Archive pour le Tag 'sans'

Page 4 sur 25

La justice sans les citoyens

La justice sans les citoyens


Alors que le Conseil constitutionnel a été saisi d’un recours contre la loi de 2021 instituant les cours criminelles départementales, François-Louis Coste, avocat général honoraire, estime dans une tribune au « Monde » que leur maintien revient à faire disparaître notre lien de citoyenneté avec la loi.

Tous les juristes l’ont affirmé après Montesquieu (1689-1755), et les révolutionnaires l’ont inscrit dans la loi en 1791 : le peuple souverain est le seul juge légitime. Pour les délits, il a fallu en faire l’économie ; mais pour les crimes il n’avait jamais été question, jusqu’alors, de faire juger les crimes de droit commun par les seuls magistrats professionnels, c’est-à-dire par des cours d’assises sans jurés.

Ces cours, dites criminelles départementales, ont été instituées par la loi du 22 décembre 2021 « pour la confiance dans l’institution judiciaire » comme des juridictions intermédiaires entre les tribunaux correctionnels et les cours d’assises classiques, avec lesquelles elles gardent cependant un lien puisque ces dernières sont leurs juridictions d’appel.

Le Conseil constitutionnel, saisi d’un recours contre cette loi, a entendu les arguments qui la critiquaient, ainsi que ceux qui s’employaient à y répondre. Mais l’un des plus graves reproches que l’on puisse faire à cette loi n’a pas été clairement exposé. Qu’il soit permis à un ancien représentant du ministère public d’y revenir.

Pas de justice sans citoyen

Le lien symbolique qu’énonce l’article 6 de la Déclaration de 1789, « la loi est l’expression de la volonté générale », mérite approfondissement d’autant plus que notre Constitution commence en disant que « Le peuple français proclame solennellement son attachement » aux principes de cette Déclaration. Ce lien est donc essentiel et fondamental, car s’il n’y a pas de justice sans loi, il n’y a pas de loi sans citoyen, donc pas non plus de justice sans citoyen.

Par-delà l’apparent simplisme, ce syllogisme renferme toute la symbolique du débat judiciaire. Celui-ci est organisé pour sanctionner la transgression de la loi commise par un citoyen, donc par l’un des coauteurs de cette loi. Il se déroule comme en écho au débat parlementaire qui a élaboré et adopté la loi.

France: Sans grand projet commun, l’unité impossible

France: Sans grand projet commun, l’unité impossible

Alors que l’exécutif a appelé à l’unité républicaine en réponse aux tensions observées en France depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, Julie Martinez, avocate et rapporteure générale de la Commission France Positive, fait valoir qu’il n’y aura pas d’unité nationale sans définition d’un grand projet national français pour les prochaines années.

« Le passage d’une conscience historique commune à une conscience sociale et culturelle de soi se retrouve aujourd’hui dans les fractures entre nos concitoyens dès que l’on aborde les questions identitaires ou d’immigration ainsi que les conflits internationaux faisant appel à des mémoires sur notre territoire. »

« Le passage d’une conscience historique commune à une conscience sociale et culturelle de soi se retrouve aujourd’hui dans les fractures entre nos concitoyens dès que l’on aborde les questions identitaires ou d’immigration ainsi que les conflits internationaux faisant appel à des mémoires sur notre territoire. »

Depuis le début des années 2000, chaque crise au Proche-Orient a une résonance extrêmement forte sur le territoire français. En réponse à la montée vive des tensions dans notre pays suite à l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre et à la riposte israélienne, Emmanuel Macron a appelé à l’unité républicaine[1].

Il n’y aura pas d’unité nationale sans définition d’un grand projet national français pour les prochaines années. Les fractures nationales sur fond d’enjeux internationaux qui déchirent nos compatriotes sont symptomatiques d’un pays enlisé dans l’actualité et le présent, qui ne maitrise plus son histoire ni ne sait quel projet ambitieux guidera notre avenir collectif. Elles indiquent la disparition progressive de la prédominance de nos valeurs universelles et l’absence d’idéaux pour demain. Elles démontrent encore l’oubli de la place de la France dans le monde d’hier et ses difficultés à penser son rang international dans les prochaines années.

Il ne faut pas sous-estimer l’importance de notre histoire pour l’unité nationale. Pourtant, ce besoin d’histoire unitaire va à contre-courant d’une réalité sociologique et politique actuelle. Le passage d’un récit national à l’avènement des identités sociales dans les années 70 a fait changer d’échelle les tensions de notre pays entre histoire et politique. Depuis, l’émiettement progressif de l’identité nationale en de multiples récits identitaires fragilise ce récit commun nécessaire. Chacun se reconnaît dans son histoire, plutôt que dans celle de la France – dans toutes ses acceptations, ses nuances et ses défis.

En cherchant à ce que chaque régime identitaire puisse constituer sa propre mémoire vécue dans le privé, chaque mémoire s’affirme en isolement à l’égard des autres et s’intègre difficilement dans une histoire nationale collective – brouillant un peu plus un récit unitaire nécessaire. Si la reconnaissance de ces diverses mémoires est importante, leur intégration au sein du récit national français n’est pas efficacement actée, fragilisant l’unité nationale plus qu’elle ne peut aujourd’hui la renforcer. Ce passage d’une conscience historique commune à une conscience sociale et culturelle de soi se retrouve aujourd’hui dans les fractures entre nos concitoyens dès que l’on aborde les questions identitaires ou d’immigration ainsi que les conflits internationaux faisant appel à des mémoires sur notre territoire.

Aux difficultés historiques, s’ajoute l’obscurcissement de l’avenir. Disloquée, l’unité nationale française devrait pouvoir se reconstituer autour d’un grand projet national optimiste et enthousiaste. Nous savons tous que la France doit se projeter dans le futur, mais peut-on vraiment affirmer que les Français y voient clair quant à notre avenir collectif ? Sait-on ce que nos dirigeants envisagent pour la France pour les cinquante prochaines années ? Quelle place devra avoir notre pays dans le monde ? Comment, malgré les différences, réunir l’ensemble des Français autour d’un projet commun ambitieux ? Quel doit être ce projet ? Ces questions sont occultées au profit d’une actualité dévorante, le cap ne semble pas être fixé – ou s’il l’est, n’est pas suffisamment communiqué comme tel auprès des Français, ne permettant pas cette adhésion et unité nationale sur le temps long, au-delà des divergences. C’est sûrement la raison du mal Français, son pessimisme augmente à mesure que disparaît le sentiment national. Sans grand projet commun, l’unité des Français est difficilement imaginable sur le temps long, et sans unité, la France pourrait bien disparaître de l’histoire.

——-

[1] Adresse du Président de la République aux Français, le jeudi 12 octobre 2023

Rédiger un commentaire

Plan Relocalisation sectorielle : saupoudrage sans suivi d’après la Cour des Comptes

Plan « Relocalisation sectorielle » : saupoudrage sans suivi d’après la Cour des Comptes

Sur chaque thème économique malheureusement le pouvoir agit sans vision systémique et traite chaque problème de manière isolée. Cela vaut pour le plan de réindustrialisation, pour le plan intitulé relocalisations sectoriel pour le plan PTI, pour le plan PME.

