Archive pour le Tag 'séniors'

Complémentaire santé : coup de bambou surtout pour les séniors

Complémentaire santé : coup de bambou surtout pour les séniors

Les tarifs des complémentaires santé ont considérablement augmenté en 2024, entre 5 et 10 pour cent selon les cas et surtout l’âge. En moyenne les retraités vont payer plus de 3000 € par an pour leur mutuelle. Pour les actifs la facture va aussi augmenter : environ 100 € mensuels pour un ménage avec deux enfants.

En cause indiscutablement la hausse des produits pharmaceutiques et des soins en général. Aussi la conséquence directe des progrès de la médecine et le coût des traitements. Enfin le vieillissement de la population qui globalement fait augmenter les risques et les coûts.

Il faut aussi observer que les mutuelle élargissent de plus en plus le champ des prises en charge abandonnée par la sécurité sociale. Ce devrait être encore le cas notamment dans le cadre du budget 2024 de l’État. Le reste à charge pour les malades devrait en outre augmenter.

«Des transferts de charge de l’assurance maladie vers les complémentaires santé sont prévus dans le cadre d’une extension du 100% Santé», constate Samuel Bansard, président de Meilleurtaux Assurances. Au 1er janvier 2024, le reste à charge zéro pourrait en effet être étendu aux prothèses capillaires et aux fauteuils roulants, dans le cadre de cette réforme lancée en 2021 et qui concerne pour l’heure uniquement les soins d’optique, dentaires et d’audiologie. À cela va s’ajouter dès le 1er octobre la réduction de la prise en charge des soins dentaires par l’Assurance maladie, qui passera de 70% à 60%, faisant peser une charge supplémentaire de 500 millions d’euros en année pleine sur les mutuelles.

Résidences seniors : 40% de surfacturation !

Résidences seniors : 40% de surfacturation !

daprès une info du Figaro, en France, 40% des résidences seniors sont, pour la plupart, suspectées de tromperies. C’est le résultat d’une enquête réalisée par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) qui a passé au crible 256 établissements. Une petite centaine d’établissements sont donc en infraction, selon ce rapport dévoilé par le Journal du dimanche et qui sera publié ce lundi.

Parmi la dizaine d’abus recensés, un exemple revient très fréquemment : la tromperie sur les services facturés aux personnes âgées. Concrètement, les résidences n’informaient pas correctement les consommateurs sur les prestations proposées. Les enquêteurs ont ainsi constaté, sur des sites internet ou des supports de communication, que certaines structures se présentaient, à tort, comme des établissements médicalisés. «Ce n’est pas la vocation de la grande majorité des résidences qui accueillent des personnes autonomes à la recherche de sécurisation et de convivialité. Certains jouent sûrement la carte médicale pour rassurer», explique au Figaro un professionnel du secteur, ayant requis l’anonymat. «La résidence sénior permet de conserver cette notion de domicile, avec des clefs, un loyer, ainsi que des espaces partagés où on retrouve du lien social», ajoute-t-il, rappelant que les résidences séniors ne bénéficient pas de financement public, contrairement aux Ehpad.

D’autres résidences, épinglées par Bercy, ont menti sur la qualité de service en mentionnant la présence 24h/24 d’un agent de sécurité, d’un espace de balnéothérapie ou d’une salle de sport pourtant inexistants. Autre exemple : des frais sont facturés si les personnes âgées utilisent un chèque emploi service universel qui sert, entre autres, à déclarer et à rémunérer une aide à domicile. À cela s’ajoute la promesse d’un crédit d’impôt pour les résidents sur les prestations de services à la personne, alors que les résidences ne répondent pas aux conditions exigées.

La bonne nouvelle ? Il semble qu’à la suite des contrôles de l’administration fiscale, «une grande majorité» des établissements visés se soient rapidement mis en conformité. Pour rappel, une entreprise reconnue de tromperie à l’encontre d’un particulier risque deux ans de prison et une amende de 300.000 euros, selon le Code de la consommation (article L132-2). «Espérons que ce rapport ne jettera pas l’opprobre sur l’ensemble du secteur, réagit cet expert. Le marché des résidences seniors est encore très méconnu, associé aux Ehpad dans l’esprit de la plupart des Français.» L’ombre de l’affaire « Orpea », épinglé début 2022 par la publication d’un livre-enquête (Les Fossoyeurs, de Victor Castanet) qui a notamment eu pour effet de multiplier les contrôles dans les Ehpad de l’Hexagone, est encore dans tous les esprits.

En dépit de la présence d’acteurs historiques (Domitys, Les Hespérides, Les Sénioriales…), le modèle doit aujourd’hui «s’adapter aux besoins de la nouvelle génération qui arrive – et va arriver – dans nos résidences (ouverture sur l’extérieur, ancrage dans la ville, activités sportives et culturelles…)», précise ce même dirigeant. Le nombre des séniors (plus de 60 ans) devrait passer de 15 à 20 millions d’ici à 2030, l’immense majorité vivant de façon autonome.

L’emploi des seniors, opportunité démographique

L’emploi des seniors, opportunité démographique

Pour le président du Cercle des économistes, «le choc [du vieillissement de la population] pour l’économie en général, et pour l’équilibre des comptes de la protection sociale en particulier, est potentiellement considérable»

Un article intéressant mais comme souvent trop général et qui ne tient pas compte suffisamment de la question centrale de la nature des métiers et de la pénibilité. NDLR

Babyboom : rarement une expression aussi impropre n’a eu autant de succès. Dans l’imaginaire collectif, elle revoie aux natifs d’après-guerre qui auraient eu une vie confortable et qui aujourd’hui plomberaient nos régimes de retraites. Cela marche tellement bien, que l’expression a même été abrégée et que tout septuagénaire est désormais un boomer.

Pourtant, si on regarde les chiffres, le babyboom n’est en rien un choc ponctuel de naissances. A partir de 1946, le nombre de nouveaux nés en France va dépasser les 800 000 personnes par an – soit un niveau inégalé depuis le début des années 1920 – et se maintenir ainsi jusqu’en… 1974. Le boom a donc été la norme pendant près de trente ans, et concerne aussi les plus âgés de nos quarantenaires actuels… qui parfois se joignent aux critiques adressées aux boomers.

La conséquence de cette réalité démographique est que le papyboom va durer et que les rangs des retraités vont continuer de grossir pendant au moins quinze ans. Selon les projections de l’Insee, la part des plus de 60 ans dans la population, qui représente déjà un colossal 25 %, pourrait atteindre 31 % en 2040. Les conséquences de ce choc pour l’économie en général, et pour l’équilibre des comptes de la protection sociale en particulier, sont potentiellement considérables.

Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, la situation n’est pas désespérée et la France pourrait même tirer son épingle du jeu. Pour le comprendre, il faut se figurer que les ratios démographiques, tels que la part des plus de 60 ans, ne sont pas très utiles ni pour prévoir le dynamisme d’une économie ni pour l’améliorer. Ce qui est pertinent, c’est plutôt la part des personnes qui travaillent au sein de l’ensemble de la population. Plus elle est grande, plus on arrive à couvrir les besoins des ceux qui ne travaillent pas, et en particulier des plus jeunes et des plus âgés.

Si le taux d’emploi des seniors approchait celui des autres actifs, cela suffirait à compenser les effets du vieillissement et à enrayer la réduction du taux global d’activité

Aujourd’hui en France, les actifs représentent moins de 45 % de la population. Si les taux d’activité par âge ne changent pas, cette part sera réduite de 2,5 points de pourcentage d’ici 2040 ; c’est considérable, et incompatible avec toutes les priorités d’investissement du moment que ce soit dans l’éducation, dans la santé, dans la transition énergétique, etc. Mais il y a une marge de manœuvre, à chercher du côté de l’emploi des personnes âgées de 55 à 64 ans, ceux que l’on appelle les travailleurs seniors. Leur taux d’emploi n’atteint que les deux tiers de celui des 25-54 ans, soit un des plus faibles ratios parmi les pays comparables. Or, si le taux d’emploi des seniors approchait celui des autres actifs, cela suffirait à compenser les effets du vieillissement et à enrayer la réduction du taux global d’activité.

La hausse du taux d’emploi des seniors doit être une priorité des politiques publiques, pour financer la protection sociale et les investissements conduisant à une économie prospère et soutenable. Les mécanismes visant à repousser l’âge de liquidation des droits à la retraite sont bienvenus mais, pour être efficaces, ils doivent s’accompagner de formations, de luttes contre les discriminations et les clichés, et de la prise en compte des souhaits des seniors en matière d’aménagement du travail.

La France est en retard mais, depuis le début des années 2000, l’emploi des seniors s’améliore. Ironiquement, c’est depuis que les premiers babyboomers ont atteint 55 ans que l’on constate des progrès. Ecoutons-les et révolutionnons avec eux le travail des seniors !

Hippolyte d’Albis est président du Cercle des économistes, auteur de « Les seniors et l’emploi » paru aux Presses de Sciences Po, 2022.

Démographie: l’emploi des seniors une opportunité ?

Démographie: l’emploi des seniors une opportunité ?

Pour le président du Cercle des économistes, «le choc [du vieillissement de la population] pour l’économie en général, et pour l’équilibre des comptes de la protection sociale en particulier, est potentiellement considérable» ( dans l’Opinion)

Un article intéressant mais un peu trop macro qui ne prend pas suffisamment en compte la pénibilité et l’état physique des intéressés. Sans parler du rapport au travail, de son sens et les relations humaines et hiérarchiques. Alors c’est peut-être le rapport au travail dans toutes ses dimensions qui constitue le plus gros handicap du pays NDLR

Le babyboom n’est en rien un choc ponctuel de naissances. A partir de 1946, le nombre de nouveaux nés en France va dépasser les 800 000 personnes par an – soit un niveau inégalé depuis le début des années 1920 – et se maintenir ainsi jusqu’en… 1974. Le boom a donc été la norme pendant près de trente ans, et concerne aussi les plus âgés de nos quarantenaires actuels… qui parfois se joignent aux critiques adressées aux boomers.

Maxime Sbaihi: «Les actifs et les nouvelles générations n’ont pas à subir seuls le fardeau du vieillissement démographique»
La conséquence de cette réalité démographique est que le papyboom va durer et que les rangs des retraités vont continuer de grossir pendant au moins quinze ans. Selon les projections de l’Insee, la part des plus de 60 ans dans la population, qui représente déjà un colossal 25 %, pourrait atteindre 31 % en 2040. Les conséquences de ce choc pour l’économie en général, et pour l’équilibre des comptes de la protection sociale en particulier, sont potentiellement considérables.

Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, la situation n’est pas désespérée et la France pourrait même tirer son épingle du jeu. Pour le comprendre, il faut se figurer que les ratios démographiques, tels que la part des plus de 60 ans, ne sont pas très utiles ni pour prévoir le dynamisme d’une économie ni pour l’améliorer. Ce qui est pertinent, c’est plutôt la part des personnes qui travaillent au sein de l’ensemble de la population. Plus elle est grande, plus on arrive à couvrir les besoins des ceux qui ne travaillent pas, et en particulier des plus jeunes et des plus âgés.

Si le taux d’emploi des seniors approchait celui des autres actifs, cela suffirait à compenser les effets du vieillissement et à enrayer la réduction du taux global d’activité.

Aujourd’hui en France, les actifs représentent moins de 45 % de la population. Si les taux d’activité par âge ne changent pas, cette part sera réduite de 2,5 points de pourcentage d’ici 2040 ; c’est considérable, et incompatible avec toutes les priorités d’investissement du moment que ce soit dans l’éducation, dans la santé, dans la transition énergétique, etc. Mais il y a une marge de manœuvre, à chercher du côté de l’emploi des personnes âgées de 55 à 64 ans, ceux que l’on appelle les travailleurs seniors. Leur taux d’emploi n’atteint que les deux tiers de celui des 25-54 ans, soit un des plus faibles ratios parmi les pays comparables. Or, si le taux d’emploi des seniors approchait celui des autres actifs, cela suffirait à compenser les effets du vieillissement et à enrayer la réduction du taux global d’activité.

La hausse du taux d’emploi des seniors doit être une priorité des politiques publiques, pour financer la protection sociale et les investissements conduisant à une économie prospère et soutenable. Les mécanismes visant à repousser l’âge de liquidation des droits à la retraite sont bienvenus mais, pour être efficaces, ils doivent s’accompagner de formations, de luttes contre les discriminations et les clichés, et de la prise en compte des souhaits des seniors en matière d’aménagement du travail.

La France est en retard mais, depuis le début des années 2000, l’emploi des seniors s’améliore. Ironiquement, c’est depuis que les premiers babyboomers ont atteint 55 ans que l’on constate des progrès. Ecoutons-les et révolutionnons avec eux le travail des seniors !

Hippolyte d’Albis est président du Cercle des économistes, auteur de « Les seniors et l’emploi » paru aux Presses de Sciences Po, 2022.

