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Russie: La possibilité d’une guerre nucléaire ?

Russie: La possibilité d’une guerre nucléaire ?

 

James Acton, codirecteur du programme de politique nucléaire au Carnegie Endowment for International Peace. Carnegie Endowment for International Peace estime dans le Figaro qu’il ne faut pas écarter le scénario d’une escalade nucléaire.

 

Cette opinion est assez largement partagée par des experts qui certes évoquent ce scénario mais ne croient pas à une escalade nucléaire. Le seul problème c’est que personne n’est dans capacité de pénétrer l’imaginaire de Poutine désormais hors du champ des réalités économiques et politiques y compris dans son propre pays.NDLR

 

La guerre en Ukraine peut-elle déboucher sur un conflit nucléaire?

James ACTON.- Je ne pense pas qu’une guerre nucléaire soit imminente, mais je pense que nous devons prendre ces déclarations très au sérieux et garder à l’esprit la possibilité d’une escalade nucléaire à tout moment. Il faut se rappeler que, du point de vue de Poutinel’invasion de l’Ukraine ne se passe pas très bien. Il a lancé une guerre d’agression illégale, mais l’opération ne se déroule pas comme il l’avait prévu. Il ne bénéficie pas du soutien total de son opinion publique, et il a sous-estimé l’union de l’Occident, ainsi que l’ampleur des sanctions qui lui ont été imposées. Dans la situation actuelle, le scénario le plus favorable pour lui est celui d’une victoire après un conflit long et sanglant.

Conflit Ukraine-Russie : de la chute de Poutine à l’apocalypse nucléaire

Conflit Ukraine-Russie : des scénarios de l’horreur

Dans tous les cas, les conséquences du conflit en Ukraine risquent d’être dramatiques pour les ukrainiens, pour les Russes mais aussi pour l’ensemble de l’économie mondiale qui pourrait bien s’écrouler. Le Figaro évoque les scénarios possibles. 

Éliminer Poutine

En frappant l’économie russe de sanctions élaborées depuis novembre, avec un nouveau train en cours de préparation, ils entendent fragiliser Vladimir Poutine jusqu’à provoquer sa chute. L’armée pourrait décider de ne plus le suivre, le peuple se révolter face à une crise économique majeure, les oligarques s’éloigner après la saisie de leurs avoirs. Mais la perspective reste confuse.

« Un changement de régime en Russie peut sembler la seule porte de sortie dans cette tragédie. Mais (…) cela n’est pas plus susceptible d’améliorer les choses que de les empirer », écrit sur son compte Twitter Samuel Charap, chercheur à la RAND corporation. « Le scénario d’un successeur libéral réformateur implorant le pardon pour les péchés de Poutine serait génial, mais ce serait génial aussi de gagner au loto », ironise-t-il.

Même prudence du côté d’Andrei Kolesnikov, du Carnegie Center, qui constate que Poutine, selon des analyses indépendantes, reste populaire. Et « pour le moment, la pression financière occidentale sans précédent » a transformé la classe politique russe et les oligarques « en supporters indéfectibles » de leur chef.

Écraser l’Ukraine

L’armée russe est supérieure et pourrait le conduire à soumettre l’Ukraine. Mais les difficultés semblent à beaucoup insurmontables.

« C’est une guerre que Vladimir Poutine ne peut pas gagner, quelles que soient sa durée et la cruauté de ses méthodes », assure l’historien britannique Lawrence Freedman, du King’s College de Londres. « Entrer dans une ville n’est pas la même chose que la tenir. »

Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), expose plusieurs alternatives. Annexion pure et simple ? « Cela n’a peu près aucune chance de se produire », écrit-il. Division de l’Ukraine, comme la Corée ou l’Allemagne en 1945 ? À peine plus plausible, selon lui. Reste l’option où « la Russie parvient à battre les forces ukrainiennes et installer un régime fantoche à Kiev ».

Une longue guerre comme en Tchétchénie

Les Ukrainiens ont surpris les Russes, l’Occident, eux-mêmes peut-être, avec une mobilisation totale, même si destructions et pertes sont massives.

« L’État, l’armée, l’administration ne se sont pas effondrés », constate un diplomate occidental. Contrairement au discours de Poutine, « la population n’accepte pas les Russes comme des libérateurs », ajoute-t-il, évoquant « probablement dans la chaîne militaire russe des difficultés qu’il est trop tôt pour qualifier ».

La résistance est en outre portée par Volodymyr Zelensky, un ex-comique devenu président de l’Ukraine qui a stupéfait le monde par son sang-froid et son courage. Soutenues par les services de renseignement occidentaux et des livraisons d’armes, les forces ukrainiennes peuvent entraîner leur adversaire dans un conflit urbain destructeur, mais où la connaissance du terrain sera décisive. Or l’expérience montre que les guérillas sont rarement défaites.

Une guerre mondiale

L’Ukraine partage ses frontières avec quatre membres de l’OTAN jadis membres du bloc soviétique, pour lequel Poutine ne cache pas sa nostalgie. Après avoir absorbé le Bélarus, envahi l’Ukraine, peut-il regarder du côté de la Moldavie, petit État coincé entre l’Ukraine et la Roumanie, voire la Géorgie, sur la côte Est de la mer Noire ?

Moscou pourrait tenter de rompre les équilibres de sécurité européens et transatlantiques « en provoquant des incidents aux frontières de l’Europe » ou via notamment des cyberattaques, estime Bruno Tertrais.

