité et loyauté. On oublie l’avantage clé, un immense appel d’air avec des compétences qui auront su se régénérer dans les mondes technologique, économique, académique. Rien de cela à Bruxelles, Berlin ou Paris où l’on voit des hauts fonctionnaires dévoués mais où l’on passe de la recherche à l’agriculture ou du budget au digital sans en avoir ni l’expérience ni parfois l’expertise. Mécanisme doublement pernicieux car il exclut violemment tout corps étranger qui se serait égaré par envie de servir le bien public.

Il faut observer la montée en compétences de l’administration américaine – qui va puiser auprès des plateformes tech les as de l’antitrust, dans les labos les stratèges de l’innovation, dans la défense certains grands diplomates. Les conflits d’intérêts sont réduits par la vigilance continue du Sénat. Grâce à ce nouveau souffle, l’administration Biden signe le retour de la superpuissance américaine, sur les sujets où la France et l’Europe n’ont pas assez poussé leurs pions ces quatre dernières années : la technologie, le climat, l’espace, la géopolitique.

Voilà l’enjeu du prochain quinquennat et de la conférence pour l’avenir de l’Europe : reformer l’État non par une approche simplement budgétaire ou organisationnelle, mais en ouvrant largement ses portes aux meilleures compétences. Une renaissance de l’État. »

 

XXIe siècle : le temps d’une nouvelle gestion des risques

XXIe siècle : le temps d’une nouvelle gestion des risques

Dans un long entretien accordé à La Tribune, Denis Kessler, PDG du groupe de réassurance SCOR revient sur la séquence de la pandémie, son impact sur les métiers de la (ré)assurance et les enseignements qu’il conviendrait de tirer de cette crise sanitaire exceptionnelle. Il dénonce l’impréparation des pouvoirs publics face à un risque pourtant identifié de longue date. Il assure ne pas craindre l’inflation dont il attend pourtant le retour, car Scor est bien armé face au risque de hausse des taux, affirme-il.

 

 

LA TRIBUNE – Les assureurs et les réassureurs n’ont-ils pas été pris en défaut en ne prévoyant pas l’aléa de la pandémie ?

DENIS KESSLER- La propagation de maladies infectieuses figurait en bonne place dans la cartographie des risques identifiés, étudiés et modélisés par les assureurs et réassureurs bien avant la pandémie de Covid-19. SCOR a développé son propre modèle de quantification du risque pandémique dès 2007.

Durant les dernières années, la réglementation prudentielle a aussi contribué au développement de la connaissance et de la modélisation de ce risque par les (ré)assureurs. Ceux-ci doivent ainsi, selon les règles prudentielles en vigueur en Europe depuis 2016, chiffrer le coût d’une pandémie bicentenaire – c’est-à-dire dont la « période de retour » probabiliste est de 200 ans – et démontrer qu’ils peuvent absorber cette charge : c’est l’un des tests de solvabilité. SCOR a d’ailleurs procédé, en 2013, à l’émission d’une obligation catastrophe pour se couvrir contre une hausse importante de la mortalité aux États-Unis (« mortality bond » ou « pandemic bond »). Et nous avons organisé avec l’Institut Pasteur un colloque international sur le risque de pandémie en… juin 2018 ! En résumé, le suivi et la gestion du risque pandémique faisaient déjà partie intégrante de notre gestion des risques lorsque l’épidémie de Covid-19 s’est déclarée.

Les (ré)assureurs n’ont donc pas été pris « par surprise » par la survenance du choc pandémique, qui était bien dans « l’espace » des scénarios qu’ils étudient et modélisent, et dont le risque était quantifié tant en termes de probabilité que de gravité. En revanche, les (ré)assureurs avaient sous-estimé l’ampleur de l’impact des décisions prises par les pouvoirs publics – confinements, couvre-feux, fermetures administratives… – pour enrayer la diffusion du virus.

Ces mesures, qui in fine ont limité ou arrêté l’activité économique et entraîné des pertes d’exploitation considérables pour les entreprises, ont très fortement impacté l’exposition des assureurs et réassureurs à la crise de la Covid-19. Conséquence : à ce jour, près de 90% du coût de la pandémie concerne la (ré)assurance de dommages et de responsabilité, quand seulement 10% de ce coût concerne la (ré)assurance de personnes… C’est une situation quasi symétrique à celle qui était anticipée et modélisée jusqu’à présent ! Les décisions prises par les pouvoirs publics ont de facto profondément transformé la nature du risque pour les (ré)assureurs.

Vous me permettrez de souligner que s’il y a eu un acteur pris totalement par surprise, ce sont bien les pouvoirs publics : rien n’était prêt ! Comment voulez-vous dans ce cas que l’on puisse nous même anticiper ce qu’ils allaient mettre en œuvre ?

Cette intervention des États n’était-elle pas prévisible ?

Comment voulez-vous modéliser les décisions politiques ? Vous me permettrez de souligner que s’il y a eu un acteur pris totalement par surprise, ce sont bien les pouvoirs publics : rien n’était prêt ! Comment voulez-vous dans ce cas que l’on puisse nous même anticiper ce qu’ils allaient mettre en œuvre ?

Contrairement aux catastrophes naturelles, ces décisions n’obéissent pas à des « lois de la nature ». Elles sont stochastiques, un peu aléatoires, évolutives, beaucoup de tâtonnements … Au demeurant, le fait que les mesures prises face à la pandémie de Covid-19 sont très différentes d’un pays à l’autre – alors que ces derniers sont confrontés à des situations très similaires – en atteste !