Du coup, les moyens se réduisent à une sorte de saupoudrage financier qui n’est pas à la hauteur des enjeux et en plus sans évaluation des résultats.

C’est ce que reproche en particulier la Cour des Comptes.

Parmi les nombreuses mesures d’aides aux entreprises financées par le plan France Relance, la Cour des comptes rend ses observations sur le volet «relocalisation sectorielle» qui a coûté 838 millions d’euros en subventions publiques, légèrement en dessous de l’enveloppe de 1 milliard annoncée à l’automne 2020.

Pour rappel, ces fonds avaient pour but d’encourager des projets de relocalisation industrielle en France dans cinq secteurs stratégiques: la santé après les difficultés d’approvisionnement sur les masques et médicaments, mais aussi l’agroalimentaire, l’électronique, les intrants essentiels de l’industrie (chimie, matériaux, matières premières, etc.) et les applications industrielles de la 5G. Mais, Le ciblage est approximatif et en plus la Cour des comptes déplore le manque de suivi des dossiers.

Parmi les nombreuses mesures d’aides aux entreprises financées par le plan France Relance, la Cour des comptes Se montre très critique sur le volet «relocalisation sectorielle» qui a coûté 838 millions d’euros en subventions publiques, légèrement en dessous de l’enveloppe de 1 milliard annoncée à l’automne 2020.

Macron: Un président sans boussole après son initiative politique ratée de Saint-Denis

Macron: Un président sans boussole après son initiative politique ratée de Saint-Denis

L’initiative politique d’ampleur annoncé par Macron qui doit se tenir à Saint-Denis finit en eau de boudin. Du coup lundi le chef de l’État a fait part de sa colère à la fois vis-à-vis du parti des « républicains » et du parti socialiste. La pseudo grande initiative annoncée par le chef de l’État va donc se réduire essentiellement à une confrontation entre les macronistes et le « front national ». Ce n’était pas vraiment l’objectif de départ ! Un papier des « écho »s qui n’est pas un journal spécialement gauchiste évoque le flou de la politique actuelle du président.

par Par Cécile Cornudet dans « les Echos »

Après LFI, ce sont le PS puis Les Républicains qui déclinent l’invitation de vendredi. Dire non à Macron pour paraître un opposant résolu. Je suis toujours à gauche, tente de signifier le parti d’Olivier Faure, malgré ses prises de distances avec Jean-Luc Mélenchon. Je suis toujours à droite, signifie en écho celui d’Eric Ciotti, alors que la droite sénatoriale vient d’approuver le projet de loi immigration. Qui est pris peut aussi prendre, tentent les deux anciens partis de gouvernement. Mais est-ce vraiment de leur intérêt ? Rien n’est moins sûr.

Outre l’échange promis sur l’actualité internationale, tout sauf mineure en ce moment, Emmanuel Macron veut mettre sur la table un élargissement du champ du référendum aux questions de société, soit une revendication de longue date des LR qui rêvent d’une consultation sur l’immigration. Si annonce il y a, ce sera donc sans eux.

Il se dit également ouvert à un accès facilité au référendum d’initiative partagée (RIP) comme le souhaite le Parti socialiste. Là encore, si la rencontre de vendredi progresse, les socialistes ne seront pas là pour dire « c’est grâce à nous ».

Qui reste-t-il dès lors à ces « rendez-vous » d’Emmanuel Macron ? Un cénacle rétréci à Jordan Bardella (RN), Fabien Roussel (PCF), Marine Tondelier (Les Ecologistes), Hervé Marseille (Union des démocrates et indépendants) et les têtes de la majorité Stéphane Séjourné, Edouard Philippe, François Bayrou, auxquels sont associés les présidents des deux assemblées. « L’initiative politique d’ampleur », comme l’avait appelée le chef de l’Etat, est devenue riquiqui.

« Les absents ont tort », balaye l’Elysée, en espérant qu’ils changeront d’avis d’ici à vendredi. Mais les absents jettent une lumière crue sur l’initiateur des agapes. Le moment est compliqué. Le « jus » de la fin août a disparu, s’inquiète une partie de la Macronie. Au début du premier quinquennat, le président inondait ses proches d’un SMS récurrent : « Comment tu sens les choses ? ». Désormais c’est entre eux qu’ils échangent cette question : « Tu comprends ce que fait Macron ? ».

Sur le conflit Israël-Hamas (Edouard Philippe), sur son absence dans la manifestation contre l’antisémitisme, sur la suite des réformes (Bruno Le Maire), sur le devenir de la loi fin de vie (l’aile gauche), sur sa ligne en matière d’immigration, une même interrogation : où va-t-il ?

Gaza : « Pas de cessez-le-feu sans libération des otages israéliens»

Gaza : « Pas de cessez-le-feu sans libération des otages israéliens»


Le Hamas se fait subir le supplice chinois au victimes enlevées et à leur famille en les libérant un par un. Pour l’instant quelques otages occidentaux. Des otages qui servent de parapluie et de monnaie d’échange pour la suite. À Israël refuse cette libération au compte-gouttes. C’est ce qu’affirme le premier ministre Benyamin Nétanyahou.

Le premier ministre Benyamin Netanyahou a cependant ouvert la porte à des pauses très temporaire pour des motifs humanitaires tout en réaffirmant qu’il n’y aura jamais de cessez-le-feu général sans libération des otages. une nouvelle fois rejeté l’idée d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, sans libération des otages enlevés par le mouvement islamiste palestinien lors de son attaque contre Israël le 7 octobre qui a déclenché le conflit.

«Il n’y aura pas de cessez-le-feu, de cessez-le-feu général, à Gaza, sans la libération de nos otages», a-t-il dit. «En ce qui concerne (…) les petites pauses – une heure par-ci, une heure par-là – nous les avons déjà eues», a-t-il ajouté.

«Je suppose que nous allons examiner les circonstances pour permettre aux biens – aux biens humanitaires – d’entrer ou à nos otages de partir. Mais je ne pense pas qu’il y aura un cessez-le-feu général», a-t-il répété. «Cela entraverait nos efforts pour faire sortir nos otages, car la seule chose qui fonctionne sur ces criminels et sur le Hamas, c’est la pression militaire que nous exerçons», a-t-il encore dit.

Paix en Palestine: Indispensable mais sans les terroristes du Hamas

Paix en Palestine: Indispensable mais sans les terroristes du Hamas

Dire les horreurs commises par le Hamas doit être un préalable à tout débat et ne revient ni à ignorer le contexte historique et politique dans lequel se sont déroulées ces atrocités, ni à occulter les responsabilités du gouvernement Nétanyahou ou la colonisation en Cisjordanie, assure, dans une tribune au « Monde », le député européen Raphaël Glucksmann.