Mais la Russie osera-t-elle défier l’OTAN et son article 5, qui impose à l’alliance de répondre si un membre est attaqué ?  »Peu probable tant les deux parties veulent l’éviter », avance Pascal Ausseur, ex-amiral, directeur de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques (FMES). Pour autant, « la rentrée de forces russes dans un pays de l’OTAN, la Lituanie par exemple pour relier Kaliningrad (au Bélarus) reste envisageable« , précise-t-il à l’AFP.

« Une méprise ou un accrochage sont également possibles aux frontières (européennes) de l’Ukraine ou en mer Noire, où de nombreux aéronefs et navires de guerre sont déployés dans un espace restreint et une ambiance électrique. »

L’apocalypse nucléaire

Poutine a fait monter les enchères en plaçant en « état spécial d’alerte » ses forces nucléaires dimanche dernier, déclaration à la fois inquiétante et sans substance réelle – une partie des armes nucléaires sont constamment utilisables en un rien de temps.

De là, deux types d’opinions. Celles portées notamment par Christopher Chivvis (Carnegie) pour qui une bombe, fut-elle « tactique » et donc d’impact localisé, pourrait être utilisée.

« Franchir le seuil nucléaire ne signifierait pas nécessairement (…) une immédiate guerre thermonucléaire mondiale. Mais elle constituerait un tournant extrêmement dangereux dans l’Histoire du monde », écrit-il.

D’autres, comme Gustav Gressel, du Conseil européen des relations internationales (ECFR), sont plus rassurants. « Il n’y a pas de préparation côté russe pour une frappe nucléaire », estime-t-il. Les annonces de Poutine « sont essentiellement destinées aux publics occidentaux pour nous faire peur ».

(Avec l’Afp – Adam Plowright et Didier Lauras)

Sanctions Russie: punir les oligarques, pas les peuples

Sanctions  Russie: punir les oligarques, pas les peuples 

Pour « faire plier » un Etat comme la Russie ou la Chine, il faudrait cibler les avoirs des multimillionnaires ayant prospéré grâce au régime et sur lesquels celui-ci s’appuie, explique l’économiste Thomas Piketty   dans sa chronique au « Monde ».

Par Thomas Piketty (Directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Ecole d’économie de Paris)

La crise ukrainienne a fait ressurgir un vieux débat : comment sanctionner efficacement un Etat comme la Russie ? Disons-le d’emblée : il est temps d’imaginer un nouveau type de sanctions centrées sur les oligarques ayant prospéré grâce au régime en question. 

Cela passe par la mise en place d’un cadastre financier international, ce qui ne sera pas du goût des fortunes occidentales, dont les intérêts sont beaucoup plus fortement liés à ceux des oligarques russes et chinois que ce l’on prétend parfois. C’est pourtant à ce prix que les pays occidentaux parviendront à gagner la bataille politique et morale face aux autocraties et à démontrer aux opinions mondiales que les grands discours sur la démocratie et la justice ne sont pas des mots creux.

Rappelons d’abord que les gels d’actifs détenus par Poutine et ses proches font déjà partie de l’arsenal de sanctions expérimentées depuis plusieurs années. Le problème est que les gels pratiqués jusqu’ici restent largement symboliques. Ils ne portent que sur quelques dizaines de personnes et peuvent être contournés en utilisant des prête-noms, d’autant plus que l’on ne s’est jamais donné les moyens de mesurer et de croiser systématiquement les portefeuilles immobiliers et financiers détenus par les uns et les autres.

Les Etats-Unis et leurs alliés envisagent maintenant de débrancher la Russie du réseau financier Swift, ce qui priverait les banques russes d’accès au système international de transactions financières et de transferts d’argent.

Le problème est qu’une telle mesure est très mal ciblée. De même qu’avec les sanctions commerciales classiques, qui après la crise de 2014 avaient été largement instrumentalisées par le pouvoir pour renforcer son emprise, le risque serait d’imposer des coûts considérables aux entreprises russes et occidentales ordinaires, avec des conséquences néfastes pour les salariés concernés. La mesure affecterait aussi un grand nombre de binationaux et de couples mixtes, tout en épargnant les plus fortunés (qui auraient recours à des intermédiaires financiers alternatifs).

Pour faire plier l’Etat russe, il est urgent de concentrer les sanctions sur la mince couche sociale de multimillionnaires sur laquelle s’appuie le régime : un groupe nettement plus large que quelques dizaines de personnes, mais beaucoup plus étroit que la population russe en général. Pour fixer les idées, on pourrait cibler les personnes détenant plus de 10 millions d’euros en patrimoine immobilier et financier, soit environ 20 000 personnes d’après les dernières données disponibles. Cela représente 0,02 % de la population adulte russe (110 millions actuellement). En fixant le seuil à 5 millions on frapperait 50 000 personnes ; en l’abaissant à 2 millions on en toucherait 100 000 (0,1 % de la population).

Censure et répression en Russie : 15 ans de prison pour l’évocation de la guerre

Censure et répression en Russie : 15 ans de prison pour l’évocation de la guerre

 

 

Le Parlement russe a entériné une décision de Poutine de punir de 15 ans de prison ceux  qui évoquerait la guerre avec l’Ukraine. L’utilisation du mot guerre est elle-même prohibée. Selon le journal libéral Novaïa Gazeta, «toute déclaration en faveur de la fin de “l’opération spéciale” – cessez-le-feu, arrêt de l’offensive, retrait des troupes, etc. -, peut désormais aisément être considérée comme un “appel à empêcher l’utilisation de l’armée”».