Rappelons ici que certains pays n’ont mis en place aucun confinement… Même dans l’Europe des 27, il y a eu 27 façons différentes de gérer la crise ! Et au sein d’un pays donné, une alternance politique peut complètement modifier les mesures mises en œuvre. Comment pouvait-on par exemple modéliser le résultat des élections présidentielles aux États-Unis, et quantifier ex ante ses conséquences sur la mise en œuvre de la campagne de vaccination outre-Atlantique ? La modélisation des décisions administratives et politiques lato sensu est strictement impossible car celles-ci comportent une part d’incertitude radicale et irréductible.

Quelles leçons tirez-vous, en tant que (ré)assureur, de cette crise ?

En tant que réassureur, la plus grande leçon tirée de cette crise tient au fait que la sinistralité du choc de la pandémie de Covid-19 est bien plus concentrée sur la (ré)assurance des biens et de responsabilité que sur la (ré)assurance de personnes.

Une autre « surprise » tient au fait que les (ré)assureurs ont été voués aux gémonies par de nombreux commentateurs et responsables politiques parce qu’ils ne proposent pas de protection contre les conséquences économiques de la pandémie, notamment les pertes d’exploitation des entreprises consécutives aux fermetures administratives et au confinement de la population.

Si le marché de l’assurance ne propose pas de telle protection, c’est évidemment pour des raisons de fond, qui tiennent à la nature même de ce risque. De fait, celui-ci est intrinsèquement non assurable, pour trois raisons principales.

D’abord, il est « sériel ». Quasiment tous les agents économiques sont touchés concomitamment, ce qui crée un problème manifeste de mutualisation des risques, alors même qu’il s’agit du principe cardinal de l’assurance. Le corollaire de ce caractère sériel est que la taille du risque est colossale. Comment voulez-vous « assurer » un pourcentage significatif du PIB d’un pays ?

Ensuite, ce risque comporte une composante endogène très forte, dans la mesure où il est très dépendant de décisions politiques. Son ampleur est déterminée par une myriade de variables directement contrôlées par les pouvoirs publics : la mise en œuvre ou non d’un confinement ; le cas échéant pour quelle durée ; le choix des commerces et entreprises qui peuvent continuer à exercer leur activité, totalement ou partiellement, et de ceux dont l’activité doit être entièrement mise à l’arrêt ; la nature et l’étendue des amortisseurs de la crise – tels le chômage technique ou partiel – mis en place pour éviter le déchirement du tissu économique, etc.

Le problème réside dans le fait que ces décisions politiques ne sont intrinsèquement ni anticipables ni modélisables… ce qui rend l’évaluation du risque et le calcul éventuel de la prime d’assurance impossibles.

Enfin, la dernière raison, plus technique, de non-assurabilité de ce risque tient à de possibles phénomènes d’antisélection et d’aléa moral. L’antisélection est l’effet par lequel seuls les agents économiques les plus exposés s’assurent, ce qui réduit l’effet de mutualisation. En l’espèce, seules les entreprises des secteurs les plus touchés – hôtellerie, restauration, tourisme… – achèteraient une protection (sauf à ce qu’elle soit obligatoire, ce qui poserait des questions d’acceptabilité). Celles appartenant à un secteur épargné – par exemple l’e-commerce – n’auraient aucun intérêt à s’assurer.

L’aléa moral est l’effet par lequel le risque est augmenté par une modification du comportement des agents économiques dès lors qu’une assurance joue le rôle de filet de protection. En l’espèce, la couverture du coût du confinement par des tiers (les assureurs) créerait un problème d’aléa moral manifeste au niveau des pouvoirs publics, qui n’assumeraient plus le coût économique des décisions qu’ils prennent alors même qu’ils décident des voies et moyens pour faire face à la crise sanitaire et qu’ils sont in fine responsables de sa gestion ! Une telle situation pourrait de fait inciter les pouvoirs publics à mettre en œuvre des mesures plus coûteuses économiquement dont la charge insupportable incomberait aux assureurs et aux réassureurs.

Bercy et les assureurs ont pourtant imaginé un dispositif permettant une mutualisation des risques, mais qui a fait long feu face à la cotisation obligatoire…

Aucun pays au monde n’est arrivé à ce jour à mettre au point un mécanisme de prise en charge par l’assurance des pertes d’exploitation en cas de pandémie. Ce n’est pas surprenant. Il ne s’agit pas de « mauvaise volonté » de la part des assureurs, mais d’impossibilité technique et économique. Le risque des conséquences économiques d’une pandémie est sériel – tant dans l’espace que dans le temps -, endogène, non modélisable et sujet à l’aléa moral et à l’antisélection. Conséquence : il n’est pas assurable. Je l’ai écrit au début de cette crise – il y a plus d’un an – et je n’ai encore trouvé personne pour démontrer le contraire.

Le risque cyber présente-t-il des points communs avec le risque de pandémie ?

Ces deux risques présentent effectivement de nombreux points communs. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’on recourt aussi au terme de « virus » en informatique ! Le risque cyber est lui aussi sériel, notamment du fait de l’essor des objets connectés. A l’instar du risque pandémique, c’est un risque quasi-impossible à territorialiser. Et le risque cyber présente également un caractère endogène : sa nature peut être profondément modifiée par les mesures de prévention mises en œuvre (ou pas) par les assurés… Enfin, même s’il n’est pas à proprement parler non modélisable, le risque cyber est difficile à quantifier et à modéliser, non seulement en raison de ce caractère endogène mais aussi, plus fondamentalement, en raison du manque de données et de sa nature très évolutive, qui limite notre capacité à l’évaluer prospectivement à partir de la seule observation de la sinistralité passée.

