Justice: les plus riches continuent de s’enrichir
Les leçons n’ont pas été tirées après les révélations sur la façon dont les plus riches échappent à l’impôt, regrettent, dans une tribune au « Monde », les députés européens Damien Carême et Claude Gruffat. Ils demandent au gouvernement de soutenir des mesures en faveur d’une véritable justice économique et fiscale. Le 3 octobre 2021, un gigantesque effort du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) a mis au jour le plus grand scandale fiscal de tous les temps : les « Pandora Papers ». Ils ont confirmé une fois de plus – une fois de trop – que les 1 % les plus riches – leaders mondiaux, politiques, dirigeants d’entreprises, oligarques – considèrent que les règles ne s’appliquent pas à eux et que leurs richesses passent avant la vie des 99 % autres.
Un papier intéressant mais mal documenté qui aurait justifié un autre travail d’étude pour démontrer l’organisation en cascade des organigrammes de sociétés qui de filiale en filiale externalisent les profits et internalisnte au contraire les charges dans les pays à forte fiscalité. NDLR
Parmi les « vedettes » de cette fuite historique de documents, ceux et celles qui cachent et accroissent leurs richesses au détriment de la société, on trouve des dirigeants européens. Les « Pandora Papers » ont ainsi révélé les biens immobiliers qu’Andrej Babis, alors premier ministre tchèque, possède sur la Côte d’Azur. Rien de répréhensible. Sauf qu’il les détient par le biais de sociétés domiciliées dans les paradis fiscaux et qu’au moins une transaction a été réalisée… en espèces.
En France aussi, les « Pandora Papers » ont mis en lumière que nombre de nos compatriotes, dirigeants et élus politiques notamment, sont soucieux d’échapper à l’impôt. L’ancien maire de Blois (Loir-et-Cher), Nicolas Perruchot, qui fut aussi député et président du département du Loir-et-Cher, a créé une société offshore aux Seychelles. Dominique Strauss-Kahn, ancien ministre et ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) ou Sylvain Maillard, député LRM, sont aussi cités, comme six cents autres riches français.
Le Covid et ses dividendes
En 2021, Bruno Le Maire, déjà ministre de l’économie et des finances, avait alors affirmé qu’il serait « intraitable avec ceux qui ont triché ». Et pourtant, les mesures n’ont pas suivi. Les sociétés-écrans sont toujours d’actualité. La liste noire des paradis fiscaux attend toujours d’être revue, à la lumière des révélations.
Faut-il s’en étonner quand, par ailleurs, les politiques de notre gouvernement continuent de privilégier, en toute légalité cette fois, les intérêts des plus riches au détriment du reste de la population ? La suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) par Emmanuel Macron a permis au 0,1 % des plus riches d’accroître leur fortune.
Puis, il y a eu la suppression de certains impôts de production, dont la suppression totale de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), qui a rendu plus riches encore les grosses entreprises. A laquelle se sont ajoutés le Covid et ses dividendes à n’en plus pouvoir. Les plus riches ont continué de s’enrichir, avec la bénédiction d’un gouvernement qui choisit par ailleurs de faire la chasse à une hypothétique fraude sociale.