Réforme Retraites-Le report de l’âge légal fait augmenter le chômage des seniors(Unedic)

Réforme Retraites-Le report de l’âge légal fait augmenter le chômage des seniors(Unedic)


Une étude de l’Unédic confirme l’hypothèse que l’âge de départ à la retraite et les règles d’assurance chômage ont un impact sur les stratégies des entreprises pour se séparer de leurs seniors. Ce qui augmente le chômage . (dans la Tribune)

Une étude de l’Unédic montre que l’âge légal de départ à la retraite entraîne un pic de ruptures conventionnelles trois ans avant la date. Ce qui correspond à la durée d’indemnisation chômage dont peuvent bénéficier les plus de 55 ans. Ces ruptures « d’un commun accord » sont ainsi aussi nombreuses pour les 59 ans que les trentenaires, catégorie d’âge la plus concernée par ce type de fin de contrat.

Alors que l’âge de départ à la retraite cristallise les tensions depuis que le gouvernement veut le décaler dans son projet de réforme, il est au centre d’une étude publiée ce mercredi 1er mars par l’Unédic. Dans ce document dressant les grands enjeux de l’articulation entre retraites et assurance chômage, l’Unédic observe en 2021 une nette hausse, à 59 ans, des ruptures conventionnelles – autrement dit, « d’un commun accord » entre l’entreprise et son salarié. Ces dernières donnent droit au chômage. Or, les plus de 55 ans peuvent être indemnisés pendant trois ans, ce qui leur permet d’être indemnisés jusqu’à 62 ans, soit l’âge légal actuel de départ à la retraite

Ainsi, à 59 ans, 25% des ouvertures de droit au chômage le sont à la suite d’une rupture, contre 17% à 56 ans. Soit un taux « qui remonte au niveau de celui que l’on observe pour les trentenaires, catégorie d’âge la plus concernée par les ruptures conventionnelles », constate l’Unédic.
Cette étude confirme ainsi l’hypothèse que l’âge de départ à la retraite et les règles d’assurance chômage ont un impact sur les stratégies des entreprises – parfois partagées par les syndicats et les salariés – pour se séparer de leurs seniors. En effet, en 2010 alors que l’âge légal de départ était encore de 60 ans, ce pic était atteint autour de 57-58 ans.

Ce pic devrait se décaler à l’avenir sous l’effet des nouvelles règles d’assurance chômage qui ont réduit depuis le 1er février la durée d’indemnisation maximale de 25% pour les nouveaux entrants au chômage, soit 27 mois au lieu de 36 pour les plus de 55 ans.

Le gouvernement est aussi favorable, dans la réforme des retraites débattue actuellement au Parlement, à ce que les ruptures conventionnelles avant l’âge légal de départ voient leur forfait social augmenter. Il s’agit d’une contribution patronale versée à l’Urssaf. Elle est fixée à 20% actuellement et l’exécutif souhaite qu’elle passe à 30%, soit le même niveau que pour les ruptures conventionnelles intervenant après l’âge légal de départ.

Le report de l’âge légal fait augmenter le chômage des seniors

Selon l’étude, le report de l’âge légal de 60 à 62 ans a entrainé entre 2010 et 2022 une hausse de 100.000 du nombre d’allocataires au chômage de plus de 60 ans. Parmi eux, 65.000 ont 60 ou 61 ans du fait du décalage de l’âge légal. Et 20.000 ont 65 ou 66 ans, du fait du décalage de l’âge d’annulation de la décote (de 65 à 67 ans) et de la hausse de la durée de cotisation.

D’après une étude parue début janvier par la Dares, le service statistique du ministère du Travail, le taux d’emploi diminue nettement avec l’âge. En 2021, il atteint 81,8% pour les 25-49 ans, puis 75,1% pour les 55-59 ans et 35,5% pour les 60-64 ans. Dans le détail, si entre 50 et 56 ans, le taux reste proche de 80%, il diminue de 10 points jusqu’à 59 ans. Il passe ensuite en deçà de 60% à 60 ans, pour atteindre moins de 20% à partir de 64 ans. « Cette baisse est notamment la conséquence des transitions progressives vers la retraite : jusqu’à 55 ans, la part de personnes en retraite est marginale, alors qu’à 60 ans, une personne sur six environ est retraitée, et que deux sur trois le sont à 63 ans », peut-on lire dans le rapport.

Enfin l’étude de l’Unédic s’intéresse à une disposition qui permet, sous conditions, de continuer à être indemnisé par l’assurance chômage au-delà de trois ans, jusqu’à l’accès à une retraite à taux plein, au plus tard à 67 ans. Fin juin 2022, sur les 72.000 allocataires indemnisés de 62 ans ou plus, 21.000 sont bénéficiaires de ce dispositif.

Retraites-Le report de l’âge légal fait augmenter le chômage des seniors(Unedic)

Retraites-Le report de l’âge légal fait augmenter le chômage des seniors(Unedic)


Une étude de l’Unédic confirme l’hypothèse que l’âge de départ à la retraite et les règles d’assurance chômage ont un impact sur les stratégies des entreprises pour se séparer de leurs seniors. Ce qui augmente le chômage . (dans la Tribune)

Une étude de l’Unédic montre que l’âge légal de départ à la retraite entraîne un pic de ruptures conventionnelles trois ans avant la date. Ce qui correspond à la durée d’indemnisation chômage dont peuvent bénéficier les plus de 55 ans. Ces ruptures « d’un commun accord » sont ainsi aussi nombreuses pour les 59 ans que les trentenaires, catégorie d’âge la plus concernée par ce type de fin de contrat.

Alors que l’âge de départ à la retraite cristallise les tensions depuis que le gouvernement veut le décaler dans son projet de réforme, il est au centre d’une étude publiée ce mercredi 1er mars par l’Unédic. Dans ce document dressant les grands enjeux de l’articulation entre retraites et assurance chômage, l’Unédic observe en 2021 une nette hausse, à 59 ans, des ruptures conventionnelles – autrement dit, « d’un commun accord » entre l’entreprise et son salarié. Ces dernières donnent droit au chômage. Or, les plus de 55 ans peuvent être indemnisés pendant trois ans, ce qui leur permet d’être indemnisés jusqu’à 62 ans, soit l’âge légal actuel de départ à la retraite

Autant de ruptures conventionnelles à 59 ans qu’à la trentaine
Ainsi, à 59 ans, 25% des ouvertures de droit au chômage le sont à la suite d’une rupture, contre 17% à 56 ans. Soit un taux « qui remonte au niveau de celui que l’on observe pour les trentenaires, catégorie d’âge la plus concernée par les ruptures conventionnelles », constate l’Unédic.
Cette étude confirme ainsi l’hypothèse que l’âge de départ à la retraite et les règles d’assurance chômage ont un impact sur les stratégies des entreprises – parfois partagées par les syndicats et les salariés – pour se séparer de leurs seniors. En effet, en 2010 alors que l’âge légal de départ était encore de 60 ans, ce pic était atteint autour de 57-58 ans.