Que répondez-vous aux assureurs qui dénoncent une plus grande frilosité des réassureurs face à la montée des risques ?

Il convient ici de rappeler une évidence : c’est en (ré)assurant que les (ré)assureurs créent de la valeur… De ce point de vue, accuser les (ré)assureurs de ne pas vouloir assurer des risques par « frilosité » ou par « mauvaise volonté » est aussi ubuesque que d’accuser un boulanger de ne pas vouloir vendre plus de pain !

Si le marché de la (ré)assurance ne propose pas de protection pour un risque donné, c’est simplement que les conditions d’assurabilité de ce risque ne sont pas réunies.

La volonté – et vocation – du (ré)assureur est de déplacer la frontière de l’assurabilité. Il faut toutefois insister sur le fait que l’expansion de la sphère des risques assurables ne relève pas de la seule responsabilité de ce dernier. Les assurés – et les risk managers - ont notamment un rôle essentiel à jouer pour la collecte et le partage d’informations, l’échange d’expertise, la quantification du dommage, mais aussi la mise en œuvre active de mesures de prévention et de contrôle, afin de réduire la probabilité de survenance du risque et en maîtriser la gravité en cas de survenance.

A défaut, l’offre de (ré)assurance ne peut structurellement qu’être inférieure à la demande de (ré)assurance. Ce déséquilibre se traduit donc par une situation sous-optimale, où la (ré)assurance est très onéreuse – avec des conditions de couverture restrictives – sinon même indisponible. Réunir les conditions d’assurabilité face aux risques modernes requiert donc une sorte de cogestion du risque entre ses porteurs – les (ré)assureurs – et ceux qui y font face.

Ce partage de responsabilités est la condition sine qua non pour déplacer positivement la frontière de l’assurabilité et donc réduire le déficit de couverture assurantielle – le protection gap - qui est toujours considérable à l’échelle mondiale.

Le XXIe siècle sera celui du risk management… ou ne sera pas.

Le XXIe siècle sera-t-il le siècle des catastrophes ?

L’univers des risques est de facto à la fois en expansion et en mutation. Il croît et se transforme de façon permanente, avec, d’une part, l’innovation technologique et le progrès scientifique ; et, d’autre part, la globalisation et le développement des activités humaines, qui entraînent notamment l’apparition d’interdépendances de plus en plus complexes. L’univers des risques doit donc être appréhendé et analysé de manière holistique. Les risques sont de plus en plus sériels, globaux. Beaucoup de risques ne sont plus circonscrits dans le temps et dans l’espace comme cela était traditionnellement le cas.

Mais attention à ne pas sombrer pour autant dans le catastrophisme ! Il faut garder confiance en la capacité de l’intelligence humaine à gérer les risques et à relever les défis afférents.

Je suis fondamentalement positiviste, je dirais même comtiste. Nous traversons une période extraordinaire et très féconde sur les plans scientifique et technologique : informatique quantique, intelligence artificielle, big datamachine learning, robots, blockchain, nanotechnologies, recherche génétique… Même s’ils multiplient aussi les risques auxquels nos sociétés doivent faire face, tous ces développements sont intrinsèquement très positifs.

J’insiste sur le fait que le principe de prévention est plus important que le principe de précaution. Si ce dernier signifie qu’il faut s’abstenir de développer des technologies dès lors qu’il existe une incertitude sur leurs conséquences, alors le principe de précaution est lui-même dangereux, dans la mesure où il pourrait ralentir le progrès scientifique et l’innovation !

La bonne attitude est de gérer activement les risques à tous les niveaux : favoriser une culture des risques ; généraliser le « risk management » tant au niveau individuel qu’au niveau collectif ; investir dans la compréhension des risques ; développer la prévention pour diminuer la probabilité de survenance et la gravité des risques ; et favoriser le partage des risques, y compris via des partenariats public-privé. Le XXIe siècle sera celui du risk management… ou ne sera pas.

Quel est votre scénario pour 2021 ?

La crise de la Covid-19 est toujours en cours, et il est impossible de prédire avec certitude son évolution future. SCOR a développé un modèle épidémiologique compartimental permettant de modéliser le développement de la mortalité liée à la Covid-19 en fonction de plusieurs hypothèses – comme par exemple la durée des confinements, le degré de rigueur dans l’application de la distanciation sociale, la rapidité de mise en œuvre des campagnes de vaccination, ou encore l’efficacité desdits vaccins – et de mesurer l’impact de ces différents paramètres sur la gravité et la durée du phénomène pandémique dans les différentes régions du monde.

Sur la base de ce modèle que nous avons constamment amélioré depuis maintenant plus d’un an, et en nous appuyant sur une fourchette plausible pour les différents paramètres, nous prévoyons une réduction très sensible du nombre de décès liés à la pandémie d’ici la fin du troisième trimestre 2021. La véridicité de cette projection dépend toutefois très largement de la mise en œuvre des campagnes de vaccination et leur acceptation par la population, qui sont encore sujettes à de nombreuses inconnues, ainsi que l’apparition éventuelle de nouveaux variants.

Personne n’est en mesure de prédire si une accélération de l’inflation, et des taux d’intérêt, va se produire. Ce qui est clair, c’est que la probabilité d’un tel scénario a augmenté sensiblement durant les derniers mois

Sur un plan plus économique, craignez-vous un retour de l’inflation ?

Personne n’est en mesure de prédire si une accélération de l’inflation, et des taux d’intérêt, va se produire. Ce qui est clair, c’est que la probabilité d’un tel scénario a augmenté sensiblement durant les derniers mois, particulièrement aux États-Unis. Nous ne craignons pas ce scénario à SCOR, pour une raison simple : le Groupe y est pleinement préparé !

