Députés : le PS se rallie à la transparence du patrimoine
Les députés socialistes, scandalisés pour la plupart à l’idée de dévoiler leur patrimoine, ont assoupli mardi leur position, renvoyant à la future Haute autorité de contrôle le soin de fixer les règles de la transparence voulue par l’exécutif. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et ses ministres ont rendu publics lundi leurs patrimoines respectifs près de deux semaines après l’affaire Jérôme Cahuzac, au nom de la « moralisation » de la vie publique. « La transparence s’impose. Elle s’est imposée hier pour les ministres. Il n’y a pas de raison qu’elle ne touche pas demain les parlementaires », a expliqué Thierry Mandon, porte-parole du groupe PS de l’Assemblée, lors de son point de presse hebdomadaire. Un changement de ton du député de l’Essonne qui s’était inquiété du « chemin à trouver entre la transparence indispensable et le respect de la vie privée ». Le président de l’Assemblée, Claude Bartolone, s’est démarqué de François Hollande et Jean-Marc Ayrault en exprimant à plusieurs reprises ses réserves sur le futur projet de loi qui prévoit une déclaration de patrimoine obligatoire pour les élus. Mais le gouvernement a appelé mardi les élus à surmonter leurs réticences pour accompagner l’exercice. « Il faut aller jusqu’au bout de cette transparence et les élus doivent se rendre compte qu’ils doivent eux aussi être exemplaires », a dit le ministre de l’Intérieur Manuel Valls. « Il faut bien prendre conscience du choc provoqué par l’attitude de Jérôme Cahuzac, par la défiance des Français (…) vis-à-vis des responsables publics », a-t-il ajouté sur RTL. Manuel Valls semble avoir été entendu, même si le PS pose des conditions. « Il faut faire des modalités de publicité des patrimoines un objet de consensus. Il faut donc fabriquer sur tous les bancs de cette assemblée, à commencer dans le groupe socialiste, des règles qui aillent à tout le monde », a dit Thierry Mandon. « Il ne s’agit pas d’imposer à des parlementaires des règles en donnant le sentiment qu’ils s’y opposent ou qu’ils freinent. « Nous avons une proposition: nous pensons que c’est à la Haute autorité indépendante, qui va être nommée demain (mercredi) pour gérer ces déclarations de patrimoine, qu’il appartiendra de définir les modalités de la publicité de ces déclarations », a ajouté l’élu. Le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, a pour sa part opposé une fin de non-recevoir à la proposition gouvernementale de publication du patrimoine des parlementaires. « Nous sommes totalement contre. Je pense que la loi ne sera pas votée, si je vois ce qui se passe au groupe socialiste. J’ai le sentiment que le groupe PS est très partagé pour des raisons de bon sens », a-t-il estimé lors d’un point de presse. « Que l’on renforce les contrôles, les sanctions, tout cela, on peut en discuter tranquillement à froid. Simplement à chaud, cautionner une opération de diversion, on n’est pas là pour ça. » L’initiative gouvernementale, a-t-il répété, « relève du voyeurisme ». « Ça flatte ce qu’il y a de moins élégant et ça n’apporte aucune réponse à la situation dans laquelle on est ». Un avis que partage le centriste Jean-Christophe Lagarde, le porte-parole du groupe UDI. « Ceux qui veulent la publication du patrimoine voudront demain la publication des revenus, après-demain des héritages. Ça n’a pas de sens », a-t-il jugé en se déclarant favorable à la publication du patrimoine devant la Haute autorité, qui vérifiera les données fournies.