Renault : nationalisation pas nécessaire ? (Sénart)
Comme pour d’autres très grandes sociétés notamment Air France, le patron de Renault affirme que la nationalisation n’est pas nécessaire . (Notons que les très libéraux britanniques envisagent de nationaliser British Airways et d’autres compagnies aériennes). Cette hypothèse n’a pourtant pas été exclue par le ministre de l’économie. On peut comprendre la contradiction entre ces deux prises de position. D’un côté, il y a l’intérêt général porté par le ministre de l’économie et des finances qui constate que l’écroulement de la valeur des capitalisations d’entreprises stratégiques les fragilise. Ces entreprises risquent tout simplement compte tenu de leur sous cotation actuelle d’être rachetées par des fonds étrangers qui pourraient alors s’approprier des technologies, un portefeuille commercial voir le moment venu délocaliser les sites de France.
Du point de vue du patron de Renault, il s’agit d’empêcher la panique chez les actionnaires qui dans l-hypothèse de la nationalisation pourraient être encouragés à se débarrasser rapidement de leurs action. Mécaniquement, cela ferait s’écrouler encore un peu plus la valeur de ces titres.
Pour certaines grandes entreprises comme Renault et d’autres, la valeur de la capitalisation s’est écroulée de 50 à 70 %. Bref des entreprises qui compte tenu de cette valeur pourraient être rachetées pour une bouchée de pain aujourd’hui. C’est le cas de Renault actuellement qui subit une double crise celle du Corona virus et la crise structurelle de tout le secteur économique mondial. Renault pourrait solliciter des garanties auprès de l’Etat pour faire face à l’impact de l’épidémie de coronavirus, déclare dans un entretien au Parisien son président Jean-Dominique Senard qui écarte en revanche le scénario d’une renationalisation.
Comme le reste du secteur, le constructeur français fait face au double défi du plongeon de ses commandes et de l’arrêt de ses usines en Europe face à la propagation de l’épidémie dans la région.“Nous vivons une des épreuves les plus difficiles de notre histoire”, déclare le président du conseil de Renault dans l’entretien publié dimanche.
Vingt-et-un sites industriels du groupe sont désormais fermés dont 12 en France et quatre en Espagne notamment, ce qui représente 60.000 salariés à l’arrêt, précise-t-il, ajoutant que le constructeur doit faire face à un plongeon “spectaculaire” de ses commandes, “parfois jusqu’à 90%”.
“Comme pour toutes les entreprises françaises, la question de la trésorerie se pose donc”, explique-t-il, ajoutant que le constructeur travaille sur différent scenarii pour les prochaines semaines. Prié de dire si Renault pourrait solliciter un prêt de l’Etat, Jean-Dominique Senard répond : “Nous pourrions solliciter des garanties auprès de l’Etat, comme d’autres entreprises”.
Il ajoute en revanche qu’une renationalisation temporaire “n’est pas à l’ordre du jour”.