Ce pic devrait se décaler à l’avenir sous l’effet des nouvelles règles d’assurance chômage qui ont réduit depuis le 1er février la durée d’indemnisation maximale de 25% pour les nouveaux entrants au chômage, soit 27 mois au lieu de 36 pour les plus de 55 ans.
Lire aussiAssurance chômage : le gouvernement revient sur la baisse de la durée d’indemnisation de 40% en cas de « plein-emploi »
Le gouvernement est aussi favorable, dans la réforme des retraites débattue actuellement au Parlement, à ce que les ruptures conventionnelles avant l’âge légal de départ voient leur forfait social augmenter. Il s’agit d’une contribution patronale versée à l’Urssaf. Elle est fixée à 20% actuellement et l’exécutif souhaite qu’elle passe à 30%, soit le même niveau que pour les ruptures conventionnelles intervenant après l’âge légal de départ.

Le report de l’âge légal fait augmenter le chômage des seniors

Selon l’étude, le report de l’âge légal de 60 à 62 ans a entrainé entre 2010 et 2022 une hausse de 100.000 du nombre d’allocataires au chômage de plus de 60 ans. Parmi eux, 65.000 ont 60 ou 61 ans du fait du décalage de l’âge légal. Et 20.000 ont 65 ou 66 ans, du fait du décalage de l’âge d’annulation de la décote (de 65 à 67 ans) et de la hausse de la durée de cotisation.

D’après une étude parue début janvier par la Dares, le service statistique du ministère du Travail, le taux d’emploi diminue nettement avec l’âge. En 2021, il atteint 81,8% pour les 25-49 ans, puis 75,1% pour les 55-59 ans et 35,5% pour les 60-64 ans. Dans le détail, si entre 50 et 56 ans, le taux reste proche de 80%, il diminue de 10 points jusqu’à 59 ans. Il passe ensuite en deçà de 60% à 60 ans, pour atteindre moins de 20% à partir de 64 ans. « Cette baisse est notamment la conséquence des transitions progressives vers la retraite : jusqu’à 55 ans, la part de personnes en retraite est marginale, alors qu’à 60 ans, une personne sur six environ est retraitée, et que deux sur trois le sont à 63 ans », peut-on lire dans le rapport.

Enfin l’étude de l’Unédic s’intéresse à une disposition qui permet, sous conditions, de continuer à être indemnisé par l’assurance chômage au-delà de trois ans, jusqu’à l’accès à une retraite à taux plein, au plus tard à 67 ans. Fin juin 2022, sur les 72.000 allocataires indemnisés de 62 ans ou plus, 21.000 sont bénéficiaires de ce dispositif.

Réforme des retraites : rejet par l’assemblée de l’index seniors Bidon

Réforme des retraites : rejet par l’assemblée de l’index seniors Bidon

C’est l’une des mesures phares du projet gouvernemental qui vient d’être rejetée par l’assemblée à savoir l’obligation d’un « index seniors » dans les entreprises visant à contraindre l’emploi des plus âgés. En réalité, cet index ne comporte aucune obligation et constitue seulement une mesure d’affichage. Aucune réflexion en effet n’a été engagée entre les partenaires sociaux pour donner un contenu concret et opérationnel à cette question fondamentale.

Tout le projet de réforme des retraites du gouvernement repose en effet sur l’hypothèse que le report de l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans va favoriser l’emploi des seniors et donc des économies substantielles.

Malheureusement faute de mesures incitatives discutées et partagées, il faudra sans doute constater-comment ce moment- que les seniors visés ne sont sur le marché du travail qu’à hauteur de 30 %, les autres se trouvant le plus souvent à l’ASSEDIC ou à la sécurité sociale pour maladie.

L’article 2 du projet de loi de réforme des retraites, qui prévoyait la création d’un «index senior», dispositif visant à favoriser l’embauche et le maintien en emploi des salariés de plus de 55 ans, a donc été rejeté par les députés ce mardi soir, avec 256 voix contre, 203 voix pour. Malgré une forte mobilisation, les troupes présidentielles n’ont pas réussi à obtenir une majorité lors de ce vote, qui arrivait après une longue série d’amendements de la Nupes. L’alliance de gauche avait décidé d’accélérer hier soir en retirant une grande partie de ses amendements, après l’appel de la première ministre, Élisabeth Borne, lundi, à stopper l’obstruction.

Le scrutin s’est donc joué à quelques voix près. Les élus de la Nupes et du Rassemblement national ont voté contre, et ceux du camp Macron ont voté favorablement, à l’exception des députés Horizons Thierry Benoit et Yannick Favennec-Bécot, qui se sont abstenus. Ce sont les parlementaires des Républicains, alliés de circonstances du gouvernement pour cette réforme, qui ont fait pencher la balance. Dès lundi soir, les parlementaires LR avaient longuement pris la parole pour indiquer leurs réticences sur cette mesure.

«Cet article est un cavalier social, il sera censuré par le Conseil constitutionnel. Le gouvernement veut abaisser l’obligation de publier un index pour les entreprises de 50 salariés, c’est inadapté aux PME», justifie le député LR Thibault Bazin, responsable sur ce texte. Avant d’ajouter : «L’index sénior ne va pas améliorer le taux d’emploi des séniors. Il vaudrait mieux poser les bases incitatives, comme des exonérations de charges pour reprendre l’ancienneté, faciliter et simplifier la retraite progressive et le cumul emploi retraite».

En réunion de groupe, un peu plus tôt ce mardi, le sujet avait divisé les parlementaires de droite LR , certains plaidant pour une abstention, ne voulant pas braquer le gouvernement, quand d’autres demandaient un vote unanime contre cette mesure. Il a finalement été décidé qu’aucun parlementaire ne voterait pour cet article 2, et ce, malgré les concessions consenties par la première ministre, Élisabeth Borne, un peu plus tôt concernant les carrières longues.

Emploi des séniors : quel emplois ?

Emploi des séniors : quels emplois ?

par Jean-François Amadieu,Professeur d’université, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne dans The Conversation FR.


Il est impossible d’avoir un débat pertinent sur la réforme du système de retraites sans prendre en compte la difficulté française à employer des travailleurs âgés. Les mesures déjà prises pour inciter au maintien en emploi ou au recrutement des seniors ont été très insuffisantes : comme le montrent plusieurs comparaisons internationales, les stéréotypes négatifs vis-à-vis des seniors sont particulièrement forts en France.

