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Après la crise économique, la Turquie s’enfonce dans la crise sanitaire

Après la crise économique, la Turquie s’enfonce dans la crise sanitaire

 

La Turquie qui connaît déjà une terrible crise économique s’enfonce maintenant dans la crise sanitaire. La croissance s’écroule comme la monnaie qui a perdu 30 % de sa valeur depuis le début de l’année. Mécaniquement le chômage augmente de façon considérable et l’inflation devient incontrôlable.

Pour toutes ces raisons Erdogan a liquidé le gouverneur de la banque centrale et le ministre des finances. Mais l’incohérence d’Erdogan se manifeste aussi sur le terrain sanitaire avec une situation devenue difficilement contrôlable. Du coup ,des mesures restrictives de confinement ont été décidés «Nous faisons face à une situation très grave. Le nombre de cas et de morts a atteint un niveau préoccupant, notamment à Istanbul», a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d’une conférence de presse à Ankara. L’enseignement se fera en outre à distance jusqu’à fin décembre.

Recep Tayyip Erdogan a prévenu que si l’épidémie continuait de s’aggraver, le gouvernement serait «contraint d’envisager des mesures encore plus douloureuses». La Turquie a été durement touchée par la pandémie: elle a officiellement enregistré près de 420.000 cas et plus de 11.700 décès. Le nombre de morts en 24h est repassé mardi au-dessus de la barre de 100 pour la première fois depuis le 25 avril.

Crise sanitaire : un plan de relance surtout favorable aux grandes entreprises

Crise  sanitaire : un plan de relance surtout favorable aux grandes entreprises

Selon une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP), publiée lundi et diffusée par le Figaro, le plan de relance va surtout aider les grandes entreprises notamment industrielles.

Ce plan profitera dans une moindre mesure aux commerces, et beaucoup moins aux entreprises de l’hôtellerie-restauration ou des services.

Les auteurs jugent donc «optimiste» la prévision du gouvernement sur l’impact positif de cette mesure sur la croissance à moyen terme, d’autant plus que son financement «n’a pas été pris en compte».

En revanche, l’étude constate que les mesures d’urgence prises depuis mars (chômage partiel, prêt garanti, exonérations de charges, fonds de solidarité) ont bien rempli leur rôle, en ciblant les entreprises les plus fragiles financièrement, celles qui ont pu le moins maintenir leurs salariés en emploi et qui ont subi les plus fortes baisses de chiffre d’affaires.

Par secteur, l’hôtellerie-restauration, les services, les transports et les commerces sont ainsi les plus aidés. En revanche, les auteurs soulignent que ces dispositifs ont aussi «surtout aidé les entreprises petites, peu capitalistiques et peu productives dès avant la crise».

Enfin, selon l’étude, le choc de l’épidémie a eu un impact très inégal sur les revenus des ménages: les plus modestes, parce qu’ils sont notamment les plus susceptibles de travailler dans des secteurs touchés par le Covid-19, ont ainsi été les plus pénalisés. Ils sont aussi moins susceptibles de faire du télétravail et ont les contrats de travail les moins protecteurs (CDD, intérim, etc.)

De ce point de vue, les aides exceptionnelles aux bénéficiaires d’aide sociale et l’allocation de rentrée scolaire, qui ont atteint 173 euros pour les 20% de ménages les plus modestes, ou encore celles pour les indépendants et les petits entrepreneurs, ont permis de compenser en partie leurs baisses de revenus, note l’étude.

Les ménages du milieu de la distribution des revenus ont eux enregistré les pertes les plus importantes (jusqu’à 0,4%), l’indemnité de chômage partiel ne couvrant pas l’intégralité de leur salaire habituel. À l’inverse, les ménages les plus aisés, plus susceptibles de faire du télétravail et donc de conserver leur salaire complet, ont été moins pénalisés par la crise.

Croissance allemande : menacée par la deuxième vague sanitaire

Croissance allemande : menacée par la deuxième vague sanitaire

Jusque-là on se félicitait en Allemagne du moindre impact de la crise sanitaire sur l’économie en particulier de la forte résistance des exportations. Il est clair cependant que les destinataires de ces exportations sont touchés par les effets du virus et ont donc tendance à réduire les commandes. Ce que constate la Bundesbank qui prévoit même que la croissance pourrait tomber dans le rouge au dernier trimestre. Il est fort probable que dans les jours à venir les institutions vont être conduites à nouveau a réviser  à la baisse les perspectives économiques de l’Allemagne mais aussi de l’ensemble de l’union économique.

“La performance économique globale pourrait stagner, voire décliner, après une croissance très vigoureuse cet été”, a déclaré la Buba dans son rapport mensuel.

La banque centrale allemande y souligne néanmoins qu’un ralentissement économique d’une ampleur similaire à celui du printemps était peu probable. Selon elle, les progrès réalisés dans le développement d’un vaccin contre le COVID-19 ont également renforcé les espoirs de trouver “bientôt” un équilibre entre le contrôle du virus et le maintien d’une activité économique.

La chancelière Angela Merkel et les dirigeants des Länder, censés se réunir dans la journée, envisagent un renforcement des mesures sanitaires afin de stopper la hausse des nouvelles infections au coronavirus, d’après un projet de document que Reuters a pu consulter.

Crise sanitaire : «Il faut un message d’espoir  » (Muselier)

Crise sanitaire : «Il faut un message d’espoir  » (Muselier)

 

 

Renaud Muselier,  Président LR de la Région Sud, Renaud Muselier et de l’association Régions de France, souhaite un message d’espoir et notamment un calendrier plus clair dans la gestion de la crise sanitaire (interview dans l’Opinion)

Deux semaines après la mise en place du deuxième confinement, un conseil de défense sanitaire se tient ce jeudi, suivi d’une conférence de presse de Jean Castex. Demandez-vous des aménagements ?

Je leur demande surtout de dessiner des perspectives et de porter un message d’espoir. Aujourd’hui, tout est anxiogène, infantilisant. On avance à tâtons dans un tunnel sans percevoir aucune lumière. Certains choix faits peuvent apparaître comme discutables. Le débat démocratique est parfois rejeté. L’injonction d’Olivier Véran aux députés dans l’Hémicycle a semaine dernière – « Sortez d’ici » – a renforcé chez certains le sentiment d’une « dictature sanitaire ». Cela entraîne un rejet des décisions par manque d’adhésion, même si les Français savent qu’il faut sauver des vies. Il est donc impératif de remettre de l’espoir. Je sais que le Premier ministre est capable de le faire. Il en a l’âme et l’humanité.

« Remettre de l’espoir », qu’est-ce que cela signifie ?

Cela veut dire fixer un calendrier précis des prochaines étapes, même s’il n’est pas suivi au jour près ; rappeler que Noël restera une fête et que l’on célébrera la nouvelle année, même si cela sera un peu différent ; préparer dès maintenant le déconfinement afin qu’un troisième confinement soit évité.

Que préconisez-vous pour ce futur déconfinement ?

Il faut que cette fois-ci des critères précis, qui ne changent pas en cours de route, soient fixés. Est-ce le taux d’incidence ou le taux de positivité, et ce, sur quelle population ? Le nombre de lits de réanimation ? Se base-t-on sur les chiffres des ARS ou des hôpitaux ? Mesure-t-on ces critères à l’échelle des grandes villes, des métropoles, des départements ? Si tout le monde est d’accord sur le thermomètre, il y aura moins de contestation. Je demande aussi que le conseil scientifique se taise et cesse d’angoisser les Français afin de forcer la main aux politiques. Certes, il faudra vivre avec le virus mais il faudra surtout le prendre de vitesse. Pour cela, nous disposons dans ma région du test des eaux usées, élaboré par les marins-pompiers de Marseille. C’est un outil très fiable qui permet de repérer une semaine à l’avance les futurs clusters quartier par quartier, Ehpad par Ehpad, immeuble par immeuble. Pour l’exploiter au mieux, on va créer le 20 novembre une centrale d’achats afin d’inonder la région d’un million de tests rapides.

La territorialisation, c’est-à-dire l’adaptation de la politique sanitaire à chaque territoire, a été un échec du premier déconfinement. On l’a vu en septembre à Marseille, où les élus locaux, dont vous-même, se sont opposés aux mesures préconisées par le gouvernement pour tenter d’enrayer la deuxième vague. Comment éviter que cela se reproduise ?