A l’actif, nous poursuivons une stratégie d’investissement prudente, caractérisée par une appétence limitée aux risques de marché. Notre portefeuille obligataire, qui constitue l’essentiel des placements du Groupe, est de très bonne qualité, avec une note de crédit moyenne de A+, et bénéficie d’une duration courte. Ainsi, notre portefeuille de placements est très liquide, avec 8,4 milliards d’euros de cash-flows financiers attendus au cours des 24 prochains mois, qui pourraient être réinvestis à des conditions de marché plus avantageuses si l’inflation, et partant, les taux, venaient à monter.

Au passif, nous ne sommes que très faiblement exposés au risque d’inflation. Nos engagements en matière de réassurance vie, qui sont concentrés sur la couverture des risques dits « biométriques » ‒ mortalité, longévité, dépendance, santé, etc. ‒, ne sont pas affectés. Pour ce qui est de nos engagements en matière de (ré)assurance de dommages et de responsabilité, ils seraient certes impactés par une accélération de l’inflation, mais de manière contenue dans la mesure où notre portefeuille de risques est essentiellement constitué de lignes à développement court, et non de lignes à développement long.

Au global, la remontée des taux d’intérêt serait une bonne nouvelle pour le groupe SCOR, qui verrait tant sa solvabilité que sa rentabilité s’élever.

J’ajoute que, dans un scénario de remontée brutale de l’inflation et des taux d’intérêt, le passif de SCOR serait exposé à un risque de liquidité quasi nul. Pour ce qui est de notre activité de (ré)assurance de dommages et de responsabilité, il y a deux raisons à cela.

D’une part, cette activité est structurellement en situation de cash-flow positif, car elle bénéficie d’un cycle inversé de production : les primes sont encaissées avant paiement des sinistres éventuels. D’autre part, le passif correspondant qui figure à notre bilan se caractérise par une grande « viscosité » : il ne peut être « retiré » que si nos clients (ré)assurés subissent un dommage leur donnant droit à une indemnisation. L’activité de (ré)assurance de dommages et de responsabilité n’est donc pas associée à un risque de « course aux guichets » (bank run) ‒ c’est-à-dire de retrait massif et soudain des passifs ‒, pouvant générer une crise de liquidité. De même, pour ce qui est de notre activité de réassurance vie, nous ne sommes pas exposés à un risque de liquidité du fait de notre concentration exclusive sur les risques biométriques.

Alors que le gouvernement vient de décider de prolonger les mesures de restrictions pour le mois d’avril, que pensez-vous de la réaction des pouvoirs publics, qui a privilégié la vie à l’économie ?

La décision des pouvoirs publics de privilégier le « tout-sanitaire » à l’économie est manifeste, et attestée par le désormais célèbre « quoi qu’il en coûte »… D’autres pays ont fait un arbitrage plus équilibré et plus judicieux.

Ce qui me frappe, je le répète, c’est d’une part l’impréparation et d’autre part le manque flagrant d’efficacité des pouvoirs publics pour gérer la crise sanitaire.

La pandémie a pris de court toutes les institutions concernées en France : les hôpitaux n’étaient pas préparés, les capacités de dépistage sont restées longtemps quasi inexistantes, les masques sont restés longtemps indisponibles, les modalités du confinement n’avaient pas été prévues… Et aujourd’hui, nous faisons face à une pénurie de vaccins !

Le « risk management » public a été à l’évidence défaillant. Nous en avions déjà la démonstration avant la crise sanitaire, comme en atteste la situation chronique de déficit public dans laquelle le pays se trouve depuis plus de 40 ans. L’Etat se borne depuis trop longtemps à un rôle principalement curatif, réactif. Et, de fait, il semble toujours agir dans l’urgence.

Il doit désormais impérativement donner la priorité à la prévention et à la protection. Il est pleinement légitime pour organiser la prévention, pour garantir la sécurité des citoyens. Cela relève d’ailleurs de sa responsabilité régalienne. A l’avenir, l’Etat devra davantage recourir à la technologie pour être efficace.

Le monde a-t-il changé avec cette crise ?

La violence de ce choc et son universalité, tant par son caractère global que par la multi-dimensionalité de ses conséquences – sanitaires, sociales, économiques, financières, géopolitiques – auront à l’évidence une grande résonance dans de multiples domaines.

J’ai écrit il y a un an que ce choc pourrait déplacer significativement et durablement « l’axe » autour duquel la Terre tournait jusqu’à présent. Ma conviction n’a pas changé, elle a même été renforcée : le cours de l’Histoire sera substantiellement modifié par cette crise globale, qui remet en cause nombre de nos convictions et appelle l’élaboration de solutions originales dans de nombreux domaines. Il va falloir réinventer le monde !

GEL: « la CATASTROPHE AGRONOMIQUE DU SIECLE » ( DENORMANDIE)

GEL: « la CATASTROPHE AGRONOMIQUE » ( DENORMANDIE)

A juste titre le ministre de l’agriculture a considéré que le dernier épisode de Joël constitué la catastrophe agronomique du siècle. En cause une nature très en avance du fait de la douceur exceptionnelle de mars et brutalement surprise par le froid intervenu en avril ces derniers jours et qui devrait d’ailleurs se reproduire aussi cette semaine. Les productions les plus touchées concernent les activités viticoles, arboricoles mais aussi d’autres

« Ce sont plusieurs centaines de milliers d’hectares – je dis bien centaines de milliers d’hectares – qui ont été impactés », a déclaré lundi le ministre de l’Agriculture sur le plateau d’Audition Publique pour LCP, Public Sénat et Le Figaro. « En termes d’argent, ce sera très significatif », a-t-il ajouté, à propos des futures pertes.