La France fait partie des pays où la population a le plus d’a priori négatifs inconscients à l’encontre des seniors : elle se classe 61ᵉ sur 68 pays. Cet âgisme ne peut rapidement changer, ni être aisément surmonté. Le rejet des seniors est considérable lors des embauches, et cette discrimination perdure d’autant qu’elle est fréquemment passée sous silence ou considérée comme compréhensible et acceptable.

Cette vision négative des salariés âgés, notamment de leur performance au travail, est profondément injuste car les travaux scientifiques en psychologie la contredisent. Par exemple, les seniors ne sont pas moins créatifs et pas plus rétifs aux changements. Malgré ces qualités, en entreprise, les seniors se sentent stigmatisés.

En France, 78 % des salariés ont le sentiment d’avoir une caractéristique qui peut les marginaliser ou les pénaliser au travail. En 2022, après l’origine sociale (citée par 22 % des salariés), c’est le fait d’être senior qui est le plus mentionné (21 %).

Au-delà des moqueries, des mises à l’écart ou du harcèlement, la moitié des salariés craignent d’être un jour victime de discrimination au travail. La première crainte pour ceux-ci est de très loin l’âge (43 % l’indiquent), devant l’apparence (23 %), le diplôme (23 %) puis le sexe (21 %).

Cette inquiétude est compréhensible quand on observe la catastrophe que représente pour eux la perte d’emploi. À cause de leur âge chronologique et souvent de leur apparence physique, il leur sera en effet difficile de retrouver un travail. Sauf à être proche de la retraite, ils risquent en cas de chômage de longue durée de perdre leurs indemnités (les durées d’indemnisation des plus de 50 ans ont été réduites en 2022). Une crainte d’autant plus grande que pour quatre recruteurs sur dix on est déjà senior à 45 ans, voire à 40 ans.

La difficulté des seniors à retrouver un emploi est parfaitement identifiée par les Européens et les Français : ils considèrent qu’avoir plus de 55 ans est le premier motif de rejet lors des embauches à compétences égales.

Le Défenseur des Droits a montré que l’âge est le premier critère de discrimination dont considèrent être victimes les demandeurs d’emploi (35 % des chômeurs discriminés disent l’être pour ce motif), devant l’apparence physique (25 %) et l’origine (20 %). Avoir plus de 55 ans est rarement un atout pour trouver un travail. Après le fait d’être enceinte, c’est le critère le plus rédhibitoire aux yeux des salariés comme des chômeurs (8 salariés et 9 demandeurs d’emploi sur 10 le déclarent).

Par ailleurs, les seniors sont fréquemment discriminés pour des motifs liés au vieillissement comme la prise de poids, les problèmes de santé ou le handicap. Ceux-ci ont un fort impact sur les chances d’embauche. L’apparence physique, et en particulier le poids, est le deuxième critère de discrimination à l’embauche. Or, la prise de poids est très corrélée à l’âge. Jeunesse, beauté et bonne santé sont valorisés en emploi. Il faut examiner ensemble ces facteurs aggravants pour comprendre les obstacles rencontrés par les seniors lors des recrutements.
Un ressenti corroboré par les faits

Le nombre des demandeurs d’emploi de plus de 50 ans a nettement augmenté, passant de 312 000 en 2008 (cat. A) à 809 000 fin 2022 (il a baissé chez les moins de 25 ans, passant de 355 000 à 311 000 demandeurs). De surcroit, il s’agit beaucoup plus souvent de chômeurs de longue durée : la durée moyenne de chômage des plus de 50 ans était de 370 jours début 2008. Elle atteint 665 jours fin 2022 (celle des moins de 25 ans est passée de 123 jours à 143 jours).

Des « testings », qui permettent de juger de la réaction des recruteurs face à des candidatures factices montrent une situation désastreuse et qui ne change pas. En 2006, un candidat de 48-50 ans avait en moyenne trois fois moins de chance qu’un candidat de 28-30 ans de passer le stade du tri de CV. Un candidat au nom maghrébin avait aussi à cette date environ trois fois moins de chances de

En 2022, le résultat est quasiment le même s’agissant des candidats seniors. Une personne ayant entre 48 et 55 ans a trois fois moins de chance d’être rappelée pour un entretien qu’un 23-30 ans (75 % de réponses positives de moins). La discrimination en raison du nom porté (les origines nationales) a diminué (33 % de réponses positives de moins au lieu 75 % en 2006). Ces « testings » sur l’âge révèlent là encore les médiocres résultats de la France par rapport aux autres pays européens et aux États-Unis.

Les progrès dans la lutte contre les discriminations ont été très insuffisants s’agissant des seniors. Une des raisons qui l’explique est le fait que la question de la discrimination des candidats âgés à l’embauche suscite peu d’intérêt. On peut même parler d’une véritable « invisibilisation ».
La statistique publique peut mieux faire

Bien que la discrimination en raison de l’âge soit le premier motif de discrimination mentionnée par les demandeurs d’emploi, les pouvoirs publics ont eu d’autres priorités. Le gouvernement a mesuré les discriminations à l’embauche au moyen de « testings ». Il en a même fait un outil pour amener les grandes entreprises à modifier leurs pratiques en donnant les noms de celles ayant de mauvais résultats (stratégie dite du « name and shame », littéralement « nommer pour faire honte »). Mais ces tests concernaient les discriminations en raison des origines nationales, du sexe et du lieu de résidence. Ils n’ont jamais porté sur l’âge avancé.

Le ministère du Travail ne diligente pas non plus de « testings » concernant spécifiquement les seniors et si, incidemment, une discrimination sur ce critère apparaît, elle n’est ni relevée ni analysée lors de la publication des résultats. Seuls l’effet des origines ou du sexe suscitent l’attention.
La France n’est pas le seul pays concerné par cet oubli. Une méta-analyse publiée en 2023 recense les « testings » publiés de 2005 à 2020 dans le monde : 143 de ces tests portent sur les questions ethno-raciales (surtout en France d’ailleurs, et 17 seulement sur les seniors.

Autre exemple, lorsque l’Insee et l’INED communiquent depuis plusieurs années sur les discriminations que vivent les Français, notamment au travail, en utilisant l’enquête trajectoire et origines (TEO), ils ne risquent pas de montrer que la France maltraite ses seniors en emploi ou ses personnes retraités. Ceci pour une raison simple : lors de la première enquête, en 2008, on n’avait pas interrogé assez d’individus de plus de 49 ans. En conséquence, les exploitations de l’enquête pour rendre compte des inégalités et discriminations vont exclure des données ceux qui ont 50 ans et plus, soit la moitié des Français de plus de 18 ans.