Cela n’a pas marché à Marseille parce que les décisions ont changé tout le temps ! Le préfet nous consultait sur certaines mesures et le gouvernement en décidait d’autres applicables une heure plus tard. Nous n’avons pas été irresponsables : nous avions proposé de limiter les mariages, les rassemblements, de fermer au-delà d’une certaine heure les plages… Les critères pour juger de la circulation du virus n’étaient pas les mêmes pour tous, donc certaines mesures ont pu paraître injustes, la maladie circulant davantage dans d’autres régions.

Faudra-t-il rouvrir les lycées normalement ?

Dès la fin du précédent confinement, j’avais proposé que les lycées soient immédiatement rouverts. Aujourd’hui, ils fonctionnent à peu près partout normalement et peu de problèmes sont à déplorer. Chaque région s’est adaptée aux choix pédagogiques qui ont été faits. Du gel, des masques, des protocoles ont été mis en place. A la région, j’ai recruté 200 personnes pour traiter les cas contacts. La jeune génération a besoin d’apprendre, de se lever le matin, d’avoir des perspectives d’avenir.

Comment les régions peuvent-elles davantage aider les commerces de proximité ?

Aujourd’hui 110 000 petits commerces, restaurants, entreprises de l’hôtellerie sont fermés dans ma région. Nous avons donc reconduit les mêmes dispositifs d’aides que lors du premier confinement. Au premier semestre, entre l’Etat et nous, cela avait représenté 760 millions d’euros. Nous avons aussi lancé une plate-forme sauvernoel.maregionsud.fr, où les cinq millions d’habitants de Provence-Alpes-Côte d’Azur peuvent trouver un annuaire complet afin d’acheter leurs cadeaux près de chez eux. Une aide pouvant aller de 2 000 à 5 000 euros a également été mise en place afin d’aider les commerçants à digitaliser leur activité.

Dans le rapport qu’il remettra vendredi au Premier ministre, Jean-Louis Debré devrait plaider pour le report des régionales de mars à juin. Approuverez-vous ?

Par nature, je me méfie dès que l’on touche au calendrier électoral. Je comprends que la question se pose. Comment faire campagne dans un tel contexte sanitaire, ne pas répéter le fiasco des municipales ? Mais pourquoi se précipiter pour répondre ? Passons Noël et les fêtes de fin d’année, voyons alors où nous en sommes de la situation sanitaire. Il sera temps de voir, mi-janvier, s’il est possible de voter en mars. Je m’en suis entretenu avec Jean-Louis Debré qui a échangé également avec d’autres présidents de région. Au sein de Régions de France en tout cas, nous n’accepterons pas des régionales reportées après juin.

Conseil de défense sanitaire : du bidon

Conseil de défense sanitaire : du bidon

 

Sémantiquement,  on peut évidemment comprendre la nécessité de recourir à un conseil de défense concernant le champ militaire et plus généralement la sécurité du pays. C’est beaucoup plus discutable concernant la situation sanitaire. Cela d’autant plus qu’on dispose déjà de multiples instances nationales chargées de veiller et de conseiller le gouvernement. Un gouvernement qui a aussi créé un comité scientifique derrière lequel il s’abrite le plus souvent pour dissimuler une politique très hésitante.

 Ce conseil de défense sanitaire ne se justifie pas, il ne fait pas preuve de compétence particulière et permet simplement de s’affranchir des règles de droit pour  imposer des mesures restrictives au demeurant contradictoires et souvent inefficaces. À ce compte, on pourrait aussi créer un conseil de défense dans tous les champs régaliens du gouvernement.

Dans l’ordre il faudrait sans doute un conseil de défense économique compte tenu de l’écroulement de l’activité française prévue à 11 % en 2020 soit à peu près le double de l’Allemagne. Il conviendrait aussi de mettre en place un conseil de défense de l’éducation eu égard à la déliquescence des niveaux scolaires et au laxisme général qui caractérise l’école française. Un conseil de défense des finances serait aussi utile puisque l’endettement de la France va atteindre le chiffre record de 120 % du PIB et qu’évidemment personne ne sait comment on va amortir et quand cette énorme dette qui enfle sans toujours être très justifié. Manquerait plus qu’un conseil de défense écologique avec des citoyens tirés au hasard, enfin presque, pour imposer les mesures les plus inefficaces, les plus coûteuses et les plus utopiques.

Bref bien d’autres conseils de défense seraient nécessaires pour tenter de résoudre les problèmes du pays. Du coup, on pourrait faire l’économie du Parlement et d’une façon générale de toutes les instances intermédiaires compétentes. Bref les conseils de défense pourraient remplacer le conseil des ministres, le parlement et les institutions judiciaires dont il est vrai qu’elles n’ont pas non plus fait preuve d’une grande efficience surtout dans les champs prioritaires que sont l’économie, la crise sanitaire où le terrorisme.

 

Crise sanitaire : un confinement complètement inefficace

Crise sanitaire : un confinement complètement inefficace  (Jean-Loup Bonnamy)

 

 

Jean-Loup Bonnamy condamne la psychose fait dérailler le monde dans un livre (Gallimard) et considère que la stratégie de confinement est complètement inefficace. Il faudrait s’inspirer selon lui des pays asiatiques qui prônent le dépistage massif et l’isolement des seuls malades. (Interview Le Figaro)


- Ce nouveau confinement permettra-t-il d’endiguer la seconde vague, alors que vous dénonciez l’archaïsme et l’inefficacité sanitaire du confinement du printemps dernier dans un court essai paru dans la collection «Tracts» de Gallimard?

Jean-Loup BONNAMY. - Je ne le pense pas. Ma principale critique contre le confinement est d’ordre sanitaire: le confinement n’est pas très efficace pour sauver des vies et désengorger le hôpitaux.

C’est un remède passéiste et archaïque, une sorte de ligne Maginot. Au début du 19ème siècle, le grand écrivain Pouchkine décrivait déjà le confinement imposé par les autorités russes pour lutter (sans succès) contre l’épidémie de choléra. Je suis assez surpris qu’en 2020, à l’époque d’Internet, dans un pays moderne qui se trouve être la sixième puissance mondiale, on utilise un remède qui fait davantage penser au début du 19ème siècle qu’à l’ère du big data. Je ne suis donc pas sûr que le confinement soit le meilleur choix sur le plan sanitaire. D’ailleurs aucune preuve scientifique de son efficacité n’existe. Même l’OMS (qui avait beaucoup appuyé le confinement au printemps) déconseille aujourd’hui le recours au confinement.

Relisez aussi Le Hussard sur le toit de Giono, qui se déroule en Provence durant l’épidémie de choléra de 1832 et vous verrez que le confinement marche mal. En effet, le bon sens voudrait qu’on sépare les malades des non-malades afin d’éviter la contagion. C’est la base de la médecine moderne et du traitement des maladies infectieuses (diagnostiquer/isoler/soigner). Or, dans le confinement, cette logique de séparation et de mise à l’isolement n’est absolument pas respectée.

Au contraire, on enferme ensemble des malades et des non-malades, facilitant parois ainsi la propagation du virus. C’est d’ailleurs ce qu’on a constaté dans les Ehpad: le confinement risque de diffuser la maladie chez les plus fragiles et d’aboutir à une hécatombe. Le précédent du bateau de croisière japonais Diamond Princess (où plus de 712 personnes furent contaminées) devrait nous alerter sur le danger de confiner ensemble des malades et des non-malades.

80 % des contaminations ont lieu dans le cercle familial et (…) la contamination en extérieur, à l’air libre, est presque impossible

Fermer les petits commerces ou empêcher les gens de sortir dans la rue sans attestation est assez inutile puisque 80 % des contaminations ont lieu dans le cercle familial et que la contamination en extérieur, à l’air libre, est presque impossible.

Cette faible efficacité sanitaire du confinement pour lutter contre le Covid-19 et sauver des vies est frappante lorsque l’on compare les pays. L’Argentine est confinée depuis le printemps et le nombre de morts du Covid y augmente encore. Au contraire, Taïwan (21 millions d’habitants) n’a pas confiné et n’a eu que sept morts! Les pays qui ont confiné longtemps au Printemps (Espagne, Italie, France, Belgique, Royaume-Uni…) affichent un nombre de morts très élevé. Au contraire, l’Allemagne, qui a fait le choix d’une autre stratégie avec un semi-confinement beaucoup plus souple, terminé plus tôt, mais un dépistage massif et une bonne qualité de soin, compte six fois moins de morts par habitants que la France. Les pays asiatiques qui font le choix du dépistage et de l’isolement des malades (7 décès à Taïwan, 400 en Corée, 107 à Hong-Kong…) comptent beaucoup moins de décès. Et ce sans même recourir au moindre confinement!