Plusieurs centaines de milliers d’hectares de cultures ont été impactés par le brutal épisode de gel qui a suivi la forte hausse des températures enregistrée au mois de mars. C’est « un épisode d’une extrême violence qui a causé des dégâts extrêmement significatifs », avait souligné Julien Denormandie vendredi, en visite dans un vignoble de Parçay-Meslay (Indre-et-Loire), près de Tours.

Avec -3°C prévus localement mardi et mercredi en France, de nouvelles gelées matinales sont attendues cette semaine.

Procès Environnement : « L’affaire du siècle » ?

Procès Environnement : « L’affaire du siècle » ?

 

 

Ce qu’on qualifie l’affaire du siècle concernant l’action judiciaire entreprise au tribunal administratif pour faire condamner l’État pour non-respect des engagements concernant l’environnement est évidemment un événement. Reste qu’il ne faut pas sacrifier à l’emphase sémantique, tout ne changera pas après le jugement du tribunal administratif. Il faudra bien d’autres décisions judiciaires sans doute mais aussi des actions concrètes par secteur d’activité et avec les acteurs économiques et pas seulement les écolos bobos. Il ne suffit pas en effet de loi de décrets ou d’orientation centralisée pour modifier une problématique aussi complexe que celle du rappeur entre l’environnement et la vie quotidienne.

 

Cette action en justice climatique qui résonnera bien au-delà des frontières de la France doit absolument aboutir, expliquent, dans une tribune au « Monde », les principaux auteurs d’actions en justice climatiques à travers le monde. Mais que signifie aboutir ? Comme l’avait déjà fait le conseil d’État adressé des remontrances au gouvernement et le mettre en demeure d’agir davantage ? Sans doute mais ce sera bien insuffisant pour mettre en œuvre une politique concrète articulant aspects environnementaux, économiques et sociaux.

Tribune. 

 

La question de savoir si nous serons collectivement en mesure de répondre au dérèglement climatique est bel et bien l’affaire de notre siècle. Car le climat nous concerne toutes et tous, avec d’importants impacts sur les écosystèmes, notre santé, notre capacité à vivre sur cette planète, et évidemment sur nos économies et nos modèles politiques.

Mais aussi, sur la justice sociale, car il devient de plus en plus évident que nous ne sommes pas tous touchés de la même manière par les modifications du climat, à travers le monde, ainsi que sur nos territoires ; et que de la même manière, nous ne sommes pas équitablement protégés. Les Etats n’ont pas plus le droit de violer les droits fondamentaux des citoyens que de ne pas agir pour le climat. Il s’agit d’un seul et même combat.

Le climat est donc une affaire de justice, et pas seulement des politiques. Ou pour le dire plus clairement : si les moyens et méthodes d’action pour le climat relèvent bien de choix politiques, agir pour le climat devrait déjà être compris partout comme une obligation s’imposant aux autorités publiques, et plus encore au sein des démocraties et états de droit.

Mille actions en justice

C’est ce que chacun d’entre nous défend dans son pays, c’est aussi ce que les jeunes Portugais défendent face à une trentaine d’Etats européens dont on attend encore une réaction politique à la hauteur de l’enjeu climatique. Au cours des dix dernières années, plus de mille actions en justice climatique ont été recensées à travers le monde. Parmi elles, celle de Urgenda a emporté victoire sur victoire depuis 2015, jusqu’à la toute dernière, en décembre 2019, devant la Cour Suprême néerlandaise.

Cette décision, de la plus haute juridiction d’un des Etats membres de l’Union européenne (UE), devrait inspirer les tribunaux du monde entier. Dans son arrêt, la Cour suprême néerlandaise a estimé que, sur la base des droits humains fondamentaux, les Pays-Bas ont le devoir de faire leur juste part dans la lutte contre la crise climatique et doivent donc réduire leurs émissions plus rapidement que ce à quoi la politique de l’époque était disposée à s’engager. Les droits et principes appliqués par la Cour suprême néerlandaise sont universels. Concomitante du lancement de « L’affaire du siècle », elle doit aussi éclairer la décision qui sera celle des juges français.

Les Etats n’ont pas plus le droit de violer les droits fondamentaux des citoyens que de ne pas agir pour le climat. Il s’agit d’un seul et même combat

Environnement : « L’affaire du siècle » ?

Environnement : « L’affaire du siècle » ?

 

 

Ce qu’on qualifie l’affaire du siècle concernant l’action judiciaire entreprise au tribunal administratif pour faire condamner l’État pour non-respect des engagements concernant l’environnement est évidemment un événement. Reste qu’il ne faut pas sacrifier à l’emphase sémantique, tout ne changera pas après le jugement du tribunal administratif. Il faudra bien d’autres décisions judiciaires sans doute mais aussi des actions concrètes par secteur d’activité et avec les acteurs économiques et pas seulement les écolos bobos. Il ne suffit pas en effet de loi de décrets ou d’orientation centralisée pour modifier une problématique aussi complexe que celle du rappeur entre l’environnement et la vie quotidienne.

 

Cette action en justice climatique qui résonnera bien au-delà des frontières de la France doit absolument aboutir, expliquent, dans une tribune au « Monde », les principaux auteurs d’actions en justice climatiques à travers le monde. Mais que signifie aboutir ? Comme l’avait déjà fait le conseil d’État adressé des remontrances au gouvernement et le mettre en demeure d’agir davantage ? Sans doute mais ce sera bien insuffisant pour mettre en œuvre une politique concrète articulant aspects environnementaux, économiques et sociaux.