De leur côté, les statistiques en entreprise devraient enfin progresser grâce à l’index senior annoncé par le gouvernement – s’il fixe des obligations de résultat concernant le maintien dans l’emploi et les recrutements. Il risque néanmoins d’être construit de telle sorte que les entreprises obtiennent aisément de très bons résultats, à l’instar de ce qui se passe pour l’index égalité femmes/hommes.

Mesurer et s’attaquer aux discriminations à l’encontre des seniors est un impératif de justice sociale. C’est aussi un [enjeu de santé publique] et économique : les discriminations que les seniors connaissent sur le marché du travail ont des effets sur leur santé physique et mentale. C’est enfin un moyen pour augmenter le taux d’activité des seniors et financer les retraites. Les débats sur le recul de l’âge de départ à la retraite auront peut-être ainsi le mérite de finalement sortir les discriminations à l’encontre des seniors de la pénombre.

Revenus des seniors: Baisse du pouvoir d’achat de 7 %

Revenus  des seniors: Baisse du pouvoir d’achat de 7 %

Entre 2010 et 2019, les 55-69 ans ont vu leur niveau de vie baisser de plus de 7 % malgré le maintien des pensions.

. Entre 2010 et 2019, soit la décennie suivant la crise financière, les seniors ont vu leur pouvoir d’achat fondre comme neige au soleil, alors même qu’il continuait de progresser pour toutes les autres catégories d’âge, selon une note d’analyse présentée jeudi par France Stratégie, un organisme rattaché à Matignon et chargé de conseiller le gouvernement.

Et France stratégie de conclure que cela légitime la réforme actuelle des retraites.On Pourrait plutôt affirmer le contraire car la baisse des revenus tient surtout aux fait qu’une majorité quitte le marché du travail avant la date légale de la retraite.

Selon un rapport de la Dares, publié en avril 2022, en France, le taux d’emploi des 55-64 ans se situe à 56%. Une moyenne qui cache de profondes disparités, car ce chiffre fond drastiquement après 60 ans : il passe de 75,1% pour les 55-59 ans à 35,5% pour les 60-64 ans.

En l’espace de neuf ans, les personnes âgées de 55 à 64 ans ont ainsi vu leur revenu disponible «par unité de consommation» – l’indicateur de l’Insee qui appréhende le mieux les évolutions du pouvoir d’achat individuel – diminuer de 7,3 % ; celui des 65 à 69 ans baissait dans le même temps de 7,2 %. Le niveau de vie de cette dernière catégorie passait alors de 2412 euros à 2238 euros par mois.

Seniors: Baisse du pouvoir d’achat de 7 %

Seniors: Baisse du pouvoir d’achat de 7 %

Entre 2010 et 2019, les 55-69 ans ont vu leur niveau de vie baisser de plus de 7 % malgré le maintien des pensions.

. Entre 2010 et 2019, soit la décennie suivant la crise financière, les seniors ont vu leur pouvoir d’achat fondre comme neige au soleil, alors même qu’il continuait de progresser pour toutes les autres catégories d’âge, selon une note d’analyse présentée jeudi par France Stratégie, un organisme rattaché à Matignon et chargé de conseiller le gouvernement.

Et France stratégie de conclure que cela légitime la réforme actuelle des retraites.On Pourrait plutôt affirmer le contraire car la baisse des revenus tient surtout aux fait qu’une majorité quitte le marché du travail avant la date légale de la retraite.

Selon un rapport de la Dares, publié en avril 2022, en France, le taux d’emploi des 55-64 ans se situe à 56%. Une moyenne qui cache de profondes disparités, car ce chiffre fond drastiquement après 60 ans : il passe de 75,1% pour les 55-59 ans à 35,5% pour les 60-64 ans.

En l’espace de neuf ans, les personnes âgées de 55 à 64 ans ont ainsi vu leur revenu disponible «par unité de consommation» – l’indicateur de l’Insee qui appréhende le mieux les évolutions du pouvoir d’achat individuel – diminuer de 7,3 % ; celui des 65 à 69 ans baissait dans le même temps de 7,2 %. Le niveau de vie de cette dernière catégorie passait alors de 2412 euros à 2238 euros par mois.

Emplois : Des seniors sous utilisés en France

Emplois : Des seniors sous utilisés en France

Il est particulièrement important de trouver des solutions à un taux d’emploi des seniors qui est l’un des plus bas d’Europe.

Selon une étude de la Dares datée de décembre 2021, en 2020, le taux d’activité des 55-64 ans en France est inférieur de 5,8 points à celui de l’Union européenne à 27 pays (UE27). En effet, si pour les 55-59 ans, le taux d’activité est de 0,4 points plus élevé en France, il est inférieur de près de 12 points pour les 60-64 ans !

Cette situation s’explique notamment par les politiques de l’emploi menées en France à partir des années 70, et durant les 30 années qui ont suivi. Les pouvoirs publics et les partenaires sociaux ont alors privilégié le retrait des seniors du marché du travail, afin de favoriser l’emploi des autres tranches d’âges. L’abaissement de l’âge de la retraite de 65 à 60 ans, conjugué à la mise en place de dispositifs de départs à la retraite anticipée, ont eu pour effet d’abaisser considérablement le taux d’emploi des seniors.

Un retournement s’est produit à la fin des années 90. Vieillissement de la population et allongement des durées de vie, coût du financement des retraites, ainsi que l’objectif fixé par l’Union européenne d’atteindre un taux d’emploi de 50 % parmi les 55-64 ans, sont autant d’éléments qui ont conduit à un changement de paradigme dans les politiques de l’emploi des seniors. L’objectif de maintien et de retour à l’emploi de ce public a été affirmé, et fait désormais partie des priorités gouvernementales.

Quatre réformes des retraites se sont succédé en France depuis le début des années 1990 : en 1993, 2003, 2010 et 2014. Elles ont eu pour effet d’accroître significativement le taux d’emploi des seniors (+8,2 points entre 2007 et 2017, selon l’Insee). Cependant, dans le même temps, le taux de chômage des travailleurs de cette catégorie d’âge a connu une hausse rapide, de même que la proportion d’emplois à temps partiel et de CDD (Contrats à durée déterminée).

La réforme des retraites de 2010 a repoussé l’âge légal du départ à la retraite de 60 à 62 ans. L’âge légal auquel un salarié du privé peut prendre sa retraite est donc actuellement fixé à 62 ans. L’âge du taux plein, auquel un salarié peut prétendre quel que soit son nombre de trimestres de cotisations, était jusqu’ici fixé à 65 ans. Cet âge sera porté progressivement à 67 ans d’ici 2023.