Vouloir arrêter une épidémie avec le confinement, c’est comme vouloir arrêter la mer avec ses bras. Le virus est une création de la nature. Si l’épidémie s’est arrêtée partout en Europe en mai (y compris en Suède, pays qui n’a pas confiné), c’est en grande partie pour des raisons naturelles. Si elle reprend aujourd’hui, ce n’est pas à cause d’un «relâchement» des Français ni d’un déconfinement trop rapide ni d’une perte de contrôle, mais pour des raisons naturelles. On nous dit aujourd’hui que l’épidémie est devenue hors-de-contrôle: ce n’est pas exact.

Certes, elle est hors de contrôle aujourd’hui, mais en réalité, elle l’a toujours été. On ne sait pas contrôler la propagation d’un virus respiratoire. Si elle s’est mise en sommeil à l’été, c’est pour des raisons indépendantes de notre action. C’est un fait bien connu que dans les régions tempérées comme l’Europe (ce n’est pas le cas dans les autres types de climats), les virus respiratoires sont plus contagieux et plus violents à la saison hivernale. C’est d’ailleurs cette saisonnalité des virus respiratoires qui nous a permis d’annoncer dans notre livre (avec raison, hélas) la survenue d’une deuxième vague et la saturation pour l’automne de notre système hospitalier. Et c’est pour cette même raison que je ne crois pas au confinement, car à ma connaissance il n’a pas la capacité d’agir sur le taux d’humidité ou le cycle des saisons.

Combien de confinements allons-nous vivre ?

Surtout, quand même bien le confinement marcherait, les contagions reprendraient très vite dès le début du déconfinement tant que l’hiver ne sera pas passé. Il faudrait donc reconfiner et ainsi de suite. Combien de confinements allons-nous vivre?

D’autres solutions seraient possibles, sans que le nombre de décès n’explose?

Oui. Je doute de l’efficacité des mesures générales. Prenons un exemple: les accidents de la route tuent un million de personnes par an, avec une moyenne d’âge bien plus basse que celle du Covid. Pourtant, on n’interdit pas la voiture pour autant. Mais on prend des mesures ciblées: réfection des routes, lutte contre l’alcoolémie, voitures plus solides et avec des airbags…Entre tout fermer et ne rien faire, il existe un juste milieu, qui est la seule attitude efficace: les mesures ciblées.

Autre exemple: au Japon, il existe un phénomène naturel très grave: les séismes. Les Japonais ont-il eu l’idée bizarre d’empêcher les séismes? Bien sûr que non! Cela veut-il dire qu’on ne peut rien faire contre les séismes? Certainement pas! D’une part, les Japonais cherchent à détecter le mieux possible les tremblements de terre afin d’évacuer la population au plus vite, d’autre part, ils font des constructions anti-sismiques très robustes. Pour le virus, c’est la même chose.

Il est illusoire et irréaliste de penser qu’on va contrôler la circulation d’un virus respiratoire émergent dans un pays de 67 millions d’habitants. Ce serait comme vouloir empêcher les séismes. Mais cela ne signifie pas qu’on ne peut rien faire contre le virus. Bien au contraire. L’objet principal de mon essai est de dessiner une stratégie sanitaire alternative, sérieuse et crédible, inspirée de ce qui réussit à l’étranger et du retour d’expérience des soignants sur le terrain, une stratégie plus efficace que le confinement pour sauver des vies. Comme je l’ai dit, le danger du virus n’est pas sa (faible) mortalité, mais sa capacité à saturer les hôpitaux. Or, le confinement ne réglera pas ce grave problème de saturation hospitalière. Pour le régler, il n’y a que deux choses à faire.

D’une part, augmenter en urgence les capacités hospitalières. Il faut mobiliser l’armée (comme l’ont fait les Suédois), les cliniques privées, les médecins et infirmiers libéraux, les médecins et infirmiers récemment retraités, recruter des femmes de ménage (pour décharger les soignants de toutes les tâches non-médicales, comme par exemple refaire les lits). Comme le propose le Docteur Kierzek, on pourrait aussi organiser les services différemment: plutôt que de mettre dans une même équipe cinq médecins-réanimateurs, éclatons le service en séparant les spécialistes et en plaçant autour d’eux des internes ou des infirmiers non-spécialisés, mais coachés par le réanimateur. On multiplierait ainsi d’autant le nombre d’équipes de réanimation. Il nous faut plus de lits de réanimation (environ 20 000 au total) et aussi plus de lits conventionnels en soins intensifs.

Les Slovaques viennent de tester 75 % de leur population en un week-end !

D’autre part, il faut appliquer le tryptique tester – isoler – traiter. Il faut un dépistage de masse dans la société française: sur le lieu de travail, dans les Ehpad, dans les pharmacies…Les personnes à risque – que l’on peut identifier grâce au big data de l’assurance-maladie – doivent être dépistées deux fois par semaine, avec des tests antigéniques (plus rapides et moins chers que les PCR). Ainsi les Slovaques viennent de tester 75 % de leur population en un week-end! Si on est malade, il faut être isolé dans un hôtel (comme le fait la Corée et comme le préconise l’Académie de médecine).

Surtout, il faut prendre en charge les malades le plus tôt possible, en leur donnant de l’oxygène, et si besoin des corticoïdes et des anticoagulants. Cela permet de faire s’effondrer le taux de décès et de passage en réanimation. Et ça peut se faire à domicile ou à l’hôpital, avec un personnel qui n’a pas besoin d’être très formé. Avec une telle méthode, on éviterait le confinement, on sauverait l’économie et surtout on aurait bien moins de morts du Covid!

La peur est mauvaise conseillère: le confinement est un remède pire que le mal?

Ma critique du confinement est bien sûr aussi économique et sociale. Le remède (le confinement) risque d’être bien pire que le mal (le Covid). Le bilan coûts-avantages du confinement (que tout Gouvernement devrait faire avant de se décider) est largement défavorable au confinement. Durant le premier confinement, les violences conjugales ont augmenté de 40 %. La période a aussi été très dure pour les personnes atteintes de troubles psychiques et a multiplié les addictions et les dépressions.

Et la crise économique, ce sont des choses très concrètes: la récession, le chômage, l’appauvrissement généralisé, les faillites, les suicides, un pays exsangue…Le premier confinement a déjà jeté un million de Français en plus dans la pauvreté. Les bénéficiaires de l’aide alimentaire ont augmenté de 30 %. Le Secours populaire a vu exploser le nombre de demandes de repas et 45 % des gens qui sont venus étaient jusque là inconnus de l’association.

Si le confinement était un essai médicamenteux, on l’arrêterait tout de suite à cause des effets secondaires terribles! Il ne s’agit pas d’opposer économie et santé, car les crises économiques dégradent notre santé et tuent aussi. 1929 l’a prouvé.

Surtout, le confinement et ses effets économiques menacent notre système hospitalier. En effet, c’est l’activité économique qui, grâce à des impôts et à des charges, finance notre système hospitalier. Si on contracte l’activité, il y aura moins de rentrées fiscales et donc moins d’hôpitaux, moins de lits, moins de respirateurs avec des soignants moins nombreux et moins bien payés! Pour sauver notre système hospitalier, il faut déconfiner au plus vite!

Vous décrivez aussi la «psychose» qui s’est emparée du monde depuis le début de l’épidémie: en fait-on trop avec ce virus?

Ce virus nous pose un énorme problème de santé publique, qui vient du caractère potentiellement suffocatoire de la maladie chez les patients à risque. Nos services de réanimation risquent d’être submergés. Mais en ce qui concerne la dangerosité du virus, elle reste faible. L’épidémie de Covid-19 est une épidémie banale, d’ampleur moyenne, comme l’humanité en a déjà connu des centaines. Chaque année, 60 millions de personnes meurent dans le monde (dont 600 000 en France). En 2020, le Covid-19 à lui seul ne fera pas bouger le chiffre de la mortalité mondiale.