Il est des moments dans l’histoire où l’évidence n’est plus partagée et où savoir la dire est le premier devoir du politique, le préalable à tout débat et à toute action. Commençons donc par dire ce que certains n’arrivent pas à exprimer au sein de la gauche française : nous sommes dévastés par le sort de ces enfants israéliens massacrés, de ces femmes violées et de ces familles brûlées vives, le Hamas est une organisation terroriste et son idéologie fanatique, son antisémitisme frénétique, son culte de la violence et de la mort conduisent logiquement aux crimes contre l’humanité commis le 7 octobre, et rien – ni la lutte légitime contre la colonisation ni le combat nécessaire pour la reconnaissance d’un Etat palestinien – ne peut ni ne pourra jamais justifier les horreurs de Kfar Aza ou de Réim.

Par dire que décapiter un être humain ou kidnapper des enfants ne sera jamais un acte de résistance et par rappeler que ni la résistance française hier ni la résistance ukrainienne aujourd’hui n’ont jamais fait quoi que ce soit de semblable ou d’approchant. Il n’y a donc pas là un « deux poids, deux mesures », comme on le lit un peu partout, mais plutôt un gouffre, celui qui sépare la résistance à l’oppression du terrorisme visant à l’anéantissement de l’autre. Le résistant peut être amené à tuer, mais il le fait à contrecœur, alors que le terroriste jouit de son crime comme cet assassin du Hamas qui appelle son père hilare en plein massacre : « Tu serais fier de moi, j’ai tué dix juifs ! Dix ! »

Par dire aussi que les cocktails Molotov lancés contre une synagogue à Berlin ou les slogans entendus à Sydney (« Gas the Jews ! ») n’ont rien à voir avec la solidarité envers le peuple palestinien, mais tout à voir avec l’antique haine des juifs et que cette haine qui présida à la pire page de l’histoire européenne doit être combattue par tous. Sans exception ni hésitation.

Un marginal, sans emploi, auteur des fausses menaces à la bombe à Versailles

Un marginal, sans emploi, auteur des fausses menaces à la bombe à Versailles

Un abruti de 37 ans, sans emploi, sera jugé ce lundi 23 octobre devant le tribunal judiciaire de Versailles. Il est l’auteur des fausses informations concernant les menaces de bombes à Versailles.

Toujours d’après les informations de BFMTV, l’homme a reconnu les faits. Il a expliqué avoir vu les informations dans les médias sur les alertes à la bombe successives, et s’être dit : »Pourquoi pas moi ? », résume une source proche de l’enquête.

Le suspect, âgé de 37 ans, vit chez ses parents, est sans emploi et n’a pas d’antécédents judiciaires. Il souffre de schizophrénie mais selon une source judiciaire, il est accessible à une sanction pénale.

Placé sous contrôle judiciaire, il comparaîtra libre ce lundi 23 octobre. La comparution immédiate aura lieu à 14 heures au tribunal judiciaire de Versailles. L’audience sera publique. L’homme risque deux ans de prison et 30.000 euros d’amende.

Transition écologique: impossible sans transports publics urbains

Transition écologique: impossible sans transports publics urbains

En ouverture des Rencontres nationales du transport public (RNTP) qui se tiendront à Clermont-Ferrand du 17 au 19 octobre, les représentants du secteur ont tenu à lancer un message au gouvernement. Selon eux, seul un « choc d’offre » permettra la décarbonation des transports.

Par Marie-Ange Debon, Présidente de l’Union des transports publics. dans la Tribune.

Nous, opérateurs de transport public, sommes particulièrement en ligne avec la décarbonation des transports comme une priorité absolue pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France de 55 % d’ici 2030. Des efforts conséquents et nous nous en félicitons, ont été menés en ce sens pour rattraper le retard d’investissements sur le réseau ferroviaire, ainsi que pour le développement du transport public en Ile-de France (2,6 milliards d’euros dans le cadre des contrats de plans Etat-Région) et dans quelques métropoles avec les projets de services express régionaux métropolitains.

Cependant, le transport urbain hors Ile-de-France n’est pas traité. Décarboner les mobilités, c’est avant tout réduire la part modale de la voiture. Pour qu’un report de la voiture individuelle vers des mobilités plus durables et partagées comme les transports en commun ait lieu, il faut pouvoir offrir aux citoyens des solutions alternatives, et cela, sur tout le territoire, pas uniquement autour de Paris.

Seul un « choc d’offre » pourra provoquer ce report modal : plus de transports en commun, avec plus de fréquence, plus d’amplitude horaire, plus d’intermodalité et sur des territoires plus étendus, y compris dans les zones périurbaines à dimension rurale où les opérateurs sont en mesure de proposer des solutions adaptées, telles que le transport à la demande.

Il est donc indispensable de dégager de nouveaux financements pour permettre aux collectivités locales d’exploiter leurs réseaux de transport urbain et de procéder à des investissements : que ce soit pour l’achat de nouveaux bus à très faibles émissions, de rames de tramway, de métro ou pour le développement de nouveaux services et de nouvelles infrastructures, comme les parkings relais.

Les transports publics urbains, alors même qu’ils sont présentés comme une solution à la transition écologique, sont exclusivement organisés et financés par les autorités organisatrices de la mobilité. Les appels à projets pour les systèmes de transport en site propre sont échus tandis que les transports publics sont exclus du fonds vert de la nouvelle vague de l’appel à projet ADEME pour la transition vers des véhicules électriques lourds, et des contrats de plan État-Région. Ils sont pourtant soumis à une réglementation qui alourdit considérablement leurs charges : transition énergétique des bus et des dépôts notamment.

Les annonces de la Première ministre dans le cadre du conseil national de la transition écologique quant à une augmentation des « moyens de l’État dans les infrastructures de transport d’un quart, soit une hausse d’un milliard d’euros pour permettre la décarbonation des mobilités » pourraient constituer une réponse si l’Etat s’engageait à mettre en place un dispositif de soutien pluriannuel d’un montant de 500 millions d’euros par an afin d’aider les collectivités de toutes tailles à remplir leurs objectifs de décarbonation des mobilités du quotidien par le développement et la modernisation de leurs infrastructures et systèmes de transport public.

Investir massivement dans les transports publics urbains, c’est concilier transition écologique, inclusion sociale et réduction de la fracture territoriale.

Rédiger un commentaire
À lire aussi
VICTOR WEMBANYAMA UN1QUE EN CE MOMENT SEULEMENT SUR CANAL+
CANAL+
|
Sponsorisé

Hamas- Une double sauvagerie sans nom inspirée par l’Iran

Hamas- Une double sauvagerie sans nom inspirée par l’Iran

On découvre chaque jour un peu plus le caractère particulièrement barbare des terroristes du Hamas manipulés par l’Iran. Les palestiniens sont en effet instrumentalisé par l’Iran d’abord qui essaye de masquer ainsi ses graves problèmes économiques, sociaux et sociétaux. Ensuite, qui compte sur la rue dans les pays arabes pour déstabiliser les régimes en place notamment sunnites.