L’enjeu de l’emploi des seniors

L’enjeu de l’emploi des seniors

Jean-Pierre Dumazert, Professeur de Management, Excelia

Depuis les annonces des grandes lignes du projet de réforme des retraites par le premier ministre Édouard Philippe le 11 décembre dernier, la question de l’âge pivot (rebaptisé « âge d’équilibre ») déchaîne les foudres des syndicats, y compris celles des organisations réformistes comme la CFDT. Cet âge pivot, à partir duquel les retraités pourront bénéficier d’une retraite à taux plein, pourrait être fixée à 64 ans à partir de 2027. Le gouvernement le définit comme un point d’équilibre dans le dispositif des retraites. Il ne constitue toutefois pas une révolution sur l’âge du départ (réel NDLR), actuellement autour de 63,5 années, hommes et femmes confondus.

Le débat sur l’âge réel de départ ne devrait donc pas se situer sur une valeur précise, mais bien sur une réflexion autour d’une possibilité de départ avec des conditions acceptables pour chacun. Sur ce point, tout le monde a saisi également que nous aurons à travailler plus longtemps.

Or, une fois ce constat posé, qu’en est-il vraiment ? Car travailler un plus grand nombre d’années implique inévitablement de rester en emploi afin de compter parmi les 26,9 millions d’actifs de ce pays (hors 2,8 millions de personnes au chômage). Le maintien en activité reste ainsi l’option la plus intéressante pour les seniors s’ils veulent bénéficier d’une retraite à taux plein.

Cependant, la France est-elle en capacité de maintenir en emploi tous ses actifs jusqu’au terme d’une retraite à taux plein ? Une observation pourrait sembler apporter une réponse prometteuse. D’après l’Insee, la population de seniors va fortement augmenter, alors que dans le même temps, celle des actifs entre 25-65 ans va diminuer.

Ainsi en 2050, les personnes de plus de 65 ans devraient représenter 20 millions d’habitants sur les 74 millions que comptera le pays. Par glissement au fil des années, on pourrait donc penser que les seniors vont occuper les postes qu’un déficit de 600 000 actifs laissera. Bien entendu, aucune raison de se réjouir, il s’agit là d’une vision trop généraliste.

Des dispositifs permettent d’associer retraite et activité professionnelle. Malgré tout, depuis la réforme pour le cumul emploi-retraite en 2015, l’ensemble est devenu moins attractif, car l’activité exercée pendant le cumul ne permet plus d’acquérir des droits à retraite supplémentaires. De plus, les « cumulants » ont eu une longue carrière en amont (42 ans ou +) et leur niveau de pension est compris entre 702-835 euros bruts par mois. Enfin, ils ne concernent qu’une très faible part des retraités du régime général (moins de 3 %).

Les résultats produits par ces dispositifs ne sont donc pas de nature à inverser favorablement les tendances lourdes liées à la précarité des retraités.

Souligné par l’Insee, le rapport entre les actifs et les retraités pose une véritable contrainte prenant de l’ampleur chaque année. Du côté des entreprises, la situation d’embauche s’est améliorée pour les salariés âgés de 55 à 60 ans (44 %), tandis que le taux d’emploi des 60-64 ans peinait à atteindre les 32 % au premier trimestre 2019.

C’est le cœur du problème. Avec l’allongement de la durée de la vie, nous devrons travailler plus longtemps plus vieux. Autrement dit, c’est bien sur le maintien dans l’emploi des seniors qu’il conviendra d’agir. Or, le déficit démographique a déjà montré le poids qu’il représente dans l’équation, notamment avec certains régimes spéciaux (SNCF et RATP). Certes, on part en retraite plus tôt à l’intérieur de ces régimes.

Les discussions cachent pourtant le véritable problème de gestion rencontré pour leur financement. Ils sont en effet déficitaires en raison d’une démographie mise à mal, variable d’entrée principale pour comprendre le phénomène. Ces régimes spéciaux concentrent ainsi une situation qui renvoie aux difficultés d’équilibre des 42 régimes de retraite confondus. Leur nombre d’actifs cotisants est largement inférieur aux personnes bénéficiaires.

Selon la Cour des comptes en 2017, la SNCF enregistrait 0,55 cotisant pour 1 retraité, soit 144 000 salariés pour 260 000 retraités. Qu’est-il advenu des 116 000 actifs manquants pour avoir un ratio de 1 ? Ils sont pour la plupart sortis de l’effectif sans être remplacés depuis 1990 (207 000 agents SNCF en poste à l’époque). Entre-temps, la SNCF a adopté une stratégie de sous-traitance, supprimé des postes (2 000 emplois pour l’année 2019 sur le secteur fret et 3 000 emplois d’ici 2020 pour le transport passager).

Cette stratégie d’entreprise n’est pas remise en cause ici mais ses effets sont pour autant majeurs. Car de fait, la question du maintien dans l’emploi se retrouve face à une logique incontournable. Quand une entreprise réduit sa masse salariale pour des raisons économiques, ne remplace pas ses départs, ou concentre le travail sur moins d’employés au détriment de l’embauche, elle produit inexorablement parmi les seniors des retraités par anticipation (ou des chômeurs souvent proches de la retraite).

Le fameux « faire plus avec moins de monde » positionne l’individu dans un dilemme forcé : garder son emploi ou en trouver un autre, intégrer les chiffres du chômage de longue durée ou profiter d’un dispositif de départ anticipé. Or, depuis 2015, un individu ne peut pas appartenir en même temps à la masse salariale de son entreprise et percevoir une pension du régime de retraite dont il dépend. Et depuis 2016, la Cour des comptes fait état du peu d’efficacité du Contrat de génération pour le maintien dans l’emploi des seniors de 57 ans ou plus.

Il est enfin difficile de reprocher aux entreprises de chercher à rester compétitives, plus efficientes dans leur gestion, tout en supportant à long terme un coût du travail qui n’a jamais diminué.

Les entreprises disposent d’outils qui visent à favoriser le travail des seniors : le CDD Senior, le Parcours emploi compétences (PEC), le Contrat de professionnalisation, l’intérim ou encore le travail en temps partagé. Toutefois, les marges de progression sont fortes, comme le montrent les indicateurs.

Il y a deux niveaux sur lesquels État, employeurs et employés peuvent avancer en tenant compte des intérêts respectifs.

D’abord, en matière de perception et sensibilités sur les différences générationnelles. Cela concerne les valeurs profondes de la diversité des âges au travail. La dimension junior-senior d’un effectif est à reconsidérer. Le simple « passage de témoin » ne suffit plus pour comprendre la mesure de l’enjeu économique qui nous attend d’ici 2050. Le « jeune contre le vieux » n’a plus lieu d’être.