La mortalité du Covid-19 est bien inférieure à 0,5 %. Sur les 1046 marins infectés du porte-avions Charles de Gaulle, aucun n’est mort. La mortalité de son cousin le SRAS, qui toucha l’Asie en 2003, était comprise entre 10 et 20 %. Celle de son autre cousin, le Mers saoudien est de 40 %. Celle d’Ebola oscille entre 60 et 90 %. Comme dans l’écrasante majorité des infections respiratoires classiques et contrairement à la Grippe espagnole de 1918 qui frappait principalement des jeunes, le virus tue surtout des personnes âgées. Que ferons nous le jour où nous serons confrontés à un virus aussi contagieux mais bien plus létal que le Covid-19?

En 2016, les broncho-pneumopathies obstructives ont fait plus de deux millions de victimes. Cette année-là, on n’a pas arrêté l’économie de la planète pour autant.

Bien sûr, nous pourrions parler des grandes épidémies du passé, bien plus mortelles que l’épidémie actuelle, avec la Peste noire au 14ème siècle (40 % de la population européenne tuée!) ou la Grippe espagnole de 1918-1919 (50 millions de morts), mais rappelons juste qu’en 1969, alors que nous étions déjà un pays moderne, la grippe de Hong-Kong a fait un million de morts dans le monde, dont 35 000 en France. Pourtant, aucune mesure particulière n’avait été prise et la société n’en a gardé aucun traumatisme.

Selon l’OMS, en 2016, les broncho-pneumopathies obstructives ont fait plus de deux millions de victimes. Cette année-là, on n’a pas arrêté l’économie de la planète pour autant.

En Chine, la pollution deux millions de personnes par an. Cela veut dire que le nombre de morts causé par la pollution en Chine sera plus important que le nombre de victimes dues au Covid-19 non seulement en Chine, mais même dans le monde entier. Même chiffre en Inde. Si nous regardons les épidémies actuelles, nous voyons que deux millions de gens sont rongés vivants et mutilés par la lèpre (avec 200 000 nouvelles contaminations par an). 200 millions de gens souffrent du paludisme, maladie qui tue 500 000 victimes par an. Pourtant, ces pathologies bien plus dangereuses ne mettent pas le monde à l’arrêt, car comme elles sont connues de longue date, elles ne provoquent plus aucune hystérie. C’est la nouveauté du virus qui nous terrorise.

En 2020, les causes principales de la mortalité vont rester les mêmes que les années précédentes: cancers (neuf millions de morts par an), faim (9 millions de morts par an, il suffit donc de 40 jours à la faim pour tuer autant que le Covid depuis son apparition), pollution, broncho-pneumopathies (3,5 millions), infections respiratoires hors-Covid (2,5 millions, dont 600 000 pour la grippe), tuberculose (un million), paludisme, SIDA, hépatites, accidents de la route, guerres…Les vrais tueurs de masse du 21ème siècle en Occident ne sont pas le Covid-19. Ils ont pour nom: drogues, acides gras saturés, sel, sucre, surconsommation de médicaments, tabac (qui fait 75 000 morts en France chaque année)…Ce sont eux qui tuent le plus. C’est sur eux que nous devrons faire porter sur la durée nos politiques de santé publique.

En France (…) il n’est finalement pas mort plus de gens du 1er janvier au 30 septembre 2020 qu’en 2019 sur la même période

Comme le Covid tue surtout des personnes avec une espérance de vie déjà basse, il n’a pas pour l’instant provoqué de surmortalité. Dans notre livre, je cite l’exemple d’un médecin qui a intubé un homme atteint d’un cancer en phase terminale et qui ne pesait plus que 37kg…mais comme ce malheureux patient était aussi positif au Covid, il a été compté comme mort du Covid. En France, malgré la première vague et un pic de mortalité en avril, il n’est finalement pas mort plus de gens du 1er janvier au 30 septembre 2020 qu’en 2019 sur la même période. La Suisse a même connu en 2020 moins de décès au premier semestre 2020 qu’en 2019. Nous sommes donc en pleine surréaction contre-productive.

Cette surréaction confine même parfois au délire. En Inde, des agressions contre le personnel soignant (suspecté d’être contaminé) ont eu lieu. Des infirmiers et des médecins ont été attaqués dans la rue ou expulsés de chez eux par leurs propriétaires ou leurs voisins. Le problème est tel que le Premier ministre, Narendra Modi, a condamné ces actes publiquement et menacé leurs auteurs de poursuites judiciaires. En Italie, une jeune femme médecin a été tuée par son compagnon, qui l’accusait (à tort) de lui avoir transmis le virus. Au Canada, pays où la police peut débarquer chez vous pour vérifier que vous ne recevez pas des amis, Theresa Tam, responsable de la santé publique, a préconisé de porter le masque durant les rapports sexuels.

Ne prenons pas ces manifestations à la légère: la psychose tue. Souvenons-nous de ces drames courants qui surviennent régulièrement dans certains stades ou boîtes de nuit: un incendie se déclare, les gens fuient dans la panique, l’incendie ne tue personne mais la bousculade due à la panique, elle, fait plusieurs morts. Si tout le monde était sorti dans le calme, tout se serait bien passé. Souvenons-nous aussi de la défaite de 1940 et de l’Exode. Nous n’avions perdu que 2 % de nos soldats. Nos pertes n’étaient pas plus élevées que celles des Allemands et nous pouvions poursuivre la lutte.

Pourtant, nous avons été saisis par la «froide déesse» de la peur, pour reprendre l’expression de Joseph de Maistre. Totalement désorganisés, nous avons abandonné le combat et la population s’est enfuie sur les routes dans une pagaille généralisée qui a causé la mort de 100 000 civils! Au contraire, à Dunkerque, l’évacuation miraculeuse des troupes britanniques et françaises, au milieu des bombes allemandes, n’a été possible que parce que les hommes se sont montrés disciplinés et n’ont pas cédé à la panique. Étant aujourd’hui dans une situation infiniment moins grave que la leur, nous devrions, nous aussi, pouvoir garder notre calme.

Les médias ont eu, selon vous, une large responsabilité dans cette psychose…

L’Histoire est riche en psychoses collectives, mais c’est la première fois – à cause d’Internet et des médias – qu’une psychose gagne le monde entier ou presque. Pour expliquer cette psychose ambiante, nous avons développé un modèle explicatif: le triptyque médiatisation – émotion -mimétisme.

Les médias renforcent la psychose ambiante. Ils ont repris sans précaution les modélisations statistiques apocalyptiques de l’Imperial college de Londres, qui prédisaient 500 000 morts à la France si elle ne confinait pas. Or, les mêmes statistiques annonçaient 70 000 morts à la Suède sans confinement. La Suède n’a pas confiné. Bilan? 5 997 morts. 11 fois moins qu’annoncé. En termes de nombre de morts par habitant, c’est à peine plus que la France. Et c’est beaucoup moins que des pays qui ont pourtant lourdement confiné comme la Belgique, l’Espagne, l’Italie ou le Royaume-Uni.

Chez les plus de 90 ans, c’est-à-dire chez les plus vulnérables, la mortalité du virus est de 20 %

De même, les médias alimentent la psychose en nous donnant chaque jour le nombre de morts du Covid (même à l’été quand ce chiffre était fort bas). Pourquoi ne le font-ils pas aussi pour la grippe (entre 5 000 et 15 000 morts par an en France, avec un pic à 21 000 en 2017), les cancers, les accidents de la route ou les suicides? Ils nourrissent aussi la psychose en parlant sans cesse de quelques rares jeunes qui sont morts du covid-19. Mais les cas sont extrêmement rares et, quoique tragiques, restent insignifiants sur le plan statistique. D’ailleurs, chaque année, en France, quelques enfants et adolescents meurent de la rougeole, de la varicelle ou de la grippe (dont un nourrisson en janvier 2020 à Pontarlier).

Comme disait Lénine, «les faits sont têtus». La moyenne d’âge des patients décédés avec le Covid-19 est de 81 ans en France. Cette moyenne d’âge correspond à celle de l’espérance de vie! Dans le cas du Luxembourg, elle est même supérieure de 4 ans à celle de l’espérance de vie (86 ans de moyenne d’âge pour les victimes du Covid alors que l’espérance de vie luxembourgeoise est de 82 ans). En France, un tiers des décès a eu lieu dans les Ehpad, 80 % des victimes avaient plus de 75 ans, 93 % plus de 65 ans. Les deux tiers souffraient d’une comorbidité.