Les premières victimes ont été les juifs d’Israël, les seconds seront les civils palestiniens mais pour l’Iran la vie ne compte pas ni à l’intérieur du pays ni à l’extérieur. Seul compte la doctrine inhumaine de l’ordre religieux chite. Le véritable enjeu est sans doute d’abattre Israël mais bien au-delà pour l’Iran de prendre la main politiquement et culturellement dans les pays musulmans. Un enjeu majeur qui justifie la sauvagerie sans nom.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré mardi soir que l’attaque du Hamas contre Israël était d’« une sauvagerie jamais vue depuis la Shoah », lors d’un entretien téléphonique avec le président américain, Joe Biden.

« Nous avons été frappés samedi par une attaque d’une sauvagerie jamais vue depuis la Shoah », a déclaré Benjamin Netanyahu, dans une vidéo publiée par son bureau. « Des centaines de massacres, des familles anéanties dans leur lit, dans leur maison, des femmes brutalement violées et assassinées, plus d’une centaine d’enlèvements (…), ils ont pris des dizaines d’enfants, les ont ligotés, brûlés et exécutés, ils ont décapité des soldats », a-t-il ajouté parlant au téléphone avec Joe Biden.

Une double sauvagerie sans nom inspirée par l’Iran

Une double sauvagerie sans nom inspirée par l’Iran

On découvre chaque jour un peu plus le caractère particulièrement barbare des terroristes du Hamas manipulés par l’Iran. Les palestiniens sont en effet instrumentalisé par l’Iran d’abord qui essaye de masquer ainsi ses graves problèmes économiques, sociaux et sociétaux. Ensuite, qui compte sur la rue dans les pays arabes pour déstabiliser les régimes en place notamment sunnites.

Les premières victimes ont été les juifs d’Israël, les seconds seront les civils palestiniens mais pour l’Iran la vie ne compte pas ni à l’intérieur du pays ni à l’extérieur. Seul compte la doctrine inhumaine de l’ordre religieux chite. Le véritable enjeu est sans doute d’abattre Israël mais bien au-delà pour l’Iran de prendre la main politiquement et culturellement dans les pays musulmans. Un enjeu majeur qui justifie la sauvagerie sans nom.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré mardi soir que l’attaque du Hamas contre Israël était d’« une sauvagerie jamais vue depuis la Shoah », lors d’un entretien téléphonique avec le président américain, Joe Biden.

« Nous avons été frappés samedi par une attaque d’une sauvagerie jamais vue depuis la Shoah », a déclaré Benjamin Netanyahu, dans une vidéo publiée par son bureau. « Des centaines de massacres, des familles anéanties dans leur lit, dans leur maison, des femmes brutalement violées et assassinées, plus d’une centaine d’enlèvements (…), ils ont pris des dizaines d’enfants, les ont ligotés, brûlés et exécutés, ils ont décapité des soldats », a-t-il ajouté parlant au téléphone avec Joe Biden.

Hamas: Une double sauvagerie sans nom inspirée par l’Iran

Hamas: Une double sauvagerie sans nom inspirée par l’Iran

On découvre chaque jour un peu plus le caractère particulièrement barbare des terroristes du Hamas manipulés par l’Iran. Les palestiniens sont en effet instrumentalisé par l’Iran d’abord qui essaye de masquer ainsi ses graves problèmes économiques, sociaux et sociétaux. Ensuite, qui compte sur la rue dans les pays arabes pour déstabiliser les régimes en place notamment sunnites.

Les premières victimes ont été les juifs d’Israël, les seconds seront les civils palestiniens mais pour l’Iran la vie ne compte pas ni à l’intérieur du pays ni à l’extérieur. Seul compte la doctrine inhumaine de l’ordre religieux chite. Le véritable enjeu est sans doute d’abattre Israël mais bien au-delà pour l’Iran de prendre la main politiquement et culturellement dans les pays musulmans. Un enjeu majeur qui justifie la sauvagerie sans nom.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré mardi soir que l’attaque du Hamas contre Israël était d’« une sauvagerie jamais vue depuis la Shoah », lors d’un entretien téléphonique avec le président américain, Joe Biden.

« Nous avons été frappés samedi par une attaque d’une sauvagerie jamais vue depuis la Shoah », a déclaré Benjamin Netanyahu, dans une vidéo publiée par son bureau. « Des centaines de massacres, des familles anéanties dans leur lit, dans leur maison, des femmes brutalement violées et assassinées, plus d’une centaine d’enlèvements (…), ils ont pris des dizaines d’enfants, les ont ligotés, brûlés et exécutés, ils ont décapité des soldats », a-t-il ajouté parlant au téléphone avec Joe Biden.

Budget 2024 : le gouvernement va sans doute utiliser encore le 49–3

Budget 2024 : le gouvernement va sans doute utiliser encore le 49–3

En dépit des tentatives de tractations du gouvernement avec l’opposition surtout les républicains, il est probable qu’une nouvelle fois du gouvernement sera contraint d’utiliser le passage en force à l’Assemblée nationale avec le recours aux 49–3.

Les républicains reprochent en particulier à ceux budget d’être trop laxiste. À l’inverse, l’opposition de gauche critique l’austérité qui marque le budget notamment dans le cadre des réformes sociales ( chômage, ANPE etc). Un peu d’ailleurs les mêmes reproches qui ont été faits par Pierre Moscovici Dans le cadre très officiel du Haut conseil des finances publiques qu’il préside

« La trajectoire de finances publiques prévue manque encore à ce jour, à notre sens, de crédibilité », a critiqué le président du HCFP Pierre Moscovici, lors d’une conférence de presse.

Au chapitre des prévisions excessives de recettes figurent surtout la surestimation de la croissance avec un chiffre de 1,4 % alors que la plupart des experts et même la Banque de France considère que l’activité n’atteindra même pas 1 %.Le même optimisme excessif caractérise les années suivantes.

Pour les années 2025 (1,7%), 2026 et 2027 (1,8%), les magistrats financiers considèrent également que les projections de Bercy sont encore « optimistes ».

Le Haut conseil considère également que le gouvernement est notamment trop optimiste dans ses prévisions de dépenses des Français et donc dans ses prévisions de consommation et de croissance. Le même volontarisme irréaliste concerne aussi les perspectives d’évolution des investissements des entreprises

De son côté, Pierre Moscovici a pointé le manque d’économies « documentées » dans les documents budgétaires envoyés par l’exécutif. Résultat, « le HCFP a estimé qu’en l’absence de précision sur la nature de ces économies, il ne pouvait juger le réalisme de la trajectoire de dépenses ni en apprécier les conséquences sur le scénario macroéconomique ».

Dernière critique et non des moindres : 57 milliards d’intérêts en 2024 et ce montant atteindrait 84 milliards en 2027 » !

