Sécheresse : un plan pour récupérer l’eau de pluie
Compte tenu de la sécheresse 70 % des nappes enregistre des niveaux particulièrement bas en France. Le gouvernement a donc décidé de lancer une campagne de communication pour économiser l’eau et récupérer celle qui provient de la pluie.
Malgré des pluies tardives en mai sur plusieurs régions, une large majorité des nappes phréatiques françaises restent à des niveaux préoccupants .
Les recommandations du gouvernement:
Installer un mousseur sur les robinets et un pommeau de douche économe; vérifier et réparer les fuites; prendre une douche (4-5 minutes) et éviter les bains; installer un récupérateur d’eau de pluie; installer un goutte-à-goutte pour l’arrosage ou encore planter des plantes peu gourmandes en eau.
Après l’été le plus chaud jamais enregistré en Europe en 2022 et alors que le pays est en train de s’organiser pour s’adapter à un réchauffement des températures de 4°C en 2100, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu et la secrétaire d’État chargée de l’Écologie Bérangère Couillard veulent sensibiliser par cette campagne à la préservation de la ressource en eau.
32,3 milliards de m3 d’eau prélevés
Chaque année en France métropolitaine, il pleut en moyenne (calculée sur la période 1990-2018) 512 milliards de mètres cubes d’eau, soit 932 mm, selon les données du ministère de la Transition écologique (fichier PDF). De ces précipitations, 60% s’évaporent. Les 40% restants forment la « pluie efficace », c’est-à-dire l’eau qui alimente les cours d’eau ou les nappes phréatiques, et reste donc disponible.
Dans ces eaux superficielles et souterraines, la France pompe 32,3 milliards de m3, d’après les données de 2018. C’est l’eau dite « prélevée », qui comprend l’eau consommée et celle restituée directement après utilisation, comme c’est le cas pour les centrales nucléaires en circuit ouvert, par exemple. La moitié (16 milliards de m3) de cette eau douce est effectivement utilisée pour refroidir les centrales de production d’électricité, et 5,4 milliards (16,8%) pour l’alimentation des canaux. Les 30% restants sont prélevés à des fins de production d’eau potable, agricole ou industrielle.
Eau: origine et répartition
La totalité de l’eau prélevée pour le refroidissement des centrales et l’alimentation des canaux provient des eaux de surface. Pour l’eau potable, l’agriculture ou l’industrie, les prélèvements sont réalisés autant dans les eaux superficielles que souterraines, plus propres.
Du côté des usages industriels, des données fournies par la Banque nationale des prélèvements quantitatifs en eau (BNPE) permettent de connaître les volumes d’eau utilisés par chaque installation en France. D’après ces données, les industries qui ont le plus prélevé d’eau en 2018 sont l’usine Alsachimie près de Mulhouse (100,8 millions de m3), une usine de valorisation des déchets du Grand-Quevilly près de Rouen (79,4 millions de m3) et une autre située à Issy-les-Moulineaux, près de Paris (79,3 millions de m3).
5,3 milliards de m3 d’eau consommés
L’eau consommée, c’est-à-dire celle qui n’est pas restituée aux milieux aquatiques après utilisation, représente en moyenne 5,3 milliards de m3 chaque année, soit environ 16% de l’eau prélevée. Cela représente 82 m3 par habitant, précise le ministère de la Transition écologique.
L’agriculture est la première consommatrice, avec 45% du total, devant le refroidissement des centrales électriques (31%), la production d’eau potable (21%) et les usages industriels (4%).
Contrairement à l’industrie, l’agriculture consomme la quasi-totalité de l’eau prélevée. Si elle utilise 45% de l’eau consommée en France sur une année, cette part monte à 80% sur la période de juin à août, note le ministère. Limiter l’irrigation l’été devient donc d’autant plus stratégique.
L’eau à usage agricole sert principalement à alimenter le bétail et irriguer les cultures. En 2020, 7,3% de la surface agricole était irriguée, contre 5,8% en 2010, principalement dans la moitié sud de l’Hexagone. Les cultures irriguées sont d’abord le maïs (41% de la surface irriguée), devant le blé ou le sorgho (17%), d’après des chiffres datant de 2010.
Mais la répartition de l’eau consommée est très variable selon les bassins. La zone la plus consommatrice pour la production d’électricité est le bassin Rhône-Méditerranée. Concernant l’agriculture, le bassin Adour-Garonne est le plus gourmand. A noter que ces décomptes n’intègrent pas la consommation d’eau de mer pour les centrales nucléaires localisées le long de la Manche (Gravelines, Paluel, Penly et Flamanville).
Climat- Sécheresse : comment les plantes s’adaptent au manque d’eau
Climat- Sécheresse : comment les plantes s’adaptent au manque d’eau
Des sols craquelés, des barques condamnées à l’immobilité, des cultures carbonisées sur pieds et, parfois, plus une goutte au robinet… Les effets des épisodes de sécheresse sévères se font sentir chaque été de plus en plus nettement sous nos latitudes. Une situation que les scientifiques ont clairement identifiée comme l’une des conséquences du réchauffement climatique global.
par Delphine Luquet
Écophysiologiste, Cirad
Benoît Tonson
Chef de rubrique Science + Technologie, The Conversation France
Jennifer Gallé
Cheffe de rubrique Environnement + Énergie, The Conversation France
Dans les années à venir, nos températures vont augmenter en moyenne de 1,5 °C au moins, avec évidemment des variations régionales très marquées. À la fois « victime » et « coupable », le secteur agricole, qui contribue pour une part significative aux émissions de gaz à effet de serre, va devoir s’adapter à cette situation, nouvelle pour certaines parties du globe, déjà bien connue pour d’autres.
Pour continuer à pouvoir cultiver et assurer la sécurité alimentaire des populations, comprendre comment les végétaux peuvent s’adapter au manque d’eau devient une priorité. « Faire pousser des végétaux sans eau, c’est de la science-fiction ! », nous rappelle Delphine Luquet, écophysiologiste au Cirad. Cette scientifique, qui a travaillé sur le sorgho et le riz, est l’invitée de ce nouvel épisode de « L’échappée Sciences ».
Avec Delphine Luquet, on va donc découvrir ce que l’eau fait aux plantes et ce que les plantes font avec l’eau. Comment certaines espèces végétales supportent mieux le stress hydrique que d’autres, à l’image de la famille des mils, céréales présentes au Sahel depuis des siècles. Et comment les scientifiques, les agriculteurs et agricultrices peuvent rendre les végétaux moins vulnérables à la sécheresse, en travaillant notamment à la sélection variétale et au changement des pratiques dans une démarche agroécologique.
Au menu de la chronique de ce nouvel épisode de « L’échappée Sciences », on s’intéresse à une technique prometteuse permettant de mieux comprendre la génétique des plantes : CRISPR-Cas9. Ces « ciseaux moléculaires » rendent possible une édition très fine du génome. Si cette technique n’est pas autorisée dans les champs en Europe, où les plantes éditées sont classées comme OGM, elle existe déjà au Japon où des tomates modifiées ont été récemment commercialisées comme « alicaments »…