Seuls 2 % des patients décédés étaient âgés de moins de 60 ans et sans comorbidité connue (mais peut-être certains avaient-ils des comorbidités cachées). Même chez les personnes âgées, les taux de survie restent bons. Chez les plus de 90 ans, c’est-à-dire chez les plus vulnérables, la mortalité du virus est de 20 %. Ce qui signifie qu’un nonagénaire infecté a tout de même 80 % de chances de survie. A cela, il faut ajouter le critère du surpoids: 83 % des patients Covid en réanimation sont en surpoids.

Beaucoup de ces jeunes victimes du Covid-19 souffraient d’autres pathologies. On a par exemple beaucoup parlé de la mort d’un adolescent portugais. Mais après examen, on a découvert que, même s’il avait bien été atteint par le Covid, il souffrait d’un psoriasis qui avait affaibli son système immunitaire et que surtout il avait aussi une méningite, maladie qui soit fut la vraie cause de sa mort soit qui amplifia considérablement les effets du Covid. On nous a aussi parlé de la mort d’un adolescent guyanais de 14 ans. Certes, le pauvre jeune homme était positif au Covid, mais il était surtout atteint de la fièvre jaune, une maladie tropicale très grave, qui a une mortalité de plus de 30 % et qui fut la vraie raison de sa mort.

La BBC alimente la psychose collective en faisant passer un message subliminal : les enfants meurent aussi du Covid-19 ! Or la réalité statistique est tout le contraire

De même, sur son site, la BBC a consacré un article entier à la mort d’une petite fille de 5 ans. Au détour de l’article et sans insister sur cette information pourtant capitale, le média de référence britannique nous dit allusivement que la petite fille souffrait d’une autre pathologie, sans préciser laquelle. La mort d’un enfant est toujours un scandale. C’est injuste et horrible. Tout doit être fait pour empêcher que cela ne se produise. Mais ce sont des choses qui arrivent. Six millions d’enfants de moins de 15 ans meurent chaque année dans le monde. Un enfant meurt toutes les deux minutes du paludisme, soit 260 000 par an.

Tout en étant factuel, l’article de la BBC alimente la psychose collective en faisant passer un message subliminal: les enfants meurent aussi du Covid-19! Or la réalité statistique est tout le contraire: le virus est quasiment inoffensif pour les enfants et les adolescents. 0,4 % des victimes ont moins de 45 ans. Sur 39 000 morts en France, 28 ont moins de 30 ans. Et les rares fois où il tue des enfants, ceux-ci sont très souvent atteints par ailleurs d’une pathologie lourde. Plus tard, il faudra que les sociologues analysent soigneusement le rôle qu’ont joué les médias dans l’émergence d’une psychose mondiale face à une maladie peu létale.

La vie humaine a une valeur inestimable. Quel que soit son âge, toute personne doit être soignée et sauvée si cela est possible. Il est hors de question de laisser qui que ce soit mourir d’asphyxie alors que nous serions en mesure de l’empêcher. Mais mettre davantage en avant ces statistiques aurait trois avantages: réduire la psychose, mieux protéger les personnes à risque, laissez vaquer à leurs occupations habituelles tous ceux qui ne risquent rien.

Nous ne pouvons pas mettre tout un pays à l’arrêt et détruire notre économie pour un virus à la létalité aussi faible et qui tue un public aussi âgé et aussi ciblé. Nous devons maintenant utiliser d’autres méthodes pour protéger les personnes à risque.

Êtes-vous surpris par le consentement de la population française à ces mesures? Où sont passés les Gaulois réfractaires?

La population fait preuve d’un admirable civisme, même si ce second confinement est déjà beaucoup moins bien accepté que le premier. Mais le Gaulois réfractaire est une bombe à retardement.

Plus le confinement sera long, plus le risque de troubles sociaux violents est important. Déconfinons de toute urgence!

Crise sanitaire : un confinement très partiel et inefficace

 

 

Le mix du gouvernement en matière de politique sanitaire qui consiste à autoriser certains déplacements et en interdire d’autres ne paraît pas très efficace ni d’un point de vue sanitaire ni d’un point de vue économique. Sur le plan sanitaire les flux de personnes sont certes affectés mais beaucoup moins que leur du confinement du printemps dernier.

Sur le plan économique les mesures restrictives sont cependant suffisantes pour peser de façon assez négative sur la croissance. Si l’on se fie aux indicateurs de mobilité,  le recours au confinement actuel est très partiel. Pendant le premier finement du printemps les déplacements avaient diminué de leurs deux 80 %. Dans le cadre du nouveau confinement la mobilité en moyenne a baissé seulement de 30 %.

Le constat est similaire sur Apple Plan. Mercredi 4 novembre, les demandes étaient en baisse de 38% par rapport à la normale pour les voitures. La diminution était de 45% pour les trajets de transports en commun et de 55% pour les trajets réalisés à pied. Soit des taux bien inférieurs à ceux du premier confinement, où les demandes de trajets en voiture et à pied avaient diminués de près de 80%.

D’autres chiffres attestent d’une baisse de trafic inférieure au premier confinement. Cette semaine, la Société des autoroutes du nord et de l’est de la France (Sanef), faisait état d’une réduction de 30% du flux automobile. Ce dernier s’était réduit de 80% lors du premier confinement. Même constat à Paris, où la circulation était en baisse de 29% comme la fréquentation des transports collectifs en Île-de-France.

Le coût de la crise sanitaire

Le coût de la crise sanitaire

Il est difficile d’évaluer de manière précise le coût de la crise sanitaire en raison notamment du soutien  d’Etat sou forme de prêts normalement remboursables et qui ne le seront  pas en réalité. On a aussi sous-estimé un certain nombre de dépenses surtout celle qui vont nous conduire jusqu’à la fin d’année avec un reconfinement coûteux qui a ajouté 20 milliards aux dépenses déjà prévues.

Au total cette crise pourrait bien avoir engendré un trou de près de 200 milliards. Il y a les 100 milliards de pertes de rentrées fiscales du fait du ralentissement économique et donc des ressources d’impôts.

Parallèlement il y a environ 100 milliards de dépenses dont une dizaine dans le secteur financier même si la facture est loin d’être encore terminée. Le poste le plus important concerne la prise en charge du chômage partiel dont le coût devrait approcher les 35 milliards. Il faut ajouter un fond de solidarité pour les petites entreprises de l’ordre de 20 milliards et les dispenses exceptionnelles de cotisations sociales les secteurs les plus fragilisés, encore une dizaine de milliards.

On devra prendre en compte les aides apportées aux grands entreprises particulièrement touchées comme Air France, Renault et bien d’autres. Le soutien aux indépendants et d’autres lignes de dépenses encore mal appréciées. Il est particulièrement difficile d’évaluer le coût du soutien de l’État des prêts consentis aux entreprises par les banques. Normalement l’État s’était engagé à garantir jusqu’à milliards, 140 milliards ont effectivement été accordés par les banques.

Mais on connaît pas le montant évidemment des prêts qui ne seront pas remboursés par des entreprises suites aux faillites.

Covid-19 : « déni de réalité sanitaire, en ligne »

Covid-19 : « déni de réalité sanitaire, en ligne »

La frilosité des gouvernements à imposer de strictes mesures sanitaires ne tient pas seulement à leur souci pour l’économie. Elle s’explique aussi par leurs concessions au sentiment croissant de défiance envers toute parole d’autorité, juge Marie Peltier, spécialiste du complotisme, dans une tribune au « Monde ».

Le président Emmanuel Macron, le mercredi 28 octobre, puis le premier ministre, Jean Castex, le jeudi 29, ont annoncé un confinement partiel et limité dans le temps. Cette réaction timide face à la gravité du pic actuel de la pandémie de Covid-19 est à l’image de celle des gouvernements des autres pays européens. Depuis maintenant plusieurs semaines, les professionnels des soins de santé tirent la sonnette d’alarme sur le fait que nous courons collectivement à la catastrophe. Face à cela, le politique réagit par des mesures disparates et incohérentes, ce qui nourrit un sentiment d’absurdité déjà bien ancré chez les citoyens. Comment lutter contre le complotisme et la désinformation dans un contexte où le pouvoir politique lui-même est parfois hésitant devant la propagation d’arguments de moins en moins scientifiques et rationnels ?

