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Stopper surtout l’achat de pétrole russe

Stopper surtout l’achat de pétrole russe

 

L’expert de l’énergie Cédric Philibert plaide, dans une tribune au « Monde », pour l’arrêt de l’achat de pétrole russe, plus souple à mettre en œuvre que l’embargo sur le gaz.

 

Tribune.

Les exportations de pétrole et de produits pétroliers ont représenté en 2019, c’est-à-dire bien avant l’envolée récente du prix des hydrocarbures, quasiment la moitié du total des exportations nettes de la Russie, en valeur. Le gaz naturel n’en représentait que 7 %, soit sept fois moins, à peine plus d’ailleurs que le charbon (5 %).

Les dirigeants européens semblent paralysés par notre dépendance au gaz russe comme des lapins aveuglés par les phares d’une voiture, incapables de faire un pas de côté. Bien sûr, il faut diminuer au plus vite notre dépendance au gaz russe, dans l’urgence, sans exclusive et par tous les moyens : sobriété, fournisseurs alternatifs, énergies alternatives.

Mais un embargo complet resterait compliqué pour nombre de pays européens, dépendants du gaz russe à 55 % (Allemagne) et plus pour l’Autriche, les pays Baltes, la Hongrie, la Finlande, la Pologne, la Slovaquie, la République tchèque et d’autres, même si des économistes allemands ont calculé un coût maximal de 3 % du produit intérieur brut pour leur pays (« What If ? The Economic Effects for Germany of a Stop of Energy Imports From Russia », ECONtribute Policy Brief n° 028).

 

Or, s’il s’agit avant tout d’arrêter de financer la sale guerre de Poutine en Ukraine, ce sont d’abord les importations de pétrole russe qu’il faut frapper. Les dockers de Stanlow, en Angleterre, l’ont bien compris et ont refusé de décharger le pétrole russe d’un navire battant pavillon allemand [le 5 mars], non concerné par l’interdiction faite aux navires russes. Réduire les importations de pétrole russe de 15 % est aussi efficace que décréter un embargo total sur le gaz russe, et infiniment plus facile pour les Européens.

Pas tout à fait pourtant, et il faut viser plus, bien plus. En effet, la relation réciproque entre l’Europe et la Russie sur le gaz est déterminée par l’ouverture ou la fermeture de pipelines, une rigidité seulement atténuée par l’usage d’un petit nombre de terminaux méthaniers accueillant le gaz liquide importé d’ailleurs.

Le pétrole, lui, est nettement plus flexible. Mais cela est vrai pour les deux camps : de même que les Européens les plus dépendants de la Russie aujourd’hui peuvent trouver d’autres fournisseurs de pétrole, les Russes peuvent plus vite trouver d’autres acheteurs pour leur pétrole que pour leur gaz.

En théorie du moins. Car, dès aujourd’hui, le pétrole russe est en panne d’acheteurs, et doit diminuer son prix de 20 % à 25 % pour trouver preneur – notamment en Chine, qui augmente actuellement ses stocks malgré les prix élevés, comme si elle s’attendait à une aggravation durable de la situation.

Politique -La ligne Maginot de l’Europe : se priver du gaz russe en 2027 ! Ridicule

Politique -La ligne Maginot de l’Europe : se priver du gaz russe en 2027 ! Ridicule

 

 

 

 

Globalement nombre de pays européens sont victimes de la politique énergétique irresponsable de l’Allemagne et de quelques autres pays du nord de l’Europe. En effet en dépit de la cruauté de la guerre en Ukraine, d’une certaine manière l’union européenne détourne la tête. Elle compte sur sa ligne Maginot qui consisterait à se priver du gaz seulement en 2027.

 

Il n’est pas certain que cette menace soit très opérationnelle pour stopper la folie meurtrière de Poutine. Une folie qui n’a jamais été réellement prise en compte par les pays européens qui ont toujours continué d’entretenir des relations diplomatiques alors que Poutine ne cessait ses entreprises guerrières en Europe, au Moyen-Orient mais aussi en Afrique.

 

En cause, le fait en particulier que l’Allemagne et d’autres ne peuvent se passer du gaz russe après avoir fait une croix sur le nucléaire. Pire, jusqu’à ces derniers jours ces pays souhaitaient  que la France abandonne son nucléaire une des rares armes de souveraineté économique du pays pour d’hypothétiques éoliennes à l’énergie intermittente très coûteuse. Résultat, pour se priver du gaz russe on va réactiver les centrales au charbon. Une vraie politique de gribouille sur le plan économique et énergétique et une politique pacifiste hypocrite d’une union européenne qui a toujours privilégié le business par rapport à d’autres valeurs sociétales.