L’objectif est de rétablir un climat de terreur à fin de faire taire les interrogations évidemment les oppositions relatives à cette invasion dramatique de la Russie en Ukraine. Cela pourrait aussi démontrer que Poutine n’est pas autant soutenu qu’il espérait la terreur fera office d’unité nationale.

Sanction Russie : une exclusion de SWIFT à double tranchant

Sanction Russie : une exclusion de  SWIFT à double tranchant

L’exclusion de la Russie de l’infrastructure est donc une arme à double tranchant, car si elle freine la Russie dans son développement, elle freine également l’ensemble des institutions, financières ou non, en relation commerciale avec la Russie, rappellent les professeurs de finance Aurore Burietz et Jérémie Bertrand. 

 

 

Le 26 février, deux jours après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Union européenne et ses alliés occidentaux (États-Unis, Royaume-Uni et Canada) se sont mis d’accord pour sanctionner les banques russes en les privant de leur accès à Swift (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication), une plate-forme de communication bancaire internationale. Selon Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne : « Cette action empêchera les banques d’effectuer la plupart de leurs transactions financières mondiales et, par conséquent, les exportations et importations russes seront bloquées ».

La veille, le ministre de l’Économie et des Finances français, Bruno Le Maire, avait qualifié une telle sanction « d’arme nucléaire financière » pour plomber l’économie russe et limiter ainsi le financement du conflit en Ukraine. Mais quelles sont les conséquences réelles que l’on peut attendre de cette exclusion de Swift ?

La plate-forme Swift, basée à Bruxelles, est lancée en 1973 afin de faciliter les transactions financières à l’international grâce à la standardisation des messages échangés sur ce réseau. Selon son site Internet, ce service assure « à plus de 11 000 organisations bancaires et de titres, infrastructures de marché et entreprises clientes situées dans plus de 200 pays et territoires », rapidité, confidentialité et faibles coûts de transaction pour la réalisation de paiements et transferts de fonds.

Le principe est assez simple. Chaque partie prenante au sein du réseau reçoit un identifiant unique, le BIC, qui lui permet d’être immédiatement reconnu sur le réseau et qui assure ainsi l’authenticité du message. Une fois la reconnaissance effectuée, la plate-forme a pour rôle de transférer des messages, tous uniformisés, dans le but de minimiser le temps de lecture de ces derniers, mais également d’être sûr de l’ordre demandé. Ainsi, un message Swift « MT502 provenant de CEPAFRPP » correspondra toujours à un « ordre d’achat ou de vente » en provenance de la Caisse d’épargne.

L’intérêt de la plate-forme est donc multiple : elle permet d’assurer rapidement le paiement ou transfert de fonds d’une organisation vers une autre, tout cela en minimisant les coûts de transaction, grâce à l’uniformisation des messages et identifiants.

Elle joue également un rôle clé en matière de lutte contre la criminalité financière en permettant aux institutions financières de pouvoir échanger des informations financières de manière efficace. Ainsi, la plate-forme Swift est devenue un outil essentiel pour les institutions financières, surtout dans le cadre de transactions à l’échelle internationale. Comme le démontrent nos recherches, les banques ont une préférence pour les transactions domestiques considérées comme moins risquées car la collecte et l’analyse des informations sont plus faciles.

La Russie est un acteur majeur de cette plate-forme avec environ 300 membres, ce qui la place en deuxième position après les États-Unis. Restreindre l’accès de ces 300 institutions à la plate-forme implique nécessairement un ralentissement important des échanges financiers avec la Russie, et donc une baisse de revenus substantielle à court terme, avec de surcroît un impact économique majeur pour l’ensemble des Russes et de tous leurs partenaires commerciaux.

Si toutes les opérations ne sont pas comptabilisées via Swift (on peut citer par exemple l’Europe qui utilise le système Sepa pour ces virements), il n’empêche que les opérations internationales les plus complexes l’utilisent. L’achat d’un produit à l’étranger repose donc presque exclusivement sur cette technologie. Cela veut donc dire que si une entreprise russe souhaite faire un achat en provenance de la France, de manière rapide, confidentielle, et presque sans coût, elle doit recourir à Swift.

Cependant, cela veut aussi dire qu’une entreprise française, souhaitant faire un achat auprès d’une entreprise russe, devra également passer par ce système. L’exclusion de la Russie de l’infrastructure est donc une arme à double tranchant, car si elle freine la Russie dans son développement, elle freine également l’ensemble des institutions, financières ou non, en relation commerciale avec la Russie.

On peut alors se demander si une telle sanction est vraiment efficace dans l’objectif qu’elle poursuit. Dans une économie mondialement globalisée, il est légitime de supposer que l’affaiblissement d’un acteur économique tel que la Russie peut avoir des répercussions sur ses partenaires économiques dans les secteurs clés du pays sanctionné, comme l’énergie.

De plus, une telle sanction peut aussi avoir des effets collatéraux pour les autres membres de la plate-forme, obligés de geler leurs communications avec leurs partenaires financiers russes. Ainsi, si, comme les experts occidentaux le prédisent, la Russie voit son PIB amputé de 7 % à la suite de cette exclusion, on peut également s’attendre à des conséquences sur le PIB de l’ensemble des partenaires commerciaux.

