Crise du porc : table ronde ou carrée ce lundi ?
Il ne faut pas s’attendre à des miracles à l’issue de la table ronde de ce lundi concernant la crise du porc. Il s’agit d’abord de rétablir les cotations hebdomadaires interrompues. Mais les principaux acheteurs du marché ne veulent plus de cette cotation et réclame désormais des prix totalement libres. De toute manière même si la cotation devait être rétablie il est de plus en plus évident que les principaux acheteurs s’aligneraient de plus en plus sur les prix européens. Le second objectif de cette table ronde vise à sécuriser les rapports entre producteurs et acheteurs. On ne pourra cependant intervenir par voie réglementaire dans ce domaine car la philosophie de la politique européenne c’est de laisser jouer la concurrence. Or cette concurrence est faussée du fait notamment du niveau de fiscalité et des normes en France (exemple coût de la main-d’œuvre en France environ 20 € de l’heure, en Allemagne 14 €). Or c’est l’action sur ces deux aspects qui pourraient permettre à la filière porc de ce redresser structurellement. La réunion qui se tiendra ce lundi au ministère de l’Agriculture est cruciale mais il n’est pas certain que cette table ronde aboutisse à des propositions très carrées. Cette table-ronde doit réunir les responsables du MPB de Plérin (Côtes-d’Armor), où est établi le prix de référence national de la viande de porc, les représentants des éleveurs mais aussi des entreprises d’abattage et de transformation. L’objectif est de permettre la reprise de la cotation, interrompue depuis lundi dernier après la décision de Bigard et la coopérative Cooperl, deux des principaux acheteurs du MPB, de ne pas se présenter aux séances la semaine dernière. Organisée à la demande du président du MPB, cette réunion vise à contribuer, « à court terme, à ramener de la fluidité sur le marché », indique-t-on au ministère. « Il faut aujourd’hui sécuriser les producteurs qui fournissent le marché au cadran et éviter que des animaux ne restent sans acheteurs dans les exploitations. » Vendredi, le président du MPB, Daniel Picart, avait estimé que « cette table ronde (allait) décider de la vie ou de la survie du Marché du porc breton, et évidemment, après ça, de la vie et de la survie de la filière porcine ». Pour tenter de mettre fin à la crise de l’élevage porcin et après plusieurs actions coup de poing d’éleveurs au printemps, le gouvernement avait à la mi-juin préconisé un prix d’achat du porc à 1,40 euro/kg (la moyenne du coût de production), un prix finalement atteint le 23 juillet au MPB de Plérin (Côtes-d’Armor). Mais ce niveau, « le plus élevé d’Europe », selon le syndicat des industriels de la viande (SNIV-SNCP), n’est pas du goût des entreprises de découpe et de transformation, qui doivent faire face, à l’export, aux distorsions de concurrence générées par les différences de charges sociales et de normes environnementales entre pays de l’UE. Sur le marché européen, déstabilisé par l’embargo russe, l’Allemagne propose du porc moins cher de 28 centimes au kilo par rapport au cours français, et les Pays-Bas 38 centimes moins cher, selon la Cooperl, leader en France sur le marché du porc et qui exporte 35% de sa production.