Depuis le début de la première vague de Covid-19, une évidence s’impose : la crise du récit collectif est plus que jamais palpable. Il semble que nous peinions chaque jour un peu plus à tenir un positionnement collectif et cohérent face à cette pandémie dont nous n’aurions pu imaginer, il y a quelques années encore, qu’elle pourrait nous frapper. Cette composante traumatique est essentielle à rappeler : nous oublions facilement que cette pandémie constitue un événement bouleversant, qui perturbe en profondeur notre rapport à autrui et au monde, et notre confiance en l’avenir.

Sur cette perte de repères, le conspirationnisme contemporain – qui a gagné depuis vingt ans énormément de terrain au sein de nos sociétés – joue pour beaucoup le rôle de « kit clés en main » : il propose des réponses préfabriquées, à la portée de tous, à des interrogations et des angoisses éminemment politiques et, plus encore, existentielles. Les phrases toutes faites qui circulent actuellement sur l’opportunité ou non du port du masque, sur la prétendue « immunité collective », sur la supposée « exagération » de la situation, sont en fait le fruit d’années de discours idéologiques qui ont progressivement fait du complotisme un réflexe mainstream, se répandant à des degrés divers et dans des milieux variés.

Opérations de communication ubuesques

C’est une grave erreur d’analyse de penser que le politique est immunisé contre ce type de réflexe. C’est une erreur tout aussi grossière de penser qu’il combat le conspirationnisme en faisant des « concessions » à cette sémantique et à cet imaginaire politique. Or, ce que nous observons, c’est que les frontières entre le positionnement conspirationniste et la parole qui prétend lui faire face sont de plus en plus poreuses. Aujourd’hui, la frilosité des gouvernements européens à imposer un nouveau confinement complet et d’une durée suffisante pour infléchir la courbe pandémique ne s’explique pas seulement par leur préoccupation pour les économies nationales, pour l’éducation ou pour la santé mentale de leurs concitoyens. Elle s’ancre également dans la défiance envers la parole d’autorité (dont la parole scientifique) qui a aujourd’hui gagné tout l’espace public.

 

 

Crise sanitaire : « les conséquences graves chez les élèves »

Crise sanitaire : « les conséquences graves chez les élèves »

La crise sanitaire ne sera pas sans dommage pour l’enseignement et les élèves pour  Andreas Schleicher , à la tête de la direction de l’éducation et des compétences de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Il est également conseiller spécial du secrétaire général, chargé de la politique de l’éducation. Il a notamment lancé le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa).( Interview dans l’Opinion)

Pendant ce reconfinement, l’école reste ouverte en France. Une décision que vous saluez.

Oui, tant la fermeture des écoles au printemps a eu des conséquences négatives. A court terme, pour les élèves qui ont « décroché », mais aussi, à plus long terme, sur les apprentissages en général. Il est encourageant de constater que, dans ce nouveau confinement, le maintien de l’ouverture des écoles a désormais la priorité sur celui des bars et des restaurants.

Avec le recul, quels sont les pays de l’OCDE qui se sortent le mieux de cette période ?

Les pays qui ont des systèmes éducatifs misant sur l’innovation et la coopération tirent leur épingle du jeu. Comme le Danemark, l’Estonie, plusieurs régions en Allemagne et une large partie de l’Asie. Ils ont pour caractéristique commune de donner une très large marge de manœuvre aux enseignants, mais aussi aux responsables des établissements. L’autonomie professionnelle, l’éducation collaborative ne sont pas que des mots. Face à une situation de crise, elles permettent d’être plus agile et plus résilient.

« Les professeurs, dans leur grande majorité, travaillent de façon trop isolée, sans coopérer avec leurs collègues, sans être incités à prendre des initiatives »

A cet égard, quelles sont les principales lacunes du système français ?

Les professeurs, dans leur grande majorité, travaillent de façon trop isolée, sans coopérer avec leurs collègues, sans être incités à prendre des initiatives. Bien sûr, des initiatives individuelles formidables existent mais, globalement, le travail en solitaire est ancré dans les habitudes et dans les mentalités. Pour prendre une image, l’éducation pourrait s’inspirer de l’hôpital où les médecins soignent, mais font aussi de la recherche, expérimentent, échangent sur leurs pratiques. C’est ce qui manque au système éducatif français : s’intéresser systématiquement à ce que fait son voisin.

Quelles formes concrètes prend cette collaboration dans d’autres pays ?

L’exemple extrême est celui de la Chine où les enseignants y consacrent la moitié de leur temps. Ils échangent beaucoup avec leurs collègues, discutent avec les parents. Ils ne sont pas seulement des « profs », ils sont aussi des mentors, des coachs, des animateurs et des travailleurs sociaux vis-à-vis de leurs élèves. Cette conception de l’éducation a également cours dans les pays scandinaves comme le Danemark, la Finlande ou l’Estonie. Dans dix ans, ce dont les élèves se souviendront peut-être le plus, c’est l’enseignant qui a veillé sur eux, qui a été à l’écoute et qui les a aidés à aller de l’avant. En période de pandémie, l’école reste souvent un repère de stabilité. L’Espagne s’est bien débrouillée aussi, notamment parce que les partenariats public-privé ont été multipliés et des initiatives très intéressantes pour l’éducation par de multiples canaux, notamment en ligne, à la télévision et à la radio, ont été prises.

« On arrive à un coût stupéfiant à long terme de 2 000 milliards d’euros pour la France » 

L’OCDE a commencé à mesurer les conséquences des pertes dans les apprentissages. Quelles sont-elles ?

Il est naturel qu’une grande partie de l’attention du public se concentre aujourd’hui sur les défis à court terme en matière de santé et d’emploi. Mais les lacunes dans l’apprentissage qui découlent des fermetures d’écoles jetteront une ombre durable sur le bien-être économique des individus et des nations. Les personnes moins qualifiées seront moins productives, moins aptes à participer aux activités économiques et sociales et plus susceptibles de bénéficier de transferts sociaux. Et contrairement à l’impact économique direct de la pandémie, qui sera temporaire, ces effets se feront probablement sentir longtemps. Pour dire les choses simplement, nos écoles d’aujourd’hui sont nos économies de demain. Nous estimons que les élèves peuvent s’attendre à une baisse de revenus de quelque 3 % sur l’ensemble de leur vie. Ce calcul est basé sur des pertes d’apprentissage déjà équivalentes à un tiers de l’année scolaire en moyenne. Projeté sur nos économies, on arrive à un coût stupéfiant à long terme de 2 000 milliards d’euros pour la France. Et ce n’est que la moyenne. Les effets pour les élèves issus de familles défavorisées seront beaucoup plus importants.

Vous échangez souvent avec le ministre Jean-Michel Blanquer. Quelle appréciation portez-vous sur sa gestion de la crise ?

Jean-Michel Blanquer est sans doute l’un des meilleurs experts de l’éducation, et l’expertise est rare parmi les principaux décideurs politiques en Europe. Le problème majeur est le poids de la bureaucratie qui rend très difficile la mise en place de pratiques innovantes dans le système scolaire. L’idéal serait d’inclure les enseignants dans l’élaboration des politiques éducatives. Il n’est pas difficile d’introduire de nouvelles idées à l’école. Mais il est bien plus important de trouver ce qui fonctionne vraiment dans les salles de classe, de les mettre à l’échelle et de les diffuser. Lors d’une crise, la question n’est pas de savoir combien de personnes suivent les instructions, mais plutôt quelle est la qualité de leur collaboration

Coronavirus: L’état d’urgence sanitaire restauré sans débat à l’assemblée

Coronavirus: L’état d’urgence sanitaire restauré sans débat à l’assemblée

 

On se demande pourquoi l’Assemblée nationale continue ses travaux. D’abord parce que  finalement avec Macron elle ne sert à peu près à rien puisque la majorité a seulement pour mission d’approuver les textes du gouvernement. Une situation encore aggravée avec le Coronavirus. Ainsi le gouvernement sans consultation aucune du Parlement décide de restaurer l’urgence sanitaire. Bref la démocratie par décret.

Observons que pendant ce temps-là l’assemblée nationale fait semblant de discuter du un budget de 2021 complètement obsolète avec les orientations annoncées par le chef de l’État. Ce qu’a d’ailleurs reconnu secrétaire d’État des relations avec le Parlement.

On comprend évidemment le caractère d’urgence des mesures à prendre pour traiter la situation sanitaire mais cela n’est pas contradictoire avec l’ouverture d’un débat à l’assemblée. Le gouvernement a donc décidé mercredi par décret de rétablir l’état d’urgence sanitaire en France à partir de samedi en raison de l’épidémie due au nouveau coronavirus, peut-on lire dans le compte-rendu du conseil des ministres.