De plus, dans un tel cas de figure, les institutions financières russes peuvent toujours avoir recours aux systèmes de télécommunication alternatifs tels que le SPFS (System for Transfer of Financial Messages) développé par la Russie en 2014 à la suite des premières menaces de coupures. Ce système compte aujourd’hui plus de 400 membres en Russie, mais également quelques-uns en Biélorussie et en Chine, qui sont eux-mêmes sur le système SWIFT.

Ce système permettrait ainsi aux banques russes d’effectuer leurs transactions financières avec les institutions connectées sur SPFS, ces dernières passant ensuite les transactions sur le système Swift. Alors oui, l’ajout d’un intermédiaire financier à la transaction augmenterait les coûts et les délais liés à la transaction, mais cela limiterait d’autant l’efficacité de la sanction visant à limiter l’accès à des sources de financement soutenant le conflit en Ukraine.

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Covid -fin du pass vaccinal et du masque: Du populisme ?

Covid -fin du pass vaccinal et du masque: Du populisme ?

Le  Premier ministre Jean Castex a annoncé la levée du pass vaccinal et la fin du port du masque obligatoire en intérieur à partir du 14 mars, sauf dans les transports collectifs.

Invité du journal télévisé de 13H sur TF1 jeudi, le Premier ministre Jean Castex a annoncé la levée du pass vaccinal et la fin du port obligatoire du masque en intérieur à partir du 14 mars, sauf dans les transports collectifs.

Le pass vaccinal aussi sera suspendu à partir de cette date dans tous les lieux où il est appliqué comme les restaurants, les cafés, les boîtes de nuits ou encore les cinémas. Si c’est possible, c’est parce qu’à l’hôpital aussi la pression se réduit, avec 2.329 malades du Covid-19 admis en soins critiques.

Or, pour le docteur Rochoy, la fin du masque au travail et à l’école notamment, « c’est du populisme électoral pour faire plaisir aux gens. Sur le plan sanitaire cela n’a aucun intérêt ». Le médecin s’inquiète : « Il n’y a aucune chance qu’en retirant le masque on n’ait pas une vague qui arrive. Les gens vont porter le masque dans les transports, puis aller au travail et le retirer, se partager le virus entre eux. Ils vont remettre le masque dans les transports comme ça ils ne contamineront pas d’inconnus, puis ils vont ramener le virus à la maison, contaminer les enfants. Les enfants vont contaminer les élèves, qui vont contaminer leurs propres parents… C’est comme ça que l’épidémie fonctionne depuis le début. »

 

Note de la Russie en baisse ( agence S&P)

Note de la Russie en baisse ( agence S&P)

S&P avait déjà placé la note de la dette à long terme en monnaie étrangère de la Russie dans la catégorie des investissements spéculatifs la semaine dernière, mais l’a fait descendre jeudi de huit crans supplémentaires. Les deux autres grandes agences de notation Fitch et Moody’s, ont, elles, rétrogradé la Russie dans la catégorie des placements spéculatifs mercredi.

S&P décidera dans les prochaines semaines si elle abaisse ou non de nouveau la dette de la Russie «une fois qu’il y aura plus de clarté sur la capacité technique et/ou la volonté du gouvernement d’honorer ses obligations de dette en totalité et en heure».

Poutine: Un bilan catastrophique pour la Russie

 Poutine: Un bilan catastrophique pour la Russie

Pour rendre à la Russie son statut de grande puissance militaire, le chef du Kremlin a sacrifié tout le reste. Il règne aujourd’hui sur une économie bloquée et un pays en guerre dont il a étouffé l’innovation et la créativité, observe dans sa chronique Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ».

 

Chronique.

Fut un temps où la Russie, par l’intermédiaire de l’URSS, régnait sur une partie du monde : le temps de la guerre froide, lorsque deux superpuissances, l’américaine et la soviétique, s’affrontaient pour rivaliser d’influence. Lorsque l’URSS s’est effondrée, en 1991, la Russie s’est présentée comme l’héritière logique des attributs de sa puissance. Elle a gardé la capitale, Moscou, « ville des héros », et l’hymne triomphal. Elle a récupéré les têtes nucléaires déployées en Ukraine, en Biélorussie et au Kazakhstan, désormais indépendants. Elle s’est installée dans le siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies.

Vladimir Poutine dirige cette nouvelle Russie en autocrate depuis vingt-deux ans. Qu’a-t-il fait de cette puissance ? Le bilan de cet homme qui, de son propre aveu, n’aspire qu’à rétablir la « grandeur » de l’Union soviétique, est désastreux. Il n’est pas un domaine dans lequel il n’ait pas présidé au déclin de son pays. Hormis celui de l’armement, grâce auquel il peut se payer le luxe d’envahir aujourd’hui l’Ukraine voisine pour l’asservir, faute d’avoir réussi à la séduire.

La Russie, ironisait à la mi-février un dirigeant européen en marge de la conférence sur la sécurité de Munich alors que montait la tension sur la frontière ukrainienne, « c’est une station d’essence avec des missiles nucléaires ». Hydrocarbures et puissance militaire : ce sont les deux piliers sur lesquels Vladimir Poutine a pu s’appuyer après avoir succédé à Boris Eltsine au terme d’une décennie de chaos économique. Du hard power brut. Il a, au début de son règne, rétabli l’ordre et remis l’économie russe sur les rails – tout en refermant progressivement les espaces de liberté ouverts par Gorbatchev et Eltsine.

