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Importation de sable au Sahara et en France ?

Importation de sable au Sahara et en France ?

 

 

. Quelques médias se sont faits l’écho d’une pénurie de sable. En y regardant de près, et en se penchant sur le cas de la France, on s’aperçoit hélas que si pénurie il y a, ce n’est pas à cause du manque de ressource, mais de la difficulté d’accès à celle-ci. Par Philippe Cunin, ingénieur géologue, spécialiste des minéraux industriels et des matériaux de construction.

 

Du fait des complexités administratives et juridiques, en risque donc de manquer de sable. Pour illustrer cette pénurie ubuesque Philippe Cunin  rappelle la célèbre citation de Coluche: « Les technocrates, si on leur donnait le Sahara, dans cinq ans il faudrait qu’ils achètent du sable ailleurs » NDLR 

A la fin du mois d’avril, le Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE) a publié un rapport alertant sur une crise du sable. Selon les experts à l’origine de ces travaux, il y aurait un risque de pénurie de sable qui est l’une des richesses les plus exploitées après l’eau. Le rapport en question évoque une exploitation anarchique car non réglementée et qui ne cesse de croître du fait d’une demande toujours plus importante (la consommation de sable aurait triplé en 20 ans) due à une croissance d’activités industrielles dans le secteur de la fabrication de verre, du béton et de matériaux de construction qui auraient triplé en deux décennies pour atteindre 50 milliards de tonnes par an, soit, selon les rapporteurs, « environ 17 kilogrammes par personne et par jour ».

Le géologue, les experts du BTP et de la construction doivent éclaircir ces informations préoccupantes, car de nombreux amalgames subsistent. On appelle généralement sable – naturel ou fabriqué -  des particules minérales inférieures à 2 millimètres… Les sables dits industriels sont essentiellement des sables purs chimiquement en silice, ils sont rares et servent à la fabrication évoquée du verre et ne représentent que 1% des tonnages indiqués au niveau mondial par le rapport de l’ONU cité.  Il ne faut pas confondre ce sable avec celui utilisé dans les routes et béton ni avec les granulats fabriqués à partir de roches dures. Le granulat, quant à lui, est un terme générique regroupant sables, graviers, terrestres ou marins, graves, matériaux concassés primaires ou secondaires. Il est totalement aberrant et incompréhensible que les auteurs du rapport aient maintenu en permanence la confusion y compris donc dans les usages.

La communication effectuée par les auteurs du rapport est fort dommageable pour la compréhension des enjeux. C’est ainsi qu’ils citent en exemple l’augmentation des travaux routiers ; or ce sont bien des granulats que l’on utilise en grande quantité pour faire ce genre de travaux et non du sable de silice. De même, les différentes industries utilisatrices de sables sont mentionnées avec un manque de précision : par exemple pour l’asphalte, on met moins de 5% de sable, mais 90 à 95% de « gravillons » ; pour l’électronique, ce n’est pas du sable siliceux mais essentiellement du quartz en roche ou en galets qui est cuit pour produire du silicium métal ; pour le Bâtiment on fait du béton où le « vrai sable » représente environ 20 à 30% du mélange, le reste étant à base de ciment, de gravillons et d’eau. Il n’y a finalement que l’industrie verrière citée dans le rapport qui utilise dans la formulation du verre effectivement 80% de « sable industriel » ou « silice »… Pourquoi entretenir cette confusion qui laisse à penser que ces 50 milliards de tonne sont du sable ? En l’absence de ces distinctions, le rapport donne une image faussée et on ne peut produire le bon diagnostic. Cela renforce les a priori négatifs dans l’esprit du public. D’autant plus que les réserves en roches dures calcaires, granits, et roches métamorphiques destinées aux granulats sont pratiquement illimitées, même si y accéder relève du parcours du combattant.

Et comme on va le voir, ce risque de « pénurie de sable » mais aussi de granulats existe bel et bien, mais c’est pour une toute autre raison.

Une autre imprécision diffusée par les médias qui ont repris le rapport est qu’il y aurait une extraction anarchique du sable partout dans le monde, y compris en Europe et donc en France. Il est impératif de corriger cette fausse nouvelle. Notre pays est le troisième producteur européen de silice avec 50 carrières qui extraient environ 6,5 millions de tonnes de sable siliceux par an, ce qui représente 1,4% de l’extraction minérale totale en France pour une superficie infime de notre territoire de 0,002%. Si l’on compare aux aires protégées qui seront de 30% d’ici 2030, cela donne une idée du caractère insignifiant. S’il y a un jour pénurie de sable dans notre pays, ce ne sera pas dû à l’absence de réserve mais aux nombreuses restrictions et contraintes pour obtenir une autorisation d’extraire. Un véritable mille-feuille réglementaire encadre l’activité, et il en va de toutes les matières premières minérales qui sont soumises au code forestier, code rural, code de l’urbanisme, code de l’environnement, code du travail…

Le point fondamental est que cette activité dépend de la géologie, et donc la localisation géographique est très ciblée ; or, le sol français est régi par une bonne trentaine de zonages plus ou moins contraignants. En voici quelques-uns regroupés en trois grandes catégories :

- Les zonages liés aux milieux physiques (protection géologie, milieux aquatiques, climat etc),

- Les zonages liés aux milieux naturels, au paysage, au patrimoine (protection des paysages, ZNIEFF, ZICO, ZPS, APPB, réserves naturelles, PNR, protection aux abords des monuments historiques etc.),

- Les zonages liés aux milieux humains (préservation des surfaces agricoles et forestières, zonage des PLU, SCoT, etc.)

Tout récemment s’est ajoutée donc la mise en place de la SAP (Stratégie d’aires protégées) : 10 % stricte et 30% au total d’ici 2030 de la surface nationale… Pour rappel, les carrières toutes roches confondues ne représentent que 0,1 % !

Les contraintes sont nécessaires qu’il s’agisse de nature, d’urbanisme ou d’archéologie, chaque carrier en conviendra, mais la juste proportion a disparu laissant place à un déséquilibre important entre protection et accès à la ressource minérale, malgré la restitution de sites naturels exemplaires.

Le lecteur comprendra qu’une exploitation anarchique du sol et des ressources sur le territoire français est totalement impossible. Toute ouverture de carrière nécessite la mobilisation d’équipes pendant des années qui se consacrent aux démarches techniques, administratives et foncières. Les études spécifiques (hydrogéologie, écologie, hydraulique, bruit, agriculture, climat, transport, etc.) permettent de répondre à la principale préoccupation du carrier qui reste la préservation de l’eau, des sols, de la faune et de la flore, de l’air et aussi bien entendu de la ressource. Les autorités compétentes effectuent des contrôles fréquents et n’hésitent pas à mettre en demeure des sites, si jamais la réglementation en vigueur n’est pas respectée, ce qui est compte-tenu du professionnalisme des exploitants, très rare. Enfin, à tout cela s’ajoute une véritable gageure : la maitrise foncière qui relève de longues négociations avec les propriétaires. Avec une telle liste de précautions, il va sans dire que la France malgré ses réserves géologiques risque bien de manquer de matières premières : la vision à 20 ans pour approvisionner nos propres industries n’existe pas et le scénario de l’importation de silice commence déjà à se produire. Et quand on aura rapatrié notre industrie pharmaceutique, celle-ci aura toujours besoin de sable pour faire des fioles de vaccin par exemple…

Hélas, tous ces arguments peinent à être entendus du grand public qui cède plus facilement aux messagers qui annoncent des catastrophes et blâment sans nuance les industriels. Or, on ne travaille pas avec les mêmes normes sur les rives du Gange qu’en proximité de la Forêt de Fontainebleau. Voici une nuance que ne fait pas le rapport de l’ONU, et c’est bien dommage car les médias qui ont repris l’histoire n’ont pas pris la peine de vérifier. Quant aux propositions préconisées par les auteurs du rapport, elles ne font que déplacer le problème en laissant croire que certaines solutions n’auraient pas d’externalités négatives : ainsi ils évoquent la possibilité de privilégier la construction en bois. Pourquoi pas, mais si demain tout le monde se met à avoir une maison en bois, l’ONU ne va-t-elle pas devoir faire un nouveau rapport pour dénoncer les risques liés à la déforestation, à l’épuisement des sols etc.? Et puis a-t-on déjà construit des routes en bois et des flacons en écorce de sapin ?

Il est temps de revenir au bon sens… sinon le trait d’humour d’un célèbre humoriste français risque bien de se transformer en prophétie [1].

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[1] Vous aurez reconnu le bon mot de Coluche « Les technocrates, si on leur donnait le Sahara, dans cinq ans il faudrait qu’ils achètent du sable ailleurs ».

L’élimination du chef Jihadiste du Sahara (Christophe Gomart)

L’élimination du chef Jihadiste du Sahara  (Christophe Gomart)

Christophe Gomart , ancien directeur du renseignement militaire, revient sur l’opération d’élimination du chef djihadiste du Sahara. (Dans le JDD, extrait)

 

L’élimination d’Adnan Abou Walid Al-Sahraoui, le chef de Daech au Sahel, a été annoncée jeudi alors qu’elle a été menée le 17 août. Pourquoi un tel délai?
Dans ce genre d’opérations, la question de l’authentification est cruciale. Après chaque raid comparable de drone, il y a toujours une mission de vérification au sol dans la foulée, pour s’assurer de l’identification de la personne ciblée. Dans les heures qui précèdent et au cours même du raid, il y a toujours des images ou du son qui sont exploitables. Et si on finit par tirer, après avoir écarté les risques de dommages collatéraux, c’est parce qu’il y a une quasi-certitude qu’on a identifié notre cible. Mais il s’agit aussi de récupérer du matériel ou des données qui permettent de compléter nos informations. Pour Omar Ould Hamada, l’un des chefs d’Al-Qaida éliminé en 2014, on ne savait pas s’il avait été tué par un bombardement ou au contact des forces tchadiennes au sol accompagnées par des éléments de nos forces spéciales. On avait récupéré son ADN, que l’on avait transmis à la DGSI. La DGSI l’avait ensuite fait authentifier par les services de renseignement algériens. Tout cela peut prendre du temps.

Faut-il attendre que les organisations djihadistes reconnaissent la perte d’un de leurs chefs ou les devancer au risque d’être démentis?
Le temps d’attente permet à toutes les autorités politiques et militaires d’êtres prévenues. Ce n’est pas le commandement des opérations spéciales qui décide de communiquer en la matière. La communication est assurée à trois niveaux avec le chef d’état-major des armées en coordination avec la ministre des Armées et le président de la République, et parfois à quatre avec le directeur de la DGSE, comme on l’a vu jeudi. Dans la très grande majorité des cas, les djihadistes ont toujours reconnu leurs pertes, même deux ans plus tard pour Ould Hamada. Ça participe de la glorification de leur martyr qui a rejoint le paradis d’Allah. Ça leur permet aussi d’introniser le successeur du chef tué.

Sahara : le chef islamiste tué par l’armée française

Sahara : le chef islamiste tué par l’armée française

 

Le chef du groupe djihadiste État islamique au Grand Sahara (EIGS), Adnan Abou Walid al Sahraoui, a été tué par la force Barkhane L’EIGS est considéré comme l’auteur de la plupart des attaques dans la zone des trois frontières, à cheval sur le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Cette zone dite des «trois frontières» est la cible récurrente d’attaques de deux groupes armés djihadistes: l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al Qaïda.

Une victoire d’après le président de la république. Reste cependant à définir l’avenir de la force Barkhane qui s’est mis en retrait depuis le coup d’État au Mali et qui souffre d’une inadaptation par rapport aux immenses enjeux. Dans cette affaire, la France demeure relativement isolée du fait de l’indifférence de l’union européenne notamment.




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