Ecole- Sans culture linguistique, pas de culture scientifique

Ecole- Sans culture linguistique, pas de culture scientifique

Par
Jean-Marc Lévy-Leblond
Physicien, épistémologue, essayiste. Professeur de l’université de Nice, Université Côte d’Azur

Dans un récent manifeste, un collectif de personnalités en appelle au ministre de l’Éducation nationale pour développer à l’école « une véritable culture de la lecture et de l’écriture ». Parmi les signataires, des écrivains et écrivaines, des journalistes, des artistes. Mais pas de scientifiques, comme s’ils n’avaient ni compétence ni intérêt pour le langage et ses mots.

Cette dépréciation du rôle de la langue dans le travail de la science est banale. Même un sémiologue aussi averti que Roland Barthes écrivait :

« Pour la science, le langage n’est qu’un instrument, que l’on a intérêt à rendre aussi transparent, aussi neutre que possible, assujetti à la matière scientifique (opérations, hypothèses, résultats) qui, dit-on, existe en dehors de lui et le précède : il y a d’un côté et d’abord les contenus du message scientifique, qui sont tout, d’un autre côté et ensuite la forme verbale chargée d’exprimer ces contenus, qui n’est rien. »

Et le physicien que je suis se souvient avec un mélange d’hilarité et de consternation d’une scène d’un film de Hitchcock (pas l’un de ses meilleurs !), Le Rideau déchiré (1966), où deux savants s’affrontent devant un tableau noir, écrivant et effaçant tour à tour des formules cabalistiques, sans échanger aucun mot ou presque, topos que l’on retrouve dans le récent Oppenheimer.

Mais la science, à l’inverse de l’armée, n’a pas vocation à être une « grande muette », tant la production du savoir, y compris dans les sciences les plus formalisées, comme les mathématiques ou la physique, que son partage, par l’enseignement ou la médiation, à l’oral comme à l’écrit, ne peuvent se passer du recours à la langue.

Certains, reconnaissant cette nécessité, avancent qu’il s’agirait pour faciliter l’apprentissage des sciences, de développer celui d’un prétendu « langage scientifique ». Mais celui-ci n’existe tout simplement pas, et il s’agit bien ici de la langue commune, celle qui se pratique dans tout échange social. Car l’existence de terminologies spécialisées dans les diverses disciplines scientifiques, comme dans toute activité humaine, aussi bien en couture et en cuisine qu’en météorologie et en chimie, ne saurait occulter l’emploi obligatoire des règles syntaxiques et des classes grammaticales usuelles qui fondent une langue.

Reste que la science contemporaine manifeste une grande désinvolture dans le choix de son vocabulaire propre. Bien souvent, les termes qu’elle emploie et qu’elle diffuse relèvent plus de stratégies médiatiques, voire d’enjeux publicitaires, que d’un souci d’adéquation sémantique. Ainsi, des expressions comme trou noir, big bang, supercordes, énergie sombre, pour s’en tenir au registre de la cosmologie, aussi fascinantes soient-elles, ne rendent aucunement justice aux objets et phénomènes qu’elles concernent.

De fait, un « trou noir » n’est pas vide, ni vraiment noir, le « big bang » n’est pas une explosion instantanée et ne fait pas de bruit, etc. De telles expressions sont conçues par les scientifiques eux-mêmes pour séduire les profanes, mais les trompent au lieu de les éclairer.

Une bonne vulgarisation est nécessairement exigeante et ne peut faire l’impasse sur la difficulté et la spécificité des concepts scientifiques. Comme le disait déjà Euclide, « il n’y a pas de voie royale » pour accéder à la science. Le paradoxe est que ces facilités de langage finissent par avoir des effets régressifs sur les chercheurs eux-mêmes.

Nombre des problèmes conceptuels qui continuent à hanter la physique contemporaine (la question du déterminisme, ou celle de l’origine de l’univers) trouvent leur source dans la négligence des puissances de la langue et dans la désinvolture de son usage ; le montre la coexistence d’un consensus assez général sur les formalismes mathématiques et de désaccords sur leur interprétation : c’est bien que la formalisation ne suffit en rien à énoncer et maîtriser le savoir qu’elle sous-tend. Autrement dit, les équations ne parlent pas ou plutôt ne disent rien si elles ne s’insèrent pas dans un échange communicationnel nécessairement langagier qui seul peut leur donner sens.

Déjà Lavoisier, dans l’introduction de son Traité de chimie élémentaire, publié en 1789, écrivait : « Toute science est nécessairement formée de trois choses, la série des faits qui la constituent ; les idées qui les rappellent ; les mots qui les expriment. Il en résulte qu’on ne peut perfectionner le langage sans perfectionner la science, ni la science sans le langage, et que quels que certains que fussent les faits, quelles que justes que fussent les idées qu’ils auraient fait naître, ils ne transmettraient encore que des impressions fausses, si nous n’avions pas des expressions exactes pour les rendre. »

Une attitude à la fois plus respectueuse et plus critique à l’égard des mots utilisés pour rendre compte des signes et des formules est en mesure souvent d’éclairer, sinon de régler, ces problèmes épistémologiques.

À titre d’exemple, considérons le « principe d’incertitude » introduit en théorie quantique par W. Heisenberg en 1927 et qui a donné lieu à tant d’exégèses philosophiques, idéologiques, culturelles infondées. Or, près d’un siècle plus tard, il est devenu évident qu’il ne s’agit nullement d’un principe fondamental mais seulement d’une conséquence des notions quantiques de base et surtout que le terme d’ »incertitude » avec ses connotations psychologiques est totalement inapproprié. Aussi emploie-t-on désormais de plus en plus la terminologie plus sobre et plus neutre d’« inégalités de Heisenberg ».

Il ne serait pas difficile de montrer que la situation n’est guère différente dans bien d’autres domaines de la science actuelle, à commencer par la biologie et la génétique. Ainsi de la métaphore selon laquelle l’ADN est un « code génétique » qui constituerait un « grand livre de l’hérédité ».

Ajoutons que les problèmes évoqués ci-dessus sont considérablement aggravés par la domination, en tout cas dans les sciences de la nature, d’un anglais abâtardi (globish) comme lingua franca. Ce langage appauvri, dépourvu de son arrière-plan culturel et de ses connotations implicites, ne favorise évidemment pas une expression maîtrisée et une évaluation critique des néologismes qu’exige le développement scientifique.

Il est donc nécessaire de demander aux chercheurs scientifiques, mais aussi aux journalistes et médiateurs, une conscience plus aiguë de leur responsabilité linguistique et donc d’inclure cette thématique dans leur formation professionnelle.

Un remarquable apport à cette entreprise est fourni par le récent livre de l’éminent linguiste Sylvain Detey, Savons-nous vraiment parler ? Du contrat linguistique comme contrat social (Armand Colin, 2023). Bien que portant sur la question du langage en toute généralité, nombre de ses conclusions et propositions méritent d’être étudiées et méditées par quiconque est sensible aux rôles du langage dans la pratique des sciences.