Mais le vent a rapidement tourné. L’impact de la crise financière mondiale de 2008 a coïncidé avec celui du premier épisode de conquête poutinienne, celle de la Géorgie. L’intervention dans cette république ex-soviétique du Caucase a révélé à Poutine le mauvais état de son aviation et de l’équipement militaire hérités de l’URSS. Il a alors engagé une bonne partie de ses vastes ressources à la modernisation de ses forces armées. La dynamique était lancée : désormais, la reconstitution de la puissance militaire primerait sur le reste.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Le scénario ukrainien avait été écrit en Géorgie en 2008. Il suffisait de vouloir lire »

Le reste, en effet, a gravement souffert de cette folie des grandeurs et de la logique politique qui l’a guidée. La liberté, l’économie, la société, le niveau de vie, l’innovation, la culture… tout a été sacrifié. Le bilan de Vladimir Poutine à la tête de la Russie n’est qu’une longue descente aux enfers d’un pays qui se retrouve aujourd’hui plongé malgré lui dans une guerre contre un peuple revendiqué comme le sien.

 

Russie: Isoler Poutine et parler au peuple

Russie: Isoler  Poutine et parler au peuple 

 

Dans une tribune au « Monde », l’ancien premier ministre socialiste Lionel Jospin appelle à contourner « autant qu’il est possible » la censure russe .

Face à l’injustifiable et irresponsable agression perpétrée contre l’Ukraine par Vladimir Poutine, les autorités de notre pays ont arrêté la position de la France, en concertation avec nos partenaires européens et notre allié américain. J’approuve l’attitude qui a été choisie.

Les candidats à l’élection présidentielle, désormais proche, se sont exprimés, et plusieurs d’entre eux ont maintenant infléchi des approches parfois complaisantes pour le maître du Kremlin. Du point de vue de notre intérêt national, je m’en réjouis.

Comme d’autres personnalités européennes, l’ex-premier ministre François Fillon a renoncé aux fonctions qu’il avait bien légèrement acceptées dans une grande entreprise russe. Je souhaite que l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, avec qui j’ai travaillé quand nous gouvernions l’un et l’autre, opère à son tour un geste de renonciation qui aurait une forte portée symbolique. Car je suis convaincu que l’isolement de Vladimir Poutine est l’une des clés d’une issue positive au très grave conflit actuel. Cet isolement est d’ailleurs à l’œuvre au plan international.

La décision de Vladimir Poutine est sans justification. L’Ukraine ne menaçait pas la Russie, elle n’en avait ni l’intention ni les moyens. Elle voulait vivre comme une nation libre, démocratique et souveraine.

On peut s’interroger – je l’ai fait moi-même – sur la façon dont a été conduit l’élargissement de l’OTAN à l’est de l’Europe. Pour autant, les pays qui étaient autrefois sous la domination soviétique ont cherché, par leur adhésion, moins une revanche qu’une protection. L’OTAN, peu dynamique ces derniers temps, et à laquelle les derniers présidents américains portaient moins d’intérêt, n’avait aucun dessein offensif à l’encontre de la Russie, ce que Vladimir Poutine savait parfaitement. Quant à l’Ukraine, qui souhaitait adhérer à l’Alliance atlantique, elle était encore loin de pouvoir en devenir membre. En revanche, ce grand pays était devenu une démocratie, à côté de la Russie, ce qui, semble-t-il, était trop pour Poutine.

Faute de pouvoir démontrer la réalité d’une menace extérieure à un peuple russe abreuvé de propagande mais peut-être rétif devant l’attaque d’un « peuple frère », le président Poutine a recouru à une rhétorique aberrante : selon lui, les dirigeants librement élus par les Ukrainiens seraient des « néonazis » .

Ukraine : L’Onu condamne la Russie presque unanimement

Ukraine : L’Onu condamne la Russie presque unanimement

 

Seuls 4 pays marginaux à la botte  de la Russie n’ont pas voté la condamnation de la Russie à l’ONU (Russie évidemment, Biélorussie, Corée du Nord, Érythrée et Syrie). Même la Chine s’est abstenue manifestant ainsi implicitement son désaccord avec la guerre en Ukraine. La Chine qui a d’ailleurs demandée que la guerre soit reportée après les JO en cours !. » Le vote a été approuvé massivement par 141 pays, 5 s’y opposant, et 35 s’abstenant dont la Chine, sur les 193 membres que compte l’organisation.

Initié par l’Union européenne en coordination avec l’Ukraine, le texte, qui bénéficiait d’une centaine de co-parrainages, « déplore » également « dans les termes les plus vifs l’agression de la Russie contre l’Ukraine » et affirme « son attachement à la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale » de ce pays, y compris de « ses eaux territoriales ».

L’onu comdamne la Russie presque unanimement

L’Onu condamne la Russie presque unanimement

 

Seuls 4 pays marginaux à la mode de la Russie n’ont pas voté la condamnation de la Russie à l’ONU (Russie évidemment, Biélorussie, Corée du Nord, Érythrée et Syrie). Même la Chine s’est abstenue manifestant ainsi implicitement son désaccord avec la guerre en Ukraine. La Chine qui est d’ailleurs demandée que la guerre soit reportée après les JO en cours !. » Le vote a été approuvé massivement par 141 pays, 5 s’y opposant, et 35 s’abstenant dont la Chine, sur les 193 membres que compte l’organisation.