 La stratégie de l’Europe rappelle celle de la ligne Maginot qui devait arrêter l’ennemi. Qui sait où va s’arrêter Poutine ? Personne n’en sait rien et sans doute lui non plus qui paraît de plus en plus affecté par le syndrome de l’isolement du dictateur .

 S’il y a des sanctions massives à prendre, il faut les prendre évidemment maintenant et non attendre des signes de bonne volonté d’un cinglé du KGB qui n’a connu  dans sa vie que la force et le meurtre comme moyen de persuasion.

 » Se débarrasser du gaz et du pétrole russe » (Thierry Breton)

 « Se débarrasser du gaz et du pétrole russe » (Thierry Breton)

Pour l’instant évidemment les autorités européennes s’en tiennent à ce qui a été décidé lors de la rencontre de Versailles ;à savoir: stopper la dépendance énergétique à l’égard de la Russie d’ici 2027. Cependant en Allemagne on réfléchit à la possibilité de s’en dégager d’ici 2022. Par ailleurs l’opinion publique allemande paraît de plus en plus sensibilisée et de plus en plus favorable à un blocage du gaz russe.

Tout dépendra sans doute de l’atrocité de l’agression russe en Ukraine. Le carnage probable pourrait amener le gouvernement allemand a ce débarrasser de son hypothéque énergétique russe. «On est un peu en économie de guerre», commente Thierry Breton, le commissaire européen ,qui voit également dans cette stratégie une manière de couper un débouché économique important de la Russie : chaque jour, les pays européens lui versent 800 millions d’euros pour importer des hydrocarbures.

 

 

Le Commissaire européen au marché intérieur indique également que la politique de la Commission européenne sera «accommodante» dans les mois à venir, afin de permettre aux États de mettre en œuvre des aides et plans de soutien au pouvoir d’achat face à la hausse des prix de l’énergie qui se poursuit. «Nous mettrons à disposition une boîte à outils de mesures pour les États», indique Thierry Breton, sans donner le détail des mesures envisagées. Un assouplissement des règles européennes qui encadrent la dette est en tout cas envisagé. En principe, la dette publique des États membres ne doit pas dépasser 60 % de leur PIB.

L’Allemagne : fin du pétrole russe d’ici fin 2022 !

L’Allemagne : fin du pétrole russe d’ici fin 2022 !

 

 

 

 

Indirectement l’Allemagne finance en grande partie la guerre que mène la Russie en Ukraine. Pour autant, l’Allemagne refuse tout embargo sur le pétrole et le charbon russe pour l’instant mais promet de réduire ses importations . « Si nous y parvenons, nous serons indépendants du charbon russe à l’automne et presque indépendants du pétrole de Russie à la fin de l’année », a indiqué l’écologiste Robert Habeck, ministre de l’Économie allemand, au journal Frankfurter Allgemeine Zeitung, samedi 12 mars, rapporte BFM TV. Une promesse de coiffeur quand on connaît la dépendance de l’Allemagne vis-à-vis de la Russie.

D’après les statistiques gouvernementales, 30 % du pétrole et 45 % du charbon consommés en Allemagne provenaient de Russie. En 2020, la part était de 50 % pour le gaz.Ce n’est sans doute pas un hasard si l’union européenne n’a retenu que la date de 2027 pour tenter de mettre fin à la dépendance européenne vis-à-vis du gaz et du pétrole russe

Face à Poutine: l’honneur ou le gaz russe ?

Face à Poutine: l’honneur ou le gaz russe ?

 

 

 

Un papier de la Tribune évoque les conséquences de la tragédie ukrainienne et les choix douloureux que peut faire l’union européenne. Une union européenne qui n’est pas sa responsabilité compte tenu de son laxisme vis-à-vis de Poutine. (extrait)

 

 

Nous avions oublié et la guerre et l’inflation. Le retour du tragique de l’histoire nous renvoie à nos propres lâchetés. Et si la France de juin 1940 avait résisté comme l’Ukraine aujourd’hui, interroge Jacques Attali… La tragédie au cœur de l’Europe nous le rappelle : il est essentiel de ne jamais baisser la garde. A force de croire en la victoire de la démocratie et du capitalisme libéral, nous n’avons pas voulu croire au retour des démons du passé. Le sursaut européen est en cours, mais tellement tardif. C’est aussi une défaite morale, souligne Michel Cabirol : aucun pays occidental n’est prêt à envoyer des soldats mourir pour Kiev. Les démocraties sont défiées par les régimes autoritaires et le spectre d’une alliance entre Moscou et Pékin plane, même si la Chine de Xi Jinping semble gênée par la brutalité de son « ami » Poutine.

Une question demeure sans réponse : « pour défendre quelles causes, quels acquis, quelles valeurs, serions-nous prêts à sacrifier provisoirement notre confort ; et même,  s’il le faut, à mourir ? », demande aussi Jacques Attali. Au sommet de Versailles, dans la Galerie des Batailles où Poutine avait été invité par Macron en juin 2017, on ressasse cette formule de Churchill lors des Accords de Munich : « vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre ». L’Europe paie aujourd’hui vingt ans d’aveuglement et de tergiversations.

Une chose est sûre : le retour de la guerre est un révélateur de nos lacunes. Si l’Allemagne met le paquet sur sa défense, c’est que ses missiles seraient aussi périmés que nos masques chirurgicaux au début de la pandémie de Covid. Lacunes dans notre défense, dans notre souveraineté industrielle et alimentaire, dans notre industrie spatiale alors que la guerre se déplace déjà dans les étoiles…

La guerre sera aussi un accélérateur de changements dans de nombreux domaines dont la finance. Jeanne Dussueil annonce déjà les Accords de Bretton Woods des cryptomonnaies qui seront évidemment dominées dans le monde d’après par un dollar numérique… A moins que ce ne soit le e-yuan…


Philippe Mabille, directeur de la rédaction

 

La ligne Maginot de l’Europe : se priver du gaz russe en 2027 ! Ridicule

La ligne Maginot de l’Europe : se priver du gaz russe en 2027 ! Ridicule

 

 

 

 

Globalement nombre de pays européens sont victimes de la politique énergétique irresponsable de l’Allemagne et de quelques autres pays du nord de l’Europe. En effet en dépit de la cruauté de la guerre en Ukraine, d’une certaine manière l’union européenne détourne la tête. Elle compte sur sa ligne Maginot qui consisterait à se priver du gaz seulement en 2027.

 

Il n’est pas certain que cette menace soit très opérationnelle pour stopper la folie meurtrière de Poutine. Une folie qui n’a jamais été réellement prise en compte par les pays européens qui ont toujours continué d’entretenir des relations diplomatiques alors que Poutine ne cessait ses entreprises guerrières en Europe, au Moyen-Orient mais aussi en Afrique.

 

En cause, le fait en particulier que l’Allemagne et d’autres ne peuvent se passer du gaz russe après avoir fait une croix sur le nucléaire. Pire, jusqu’à ces derniers jours ces pays souhaitaient  que la France abandonne son nucléaire une des rares armes de souveraineté économique du pays pour d’hypothétiques éoliennes à l’énergie intermittente très coûteuse. Résultat, pour se priver du gaz russe on va réactiver les centrales au charbon. Une vraie politique de gribouille sur le plan économique et énergétique et une politique pacifiste hypocrite d’une union européenne qui a toujours privilégié le business par rapport à d’autres valeurs sociétales.

 La stratégie de l’Europe rappelle celle de la ligne Maginot qui devait arrêter l’ennemi. Qui sait où va s’arrêter Poutine ? Personne n’en sait rien et sans doute lui non plus qui paraît de plus en plus affecté par le syndrome de l’isolement du dictateur .

 S’il y a des sanctions massives à prendre, il faut les prendre évidemment maintenant et non attendre des signes de bonne volonté d’un cinglé du KGB qui n’a connu  dans sa vie que la force et le meurtre comme moyen de persuasion.

Accepter le sacrifice du pétrole russe de la honte

Accepter le sacrifice du pétrole russe de la honte

Le Prix Nobel de physique (2012) Serge Haroche estime, dans une tribune au « Monde », que continuer à commercer avec la Russie revient non seulement à abandonner l’Ukraine à son sort, mais en plus à aider « cyniquement et objectivement son bourreau à la martyriser ».

Tribune. « L’Europe peut-elle se passer du gaz russe ? » s’interrogeait Le Monde hier. La vraie question est : « Comment peut-on encore se poser la question ? » Nous assistons depuis deux semaines à une guerre implacable à nos portes qui a déjà fait des milliers de morts, des dizaines de milliers de blessés et des millions de personnes fuyant leur pays dévasté.

Face à cela, nous, les Européens, les membres de l’OTAN, avons déclaré que bien entendu nous ne pouvons intervenir militairement, qu’il n’est pas question de faire la guerre à la Russie ni même de la provoquer en empêchant l’aviation russe d’accéder au ciel ukrainien. Cela nous pose déjà un grave problème éthique et moral.

 

Nous avons certes engagé des sanctions financières, mais elles ne touchent pas le secteur essentiel de l’énergie parce que, disent nos experts économiques et certains de nos dirigeants, nous ne pouvons pas nous passer du gaz et du pétrole russes. Alors posons-nous la question symétrique : pourquoi la Russie continue-t-elle à nous livrer ce gaz et ce pétrole ? Puisque nous la sanctionnons si sévèrement, ne devrait-elle pas, en représailles, nous couper de ces ressources pour nous vitales ? 

La réponse à cette question est limpide : Poutine a besoin des devises de ce commerce pour financer sa sale guerre qui lui coûte très cher en armes et en dépenses logistiques. Il est évident qu’en continuant à commercer ainsi avec la Russie, non seulement nous abandonnons l’Ukraine à son sort, mais en plus nous aidons effectivement, cyniquement et objectivement son bourreau à la martyriser.

Oui, nous avons besoin du gaz russe, ce qui pose par ailleurs la question de l’imprévoyance et des erreurs passées de pays qui n’ont pas su ou voulu assurer leur indépendance énergétique avant cette tragédie. Mais la question n’est plus là. En tergiversant à propos de l’embargo sur le gaz et le pétrole, nous disons aux Ukrainiens : nous n’allons pas risquer de mourir pour vous en vous envoyant des soldats ou même en protégeant votre ciel et, pour tout vous dire,

Confrontés au tragique de l’histoire, nous devrions au contraire accepter pour nous, sinon le sang dont parlait Churchill en 1940, mais au moins les larmes d’un renoncement relatif à notre confort. Oui, en coupant le robinet du gaz et du pétrole russes immédiatement (pas en y réfléchissant pour la fin de l’année ou pour plus tard encore), nous allons avoir plus froid, nous paierons notre essence plus cher, nous devrons restreindre nos déplacements et nos voyages, en un mot accepter de souffrir un peu, mais nous pourrons peut-être nous regarder en face avec moins de honte.

Appel aux citoyens pour boycotter le pétrole russe

Appel aux citoyens pour boycotter le pétrole russe

Avant l’ouverture du sommet européen de Versailles, Oleg Ustenko, conseiller économique du président Zelensky rappelle dans une tribune au « Monde » que le sort de l’Ukraine est entre les mains des Européens : Poutine se croit fort car la Russie est le deuxième plus grand exportateur de pétrole du monde, mais pour l’affaiblir, il suffit de couper les robinets.

Tribune.

Le pétrole russe finance l’invasion de l’Ukraine et le meurtre de personnes innocentes. Comme cela a été le cas pour l’argent provenant de la vente des diamants de la guerre et alimentant la guerre civile en Afrique, nous devons couper ce financement à la source. Il doit être mis fin à ce commerce par le biais de pressions exercées par vous, les consommateurs, sur les entreprises et les gouvernements.

Poutine vend cinq millions de barils de pétrole par jour, dont une grande partie est destinée à l’Europe. Aujourd’hui, alors que les dirigeants européens se rassemblent pour discuter de la crise, nous appelons les citoyens du monde entier à boycotter le pétrole russe dès maintenant.

Nous sommes grandement soutenus par un grand nombre de gouvernements et de personnes. Ils accueillent nos réfugiés, nous envoient de la nourriture et des médicaments, et ont voté contre la guerre de Poutine aux Nations unies. Mardi 8 mars, l’administration Biden a décidé d’interdire toute importation de pétrole et de gaz russes aux États-Unis. Toutefois, les responsables politiques d’Allemagne, d’Italie, du Royaume-Uni et d’autres pays ont peur d’imposer un embargo immédiat. Ils craignent que les prix du pétrole flambent et que leurs électeurs ne comprennent pas leur décision, ou seront trop mécontents pour s’en soucier. Mais ce n’est pas votre cas.

Si le pétrole russe est boycotté, un dispositif peut être déployé pour résoudre les problèmes d’approvisionnement à court terme. Sur le long terme, il est évident que chaque pays, pour assurer sa sécurité nationale, doit impérativement s’affranchir rapidement de la dépendance aux combustibles fossiles. Notre demande ne fera qu’accélérer la transition requise pour lutter contre le changement climatique.

Pourtant, malgré les meurtres aveugles dans les rues d’Ukraine et les promesses d’action des dirigeants mondiaux les plus puissants lors du sommet sur le climat à Glasgow en novembre 2021, les gouvernements européens hésitent toujours. Si nous ne pouvons pas mettre fin à l’ère des combustibles fossiles face au massacre des civils et à la destruction de notre planète, que faudra-t-il ?

Simplifions-leur la tâche. Nous organisons une coalition pour suivre et localiser les pétroliers qui transportent le pétrole russe. Les Russes vont tenter de dissimuler cette information, mais nous pourrons vous communiquer l’emplacement de ces bateaux. Il y a une semaine, Shell a acheté une cargaison de pétrole russe, apparemment en raison du prix réduit de 30 dollars par baril.

Le récit russe mensonger

Le récit russe mensonger

 

Ecrivaine, traductrice et universitaire, Luba Jurgenson, née à Moscou en 1958, est notamment l’autrice de L’Expérience concentrationnaire est-elle indicible ? (Le Rocher, 2003) et Création et tyrannie. URSS 1917-1991 (Sulliver, 2009). Elle travaille depuis plusieurs années sur la littérature de témoignage et sur l’œuvre de Varlam Chalamov, à laquelle elle vient de consacrer un essai, Le Semeur d’yeux. Sentiers de Varlam Chalamov. Elle est la vice-présidente de l’association Memorial France. ( Le « Monde »)

 

Vous explorez l’œuvre de Chalamov depuis des années. Qu’est-ce qui vous fascine chez cet écrivain ?

C’est à la fin des années 1990 que j’ai commencé à fréquenter sérieusement l’œuvre de Chalamov. Je m’intéressais déjà de très près à la façon dont la littérature pouvait se saisir des expériences extrêmes, et les textes de Chalamov apportaient des réponses. Il ne fait pas que raconter le goulag, il se demande constamment comment écrire, dans quelle langue parler au lecteur… En ce sens, c’est aussi un penseur dans la lignée de Hannah Arendt, Walter Benjamin, Theodor Adorno, la lignée de la critique de la culture. Il interroge la violence qui accompagne la modernité et les limites de l’humain, lequel s’est révélé très différent de l’image créée par le discours humaniste. Mais Chalamov est avant tout un grand écrivain. A travers ses brefs récits, ces « laps de temps humain » pour reprendre la formule d’Andreï Siniavski [écrivain dissident et survivant du goulag, 1925-1997], Chalamov s’emparait de la question qui préoccupe depuis la nuit des temps écrivains, critiques et philosophes, à savoir : quel rapport la littérature entretient-elle avec la réalité ? Les fragments de Chalamov sont des « prélèvements » sur le réel, ils laissent aussi place à ce que l’on ne peut ni voir ni concevoir, ce qui se passe entre les fragments.

Une grande œuvre littéraire est un témoignage sur l’époque qui l’a vue naître, mais c’est aussi un miroir tendu au présent. Que veut nous dire Chalamov aujourd’hui, dans la situation qui est la nôtre ?

Chalamov se demande comment garder la mémoire du vécu, comment ne pas oublier les sensations du passé. Dans Récits de la Kolyma, la question de la mémoire, individuelle et collective, a une place centrale. C’est aussi le thème principal de Souvenirs de la Kolyma. Au milieu des années 1950, avec le « dégel » et la timide déstalinisation qui a suivi la mort de Staline, on pouvait encore espérer que la mémoire du goulag émerge dans l’espace public sous forme de commémorations, de monuments, de textes. Dix ans plus tard, cet espoir avait fait long feu. Chalamov était persuadé que toutes les archives, toutes les traces du goulag étaient détruites. Ses récits devaient s’y substituer. Même ses poèmes, où il mettait en scène la nature de la Kolyma, étaient vus par lui comme une archive. L’un d’eux s’intitule justement Mes archives et commence ainsi : « Mes brouillons : les pierres. Manuscrits : les bouleaux… »

 

Gaz russe : la fin de Nord Stream 2 ?

Gaz russe : la fin  de Nord Stream 2 ?

 

L’Europe est doublement piégée d’une part par sa dépendance au gaz russe, d’autre part par l’embargo maintenant décidé par les États-Unis et dont les conséquences seront surtout importantes en Europe.Normalement le projet Nord stream 2 était prévu pour acheminer en Europe la moitié de la production russe. Un projet auquel se sont toujours opposés les États-Unis qui viennent de mettre un embargo sur le gaz et le pétrole en provenance de Russie » Déjà suspendu par l’Allemagne en guise de première mesure de rétorsion, le projet - d’une valeur estimée à 11 milliards d’euros – est « mort » et ne pourra pas être « ressuscité », a déclaré mardi une responsable américaine.Bien entendu, la conjoncture guerrière peut évoluer avec un retour possible un état de paix. Reste que la dépendance européenne au gaz russe resterait problématique sur le plan géostratégique.

Un enterrement de première classe par Washington qui va dès lors poser la question de l’approvisionnement en gaz de l’Allemagne, dont près de 60% des importations proviennent de la Russie (contre près de 20% pour la France). Le géant russe Gazprom approvisionne aussi l’Italie, la Turquie, la Bulgarie, la Serbie, le Danemark, la Finlande et la Pologne… Et l’Autriche, où ce chiffre grimpe même à 100%. En d’autres termes, l’Europe, qui a recours à Nord Stream 1, est piégée.

Car pour l’heure, le gaz russe est essentiel pour l’Europe. Long de 1.230 kilomètres, le gazoduc devait permettre à la Russie d’exporter 110 milliards de m3 de gaz naturel par an, soit la moitié de ses livraisons à l’Europe.

Le projet a été cofinancé par cinq groupes énergétiques européens, dont Engie (avec OMV, Wintershall Dea, Uniper, Shell). Pour le Français Engie, c’est d’ailleurs potentiellement une perte sèche de 1 milliard d’euros.

Depuis, l’opérateur du gazoduc germano-russe, basé en Suisse, a déposé le bilan et ses 106 employés ont été licenciés.

Pétrole russe : embargo des États-Unis! et un baril vers les 300 $

Pétrole russe : embargo des États-Unis!  et un baril vers les 300 $

Les cours du pétrole se sont envolés de plus de 7% immédiatement après l’annonce du président américain, tutoyant les plus hauts historiques. Dans la foulée, Kwasi Kwarteng, la ministre britannique des Entreprises et de l’énergie a annoncé que le Royaume-Uni arrêterait d’ici à fin 2022 les importations de brut et produits pétroliers russes.

Initialement réticent à l’idée d’un embargo, qui risque d’accélérer encore l’inflation aux Etats-Unis, Joe Biden a été mis sous pression par le Congrès, où un consensus avait été trouvé lundi en vue de soumettre au vote une proposition de loi en ce sens.

Dans la foulée, Kwasi Kwarteng, la ministre britannique des Entreprises et de l’énergie a annoncé que le Royaume-Uni arrêterait d’ici à fin 2022 les importations de brut et produits pétroliers russes.

Vers les 300 dollars ?

Les conséquences économiques ne sont pas encore connues, les prix vont encore grimper ce jour, mais le vice-Premier ministre russe, chargé de l’Énergie, Alexandre Novak, mettait en garde dimanche contre cette éventuelle mesure, qui pourrait, selon lui, pousser le baril « à plus de 300 dollars ».

 

Reste à savoir quelle va être la position de l’Union européenne. Pour le moment, la communauté européenne n’a pas emboîté le pas à l’Oncle Sam. Et pour cause : elle est bien plus dépendante du pétrole russe que les Etats-Unis. Environ 30% des besoins de l’Europe en pétrole sont assurés par la Russie, contre 8% seulement pour les Etats-Unis.

Sur les 10,5 millions de baril/jour (mbj) produit par la Russie, les exportations s’élèvent à 4,27 mbj, dont 60% sont livrées à l’Europe et 35% à l’Asie (1,44 mbj, dont 56% (805.000 b/j) par la Chine).

« La Russie est aussi un centre important de raffinerie et un exportateur de produits raffinés comme le diesel, l’essence, et le fuel domestique. En 2021, les exportations de produits raffinés ont atteint 2,69 mbj. Comme le pétrole brut, elles ont aussi une dimension mondiale avec l’Union européenne constituant un important marché pour le diesel russe (580.000 barils par jour), le naphta (matière première pour la pétrochimie) et l’essence (234.000 barils par jour), le mazout (223.000 barils par jour) et le fioul domestique (214.000 barils par jour) », indiquent les experts du Oxford Institute for Energy Studies.

L’urgence d’alternatives au gaz russe

L’urgence d’alternatives au gaz russe 

 

L’économiste Sophie Méritet passe en revue les possibilités de limiter le recours aux importations de gaz russe, pour conclure à une envolée des prix dans tous les cas de figure.

 

Tribune.

L’Union européenne (UE) peut-elle se passer du gaz russe ? La question est en réalité de comparer les coûts des différentes options qui permettraient d’atteindre un tel objectif.

Depuis les premiers conflits commerciaux en 2006 sur le prix du gaz entre la Russie et son pays de transit l’Ukraine, puis l’annexion de la Crimée en 2014, l’UE avait déjà cherché à réduire ses importations de gaz russe. Mais l’approvisionnement pourrait se réduire encore plus, voire être suspendu, à l’initiative de la Russie ou non, en réponse aux sanctions économiques, ou en raison de l’arrêt ou de la destruction des gazoducs en Ukraine.

Face à ce nouveau risque de pénurie, quelles options s’offrent à l’UE ?

La hausse des importations des autres fournisseurs européens comme la Norvège est peu probable, car ils sont déjà à leur capacité de production maximale. Les transferts entre pays voisins via l’interconnexion des gazoducs pourraient être mis en place en urgence, mais le prix en serait élevé et les quantités limitées car elles dépendraient de l’accord des clients initiaux privés d’une partie de leur commande de gaz.

Lire aussi  Article réservé à nos abonnés Guerre en Ukraine : « Face au diktat russe, il nous faut plus que jamais une diplomatie énergétique commune »

L’accroissement des importations de gaz naturel liquéfié (GNL), qui représentent aujourd’hui un quart des importations européennes, n’est également pas envisageable, car les terminaux ont une capacité disponible limitée, qui ne pourrait pas absorber une offre supplémentaire. Et la plupart des volumes de GNL sont aussi liés à des contrats à long terme, dont les clauses ne peuvent être modifiées.

Quant aux stocks européens, ils sont aujourd’hui au plus bas, entamés par un hiver prolongé en 2020, une demande mondiale croissante et un réapprovisionnement insuffisant. L’Europe ne dispose que d’environ un mois de réserve, auquel s’ajoutent cependant les réserves détenues par les fournisseurs commerciaux. Les Etats-Unis cherchent en outre à constituer des réserves supplémentaires de GNL à destination de l’Europe.

Certes, l’ensemble de ces mesures peut soulager la pénurie à court terme – si celle-ci n’est pas aggravée par des températures basses –, mais ce sera au prix d’une forte augmentation des coûts d’approvisionnement.

La mise en œuvre rapide d’alternatives au gaz est de même un défi. Plusieurs pays européens ont la possibilité d’importer de l’électricité ou d’accroître la production d’électricité sans recourir au gaz, en privilégiant le énergies renouvelables (ENR) set le charbon. Mais ces options ont aussi leurs limites, comme l’intermittence des ENR et les émissions de carbone du charbon.

 

Crise en Ukraine : sanctionner vigoureusement le pouvoir russe

 

Ukraine : Il faut sanctionner durement le pouvoir russe

 

Un papier du Monde préconise de répliquer avec vigueur à l’attaque de Poutine pour l’empêcher de continuer à piétiner la géographie européenne.

La première intervention, en mars 2014, a abouti à l’annexion pure et simple de la Crimée. La seconde, lundi, a suivi une procédure différente : les leaders de deux régions du Donbass, les républiques autoproclamées de Donetsk et de Louhansk créées par les séparatistes pro-russes en 2014, ont demandé à la Russie de reconnaître leur indépendance. Cette demande a été satisfaite lundi. Transportés à Moscou, ils ont signé avec le président Poutine au Kremlin un accord « d’amitié et de soutien » entre leurs « républiques » et la Russie. Cet accord a ouvert une voie légale à l’envoi de troupes russes, décidé aussitôt sous le prétexte de « maintien de la paix ».Cette décision a été précédée lundi de deux événements hautement révélateurs du fonctionnement et des motivations du Kremlin. Le premier, télévisé dans une mise en scène glaciale, réminiscente des heures les plus sombres du soviétisme, a été la réunion du Conseil de sécurité au cours de laquelle plusieurs hauts responsables, intimidés et parfois bredouillants devant le sourire narquois du président Poutine, lui ont recommandé de reconnaître les deux républiques du Donbass. On y a entendu que l’Ukraine se préparait à devenir une puissance nucléaire, qu’elle commettait un « génocide » dans le Donbass et n’avait jamais eu la moindre intention d’appliquer les accords de Minsk, pas plus que la France et l’Allemagne qui les parrainent, pour résoudre le conflit de cette région.

Suite logique, M. Poutine a annoncé sa décision plus tard dans un discours de près d’une heure, faisant écho aux mêmes arguments. Cinquante-cinq minutes de cynisme et de réécriture familière de l’histoire, une litanie de griefs, de fantasmes et d’accusations mensongères à l’égard de Kiev et de l’Occident, formulés avec une violence à peine contenue, ponctués de soupirs rageurs.

Cette remise en cause directe de l’ordre européen en vigueur depuis la fin de la guerre froide pose un défi majeur aux pays occidentaux et à la communauté internationale. Soucieux d’éviter une offensive plus grave encore de la part de Moscou, les Etats-Unis et les pays européens s’orientaient lundi soir vers une réaction « proportionnée », avec des sanctions ciblées. Ils tablent encore sur l’effet dissuasif de la menace de sanctions « massives » prêtes à être déclenchées en cas d’invasion de l’Ukraine.

Ils veulent croire que, puisque la Russie était déjà de facto présente dans le Donbass depuis 2014, il ne s’agit pas à proprement parler d’une invasion. Cette réaction n’est pas à la hauteur de l’agression commise. Elle légitime l’intervention de 2014. Elle ne prend pas en compte l’ambition profonde du président russe : rétablir une division du continent européen en sphères d’influence, sur ses propres critères. L’expérience montre que, à moins de se heurter à la fermeté des Occidentaux, il ne s’arrêtera pas à la frontière ténue de ces deux petites républiques, qui revendiquent la totalité du Donbass. Des sanctions plus fortes s’imposent, sans attendre.

Emeutes contre la vie chère au Kazakhstan : la réponse militaire russe

Émeutes contre la vie chère au Kazakhstan : la réponse militaire russe

La hausse subite des prix a nourri le mouvement de colère populaire contre le pouvoir au Kazakhstan r. Aux abois ce dernier a fait appel à la Russie. Des dizaines et des dizaines de manifestants ont été blessées ou tuées à balles réelles. L’intervention de la Russie se justifie par des inquiétudes géo politiques mais tout autant par le risque un jour de voir le même phénomène se dérouler en Russie et remettre ainsi en cause la dictature de Poutine.

Le président kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev, a repris la dialectique du pays attaqué de l’extérieur et a accusé des groupes de «terroristes», selon lui entraînées à l’étranger, d’être derrière les émeutes.Bilan, des «dizaines» de manifestants tués et plus d’un millier de personnes blessées, dont 62 grièvement. Dix-huit membres des forces de sécurité ont été tués et 748 blessés, ont par ailleurs rapporté les agences de presse, citant les autorités. Selon les agences de presse russes, le nombre de personnes arrêtées en lien avec les émeutes s’établit à 2298.

L’Allemagne ferme son nucléaire pour le gaz russe !

L’Allemagne ferme son nucléaire pour le gaz russe !

 

Officiellement la décision de l’Allemagne de fermer trois de ses six dernières centrales nucléaires correspond à la volonté de recourir de façon presque systématique aux énergies renouvelables.
Le problème est que cette décision n’a pas grand-chose à voir avec l’environnement puisque l’Allemagne va surtout avoir recours au gaz russe, une énergie qui n’est pas totalement neutre ! Sans parler évidemment de la dépendance géostratégique à la Russie.

Notons les contradictions habituelles de l’Allemagne avec un discours très vert et qui avait décidé il y a déjà plusieurs années de fermer ses centrales nucléaires pour les remplacer par des centrales à charbon !

Les six centrales nucléaires ont contribué à environ 12 % de la production d’électricité en Allemagne en 2021, selon les chiffres préliminaires de la BDEW. La part des énergies renouvelables était de près de 41 % dans le pays, le charbon représentant un peu moins de 28 % et le gaz environ 15 %. L’Allemagne souhaite que les énergies renouvelables couvrent 80 % de la demande d’électricité d’ici à 2030, en développant les infrastructures liées aux énergies éolienne et solaire.Le problème c’est que le gaz va prendre une part de plus en plus importante éloignant d’autant plus la perspective d’un recours significatif aux énergies renouvelables.

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