“Eu égard à sa propagation sur le territoire national, telle qu’elle ressort des données scientifiques disponibles, l’épidémie de covid-19 constitue une catastrophe sanitaire mettant en péril, par sa nature et sa gravité, la santé de la population”, dit le communiqué.

“Elle justifie que l’état d’urgence sanitaire soit déclaré afin que les mesures strictement proportionnées aux risques sanitaires encourus et appropriées aux circonstances de temps et de lieu puissent être prises.”

Conclusion : on ferait mieux de mettre l’Assemblée nationale et plus généralement le Parlement en congé !

Crise sanitaire : les erreurs de communication du gouvernement

Crise sanitaire : les erreurs de communication du gouvernement

 

Le vice-président du groupe Havas, Stéphane Fouks dans son livre pandémie médiatique donne une véritable leçon de communication au gouvernement à propos de la crise sanitaire ( interview dans Marianne)

Dans votre livre Pandémie médiatique*, vous donnez aux politiques, et d’abord à la Macronie, une leçon de communication de crise. Pourquoi?
Je m’adresse à tout le monde! J’ai écrit ce livre parce que je suis inquiet : alors que la pandémie continue de frapper, une crise démocratique gagne la France. Nous sommes menacés par trois échecs, qui forment ce que j’appellerais le triangle du fiasco français. Le premier, c’est l’incompréhension, par nos dirigeants, du monde médiatique dans lequel nous vivons : un monde accéléré, où l’image l’emporte sur l’écrit, l’émotion sur la raison. A l’heure des réseaux sociaux, aucune élite n’a le privilège de l’information ; qu’elle soit fausse ou vraie, elle est partagée par tous. Aujourd’hui, tout le monde est épidémiologiste, comme tout le monde est sélectionneur de l’équipe de France de foot!

Emmanuel Macron et les « Macron boys » sont pourtant arrivés à l’Elysée avec des mentalités de start-upeurs…
Le monde politique dans son ensemble continue de fonctionner à l’ancienne, avec le logiciel mitterrando-gaulliste d’une époque où la télévision était en noir et blanc, où il y avait trois radios et trois journaux, où la communication pouvait être verticale, martiale et virile et où, quand on avait fait Europe 1- Le Monde – TF1, on avait parlé à tous les Français. Il faut sortir des vieilles règles de com dépassées. Les entreprises, elles, ont su évoluer - beaucoup l’ont montré dès les débuts de la pandémie – pour mieux répondre aux aspirations des salariés et des consommateurs. Les dirigeants politiques gagneraient à s’en inspirer.

Vous parliez d’un triangle ; quid du deuxième sommet?
Le mode d’organisation de la France est inadapté au monde d’aujourd’hui. Ce pays de particularismes locaux s’est construit autour de la verticalité d’une administration toute-puissante. La France des préfets a sa légitimité, mais elle montre ses limites dans la crise actuelle : une même mesure pour tous partout, ça ne fonctionne pas. On l’avait pourtant vu avec la limitation de vitesse à 80 km/h : la décision n’est devenue acceptable qu’une fois décentralisée. La crise du Covid a révélé que l’arbitraire technocratique menait à des décisions absurdes et à des injonctions contradictoires! C’est le deuxième échec.

 

Quel est le troisième?
C’est l’infantilisation. Elle conduit nos dirigeants à sous-estimer les Français, leur maturité, leur civisme. On voit, par les données Google, que la France est le deuxième pays au monde pour le respect du confinement, loin devant l’Allemagne. Pourtant, l’infantilisation se poursuit avec les mesures récentes, comme la décision de fermer tous les restaurants et tous les bars. Pourquoi pas seulement ceux qui ne respectent pas les règles? On envoie alors un mauvais signal, qui décourage l’esprit de responsabilité.

Le mensonge n’est-il pas également une forme d’infantilisation ?
C’est une autre forme de ce mépris du peuple qu’entretiennent les élites françaises! En France, par une sorte de complaisance médiatique, on considère comme normal que le mensonge fasse partie de la boîte à outils politiques. Edouard Philippe a été le premier, et pour l’instant le seul, à oser dire « je ne sais pas » quand il ne savait pas. Ce qui est incroyable, c’est qu’on ait trouvé ça incroyable! Imaginez : un dirigeant qui fait confiance aux Français… En 2003, avec Bernard Sananès, nous avons écrit La Société de défiance généralisée, où nous analysions la méfiance de l’opinion envers les élites. On voit aujourd’hui, avec la crise du Covid, qu’elle est le miroir de la défiance des élites envers le peuple. Cette absence de confiance réciproque alimente une crise démocratique dont les conséquences peuvent être dévastatrices.

 

Si l’on vous suit, la crise sanitaire n’est qu’un accélérateur, pas un déclencheur?
La crise sanitaire révèle de façon aiguë une crise structurelle de notre pays. Mais elle marque aussi un tournant. Du point de vue médiatique, cette pandémie a une portée anthropologique : jamais un événement n’avait autant capté l’attention des médias. Pendant deux mois, 80% des contenus d’information, dans l’audiovisuel et sur Internet, n’ont été consacrés qu’à ce sujet. Le 11 septembre 2001 avait connu la même intensité médiatique, mais durant trois jours! Aujourd’hui encore, la pandémie représente 60% des contenus. La comparaison avec la grippe de Hongkong à la fin des années 1960 est édifiante : même nombre de morts en France (30.000), même nombre de morts dans le monde (1 million), et pourtant, on ne s’en souvient quasiment pas. J’y vois une raison : la grippe de Hongkong est la dernière pandémie de l’ère Gutenberg, la nôtre est la première de l’ère numérique.

 

Ce que vous soulignez aussi, c’est la déconnexion entre la qualité des politiques sanitaires et le jugement porté par l’opinion.
D’un point de vue sanitaire, le bilan, provisoire, du gouvernement semble plutôt honorable. Pourtant, la France est, avec les Etats-Unis, le pays où l’opinion juge le plus sévèrement la gestion de la crise par ses dirigeants. A l’inverse, en Suède, alors que le gouvernement a fait des choix contestables, 71% des Suédois lui font encore confiance. Cela prouve que la communication est essentielle pour maintenir le lien démocratique.

Avez-vous envoyé votre livre à Emmanuel Macron et Olivier Véran?
Bien sûr! Je suis aussi allé présenter mes analyses à l’Elysée, devant la mission chargée de l’évaluation de la crise, et j’ai évidemment rencontré Olivier Véran.

Si vous deviez résumer d’une formule ce que vous leur avez dit?
Il n’est jamais trop tard pour changer!

* « Pandémie médiatique – Com de crise/Crise de com », Plon, 182 pages, 17 euros.

Quelle politique sanitaire suite au Coronavirus (Gilles Savary)

Quelle politique sanitaire suite au  Coronavirus (Gilles Savary) 

Gilles Savary est ancien député PS de la Gironde et délégué général de Territoires de progrès, il  expose son point de vue dans l’Opinion alors que la Cour des Comptes vient d’adresser une critique sévère au système sanitaire et autre de la sécu ( 44 milliards au moins en 2020).

 

 

Pendant le confinement, « le jour d’après » a alimenté une intense littérature spéculative sur les lendemains de la crise sanitaire, où chacun se prêtait à rêver de l’avènement d’une société nouvelle empreinte de ses aspirations et de ses idéaux post-matérialistes. S’il dessine plutôt aujourd’hui le triomphe d’une économie numérique qui confirme, une fois encore, la formidable capacité d’adaptation du capitalisme au profit des GAFA plutôt que son effondrement, il accouche également d’un rapport désenchanté des peuples à la médecine et aux politiques de santé publique.

La gestion au jour le jour de la crise sanitaire, à grand renfort de comités scientifiques et d’exposition médiatique de sommités de l’immunologie, a massivement démystifié la confiance chamanique qui entourait les médecins ainsi que la foi du charbonnier accordée aux progrès de la science médicale. Du coup, le peuple en est sorti plus désemparé que rassuré, et la médecine y a acquis une dimension politique, tout aussi soupçonnable que la politique elle-même.