Tribune. 

 

La question de savoir si nous serons collectivement en mesure de répondre au dérèglement climatique est bel et bien l’affaire de notre siècle. Car le climat nous concerne toutes et tous, avec d’importants impacts sur les écosystèmes, notre santé, notre capacité à vivre sur cette planète, et évidemment sur nos économies et nos modèles politiques.

Mais aussi, sur la justice sociale, car il devient de plus en plus évident que nous ne sommes pas tous touchés de la même manière par les modifications du climat, à travers le monde, ainsi que sur nos territoires ; et que de la même manière, nous ne sommes pas équitablement protégés. Les Etats n’ont pas plus le droit de violer les droits fondamentaux des citoyens que de ne pas agir pour le climat. Il s’agit d’un seul et même combat.

Le climat est donc une affaire de justice, et pas seulement des politiques. Ou pour le dire plus clairement : si les moyens et méthodes d’action pour le climat relèvent bien de choix politiques, agir pour le climat devrait déjà être compris partout comme une obligation s’imposant aux autorités publiques, et plus encore au sein des démocraties et états de droit.

Mille actions en justice

C’est ce que chacun d’entre nous défend dans son pays, c’est aussi ce que les jeunes Portugais défendent face à une trentaine d’Etats européens dont on attend encore une réaction politique à la hauteur de l’enjeu climatique. Au cours des dix dernières années, plus de mille actions en justice climatique ont été recensées à travers le monde. Parmi elles, celle de Urgenda a emporté victoire sur victoire depuis 2015, jusqu’à la toute dernière, en décembre 2019, devant la Cour Suprême néerlandaise.

Cette décision, de la plus haute juridiction d’un des Etats membres de l’Union européenne (UE), devrait inspirer les tribunaux du monde entier. Dans son arrêt, la Cour suprême néerlandaise a estimé que, sur la base des droits humains fondamentaux, les Pays-Bas ont le devoir de faire leur juste part dans la lutte contre la crise climatique et doivent donc réduire leurs émissions plus rapidement que ce à quoi la politique de l’époque était disposée à s’engager. Les droits et principes appliqués par la Cour suprême néerlandaise sont universels. Concomitante du lancement de « L’affaire du siècle », elle doit aussi éclairer la décision qui sera celle des juges français.

Les Etats n’ont pas plus le droit de violer les droits fondamentaux des citoyens que de ne pas agir pour le climat. Il s’agit d’un seul et même combat

Climat: le procès du siècle ?

Climat: le procès du siècle ?

«L’Affaire du siècle» arrive jeudi 14 janvier devant la justice, une étape clé pour les défenseurs du climat qui espèrent la reconnaissance d’une défaillance de l’État dans la lutte contre le réchauffement.

Deux ans après le lancement de cette procédure, accompagnée de 2,3 millions de signatures d’une pétition en ligne sans précédent, les quatre ONG requérantes – Notre Affaire à tous, Greenpeace France, Fondation Nicolas Hulot et Oxfam France – retrouvent les représentants de l’État devant le tribunal administratif de Paris.

Le problème c’est que la procédure risque d’être très longue. Elle pourrait donner lieu aussi à une sorte de jugement à la Pyrrhus avec reconnaissance de certaines responsabilités à l’Etat mais avec des injonctions très théoriques de se mettre en conformité avec les engagements en matière d’émissions polluantes.

Un jugement un peu sur le mode du conseil d’État.

En novembre dernier, le Conseil d’État, dans une décision qualifiée d’«historique» par les défenseurs de la planète, a lui-même noté que la France, qui s’est engagée à réduire de 40% ses émissions d’ici 2030 par rapport à 1990, a dépassé les budgets carbone qu’elle s’était fixés. Et la plus haute juridiction administrative française, saisie par la commune de Grande-Synthe qui s’estime menacée de submersion sur le littoral du Nord, a donné trois mois à l’État pour justifier de ses actions en matière de réduction des émissions de CO2.

Cette décision, qui s’ajoute à celle de la même juridiction ayant donné en juillet six mois à l’État pour agir contre la pollution de l’air sous peine d’une astreinte record

« Schengen : pour des règles communes dignes du XXIe siècle »

« Schengen : pour des règles communes dignes du XXIe siècle »

 

Dacian Ciolos , député européen, estime indispensable de clarifier les règles de Schengen dans une chronique à l’Opinion

 

Timidement, les 440 millions d’Européens ont retrouvé la possibilité de franchir librement les frontières intérieures de l’espace européen. Les formulaires administratifs à remplir exigeant des raisons impérieuses pour les traverser et les longues files de voitures et de camions nous ont rappelé la valeur de ce droit fondamental qu’est la libre circulation, droit écorné par des mois de restrictions, rendues nécessaires par la crise du Coronavirus.

L’unité européenne passe par un retour à un espace Schengen pleinement fonctionnel, tirant les leçons de la crise. Aucun Etat ne peut être laissé en quarantaine à l’écart de cette liberté. C’est une des clefs de la résilience de nos pays.

Plus que jamais, l’interdépendance économique des Etats membres est une réalité manifeste, y compris à travers des travailleurs qui ne font jamais la Une des journaux : les travailleurs saisonniers, pourtant indispensables pour les secteurs agricole et alimentaire, le transport, la construction, les services sociaux, le tourisme, mais aussi d’autres secteurs moins connus pour cela tels que certains services informatiques, de soin aux personnes ou bien d’autres.

