Notre-Dame de Paris : Laissez la ruine en état !
« Notre-Dame n’avait pas fini de brûler que déjà nombre de grands esprits distingués se bousculaient pour la reconstruire. Pour ma modeste part, je propose de laisser la cathédrale en l’état. [...] Ma proposition aurait l’avantage énorme de ne rien coûter à personne », écrit Paul Fuks lecteur du Monde dans une proposition à prendre au second degré.
Je me permets de vous faire part d’une proposition au sujet de l’avenir de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Vraiment, en France, même si la crise fait rage à tous les étages, nous avons de la chance ! Notre-Dame n’avait pas fini de brûler que déjà nombre de grands esprits distingués se bousculaient pour la reconstruire, plus belle et résolument moderne. Enfin moderne !
Pour ma modeste part, j’aimerais apporter la contribution que voici : je propose de laisser la cathédrale en l’état. Aussi simple que ça ! Le charme romantique et l’attrait irrésistible des ruines attireraient les touristes du monde entier, qui accourraient comme ils vont visiter l’Acropole, Pompéi, les temples d’Angkor ou d’Abou Simbel, toutes ces ruines célèbres qui font la fortune des tour-opérateurs, des hôteliers, des restaurateurs, des pickpockets et des États qui prélèvent leurs taxes sur tout ce qui bouge.
Ma proposition aurait l’avantage énorme de ne rien coûter à personne. Ne coûtant rien, on rendrait leur argent aux généreux donateurs milliardaires qui se sont saignés aux quatre veines. Ainsi ceux-ci pourraient boire un coup à la santé des petits donateurs et s’acheter un yacht de plus qu’ils baptiseraient Le Notre-Dame, sur lequel ils feraient fièrement le tour de l’île de la Cité !
De plus, ma proposition nous épargnerait tout conflit avec les architectes des monuments de France, protégerait du burn-out nos chers conservateurs – auxquels le casque de chantier est si seyant – sauvegarderait nos dernières forêts de chênes, nous débarrasserait d’une flèche qui a toujours dépareillé le paysage et nous délivrerait de l’angoisse d’avoir à tout torcher en cinq années.
J’en viens aux détails concrets. Profitant du fait que les deux porches sont intacts, les cars de touristes s’engouffreraient par le portail, disons de droite, fileraient dare-dare jusqu’au fond de ce qui reste de la bâtisse, y feraient un virage à 180 degrés puis s’en retourneraient vite fait vers la sortie située à l’autre portail, les visiteurs étant ravis d’avoir tout vu sans avoir mis pieds à terre. Considérant la file des cars attendant leur tour, il serait interdit de rouler à moins de 80 km/h, encore moins de ralentir ou de s’arrêter sous quelque prétexte que ce soit. Des radars bien placés et des gendarmes motorisés veilleraient au strict respect de cette règle – un accident est si vite arrivé….