Paradoxalement, cet effort de transparence et d’objectivation scientifique des décisions de politique sanitaire a débouché, dans un contexte de tâtonnements et de controverses médicales à ciel ouvert, sur une subjectivisation de la représentation populaire de la médecine, et par conséquent des décisions de politique sanitaire. Le professeur Raoult y a ajouté l’avènement d’un populisme sanitaire, dont la chloroquine est devenue le totem, au point de l’ériger en médicament politique : celui de Donald Trump, de Jair Bolsonaro ou d’un Florian Philippot en France.

Le « jour d’après » n’est pas encore advenu et le rebond épidémique d’aujourd’hui doit faire face à ce désenchantement des certitudes scientifiques. Si les Français, par principe de précaution, se conforment globalement aux décisions de protection sanitaire du gouvernement, leurs inquiétudes économiques et sociales gagnent du terrain. Le « vivre avec » du président de la République a finalement inspiré une tolérance plus fataliste aux risques encourus.

Cela n’a sans doute pas dissipé les contradictions des Français qui seraient tout aussi prompts à dénoncer l’impéritie sanitaire du gouvernement en cas de nouvelle flambée des décès, qu’à en contester les rigueurs aujourd’hui.

Inflexions. Quoi qu’il en soit, médecine et politique sanitaire ont perdu de leur autorité scientifique « verticale » au profit d’une stratégie plus sélective, où considérations économiques, territoriales et politiques ne sont pas étrangères.

D’un côté, le gouvernement a changé de logiciel sanitaire en substituant une approche graduelle et différenciée des mesures de protection, en fonction des contextes locaux, aux mesures nationales uniformes du printemps dernier. De l’autre, les rebuffades des municipalités de Paris et de Marseille aux annonces gouvernementales de fermetures des bars sous la pression de professionnels excédés, ont imposé au gouvernement une approche plus prudente et plus collaborative avec les pouvoirs locaux.

Ces deux inflexions notables ouvrent probablement la voie à une réflexion et à des revendications de décentralisation ou de déconcentration sanitaire accrue pour le « jour d’après » en matière de politique sanitaire, même si les ARS (Autorités régionales de santé) tant décriées ont retrouvé un regain de pertinence.

Dans ce domaine plus que dans d’autre, la voie sera étroite entre les vertus magiques que les élus locaux accordent à la décentralisation et l’attachement des Français à l’égalité d’accès à la santé publique sur l’ensemble du territoire.

Gilles Savary est ancien député PS de la Gironde et délégué général de Territoires de progrès.

 

Trou de la sécu : revoir l’organisation sanitaire (Cour des Comptes)

Trou de la sécu : revoir l’organisation sanitaire (Cour des Comptes)

 

 

 

Alors que la sécurité sociale était proche de l’équilibre la crise sanitaire a agrandi d’un coup le trou. Rien que cette année le déficit va atteindre 44,4 milliards d’euros en 2020 et les perspectives 2021 pourront encore faire apparaître une insuffisance de 27 milliards. Un déficit qui va se prolonger encore 2024 avec un trou de 20 milliards par an. La Cour des comptes considère qu’il est fondamental de revoir l’organisation sanitaire.

 

La Cour des Comptes estime que la discussion Ségur s’est surtout préoccupée de dépenses mais pratiquement pas d’économies concernant l’offre de soinsL’une des principales mesures proposées concerne la carte des hôpitaux. En clair, la Cour des Comptes propose la suppression et la fusion de certains hôpitaux. Un processus pourtant engagé depuis longtemps puisque certains hôpitaux n’offrent que des spécialités de plus en plus réduites. Dans nombre de départements cela conduit à ne faire subsister qu’un seul établissement hospitalier.

Sont mises aussi en cause la gestion des agences régionales de santé. Finalement, un ensemble de considérations et de propositions qui ne sont guère nouvelles. La cour des comptes fait l’impasse cependant sur l’impérative nécessité de procéder à des audits systématiques de la gestion des hôpitaux devenus de véritables usines incontrôlables et incontrôlées  sinon par des critères de gestion trop globaux.

Expertise sanitaire: trop de pifométrie

Expertise sanitaire: trop de pifométrie

Martin Blachier, épidémiologiste conteste les modalités de choix des experts et leur méthodologie dans une tribune au monde

Une femme effectue un test de dépistage du coronavirus en Allemagne

 

Dans la gestion de cette crise, alors que l’Allemagne et la Suède s’appuyaient sur leurs équipes d’épidémiologistes et leurs modélisations, en France nous avons préféré nous fier aux « intuitions et expériences » d’experts infectiologues. On en connaît le résultat. Revenons sur quelques évènements marquants.

Le professeur Raoult, microbiologiste renommé, a affirmé pêle-mêle à partir de la fin avril que la « deuxième vague était de la science-fiction » ou que « l’histoire de rebond était une fantaisie… », sans étayer ses intuitions par un quelconque rationnel ou calcul scientifique. Dans le même temps, notre publication dans la revue Naturefondée sur la dernière génération de modèle épidémiologique (agent-based model), montrait qu’il existait un risque significatif d’une deuxième vague, et ce malgré la stratégie mise en place en France après le déconfinement. Cette alerte tombait dans l’indifférence.

En février, ce même professeur Raoult évoquait les résultats positifs d’une première étude chinoise sur l’hydroxychloroquine. Suivant son intuition, au lieu de mettre en place un essai clinique à l’IHU de Marseille, son équipe va publier plusieurs études non-comparatives en concluant définitivement à l’efficacité du traitement. Ainsi, le Pr Raoult emporte le monde entier dans un élan vers l’hydroxychloroquine, stoppé trois semaines plus tard par les premières études comparatives publiées. A la question « pourquoi ne pas avoir réalisé un essai clinique », le Pr Raoult répondra qu’il n’est pas utile, ni éthique, de conduire des essais cliniques pour estimer l’efficacité d’un nouveau traitement. Et qu’il ne le fera jamais…

Le professeur Delfraissy, infectiologue émérite, ancien coordinateur interministériel de la lutte contre Ebola, prend la tête d’un conseil scientifique dont il décide la composition et la méthode de travail. Chacune de ses décisions sera fondée sur ses expériences passées. Sauf que le SARS-CoV-2 est très différent d’Ebola et même du SARS-CoV-1. Malgré cela, il fonde sa stratégie sur un « Tester-Tracer-Isoler », sans avoir réalisé de calculs sur l’efficacité attendue des différents scénarios. Aucun des avis publiés par le conseil scientifique ne contient d’arguments chiffrés, ni de référence à la littérature scientifique existante.

Or, il n’y a pas besoin de modèle complexe pour mettre en doute l’efficacité de cette stratégie. En effet, dès mars, on disposait de données montrant qu’au moins 50 % des personnes infectées étaient asymptomatiques, et que les personnes étaient contagieuses avant les symptômes. Il aurait été de bon ton qu’un membre de ce conseil scientifique s’appuie sur ces données. Nous l’avons publié dans nos travaux et expliqué à maintes reprises dans les médias. Mais le Pr Delfraissy et son conseil scientifique n’en démordront pas, persuadés que cette stratégie a permis à la Corée du Sud d’être épargnée par l’épidémie. En réalité, il est probable que la Corée ait surtout bénéficié de la culture du masque, comme nous le modélisions déjà en avril, et comme le soulignait Jérôme Salomon lui-même. Par la suite, il sera mis en évidence l’importance de la voie aérosol dans la transmission du SARS-CoV-2.

. Enfin, le professeur Pitet, hygiéniste suisse et « inventeur » de la solution hydroalcoolique, à qui a été confiée l’évaluation de la gestion de la crise en France, assure comme une vérité établie que la transmission de ce virus respiratoire est en grande partie manuportée. Sauf que les dernières données semblent montrer qu’il se transmet essentiellement par l’air, d’où l’importance du port du masque. Ainsi l’effet du lavage des mains est sans doute négligeable. Globalement, les données sur l’efficacité du lavage des mains dans la prévention des infections respiratoires ont un niveau de preuve plus que faible.

Il s’avère ainsi que l’erreur française est plus celle du choix de l’expertise consultée que celle de la décision publique résultante. La prise de décisions aussi lourdes nécessiterait que l’on s’appuie sur des outils mathématiques complexes, développés par des équipes de pointe, et non sur un groupe d’experts qui se fie uniquement à son expérience passée.

Dans les leçons que nous tirerons de cette crise, il ne faudra pas éluder la question de la méthode de l’expertise consultée, ou nous continuerons de poser des questions à des interlocuteurs qui sont incapables d’y répondre.

Martin Blachier est médecin et épidémiologiste.

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