Ces travailleurs ont été le symbole d’une Europe plus que nécessaire et interdépendante, mais aussi des limites et des dérives dès lors que nous ne disposons pas de règles suffisamment claires, appliquées uniformément. Comme souvent, ce n’est pas l’excès d’Europe, mais le manque d’Europe qui nous fait défaut.

La mort, le 11 avril, de Nicolae Bahan, cueilleur d’asperges en Allemagne a mis le doigt et alerté l’opinion publique sur les conditions désastreuses dans lesquelles travaillent certains saisonniers. Ils ont été, eux aussi, aux côtés de nos agriculteurs, des maillons stratégiques de notre sécurité alimentaire quotidienne pendant la crise.

Manque de coordination entre les organismes de santé, méconnaissance des droits sociaux de base, non-respect du principe d’égalité des droits entre salariés sans discrimination de nationalité sont quelques-unes des failles mises en lumière

Normes sociales. Manque de coordination entre les organismes de santé, méconnaissance des droits sociaux de base, non-respect du principe d’égalité des droits entre salariés sans discrimination de nationalité, défauts dans la mise en œuvre des règles existantes, et manque de coordination avec les partenaires sociaux des pays d’accueil sont quelques-unes des failles mises en lumière. Celles-ci étaient bien connues avant la crise mais, avec la pandémie, elles ont entraîné des drames.

Pour les salariés, comme pour les employeurs, il est urgent d’offrir la clarté nécessaire, les règles et les modalités administratives simples et digitalisées dignes du XXIe siècle.
Le plan de reconstruction ouvre un vaste chantier européen. Il nous permettra tous ensemble de relancer nos économies et d’être plus forts. Il passe par de l’investissement massif dans nos secteurs stratégiques, mais aussi par l’approfondissement du projet européen, y compris des droits et normes sociales au bénéfice de l’ensemble des Européens quel que soit leur pays d’origine.

Dacian Ciolos est député européen, président du groupe centriste et libéral Renew Europe depuis 2019. Il est ancien Premier ministre de Roumanie. Sa chronique «Europa» est publiée en alternance avec celle de Manfred Weber, président du groupe PPE, chaque dimanche sur lopinion.fr et le lundi dans le journal.

Commissariat au Plan : inapproprié au XXIe siècle !

Commissariat au Plan : inapproprié au XXIe siècle ! 

Un article très révélateur de Corinne Lepage, écolo ancienne ministre, qui démontre l’inconsistance et les contradictions de la pensée économique de l’auteur. Citons le principale: « pour qu’il y ait plan, encore faut-il savoir où on veut aller. » Or précisément le plan vise à dégager des scénarios de prospective pour indiquer la direction, éclairage précisément encore plus nécessaire  quand l’horizon est un peu complexe. Ce texte est un tissu de contradictions et met en évidence l’indigence de la réflexion économique de certains écolos de gauche mais aussi de droite (comme Corinne Lepage). Une tribune dans le très droitier site du Huffington post.

 

Tribune

L’annonce de recréer un Commissariat au Plan avec un poste de haut-commissaire offert à une personnalité politique, de surcroît maire en exercice, a beaucoup surpris.

On rappellera que le Commissariat au Plan, tel qu’on l’a connu dans les années 1960 sous le vocable d’ardente obligation, était parfaitement justifié par la nécessité de reconstruire la France d’après-guerre. À l’époque, les dirigeants savaient parfaitement ce qu’ils voulaient faire mais avaient besoin de planifier les investissements, ce qui justifiait des périodes quinquennales se succédant les unes aux autres. La suppression du Commissariat au Plan, partiellement remplacé par une forme de think-thank, a correspondu à une triple convergence entre la décentralisation en 1982, la perte de capacités de l’État sur le plan économique et l’envahissement du néolibéralisme et de l’hyper-financiarisation de l’économie.

Alors pourquoi recréer un Commissariat au Plan?

Il est indéniable que la France a besoin d’un projet solide de construction de la transition économique, écologique, sociale et sociétale. Le gouvernement navigue à vue et personne n’est capable de définir ce qu’est aujourd’hui le projet pour la France -en espérant qu’il n’y ait pas un projet secret de financiarisation croissante de notre économie. Dans ces conditions, un Commissariat au Plan est totalement inapproprié puisque pour qu’il y ait plan, encore faut-il que l’on sache où on veut aller avec un projet précis.

 

Ce n’est évidemment pas le cas et cela pour deux raisons majeures: la situation d’incertitude qui est beaucoup plus grande que celle que nous avons connue par le passé est un premier frein; de même qu’il y a nécessité d’inventer pour construire une société résiliente qui puisse affronter les transformations rapides qu’elle va connaître. Sur le premier point, même si l’histoire n’a jamais été écrite d’avance, la transformation accélérée du monde sur le plan physique comme sur le plan technologique sans oublier les tensions géostratégiques et toutes les formes de criminalité imposent de travailler sur des scénarios (comme par exemple ceux de l’institut des futurs souhaitables de Mathieu Baudin). L’imagination est donc un outil majeur à laquelle il faut ajouter une parfaite connaissance de l’histoire. Le deuxième point découle directement du premier puisque le projet doit être constamment adaptable ce qui signifie que l’adaptabilité doit être autant celle des hommes que des choix effectués. Autrement dit, il faut savoir dire en même temps ce que nous souhaitons devenir, quelle est la ligne directrice mais aussi comment nous allons pouvoir le faire dans un avenir fluctuant.