Ainsi du premier chapitre, plaisamment intitulé « La communication : un handicap pour tous ? » qui met en évidence les illusions si répandues quant à l’efficacité supposée des modes de communication spontanés, dont les faiblesses, évidentes dès lors qu’il s’agit pour nous d’utiliser une langue étrangère, ne sont qu’à peine moindres dans notre langue native, où les malentendus sont d’autant plus pernicieux qu’ils sont moins perçus.

Particulièrement intéressant aussi, dans le présent contexte, est le chapitre 5, « Du monolingue au polyglotte », où Detey met en lumière les différences de perception et donc d’expression entre langues, et souligne l’intérêt d’une bonne maîtrise de langues étrangères (deux au moins affirme-t-il !) quant au développement d’une meilleure maîtrise de sa propre langue. Prendre conscience de la diversité linguistique qui se manifeste y compris dans des catégories fondamentales de la pensée permet une utile compréhension des singularités et des limites qui caractérisent nos usages langagiers les plus usuels.

Un exemple princeps est celui de la numération, où le japonais utilise des spécificateurs, c’est-à-dire des suffixes ajoutés aux noms des nombres et déterminés par la forme des objets comptés (selon qu’ils sont longs, ou plats, etc.) ou leur nature (voitures, poissons, livres, etc.), alors que les langues européennes ont des termes numéraux génériques.

On comprend dès lors, pour en revenir aux usages scientifiques de la langue, que la question est moins celle du recours à l’anglais, que celle de la qualité de cet anglais. Un exemple caricatural m’avait jadis été fourni par un ouvrage de géométrie élémentaire traduit de l’anglais, où l’énoncé d’un exercice commençait par cette phrase surprenante : « soit deux points dans un avion ». S’en était suivie une minute de sidération avant que je ne repère la confusion entre les deux sens possibles du mot « plane » en anglais (avion ou plan).

L’auteur conclut justement son livre en écrivant : « avant donc que d’écrire sur Internet, et de parler dans l’espace public, apprenons à penser, et à parler ou à écrire, en respectant la rationalité scientifique ». Je me permettrai seulement d’ajouter que ladite rationalité scientifique, en tant qu’elle est fondée dans le langage, a beaucoup à y gagner.

Formation – Sans culture linguistique, pas de culture scientifique

Formation – Sans culture linguistique, pas de culture scientifique

Par
Jean-Marc Lévy-Leblond
Physicien, épistémologue, essayiste. Professeur de l’université de Nice, Université Côte d’Azur

Dans un récent manifeste, un collectif de personnalités en appelle au ministre de l’Éducation nationale pour développer à l’école « une véritable culture de la lecture et de l’écriture ». Parmi les signataires, des écrivains et écrivaines, des journalistes, des artistes. Mais pas de scientifiques, comme s’ils n’avaient ni compétence ni intérêt pour le langage et ses mots.

Cette dépréciation du rôle de la langue dans le travail de la science est banale. Même un sémiologue aussi averti que Roland Barthes écrivait :

« Pour la science, le langage n’est qu’un instrument, que l’on a intérêt à rendre aussi transparent, aussi neutre que possible, assujetti à la matière scientifique (opérations, hypothèses, résultats) qui, dit-on, existe en dehors de lui et le précède : il y a d’un côté et d’abord les contenus du message scientifique, qui sont tout, d’un autre côté et ensuite la forme verbale chargée d’exprimer ces contenus, qui n’est rien. »

Et le physicien que je suis se souvient avec un mélange d’hilarité et de consternation d’une scène d’un film de Hitchcock (pas l’un de ses meilleurs !), Le Rideau déchiré (1966), où deux savants s’affrontent devant un tableau noir, écrivant et effaçant tour à tour des formules cabalistiques, sans échanger aucun mot ou presque, topos que l’on retrouve dans le récent Oppenheimer.

Mais la science, à l’inverse de l’armée, n’a pas vocation à être une « grande muette », tant la production du savoir, y compris dans les sciences les plus formalisées, comme les mathématiques ou la physique, que son partage, par l’enseignement ou la médiation, à l’oral comme à l’écrit, ne peuvent se passer du recours à la langue.

Certains, reconnaissant cette nécessité, avancent qu’il s’agirait pour faciliter l’apprentissage des sciences, de développer celui d’un prétendu « langage scientifique ». Mais celui-ci n’existe tout simplement pas, et il s’agit bien ici de la langue commune, celle qui se pratique dans tout échange social. Car l’existence de terminologies spécialisées dans les diverses disciplines scientifiques, comme dans toute activité humaine, aussi bien en couture et en cuisine qu’en météorologie et en chimie, ne saurait occulter l’emploi obligatoire des règles syntaxiques et des classes grammaticales usuelles qui fondent une langue.

Reste que la science contemporaine manifeste une grande désinvolture dans le choix de son vocabulaire propre. Bien souvent, les termes qu’elle emploie et qu’elle diffuse relèvent plus de stratégies médiatiques, voire d’enjeux publicitaires, que d’un souci d’adéquation sémantique. Ainsi, des expressions comme trou noir, big bang, supercordes, énergie sombre, pour s’en tenir au registre de la cosmologie, aussi fascinantes soient-elles, ne rendent aucunement justice aux objets et phénomènes qu’elles concernent.

De fait, un « trou noir » n’est pas vide, ni vraiment noir, le « big bang » n’est pas une explosion instantanée et ne fait pas de bruit, etc. De telles expressions sont conçues par les scientifiques eux-mêmes pour séduire les profanes, mais les trompent au lieu de les éclairer.

Une bonne vulgarisation est nécessairement exigeante et ne peut faire l’impasse sur la difficulté et la spécificité des concepts scientifiques. Comme le disait déjà Euclide, « il n’y a pas de voie royale » pour accéder à la science. Le paradoxe est que ces facilités de langage finissent par avoir des effets régressifs sur les chercheurs eux-mêmes.

Nombre des problèmes conceptuels qui continuent à hanter la physique contemporaine (la question du déterminisme, ou celle de l’origine de l’univers) trouvent leur source dans la négligence des puissances de la langue et dans la désinvolture de son usage ; le montre la coexistence d’un consensus assez général sur les formalismes mathématiques et de désaccords sur leur interprétation : c’est bien que la formalisation ne suffit en rien à énoncer et maîtriser le savoir qu’elle sous-tend. Autrement dit, les équations ne parlent pas ou plutôt ne disent rien si elles ne s’insèrent pas dans un échange communicationnel nécessairement langagier qui seul peut leur donner sens.