Le cliché de l’ancien qui laisse sa place au nouveau est à reprendre, car ce stéréotype commande une représentation séquentielle au détriment d’une vision intergénérationnelle. Pour les entreprises, c’est en partie un projet RH visant à diminuer les discriminations dues à l’âge (avoir 55 ans est aujourd’hui considéré comme un inconvénient pour 81 % des salariés du privé, 82 % du public).

Deuxièmement, les marges de manœuvre concernent les discours et la simplicité du propos. Car il n’y a pas de vision salutaire d’un senior laissant sa place à un junior, dans un jeu à somme gagnante pour celui ou celle qui reste en emploi. En percevant un salaire, il faudra cotiser pour une population de retraités augmentant toujours plus chaque année. Autrement dit, à chaque fois qu’un senior quittera prématurément le marché de l’emploi, il accentuera le déséquilibre d’un système de financement reposant sur celui qui travaille.

Il suffit d’écouter les arguments d’aujourd’hui pour comprendre que l’effort demandé pourra lourdement peser sur les plus jeunes (allongement de la durée de travail, niveau des cotisations, etc.). Une stabilité relative pour chaque retraité, dépendant alors d’une génération au travail qui devra faire en sorte que le système perdure, sans perdre l’espoir d’un principe de solidarité porteur à long terme.

Si les chiffres semblent jouer contre nous, il reste encore la possibilité de redéfinir les configurations du travail et du partage de sa quantité disponible entre les générations. Car aucune formule magique ne permettra de créer de l’emploi pour les juniors/seniors, si le marché du travail ne leur en propose plus ou trop peu pour chacun.

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Report de l’âge de la retraite : pas d’amélioration de l’emploi des seniors

Report de l’âge de la retraite : pas d’amélioration de l’emploi des seniors

Selon un sondage Elabe pour « Les Echos », Radio Classique et l’Institut Montaigne, la grande majorité des Français rejette l’un des arguments mis en avant par l’exécutif dans le cadre de la réforme à venir, à savoir les effets bénéfiques attendus du passage de 62 ans à 64 ans ou plus sur le pourcentage de seniors au travail.

Précisément, trois Français interrogés sur quatre estiment que repousser l’âge légal n’améliorera pas le taux d’emploi des seniors, dont 38 % pas du tout et 37 % pas vraiment. Les sympathisants d’Emmanuel Macron ne sont pas en reste : seuls 40 % de ceux qui ont voté pour lui au premier tour de la présidentielle y croient.

Pour rappel, le taux d’emploi des 55-64 ans était en moyenne de 56 % en 2021, contre 67,2 % pour la tranche des 15-64 ans, loin aussi derrière les meilleurs pays de l’OCDE (il est de près de 72 % en Allemagne par exemple). La situation s’est tout de même améliorée sous l’effet des différentes réformes, à commencer par celle d’Edouard Balladur de 1993, mais surtout du fait d’évolutions démographiques ou sociales favorables (générations nées après 1945, études supérieures, conditions de travail), comme le rappelle Hippolyte d’Albis, professeur à l’Ecole d’économie de Paris.

Sondage France report de l’âge de la retraite : pas d’amélioration de l’emploi des seniors

Sondage France report de l’âge de la retraite : pas d’amélioration de l’emploi des seniors

Selon un sondage Elabe pour « Les Echos », Radio Classique et l’Institut Montaigne, la grande majorité des Français rejette l’un des arguments mis en avant par l’exécutif dans le cadre de la réforme à venir, à savoir les effets bénéfiques attendus du passage de 62 ans à 64 ans ou plus sur le pourcentage de seniors au travail.

Précisément, trois Français interrogés sur quatre estiment que repousser l’âge légal n’améliorera pas le taux d’emploi des seniors, dont 38 % pas du tout et 37 % pas vraiment. Les sympathisants d’Emmanuel Macron ne sont pas en reste : seuls 40 % de ceux qui ont voté pour lui au premier tour de la présidentielle y croient.

Pour rappel, le taux d’emploi des 55-64 ans était en moyenne de 56 % en 2021, contre 67,2 % pour la tranche des 15-64 ans, loin aussi derrière les meilleurs pays de l’OCDE (il est de près de 72 % en Allemagne par exemple). La situation s’est tout de même améliorée sous l’effet des différentes réformes, à commencer par celle d’Edouard Balladur de 1993, mais surtout du fait d’évolutions démographiques ou sociales favorables (générations nées après 1945, études supérieures, conditions de travail), comme le rappelle Hippolyte d’Albis, professeur à l’Ecole d’économie de Paris.

LE MEDEF contre l’obligation d’emploi de seniors

LE MEDEF contre l’obligation d’emploi de seniors

Alors que la majorité du patronat plaide pour un prolongement de l’âge de la retraite dans le même temps le Medef, toujours aussi conservateur, se prononce contre une forme de quota qui obligerait à l’emploi minimal de seniors. Pour parler clair le Medef ne veut pas de « vieux », en tout cas pas davantage qu’en ce moment.

Le Medef fournit ainsi des arguments en or aux opposants au report de l’âge de la retraite à 65 ans. Ces derniers considèrent en effet que ce report n’a aucun sens puisqu’une majorité de seniors cessent le travail bien avant les 65 ans avec le plus souvent un passage par l’ASSEDIC.

Le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux s’est donc prononcé lundi dans la presse contre un « pourcentage minimal de seniors » dans les entreprises, une piste de réflexion mise sur la table par la gouvernement pour favoriser l’emploi des seniors.

« Je ne vois pas comment on peut mettre cela en place de façon raisonnable », a-t-il répondu aux Echos, interrogé sur un « index sur l’emploi des seniors » dans le même esprit que celui en vigueur sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes.

La Première ministre Elisabeth Borne a fait de « l’emploi des seniors et la lutte contre la discrimination dont peuvent être victimes les seniors » un des axes des concertations à venir autour de la réforme des retraites.

Le ministre du Travail Olivier Dussopt, qui pilote cette réforme controversée, a confirmé dimanche dans une interview au JDD que la création de cet index « fera partie des discussions » qu’il aura avec les partenaires sociaux dans les prochaines semaines.

« Cela n’a aucun sens, par exemple, de demander à des start-up d’avoir un pourcentage minimal de seniors », a indiqué lundi Geoffroy Roux de Bézieux En toute hypocrisie comme si le tissu économique français était composé uniquement de start-up
!

Le faible taux d’emploi des seniors est souvent brandi comme un argument contre la réforme des retraites du gouvernement, qui envisage de relever l’âge de départ à 64 puis 65 ans d’ici 2031 pour assurer l’équilibre financier du régime.

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