De plus, un haut-commissariat au projet ne va pas sans poser une question politique majeure. N’est-ce pas en réalité la tâche du Président de la République que de porter un projet de long terme et de le faire appliquer par son gouvernement? Dès lors, la désignation d’un haut-commissaire pour inventer le projet France sur le moyen et long terme est non seulement une forme d’échec démocratique mais également un risque technocratique. Comme l’a souligné Erwan le Noan dans L’Opinion du 23 août 2020, les organismes chargés de penser le long terme auprès de l’État mobilisent déjà 824 personnes et 3,6 millions d’euros, sans compter le centre d’analyse stratégique. Aussi, sauf à créer un comité Théodule supplémentaire, un haut-commissariat au projet France ne pourrait se concevoir que dans une refonte globale de tous les organismes existants. Ce qui implique un haut-commissaire répondant sur le plan intellectuel comme sur le plan de l’image à ce que la France peut imaginer de son avenir.

 

Dans la mesure où à l’évidence, “nous ne pouvons pas résoudre nos problèmes avec la même pensée que nous avions quand nous les avons créés” (Einstein), la mission d’un haut-commissariat ne peut se faire que dans la co-construction avec les territoires. Ce n’est pas l’œuvre d’un homme comme au temps de Jean Monnet en 1946, c’est avec une coopération avec les communes, les départements et les régions que la transformation de notre pays pourra se faire. En prenant en compte les atouts et inconvénients de chacun de ces territoires. Pour ce faire, la puissance publique dispose des fonds européens en partenariat avec les régions, elle a des outils comme les CPER.

Pourtant, la puissance publique ne tient pas toujours parole et les retards de financement sont nombreux sur les territoires. Pour éviter les projets anachroniques du nucléaire, des incinérateurs, des autoroutes, c’est par la norme climato-compatible et l’acceptation de nos concitoyens que nous pourrons réellement faire entrer la France dans le XXIe siècle avec seulement 20 ans de retard.

 

Une catastrophe climatique: + 3 à 5 degrés en plus d’ici la fin du siècle

Une catastrophe climatique:  + 3 à 5 degrés en plus d’ici la fin du siècle

A lors qu’on ergote encore sur les mesures à prendre que la COP 21 reste au stade du slogan de marketing politique sans effet y compris en France, une catastrophe se  prépare pour la fin du siècle. En cause évidemment une financiarisation mondiale de l’économie incompatible avec la problématique environnementale. Le Record de chaleur est confirmé pour 2019 par   l’organisation météorologique mondiale qui  prévoit une augmentation de trois à 5° la fin du siècle. La température moyenne mondiale a gagné entre 1,05°C et 1,2°C l’an dernier par rapport à l’ère préindustrielle, confirme l’Organisation météorologique mondiale.

Des  scientifiques de Météo France avaient déjà  présenté les scénarios de changement climatique en France jusqu’en 2100 dans un rapport intitulé Le climat de la France au 21e siècle..  En métropole dans un horizon proche entre 2021 et 2050, les chercheurs projettent une hausse des températures moyennes entre 0,6 et 1,3 °C, une augmentation du nombre de jours de vagues de chaleur en été (surtout dans le quart Sud-est) ainsi qu’une diminution du nombre de jours anormalement froids en hiver sur l’ensemble de la France.

Puis, d’ici la fin du siècle entre 2071 et 2100, les tendances s’accentueraient encore. Les scientifiques observent une forte hausse des températures moyennes pouvant atteindre de 2,6 °C à 5,3°C en été, des vagues de chaleur pouvant dépasser 20 jours dans le Sud-Est mais aussi la poursuite de la diminution des extrêmes froids Les scénarios sont en effet alarmants : des épisodes de sécheresse plus nombreux sont à prévoir ainsi qu’un renforcement des précipitations extrêmes sur une large partie du territoire.

Pour  l’Organisation météorologique mondiale (OMM), l’agence des Nations unies pour la météorologie. La température moyenne sur l’ensemble du globe a affiché une hausse comprise entre 1,05°C et 1,2°C l’an dernier par rapport à l’ère préindustrielle, selon les cinq sources différentes compilées par l’OMM. L’agence de Genève utilise deux jeux de données en provenance des États-Unis, fournies par l’Institut Goddard de la Nasa et celles de l’administration américaine pour l’océan et l’atmosphère (NOAA), les informations communiquées par le bureau britannique de météorologie (Met Office) regroupées avec celles de l’université East Anglia. Enfin, l’OMM compile les statistiques japonaises et celles en provenance de l’Union européenne fournies par Copernicus et le Centre européen de prévision météorologique à moyen terme. Ce dernier était arrivé aux mêmes conclusions la semaine dernière.

La température moyenne l’an dernier a toutefois été un peu inférieure à celle de 2016, qui avait été aggravée par un fort phénomène climatique El Niño.

L’OMM précise que la moyenne sur les cinq dernières années est la plus haute mesurée, comme celle sur la dernière décennie. Chaque période de dix ans bat le record de la précédente décennie depuis le début des années 1980. «Malheureusement, nous nous attendons à voir de nombreux phénomènes météorologiques extrêmes en 2020 et au cours des prochaines décennies, alimentés par des niveaux records de gaz à effet de serre qui emprisonnent la chaleur dans l’atmosphère», prévient le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas. La concentration de CO2

dans l’atmosphère a atteint un nouveau pic depuis le début de l’ère industrielle en 2019.

En outre, «plus de 90 % de la chaleur excédentaire (liée au réchauffement) est stockée dans les mers du monde entier, où elle s’accumule et provoque des augmentations de température de l’océan», estiment des chercheurs américains dans la revue Advances in Atmospheric Sciences. Ils soulignent que la température a encore augmenté l’an dernier, comme ce fut le cas au cours des années précédentes.

 

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