Déjà Lavoisier, dans l’introduction de son Traité de chimie élémentaire, publié en 1789, écrivait : « Toute science est nécessairement formée de trois choses, la série des faits qui la constituent ; les idées qui les rappellent ; les mots qui les expriment. Il en résulte qu’on ne peut perfectionner le langage sans perfectionner la science, ni la science sans le langage, et que quels que certains que fussent les faits, quelles que justes que fussent les idées qu’ils auraient fait naître, ils ne transmettraient encore que des impressions fausses, si nous n’avions pas des expressions exactes pour les rendre. »

Une attitude à la fois plus respectueuse et plus critique à l’égard des mots utilisés pour rendre compte des signes et des formules est en mesure souvent d’éclairer, sinon de régler, ces problèmes épistémologiques.

À titre d’exemple, considérons le « principe d’incertitude » introduit en théorie quantique par W. Heisenberg en 1927 et qui a donné lieu à tant d’exégèses philosophiques, idéologiques, culturelles infondées. Or, près d’un siècle plus tard, il est devenu évident qu’il ne s’agit nullement d’un principe fondamental mais seulement d’une conséquence des notions quantiques de base et surtout que le terme d’ »incertitude » avec ses connotations psychologiques est totalement inapproprié. Aussi emploie-t-on désormais de plus en plus la terminologie plus sobre et plus neutre d’« inégalités de Heisenberg ».

Il ne serait pas difficile de montrer que la situation n’est guère différente dans bien d’autres domaines de la science actuelle, à commencer par la biologie et la génétique. Ainsi de la métaphore selon laquelle l’ADN est un « code génétique » qui constituerait un « grand livre de l’hérédité ».

Ajoutons que les problèmes évoqués ci-dessus sont considérablement aggravés par la domination, en tout cas dans les sciences de la nature, d’un anglais abâtardi (globish) comme lingua franca. Ce langage appauvri, dépourvu de son arrière-plan culturel et de ses connotations implicites, ne favorise évidemment pas une expression maîtrisée et une évaluation critique des néologismes qu’exige le développement scientifique.

Il est donc nécessaire de demander aux chercheurs scientifiques, mais aussi aux journalistes et médiateurs, une conscience plus aiguë de leur responsabilité linguistique et donc d’inclure cette thématique dans leur formation professionnelle.

Un remarquable apport à cette entreprise est fourni par le récent livre de l’éminent linguiste Sylvain Detey, Savons-nous vraiment parler ? Du contrat linguistique comme contrat social (Armand Colin, 2023). Bien que portant sur la question du langage en toute généralité, nombre de ses conclusions et propositions méritent d’être étudiées et méditées par quiconque est sensible aux rôles du langage dans la pratique des sciences.

Ainsi du premier chapitre, plaisamment intitulé « La communication : un handicap pour tous ? » qui met en évidence les illusions si répandues quant à l’efficacité supposée des modes de communication spontanés, dont les faiblesses, évidentes dès lors qu’il s’agit pour nous d’utiliser une langue étrangère, ne sont qu’à peine moindres dans notre langue native, où les malentendus sont d’autant plus pernicieux qu’ils sont moins perçus.

Particulièrement intéressant aussi, dans le présent contexte, est le chapitre 5, « Du monolingue au polyglotte », où Detey met en lumière les différences de perception et donc d’expression entre langues, et souligne l’intérêt d’une bonne maîtrise de langues étrangères (deux au moins affirme-t-il !) quant au développement d’une meilleure maîtrise de sa propre langue. Prendre conscience de la diversité linguistique qui se manifeste y compris dans des catégories fondamentales de la pensée permet une utile compréhension des singularités et des limites qui caractérisent nos usages langagiers les plus usuels.

Un exemple princeps est celui de la numération, où le japonais utilise des spécificateurs, c’est-à-dire des suffixes ajoutés aux noms des nombres et déterminés par la forme des objets comptés (selon qu’ils sont longs, ou plats, etc.) ou leur nature (voitures, poissons, livres, etc.), alors que les langues européennes ont des termes numéraux génériques.

On comprend dès lors, pour en revenir aux usages scientifiques de la langue, que la question est moins celle du recours à l’anglais, que celle de la qualité de cet anglais. Un exemple caricatural m’avait jadis été fourni par un ouvrage de géométrie élémentaire traduit de l’anglais, où l’énoncé d’un exercice commençait par cette phrase surprenante : « soit deux points dans un avion ». S’en était suivie une minute de sidération avant que je ne repère la confusion entre les deux sens possibles du mot « plane » en anglais (avion ou plan).

L’auteur conclut justement son livre en écrivant : « avant donc que d’écrire sur Internet, et de parler dans l’espace public, apprenons à penser, et à parler ou à écrire, en respectant la rationalité scientifique ». Je me permettrai seulement d’ajouter que ladite rationalité scientifique, en tant qu’elle est fondée dans le langage, a beaucoup à y gagner.

Enseignement- Sans culture linguistique, pas de culture scientifique

Enseignement- Sans culture linguistique, pas de culture scientifique

Par
Jean-Marc Lévy-Leblond
Physicien, épistémologue, essayiste. Professeur de l’université de Nice, Université Côte d’Azur

Dans un récent manifeste, un collectif de personnalités en appelle au ministre de l’Éducation nationale pour développer à l’école « une véritable culture de la lecture et de l’écriture ». Parmi les signataires, des écrivains et écrivaines, des journalistes, des artistes. Mais pas de scientifiques, comme s’ils n’avaient ni compétence ni intérêt pour le langage et ses mots.

Cette dépréciation du rôle de la langue dans le travail de la science est banale. Même un sémiologue aussi averti que Roland Barthes écrivait :

« Pour la science, le langage n’est qu’un instrument, que l’on a intérêt à rendre aussi transparent, aussi neutre que possible, assujetti à la matière scientifique (opérations, hypothèses, résultats) qui, dit-on, existe en dehors de lui et le précède : il y a d’un côté et d’abord les contenus du message scientifique, qui sont tout, d’un autre côté et ensuite la forme verbale chargée d’exprimer ces contenus, qui n’est rien. »

Et le physicien que je suis se souvient avec un mélange d’hilarité et de consternation d’une scène d’un film de Hitchcock (pas l’un de ses meilleurs !), Le Rideau déchiré (1966), où deux savants s’affrontent devant un tableau noir, écrivant et effaçant tour à tour des formules cabalistiques, sans échanger aucun mot ou presque, topos que l’on retrouve dans le récent Oppenheimer.

Mais la science, à l’inverse de l’armée, n’a pas vocation à être une « grande muette », tant la production du savoir, y compris dans les sciences les plus formalisées, comme les mathématiques ou la physique, que son partage, par l’enseignement ou la médiation, à l’oral comme à l’écrit, ne peuvent se passer du recours à la langue.

Certains, reconnaissant cette nécessité, avancent qu’il s’agirait pour faciliter l’apprentissage des sciences, de développer celui d’un prétendu « langage scientifique ». Mais celui-ci n’existe tout simplement pas, et il s’agit bien ici de la langue commune, celle qui se pratique dans tout échange social. Car l’existence de terminologies spécialisées dans les diverses disciplines scientifiques, comme dans toute activité humaine, aussi bien en couture et en cuisine qu’en météorologie et en chimie, ne saurait occulter l’emploi obligatoire des règles syntaxiques et des classes grammaticales usuelles qui fondent une langue.

