2 millions de jeunes de 15-29 ans sans emploi et sans formation
Selon le Conseil d’analyse économique (CAE), 17 % des jeunes de cette classe d’âge échappent au système scolaire ou professionnel. Plus grave encore: 900.000 jeunes ont quitté le cursus scolaire sans diplôme, donc sans aucun viatique pour l’emploi. Ce chiffre, plus élevé qu’ailleurs, est source d’inquiétude. «Si la crise a affecté l’ensemble des pays développés, nombre de pays européens connaissent des taux d’emplois des jeunes supérieurs au nôtre», soulignent les auteurs de cette analyse, Pierre Cahuc, Stéphane Carcillo et Klaus Zimmermann. Pour tenter d’inverser la tendance, le CAE prône la mise en place de deux types de mesures: celles qui amèneront le jeune vers l’emploi, puis celles qui inciteront les entreprises à l’accueillir. Ces deux axes d’un même engrenage vertueux sont forgés autour de deux idées maîtresses. Dans un premier temps, le CAE prône le développement de l’enseignement professionnel via l’alternance emploi-étude. En Allemagne, c’est une réussite: 50 % des jeunes utilisent cette possibilité, contre 25 % en France. «En outre, la hausse récente de l’apprentissage est le fait des diplômés alors que l’effort devrait être concentré sur les jeunes sans diplôme», note cette instance qui dépend directement du premier ministre. Ce constat engendre une proposition simple: réorienter les fonds alloués aux emplois d’avenir vers la formation des jeunes sans diplôme, en subventionnant 120.000 emplois avec une formation en alternance (secteur marchand) et 750.000 formations à plein temps dans les programmes de «la deuxième chance». Dans un second temps, du côté des entreprises, le CAE suggère de supprimer l’obstacle du salaire minimum pour les jeunes peu qualifiés: des allégements de charges ciblés seraient réservés aux contrats de génération pour les rémunérations inférieures à 1,6 fois le smic. «Les sommes dégagées seraient réallouées à l’accompagnement des jeunes», poursuivent ces experts qui proposent, en outre, la simplification de la rupture du contrat de travail pour motif économique. Une réelle alternative entre des CDI trop stables et des CDD qui le sont trop peu. En ouvrant le RSA aux jeunes et en triplant les moyens de l’État pour l’accompagnement, le CAE voudrait ainsi inverser les courants de cette inquiétante