Initié par l’Union européenne en coordination avec l’Ukraine, le texte, qui bénéficiait d’une centaine de co-parrainages, « déplore » également « dans les termes les plus vifs l’agression de la Russie contre l’Ukraine » et affirme « son attachement à la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale » de ce pays, y compris de « ses eaux territoriales ».

La Russie dans une logique de guerre totale

Directeur de l’IFRI (Institut français des relations internationales), l’historien Thomas Gomart, auteur notamment de Guerres invisibles (Tallandier, « Texto », 2021), analyse la stratégie de Vladimir Poutine et ses répercussions sur les équilibres mondiaux.

L’invasion de l’Ukraine est-elle une « guerre totale » différente des autres conflits qui ont secoué l’est de l’Europe depuis la fin de la guerre froide ?

Sur le plan strictement militaire, elle vise à créer le « choc et l’effroi ». C’est un tournant en raison de l’ampleur des moyens militaires et de la conduite politique de la guerre. Membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, puissance nucléaire et spatiale de tout premier plan, la Russie agresse l’Ukraine dans sa totalité, huit ans après avoir annexé la Crimée et déstabilisé le Donbass.

Depuis 2014, la Russie conduit principalement des guerres invisibles, c’est-à-dire sous le niveau de la guerre, par des moyens indirects. Ce qui la caractérise désormais, c’est la combinaison entre l’hybridité – cyber à haute dose, désinformation, opérations spéciales, coercition militaire, tout en jouant la diplomatie – et l’invasion mécanisée à grande échelle de son voisin. Vladimir Poutine menace « de conséquences comme il n’en a jamais vu dans son histoire » tout pays qui se mettrait en travers de sa route. Ce faisant, le président russe délivre un message nucléaire explicite, mais attire aussi notre attention vers l’espace ou la haute mer.

Evidemment. Tout d’abord pour les Ukrainiens, qui jouent la survie de leur Etat, et leur indépendance. Ensuite, cette guerre a déjà de multiples effets, notamment de modifier la grammaire nucléaire. Pour la France, l’arme nucléaire est fondamentalement une arme de non-emploi. Or, les doctrines nucléaires d’autres pays, comme la Russie, évoluent depuis plusieurs années en envisageant des formes de bataille nucléaire, c’est-à-dire d’éventuels usages tactiques de l’arme. Cela doit aussi nous conduire à penser latéralement, c’est-à-dire envisager « ces choses que personne n’a jamais connues » évoquées par Vladimir Poutine.

En novembre 2021, la Russie a, par un tir de missile, détruit en orbite l’un de ses vieux satellites pour montrer qu’elle était prête désormais à la guerre dans ou via l’espace exo-atmosphérique. Ainsi, montre-t-elle son refus de voir son territoire scanné en permanence par les Occidentaux. Quelles seraient les conséquences de la destruction d’un nombre X de satellites qui nous rendrait aveugles et sourds ? Quelles seraient les conséquences de la coupure de, par exemple, 20 % des câbles sous-marins par où transitent les données ? On ne le sait pas.

Guerre en Ukraine : trois scénarios pour la Russie

Guerre en Ukraine : trois scénarios pour la Russie

La Russie pourrait se contenter de la reconnaissance de la DNR et de la LNR ; mais elle pourrait aussi chercher tout ou partie du reste du territoire ukrainien. Par Cyrille Bret, Sciences Po.

 

La Russie vient de franchir son Rubicon : ses troupes sont désormais officiellement présentes dans l’est du territoire ukrainien, en plus de la Crimée.

Vladimir Poutine vient en effet de reconnaître l’indépendance des deux républiques sécessionnistes de Donetsk et Lougansk, qui jouxtent le territoire russe. Il a, dans la foulée, envoyé des troupes russes pour « protéger ces territoires contre une attaque militaire ukrainienne ». La fiction selon laquelle la Russie n’était pas partie prenante au conflit dans l’est de l’Ukraine a donc volé en éclats : elle est explicitement belligérante.

Désormais, le pouvoir russe a trois options très différentes devant lui :

  • un scénario « géorgien », qui figerait ses positions militaires et mutilerait durablement l’unité du territoire ukrainien ;
  • un scénario révisionniste et maximaliste d’invasion de l’Ukraine depuis le nord, l’est et le sud ;
  • un scénario « azovien », dans lequel la Russie envahirait uniquement le territoire qui jouxte la mer d’Azov pour établir une continuité territoriale avec la Crimée, annexée par elle en 2014.

Scénario 1 : un gel « à la géorgienne »

En 2008, la Russie et la Géorgie étaient entrées en guerre, à l’initiative du gouvernement géorgien de l’époque, dirigé par Mikheïl Saakachvili. Le conflit s’était soldé par la défaite de la petite Géorgie et la sécession de deux territoires : l’Abkhazie, sur le littoral de la mer Noire, et l’Ossétie du Sud, à la frontière montagneuse avec la Fédération de Russie (l’Ossétie du Nord étant un « sujet » (un territoire fédéré) de la Fédération de Russie). Cette sécession avait été suivie d’une reconnaissance par Moscou de l’indépendance des deux « États ». Seuls quelques régimes amis de la Russie l’avaient suivie dans la reconnaissance, notamment la Syrie et le Vénézuéla.

Aujourd’hui, la Fédération de Russie peut encore choisir un scénario « géorgien » pour les territoires de Lougansk et Donetsk, s’arrêtant donc à leur reconnaissance, sans chercher à aller plus loin en territoire ukrainien. Cela présenterait, pour elle, plusieurs avantages : accroître son emprise sur le territoire de l’Ukraine sans avoir officiellement déclenché d’invasion ni même combattu ; compter ses alliés en dénombrant ceux qui la suivront dans la reconnaissance de ces États (Kazakhstan ? Biélorussie ? Chine ?) ; et peut-être éviter que l’Occident ne prenne des sanctions très lourdes contre son économie.

Toutefois, après que, dans son discours du 21 février, Vladimir Poutine a vilipendé l’Ukraine, la présentant comme un État artificiel et soumis aux Occidentaux, cette position serait difficilement compréhensible pour une opinion publique russe persuadée par de nombreux médias et par son président lui-même que la nation ukrainienne n’existe pas et que le pouvoir de Kiev serait sur le point de commettre un génocide contre les russophones de l’Est du pays.

Scénario 2 : une campagne maximaliste

Pour pousser son avantage, Vladimir Poutine pourrait être tenté d’engager une invasion complète de l’Ukraine.

Dans son allocution du 21 février, il n’a pas exclu cette option. Si l’Occident est une menace existentielle pour la Fédération de Russie et que l’Ukraine en est une colonie artificiellement constituée pour préparer l’affaiblissement de la Russie, alors la conséquence est inévitable : Moscou doit reconstituer en Ukraine un « État tampon » appartenant à sa sphère d’influence.

Jusqu’à il y a peu, plusieurs hypothèses étaient ouvertes : une neutralisation de l’Ukraine, une « finlandisation » ou même l’installation d’un gouvernement pro-russe à Kiev. Aujourd’hui, la présence de troupes russes sur le territoire ukrainien polarise les Ukrainiens : ils se définissent pour une large part en opposition à la Russie. Puisque rallier l’Ukraine à sa sphère d’influence paraît impossible et puisque les Occidentaux ne souhaitent pas donner à la Russie les garanties qu’elle exige, il lui reste à s’emparer de ces garanties elle-même, les armes à la main.

 

Pour Moscou, ce scénario de conquête aurait plusieurs avantages. Tout d’abord, si les Occidentaux se refusent à intervenir militairement en Ukraine, le succès militaire russe est assuré. La campagne serait déclenchée par le Nord à partir de la Biélorussie, par l’est depuis la Russie, par le Sud depuis la Crimée et par l’ouest à partir de la Transnistrie. Ensuite, la prise de l’Ukraine replacerait la Russie en position de force en Eurasie, à la fois dans son face-à-face avec l’Union européenne et dans le partenariat très compétitif avec la Chine. Enfin, cela donnerait au régime Poutine, du point de vue de l’opinion publique intérieure, un élan nationaliste indéniable.

Une victoire militaire renforcerait la Russie stratégiquement tout en l’affaiblissant politiquement (elle se retrouverait encore plus isolée qu’aujourd’hui sur la scène internationale) et économiquement (les Occidentaux ne manqueraient pas d’adopter des sanctions particulièrement lourdes).

Scénario 3 : une vision « azovienne »

La troisième option militaire à la disposition de Moscou est la conquête des provinces qui séparent, sur le continent, ces Républiques autoproclamées de la Crimée annexée en 2014.

La Russie pousserait son avantage par un campagne éclair à partir de Lougansk et Donetsk, pour établir une continuité continentale entre deux parties de son territoire. Ce scénario présente des avantages d’un autre ordre pour Moscou : si la présidence russe considère que les sanctions décidées aujourd’hui par les Occidentaux sont de toute façon maximales, autant pour elle pousser son avantage est réaliser une partition de fait de l’Ukraine ; en outre cette conquête « limitée » pourrait être justifiée par la protection des russophones de l’Ukraine orientale car les populations sont, dans cette zone (autour de Marioupol notamment) tournées vers la Russie.

La Russie se trouve à la croisée des chemins avec ces trois scénarios. Le dosage des sanctions par les Européens sera déterminant : si elles sont perçues comme maximales, le Kremlin sera tenté d’empocher un gain supplémentaire par la conquête. Mais si elles sont considérées comme trop faibles, il lira cette réaction comme un signe de faiblesse…

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Par Cyrille Bret, Géopoliticien, Sciences Po.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Russie: Un échec économique et une dépendance du pétrole

Russie: Un échec économique et une dépendance du pétrole

 

Si le système financier de la Russie n’est pas en déshérence, le modèle économique du pays demeure trop dépendant des recettes provenant du pétrole ou du gaz, estime le professeur d’économie Julien Vercueil, dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune.

 

 L’économie de la Russie commence à ressentir les effets de l’aventurisme militaire du maître du Kremlin. Le 28 février 2022, la Banque centrale de Russie a élevé son taux directeur à 20 %, le rouble a décroché de 30 % tandis que les autorités financières renonçaient à rouvrir le MOEX, principale place financière de Moscou, le temps de prendre les mesures d’atténuation qui pouvaient encore l’être. Depuis le jeudi 24 février, jour de l’invasion de l’Ukraine, les particuliers font la queue devant les distributeurs automatiques et les bureaux de change pour récupérer une partie de leurs avoirs, dans une atmosphère d’incertitude déjà connue à plusieurs reprises depuis la dissolution de l’Union soviétique.