Reste que la science contemporaine manifeste une grande désinvolture dans le choix de son vocabulaire propre. Bien souvent, les termes qu’elle emploie et qu’elle diffuse relèvent plus de stratégies médiatiques, voire d’enjeux publicitaires, que d’un souci d’adéquation sémantique. Ainsi, des expressions comme trou noir, big bang, supercordes, énergie sombre, pour s’en tenir au registre de la cosmologie, aussi fascinantes soient-elles, ne rendent aucunement justice aux objets et phénomènes qu’elles concernent.

De fait, un « trou noir » n’est pas vide, ni vraiment noir, le « big bang » n’est pas une explosion instantanée et ne fait pas de bruit, etc. De telles expressions sont conçues par les scientifiques eux-mêmes pour séduire les profanes, mais les trompent au lieu de les éclairer.

Une bonne vulgarisation est nécessairement exigeante et ne peut faire l’impasse sur la difficulté et la spécificité des concepts scientifiques. Comme le disait déjà Euclide, « il n’y a pas de voie royale » pour accéder à la science. Le paradoxe est que ces facilités de langage finissent par avoir des effets régressifs sur les chercheurs eux-mêmes.

Nombre des problèmes conceptuels qui continuent à hanter la physique contemporaine (la question du déterminisme, ou celle de l’origine de l’univers) trouvent leur source dans la négligence des puissances de la langue et dans la désinvolture de son usage ; le montre la coexistence d’un consensus assez général sur les formalismes mathématiques et de désaccords sur leur interprétation : c’est bien que la formalisation ne suffit en rien à énoncer et maîtriser le savoir qu’elle sous-tend. Autrement dit, les équations ne parlent pas ou plutôt ne disent rien si elles ne s’insèrent pas dans un échange communicationnel nécessairement langagier qui seul peut leur donner sens.

Déjà Lavoisier, dans l’introduction de son Traité de chimie élémentaire, publié en 1789, écrivait : « Toute science est nécessairement formée de trois choses, la série des faits qui la constituent ; les idées qui les rappellent ; les mots qui les expriment. Il en résulte qu’on ne peut perfectionner le langage sans perfectionner la science, ni la science sans le langage, et que quels que certains que fussent les faits, quelles que justes que fussent les idées qu’ils auraient fait naître, ils ne transmettraient encore que des impressions fausses, si nous n’avions pas des expressions exactes pour les rendre. »

Une attitude à la fois plus respectueuse et plus critique à l’égard des mots utilisés pour rendre compte des signes et des formules est en mesure souvent d’éclairer, sinon de régler, ces problèmes épistémologiques.

À titre d’exemple, considérons le « principe d’incertitude » introduit en théorie quantique par W. Heisenberg en 1927 et qui a donné lieu à tant d’exégèses philosophiques, idéologiques, culturelles infondées. Or, près d’un siècle plus tard, il est devenu évident qu’il ne s’agit nullement d’un principe fondamental mais seulement d’une conséquence des notions quantiques de base et surtout que le terme d’ »incertitude » avec ses connotations psychologiques est totalement inapproprié. Aussi emploie-t-on désormais de plus en plus la terminologie plus sobre et plus neutre d’« inégalités de Heisenberg ».

Il ne serait pas difficile de montrer que la situation n’est guère différente dans bien d’autres domaines de la science actuelle, à commencer par la biologie et la génétique. Ainsi de la métaphore selon laquelle l’ADN est un « code génétique » qui constituerait un « grand livre de l’hérédité ».

Ajoutons que les problèmes évoqués ci-dessus sont considérablement aggravés par la domination, en tout cas dans les sciences de la nature, d’un anglais abâtardi (globish) comme lingua franca. Ce langage appauvri, dépourvu de son arrière-plan culturel et de ses connotations implicites, ne favorise évidemment pas une expression maîtrisée et une évaluation critique des néologismes qu’exige le développement scientifique.

Il est donc nécessaire de demander aux chercheurs scientifiques, mais aussi aux journalistes et médiateurs, une conscience plus aiguë de leur responsabilité linguistique et donc d’inclure cette thématique dans leur formation professionnelle.

Un remarquable apport à cette entreprise est fourni par le récent livre de l’éminent linguiste Sylvain Detey, Savons-nous vraiment parler ? Du contrat linguistique comme contrat social (Armand Colin, 2023). Bien que portant sur la question du langage en toute généralité, nombre de ses conclusions et propositions méritent d’être étudiées et méditées par quiconque est sensible aux rôles du langage dans la pratique des sciences.

Ainsi du premier chapitre, plaisamment intitulé « La communication : un handicap pour tous ? » qui met en évidence les illusions si répandues quant à l’efficacité supposée des modes de communication spontanés, dont les faiblesses, évidentes dès lors qu’il s’agit pour nous d’utiliser une langue étrangère, ne sont qu’à peine moindres dans notre langue native, où les malentendus sont d’autant plus pernicieux qu’ils sont moins perçus.

Particulièrement intéressant aussi, dans le présent contexte, est le chapitre 5, « Du monolingue au polyglotte », où Detey met en lumière les différences de perception et donc d’expression entre langues, et souligne l’intérêt d’une bonne maîtrise de langues étrangères (deux au moins affirme-t-il !) quant au développement d’une meilleure maîtrise de sa propre langue. Prendre conscience de la diversité linguistique qui se manifeste y compris dans des catégories fondamentales de la pensée permet une utile compréhension des singularités et des limites qui caractérisent nos usages langagiers les plus usuels.

Un exemple princeps est celui de la numération, où le japonais utilise des spécificateurs, c’est-à-dire des suffixes ajoutés aux noms des nombres et déterminés par la forme des objets comptés (selon qu’ils sont longs, ou plats, etc.) ou leur nature (voitures, poissons, livres, etc.), alors que les langues européennes ont des termes numéraux génériques.

On comprend dès lors, pour en revenir aux usages scientifiques de la langue, que la question est moins celle du recours à l’anglais, que celle de la qualité de cet anglais. Un exemple caricatural m’avait jadis été fourni par un ouvrage de géométrie élémentaire traduit de l’anglais, où l’énoncé d’un exercice commençait par cette phrase surprenante : « soit deux points dans un avion ». S’en était suivie une minute de sidération avant que je ne repère la confusion entre les deux sens possibles du mot « plane » en anglais (avion ou plan).

L’auteur conclut justement son livre en écrivant : « avant donc que d’écrire sur Internet, et de parler dans l’espace public, apprenons à penser, et à parler ou à écrire, en respectant la rationalité scientifique ». Je me permettrai seulement d’ajouter que ladite rationalité scientifique, en tant qu’elle est fondée dans le langage, a beaucoup à y gagner.

123456...25



L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol