Non à la dictature de Twitter et de Schiappa (Ruquier)
Laurent Ruquier a sans doute raison de s’insurger contre la dictature bien-pensante qui interdit désormais de s’écarter du dogme de la pensée unique sur le plan sociétal. Du coup les personnalités, les journalistes et autres personnages médiatisées sont condamnées à délivrer des propos d’eau tiède pour éviter les attaques sur telle ou telle catégorie sociale. Ruquier s’insurge contre cette police bien-pensante conception très puritaine de l’expression et de la liberté. Ceci vaut en particulier à la télévision ou au moindre dérapage un animateur est immédiatement viré. Laurent Ruquier une dans le JDD proteste contre cette police assurée le plus souvent via Twitter et notamment la shérif Schiappa : « Il est cocasse de se faire allumer par des concurrents qui font à peu près la même audience à 19 heures, avec des parts de marché trois à quatre fois inférieures. » Il détaille la rénovation d’On n’est pas couché pour la rentrée, qui n’aura plus de chroniqueurs fixes (« J’aurai des libres penseurs qui seront choisis en fonction de l’actualité. Je composerai mes plateaux au coup par coup »).
Le départ de vos chroniqueurs Christine Angot et Charles Consigny est-il le résultat d’une erreur de casting ou de l’usure d’un d’un concept?
Pas du tout. C’est la conséquence d’une réalité : la société française n’est plus la même. Christine Angot et Charles Consigny ne sont pas responsables du fait que j’ai décidé de m’en séparer. Nous avons tout simplement changé d’époque. On l’a bien vu avec la polémique née des propos de Christine Angot sur l’esclavage. Ou chez nos confrères de RMC avec les mises à pied de Daniel Riolo et Jérôme Rothen, tous deux sanctionnés pour avoir évoqué, certes avec lourdeur, les frasques du Brésilien Neymar : on ne peut plus rien dire sur quoi que ce soit.
C’est-à-dire?
Nous vivons sous la dictature de Twitter et de Marlène Schiappa. Nous sommes en permanence la proie des lobbies, des associations, de corporatismes catégoriels, du communautarisme… Or ce qui est grave, c’est que les journalistes eux-mêmes s’y mettent! On a vu des ex-chroniqueurs d’ONPC, tels qu’Audrey Pulvar et Aymeric Caron, stigmatiser Christine Angot pour sa maladresse, quand personne ne peut pourtant la soupçonner de négationnisme ou de racisme. M’accuser des mêmes ignominies est tout aussi infâme alors que je suis l’un des rares à ne pas recevoir – hors période électorale – le Rassemblement national ou Nicolas Dupont-Aignan sur mon plateau. Que des gens de ce métier aujourd’hui sur le carreau utilisent les réseaux sociaux dans le seul but d’exister est honteux!
Diriez-vous que vous aviez plus de liberté à l’époque où les réseaux sociaux n’existaient pas?
Infiniment! Twitter a rendu folle une profession à la dérive, qui se tire une balle dans le pied. Viendra le jour où les journalistes, s’ils ne se ressaisissent pas, ne pourront plus rien dire à force de taper sur des confrères qui sortent du lot et vont à contre-courant de la bien-pensance ou de la pensée unique.