Conflit Fillon –Copé : le pouvoir pour seule doctrine
Le conflit Copé-Fillon est révélateur du vide idéologique et des pratiques mafieuses de certains partis. (Le terme « mafia » a été employé par Fillon). Première explication, l’UPM découvre la démocratie. Jusque là élection du responsable ressemblait davantage à un plébiscite qu’à une élection démocratique. Le candidat était choisi par l’appareil et les militants suivaient. Cette pratique ne vaut pas d’ailleurs que pour la seule UMP ; curieux pour des partis qui ont précisément à faire vivre la démocratie dans l’ensemble du pays. Un peu comme si pour élection à la présidence de la république les français ne pouvaient voter que pour un seul prétendant. Plus grave est le vide idéologique, il n’y a plus de doctrine ; l’UMP navigue entre étatisme, libéralisme et social démocratie, il flirte aussi avec le populisme radical type FN. Le bilan économique est hélas catastrophique, un endettement abyssal (30 à 40 000 euros par français), une compétitivité notamment plombée par la fiscalité (70 milliards de déficit extérieur), 3 millions de chômeurs officiels mais en réalité 7 à 8 millions de sans emplois, une administration pléthorique qui tue l’initiative entrepreneuriale et l’emploi. En réalité, la seule doctrine c’est la conquête du pouvoir ; ensuite on tente de faire face aux réalités mais c’est l’administration qui gouverne. Témoin, la situation du gouvernement actuel qui avait beaucoup promis , trop promis (croissance, emploi, fiscalité, prix de l’énergie etc.). et finalement est contraint de se plier aux exigences européennes et de sa propre administration. Et quand on veut réformer, on complexifie encore avec lois, décrets et taxes bien sûr; la France et l’Europe s’enfoncent dans la crise et pour longtemps. En cause, d’abord l’incapacité à comprendre le caractère systémique de la crise, sa dimension spatiale, ses facteurs explicatifs fondamentaux. Du coup on fait du bricolage quand on ne fait pas le contraire de ce qu’on a annoncé. Un seul exemple, cette affaire d’aéroport de Nantes alors que dans le même temps Ayrault décide de réduire de manière drastique le développement des infrastructures. Un plan plus réduit suppose évidemment des choix or l’aéroport de Nantes n’est certainement pas la priorité du moment. Pour l’UMP, c’est la descente aux enfers car l’objectif unique c’est 2017, du coup on perd de vue l’objet même d’un parti politique qui devrait d’abord consister à proposer des stratégies pour sortir de la crise. L’image de la France déjà fortement écornée à l’étranger sur le plan économique devient aussi la risée sur le plan démocratique et politique. L’UMP ne sortira pas indemne de ce conflit même avec de nouvelles élections. Si Sarkozy parvient à les imposer, il y aura nécessairement les mêmes candidats (avec d’autres peut-être), donc encore une campagne, des déchirements, et des insultes, des pitreries. Paradoxe suprême, l’UMP se déchire au moment où la France aura besoin d’union nationale pour affronter la crise ; une union qui s’imposera un jour ou l’autre mais sans doute avec beaucoup trop de retard.