Cette fois, ce n’est pas la chute des cours du pétrole qui est en cause : ils sont au plus haut. C’est la principale différence avec les crises financières de 1998, 2008-2009 ou 2014-2015 qui ont secoué le pays sur fond de chute des cours. Le problème vient aujourd’hui du secteur financier, dont on se demande s’il sera capable de tenir le choc des sanctions occidentales : déconnexion partielle du système Swift [un dispositif de messagerie électronique sécurisée qui permet les transactions bancaires entre les pays], accès interdit aux refinancements en dollars et en euros pour plusieurs acteurs bancaires majeurs et surtout restriction drastique des possibilités pour la Banque centrale de Russie de mobiliser ses réserves en devises, qui atteignent plus de 630 milliards de dollars.

Le système financier russe est atypique. Il s’est construit à la va-vite dans les années 1990 et reste aujourd’hui dominé par les banques, dont les principales sont publiques. Les marchés financiers sont étroits – le président Dmitri Medvedev [président de la Fédération de 2008 à 2012, puis du gouvernement de 2012 à 2020] rêvait de faire de Moscou une place financière majeure en Europe mais il n’y est pas parvenu – et dépendent fortement des valeurs énergétiques et bancaires. Quelques grandes banques privées (Alfa-Bank, Rosbank, filiale de la Société générale) subsistent également, aux côtés de plusieurs centaines de petites entités ayant pour principale activité d’assurer les flux de liquidités pour les entreprises dont elles dépendent. La Banque centrale de Russie et la VEB, une banque publique de « développement » qui investit dans les infrastructures et gère une partie des fonds souverains russes, complètent le paysage.

Sport international : l’exclusion de la Russie en cours partout

Sport international : l’exclusion de la Russie en cours partout

 

Déjà fortement suspecté de dopages  systématiques, les sportifs russes pourraient bien être exclus pendant un bon moment des épreuves internationales en raison de l’invasion de l’Ukraine.

  • La Fédération internationale de football a annoncé la suspension des sélections nationales et des clubs russes « jusqu’à nouvel ordre ». Hôtes du dernier Mondial en 2018, les Russes sont donc exclus de l’édition 2022 au Qatar, pour laquelle ils devaient disputer des barrages. Le comité exécutif de l’UEFA se réunira prochainement pour décider de l’impact de l’exclusion de l’équipe russe sur l’Euro féminin prévu en juillet.
  • Le Comité international olympique a recommandé de bannir les Russes et les Biélorusses des compétitions sportives.
  • Ces derniers jours, la Fédération internationale de ski a annoncé l’annulation de toutes ses compétitions en Russie et la Fédération internationale de biathlon (IBU) avait banni hymnes et drapeaux de la Russie et de la Biélorussie. En réponse, les Russes ont mis un terme à la saison de leurs biathlètes.
  • Les fédérations suédoise et norvégienne de ski ont fait savoir que les sportifs russes n’étaient pas les bienvenus sur leurs territoires pour les épreuves de mars. Les autorités britanniques ont, elles, prévenu que « les sélections nationales » russes et biélorusses étaient persona non grata. Les basketteurs biélorusses en ont déjà fait les frais.
  • La Fédération internationale de hockey sur glace a décidé de suspendre toutes les équipes nationales russes et biélorusses, ainsi que tous les clubs de ces deux pays, de toute participation dans ses compétitions dans toutes les catégories d’âge « jusqu’à nouvel ordre ». La Russie, dont la présence aux Mondiaux en mai en Finlande est désormais menacée, s’est vue en outre privée des droits d’organisation du championnat du monde junior prévu en 2023.
  • World Rugby a de son côté suspendu « jusqu’à nouvel ordre » la Russie et la Biélorussie, ce qui entraîne la fin des minces espoirs russes de qualification à la Coupe du monde de rugby, qui se disputera l’année prochaine en France.
  • Le Grand Prix de Russie de Formule 1 prévu à Sotchi a été retiré du calendrier. L’écurie américaine Haas a de son côté remis en cause son partenariat avec son sponsor russe Uralkali. Et l’avenir en F1 de Nikita Mazepin, fils d’un dirigeant d’Uralkali, qui devait piloter une des deux monoplaces, semble remis en question.
  • Les escrimeurs ukrainiens, qui devaient affronter dimanche les Russes en Coupe du monde par équipes de fleuret au Caire, se sont retirés de la compétition. Vêtus en jaune et bleu, les membres de l’équipe masculine ont brandi des pancartes : « Arrêtez la Russie ! Arrêtez la guerre ! ».
  • Les quatre grandes fédérations de la boxe n’autoriseront plus de combats en Russie.
  • La Fédération internationale de natation a annulé les Mondiaux juniors de Kazan en août et prévenu qu’aucune compétition ne serait tenue en Russie.
  • La participation des trois clubs russes alignés en Euroligue de basket a été suspendue lundi et leurs résultats pourraient être annulés « si la situation n’évolue pas dans la bonne direction ».
  • Prévus du 26 août au 11 septembre, les mondiaux de volley-ball semblent menacés même si la fédération internationale n’a pas encore réagi. Polonais et Français, respectivement champions du monde et olympiques, ont prévenu qu’ils seraient forfait si la compétition était maintenue en Russie.
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